Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 8 :: A la croisée des chemins : Puisqu'il faut choisir.

Published: 27-02-11 - Last update: 08-05-16

Comments: Bonjour à tous ! Je sais, je sais, je ne suis vraiment pas quelqu'un d'assidu et je m'en excuse platement (j'ai très honte quand je regarde la date de ma dernière maje). J'espère que vous ne m'en tiendrez pas trop rigueur et que vous n'aurez pas oublié l'histoire. En ce qui concerne ce chapitre, je m'éloigne un peu de l'histoire dont je suis la trame, mais j'y reviendrai plus tard. Cris, je te dédie ce chapitre, tu comprendras tout de suite pourquoi en le lisant ^^. Voilà, je voulais encore remercier ceux qui m'ont suivie jusqu'ici et ceux qui m'ont laissé un petit mot d'encouragement, c'est très motivant, et je vais aussi remercier ma beta pour son super boulot ! A bientôt j'espère pour la suite ^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

Quand je passe la porte du Cat's, je suis aussitôt happée par le silence étrange qui règne dans la salle. Il est si dense et lourd que le petit tintement de la clochette, d'ordinaire si léger, y tombe pesamment pour y étouffer ses notes claires et joyeuses.  

 

 

Tout le monde est là, mais personne ne se retourne ; ils restent figés dans une sorte de posture attentive, le visage tourné vers Kazue, assise au bar. Je ne comprends pas ce qui se passe, alors, instinctivement, à mon tour, je la regarde et reste subjuguée par la beauté qui émane d'elle à cet instant. Les yeux vides mais brillants d'un feu sans âge, le regard perdu dans un lointain inabordable et de multiples émotions affleurant son visage pâle, elle a l'aura millénaire d'une déesse grecque, mystérieuse et inaccessible. Et d'ailleurs, tous semblent pétrifiés, comme si un oracle venait de leur prédire une catastrophe imminente.  

 

 

 

« Mais que se passe-t-il donc ici ? » sont les seuls mots qui me viennent à l'esprit, pendant que je referme la porte avec précaution pour éviter de faire le moindre bruit. Brusquement projetée, malgré moi, au beau milieu de cet instantané irréel, il me semblerait incongru de claquer bruyamment la porte et de signifier ma présence d'un claironnant « Bonjouuuuur !! » ; j'aurais trop peur que l'atmosphère quasi tactile qui règne ici ne se brise et ne se répande au sol, en une myriade de morceaux brillants tels de petits éclats de verre.  

 

 

Gardant un silence respectueux de ce qui semble s'être produit avant mon arrivée, je suis heureuse d'avoir pu éviter de refaire sonner la clochette et reporte mon attention vers les autres quand : «  KAOOOORRRIIII MONAMUUUURRRR !!  ». Les yeux exorbités de surprise, je m'aperçois que ce hurlement de pervers déchaîné s'accompagne du corps volant de Mick, qui affiche de surcroît ce faciès d'abruti qu'il prend habituellement pour exprimer sa joie de me voir.  

 

 

 

Le temps reprend alors aussitôt son vol. La chape qui recouvrait la scène s'évapore à la seconde même où je dresse une massue au dessus de moi pour, avec une certaine gratitude, impacter généreusement la tête du pervers. Le craquement que le bois émet en rencontrant le nez de Mick les sort brusquement de cette étrange léthargie, et ils prennent alors subitement conscience de ma présence. La mèche de Saeko retrouve son tombé impeccable, Kasumi finit de ranger une tasse, Falcon se tourne dans ma direction, Miki me sourit et le regard de Kazue retrouve un semblant de vie. Tu es le seul à rester immobile, assis devant cette pile de dossiers et ces plans qui recouvrent la table, ne me présentant que ton dos en guise de bienvenue.  

