Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How can I correct a misplaced chapter?

 

It can happen that an author has several stories in process and that he adds a chapter of a story to another one. In this case, please don't add the chapter again and contact me (hojofancity@yahoo.fr) for modification. Indicate which chapter is misplaced and which is the correct story.

 

 

   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 4 :: Ain't no sunshine : "A la croisée des chemins"

Published: 09-04-10 - Last update: 06-05-11

Comments: Bonjour à tous ^^... Bon, eh bien voilà la suite, mais avant de l'envoyer, je vais faire un petit mea culpa ^^. Eh oui, j'avais dit qu'il y avait des incohérences et certaines les ont vues avant même que je ne maje ce chap (zêtes fortes^^). Bref, ces quatre mois... trop court... Effectivement, j'en suis tout à fait consciente, ça m'apprendra à accepter les défis des coupines lol! Parce que je me suis donc retrouvée à devoir placer une petite phrase dans le chap 2 qui par la suite, m'a coincée et obligée à situer la suite 4 mois plus tard seulement, alors que j'avais prévu bcp plus de temps... Mais comme on dit, "faute avouée...." Non ? Bon bah tant pis ^^, soyez pas trop durs quand même hein ? Sinon, je vais vous remercier pour toutes vos gentilles reviews, elles m'ont vraiment fait très plaisir et j'espère que vous aimerez aussi ce chapitre. D'ailleurs, à partir de maintenant, disons qu'il est possible que par-ci par-là, ça fasse tilt... En tout cas, encore merci à vous et à ma bêta Amelds que j'embrasse !

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

La fête bat son plein et je regarde tout autour de moi, heureuse de les revoir tous. Je laisse glisser les conversations sur moi pour le moment, je veux juste rester silencieuse pour me contenter de les écouter, de les regarder... Je dois sourire bêtement, mais c'est si bon de les revoir.  

 

Et pourtant, quelle angoisse...  

Quelle angoisse avant de passer la porte, même si je savais qu'ils ne pouvaient qu'approuver ma nouvelle vie, même si j'étais certaine qu'ils avaient compris mon choix de quitter la ville et d'aller m'installer à Nagoya, pour aider Eriko dans la gestion d'une nouvelle boutique. Mais, comme une mauvaise habitude qui s'accroche, le manque de confiance en moi m'a fait douter... Et si ? Et s'ils m'en voulaient ? Et s'ils n'avaient pas compris mon besoin de tout laisser pour mieux me reconstruire ? Et si c'était une mauvaise idée de revenir ? Et surtout, si tu étais là, comment réagir ?  

 

Et puis, en entrant, ce petit tintement et tous mes doutes se sont envolés. Quelle joie d'entendre sonner cette petite clochette qui m'avait tant manqué, ce son clair et léger qui symbolisait à lui seul tout ce que j'avais laissé derrière moi... Un énorme pan de ma vie, complicité, joie, rires, confidences et connivence - tout ce qui m'était précieux en dehors de toi - m'est revenu en mémoire, simplement en entendant ce petit tintement. Il m'avait manqué, tout comme cet endroit, tout comme le sourire de Miki, comme ce cri qu'a poussé Mick avant de me sauter dessus, comme enfin cette massue qui est partie des mains de Kazue pour venir l'atomiser à mes pieds...  

 

« Oooh... Vous m'avez tant manqué !!! »...  

 

Cette phrase a résonné dans le silence, juste avant que je ne me mette à larmoyer et ne me jette dans les premiers bras qui se sont ouverts devant moi, ceux de Miki, qui m'a serrée à m'étouffer en mêlant ses larmes aux miennes. Nous étions belles, toutes les deux, à sangloter ainsi au milieu du Cat's, mais personne n'a ri... J'ai ensuite retrouvé avec autant de joie tous les autres, Kasumi, Saeko, Reika (oui, même elle), passant ensuite de bras en bras, même si je n'ai fait qu'effleurer ceux de Falcon, que j'ai dû frapper le Doc pour qu'il me relâche, et que Kazue a empêché Mick de sortir de sous sa massue en venant s'asseoir sur celle-ci. J'ai ri de joie, c'était si bon de les revoir...  

 

 

Un tintement de clochette derrière moi.  

Je me suis retournée, mortifiée d'avoir, toute à la joie des retrouvailles, complètement oublié mon compagnon. Je l'avais d'abord déposé à son appartement et il avait ensuite fait le chemin à pied jusqu'au Cat's pour me permettre de ne rien rater de la fête... Et j'avais oublié jusqu'à son existence pendant que je pleurais dans les bras de Miki ! Il a refermé la porte derrière lui et s'est avancé, tandis que le silence s'installait subitement. Les regards se sont portés sur lui, puis sur moi, avant de revenir de nouveau vers lui... Et moi, je suis restée muette, incapable de bouger, ne sachant que dire pour le présenter. Il m'a regardée, attendant un geste de ma part, son regard devenant de plus en plus perplexe au fur et à mesure que mes joues rougissaient sous l'effet de cette gêne incompréhensible qui m'a saisie et m'a fait oublier jusqu'à la plus élémentaire des politesses. C'était pourtant moi qui avais souhaité qu'il m'accompagne, pour rendre notre relation officielle, et voilà que je perdais tous mes moyens, comme une adolescente qui aurait présenté son petit ami à ses parents. En même temps, il y avait un peu de ça. Ils sont ma famille, leur avis compte beaucoup pour moi et, quelque part, j'avais besoin de leur approbation.  

