Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 12 :: A la croisée des chemins : de l'autre côté du miroir.

Published: 06-04-14 - Last update: 11-07-16

Comments: Bonjouuuuur. J'avais promis, j'essaie donc de garder le rythme pour poursuivre et surtout terminer ma fiction. Un grand merci pour vos reviews, j'avais peur que vous m'ayez oubliée, ça fait plaisir de voir que non. J'espère que la suite vous plaira, c'est une sorte de tournant pour Kaori ^^. Je remercie encore une fois ma beta pur ses corrections rapides et surtout Cris (allez miss, j'attends que tu FFC, encore et tjrs :D). A très bientôt j'espère. PS : petite précision. Je ne maîtrise absolument pas les kanjis ou autres écritures japonaises, alors le tournant de ce chapitre portera sur l'écriture telle que nous l'utilisons ;)

 


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-Mais cette fille est complètement folle !!  

 

Dans le miroir, je souris en acquiesçant au reflet de Miki. Son air effaré souligne bien l'exclamation dont elle a accompagné la fin de mon récit sur ma soirée avec Tybault.  

 

Lorsque, après avoir quitté le taxi qui m'avait raccompagnée jusqu'au Cat's, j'avais pénétré dans le café, j'avais immédiatement compris qu'elle m'attendait. Elle avait l'air de celle qui a reçu une bonne nouvelle, une excellente nouvelle même. Assise en tailleur sur le bar, les bras croisés, elle trépignait d'impatience comme une enfant, les yeux brillants et un immense sourire plaqué sur le visage. Elle avait visiblement l'intention de partager tout ça avec moi, peut-être même que cela me concernait, mais je n'y étais pas vraiment. Et d'ailleurs son sourire s'était effacé dès mon entrée. Je devais avoir mauvaise mine, ou du moins l'air préoccupé. Sautant aussitôt à bas du comptoir, elle s'était rapidement inquiétée de ce qui s’était passé : y avait-il eu un problème, avions-nous été attaqués ? Je l'avais rassurée : cette soirée avait surtout été... étrange. Oui, c'était tout à fait le mot : étrange. Comment décrire autrement cette sensation diffuse que quelque chose m’échappait quand Tybault passait son temps au téléphone, puis ces révélations sur son passé et celui de Paris, puis cette déclaration encore, ce baiser que j'avais eu besoin de repousser et enfin cette intervention sibylline de Paris, cachée dans l'ombre.  

 

 

D'une longue expiration, j'embue le miroir, estompant ainsi ma chambre où Miki m'a suivie pour que je lui raconte tout en détail, et du bout de l'index j'y recopie cette phrase si particulière.  

 

« Sid uli ed priart. »  

 

-A ton avis Miki, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ?  

 

-Je ne sais pas, on dirait du latin non ?  

 

-Tu crois ?  

 

Ça n'a pas de sens, mais pourquoi pas... J'attrape mon ordinateur et nous tentons quelques recherches, en vain. Quelle que soit la langue utilisée, elle est encore plus morte que le latin.  

 

-C'est à devenir dingue ! peste Miki. Tu es bien sûre que c'est ce qu'elle a dit ?  

 

-Oui, et elle l'a répété deux fois, donc j'ai bien compris chaque mot.  

 

-Si tu veux mon avis, tu as bien fait de prendre tes distances. Déjà que je n'étais pas fan de cet homme, mais avec cette fille dans les parages... ça me fait carrément froid dans le dos... C'est pourtant une bien jolie femme dit-elle en feuilletant le dossier de Saeko que j'avais emporté en allant voir Tybault et qui est revenu avec moi. Je ne l'ai d'ailleurs toujours pas consulté. Mais à quoi bon, maintenant que de toute façon je sais que mon destin ne sera pas lié au sien...  

 

-Rien n'est encore fait Miki. Avec l'arrivée de Paris, je n'ai eu le temps de rien. Mais je ne conçois pas de rompre avec lui sans le revoir pour lui expliquer.  

 

-Tu veux lui expliquer quoi ?  

