Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 11 :: A la croisée des chemins : souvenirs from Paris (2e partie )

Published: 16-03-14 - Last update: 11-01-18

Comments: Bonjour à tous ! Eh bien voilà, toute heureuse de voir revenir de jolies fics sur HFC et suite à une sombre histoire de croissants, j'ai repris doucement le chemin de mon histoire. Je ne sais pas si vous vous souviendrez de l'intrigue mais comme je suis une vraie plaie à réclamer la fin des fics des autres et que charité bien ordonnée etc etc il était quand même normal d'essayer de la finir ^^. Donc voilà la suite de ma petite fic, j'espère que ça vous plaira. Je vais remercier ma beta Amelds et Cris parce que tout ça est aussi un peu bcp grâce à elles alors j'espère à bientôt et puis surtout FFC hihihi

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

L'atmosphère du café, que je trouvais si sympathique il y a quelques secondes à peine, devient soudain plus sombre, les sons plus étouffés, comme si elle s'était transformée en un voile opaque qui nous serait brusquement tombé dessus.  

 

« Mes parents sont morts devant ses yeux et je n'étais pas là ». La main de Tybault, sur laquelle j'avais posé la mienne pour le réconforter, est maintenant si froide que je peine à réprimer ce frisson qui vient de me naître au creux de l'échine. Mais plus encore que ce frisson, c’est contre l'envie de retirer ma main que je dois lutter. Je la garde pourtant sur la sienne et je cherche son regard. Peine perdue. Ses paupières sont closes, coupant court à toute tentative. Souffrance et colère semblent presque visibles, émanant de lui comme un amas visqueux qui viendrait m'engluer. J'ai du mal à respirer.  

 

 

-Tybault.  

 

Mon appel brise aussitôt le carcan de ses pensées. Le voile se lève, la lumière et les sons reprennent leur place dans la scène. Mais je garde cette envie de fuir, de sortir d'ici pour respirer l'air frais de la nuit. Pourtant, lorsque nos yeux se croisent, ce que j'y lis me fait presser ma main sur la sienne. Est-ce possible d'apercevoir au fond de l'âme de quelqu'un l'enfant qu'il a été ? Si tel est le cas, je donnerais à cet instant tout ce que j'ai au monde pour attraper ce jeune garçon dans mes bras et le réconforter, lui dire qu'il n'a rien à se reprocher, que la violence des adultes sacrifie souvent ses enfants mais que ce n'est pas de leur faute !  

 

 

-Je suis tellement désolée...  

 

Ma compassion suffira-t-elle à balayer sa peine ? Sûrement pas, mais toujours est-il qu'un battement de paupières plus tard, toutes les émotions tourmentées ont disparu de son regard. Ne reste plus qu'une triste traînée de résignation.  

 

Et toi Ryo, me raconterais-tu tout ça ? Me laisserais-tu entrapercevoir le tout petit garçon que tu as été, ce tout petit perdu dans la jungle, si effrayé ? Bien sûr que non, c'est un cadeau qu'il t'est bien trop difficile d'offrir. Tybault, lui, vient de m'ouvrir la porte de son jardin secret. Oserais-je ?  

 

Difficilement, dans un souffle parce que ma gorge est encore nouée, je lui demande :  

 

-Raconte-moi...  

 

 

 

*********************************************  

 

Cela fait déjà dix étages que Mick pleure à chaudes larmes sur l'écran de son téléphone. A en juger par sa réaction en découvrant ton sms et te connaissant, j'en déduis que tu as répondu négativement à son invitation et que ton langage fut plus que fleuri. J'en rajouterais bien une couche histoire de l'enfoncer un peu plus s'il ne restait pas seulement deux étages avant d'arriver à celui du rendez-vous. Je ravale donc ma petite phrase bien sentie sur son incapacité à combler n'importe quelle femme et me contente de jeter un coup d'œil à cette loque qui chouine à mes côtés. La mèche en bataille, la chemise en vrac et la cravate de travers, il répète inlassablement : « Donne-moi une chance Kaoriiiiii ». Pathétique. Mais quand il attrape soudain mon épaule pour y déverser son trop plein de « Bouahhhhhhh » et de morve, je sens mon holster me démanger terriblement. Ce n'est que parce que cela ne ferait pas très professionnel de descendre mon coéquipier avant le début de cette mission que je résiste à cette envie irrépressible de lui coller une balle où je pense. Je suis déjà bien trop bon de le laisser ne serait-ce qu'oser te draguer officiellement, alors il vaudrait mieux qu'il évite de me prendre en plus pour un Kleenex...  

 

 

«  Douzième étage » annonce la voix morne de l'ascenseur, qui s'arrête et ouvre ses portes, laissant apparaître une jeune femme qui semble nous attendre.  

 

-Allons-y ! déclare alors Mick d'un ton affirmé en passant devant moi pour se diriger vers elle. Il a retrouvé comme par magie toute sa superbe et sa classe naturelle, et... mais quand a-t-il pris le temps de se parfumer ?!? Déjà arrivé à sa hauteur il lui tend une main ferme et un sourire ravageur.  

