Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 9 :: A la croisée des chemins : promesse

Published: 01-05-11 - Last update: 21-05-16

Comments: Bonjour à tous ! Je sais que je suis longue à majer et je vous en demande encore pardon. Heureusement que vous êtes là pour venir me tirer les oreilles, car ça a l'air de marcher ^^. En tout cas, je n'abandonne pas, et c'est grâce à ceux qui me lisent : c'est vous qui me motivez alors un grand merci à vous toutes les filles et un grand merci à ma beta ^^ !! A très bientôt (si si j'ai promis à Cris ^^).

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

Bras dessus bras dessous, Mick et moi nous dirigeons vers le Cat's pour retrouver Saeko et ses plans quand, tel un diable jaillissant de sa boîte, tu bondis soudain hors du café et te précipites vers nous. Balbutiant de colère, tu agites un dossier sous mon nez, et cette petite veine sur ton front tressaute dangereusement, au rythme de chaque syllabe éructée à mes oreilles :  

 

 

_Co... Comment... Comment as-tu osé ?  

 

Avisant du coin de l'œil Saeko qui, depuis l'intérieur du café, me montre les paumes de ses mains en un geste d'impuissance, je recule la tête pour comprendre de quoi il s'agit. Cette chemise de couleur jaune, ce nom inscrit dessus... Pas de doute, il s'agit du dossier sur Paris-Plouc et sa mokkori-frappée de sœur. Aïe, je suis dans de beaux draps là...  

 

 

******************  

 

 

 

_Comment as-tu pu faire ça, Ryo !!  

 

 

Je continue d'agiter frénétiquement en l'air le dossier prouvant que tu as demandé des informations sur Tybault. Je ne suis pas seulement en colère, je suis folle de rage. Une fois l'effet de surprise passé en découvrant son nom écrit sur cette chemise, j'avais attrapé le dossier et avais regardé Saeko, attendant qu'elle me donne une explication valable. Devant son silence gêné, j'avais compris. Ainsi donc, rien de ce que je vis ne m'appartient et ce retour à la « vie normale » n'est qu'une illusion. Quoi que je fasse, mon passé refuse de m'oublier, je ne serai jamais vraiment libre, toujours surveillée... Et je suis sûre que tout ça vient de toi ! Comment as-tu osé me faire ça, comment as-tu pu briser ce qui restait entre nous, la confiance ?! Je me sens trahie, je suis furieuse, et mon envie de te frapper n'a d'égale que celle de te faire avaler ce torchon jusqu’au fond de la gorge. Mais loin d'avoir l'air gêné d'être pris sur le fait, tu jettes un œil terne sur ma pièce à conviction et me réponds, comme s'il s'agissait d'un sujet sans importance :  

 

 

_Oh ça... Tu sais bien, c'est un réflexe, une sorte de tic de nettoyeur...  

 

 

Tu te mets ensuite à ricaner bêtement et tu te tournes vers Mick, qui a l'air de s'être très bien remis de sa scène avec Kazue et de son coup de poubelle volante :  

 

 

_...Et puis ça m'a surtout donné l'occasion d’obtenir une splendide photo... Hein Mick qu'elle est mokkori cette Paris ?  

 

_Ah ça ouiiiiiiiii !! C'est l'une des plus belles mokkori chan que j'ai jamais vues... A part toi, ma Kaori d'amour, bien entendu, corrige-t-il en avançant sa bouche en cœur dans ma direction.  