 

Les secondes passaient et je ne pouvais rien faire d'autre que rougir, tandis que la gêne de tous devenait de plus en plus palpable. Finalement, après m’avoir lancé un regard décontenancé, il s'est avancé vers eux, la main tendue.  

 

_Bonjour, je m'appelle Tybault. Je suis l'ami de Kaori.  

 

Un ange est passé... Ils sont tous restés figés pendant que moi je me maudissais d'être ainsi empotée... Ce n'était pourtant pas difficile, je m'étais même entrainée à la dire cette petite phrase : « Je vous présente Tybault, mon ami. » Mais non, impossible, rien ! Et tandis que Tybault restait devant l'entrée, avec sa main tendue, tous le regardaient, essayant de décoder le sens exact de ces mots : « l'ami de Kaori ». Heureusement, Miki s'est reprise la première et est venue lui serrer la main. Mais elle, elle savait, elle s'y attendait. Cela faisait quelques semaines que je lui parlais de lui et elle avait suivi de loin les prémices, puis les débuts de notre relation. Lorsqu'elle s'est placée devant lui et lui a saisi la main, les autres se sont rapidement joints à elle, sauf Falcon, égal à lui même, et Mick qui a profité de ce que Kazue se soit mêlée aux autres pour me tirer vers lui. Penché au-dessus de moi, le regard inquisiteur, presque accusateur, il en oubliait même d'essayer de me tripoter, ce qui était plutôt mauvais signe.  

 

_Qui c'est çui-là, Kaori ?  

 

_Heu...C'est Tybault, il vient de le dire... Tu n'as pas entendu ? ai-je éludé innocemment.  

 

Ses prunelles azur semblaient vouloir sonder jusqu’à mon âme. Il essayait de comprendre, mais j'avais surtout l'impression qu'il refusait d'accepter ce qui était en train de se passer. Il refusait d'accepter que quelqu'un soit entré dans ma vie, du moins quelqu'un qui ne serait pas toi.  

 

_Pourquoi ?  

 

« Oh... Mick... », n'ai-je pu m'empêcher de penser en entendant ce simple mot, lourd de questionnements... Voilà qu'il faisait ce que j'avais craint le plus. Mais il était hors de question que je me justifie ! Je savais que son amitié pour toi n'allait pas faciliter la rencontre, mais je n'allais quand même pas lui redérouler aujourd'hui, quatre mois après mon départ, les raisons de la fin de notre partenariat, ni lui expliquer que rencontrer quelqu'un d'autre faisait aussi partie du processus pour me construire une nouvelle vie... Les autres avaient dû le faire pour moi, et même sa petite cervelle de macho patenté aurait dû finir par comprendre ce que Kazue lui avait surement seriné maintes fois.  

 

_... Mick, ai-je alors commencé, bien décidée à le remettre à sa place...  

 

Mais je me suis immédiatement arrêtée. Le voir papillonner des paupières, avec une petite larme au coin de l'oeil, puis trembloter de la lèvre inférieure était le signe qu'une conversation sérieuse était loin d'être possible. Il a finalement fait mine de vouloir balbutier quelques mots, entre deux gros sanglots qui jaillissaient en gros bouillons du fond de sa poitrine... Je me suis alors tue et me suis juste attendue au pire... Ce qui n'a d'ailleurs pas tardé...  

 

_Mais pouuuuurquoooiiiii ?!? s'est il mis à hurler, pourquoi lui, alors que moi j'étais prêt à t'offrir mon cœur, mes bras et mon mokkoriiii !!! Pourquoooooiiii partir si loinnnnn alors que tu n'avais qu'à traverser la rue pour trouver l'homme idéaaaal ? Hein ? Pourquoi, pourquoi, pourquooooiiii ????  

 

Et voilà, j'avais évité la confrontation mais j'avais gagné une sangsue pleurant à mon cou, une limace qui mouillait ma chemise de ses larmes de crocodile et me hurlait des débilités profondes. Je me suis sentie lasse, si lasse d'un coup... Et lui continuait à geindre, sans même s'apercevoir que l'aura de sa moitié se gonflait de colère, jusqu'à se matérialiser en une arme de destruction massive qui vint alors s'abattre sur lui, tandis que je me reculais précautionneusement d'un pas.  

 

 

Enfin, disons plutôt que j'avais « cru » avoir évité la confrontation. Car, alors que je remerciais Kazue pour son aide et m'excusais auprès de Tybault - très étonné d'ailleurs - d'un petit sourire et d'un haussement d'épaule, un doigt s'est extrait de sous la massue, pour finalement se pointer dans ma direction tandis qu'une voix étouffée murmurait :  

 

_Il te passe le bonjour.  