 

 

 

« Kaowi, pouwuoi kan gue wolenz ? » gémit l'insecte écrasé à mes pieds en s'extirpant de la masse de bois. La mine défaite et le corps brisé, Mick joue les martyrs désarticulés en se redressant péniblement, m'obligeant à reporter mon attention sur lui. Oups, j'y suis peut-être allée un peu fort, il ressemble à un chien pékinois maintenant, avec sa face complètement aplatie et son nez touchant presque son front. Pourtant, une demi-seconde plus tard, c'est un homme à la prestance Ultra Brite qui se dresse devant moi. J'ai à peine le temps de revenir de ma surprise que déjà il n'est plus qu'à un pas et me décoche un sourire aveuglant, chacune de ses dents ayant miraculeusement retrouvé sa place d'origine. Un pas encore, et il est maintenant assez proche pour pouvoir appuyer doucement son coude sur mon épaule. Et brusquement, le sourire se fait moins ostentatoire, les traits de son visage retrouvent tout leur sérieux, tandis qu'il penche légèrement sa tête, pour venir frôler mes cheveux de ses lèvres. Je tremble à force de perdre mes moyens, et lorsque l'azur de ses yeux caresse ma peau, je me sens virer au rouge carmin. Mais qu'est-ce qu'il me veut ? Son souffle chaud vient frôler mon oreille lorsqu'il se penche encore plus pour me répéter, dans un murmure : «Kaori, ma douce, pourquoi tant de violence ? », et quand je croise de nouveau son regard enjôleur, c'est pour m'apercevoir qu'il louche maintenant sur mes lèvres. Ça y est, je panique... Mais, bon sang, qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir m'embrasser aujourd'hui ?! Qu'est-ce qui se passe ici ?! Complètement tétanisée, j'arrive à reculer d'un pas et je lance un regard de détresse dans ta direction : Ryooo, au secours !  

 

 

 

*****  

 

 

Tsss, imbécile... Voilà ce qu’est Mick Angel et ce que j’ai pensé lorsque j’ai croisé cette petite étincelle, ce petit regard en coin qu’il m’a lancé avant de se ruer sur toi. Oui oui, je me souviens, ok Mick, pas besoin d'en rajouter ! Le message est clair, ce n'était pas une menace en l'air : il est prêt à passer à l’attaque si je ne fais pas bouger les choses. Mais il faut être aussi stupide qu’un poisson rouge, ou un Mick Angel, pour ne pas comprendre que le moment est plutôt mal choisi. La petite phrase, lâchée par Kazue, a laissé transparaitre une blessure qui semble à vif. Et alors que je sens dans mon dos ton muet appel au secours... moi, je ne vois qu’elle… elle qui regarde dans votre direction et qui semble mourir un peu plus à chaque seconde qui passe, elle dont l'aura, qui emplissait tout l'espace il y a quelques minutes à peine, semble fondre maintenant comme une peau de chagrin, elle qui assiste en première ligne à la scène de Mick jouant le joli cœur pour me pousser dans mes derniers retranchements. Je ne peux qu'être touché de la voir ainsi car, au-delà de son côté mokkori – et ça, pour être mokkori, elle l'est !! - c'est une femme courageuse, qui inspire le respect. Lui voir ce regard m’est difficile. Cela m'est d'autant plus difficile qu’il me renvoie à ma propre connerie, car ce regard perdu, cet océan troublé qui vient noyer ses pupilles, je l’ai déjà vu… dans tes yeux.  

 

 

 

Pour elle, il faut que j'arrête ça, avant qu'elle ne disparaisse à force de vouloir se faire toute petite sur son fauteuil de bar. Je peux gérer ma colère contre Mick et son ultimatum, je peux gérer aussi ma défiance envers ce Paris-Plouc, et je peux même supporter la frustration de ne pouvoir te secouer comme un prunier et te crier que tu fais une belle erreur... Mais ce besoin qui me prend, là, d'aider Kazue me dépasse complètement. Si ça se trouve, je ne cherche qu'à m'absoudre, à travers elle, de toutes ces souffrances que j'ai pu t'infliger dans le passé... Ou est-ce de la jalousie ? Peu m'importe, je sais juste une chose : il faut que j'arrête Mick.  

 

 

Prenant appui sur le rebord de la table, je me repousse en arrière, faisant glisser ma chaise dans un crissement bref. Avisant que Miki s'est tournée dans la direction de ce bruit, je capte aussitôt son regard :  

 

 

_Miki, ma belle Miki, ma si délicieuse et appétissante Miki, et si nous profitions de ce que Saeko ne veuille pas me laisser l'accès au vestiaire pour stopper là cette rébarbative séance de travail ? La vie est trop courte, allons nous amuser un peu ! Laisse donc tomber ton vieux torchon, va enfiler ta plus jolie robe et faufilons-nous discrètement pour profiter de la vie !!  

