Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG - Prose

 

Author: paty

Beta-reader(s): KitHAWKE

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 2 chapters

Published: 08-11-09

Last update: 23-02-10

 

Comments: 27 reviews

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Romance

 

Summary: Deux ans après l'épisode de Cendrillon Kaori rencontre un homme aux allures familières mais pourtant bien étranges...

 

Disclaimer: Les personnages de "Dis-moi qui tu es, je te dirais qui je suis..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Dis-moi qui tu es, je te dirai qui je suis...

 

Chapter 1 :: Une rencontre pour le moins inattendue

Published: 08-11-09 - Last update: 08-11-09

Comments: Salut à tous! voici un two shot qui me tiraillais l'esprit. Il se peut qu'il devienne lemon avec un troisième chapitre. je vous le confirmerais prochainement. Il sera donc sur mon forum, n'ayant accès ici au NC-17. Merci à Kithawke d'être ma béta pour le coup. Bonne lecture

 


Chapter: 1 2


 

Cela faisait deux ans… Deux ans jour pour jour qu’ils s’étaient retrouvés ici. Deux ans qu’elle avait passé la meilleure des soirées de sa vie. Deux ans qu’elle avait profité de lui sans même qu’il ne le sache. Deux ans qu’elle avait raté sans doute l’unique occasion de l’embrasser.  

 

Cela faisait deux ans que Kaori était allée chez Eriko, afin de passer une matinée relooking avec elle et qu’elle en était ressortie avec une troupe d’admirateurs, et en particulier son partenaire. Elle s’en souvenait comme si c’était hier. Elle était là, au bar avec Eriko, jusqu’à ce que cette dernière décide d’aller aux toilettes et de lui faire faux-bond. Un homme l’avait accosté, prétextant vouloir un verre. Mais avant qu’elle ne boive son verre rempli de somnifères, il était intervenu. Ryô, son partenaire, l’avait encore une fois sauvée. Il avait envoyé le prétendant aux oubliettes et avait accepté de passer la soirée avec elle. …Avec elle…. Disons avec cette autre personne dont elle avait pris le rôle ce soir-là et qui n’était qu’un déguisement, un apparat, cachant sa véritable identité.  

La jeune femme se souviendrait toute sa vie de cette fabuleuse soirée où ils avaient joué aux jeux vidéos, manger une glace, danser…. De merveilleux souvenirs teintées d’une pointe d’amertume. Il ne savait pas que c’était elle, Kaori, sa partenaire. Si seulement il avait su… Si seulement elle avait eu le cran de lui dire que c’était elle sous cette perruque. Si seulement…  

 

Kaori était seule sur le port. Il était 20 heures, une heure peu fréquentable pour une demoiselle mais elle s’en fichait. Elle voulait revivre dans sa tête ces doux moments partagés. Ses yeux brillaient de tristesse à l’idée que ce soit des images de l’ordre du passé. Elle regardait l’horizon tout en sachant que rien ne pourrait lui permettre de revenir en arrière et apprécier à nouveau cette soirée. Le soleil se couchait et elle sentait une vague de regrets l’envahir. Ce regret qui la ronge depuis deux ans. Pourquoi elle ne l’avait pas fait ? Pourquoi il ne l’avait pas embrassé ? Que de questions sans réponses. A être trop consciencieuse et submergée de moral de nonne, elle n’avait pas osé et aujourd’hui elle le regrettait amèrement. Un baiser, finalement, ça n’aurait pas été la mort. Il ne l’aurait pas su et puis elle, Kaori aurait été comme toutes ces femmes à qui il avait déposé un baiser : comblée. Elle aurait gardé ce cadeau pour elle jusqu'à la fin de sa vie comme un précieux trésor et il n'en aurait pas été plus perturbé. Après tout, ce n’était pas grand chose ; un baiser ! Ce n’est pas une haute trahison….  

 

Elle soupira alors, devant s’avouer que ce baiser n’aurait pas été rien, même s’il avait eu lieu. Un baiser n’est pas une chose insignifiante. C’est unique et intense. Surtout quand il s’agit de la personne qu’on aime. Un baiser de lui valait tout l’or du monde.  