 

-Ah ça, si seulement je le savais... soupiré-je, comment faire pour dire à un homme qui vous offre tous vos rêves sur un plateau : « Merci, mais non merci ! » ? Je n'ai jamais réellement eu d'histoire d'amour Miki, je ne sais pas ce qu'il faut faire, ou dire dans ces moments-là.  

 

Sur le miroir, où coule une petite goutte de condensation, le sillon qui chemine au milieu de la surface embuée découpe mon visage en morceaux, et je n'y vois qu'une seule chose : mon regard hésitant. J'ai 26 ans, bientôt 27 et je me sens aussi godiche qu'une collégienne qui devrait rompre avec son premier flirt.  

 

-Moi je te propose : « Désolée Paris-Plouc, mais c'est Ryo que je veux et ta sœur est trop barge ! »  

 

-Merci de ton aide Miki, mais je crois que je vais essayer de me débrouiller toute seule.  

 

Je sais qu'elle tente de me dérider, mais je ne trouve pas ça drôle. La seconde suivante, ses bras viennent m'enserrer. Dans mon dos, elle pose sa tête contre la mienne, comme le ferait une mère protectrice et aimante.  

 

-Pardon Kaori, je sais que ça ne doit pas être facile.  

 

-Non ça va, c'est juste que...  

 

-C'est juste que ce que je viens de dire est vrai, c'est ça ? C'est Ryo que tu veux.  

 

 

******  

 

-Quand j'y pense, me dit Mick, en se calant du mieux qu'il peut dans le fauteuil de la Mini, je me dis que ce soir c'était quand même beaucoup de bruit pour rien.  

 

-On ne pouvait pas prévoir que nos infos seraient fausses, lui réponds-je, elles confirmaient celles de Saeko. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi les Futago ne se sont pas montrés. Ce soir était pourtant une occasion en or pour eux. Il y avait deux de leurs cibles réunies, c'était le moment de montrer leur puissance de frappe.  

 

-C'est à cause de cette andouille, là, sur le toit. Ça a fait un tel ramdam que ça les a alertés à propos du déploiement de policiers prévu par Saeko et ils ont plié bagage.  

 

-Peut-être Mick, mais j'ai le sentiment qu'ils n'étaient pas là. Et je me demande bien pourquoi.  

 

-En tout cas, Saeko était verte de les avoir ratés. On aurait dû l'emmener avec nous faire la tournée des bars, ça lui aurait changé les idées, s'amuse Mick.  

 

-Depuis le temps que je rêve de voir Saeko danser sur une table, le soutien-gorge tournoyant à bout de bras ! Tu as raison, salivé-je, on aurait dû profiter de l'occasion, surtout que c'est elle qui a lancé l'idée.  

 

C'est vrai que la déconvenue de Saeko avait été aussi conséquente que les espoirs qu'elle avait placés dans la réunion de ce soir. Lorsque j'étais redescendu de l'immeuble sur lequel j'avais rencontré Ayako, elle avait oublié sa retenue habituelle pour s'élancer vers moi.  

 

« Alors ? Tu l'as eu ? » La question se lisait sur ses lèvres avant même que je ne sois assez proche pour l'entendre. Vu mon ouïe particulièrement fine, c'est dire à quel point c'était son corps tout entier qui exprimait sa question : avait-elle enfin mis un terme aux exactions de ceux qui la narguaient depuis plus de trois mois maintenant ?  

Mais d'un simple mouvement de tête, j'avais réduit à néant ses espoirs. Non, le clan Futago ne serait pas sous les verrous ce soir. Une moue avait décomposé son beau visage, mais elle s'était vite reprise et avait simplement replacé sa fameuse mèche folle derrière son oreille, histoire de reprendre contenance. Malgré tout, je sentais pleinement sa déception.  