 

Ai-je été la seule la seule à l'entendre ? Je n'en sais rien mais personne n'a réagi. Ils ont tous continué à discuter avec Tybault comme si de rien n'était. Mais moi j'étais de nouveau pétrifiée... Ryo... Tu n'étais pas là, mais la seule évocation de ton existence avait réussi à faire battre mon cœur plus vite et à réveiller cette petite douleur, toujours présente en moi, là… juste derrière le sternum. Ma poitrine s'est brusquement serrée à chaque battement de cœur, comme si celui-ci voulait me rappeler que tu étais un sujet encore bien trop douloureux pour l'aborder ce soir, pendant ce dîner de fête. Alors j'ai repris le contrôle à l'aide d'une bonne inspiration et me suis tournée vers la massue, qui n'existait déjà plus d'ailleurs, pour finalement me trouver nez à nez avec Mick, qui avait repris son air sérieux et me fixait, guettant ma réaction. Que faire, que dire ? Rien... Juste prendre le message pour ce qu'il était, une salutation de quelqu'un qui avait été cher à mon cœur et qui ne faisait plus partie de ma vie.  

 

_Merci Mick, moi aussi, ai-je alors répondu, en essayant d'afficher un visage indifférent pour ne pas avoir à prolonger la discussion.  

 

Mais Mick n'en n'avait pas fini avec moi, je l'ai bien vu. Son regard sombre et sa voix toujours sourde pour que personne ne nous entende... Il allait dire des choses qui allaient surement me faire regretter d'être venue. Ce soir, il avait choisi son camp et, à première vue, ce n'était pas le mien.  

 

_Je ne savais pas que tu avais rencontré quelqu'un Kaori. Pourquoi si tôt, pourquoi si vite ? Que fuis-tu ?  

 

Alors là, j'en suis presque tombée des nues... Mick qui jouait les psychologues de comptoir avec moi, c'était la meilleure celle-là ! Comment ça ? Ma relation avec Tybault une fuite ? C'était ce qu'il croyait ?!? Il ne savait rien de nous et il se permettait de nous juger ? J'ai hésité une seconde entre rire et me mettre en colère, enfin, hésité est un bien grand mot – ou alors juste deux secondes- et j'ai écrasé à mon tour sa tête contre le sol.  

 

Mon dieu que ça m'a fait du bien ! Quatre mois que je n'avais plus fait cela, que mon sang n'avait plus bouilli ainsi pour finalement exploser et me rendre plus forte que jamais, quatre mois sans colère, sans massue, sans être moi-même complètement, finalement. J'ai regardé mes mains et je me suis sentie bien, presque entière, juste avant de me rappeler que, dans la salle, il y avait quelqu'un qui ne m'avait jamais vue faire ce geste. Je me suis alors tournée vers lui et j'ai rougi violemment en croisant son visage livide et ses yeux exorbités. Je me suis précipitée vers lui et ai ri de la situation avec les autres, dédramatisant ainsi la découverte par Tybault de mon tempérament légèrement colérique et impétueux. Mais malgré tout, je n'ai pu m'empêcher de reconnaître que j'étais surtout bienheureuse d'avoir évité de devoir répondre à la question de mon ennemi de ce soir. Ennemi qui a d'ailleurs fini par venir, lui aussi, présenter ses salutations à mon compagnon, quoiqu'il l'ait fait à sa manière...  

 

 

_Tybault, c'est pas japonais comme prénom ? l'a-t-il interrogé en lieu et place du « Bonjour, enchanté » traditionnel.  

 

_Effectivement, c'est français. Je porte ce nom en souvenir d'un voyage de mes parents à Paris. J’y ai d’ailleurs passé toute ma petite enfance.  

 

_Ah oui ? Vous avez eu de la chance, ils auraient pu vous appeler « Paris », a-t-il insisté d'un ton un peu railleur, malgré mon regard lourd de menaces. Cela vous serait bien allé pourtant... ça a quelque chose de très féminin !  

 

_Vous allez rire, lui a répondu Tybault, le plus naturellement du monde, sans relever l'allusion au fait que ses longs cheveux soient retenus par un catogan, mais c'est le prénom que porte ma sœur. Vous voyez, vous n'êtes pas tombé loin ! Et après tout, Paris est aussi un prénom masculin, c'est même un héros guerrier mythologique ; vous me flattez là !  

 

 

J'ai ri devant la mine défaite de Mick, et heureusement pour lui d'ailleurs, car la moutarde me montait légèrement au nez à le voir ainsi montrer ouvertement son animosité pour Tybault. Mais sa raillerie s'étant retournée contre lui, je me laissai juste gagner par le rire et décidai de ne pas m'attarder plus que cela sur son attitude. Tybault était après tout bien assez grand pour se défendre seul et il était de taille à tenir tête à Mick. Peut être pas physiquement certes, mais depuis que je le connaissais j'avais toujours trouvé qu'il émanait une réelle force de lui et une confiance à toute épreuve.  