 

-Bonjour Messieurs, je suis Mlle Taki, la secrétaire de Monsieur Makato et je vais vous conduire auprès de ces messieurs. Ils vous attendent pour sécuriser la réunion et commencer.  

 

-Enchanté Mademoiselle Mokko... heu Mademoiselle Taki, balbutie Mick, visiblement halluciné par la silhouette élancée de la fort jolie secrétaire, nous vous suivrons jusqu'au bout du monde s'il le faut. Oublié le pleurnicheur de l'ascenseur, le voilà de nouveau très en verve et il l'invite d'une légère courbette et d'un ample geste de la main à nous indiquer le chemin.  

 

Mademoiselle Mokko... heu Taki - voilà qu'elle me trouble aussi ! - lance un regard perplexe à mon blondinet de partenaire avant de nous tourner le dos et nous devancer. Nous découvrons alors en même temps que les courbes arrières de sa silhouette une démarche terriblement chaloupée et oh combien agréable à regarder. D'un coup d'œil, Mick et moi sommes aussitôt d'accord : voici un postérieur qui vaut bien un dix sur dix ! Et ma foi, je baverais bien un coup tellement il est appétissant à onduler ainsi de droite à gauche, puis de gauche à droite, gauche, droite, gauche, droite... On dirait un balancier dont on se sert pour l'hypnose, et pas besoin de compter jusqu'à trois pour me faire faire n'importe quoi ; je me sens déjà tout acquis à la puissance hypnotique de ce gracieux fessier !  

 

Mes doigts s'agitent malgré moi. Ils ne m'obéissent plus, complètement aux ordres du popotin qui nous précède. Mais à côté d'eux viennent soudain s'agiter ceux de Mick, affreux petits vers de terre sautillant frénétiquement. Je l'avais oublié celui-là. Ah non, ces petites fesses sont pour les miens, ses gros doigts boudinés ont déjà tripoté celles des agents de Saeko, et il s'est assez pris de baffes pour la soirée, à mon tour !!  

Comme mus par une volonté propre, nos doigts engagent alors une course effrénée. Mettant derechef le turbo, les miens gagnent rapidement du terrain, grignotant l'espace qui les sépare de la petite jupe bleue de Mademoiselle Taki. Ils accélèrent encore, c'est qu'ils en ont de la puissance sous le capot mes petits chéris, et lorsque ceux de Mick remontent, malgré tout, leur retard, ils effectuent une brusque chicane pour tenter de les repousser contre le mur. En un crissement d'ongles, Mick évite l'accident et revient aussitôt dans la course, ses doigts reprenant rapidement de la vitesse. C'est qu'il est tenace celui-là ! Les revoilà déjà à ma hauteur et sans prévenir, ils me font traîtreusement une queue de poisson. Je découvre alors avec horreur que je me dirige en ligne droite vers un énorme cactus en pot ! Dans un effort surhumain, je réussis un dérapage contrôlé et ramène péniblement mes mains dans mes poches, évitant ainsi la catastrophe digitale.  

Je pourrais reprendre la course, mais tant pis, j'accorde la victoire à Mick. De toute façon, aussi jolies soient-elle, aucune courbe ne vaut les tiennes...  

 

Mick, lui, reste concentré sur son objectif, qu'il a d'ailleurs pratiquement atteint. Plus que quelques millimètres : 5 – 4 – 3 – 2 – 1 …  

 

A l'instant même où il effleure la flanelle bleue de la jupe, une aura incandescente nous met brusquement les sens en éveil. Fulgurance. Rage. Violence. Aussitôt sur le qui-vive, la main sur la crosse de nos armes, nous nous collons au mur, Mick entraînant avec lui Mademoiselle Taki pour la mettre à l'abri. A l’affût derrière l'interstice des stores, nous scrutons le paysage à la recherche du moindre indice. Nous n'en revenons pas : il nous a indiqué sa présence. Mais à quoi joue-t-il ?  

 

 

-Tu le vois ? demande Mick, préoccupé.  

 

-Non, mais il est là, c'est sûr... et il est furieux.  

 

-En tout cas, pas très malin de sa part de baisser ainsi sa garde.  

 

-Qu'est-ce qui se passe ? s'enquiert Mademoiselle Taki, très inquiète, faut-il annuler la réunion ?  

 

-Ne vous inquiétez pas, la rassure Mick en plantant l'azur de ses yeux dans les siens, nous maîtrisons la situation. Puis, se rapprochant d'elle, il baisse le ton de sa voix jusqu'à lui susurrer : « Tout est sous contrôle, rassurez-vous, nous ne laisserions rien ni personne gâcher votre soirée. D'ailleurs, à ce propos, il faudrait que je vous parle d'un petit projet pour ce soir qui pourrait vous plaire... ».  

 

A priori plus effrayée par ce « petit projet » que par ce qui vient de se passer, la secrétaire se dépêche de reprendre le chemin de la salle de réunion, suivie de près par Mick qui a visiblement très envie de lui en toucher immédiatement deux mots. Il me laisse donc le soin de jeter un dernier coup d'œil sur les immeubles alentours, mais comme rien ne semble plus suspect, je les rejoins.  