 

Le soleil disparut totalement de l’horizon. Kaori regarda l’heure et se décida à rentrer. Elle était venue à pied, préférant marcher pour se changer les idées…. A y réfléchir, c’était idiot car elle se bourrait le crâne de pensées qui lui faisaient plus un nœud au cerveau qu’autre chose. Penser ne veut pas dire agir. Il était trop tard pour se torturer l'esprit de regrets et de questions qui n'auront jamais de réponses. Cette soirée, elle le savait, ne se reproduirait pas. Alors à quoi bon ressasser le passé.  

 

Elle marcha alors sans but vers le quartier de Shinjuku, les mains dans les poches de sa petite veste cintrée et le regard posé sur ses chaussures qui avançaient lentement. Elle n’avait pas chaud. Sortir en mini jupe n’avait pas été l’idée la plus brillante qu’elle ait eu de la journée. Si seulement elle avait un homme pour la couvrir de sa chaleur, son homme….  

 

Tellement absorbée dans ses pensées, elle ne se rendit pas compte du temps qui passait et de ce qui l’entourait, et soudain, elle se tamponna à quelque chose de dure. Elle leva les yeux et dit instinctivement pardon. Elle n’avait pas réalisé qu’elle était devant la gare et c’est alors qu’elle le vit : c’était Ryô !! Il avait les cheveux en bataille, une petite moustache orné d’un bouc, des lunettes de vue et porté un costard digne d’un notable. Mais que faisait-il dans cet accoutrement ?  

 

-Excusez-moi mademoiselle !, lui dit-il gêné. Je suis confus ! C’est moi qui aurais du regarder où j’allais. J’ai été distrait et je vous suis rentré dedans ! Pardonnez mon indélicatesse.  

 

Un silence suivit sa requête. Kaori le regarda, les bras pendants et l’air abasourdi. Qu’est-ce qui lui prenait ? Depuis quand il lui parlait comme ça ? A quoi jouait-il ? Il faisait comme s’il ne l’avait pas reconnue, mais dans quel but ? Il devait y avoir encore une femme là-dessous pour qu'il l'ignore et soit dans ce costume deux pièces ! Peut-être même une mission d’infiltration de Saeko dont il n’a pu refuser l’offre. Il s’était encore fait embobiner et avait omis de lui rappeler….ça n’allait pas se passer comme ça !  

Ses mains se crispèrent tandis que son aura meurtrière se levait dans les airs. L’homme qui la dévisageait ne savait comment réagir.  

 

-Je vous en prie ! Ne vous énervez pas ! Je vous assure ! Ce n’était pas volontaire !!!!Pitié !!!  

 

Il se pencha en avant, les bras le long de son corps, pour prouver sa bonne volonté. Kaori, en le voyant implorant son pardon ainsi, ne savait plus que penser. Elle en venait à se dire que finalement ce n’était peut-être pas son partenaire. D'ordinaire Ryô lui aurait tout fait comme simagrées pour éviter la massue mais pas ce pardon si poli, si conventionnel. Peut-être que cet homme est seulement un homme lui ressemblant. Après tout, on dit bien que tout le monde a un sosie dans le monde. Et alors cet homme serait peut-être le double de Ryô. Un homme au physique pratiquement identique au détail près mais au caractère différent.  

 

Plus elle le regardait, plus elle doutait de cette éventualité. Cela semblait trop gros pour qu’une telle chose soit possible. Rencontrer son double, ici, au Japon, à Shinjuku, cela relevait d’une probabilité aussi énorme qu’un météorite vienne frapper son immeuble ! Mais pourquoi feignait-il son identité alors ? Devant le silence de Kaori, l’homme continua à se confondre en excuses.  

 

-Allez ! On ne va pas se fâcher pour si peu !, continua-t-il tout penaud. Tenez, j’ai un peu de temps devant moi, laissez-moi vous inviter à boire un verre pour me faire pardonner ! Vous ne le regretterez pas, promis !  

 

Kaori fut alors prise de vapeur à l’entente de ces mots. Lui ? L’invitant à boire un verre ? Mais à quoi jouait-il ? C’était une blague pour un jeu télévisé ?! Elle regarda à droite et à gauche pour s’assurer qu’il n’y avait pas un piège ou quelque chose de louche pouvant l’inciter à se comporter ainsi. Mais non… Il n’y avait que des passagers qui allaient et venaient devant la gare, ne prêtant attention qu’à leurs bagages. Il devait se planter, c’était pas possible autrement. Ces lunettes devaient le rendre aveugle ! Jamais il ne l’inviterait pour boire ne serait-ce qu'un verre !  