 

 

 

Un cri de corbeau se mêle étrangement au bruit des corps qui tombent à la renverse, puis à celui d'un bazooka que l'on enclenche. Bien... Falcon étant entré dans la danse, je peux continuer l'opération « Court-circuitons Mick Angel ». Celui-ci est d'ailleurs toujours englué à ton corps et – pour ça, tu n'as pas changé – tu en restes pétrifiée. Passons à l'acte deux : je troque mon air d'incompréhension, due à la promesse de violence que me renvoient les armes de Falcon, contre une franche hilarité et je joue avec délice les provocateurs.  

 

 

 

_Mais noonnn, Umi chou, je ne parlais pas de toi quand je disais «vieux torchon », tu n'es pas vieux voyons !  

 

 

_Tu n'emmèneras Miki nulle part, est-ce que c'est clair ? grogne-t-il, en calant contre lui ses deux canons de bazooka avec ses coudes.  

 

 

_Et sinon tu feras quoi ma ptite lingette d'amour ? dis-je en me moquant ouvertement du grand chauve.  

 

 

_Nounours, calme-toi, il le fait exprès, intercède sa femme, en posant une main apaisante sur son bras.  

 

 

 

L'effet est immédiat, l'aura d'Umi se calme et il abaisse un peu ses armes. C'est le moment idéal ! En un éclair, je suis à coté du bar, j'agrippe Miki, et tente de lui voler un baiser et, comme prévu, un plateau vient s'écraser sur mon nez. Ouch, c'était prévu, mais ça fait mal quand même ! Ça, ça veut dire que la séance de punition va commencer. Effectivement, Falcon retrouve instinctivement son âme de mercenaire et pointe de nouveau ses deux bazookas dans ma direction. Ouhhhh mais c'est qu'il est vraiment fâché là ! Exactement ce dont j'ai besoin ! Hop hop hop ! Un premier bond, puis un deuxième et me voilà placé exactement dans l'axe de Mick, à l'instant même où Umi appuie sur la détente. C'est risqué comme stratégie, mais je sais que tu ne crains rien, je peux compter sur l'instinct de Mick. Et, effectivement, au moment où je me jette sur le côté, vous mettant sur la route des projectiles, il réagit au quart de tour en te repoussant fortement en arrière. Tu tombes sur les fesses, et l'une des deux roquettes passe à un cheveu de la tête du « beau blond », lui emportant une mèche au passage d'ailleurs... Dommage, j'aurais préféré qu'il lui emporte le nez, ça lui aurait fait les pieds à cet adepte de la bogossitude !  

 

 

 

Tandis que les projectiles vont s'écraser dans les banquettes au fond de la salle, Mick s'étrangle d'indignation :  

 

 

_Non mais t'es dingue Falcon ?? T'as failli nous tuer !!  

 

 

_Meuh non, il n'y avait pas de poudre, j'ai déjà vu faire ça une fois... lui retourne calmement le barman. Il repose ensuite tranquillement ses bazookas derrière le bar et reprend une tasse à essuyer :  

 

 

_Fais pas ta froussarde Angel, c'est pas toi que je voulais calmer, mais l'autre affreux là, dit-il en faisant claquer son torchon dans ma direction.  

 

 

Accroupi sur la table sur laquelle j'ai sauté pour éviter le tir, je ricane bêtement, un bras derrière la tête :  

 

_Oups… Héhéhé ! Désolé Mick, pas fait exprès !  

 

 

 

*******  

 

 

Toujours sur les fesses, je jette un œil aux deux projectiles qui finissent de fumer dans le trou béant qu'est devenue la banquette au fond du café et je me souviens : Ryo avait utilisé la même stratégie contre le Général Kreutz ! Aujourd'hui comme l'autre fois, l'effet de surprise a été total, tellement total qu'on pourrait presque entendre le crissement du tissu sur la tasse d'Umi. Un coup d'œil vers toi. Tu es de nouveau assis devant ta pile de dossiers, l'air de rien, comme si tu n'étais en rien responsable de ce qui vient de se passer...  

 

 

Soudain, une ombre. Je lève la tête. C'est Kazue.  