 

En tout cas, Mick l'a très bien compris car le regard qu'il lui a lancé ensuite était un regard certes lourd de « Toi, je ne t'aime pas ! », mais un regard d'égal à égal. Une chose est sûre, il sait maintenant qu'en face de lui il a quelqu'un qui a du répondant… Bon, d'accord, deux personnes plutôt, car lorsque Mick a ensuite fait mine d'oublier complètement son prénom pour ne plus l'appeler que « Paris » - soit disant par erreur - si celui-ci s'est contenté de sourire pour montrer que cela ne l'atteignait pas, moi, je l'ai puni comme il se doit.  

 

En fait, je crains bien que le fait de me voir ainsi manier la massue n'ait plus ébranlé Tybault que les moqueries répétées de Mick. J'avoue, c'était plus fort que moi... Il arrive à me faire sortir de mes gonds toujours aussi facilement, même si c'est aussi pour cela que je l'apprécie cet âne bâté, je dois bien le reconnaître... Tout comme je dois reconnaitre que je me suis un peu laissé déborder par le plaisir que m'ont procuré ces retrouvailles avec mon arme de prédilection !!!  

 

 

 

En tout cas, il a gardé cette faculté de récupérer rapidement car, alors que je le regarde discuter avec sa voisine de table, force est de constater qu'il s'est déjà remis des quelques cinq ou six coups de massue reçus depuis le début de la soirée. Je souris et embrasse la pièce du regard. Ils discutent, Mick fait le joli cœur, le Doc met l'ambiance, Falcon se tait et écoute. Les filles rient et font connaissance avec Tybault, qui se prête au jeu des questions-réponses de bonne grâce, en leur racontant des anecdotes sur sa jeunesse passée en France. Moi, je reste silencieuse et savoure juste ce moment. Mais quand je croise le regard de Miki qui commence à débarrasser la table, je me lève à mon tour pour lui prêter main forte, bien consciente qu'elle a l'intention, elle aussi, de me parler.  

 

 

*****************************  

 

 

Appuyé contre un réverbère, de l'autre côté de la rue, j'observe la lumière qui filtre à travers les rideaux baissés du Cat's. Vue l'heure, ils doivent être à table ; un coup d'œil à ma montre me fait hésiter quant à la pertinence de venir me joindre à eux. Pourtant, je dois voir Saeko. Les dernières informations que m'a fournies le vieux Xiang sont importantes, et il faut que je les lui communique. Je sors mon portable de ma poche et ne peux m'empêcher de sourire en le regardant : je n'arrive pas vraiment à me convaincre moi-même de l'importance de parler de tout ça à Saeko, précisément maintenant. Je n'aurais besoin que de quelques secondes pour composer son numéro si je le souhaitais vraiment... Difficile de se mentir à soi-même : si j'ai quitté le cabaret au bout d'une demi-heure seulement, si le Whisky n'avait pas la saveur habituelle, si mon Mokkori a trouvé moins d'attraits que d'habitude aux bunnies, si j'éprouve ce besoin d'aller voir Saeko ce soir, ce n'est que parce que je sais que tu es là, de l'autre côté de cette rue.  

 

 

Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Ce soir, je crois que tous mes indics peuvent se vanter d'avoir passé un moment avec moi. Je les ai tous cuisinés, fouillant dans les rumeurs, dans les anecdotes glanées ça et là, l'information qui ferait la différence pour rattraper mon coup de retard sur le prochain assassinat. Et lorsque Xiang m'a enfin parlé de mouvements suspects autour des deux sociétés Tsakada et Komo, j'ai su que j'avais enfin récupéré un peu de mon handicap... Et la course n'étant pas encore finie, j'ai eu la certitude que j'arriverai bientôt à les coincer.  

 

Fort de cette petite victoire, ce n'est pas à Saeko que j'ai pensé immédiatement, mais à l'envie d'aller célébrer ça dans un de mes cabarets préférés. A ce moment-là, informer Saeko pouvait bien attendre le lendemain matin, et je me suis dirigé là où je savais que la fin de soirée serait synonyme de plaisir : au Lotus Noir. Là-bas, j'y ai retrouvé mes habitudes et j'ai laissé mes fantaisies suivre leur cours habituel, tenue minimum, verre rempli à ras bord, petit éventail, bunnies et chansons paillardes, un cocktail détonnant pour se purger la tête de tout ce qui n'est pas idée festive ou mokkorienne. Et puis, quand l'alcool a enfin réussi à me saouler suffisamment pour que je me sente bien, j'ai attrapé un petit popotin qui passait par là et la serveuse, en tombant sur moi, a planté son regard dans le mien... des yeux noisette, immenses, rieurs...  