 

 

 

Là, c'en est trop ! Kazue souffre par sa faute et lui fait l'imbécile ! Ma rage se cristallise soudain contre Mick, et lorsque ma massue l'écrase contre le trottoir, les 100 tonnes qui l'encastrent dans le bitume ne sont en réalité qu'à moitié pour lui. Je ne sais pas pourquoi, mais il m'est impossible de déverser ainsi ma fureur contre toi, et comme il faut bien que je l'extériorise quand même, tant pis pour Mick, c'est lui qui prend. Retendant mon doigt vengeur dans ta direction, je m'apprête à t'intimer l'ordre de ne plus t'immiscer dans mes affaires, quand tu me saisis le poignet et me l'abaisses doucement. L'effet est immédiat, et ma colère s'évanouit aussitôt. Je ne comprends pas comment cela est possible, ni pourquoi tu réussis à chaque fois à prendre ainsi possession de mes émotions mais, encore une fois, je suis prise au piège. Plongeant tes yeux noirs dans les miens, tu m'offres un regard sans aucune moquerie ni perversion, un regard semblable à celui sur le balcon ou à cette nuit-là... Un regard dans lequel je peux percevoir ton âme.  

 

 

_Kaori, ce dossier est là pour te demander de faire attention à toi. Je n'oublie pas que tu restes ma partenaire, je sais que tu sauras quoi en faire.  

 

 

 

J'en perds mes mots. Les yeux toujours perdus dans la profondeur de cet onyx qui me traverse, je ne sais même plus pourquoi j'étais en colère. La phrase repasse en boucle dans ma tête. Chacun de ces mots est une mise en garde, un rappel, mais surtout une déclaration. Tu fais attention à moi, tu t'inquiètes de ce qui pourrait m'arriver, tu me demandes de faire attention et... encore une fois, ce mot : partenaire. Il chante doucement dans ma tête et il emplit mon cœur d'une émotion indéfinissable. Ce que j'avais d'abord pris pour une trahison m'apparaît soudain aussi magnifique qu'un cadeau... Et aussitôt, me reprend ce malaise : Tybault. La culpabilité me saisit brusquement et me ramène à la réalité de ce choix que j'ai fait il y a quinze jours. C'est lui que j'ai choisi. Je retire brusquement ma main de la tienne, et te réponds avec toute l'assurance dont je me sens capable :  

 

 

_Ne me dis pas ce que je dois faire, je ne suis plus ta partenaire Ryo. Et en ce qui concerne sa sœur, je vais me comporter comme doit le faire tout adulte dans une relation d'adulte... Je vais en parler avec Tybault !  

 

 

Et je tourne les talons. Je marche jusqu'à l'angle de la rue puis, quand je suis sûre de ne plus être à portée de vue, je me mets à courir. Je cours comme cela fait longtemps que je n'ai pas couru, je cours pour évacuer toutes ces émotions qui me font tourner la tête, je cours pour pouvoir associer les battements effrénés de mon cœur à cet effort physique et non plus à cette phrase si lourde de sens pour moi. Je suis heureuse que tu me montres de l'intérêt, je peux ressentir cette joie jusque dans mes veines, elle fait bouillir mon sang et naître un irrépressible sourire sur mes lèvres... et je t'en veux aussi, je t'en veux d'être toi, d'être celui auquel je ne peux résister, je t'en veux d'arriver à insinuer le doute dans ma relation avec Tybault. Et plus que tout, c’est à moi que j’en veux. Je me déteste d’être aussi faible ! Je cours toujours plus vite, la tête me fait mal, le souffle me manque, mais je suis arrivée là où me conduit ma raison, chez Tybault.  

 

 

Lorsque j'arrive, essoufflée, devant son immeuble, mon estomac se serre. Mon sternum semble soudain peser des tonnes. Il est là, devant chez lui, une mallette noire à la main et s'apprêtant à monter dans une grosse berline. Je n'arrive plus à respirer, j'ai dû vraiment courir trop vite... La main tenant le dossier posée sur ma poitrine oppressée, je traverse et m'avance, hésitante, vers lui.  

 

 

_Kaori, que fais-tu ici ? me demande-t-il en prenant conscience de ma présence.  

 

 

********************  

 

 

 

_Tu crois qu'elle est avec lui ?  