 

« CLAC !! » La gifle qu'elle envoie à Mick résonne si fort que je laisse échapper un cri de surprise. Son bras retombe mollement et c'est dans un souffle qu'elle murmure : « C'est fini, Mick... ».  

 

 

Heureusement que je suis toujours au sol, car ce mot qu'elle vient de lâcher me coupe les jambes. Je laisse échapper son prénom, comme pour empêcher l’inévitable :  

 

 

_Kazue...  

 

 

_Non Kaori, me dit-elle doucement, en baissant la tête vers moi, ne dis rien. Tu n'y es pour rien. Il arrive parfois qu'on tombe sur la mauvaise personne, c'est ainsi et on n'y peut rien. Il n'y a rien d'autre à dire... Et parfois... Non, ce n'est pas la peine, même si je te l'expliquais, je suis sûre que tu ne comprendrais pas de toute façon.  

 

 

 

Ses yeux ! Ces yeux qui, quand je suis entrée dans le Cat's, ressemblaient à un abîme sans fond, ont maintenant cet éclat dur comme la pierre... comme les miens, dans le miroir, le jour où j'ai pris ma décision de partir. Est-ce à ça que je ressemblais : triste et libérée, faible et forte à la fois ? Soudain, cela me traverse et me prend de court : qu'a-t-elle voulu dire quand elle a dit que je ne comprendrais pas ?! Et pourquoi je ne comprendrais pas d'ailleurs ? Est-elle en train de dire que je suis stupide ? Pendant que je reste stupéfaite, elle se retourne vers Mick qui est, lui aussi, resté interdit et silencieux, la main toujours sur sa joue tuméfiée.  

 

 

_Au revoir Mick...  

 

 

_Au... Au rev... Mais... Ma douce...  

 

 

 

Mais Kazue ne l'écoute déjà plus, elle s'est tournée vers la porte et regarde déjà dehors. Elle n'est plus vraiment là. Elle a beau dire que je ne comprends rien, je peux deviner chacune de ses pensées en cet instant précis, ce que représente chacun de ses gestes tandis qu'elle avance un pas, puis un autre vers sa liberté.  

 

 

_Kazue... crie Miki, attends !  

 

 

L'infirmière sourit et pose son regard si déterminé sur la barmaid, qui se tait aussitôt :  

 

 

_J’ai trop attendu, Miki… Je ne veux plus attendre...  

 

 

 

Puis, sans plus adresser le moindre regard à qui que ce soit, elle se dirige vers le seuil et sort. Alors que la porte se referme derrière elle, les notes de la petite clochette tintent aussi gaiment qu'un rire moqueur. Elles dansent et virevoltent sur la chape de plomb qui a repris sa place sur la scène du Cat's, pour venir finir leur course sur la tête de Mick, qui reprend alors ses esprits.  

 

 

-Au revoir ? C'est fini ? Mais... Mais...  

 

 

 

L'azur de ses yeux se voile alors, et il pose sur moi un regard indéfinissable, puis regarde la silhouette de Kazue, qui se découpe derrière la vitrine du café. Son regard fait des aller-retour entre sa compagne et moi, comme s'il cherchait une réponse qui ne viendrait pas. C'est au moment où elle disparaît de notre champ de vision, continuant son chemin sur le trottoir, qu'il semble soudain réaliser quelque chose. Il s'élance alors brusquement vers la porte et file à la suite de Kazue.  

 

 

 

Les jambes toujours coupées par ce qui vient de se produire, j'attrape la main de Miki qui est venue m’aider à me relever. Dans ses yeux, je lis qu'elle veut me rassurer, que tout se passera bien, qu'il va la rattraper, mais alors qu'elle s'apprête à me mentir, Mick réapparait devant la vitre. Immobile, les mains enfoncées dans les poches de son costume, il regarde le trottoir, la mine sombre, totalement étranger aux piétons qui le bousculent. Le voir aussi affecté me serre le cœur. Même si je pense qu’il l’a bien cherché, je ne supporte pas de le voir dans cet état-là. J’ai envie de sortir pour lui apporter mon soutien, lui dire qu’il n’est pas seul, que tout peut encore s’arranger s’il y croit vraiment. Je fais un pas en direction de la porte, puis deux, mais je m'arrête en t’entendant soudain décompter d'une voix sarcastique :  

 

 

_5... 4... 3... 2... 1...  