 

 

Lorsque j'arrive, je reconnais immédiatement les deux hommes que nous devons protéger. Saeko nous avait montré leurs photos. Mademoiselle Taki faisant les présentations d'usage, j'en profite pour les observer. D'abord Monsieur Tkoji des entreprises Kamoro, un petit homme replet à lunettes, la soixantaine passée. Malgré son air soucieux, je lui trouve presque un air jovial. L'autre homme, Monsieur Makato, de la firme Komo, semble lui aussi très préoccupé par cette réunion à hauts risques. Ses lèvres fines disparaissent presque de son visage à force d'être pincées, son souffle est court, irrégulier, son regard a du mal à se fixer sur nous, s'échappant comme pour surveiller ce qui l'entoure et je perçois toutes ces petites gouttes de sueur en formation sur ses tempes. Cet homme meurt de trouille. C'est assez compréhensible. Les lettres qu'ils ont reçues étaient très explicites et ne leur laissaient d'autre choix que de vider les comptes de leurs entreprises ou mourir.  

 

Mais il est hors de question de prendre le risque qu'il devienne incontrôlable au moindre problème. Au moment de le saluer, je plonge mon regard dans le sien pour lui imposer ma force et, d'une voix calme dont je module les intonations vers le grave, je le rassure :  

 

-Tout ira bien Monsieur Makato , tout ira bien.  

 

Lorsque je prononce cette petite phrase pour la seconde fois, je sens que mon don d'hypnose fait déjà des miracles. Sa respiration se fait plus calme et il semble moins enclin à prendre ses jambes à son cou.  

 

-Si vous permettez messieurs, annonce Mademoiselle Taki, je vous propose de vous installer.  

 

 

Mick et moi nous postons alors chacun à l'endroit convenu entre nous : lui derrière les fauteuils de nos deux clients et moi près de la fenêtre. Ainsi, nous contrôlons au mieux la situation. D'un geste je signifie à Saeko qui nous a rejoints que nous sommes prêts et elle communique aussitôt à ses hommes que le protocole de protection est en place. La réunion peut commencer.  

 

 

 

******************  

 

 

 

C’est dans un petit rire désabusé que Tybault me répond :  

 

-Tu sais, cela arrive malheureusement assez souvent. Une famille heureuse, image d'Epinal, qui explose en plein vol. On s’en remet. Enfin… on fait avec. Ce soir-là, nous devions sortir tous les quatre. Et puis… moi… le théâtre, voir des hommes en collants sur scène qui jouent à l'épée et déclament de grandes tirades amoureuses, ce n’était pas ma tasse de thé. Un autre rire, mais il meurt avant même d’avoir atteint sa gorge. Je m’accroche à son regard couleur nuit, en une pauvre petite tentative de réconfort qu’il rejette d’un bloc en se perdant dans le vague pour mieux poursuivre.  

 

-J’avais décidé que je n'irais pas avec eux. J’ai donc fait en sorte de me faire punir et je suis resté à la maison. Si j’avais su… Sur le chemin du retour, ils ont fait une mauvaise rencontre. Une bande de Yakusa a tenté de les dévaliser. Ils ont voulu résister. Ils les ont tués. Ils ont ensuite emmené Paris avec eux, pour obtenir une rançon. Ils se sont dit qu’une jeune fille, presqu’encore une enfant, ce serait facile à négocier, surtout qu’avec la mort de mes parents ils avaient la preuve qu’ils ne plaisantaient pas.  

 

 

Mais cela ne s’est pas passé comme ils l’avaient prévu. Le conseil, qui avait pris en main la gestion de l’entreprise de mon père après sa mort, a refusé de mettre à mal l'entreprise, ou plutôt leurs actions. Ils ont refusé de payer. Aux enquêteurs qui s'occupaient du meurtre de mes parents, ils ont dit que Paris étaient en pension en Suisse, ils ont même fourni des preuves, des faux papiers bien sûr. Et aux ravisseurs, ils ont envoyé une fin de non recevoir. Moi je ne savais rien, je pensais que tout le monde la cherchait. Les tractations ont duré des mois. Un horrible jeu du chat et de la souris. Jusqu’à ce qu’un jour on la retrouve, seule, errant dans les rues de Tokyo. On n’a jamais su comment elle avait pu s’échapper ni ce qu’elle avait vécu pendant sa séquestration. Tout ça pour quelques actions...  

 

 

-Ils n'ont rien dit... est tout ce que je trouve à dire devant l'énormité de ce qu'il vient de me raconter.  