 

Un dérivatif à celle-ci était nécessaire et à défaut de lui offrir ce qu'elle attendait, je pouvais au moins faire ça... alors ni une ni deux j'avais trébuché le plus théâtralement possible, dansé un peu la polka pour simuler une vaine tentative de récupération d'équilibre et je m'étais mollement laissé choir sur elle, la tête engoncée dans son décolleté et le nez coincé dans le sillon de ses seins. Bonheur ! L'effet était garanti et avait été immédiat. Son cœur avait bondi jusque dans mes narines et la puissance qu'elle avait mis à me fracasser sur le trottoir m'avait conforté dans l'idée que j'avais bien fait. J'avais servi d'exutoire à sa contrariété et mon nez était en plus tout chamboulé par l’odeur de sa peau. Tout le monde était gagnant, même si j'aurais quand même préféré qu'elle me soit reconnaissante de payer ainsi de ma personne... Pffff ces femmes, aucune gratitude !  

 

Pendant que je recrachais le gravier qu'elle m'avait fait avaler, je lui avais raconté l'étrange découverte que j'avais faite sur le toit de l'immeuble. Puis mon attention avait été attirée par une couverture verte qui détonnait au milieu des uniformes de police. Mlle Taki...  

Debout au milieu des voitures, un plaid sur les épaules, la secrétaire de Monsieur Makato avait l'air en état de choc en écoutant celui qui, à genoux devant elle, semblait implorer son pardon. Ayako... Inutile d'essayer d'écouter, il était forcément en train de lui avouer qu'il était à l'origine de la panique qui avait mis fin à la réunion. Quant à la demoiselle, qui se décomposait au fur et à mesure, la pauvre semblait prête à vomir. En tout cas, quand Ayako s'était relevé et lui avait pris la main, elle la lui avait retirée et avait détourné le regard. Accablé, le jeune homme avait tenté de négocier une seconde chance, mais avait fini par capituler et s'était retourné pour croiser mon regard. Un tressautement, une hésitation, mes menaces résonnaient encore sûrement dans sa tête, puis il avait baissé la tête devant mon froncement de sourcils et s'était éloigné pour se fondre dans la foule des badauds agglutinés derrière les barrières de sécurité.  

 

Une main sur mon épaule. C'était Mick.  

 

-Alors ? Tu l'as loupé ?  

 

-Tu as vu cet homme à genoux ? C'était lui. Rien à voir avec les Futago.  

 

-C'est qui ?  

 

-Un amant jaloux, un sombre idiot et maintenant un célibataire de plus.  

 

-Ah flûte, un rival de plus sur le marché des miss mokkori... s'était désolé mon comparse blond. Puis il avait eu comme une illumination et s'était exclamé : « Mais dis donc ! Il parlait avec la secrétaire mokkori non ? Donc si j'ai bien compris, ça veut dire qu'elle est libre alors !! Great ! » . Il avait alors tendu un doigt inspiré vers le ciel étoilé pour énoncer : «  Le grand sage a dit : Si une femme éplorée tu consoles, alors toute la nuit tu batifoles ! »  

 

Et il s'était carapaté illico au milieu des voitures de police, comme s'il craignait que je ne le prenne de vitesse. Aucun risque. Toute mokkori que soit cette jeune femme, elle avait su toucher mon cœur. Je lui souhaitais maintenant juste le meilleur, et à mon avis le meilleur ne portait certainement pas le cheveu blond peroxydé.  

 

Mais Mick était déjà à l’œuvre et affichait un air faussement compatissant en tentant de l'enlacer pour lui tapoter le dos. Une manchette et un coup de genou bien placé plus tard, je l'avais rejoint et n'avais pu résister  :  

 

-Et le grand sage a dit aussi : « Si tu continues de faire l'andouille, alors dis adieu à tes.... »  

 

-La ferme, avait-il gémi en se tenant le plus dignement possible l'entrejambe meurtri, mais sache quand même que j'ai réussi à lui refiler mon numéro de téléphone. Je te parie qu'elle m'appelle dans la journée, avait-il triomphé d'avance, un pauvre petit doigt tremblant à peine levé plus haut que son nez.  

 

-Bon, je vous libère ! avait annoncé Saeko en apparaissant à côté de nous. La réunion est reportée et je crois que tout le monde a besoin de se remettre de ses émotions.  

 

-De notre côté, on continue à faire bosser nos indics. Ne t'inquiète pas Saeko, ce n'est que partie remise. On les aura.  