 

 

Quand tu arrives à zéro, il y a comme un écho dehors, et Mick se métamorphose brusquement du tout au tout. En une fraction de seconde, son regard retrouve toute sa vivacité, et son visage si morose se fend de ce rictus si reconnaissable. Celui-ci s’élargit encore quand il aperçoit devant lui deux jolies passantes, jusqu’à lui conférer ce masque grotesque du pervers fougueux. Les deux jeunes femmes lui jettent un regard inquiet, puis se mettent à courir droit devant elles, et il disparaît de notre vue en se lançant à leur poursuite. Alors que je reste estomaquée de sa capacité de récupération, il repasse soudain devant la baie vitrée en mode vol plané suivi, une seconde plus tard, d'une poubelle qui suit le même parcours. On entend alors un fracas métallique signifiant qu'il y a eu contact ! La colère me saisit. Mais quel imbécile celui-là, il ne changera donc jamais ! Comment peut-il se comporter ainsi alors qu’il vient de perdre Kazue ? Comme si tu avais lu dans mes pensées, tu poses doucement ta main sur mon épaule, et le contact de ta paume chaude et rassurante m’apaise sans que je ne sache bien pourquoi.  

 

 

-Ça va aller Kaori...  

 

 

J'ai l'impression que tu sais exactement de quoi il retourne, mais je n’ai pas le temps de réagir que déjà tu as la main sur la poignée de porte. Avant de sortir, tu me fais un petit clin d’œil, puis tu te diriges vers la zone d'impact. Tout s’est passé si vite ! Je ne suis pas sûre d’avoir réalisé ce qui vient de se produire. Avant même que j’aie pu dire bonjour à qui que ce soit, le café a subi un tir de roquettes, le couple de Kazue et Mick a volé en éclats et celui-ci vient de finir la tête dans les ordures ! Apparemment, je ne suis pas la seule à avoir été dépassée par les événements. Dans la salle saccagée par mon massuage et le tir de Falcon, tout le monde hormis Falcon semble être aussi abasourdi que moi… surtout Saeko qui, loin de sa superbe habituelle, se tient la tête comme si la scène lui avait donné la pire des migraines.  

 

 

_Ahhhh, c'est pas vrai, on ne sera jamais au point pour ce soir avec ces deux crétins, gémit-elle en s'affalant sur la table, les cheveux épars et une goutte de sueur sur la tempe.  

 

 

_Qu'y a-t-il, Saeko ? demandé-je en m'approchant, est-ce que quelqu'un peut au moins m'expliquer ce qui se passe ici ?  

 

 

_Il se passe que ces deux abrutis sont censés assurer une garde rapprochée pendant une réunion ce soir ! La menace est très réelle et, comme tu le vois, ils sont tout à leur mission !! rage-t-elle en laissant paraître tout l'agacement qui l'anime. On aura de la chance si le clan Futago ne fait pas un carnage !!  

 

 

 

Je l'écoute pester contre les hommes qui ne voient pas plus loin que le bout de leur mokkori, en gardant pour moi que c'est habituellement son meilleur plan de bataille quand il s'agit de te refiler une mission. Mais, soudain, ce qu'elle dit n'a plus aucune importance. Là, sur la table, au milieu des dossiers éparpillés...  

 

 

 

******  

 

 

 

Comme je m'y attendais, je trouve Mick affalé par terre, à côté de la poubelle volante. Son beau costume clair est recouvert de multiples détritus et il y a comme une odeur qui est très loin de son after shave habituel. Je sais bien que ce n'est pas le projectile qui l'a mis KO, mais plutôt l'annonce de Kazue. Je m’accroupis et lui ôte une peau de banane de la figure. Il ouvre un œil, laisse passer deux secondes, le temps de se composer une attitude, puis se redresse en affichant un sourire goguenard.  

 

 

_Ahhh ces femmes, elles ne peuvent décidément pas se passer de nous hein ? dit-il en se relevant et en tentant de redonner un semblant de classe à sa tenue. Les passants nous jetant des regards intrigués, je l'entraine vers un coin de mur entre deux ruelles.  