 

Je n'en reviens pas. Je suis choquée de découvrir l'être humain encore plus vénal que je ne le pensais. Ce qu'il vient de m'expliquer, c'est tout simplement que Paris a été sacrifiée sur l'autel du bénéfice. Je suis choquée et si malheureuse pour elle... et pour lui aussi. Dupé par ceux qu'il pensait de son côté. Comment est-ce possible de survivre à une telle tragédie, une telle trahison ? Perdre ses parents, je sais à quel point c'est difficile, mais contrairement à moi qui ai trouvé quelqu'un à qui me raccrocher et en qui je pouvais avoir totalement confiance, lui n'a trouvé à ce moment-là qu'angoisse et mensonges. Heureusement que je t'ai comme modèle de droiture Ryo, car grâce à toi je sais qu'on peut se construire au milieu de n'importe quelle ruine mais quelle tragédie ! Comme s'il avait entendu mes pensées, il reprend :  

 

-Mais comme tu peux le voir, on se remet de tout. Paris a eu beaucoup de mal. C'est ce qui est dans ce dossier qu'on t'a remis. Elle a été hospitalisée plusieurs fois c'est vrai. Dès que je m'éloigne d'elle elle se laisse dépérir. Je suis sa bouée en quelque sorte, ce qui lui permet de garder la tête hors de l'eau. Et moi je me dois de faire tout ce que je peux pour elle. C'est ma sœur...  

 

 

 

"C'est ma soeur..." Je devine qu'à cet amour fraternel se mêle la culpabilité de ne pas avoir été avec eux lors de la mort de leurs parents et de ne pas avoir su mettre à jour les mensonges du conseil d'administration.  

 

 

-Tu n'aurais pas pu faire plus Tybault ! Tu étais si jeune... Si tu avais été au théâtre, ils t'auraient sûrement tué aussi. Quant aux mensonges de ces hommes, tu ne pouvais pas savoir.  

 

-Je n'y étais pas, c'est tout ce que je sais, et je n'y étais pas par pur égoïsme. Mais voilà, maintenant tu comprends mieux certaines choses, entre autres pourquoi elle ne veut pas te voir pour l'instant. Elle a besoin de temps. Elle a besoin de moi et elle a peur que tu m'emmènes loin d'elle.  

 

-Mais je ne veux pas t'arracher à elle voyons! Loin de moi l'idée de briser une famille ! C'est important pour moi la famille !  

 

-Mais moi c'est avec toi que je veux fonder une famille... Et elle le sait.  

 

 

 

Complètement éberluée par cette dernière phrase, je le regarde avec de grands yeux se lever et venir s’asseoir à mes côtés. Malgré le tragique de toutes ces révélations, je ne peux m’empêcher de piquer un fard quand sa main vient emprisonner la mienne sous la table.  

 

-Ecoute Kaori, ce que je t'ai raconté sur son rapt ne figure pas dans le dossier qu’on t’a donné puisque personne ne l’a jamais su. Je te l'ai raconté pour que tu comprennes, que tu saches qui je suis, qui nous sommes, et à quel point tu comptes pour moi. Et rappelle-toi ce dont nous avons parlé cet après-midi, quand nous étions devant le café de tes amis. Je t'ai redemandé de réfléchir à cette idée de partir vivre ailleurs, de tout recommencer ensemble. C'est toi qui m’as donné cette envie Kaori. Dès le début tu es devenue reine en mon royaume...  

 

Mon cœur se met à battre à m’en faire mal. Peur ? Joie ? Impossible de définir l'émotion qui l'habite, ses battements effrénés me donnent le tournis et je me sens aussi mal que la première fois qu'il a abordé le sujet. Il reprend, serrant fort ma main :  

 

-J'espère vraiment que cette affaire qui me retient ici en ce moment permettra à Paris d'aller mieux et de se libérer de tout ce qu'elle a vécu. Elle n'aurait alors plus besoin de moi. Et à ce moment-là je t'emmènerai en France, pour nous construire une vie.  

 

-Ah... Euh...  

 

Ma tête ne fonctionne plus, je ne sais plus quoi dire. Cette soirée a été une suite ininterrompue de montagnes russes, trop de révélations, de déclarations, j'ai la tête à l'envers et presque mal au cœur, et ce dernier looping est arrivé sans prévenir, pour m'achever. Je n'en peux plus. Il faut que je sorte.  

 

-Il faut que je rentre Tybault... Il est tard... Miki va s'inquiéter.  

 

-Non, ce soir, tu ne rentres pas, je t'enlève !  

 

Il se lève, tenant toujours ma main dans la sienne, et m'entraîne à sa suite.  

 

-Mais où m'emmènes-tu ?  

 

-Chez moi.  

 

 

 

*******************************  

 

 

 

Je n'écoute pas ce qui se dit mais j'emmagasine les informations. Je sais qu'en cas de besoin ma mémoire pourra alors me resituer chaque phrase et chaque personne l'ayant prononcée. Pour l'instant, je concentre toute mon attention sur ce qui se passe derrière cette baie vitrée, qui donne sur la ville. N'importe qui depuis les immeubles qui nous entourent peut voir ce qui se passe ici ! Et celui que je recherche depuis tous ces mois est là quelque part, peut-être même plus près que nous le pensons si ce que j'ai ressenti tout à l'heure est bien un signe de sa présence. Mais je l'attends de pied ferme, il ne comptera pas deux victimes de plus à son tableau de chasse ce soir...  