 

 

La voix de Mick me coupe en pleine contemplation d’une jupe se soulevant doucement au rythme du vent. Vu la saison hivernale, ce spectacle est suffisamment rare pour qu’on s’y arrête. Quoique je m’y suis peut-être arrêté d’un peu trop près, car lorsque la propriétaire de cette pièce de dentelle révélée par le vent prend conscience qu’Angel a l’air de parler à son postérieur, elle baisse la tête et me découvre, le nez sur sa culotte. J’ai alors comme un blanc d’une seconde, sûrement causé par la rencontre de mon crane avec son sac, à moins que ce ne soit avec son genou, ou son pied… En tout cas, lorsque je rouvre les yeux, je suis vautré au milieu du trottoir et la jolie petite culotte rose a disparu au milieu de la foule.  

 

 

 

Frustré de n'avoir pu profiter plus longtemps des jolies arabesques brodées de la miss mokkori, je lance un regard noir au traitre qui a révélé ma présence. Mais celui-ci n'en fait absolument pas cas, trop occupé à couver du regard les deux massues dont tu t’es servie contre lui. Il les a récupérées avant de quitter le Cat's et, en le voyant les caresser des yeux, je ne peux m'empêcher d'éprouver une pointe de jalousie. Ces massues, même si elles me rendaient dingue certains jours, à force d'être balancées sans discernement sur mon joli visage et mon corps d’Apollon... ces massues... elles symbolisaient tes sentiments à mon égard. Elles étaient le reflet de ta jalousie féroce et l'on n'est jaloux que si l'on aime. Alors, même si j'en aurais volontiers fait des cure-dents, je ne peux m'empêcher de les regretter. Elles étaient les preuves irréfutables de ton attachement et de ta confiance en moi. J'avoue même avoir ressenti une drôle d'excitation lorsque j'ai vu cette veine tressauter sur ton front tout à l'heure, car j'ai bien cru que j'allais y avoir droit. Mais non, encore une fois c'est ce traitre qui a pris. Quelle injustice...  

 

 

Et maintenant, non content de voler mes punitions et de marcher sur mes plates bandes, voilà qu'il m'empêche de profiter d'un moment de pure délectation. Cette délicieuse petite culotte était un cadeau du ciel, juste ce dont j’avais besoin pour oublier ce que j’ai dit à Miki tout à l’heure… Rien que d’y repenser… Comment est-ce que j’ai pu dire ça !! Et tout est entièrement de la faute de Mick ! Décidément, il m'aura bien pourri la journée lui !  

 

 

 

Je préfère donc ignorer sa question et son air béat, car bien sûr que tu es avec ce Paris-Plouc... Pas la peine d'être Einstein pour le deviner ! Et ça me tue d'ailleurs... Vivement que cette mission se termine pour que je puisse m’occuper de son cas. Mais ce soir, si tout se passe bien, le clan Futago sera à terre et alors ce sera entre lui et moi. Je n'aime pas trop ce que j'ai lu dans le dossier de Saeko. Rien de précis, mais une intuition. Comment être serein alors que tu vis dans l'entourage d'une folle et d'un homme qui met en alerte mon sixième sens ? Pour l'instant, je fais confiance au vieux Xiang. Il est mes yeux et mes oreilles, mon assurance que quoi qu'il arrive je pourrai réagir. J'avoue que j'aimerais presque qu'il arrive quelque chose, quelque chose qui confirmerait cette impression diffuse, pour que je vienne te sortir de là, pour que je t'éloigne définitivement de ce Paris-Plouc. Et puis, quand je repense à ce que j’ai avoué à Miki tout à l’heure, même si c'était sous la torture…  

 

 

 