Pourtant, malgré son manque de discernement sur la personne qu’elle avait en face d’elle, un pincement au cœur lui disait que c’était peut-être une chance d’en profiter à nouveau, comme il y a deux ans. Et si ce n’était pas lui, et bien, elle pouvait rêver que c’était lui pendant une heure…. L'offre était très tentante, même si Kaori savait qu'elle devait se méfier de tout le monde et donc de cet individu. Son job l'obligeait à être constamment sur ses gardes. Si Ryô la voyait discuter avec un parfait inconnu, il la sermonnerait déjà.  

Voyant la méfiance de Kaori, l'homme tenta de la rassurer.  

 

-Je vous assure que je suis un chic type et non un voyou voulant abuser de votre gentillesse. Si, si ! C'est vrai qu'on pourrait croire que je vous ai accosté avec une idée derrière la tête mais c'est faux. Ce n’est pas du tout le cas. C'est loin d'être un plan drague, vous ne méritez pas ça ! Enfin je veux dire si, vous êtes une femme qu’on peut draguer mais….Mais…..  

 

Il lâcha un soupir gêné, voyant que ses propos étaient de moins en moins convaincants et de plus en plus confus. Kaori le regarda avec un air de plus en plus perplexe quand à sa franchise et son honnêteté.  

 

-Je crois que j'aggrave mon cas là ?! Vous vous méfiez encore plus de moi maintenant, non?  

 

La nettoyeuse le scruta un instant puis se mit à rire. Il était vraiment attendrissant finalement ce type, se confondant en excuses avec une maladresse si flagrante. Elle le fixa un instant et sut qu'il n'était pas un de ses sales types que son travail l'habituait à côtoyer. Et puis le doute la démangeait quand à savoir si c'était vraiment son sosie. Jusqu'où allait la ressemblance. Il semblait avoir un caractère si différent de son partenaire. Pourtant tout lui faisait dire que c'était bien lui au niveau du physique. La barbe, les lunettes, les cheveux en bataille, la moustache, ne lui faisaient pas émettre le moindre doute sur ce qu’il y avait dessous. Elle le reconnaîtrait dans le noir. Mais ses attitudes étaient bien différentes de d'habitude, et cela la troublait. Pourquoi ? Pourquoi se donner tant de mal à jouer avec une autre identité ? Si c'était bien Ryô, elle savait alors qu'elle n'avait rien à craindre. Elle se laissa donc tenter. Il fallait qu'elle sache pourquoi il se comportait ainsi avec elle. Elle lui déclara donc :  

 

-C’est d’accord…. Je veux bien boire un verre avec vous pour vous faire pardonner !, lui dit-elle avec un petit sourire malicieux. L’homme réajusta ces lunettes et sourit :  

 

-Parfait ! Je vous laisse choisir où vous voulez aller ! De toute façon, je ne connais rien à ce quartier, je suis juste de passage !  

 

-Vous…. Vous n’êtes pas d’ici ?!, lui demanda-t-elle étonnée et perdue.  

 

Le vrai Ryô connaissait Shinjuku comme sa collection de culottes ! Il se moquait d'elle ou quoi ? Décidément tout semblait vouloir la confondre dans ses certitudes. C’était Ryô mais tout semblait dire le contraire. Etait-ce possible qu’elle soit en plein délire ?  

 

-Non, je suis en voyage d’affaires ! Je m’appelle Ryoichi Abase. Enchantez de vous connaître !  

 

Ryoichi lui attrapa alors la main et lui déposa un baiser furtif. Kaori resta pantoise devant tant de délicatesse de la part de cet individu. Il était beau, ressemblait à son partenaire mais même son nom n’était pas le bon, malgré le fait qu’il en soit troublant. Ryoichi... Ce prénom n’était pas anodin puisqu’il lui rappelait l’affaire du grand-père cherchant son petit fils perdu lors d’un accident d’avion. A l’époque, Ryô semblait tout à fait être cette personne. Et le prénom du petit fils était Ryoichi…. Quand à son nom, cela sonnait faux à son oreille, comme si ce nom n'en était pas un. Ce nom la gênait, la dérangeait. Pourtant, il était clair qu'elle ne comprenait pas pourquoi Ryô lui racontait tous ces bobards si c'était lui ? Elle avait vraiment affaire à son sosie finalement ? Il fallait qu’elle sache, qu’elle le cuisine afin de savoir, afin de déceler le détail qui le trahirait.  