 

Les yeux fermés, je suis attentif à chaque sensation, chaque émotion. Je suis à l'affût d'une aura bien particulière. Maintenant qu'il a baissé une première fois sa garde, je sais que s'il recommence je la reconnaîtrai immédiatement. Je sens celles des plus grands hommes d'influence de la ville emplir la pièce et flotter autour de moi : concentration, négociation, désir de convaincre, agacement... Agacement ? Interpellé par cette aura qui dénote au milieu des autres, je cherche du coin de l'œil sa provenance et j'aperçois notre jeune miss mokkori, qui feint d'ignorer les clins d'œil appuyés de Mick. Concentrant toute son attention sur le plateau qu'elle tient dans ses mains, elle s'approche de Monsieur Makato pour lui présenter deux tasses de thé fumant. Elle reste ainsi, légèrement courbée en avant, les bras tendus, attendant qu'il s'aperçoive de sa présence derrière son fauteuil. Ce n'est qu'au bout de quelques longues secondes qu'il prend conscience du plateau tendu dans sa direction et, sans lui prêter attention, il tend la main à l’aveugle pour attraper une tasse. Je devine alors ce qui va suivre avant même que cela ne se produise : il rate sa cible et sa main vient frapper le récipient qui vacille, risquant ainsi de renverser le liquide brûlant sur la secrétaire. Celle-ci, tentant d'anticiper l'accident, a un réflexe de recul. Ce geste malheureux la fait alors trébucher en arrière et perdre l'équilibre, et finalement tomber dans les bras de Mick qui la réceptionne d'un bras tandis que l'autre repositionne correctement la tasse sur le plateau. Fermement retenue par le bras de mon coéquipier et encore sous le choc de ce qui aurait pu se passer, elle lève vers lui un regard écarquillé tandis que Monsieur Makato, qui n'a rien perçu de ce qui vient de se passer, attrape tranquillement sa tasse de thé.  

 

 

Continuant à assurer l'équilibre de la jeune femme qu'il maintient d'un bras, Mick joue les opportunistes et l'attire vers lui pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Ma main à couper que c'est un truc mokkorien, parce qu'oubliant toute bienséance et l'endroit où elle se trouve, Miss Taki agrippe fermement son plateau, prête à s'en servir comme d'une arme contondante quand, de nouveau... Colère... Rage... Violence... Encore cette aura ! Je suis immédiatement près de la fenêtre. Mick, qui l'a ressentie en même temps que moi, a déjà rendu à Mlle Taki son équilibre et sa liberté, et il s'est aussitôt placé au plus près des fauteuils des deux businessmen, prêt à les entraîner vers la sortie au moindre signal. Saeko a déjà perçu le changement d'atmosphère et a rapproché son talkie de son oreille.  

 

Moi je me fonds dans le paysage. Je cherche. Où est-il ? Qu'il me fasse un signe... Je fais le vide pour ne rien rater. Je scrute chaque atome de chaque immeuble des alentours... lentement, plus lentement encore, ne rien laisser passer, s'attarder sur chaque détail, chaque fenêtre, chaque toit, chaque renfoncement de façade. Je passe tout en revue. Où se cache-t-il ? Derrière ce rideau qui se soulève ? Dans ce recoin sombre sur ce toit ? Allez, qu'on en finisse !!  

 

Un éclair là-bas, sur ce toit !!!  

 

-Mick, je l'ai !!!  

 

Je ne suis déjà plus là. Je les laisse gérer l'évacuation. Moi je suis déjà dans le couloir, dans les escaliers, dans la rue, dans les escaliers de cet immeuble que je grimpe quatre à quatre en direction du toit.  

 

-Attends-moi Futago, ne bouge surtout pas !!  

 

Il n'a pas perçu ma présence, je le sais, il n'y a aucune variation dans son aura. Je la ressens de plus en plus fortement d’ailleurs au fur et à mesure que je me rapproche.  

Devant moi, la porte qui donne l'accès au toit. Le magnum sorti, je l'enfonce aussitôt et me projette sur le sol, me réceptionnant en une longue roulade pour me laisser le temps de trouver celui que je suis venu chercher.  

 

Il est là, couché sur le ventre, au bord du vide. D'un coup d'épaule je me relève et le met en joue en l'interpellant :  

 

-C'est terminé Futago !!  

 

 

 

***************  

 

 

 

Je marche silencieusement aux côtés de Tybault. Il n'a toujours pas lâché mes doigts, qu'il tient étroitement enlacés aux siens. Quelques regards des passants s'attardent sur ce geste d'intimité. Même si je me concentre sur mes pieds, je les sens glisser sur moi et sur celui me tient si près de lui. Ces regards me pèsent. C'est plutôt étrange quand on pense au nombre de fois où je t'ai explosé sur le sol à grands coups de massues ou encore quand que je fracassais le trottoir avec ton crâne. A cette époque je m'en fichais qu'on me regarde ! Mais là, c'est comme si Tybault criait à la face du monde notre intimité et ça... je ne veux pas... Surtout que la seule intimité que je n'aie jamais partagée, c'est avec toi et toi seul que je l'ai vécue... Mais cela va peut-être changer ce soir, et je crois que ça aussi me met mal à l'aise...  