 

 

J'ai dégrisé immédiatement et je l'ai regardée, de longues secondes, lui caressant doucement la joue, comme par réflexe. J'étais hypnotisé par son regard, je pouvais presque imaginer que c'était toi que je tenais dans mes bras, toi qui me regardais ainsi, les yeux brillants de cette petite lumière d'incertitude que j'aimais voir briller, quand je me rapprochais pour te décontenancer et te faire perdre tous tes moyens. Quelques secondes d'un rêve éveillé, et la réalité a repris le dessus. La demoiselle m'a fait un clin d'œil et est venue me proposer à l'oreille de finir ensemble le reste de la soirée. La magie de l'instant s'est alors brisée. Ce n'était pas toi, ce n'était pas ta voix et j'avais beau me plonger dans son regard pour y retrouver ce qui avait fait illusion, je n'y voyais plus que deux prunelles brunes quelconques. J'ai alors envoyé valser tout le monde pour me retrouver dehors cinq minutes plus tard, frustré de ne plus pouvoir compter sur cette diversion rituelle... Et j'ai alors marché au hasard... trainant ma mauvaise humeur dans les ruelles de la ville, sans but. Enfin, c'est ce que je croyais car, quand j'ai levé la tête, c'est ici que je me trouvais, sous ce réverbère, face au Cat's.  

 

Reconnaissons-le, je meurs d'envie de te voir, de voir si tu as toujours cette fameuse petite lumière dans ton regard... de te voir toi, tout simplement.  

 

 

Les mains dans les poches, je me dis que Saeko est un excellent prétexte pour déroger à mes certitudes que ton départ est une très bonne chose. Un instant, juste un instant volé avant que tu ne t'éloignes de nouveau... L'envie est trop forte et moi bien trop faible quand il s'agit de toi. Je cède enfin et traverse la route pour rejoindre le trottoir sur lequel se dresse la façade du café.  

Je pose la main sur la poignée, me compose un visage détaché et m'apprête à pousser la porte quand, tel un éclair, cette petite phrase me revient en mémoire : « Ne dis rien ».  

 

 

***************************  

 

Je rejoins Miki dans la cuisine et attends que le bruit des assiettes qui s'entrechoquent dans l'évier se taise pour lui signifier ma présence :  

 

_Attends, je vais t'aider à faire la vaisselle...  

 

_Je veux bien merci...  

 

Nous nous mettons à l'ouvrage en silence. Seul le léger clapotis de l'eau se fait entendre pendant que Miki lave et rince les assiettes, avant de me les passer pour que je les essuie. Je sens que quelque chose ne va pas, son silence devient bien trop lourd et son aura vacille de colère contenue.  

 

_Je t'écoute Miki, qu'est-ce qui ne va pas ? finis-je par demander, pour crever cet abcès une bonne fois pour toute.  

 

_Je peux savoir à quoi tu joues ? me demande-t-elle alors, sur un ton lourd de reproches, fixant obstinément la cuve pleine d'eau savonneuse.  

 

Je reste interdite, stoppant le mouvement circulaire du chiffon avec lequel j'essuyais une assiette. Puis, je reprends doucement ce que je faisais, bien consciente que finalement Mick a peut être trouvé en elle un allié de premier choix pour l'aider dans sa bataille.  

 

_Je ne comprends pas, de quoi parles-tu ?  

 

Elle plonge alors subitement les deux mains dans l'eau, éclaboussant au passage son chemisier, puis se tourne vers moi dans un geste brusque. Ses yeux brillent de colère.  

 

_Je ne peux pas concevoir que tu aies quitté Ryo et Tokyo pour t'amouracher d'un homme qui est, finalement, de la même engeance que lui !  

 

J'en reste muette de stupéfaction. Tybault, comme Ryo ? Mais de quoi me parle-t-elle ? C'est pourtant le jour et la nuit ! Un homme capable de mille attentions contre un homme pas fichu de me dire ce qu'il ressent, ni même d'avoir un mot ou un geste gentil ? Et ce pendant plus de 6 ans ? Je la regarde, pleine d’incompréhension, attendant qu’elle m’explique les raisons de cette certitude et de son courroux…  

 

Je n’ai pas à attendre bien longtemps. Maintenant qu’elle s’est lancée, Miki a visiblement besoin de vider son sac.  

 

_Non mais, regarde-le ! Que ressens-tu quand tu es près de lui ? As-tu déjà ressenti son aura ? Non hein ? Bien sur que non, et moi non plus d’ailleurs ! Et ça ne t’étonne pas ? Qui est-ce qui est capable de cacher ainsi son aura, hein ? Qui ?  

 

Je la regarde. Elle bout littéralement de colère. Ses mots résonnent dans ma tête, et je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi ils trouvent un écho, tout au fond de moi, comme si je savais, quelque part, qu’elle a raison. Après tout, il est vrai que je ressens qu'il est complexe, torturé parfois même. Mais après tout, ne le sommes nous pas tous ? Quand je regarde ceux que j'ai côtoyés dans ma vie, pas un seul qui n'ait porté un masque, alors pourquoi pas lui ?  