 

-Kaori Makimura ! Enchantez également ! Allons au café d’en face ! Il est plutôt sympa.  

 

-D’accord, je vous suis.  

 

-Alors, Monsieur… Asabe, vous faites quoi dans la vie ?, lui demanda-t-elle avec une fausse innocence dans la voix.  

 

Kaori et Ryoichi s’assirent autour d’une petite table, dans un coin reculé du café mais juste à côté de la vitre donnant accès sur les trottoirs et la rue.  

Ryoichi sembla surpris par sa question puis sourit. Il hésita puis déclara :  

 

-Je fais dans le social.  

-Dans le social ? Voyez-vous ça ! Mais encore ?  

- Je viens en aide aux plus démunis. Je les défends face à l’injustice.  

-Vous êtes un peu leur avocat quoi ? A moins que vous ne soyez Superman ?!, lui dit-elle taquine.  

 

Elle devait savoir. Il fallait qu'il se dévoile, quitte à le déstabiliser.  

 

- Superman ! S’il existait, je serais au chômage, c’est sûr ! Disons que j’aide les gens dans le besoin, oui. Je suis leur dernier recours. J'essaie de leur rendre un avenir meilleur. On peut dire que je suis un peu leur avocat.  

 

Kaori posa son menton sur les jointures de sa main et s’avança vers lui par dessus la table tout en le fixant.  

 

-Vraiment ? Vous faîtes en quelque sorte dans le caritatif ?  

 

Sa question n’était pas anodine du tout, sachant qu’il ne voulait payer ses clientes qu’en nature… Si c’était son partenaire, sa réponse lui dirait son identité…  

 

-Oui, on peut dire ça…, déclara Ryoichi avec un petit sourire mutin mais en s’avançant également vers Kaori. Disons que… j’aime donner de ma personne pour en satisfaire d’autres !….  

 

Kaori recula soudainement, choquée par ce sous-entendu plutôt tendancieux. C’était lui ! Malgré la barbichette, les moustaches et les lunettes, c’était lui ! Ce regard de défi...Y’a pas dix pervers dans Shinjuku… Même s’il parlait de façon masquée, il restait un pervers. C'était lui ! Il se vantait toujours d'être au service des femmes; il venait de se trahir. Il ne l’avait pas dit ouvertement, il n’avait rien confirmé dans ce sens mais sa réponse pouvait être celle qu’elle attendait. Il fallait qu’elle en sache un peu plus pour combler ces derniers doutes…  

 

-Vous donnez… de votre personne ? Vraiment ? Vous êtes donc si généreux que ça ?  

 

Ryoichi s’avança encore un peu et fixa maintenant Kaori de façon plus séductrice.  

 

-Oui, j’aime donner et vous ?  

 

Kaori se mit à pâlir, surprise par la tournure de leur conversation. Que voulait dire cette question ? Ils se cherchaient tous les deux, testant les attitudes de l'autre. Il l’a dragué mais elle n’avait aucune certitude que c’était lui…. Sauf si elle tirait sur son bouc. Mais le rêve s’effondrerait si ce n’était pas lui. Bizarrement le doute sur sa personne la rendait curieuse et mutine. Elle voulait jouer elle aussi. Mais devant sa question très gênante, elle se sentit se pétrifier de timidité. Elle n’avait pas l’habitude de draguer, ni d’être draguée.. et encore moins par Ryô ou son double.  

Une serveuse arriva alors.  

 

-Vous désirez quoi ?, demanda Kaori pour couper court à la demande de Ryoichi.  

-La même chose que vous !, dit-il suavement tout en continuant à la fixer d’un air enjôleur, tandis qu’il appuyait sa tête contre sa main tout en la dévisageant de façon tendre.  

 

Kaori se racla la gorge, encore plus perturbée par son attitude charmeuse, et demanda la première chose qui lui passa par la tête :  

 

-Une glace s’il vous plait.  