 

-Regarde Kaori, ton vieux professeur dort !  

 

-Pardon ??  

 

-Je parlais de ce vieux SDF, m'explique Tybault en me montrant du regard ton indic, allongé contre un amas de cartons au fond de la ruelle. Souviens-toi, tout à l'heure tu m'as dit qu'il te faisait penser à un de tes vieux professeurs.  

 

-Ah... Oui...relevé-je péniblement tandis que nous traversons la dernière rue qui nous mène à ton immeuble.  

 

-Pardon, ajoute-t-il doucement en me faisant face, c'était une tentative désespérée pour détendre un peu l'atmosphère. Je te sens tendue ma petite reine. Quoique c'est normal, après tout ce que je t'ai raconté ce soir. Mais il me semblait important que tu saches tout ça pour mieux entrer dans ma famille.  

 

 

Famille... En entendant encore ce mot, la seule réponse qui me vienne à l'esprit c'est « Non ». Il n'a rien compris. Non, je n'ai pas envie d'une nouvelle famille pour l'instant, j'en ai déjà une et c'est même une famille nombreuse : Miki, Falcon, Mick, Kazue, Kasumi, Saeko, Reika, le Doc... et toi. Et non ce ne sont pas toutes ces révélations sur le passé de Paris et le sien qui me mettent mal à l'aise, c'est surtout que je ne suis pas très sûre d'avoir envie d'être là.  

 

Se rapprochant de moi, Tybault m'enlace. Heureusement la rue est vide, c'est un quartier résidentiel, personne ne peut nous voir dans cette attitude encore une fois très intime. Ses bras forment un carcan réconfortant autour de moi. Et accueillant aussi. Je sais que je peux m'y lover aussi souvent que je le souhaite et me laisser aller. D'ailleurs, épuisée et étourdie par toutes les émotions de ce soir, c'est ce que je fais. Lui aussi est grand, et je pose ma tête sur son torse pour me laisser bercer par les battements de son cœur. Ça me fait du bien. Je me souviens de cette décision prise il y a quinze jours. J'avais décidé de donner une vraie chance à cette histoire malgré mon amour pour toi, car rien n'était possible, de lutter contre mon penchant naturel qui m'attirait instinctivement dans ta direction. Et ce soir, Tybault m'a montré à quel point il voulait lier mon destin au sien. Je sais que je touche, là, du bout des doigts tout ce que j'ai toujours voulu vivre, tous ces rêves que j'ai toujours gardés dans un coin de ma tête : un homme attentionné, un mariage peut-être et... des enfants ?  

 

 

 

 

**********************  

 

 

 

Il reste sans bouger, allongé par terre à plat ventre. Son aura est en panique, il semble tétanisé. Alors c'est ça le terrifiant tueur qui met la police sur les dents depuis des mois ? Je ne baisse cependant pas ma garde, les bêtes les plus dangereuses sont celles qui se sentent acculées. Le soudain flot d'adrénaline qui inonde leur corps leur procure un sursaut d'agressivité qui peut transformer une proie en prédateur mortel. Le doigt sur la gâchette, la visée en direction de l'endroit où je devine ses mains, je suis prêt à tirer et le désarmer au moindre geste suspect. Mais il ne bouge pas et je peux entendre d'ici sa respiration, complètement erratique. Il est à la limite de l'hyperventilation là... Mais qu'est-ce que ça veut dire ?  

 

 

Prudemment je m'avance, concentré mais perplexe. Me positionnant au dessus de lui, je le maintiens en joue. Je vois désormais ses mains. Vides.  

 

-Où est ton arme Futago ?  

 

-Qu... Qu... Qui ?  

 

Chevrotante, la voix se fait à peine entendre :  

 

-Je... Je ne sais pas qui c'est ce Futato je vous jure, promet l'homme en commençant à se retourner.  

 

 

J'affermis ma prise sur la crosse et la gâchette de mon 357. Je n'ai pas confiance, même si je le sens plus prêt à se faire sur lui qu'à tenter une attaque. Lorsqu'il se retourne enfin sur le dos, les deux paumes tournées vers moi en un geste de protection, je sais cependant que je n'ai pas affaire à celui que je croyais. Blafard, en sueur, louchant sur le canon braqué sur son nez, il tremble comme une feuille et lorsqu'il parle c'est pour émettre un cri de souris :  

 

-Ne me tuez pas monsieur, s'il vous plaît, ne me tuez pas !!  

 

-Qui es-tu ?  

 

-Qui, moi ?  

 

-Qui d'autre ?  

 

-Ayako, monsieur, Ayako Koyuke, je m'appelle Ayako, s'il vous plaît me tuez pas !!!  

 

-Qu'est-ce que tu fous ici Ayako ?  

 

-Ici, ici ? bredouille-t-il, ici ?  