 

_Tu te trompes Miki. Si tu penses qu’il appartient au milieu simplement parce que tu n’arrives pas à le cerner, c’est que tu vas trop vite pour juger les gens. Je reconnais qu’il y a quelque chose d'indéfinissable en lui, de différent… Mais crois moi aussi quand je te dis qu'il y a du bon en lui ! C’est peut être même ce mélange qui m’a poussée à accepter ses attentions, alors que j’avais décidé de ne plus m’attacher.... Il m’a avoué que dans son adolescence il avait fait quelques erreurs… J’imagine que c’est ce qui lui donne ce côté « dangereux » que tu as pu déceler en lui. Et je t'assure, au cas où tu te poserais la question, que ce n'est pas Ryo que je recherche en lui.  

 

 

Je regarde mon amie, dont la moue sceptique me renvoie l'image d'une personne loin d'être convaincue. Mais une chose est certaine, je sais au fond de moi que Tybault ne me ferait aucun mal ; je le sais parce que même si nous ne sommes ensemble que depuis un mois, je ressens pleinement son attachement depuis la première fois que l'on s'est vus, il y a presque quatre mois déjà. Miki ne sait rien de tout ça, ne sait rien de ses attentions, ne sait rien de la tendresse qu'il me procure, ne sait rien de ce que je peux lire dans ses yeux. Croit-elle sincèrement qu'un homme peut feindre ce que j'y lis quand il me regarde ?  

 

 

_Je sais que je peux être naïve parfois, mais même si je ne connais pas forcément bien la nature humaine, j'ai confiance en ce que je ressens. Alors fais-moi aussi un peu confiance, d'accord ? Tu es mon amie, j'ai besoin que tu me soutiennes, pas que tu m'enfonces.  

 

 

_Une amie doit aussi dire les choses qui fâchent. Et sans vouloir le défendre, si Ryo a pu te cacher si longtemps ses sentiments, Paris peut très bien en faire autant !  

 

_Tybault...  

 

_Quoi ? Me demande alors Miki, sans comprendre pourquoi je la reprends.  

 

_Tu l'as appelé Paris... C'est Tybault...  

 

_...  

 

Miki me regarde quelques instants, puis me tourne brusquement le dos, fixant les quelques assiettes encore présentes dans l'évier. Ses épaules s'affaissent doucement et son menton disparaît dans sa poitrine. L'inquiétude me saisit devant cette réaction étrange et je viens poser ma main sur son épaule, m'attendant à n'importe quelle réaction de sa part. Je la sens tellement en colère et tellement inquiète pour moi en même temps... Mais, lorsque je sens un frémissement sous mes doigts, je reste quelques secondes à regarder ses épaules trembler puis tressauter avant de comprendre... Et lorsque Miki éclate enfin de rire, je ne peux que la rejoindre. L'hilarité nous submerge et après avoir pleuré de joie au début de la soirée, nous mêlons de nouveau nos larmes, de rire cette fois. Au bout, d'un moment, toujours secouées de soubresauts, nous nous appuyons contre l'évier, côte à côte, la tête rejetée en arrière, à partager ce moment de connivence. Ce fou-rire est libérateur et nous le faisons durer avec plaisir. Puis, doucement, nous reprenons nos esprits, et lorsque je croise de nouveau le visage de Miki, le sourire y a repris sa place.  

 

 

_C’est la faute de Mick, je suis désolée Kaori !  

 

 

_Ah Mick... Il me fait tourner en bourrique ce soir ! dis-je, rassurée d'entendre que le ton de Miki a perdu toute animosité. Mais ne t’inquiète pas, je ne crois pas que Tybault t’en voudrait de t'être trompée. Et puis, il est très proche de sa sœur jumelle.  

 

_Tu as rencontré sa famille ? me demande Miki, visiblement intéressée.  

 

_Non, malheureusement pas encore. Ses parents sont décédés et… Sa sœur ne tient  

malheureusement pas à me rencontrer, finis-je par avouer à mon amie, en accompagnant cet aveu d'une petite moue.  

 

_Oh Kaori, je suis désolée, me répond-elle en posant sa main sur mon bras.  

 

Je ne peux m’empêcher de baisser le regard. Le fait que Paris ne m’apprécie pas, sans même m’avoir rencontrée, me peine plus que je ne le laisse paraître à Tybault, à qui je soutiens que ce n’est pas grave. A priori, elle lui est très attachée et n’apprécie pas du tout qu’il se soit éloigné d’elle, chose dont elle me tiendrait pour responsable. Et ça me fait du bien de pouvoir confier cela à quelqu'un. Le regard de Miki me réconforte. Son amitié me manque dans ces moments-là.  

 

_Mais ce n’est pas grave, lui dis-je en relevant le menton, nous ne sommes ensemble que depuis un mois. J’ai tout mon temps pour connaître sa famille !!! Les choses s’arrangeront plus tard… Alors, changeons de sujet, tu veux bien ?  

 

Et puis, plus que de Paris, il y a un sujet que je meurs d’envie d’aborder avec elle, et puisque nous en sommes aux confidences…  

 

_Miki…  

 

_Oui ?  