 

Elle voulait quelque chose de froid pour calmer l'ardeur qui lui brûlait maintenant le corps, quelque chose de sucré pour la réconforter, quelque chose de léger pour la mettre à nouveau à l’aise.  

 

-Servez-nous la dans une même coupe.., demanda alors Ryoichi.  

 

Kaori se mit alors à passer du blanc au rouge en une fraction de seconde. Manger dans une même coupe de glace que Ryô ! C’était un rêve éveillé !…. Mais si ce n’était pas lui. Si son partenaire venait à passer dans cette rue et la voyait manger une glace dans une même coupe qu’un autre homme, que dirait-il ? La panique s'immisça dans sa tête.  

Ryoichi vit alors son malaise. La femme si curieuse trente secondes plus tôt était devenue plus distante et silencieuse.  

 

-Pardon… je peux changer si vous voulez !, dit-il en se frottant l’arrière de la tête. Vous devez me prendre pour un dragueur d’un soir décidément ! Pourtant je vous assure que ce n’est pas dans mon habitude d’être comme ça, aussi entrepren….  

-NONNNN!, hurla Kaori dans un sursaut en agitant ces mains devant elle négativement.…  

 

L’homme recula soudainement face au cri poussé par Kaori…  

 

-Ce...ce n’est rien !, reprit la jeune plus calmement, se cachant des clients du café qui l'observaient avec colère d'avoir été interrompu par son vacarme. Ça ne me dérange pas...  

 

Voyant qu’elle ne lui en voulait pas, il soupira et avoua :  

 

-Je me sens tellement à l’aise avec vous…. A croire qu’on était fait pour se rencontrer un jour. Vous ne pensez pas ?  

 

Kaori regarda son inconnu d’un soir avec surprise, puis lui sourit. Il semblait si sincère. Comme si tout avait un sens à cette rencontre. Il lui sourit tout en ne la lâchant pas des yeux. Etait-ce vraiment Ryô qui pouvait tenir des propos aussi sincères ? Pensait-il vraiment qu'ils étaient faits pour se rencontrer ? Elle en avait toujours été convaincue. Mais lui ? Lui, si loin de toutes ces considérations d'habitude ; lui qui ne voit jamais au-delà du jour présent; lui qui ne se posait pas la question de ressentir plus que de la sympathie pour les gens... Pensait-il vraiment qu'ils se rencontreraient obligatoirement, que leurs corps les avaient mu dans la direction de l'autre inconsciemment, qu'un être supérieur avait tiré les ficelles pour que leurs vies se confondent ? Kaori se mit à se tortiller les doigts. Elle avait toujours su que sa vie était avec lui, avec Ryô. Ryoichi put voir le trouble de la jeune femme à nouveau. Elle était si charmante avec cette timidité, cette pudeur si enfantine.  

 

La serveuse vint interrompre encore cet échange étrange entre eux deux et y déposa la coupe de glace et ses deux cuillères.  

Ryoichi y planta sa cuillère dedans et mis de la glace avec de la chantilly dans sa bouche, tout en replongeant son regard dans celui troublé de Kaori. Il tourna sa cuillère dans sa bouche et esquissa un gémissement de délice.  

 

-Et toi ? Tu fais quoi dans la vie ?, lui demanda-t-il pour combler ce nouveau silence. Au fait, je peux te tutoyer ?  

 

Kaori regarda sa coupe puis sa cuillère. Elle sourit et plongea sa cuillère dans la coupe. Ce jeu de séduction l'amusait. A croire qu'il faisait tout pour la faire rougir et la mettre au pied du mur. Il la testait, c'était la seule explication. Et bien il allait perdre ! Elle fit exactement le même geste que lui, yeux dans les yeux. Ryoichi regarda Kaori laissait glisser la chantilly dans sa bouche avec convoitise, ce qui n'échappa pas à cette dernière qui sentit la gêne la saisir encore. Elle devait remettre une certaine distance entre eux.... Elle n'y arrivait pas. Plus il la regardait avec ardeur, plus elle se sentait défaillir et perdre tout contrôle. Elle avait si peu l'habitude d'être couverte d'un tel regard de la part de son partenaire.  

 

-Oui, tu peux me tutoyer….Mon boulot...Bah… J’ai monté une association contre les hommes pervers ! Ils sont là, parmi nous, comme des parasites voulant nos petites culottes… Il faut les détruire !  