Enfonçant rageusement les mains dans mes poches, je revois la scène qui a suivi ton départ du café. Saeko avait tenté de remettre le grappin sur notre attention, mais avec Mick en train de caresser ses massues et moi plus déchaîné que jamais, aucune de ses tactiques habituelles n'avait fonctionné. Elle avait donc capitulé, non sans fulminer sur cet étrange pouvoir qu'elle soupçonne Kaori d'avoir sur nous, et nous avait donné rendez-vous pour 21H00. Devant sentir que, malgré nos états actuels respectifs, nous serions sur le pied de guerre à l'heure dite, elle avait tourné le dos et était sortie le plus dignement possible, ondulant gracieusement comme à son habitude. Accompagnant sa démarche chaloupée de nos regards approbateurs, nous avions salué sa sortie d'un clin d’œil complice, résumant bien les heures passées avec Mick à faire les repérages nécessaires autour et dans l'immeuble. Mais là, il fallait que nous nous défoulions un peu, il s'était produit trop de choses pendant l'heure passée pour que nous nous contentions de nous rasseoir et de jouer les nettoyeurs studieux.  

 

 

 

Une fois Saeko sortie, nous nous étions rapprochés du bar pour prendre un café et c'est là que la vindicte de Miki avait explosé. Se projetant presque par-dessus le bar, elle avait agrippé Mick par le col et l'avait secoué dans tous les sens.  

 

 

-Espèce d'imbécile ! Comme si on avait besoin d'un deuxième nettoyeur malheureux ! C'est pas possible d'être stupide à ce point-là ! Mais quel idiot ! Quel crétin ! Quel [censuré par l'auteur, Miki a un langage bien trop fleuri lorsqu'elle est vraiment furieuse] !!  

 

 

Alors que la tête de Mick ponctuait chaque insulte en ballottant en tous sens comme un panier à salade, Falcon restait stoïque, finissant d'essuyer la tasse qu'il tenait à la main. Puis, au bout de quelques secondes, jugeant que l'aura vitreuse de Mick signifiait qu'il était temps de calmer sa femme, il avait reposé tranquillement son torchon et avait posé un bras apaisant sur l'épaule de celle-ci :  

 

 

-Calme-toi Miki, c’est pas bon pour un nettoyeur de se faire descendre par une femme, ça tue le mythe… Et puis tu te trompes, Ryo n’est pas malheureux.  

 

 

*********************  

 

 

 

-Kaori, que fais-tu là ? répète Tybault.  

 

 

Encore à bout de souffle, je me contente d'avancer vers lui, le temps de recouvrer l'usage de la parole. D'abord figé par la surprise, son visage se détend pour m'offrir un sourire un peu forcé. Je peux lire l'incompréhension sur son visage et c'est normal : nous nous sommes quittés devant le Cat's il y a à peine une heure, après une demande très sérieuse de sa part et une tentative de baiser que j'ai esquivée, et je suis là maintenant, devant lui, rouge comme une pivoine et complètement muette. C'est normal qu'il se pose des questions devant mon attitude et ce revirement de situation. Baissant la tête pour cacher mon trouble, mon regard se pose sur cette mallette et là je me souviens. Il m'avait dit qu'il avait un rendez-vous ce soir ! Ce gros attaché-case en est la preuve et je me sens maintenant encore plus mal à l'aise. Il doit sûrement être pressé et moi je le mets en retard avec ma présence. Prenant une profonde inspiration, je balbutie quelques sons, puis retrouve enfin l'usage de ma voix  

 

 

-Pardon de te déranger, j'avais oublié que tu avais quelque chose de prévu ce soir... J’avais besoin de te parler.  

 

 

Relevant la tête, je croise son regard fixé sur ma poitrine, ou plutôt sur le dossier que je tiens contre moi. Un instant comme absent, il réagit en sentant mon regard sur lui, et son visage retrouve un semblant de couleur lorsqu'il me répond :  

 

 

-Ne t'inquiète pas, tu ne me déranges pas. Tu voulais me parler ?  

 

-Oui, mais c'est pas grave, si tu as quelque chose de prévu, je... je repasserai, dis-je en m'apprêtant à faire demi-tour.  

 

-Attends... m'arrête-t-il en m'attrapant le bras, il y a quelque chose qui te perturbe, je le sens bien, sinon tu ne serais pas là. On doit en parler.  