 

_Tout à l’heure, tu parlais des sentiments de Ryo…  

 

 

*****************************  

 

« Ne dis rien »  

 

Cette petite phrase qui vient de traverser ma mémoire m'arrête brusquement et je reste figé devant la porte du café. Ce soir-là, j'ai commis une regrettable erreur... Et je suis à deux doigts de remettre ça.  

 

Il y a quatre mois, je me suis laissé guider par la peur de te perdre, alors j'ai agi en pensant que les actes parleraient pour moi. Tu m'as pris par surprise lorsque tu as lancé que tu partais, comme un pavé dans la mare... Je ne m'y attendais pas, je ne pensais pas que mes pitoyables tentatives pour garder le contrôle de mes sentiments te blesseraient à ce point, quoique je m'en doutais un peu, mais pas au point d'atteindre le point de non-retour. Quand j'ai compris qu'il était peut-être trop tard, j'ai laissé les faux-semblants de côté et j'ai tenté le tout pour le tout. Un début d'aveu : « Ne pars pas ce soir ».  

 

Mais comment aurais-je pu deviner que toi aussi tu tomberais le masque pour me montrer la Kaori dont je soupçonnais l'existence, mais que je pensais trop timide pour éclore au grand jour ? La kaori femme et consciente de l'être, passionnée et ardente, téméraire et douce, que j'ai découvert dans mes bras ? Je n'aurais jamais pensé la rencontrer un jour... Je l'avais toujours fantasmée... Et j'étais loin du compte. Tu m'as pris par surprise mon ange et je n'ai pas su te repousser... Pas pu... Et pas voulu.  

 

Mais tu ne pouvais pas comprendre que laisser parler mon corps c'était baisser les armes, que c'était reconnaître que tu étais indispensable à ma vie, que c'était avouer à ma façon que je t'aimais, que te faire l'amour c'était reconnaître tous mes mensonges te concernant. Pour cela, il aurait fallu que je te le dise au lieu de me laisser entrainer par la force de ton désespoir. Il aurait fallu que je sois capable de trouver le courage de parler...  

 

Parler, j'ai presque l'impression de dire un gros mot là ! Mais c'est ça la raison de ton départ, pas la peine de me leurrer. Il me faut moins de courage pour affronter une armée que pour prononcer le mot « aimer » et quand j'ai cru pouvoir le faire, il était trop tard ; tu étais déjà en partance et tu as lancé ces trois mots, cette juste antithèse de ce que je voulais t'avouer enfin : « Ne dis rien ».  

 

Les pensées affluent en masse dans ma tête, brisant les barrières érigées depuis ton départ. Les digues sont rompues et le flot de souvenirs de ces quatre mois passés sans toi se déverse dans ma mémoire. Je me revois les premiers jours, accentuant mes tentatives d'approche désastreuses sur les passantes, sur toutes les filles que je croisais, sans même me demander si elles étaient jeunes ou vieilles, belles ou moches, puis je me revois courir de bar en bar, criant de joie à l'idée de pouvoir enfin rentrer à pas d'heure, mais surtout, je me revois un matin, de retour de virée, venant chercher un peu de chaleur dans ce café dont je suis en train de fixer la poignée de porte. Je me revois tournant et retournant ma cuillère dans le café bien noir que Miki venait de me servir comme remède à ma gueule de bois. Je l'entends encore me demander narquoisement : « Alors, tu te sens mieux maintenant ? » et j'entends encore ma douleur répondre à ma place ce «Non » qui a fait toute la différence, ce mot lâché sans faux-semblant, les yeux plantés dans les siens. A ce moment-là, j'ai su qu'elle me pardonnait de t'avoir fait tant souffrir, car elle a tremblé et a posé ses deux mains sur les miennes, quelques secondes, avant de me dire d'un ton radouci.  

 

 

_Rentre chez toi, Saeba, tu as vraiment mauvaise mine.  

 

_Mais je n'ai plus de chez moi, Miki, lui ai-je répondu en libérant mes mains pour les enfoncer dans mes poches et me diriger vers la sortie, ma maison a mis les voiles il y a un mois...  

 

 

********************************  

 

 

L'émotion que je lis dans les yeux de Miki alors qu'elle me raconte comment tu as vécu mon départ me bouleverse. Ma poitrine me rejoue des tours en oppressant ma respiration. Ryo... Je ne sais quoi dire, quoi penser. Dans ma tête, tout se mélange un peu : ce qui est bien, ce qui est mieux, ce que je veux, ce que je dois, tout ça me donne le tournis et je m'appuie légèrement sur le rebord de l'évier, histoire de reprendre une certaine contenance.  

 

_Kaori ?  

 

_Oui Miki?  

 

_Tybault, que ressens-tu réellement pour lui ?  

 

On peut dire qu'elle a choisi le moment idéal pour me poser cette question ! Mais je me dois d'être honnête avec moi-même, car je connais la réponse...  