 

-Bon, alors ? Tu vas répéter chacune de mes questions encore longtemps ou tu vas y répondre ?  

 

-Y répondre ? commence-t-il en écholalie, avant de voir mon froncement de sourcils et de répondre à toute vitesse:  

 

-Je-voulais-surveiller-ma-petite-amie-qui-travaille-pour-Monsieur-Makato-je-suis-sûr-qu'elle-me-trompe-avec-quelqu'un-de-son-équipe-de-travail-et-d'ailleurs-je-crois-même-que-je-l'ai-vu-tout-à-l'heure-c'est-un-homme-blond-il-l'a-même-prise-dans-ses-bras !!!  

 

Reprenant enfin sa respiration après sa longue tirade en apnée, il poursuit :  

 

-Mais je vous demande pardon, Monsieur, je vous jure que je ne le ferai plus.  

 

 

Mlle Taki... Je devine que c'est d'elle qu'il s'agit. Et l'homme blond doit être Mick. Rien à voir avec les Futago. Il ne s'agit que d'un homme jaloux qui s'est trompé sur celle qu'il aime, mais la violence de son aura lorsqu'il a vu Mick toucher la secrétaire, cette violence, elle, était bien réelle. Le joli visage de la secrétaire vient se superposer à celui de l'homme au sol et, tandis que j'accentue ma mise en joue, je me fais menaçant :  

 

-Et tu crois que ça suffit ?  

 

La peur creuse un peu plus les plis que la panique avait creusés sur son visage. C'était l'effet escompté. Je continue :  

 

-Ecoute-moi bien Ayako, ce que je vois de toi c'est que tu es un homme jaloux et violent. Et ça ne me plaît pas. Cette petite amie dont tu parles mérite mieux que ça. Alors à partir de maintenant je vais être ton pire cauchemar. Regarde bien cette arme, elle sera toujours quelque part dans l'ombre, à te surveiller. Réfléchis bien à ce que tu veux faire de ta vie, et surtout de sa vie à elle. Alors soit tu voues ton existence à la rendre pleinement heureuse en lui offrant confiance et considération, soit tu continues à lui pourrir la vie comme tu le fais en ce moment et dans ce cas-là, crois-moi, tu auras affaire à moi. Alors au choix, tu la quittes ou tu la rends heureuse. Tu as bien compris ?  

 

 

Je sais que n'importe quel homme normal tremble quand je suis dans cet état-là, car je ne plaisante pas. Dorénavant je veillerai au bonheur de Mademoiselle Taki. Ma voix gronde quand je répète ma question :  

 

-Tu as bien compris ?  

 

-Oui oui Monsieur, oui oui j'ai bien compris, je vais lui faire confiance. Je l'aime Monsieur, je l'aime !  

 

-Ça ne suffit pas de l'aimer. Rends-la heureuse, c'est tout le respect qu'elle mérite. Fais en sorte qu'elle sourie chaque jour, même si c'est sans toi, même si ça signifie accepter de la voir partir avec quelqu'un d'autre.  

 

-Oui Monsieur, promis Monsieur.  

 

-Je n'oublierai pas ta promesse Ayako, alors ne l'oublie pas non plus, dis-je sévèrement en baissant mon arme. Et maintenant file, je t'ai assez vu. Et ramasse tes affaires, rajouté-je en apercevant la paire de jumelles qui m'avait permis de le localiser.  

 

Le jeune homme qui s'était relevé revient rapidement sur ses pas pour les récupérer et file ensuite en quatrième vitesse vers la porte qu'il claque derrière lui.  

 

Resté seul, je me sens soudain vidé. Heureusement, l'idée que l'avenir d'une jeune femme s'annonce plus clair que ce que lui réservait son fiancé adoucit la chose. J'ai quand même l'impression que tout est à refaire.  

 

Je m'avance jusqu'au bord du toit et là, alors que je surplombe l'océan des immeubles de Tokyo, je lance comme un appel à celui qui a raté notre rendez-vous : « Où te caches-tu Futago ? »  

 

 

*******************  

 

 

 

Lorsque Tybault attrape avec délicatesse mon menton pour le relever vers lui, je capitule. Je sens sous mes doigts s'accélérer la cadence de ses battements de cœur, qui répondent en décalé aux miens. Le halo des réverbères derrière lui plonge son visage dans l'ombre d'un contre-jour. Pourtant je peux voir briller ses yeux. Tout se mélange dans ma tête : Tybault, petit garçon espiègle, Tybault effondré après l'agression, lui si fort et aimant, lui et ses projets, des enfants autour de nous, lui et moi, lui et moi, lui et moi...  

 

Ces flashs dansent devant mes yeux et se mêlent à l'image de son visage qui se rapproche, inexorablement, jusqu'à ce que ses lèvres se posent sur les miennes.  