 

 

 

Parler ? Faire face à un problème ? Voilà quelque chose à laquelle tu ne m'as pas habituée. Mais Tybault est différent : avec lui pas de silences gênés, pas de faux-fuyants, pas de devinettes. Il réagit comme quelqu’un de sensé ; je le savais, j’ai bien fait de venir. Les battements désordonnés de mon cœur se calment et mon malaise s'estompe... un peu.  

 

 

-Euh... C'est que... Tu allais partir non ? dis-je en désignant la portière ouverte sur la place du conducteur et la valisette noire qu'il tient à la main.  

 

-Ecoute Kaori, s'il y a quelque chose qui ne va pas, je préfère remettre à plus tard mon rendez-vous et régler ça avec toi. Vu l'état dans lequel tu te trouves, je serais le plus infâme des prétendants si je laissais ma petite reine comme ça non ? plaisante-t-il avec un sourire insistant. Je vais passer un coup de fil et annuler mon rendez-vous, et ne dis pas non, c'est moi qui décide.  

 

 

 

Je n’ai pas le temps de répondre que déjà, attrapant son cellulaire, Tybault se dirige vers le coffre de sa voiture et l'ouvre en grand. Pour respecter son intimité, je me recule, mais de là où je suis, je peux voir à ses sourcils froncés et à son visage fermé qu'il lui est difficile de faire accepter ce report. La conversation est longue et semble houleuse, et plus d'une fois je croise son regard soucieux posé sur moi. Je me demande si je fais bien d'être ici, s'il ne risque pas de perdre une affaire importante par ma faute. De plus, cet empressement à vouloir régler mon « problème » me dérangerait presque. C'est peut-être vraiment un manque d'habitude, mais cela me met presque mal à l'aise qu’on soit aussi directif avec mes émotions, j'ai l'impression que ce n'est pas normal d'être aussi prévenant, comme si quelque chose clochait...  

 

 

 

Mais je n'ai pas le loisir de me poser plus de questions, car la posture de son corps montre soudain qu'il prend le dessus et, lorsqu'il ferme le clapet de son téléphone, je sais qu'il a réussi à imposer son point de vue.  

Il vérifie précautionneusement que la mallette est bien fermée à clef, puis il la glisse dans le coffre, avant de revenir vers moi avec un grand sourire aux lèvres.  

 

 

-Bien, revenons à nous... Tu veux monter ? propose-t-il en levant les yeux vers le sommet de l'immeuble.  

 

 

-Je... Je... Hein ? Non, en fait... Je préférerais marcher un peu.  

 

 

Sa question m'a prise de cours et je pique du nez sur mes chaussures. Les joues brulantes, j’essaie de comprendre ce que signifie une telle proposition. Elle est surement innocente, mais pour moi elle est loin d’être anodine.  

 

 

-Très bien, alors allons juste boire un verre dans un café, relance-t-il en me prenant le bras. Tu y seras plus en sécurité je crois, ajoute-t-il avec un clin d’œil montrant qu'il a bien compris pourquoi mes joues ont soudain pris cette teinte cramoisie.  

 

 

 

Cette petite phrase pleine de sous-entendus me fait rougir encore plus si c’est possible, puis soudain je comprends qu'il le fait exprès et j’éclate de rire. Je n'ai pas l'habitude qu'on soit proche de moi au point de se laisser aller à ce genre de légère familiarité. Toi, tu as toujours utilisé les mots pour me repousser et Mick... eh bien disons que le mot « légères » ne convient pas vraiment pour caractériser ses familiarités. Cette petite phrase est finalement bien agréable, car elle signifie que Tybault me désire, mais qu'il me laisse libre de choisir. Reconnaissante de ce petit moment de connivence, je pose ma main sur la sienne et lui emboîte le pas.  

 

 

 

Après avoir traversé le trottoir et alors que je devise avec Tybault, mon regard croise soudain celui d'un SDF et je marque un temps d'arrêt dans ma phrase. Ce visage buriné, ce regard vif et appuyé, je suis sûre de le connaître. Intrigué par ma réaction, Tybault le regarde à son tour et me demande :  

 

 

-Qu'y a-t-il Kaori ? Tu connais cet homme ?  