 

 

M'attrapant par le col de ma veste, elle m’avait entraîné à l'écart pour me murmurer d'un ton sans appel :  

 

-Je te fais confiance pour la suite des événements, de toute façon on se tient au courant. Mais là, pour l'instant, tu t'occupes de lui d'accord ? avait-elle intimé en m'indiquant Mick du regard. Tu le sors cette nuit, tu fais la tournée des bars, bref tu lui changes les idées. Parce que OK, jouer les abrutis finis est votre façon de fonctionner quand tout va bien et aussi quand ça va mal, mais là, il va finir par se faire tuer à force de se prendre des coups.  

 

-Donc, si j'ai bien compris, avais-je demandé, estomaqué par cette demande, tu m'ordonnes d'aller faire la tournée des bars ? Et en plus tu me dis que ce serait une bonne action, c'est ça ?  

 

-Euh oui...  

 

-Chef ! Oui chef ! A vos ordres chef !! avais-je clamé en me mettant au garde à vous.  

 

 

Ceci dit, j'avais réservé avant de partir plusieurs danseuses et plusieurs places dans des cabarets. Je savais exactement quoi faire pour lui occuper l'esprit et passer le cap de la première nuit sans Kazue. Avec tout ça, il devrait tenir le coup.  

 

Mais lorsque j'avais reporté mon attention sur mon futur compagnon de fiesta, il avait disparu et c'est face à un Makato encore plus nerveux qu'avant que je l'avais retrouvé, un doigt accusateur pointé sur le torse du petit homme :  

 

-Toi je t'aime pas.  

 

Intrigué par ce que je venais d'entendre, j'avais demandé à Saeko des explications.  

 

-Quand tu as crié et que tout s'est emballé, m'avait-elle expliqué, Makato a paniqué et a attrapé sa secrétaire qui était à côté de lui pour s'en servir comme d'un bouclier contre d'éventuelles balles.  

 

-Il s'est servi d'elle comme d'un bouclier ? Ça ne m'étonne pas plus que ça. Quant à cette fille, ce n'est décidément pas sa journée : son fiancé, son patron, Mick... elle n'est tombée que sur des tocards aujourd'hui. Je me demande si je ne devrais pas tenter de la consoler moi aussi, histoire de lui montrer ce qu'est un homme, un vrai ! n'avais-je pu m'empêcher de penser à voix haute.  

 

 

Mais Saeko ne l'entendait pas de cette oreille et, m'attrapant de nouveau par le col de ma veste, elle m'avait à moitié étranglé en m'ordonnant :  

 

-Tu oublies Mademoiselle Taki, je vais me charger de la raccompagner chez elle ! Toi, tu t'occupes du blondinet suicidaire !  

 

-Arrrrgghh, chef, oui chef ! Lache-moiiiiiii !  

 

 

***********  

 

 

-Ce que je viens de dire, c'est ce que tu ressens, n'est-ce pas Kao ? insiste Miki  

 

 

D'une moue que lui révèle le miroir, je ne peux que reconnaître la réalité. Effectivement, lorsque Tybault m'embrassait, mon corps ne réclamait que toi Ryo. Et cela me met en colère, en colère contre moi. Et alors quoi ?! Toi tu ne voudras ni ne pourras jamais m'aimer au grand jour. Tu me repousseras loin de toi et de ton monde, peut-être même méchamment pour peu que tu sois passé trop près d'une catastrophe. Tu me souffleras chaque jour le chaud et le froid, car c'est comme ça que tu aimes. Avec toi, mon quotidien ne sera jamais un long fleuve tranquille, il connaîtra surtout la violence, la peur et, certainement, au bout, la mort.  

 

Tybault lui, c'est la personnification de ce que je voudrais vivre. Il est attentionné et tellement prévenant que je me suis sentie parfois toute bête en recevant ses petits cadeaux, ses bouquets de roses. Il est un peu le prince charmant dont rêvent toutes les petites filles. Avec lui, je sais que je pourrais avoir cette vie ordinaire qui me fait rêver parfois : me marier, donner la vie, courir partout pour m'occuper de tout ce petit monde et ne m'inquiéter de rien.  