 

 

_Laisse tomber, lui dis-je en désignant du regard un papier douteux sur ses cheveux, je ne suis pas vraiment d’humeur… Je peux savoir à quoi tu joues ? Et je ne parle pas de ces deux miss mokkori là…  

 

 

_Je ne joue pas Ryo, et tu le sais ! Je ne le fais pas uniquement à cause de ce Paris-Plouc et de toi. Je veux aussi aller au bout de mes propres sentiments pour Kaori. Je ne veux plus brider ce que je ressens pour elle. Je veux savoir ce que j’éprouve, même si je me trompe.  

 

 

 

En entendant cette phrase, j'ai une furieuse envie de frapper sa petite tête d'américain. Je serre les poings. Mais je sais pertinemment que ça ne servirait à rien, il est comme moi, il est du genre à attendre qu'il soit trop tard pour comprendre. Alors je préfère m'adosser au mur, à ses côtés, et lève mon regard vers le ciel voilé pour lui asséner ma vérité, mon quotidien depuis bientôt cinq mois :  

 

 

_Et quand tu te rendras compte que tu t'es planté, il sera trop tard. Tu auras tout perdu.  

 

 

_Peut-être, mais j’en prends le risque. Je sais que je fais souffrir Kazue, je m’en veux, mais c’est comme ça. Je te l’ai dit, je veux aller jusqu’au bout. Je ne suis pas comme toi, je n'ai pas peur de ce que je ressens ni de bousculer les choses établies, si c'est pour être heureux avec la femme que j'aime. J’aime mieux avoir des remords que des regrets.  

 

 

 

Alors que j’écoute ce dandy en citer un autre, je ne peux m’empêcher de penser qu’il a raison. Il se plante mais il a raison. Sauf que moi, je ne me sens pas concerné par cette citation… Moi, je vis avec le remords de t’avoir gardée après la mort de Maki. J’aurais dû t’obliger à partir et à vivre une vie normale. J’aurais dû, mais je ne l'ai pas fait. Au lieu de ça, je t'ai laissée t'attacher à moi et je t'ai fait souffrir en refusant de t'avouer que chaque jour qui passait te rendait de plus en plus indispensable à ma vie. Je sais que tu as souvent pleuré, mais je n'ai jamais eu le cran de t'enchainer définitivement à moi en t'avouant ce que je ressentais. J’ai essayé plusieurs fois mais, à chaque fois, quelque chose m’en a empêché et j’en étais soulagé. Je préférais un immeuble qui s’effondre ou te laisser croire que tu avais mal compris plutôt que vivre en t’aimant et en craignant que tu ne meures par ma faute. Détaché de toi, je laissais entre nous cette possibilité que tu partes et que tu retrouves ta liberté. Mais, maintenant que tu l’as fait, il ne me reste que ce manque, ce vide, ce rêve fou que j’ai fait quelques fois, ce rêve d'une vie dans laquelle tu aurais été à mes cotés, et pleinement heureuse… Ça, je sais que je ne le connaitrai jamais, à mon plus grand regret.  

 

 

_Et il penserait quoi, ton Oscar Wilde, de quelqu'un qui vivrait avec les deux ?  

 

Pendant quelques secondes, Mick semble analyser ma réponse en silence, puis son visage s'éclaire.  

 

_Il en penserait surement, me répond-il le plus sérieusement du monde, que c’est bien dommage que Saeko nous attende pour cette mission... parce que sinon, il nous aurait dit : « ALLONS FETER CAAA !! ».  

 

 

 

Et nous nous tombons, hilares, dans les bras l’un de l’autre, nous tapant dans le dos en nous promettant une fiesta digne de mon statut d’homme à regrets et remords – et de meilleur coup de Shinjuku, mais ça Mick l'ignore !  

 

 

 

Et voilà, il ne faut pas attendre plus que ça de nous. Nous avons échangé cinq phrases sérieuses et nous nous sommes dit l’essentiel. Je sais maintenant qu’il risque de tout foutre en l’air, mais j’envie son courage. Par contre, il ne faut pas rêver, je ne le laisserai jamais faire. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'étrange sentiment que le monde de Lumière dans lequel tu évolues aujourd'hui n’est qu’illusion, et si mon monde t’a finalement rattrapée pour une raison que j’ignore encore, alors je te rejoindrai pour te protéger. Parce que c’est pour ça que je vis, c’est mon rôle, pas celui de Mick Angel ou de n’importe qui d’autre ! 

 


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