 

Elle sortit alors sa massue et lança un regard diabolique dans sa direction. Ryoichi recula sur le fond de son dossier, les yeux rivés sur cette femme soudainement si étrangère à ce qu'il avait connu deux minutes plus tôt. Il essaya de sonder la véracité de ses propos mais Kaori le regardait avec conviction puis soudain un large sourire se dessina sur son visage.  

 

-T’y as cru ! Ah ah ! Hi ho ha ! Si tu voyais ta tête !, lui dit-elle finalement en riant et tapant la main sur la table…  

 

Elle reprit son calme et lui dit alors plus posément :  

 

-J’aide mon partenaire dans son boulot !  

-Ton partenaire ?  

 

Kaori se redressa, prenant une attitude nonchalante.  

 

-Oui un idiot fini qui passe son temps à courir les jupons plutôt que de trouver de nouveaux clients ! Un vrai boulet, cet homme !  

 

Kaori le regarda alors, voulant y déceler le détail pouvant lui dire que c'était son partenaire en face d'elle. Un rictus dépréciatif, un sourcil vacillant, une veine de sa tempe palpitant de colère face à sa description peu flatteuse mais rien de concret lui était montré.  

Ryoichi fit juste une grimace boudeuse lui disant qu'elle avait vraiment une dent contre les hommes et particulièrement envers son partenaire.  

 

-Pourquoi restes-tu avec lui si c’est un boulet ?  

 

Kaori regarda par la fenêtre, l’air ailleurs. C'était une question qu'elle se posait si souvent. Et une seule réponse lui revenait en tête à chaque fois.  

 

-Il est tout ce que j’ai dans ma vie. C’est tout…  

 

Ryoichi regarda Kaori de façon surprise tout d'abord, puis tendre. Elle était une femme merveilleuse, si belle quand elle était songeuse. Elle venait de faire le plus beau compliment qu'un homme pouvait souhaiter. Une question lui vint alors l’esprit ; une question très personnel mais lui brûlant les lèvres :  

 

-Et… vous l’aimez ?  

 

Kaori tourna la tête vers lui, troublée. Le regard de Ryoichi lui traversa ses pupilles noisette.  

 

-Euh… c’est que…..Nooonnn !, lui dit-elle finalement d'une voix outrée, en se forçant à être révulsée par cette idée. Aimer un obsédé pervers ! C’est de la pure folie !  

 

Les yeux de Ryoichi se mirent à briller de malice :  

 

-Donc si je venais à rester plus longtemps ici à Tokyo, je pourrais vous inviter à dîner ? Cela ne le gênerait pas ?!  

 

Kaori était, elle, gênée. Si elle s'attendait à ça ! L'inviter à dîner ? Un rencart pour quelque chose d'éventuellement plus sérieux ? Que lui répondre !? Etait-ce vraiment lui d'abord ? Etait-ce vraiment Ryô ? Si c'était lui, c'était sûr que cela ne le gênerait pas ! Mais si cet homme n'était pas son partenaire, que dirait-il si elle fréquentait un homme ? Serait-il jaloux ? Toutes ces considérations n’avaient pas lieu d'être, elle ne pouvait avoir de vie amoureuse à cause de son boulot. Une seule réponse était possible : la négation de toute possibilité avec cet homme.  

 

-Qui vous a dit que j’étais célibataire ?, lui dit-elle pour seule défense. C’est pas parce que mon partenaire est un idiot que je n’ai pas de vie privée à côté !  

-Oh désolé…, lui dit Ryoichi un peu abattu. Ça peut se comprendre... que vous ayez autant de succès… Une femme comme vous…. doit avoir beaucoup de prétendants.  

 

Kaori se mordit la langue devant son mensonge ... Elle n’avait pas plus de prétendants que d’argent sur son compte en banque. Quand à une expérience amoureuse, c’était pire que le désert de Gobi ! Voyant les épaules retombées en avant et l'air dépité de son cavalier d'un soir, elle ne put que se reprendre et être franche devant tant de sincérité dans son comportement.  

 

-Non en fait, je... suis célibataire.  