Elles sont douces et tendres, mais impérieuses. Ses mains quittent mon visage pour venir caresser doucement mon dos, remonter jusqu'à mes épaules et se noyer dans mes cheveux. Je me sens toujours tellement vide après cette journée que je lui abandonne mes lèvres. J'ai soif de lui apporter aussi le réconfort dont j'ai moi-même besoin. Je sais bien que ce baiser ne réparera rien mais il nous apporte un peu de paix. La chaleur de ses bras me protège de la fraîcheur de la nuit, je me sens mieux. J'ai envie de me lover contre lui, de poser encore ma tête sur son torse pour finir de m'apaiser à son contact. Mais lorsque je me redresse pour retirer mes lèvres des siennes, il les happe de nouveau. Son baiser se fait alors plus appuyé, ses mains pressent mon dos plus fort.  

 

Mon corps se glace soudain. Chaque fibre de mon être sait ce que signifie ce changement d'attitude. Tybault me désire. Et alors qu'il y a quelques secondes à peine je me rappelais que j'avais contraint mon cœur à la raison, là, c'est mon corps qui dicte sa loi. Et mon corps dit non. Mon corps crie ce que mon cœur sait depuis toujours. Que la tendresse que j'éprouve pour lui ne suffira pas, ne suffit plus. Que j'aurais beau décider et tenter encore et toujours de m'ouvrir à lui, ce n'est pas ce qu'il veut. Mon cœur et mon corps te veulent toi Ryo, toi et personne d'autre. Il faut que j'arrête tout ça tant qu'il est temps, car je risque de faire souffrir cet homme que j'aime beaucoup malgré tout.  

 

Je glisse une main entre sa bouche et la mienne pour le repousser avec douceur. Gardant les yeux fermés, il vient coller son front contre le mien, attrapant mes doigts comme pour m'empêcher de le repousser plus encore. Cette situation est difficile, mais je dois aller jusqu'au bout. L'inspiration que je prends pour me donner du courage ressemble presque à un soupir, auquel vient répondre l'éclat dur de ses prunelles quand il me regarde enfin. Je m'apprête à parler quand il fronce soudain les sourcils et fixe quelque chose derrière moi.  

 

« Sid uli ed priart. »  

 

 

Dans le silence de la nuit, ces quelques mots que je n'ai pas compris résonnent étrangement. Me retournant dans leur direction, je ne perçois rien d'autre que la pénombre des différents recoins non éclairés par les réverbères. Quelqu'un est là pourtant.  

 

« SID ULI ED PRIART » intime de nouveau la voix, dure.  

 

Tybault pose alors la main sur mon épaule. Intriguée, je me retourne vers lui.  

 

-Que se passe-t-il Tybault ?  

 

-Ecoute Kaori, rentre chez toi. Nous parlerons demain.  

 

-Non, il faut que je...  

 

-J'ai dit demain Kaori, là ce soir ce n'est pas possible, insiste-t-il en s'écartant de moi, rappelle-toi ce dont je t'ai parlé tout à l'heure et fais-ça pour moi veux-tu : rentre. Je crois qu'effectivement nous avons à parler, mais je vais te redemander la même chose que cet après-midi : réfléchis-y bien, d'accord ?  Je ne peux malheureusement pas te raccompagner, mais au bout de la rue, il y a des taxis, promets-moi que tu vas en prendre un pour rentrer.  

 

Je dépose les armes. Il est clair que je n'aurais pas son attention ce soir. La voix étant féminine, je soupçonne Paris d'être à l'origine de ce revirement de situation. Ce que je sais désormais d'elle m'apprend qu'il est inutile d'insister. Je prends donc congé rapidement, non sans avoir promis de prendre un taxi et je m'éloigne, traversant la rue pour rejoindre l'autre trottoir. Pas besoin de me retourner, je sens leurs regards dans mon dos, et Paris attendra forcément le temps nécessaire avant de sortir de l'ombre pour être sûre que je ne suis plus dans le coin. Je ne veux pas réfléchir à tout ça maintenant, j'y penserai quand je serai au calme, dans ma chambre chez Miki, pour ne rien dire ni faire sous le coup de la colère. Pour l'instant je fixe l'indic de Ryo, qui dort trop ostensiblement pour être honnête. Passant près de lui, je lui souffle le plus doucement possible :  

 

-Dites à Ryo que ce n'est pas la peine de me surveiller, je suis une grande fille, je peux me débrouiller toute seule.  

 

-J'ai vu ça me répond pâteusement une voix endormie et sûrement avinée.  

 

-Vous n'avez rien vu... dis-je sans m'arrêter pour ne pas attirer l'attention sur lui, du moins ce que vous avez vu n'est pas forcément représentatif de la réalité.  

 

-Je sais ce que j'ai vu, vous l'avez repoussé. Effectivement, vous pouvez vous débrouiller toute seule. Vous savez ce que vous ne voulez pas. Mais savez-vous ce que vous voulez vraiment ? me demande-t-il tandis que je continue ma route vers la lumière de la rue principale.  

 

-Vous êtes la sagesse même, réponds-je dans le silence de la rue, presque à moi-même puisqu'il est trop loin maintenant pour m'entendre... effectivement, qu’est-ce que je veux vraiment ? 

 


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