 

 

Alors que celui que je reconnais maintenant comme étant un indic de Ryo se plonge dans l'inventaire d'une poubelle pour donner le change, je réponds le plus naturellement possible :  

 

 

-Non, du tout, j'ai cru mais non. Il ressemble à un vieux professeur de mon ancien lycée, c'est tout.  

 

 

-Oh j'espère bien que ce n'est pas lui, ce serait bien triste comme fin de carrière, plaisante-il en continuant à observer celui que Ryo appelait le vieux Xiang. Affirmant ma prise sur son bras, je l'entraîne à ma suite et entame la conversation pour détourner son attention :  

 

 

-Tybault, si je suis venue te voir... c'est parce que je me pose des questions sur Paris...  

 

 

*********  

 

 

-Ryo est heureux ? s'était étranglée Miki en lâchant Mick de surprise, mais depuis quand est-il heureux ce crétin numéro un du Japon ?  

 

-Dis-moi, est-ce que tu serais capable de citer UNE chose intelligente qu'aurait faite Ryo aujourd'hui ?  

 

-Intelligente ? Ben non justement, sauf si proférer des insanités, se manger un plateau et être à deux doigts de faire exploser le café est une preuve d'intelligence, avait-elle lancé en me jetant un regard meurtrier.  

 

-Et depuis combien de temps ne s’était-il plus comporté comme un âne bâté ? avait insisté Umi.  

 

-Hey ! avais-je objecté, appelle-moi étalon steuplé, même pour m’insulter !  

 

-La ferme Saeba ! Heu... Eh bien... avait-elle commencé, l’œil dans le vague pour mieux réfléchir, il était plutôt calme ces derniers mois, c'est vrai. Ça m'inquiétait d’ailleurs et je me disais que même Kao... ...Kaori ! s'était-elle exclamée en se tournant brusquement vers moi, les yeux exorbités, oui ! C'est ça ! Il n'a jamais plus été aussi stupide après le départ de Kaori !  

 

 

Puis, tendant un doigt dans ma direction, elle avait affirmé en affichant un air triomphant :  

 

 

-Et tu étais malheureux comme les pierres ! Inutile de le nier Saeba, personne ne te croirait ! Mais alors, ça veut dire qu'en ce moment tu es heureux, même si elle est avec ce Paris-Plouc... Tu es heureux... juste parce qu'elle est là !!  

 

 

Pris au dépourvu par cette tirade, je n'avais rien trouvé à répondre qui fut crédible, et Miki avait eu cet affreux sourire victorieux. Elle avait ensuite de nouveau agrippé Mick, qui s'était encore un fois retrouvé pratiquement couché sur le comptoir :  

 

 

-Alors toi, ne crois pas une seule seconde que je vais te pardonner ce que tu viens de faire à Kazue, mais je vais fermer les yeux pour l'instant, parce que je crois que Nounours a raison et que tu œuvres, malgré toi, pour le bonheur de Kaori. Quant à toi, avait-elle ensuite sifflé dans ma direction, avant de lâcher Mick et de m'agripper à mon tour - je savais bien que j'aurais dû m'éloigner de ce fichu comptoir - qu'est ce que tu comptes faire maintenant, hein ? Parce que c'est bien beau de nous la jouer protecteur ténébreux, mais on a vu ce que ça a donné jusqu'à présent ! Rien ! Que dalle ! Alors si tu veux Kaori, si tu la veux vraiment, il va falloir que tu oses, que tu lui parles, que tu lui dises ce qu'elle représente pour toi, que tu lui avoues que tu veux la garder pour toujours ! Mais est-ce que tu es capable de ça espèce d'andouille ?! Est-ce que tu es capable de lui faire ce genre de promesse ?!  