 

Elle plongea alors sa cuillère dans sa coupe glacée avec une pointe de rage et d’amertume, devant l’évidence flagrante qui était la sienne. La jeune femme rumina sa glace, les yeux fixés vers un point à l'extérieur mais le rose aux joues devant cet aveu la complexant.  

Ryoichi se mit à sourire :  

 

-Et bien puis-je être votre prétendant pour ce soir, juste un soir ?  

 

Kaori avala son morceau de glace difficilement et se mit à rougir. Un homme voulait vraiment être avec elle, rien qu’avec elle ! Elle retourna la tête vers lui et le dévisagea avec surprise, n'arrivant pas à croire ce qu'elle entendait.  

 

-Que diriez-vous de me faire visiter la ville!?, renchérit-il pour donner encore plus de poids à ses doléances.  

-D’a…d’accord…, fit-elle alors timidement mais instantanément.  

 

Elle n'avait même pas pris le temps d'y réfléchir sérieusement. En y repensant, tout semblait aller de soi avec lui. Pourtant elle ne le connaissait pas, jusqu'à preuve du contraire. Elle faisait preuve d'une grande insouciance face à lui, insouciance qu'elle ne devait pas se permettre d'ordinaire pourtant. Elle s'en voulait déjà d'être si impulsive.  

 

-Parfait !, dit-il en se levant et en laissant un billet sur la table. Ne perdons pas de temps !  

 

Il attrapa sa main et l’obligea à se lever. Devant l'évidence, Kaori n'eut d'autre choix que de le suivre. Ils sortirent alors et Ryoichi attendit qu’elle propose une excursion. Kaori, encore toute sonnée par toute cette histoire, regarda la ville un peu perdue. Elle vit alors la grande roue de la fête foraine sur la baie de Tokyo…  

 

-Vous souhaitez faire vraiment du tourisme ?, lui demanda-t-elle d’un ton sceptique.  

-Vous avez une idée en tête ? Lui répondit son cavalier sur le même ton.  

-Disons que je vous proposerais plus un moment de dilettante qu’un moment assommant, ponctué d’exposés patrimoniaux.  

Ryoichi regarda le ciel, l’air réfléchi, puis lui dit :  

 

-Alors allons nous amuser !  

 

Kaori eut un immense sourire qui se dessina sur son visage. Ryoichi lui tendit le bras et elle le conduisit vers les lumières éblouissantes de la fête foraine. Les pas les menant à leur destination étaient tranquilles. Aucun des deux ne disait un mot, ne souhaitant rompre ce rapprochement inattendu et cette ambiance romantique. Kaori regardait ses chaussures à talons. Elle se maudissait d’avoir mis ces chaussures neuves ce soir, tant la jeune femme avait mal aux pieds. Mais elle endurerait les pires souffrances tant qu’elle aura son cavalier à côté d’elle. Kaori devait absolument savoir si c’était lui, si c'était bien Ryô… Il y a des signes qui ne trompent pas normalement… Elle commença à l’examiner discrètement. Elle regarda tout : sa démarche, les traits de son visage, son allure, ses vêtements…. Elle devait bien reconnaître quelque chose de lui. Ryoichi se sentit épié et regarda en sa direction :  

 

-Quelque chose ne va pas ?  

-Non, non… Tout va bien!, lui dit-elle le rose aux joues, surprise d'avoir été repérée.  

 

Les lumières d’apparence si calmes devenaient de plus en plus claquantes au fur et à mesure qu’ils approchaient. Des musiques et des sons vinrent s‘y collaient pour ne former qu’une gigantesque cacophonie. Ça fusait de partout ! Des enfants sur le grand huit hurler, un couple mangeait une barbe à papa jusqu’à ce que ça se finisse en dispute, la barbe à papa dans les cheveux… Plus loin un groupe d’adultes sortaient du train fantôme en rigolant tandis que des hommes faisaient les bellâtres devant le stand de tirs en tentant de montrer aux autres qui était le plus fort...  

 

Kaori se mit à réfléchir. Il y avait forcément un détail qui allait le confondre. Elle vit le circuit de karting un peu plus loin. Un déclic traversa son cerveau et elle lui dit :  

 

-On se fait une course ?  

-Pourquoi pas !, lui dit-il gentiment.  