 

« Je crois que je ne suis faite que pour aimer un seul homme Miki... Même si je tiens beaucoup à Tybault...Et que je veux vraiment repartir de zéro... Oui... un seul homme. »  

Je soupire, mais reprends vite mes esprits. « Mais je ne suis pas venue ici pour tout remettre en question. Nous avons des anniversaires à fêter, ne l'oublie pas ! »  

 

Voilà, je coupe cours à la conversation, il ne faudrait pas que je me laisse émouvoir au point de perdre tous mes nouveaux repères et de gâcher la soirée !  

 

_Et d'ailleurs, il faudra que j'aille te chercher ton cadeau, dis-je en prenant un air catastrophé, car je l'ai laissé dans la voiture... quelle tête de linotte je fais !  

 

Nous rions, puis Miki reprend brusquement son air sérieux.  

 

_Fais quand même attention à toi Kaori, d'accord ?  

 

_Ne t'inquiète pas, lui réponds-je en me dirigeant vers la salle.  

 

Lorsque nous arrivons, Reika en est à interroger Tybault, rebaptisé « Paris » par tout le monde - à la plus grande joie de Mick - sur son métier. Le pauvre, il subit un véritable interrogatoire en règle, mais garde le sourire, même si sa réponse fige le mien sur mes lèvres.  

 

_Oh, j'ai de multiples activités, un peu comme un commercial, élude-t-il d'abord, alors que Miki se crispe à mes côtés, mais j'ai très envie de tout quitter pour recommencer une nouvelle vie ailleurs, pourquoi pas à Paris, justement ! D'ailleurs, j'avais l'intention d'en parler avec Kaori, ce soir, car j'ai reçu des propositions, et quand l'affaire dont je m'occupe actuellement sera bouclée, j'ai très envie d'accepter, si elle est d'accord pour tenter le voyage avec moi.  

 

En disant cela, il se tourne dans ma direction, un petit sourire interrogateur au coin des lèvres, alors que tout le monde se tait brusquement et attend ma réponse. De mon côté, je sens mes jambes flageoler sous le coup de la surprise. Il m'aurait demandé en mariage devant tout le monde que je ne me serais pas sentie plus mal... J'ai l'impression d'étouffer... Je regarde la porte... Il faut que je sorte !  

Je me tourne vers Miki et me mets à rire bêtement.  

 

_Oh mon dieu, Miki... ton cadeau... Dans la voiture... Le chercher... Je reviens !  

 

Et forte de cette excuse, je me rue vers cet échappatoire et la porte du café.  

 

 

********************  

 

Les digues ayant lâché, je me prends de plein fouet la réalité dans la figure : ton départ et ton absence m'ont été douloureux, et ils le sont chaque jour un peu plus. A part ce matin là, devant Miki, je n'ai fait que jouer un rôle depuis quatre mois, un très mauvais rôle d'ailleurs...  

 

Et maintenant, je fais quoi ? Je rentre et je leur joue encore une fois la grande scène du beau ténébreux que rien n'atteint jamais ? Je fonce et je détruis sans vergogne la nouvelle sérénité que tu t'es certainement construite ? Et pour quoi ? Pour revoir un instant tes beaux yeux et en crever encore un peu plus ? Semer encore une fois quelques secondes d'un bonheur fugace et n'en récolter que les regrets ? Ah, il est beau le grand Saeba, tiens ! Le nettoyeur numéro un, craint partout dans la ville et le pays, mais sans plus de force de caractère qu'un nouveau né dès qu'il s'agit de toi ! Tout ça est pathétique...  

 

Oui, reconnaissons-le, c'est une erreur d'être là. Cela ne mènera à rien de bon d'entrer. Aujourd'hui comme il y a quatre mois, j'ai réagi à l'instinct, sans accorder d'importance aux conséquences.  

Allez, montrons-nous à la hauteur de ton cran mon ange, car toi seule as eu le courage de tes sentiments et de tes actes, toi seule as eu le courage de prendre ta vie à bras le corps pour ne plus subir ! Alors, je vais résister à mes envies pour respecter ta décision, me montrer digne de toi et m'éviter l'inévitable chape de plomb qui s'ensuivra. Mes informations attendront bien encore un peu, j'appellerai Saeko demain.  

 

Je relâche la poignée, recule d'un pas, puis de deux, enfonce mes mains dans les poches et me détourne de la porte d'entrée. J'envoie un sourire un peu narquois à la lune, lui demandant de garder le secret sur ce qu'elle vient de voir, et décide de reprendre ma promenade solitaire.  

 

Mais je viens à peine de faire quelques pas que la clochette de la porte tinte violemment derrière moi...  

 

 

 

Je me retourne...  

 

Je te ressens avant même de te voir...  

 

Puis je croise tes yeux, immenses...  

 

Qui s'agrandissent encore de surprise...  

 

...Cette lumière dans ton regard !  

 

 

 

J'ouvre les bras...  

 

Et les referme d'instinct quand tu me heurtes...  

 

… Tu es là...  

 

… Je suis chez moi. 

 


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