 

 

 

Au fur et à mesure de sa longue tirade, Miki avait commencé à me secouer, à mon tour, comme un prunier et je priais de toutes mes forces pour que ma tête ne se désolidarise pas de mon corps pour aller faire un strike avec les tasses à café empilées au bout du comptoir. Mick s'étant courageusement éloigné, j'avais jeté un regard désespéré vers Falcon, qui m'avait lancé avec un grand sourire :  

 

 

-Ce n'est pas parce que je suis entré dans ton jeu tout à l'heure que ça veut dire que je suis d'accord avec ta façon de faire. Et puis à cause de toi, j'ai deux banquettes à remplacer. Alors ne compte pas sur moi ; écoute donc Miki, elle a raison.  

 

-Mais bien sûr que j'ai raison ! avait-elle insisté en continuant d'assassiner mes cervicales, alors, tu vas te bouger oui ou non ? Est-ce que tu vas lui promettre de la garder pour tou...  

 

-Ouuuiiiiiii !! avais-je crié, en désespoir de cause, arrête maintenant où je vais devenir le nettoyeur sans tête numéro un du Japon !!  

 

 

Dans le silence qui avait suivi, j'avais commencé à vérifier que ma nuque était encore fonctionnelle puis, sentant que tous les regards étaient fixés sur moi j'avais brusquement pris conscience de ce que je venais de dire... Je venais de promettre que j'allais te récupérer, Kaori... et te garder pour toujours.  

 

 

 

Levant la tête, j’aperçois l’entrée de l'immeuble. Nous sommes arrivés. Il n'est que 19H30, nous avons le temps de nous préparer. Mick, toujours en admiration devant ses massues, me lance distraitement :  

 

 

-Je vais aller poser ces merveilles chez moi et ensuite on se retrouve ici ?  

 

-OK...  

 

-Ryo ?  

 

-Quoi ?  

 

-Bonne chance vieux, vivement que le combat pour le cœur de la douce Kaori commence !  

 

-Rentre chez toi Mick et ferme-la, tu veux ?  

 

 

Ce conseil donné, je lui tourne le dos. Il vaut mieux que je m'éloigne, car j'ai très envie de le frapper... voire même de le tuer... Après tout, tout ça est de sa faute ! Il a rendu cette journée tellement dingue que j'ai fini par dire... ÇA !! ÇA !! Bien sur que j'ai besoin de toi, je l'ai toujours su et j’en suis encore plus conscient depuis ton départ ! Bien sûr qu'il est hors de question que je laisse ce Paris-Plouc prendre la place qui est la mienne dans ton cœur ! Mais de là à ... à dire ÇA !! Bon sang, te garder pour toujours, t'éloigner définitivement de cette vie normale à laquelle tu aspires... Te garder pour toujours...  

Alors que je pousse la porte du hall d'entrée, je ne peux réprimer un sourire. Est-ce que je dois tuer mick ou le remercier, là est la question...  

 

 

 

 

Cinq minutes plus tard, je suis dans le salon éteint, une cigarette à la main, et j'observe l’étrange ballet lumineux auquel se livre Mick. L'une après l'autre, chaque pièce est allumée, puis éteinte, puis rallumée, comme s’il avait besoin de revenir à chaque fois sur ses pas pour vérifier qu'il n'y a pas d'erreur possible. Ce spectacle frénétique dure quelques minutes, puis le rideau retombe soudain sur la scène et l'appartement est brusquement plongé dans le noir. Lorsqu’ apparaît, à la fenêtre, ce petit point rouge caractéristique d'une cigarette qu'on allume, je lève la mienne comme on porte un toast et je m'autorise ce petit sarcasme vengeur : « Qu'est-ce que tu croyais Mick ? Que Kazue allait retourner gentiment chez vous et t'attendre après ce qu'elle t'avait dit ? Je crois, « vieux », que nous sommes deux à avoir pris conscience de quelque chose d'important ce soir... »  

 

 

 

 

 

 


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