 

Intérieurement, la nettoyeuse était heureuse. Elle allait pouvoir comparer sa façon de conduire avec celle qu'elle savait de son partenaire. Il prirent chacun une voiture, enfilèrent un casque de sécurité et commencèrent la course. Kaori démarra sur les chapeaux de roues. Ryoichi la laissa prendre de l'avance par politesse. Pourtant, cela n'arrangeait pas les affaires de Kaori qui ne pouvait épier ses faits et gestes de son ami d'un soir en étant devant. Elle tenta bien à plusieurs reprises de l'observer dans son rétroviseur mais le circuit était très sinueux et les adversaires nombreux. Elle échappa plusieurs fois au carambolage de justesse avec d'autres karts. Au bout du troisième tour, Ryoichi commença à la talonner. Bientôt l'adrénaline et la compétition prirent le dessus sur ses investigations et Kaori commença à se comporter en véritable adversaire. Ryoichi tenta à plusieurs reprises des écarts pour s'aligner à côté d'elle mais Kaori donna un coup d'accélérateur ou de volant le laissant ainsi à sa seconde place et elle devant. Ce fut au quatrième tour que la course prit une tournure inattendue. Fort à l'aise de sa position, Kaori chercha des yeux son adversaire dans le rétroviseur. Curieusement, elle ne le distinguait plus. Elle se tourna un instant pour vérifier son angle mort et elle le vit, échappant à sa vigilance, débordant sur le côté et la doublant. Il lui décocha un clin d'oeil avec un sourire qu'elle connaissait que trop : celui du professionnel se jouant de ses ennemis. Ce clin d'oeil si familier lui fit perdre contenance et ses mains s'éloignèrent du volant un instant, instant suffisamment long pour qu'elle ne parvienne à reprendre le contrôle du véhicule et qu'elle aille s'encastrer sur le bord du circuit fait de mottes de paille.  

 

Ryoichi arriva sur la ligne d'arrivée avec un sourire satisfait. Il put voir dans le rétro de la paille volée et Kaori agiter ses bras contre le volant avec violence. Il descendit du kart et alla à son encontre.  

Il retira son casque et lui proposa sa main pour l'aider à sortir du véhicule. Kaori le dévisagea un instant, laissant sa colère retombée et accepta son aide. Elle s'extirpa du kart avec difficulté, demandant l'aide de la seconde main de Ryoichi. Le choc avait été fort malgré le gabarit du kart et son pied resta coincé dans la structure de l'appareil, la faisant trébucher vers l'avant. Elle tomba alors dans les bras de Ryoichi involontairement. Sa tête vint alors se lover contre son torse. Elle resta un instant ainsi, surprise de se retrouver dans une telle position avec un parfait inconnu...pourtant, cet inconnu lui semblait si familier. Elle ferma les yeux un instant, se laissant aller à imaginer que ce n'était pas un inconnu, que c'était celui qu'elle espérait. Ses bras, son torse, les battements de son coeur... faire comme si c'était lui...juste un peu... Cela pouvait être à s'y méprendre ! Même son odeur était la même..  

 

Kaori rouvrit les yeux tout à coup. Son odeur ! Elle la connaissait par coeur. Elle la sentait encore parcourir ses narines lorsqu'elle collait sur son nez un vêtement de Ryô avant de le mettre dans la machine à laver. C'était comme si elle partageait quelque chose de personnel en respirant son odeur. Elle le faisait souvent en cachette, lorsqu'il n'était pas là. Sentir son odeur la réconfortait. Juste humer ce qui faisait son identité et laisser cela lui traverser ses narines, s'infiltrer en elle, l'envahir d'une douceur réconfortante. C'était un geste puérile, elle le savait mais c'était plus fort qu'elle. Lorsqu'elle voyait un de ses pulls ou ses t-shirts, c'était comme un réflexe, quelque chose de vital l'aidant à continuer d'avancer encore un jour de plus. Elle avait l'impression qu'en sentant son odeur, c'était toute l'aura de Ryô qui l'enveloppait et la cajolait.  

 

Elle releva alors la tête et croisa le regard de Ryoichi.  

 

-Est-ce que ça va ?, lui demanda-t-il inquiet.  

 

Kaori décrocha un sourire satisfait. Maintenant elle en avait la certitude. Elle allait passer une soirée inoubliable.  

 

 

 


Chapter: 1 2


 

 

 

 

 

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