 

Mais.... Je ne peux qu'avouer :  

 

-Oui Miki, c'est tout à fait ça. J'ai cru... j'ai cru que ce que je voulais avait plus d'importance que la personne avec qui je le vivrais. Mais je ne peux pas. Cette vie calme à laquelle j'aspire, je ne la veux que si c'est avec Ryo.  

 

-Euh oui, je vois ça... me lance en riant Miki.  

 

Son rire à mon oreille me réveille d'un coup. Et je m'aperçois alors que toute à ma réflexion, j'ai écrit sur le miroir, en lettres capitales, le nom des deux personnes qui occupent mes pensées : TYBAULT GAOTUF et RYO SAEBA, sauf que ton nom occupe pratiquement tout l'espace laissé libre par la phrase de Paris, tandis que celui de Tybault se retrouve dans un petit coin du miroir. Toujours hilare, Miki me reprend dans ses bras et me serre à m'étouffer. Parfois j'oublie qu'elle a été mercenaire et qu'elle a suivi un entraînement intensif et, qu'à ce titre, elle possède une certaine puissance. Là, sa joie me coupe le souffle, et je ne suis donc pas étonnée quand elle s'exclame :  

 

-Si tu savais ce que je suis contente !! Tu sais, Ryo est un âne bâté et je pense sincèrement que c'est un crétin, mais c'est aussi le meilleur homme que je connaisse, après mon Nounours bien entendu !  

Et puisque tu es dans ces bonnes dispositions, poursuit-elle, il faut que je te raconte quelque chose à propos de lui, une chose qu'il a dite après que tu aies quitté le café cet après-midi !  

 

-Hum hum, toussote Umi qui vient d'apparaître devant ma porte, es-tu bien sûre Miki ?  

 

La tête tournée en direction du couloir, le géant, qui prend toute la place dans l'encadrure de la porte évite cependant obstinément de regarder dans notre direction, comme si pénétrer ne serait-ce que par le regard dans ma chambre lui causait le plus violent des malaises. De son côté, Miki ressemble à une petite fille prise en faute. La tête rentrée dans les épaules, elle a piqué un léger fard, mais elle se reprend très vite.  

 

-Allez Nounours ! Laisse-moi lui raconter !!  

 

-Humpf, tu ne crois pas que ce serait à la personne concernée d'en parler en premier ?  

 

Hein ? De quoi parlent-ils ? Que faut-il me raconter ou ne pas me dire ? Je ne comprends rien à leur charabia. Et pour en rajouter un peu plus, Miki est maintenant debout sur mon lit et elle trépigne presque en suppliant Umi de la laisser me livrer son secret. Et quand il s'éloigne dans le couloir, pensant mettre ainsi fin à cette conversation qui le dérange, elle s'élance telle une gazelle à sa poursuite, disparaissant quelques secondes avant de réapparaître aussitôt, ou du moins sa tête, dans l'encadrement de ma porte :  

 

-Faut que tu parles à Ryo, Kaori !  

 

« Miki, ça suffit ! », entends-je, tandis que mon amie pousse un petit cri de surprise et semble soudain s'élever dans les airs avant de disparaître. Passant la tête par la porte, je la découvre prisonnière de la prise de son mari, qui l'a attrapée par la taille et coincée sous son bras comme un simple paquet de linge. Elle tente de s'échapper en gesticulant dans tous les sens mais peine perdue. Celle qui me serrait à m'en couper le souffle il y a quelques minutes à peine semble peser moins lourd qu'un petit chaton dans les bras d'Umi. Quoique si elle avait été un  

petit chat, elle aurait eu une chance de s'échapper, me dis-je en riant intérieurement devant cette scène imaginaire.  

 

Mais ma curiosité est maintenant attisée, de quoi voulait-elle me parler ? Ça te concerne Ryo bien entendu... Qu'as-tu bien pu lui dire pour la mette dans cet état ? Et pourquoi faut-il que je te parle ? Bien plus facile à dire qu'à faire d'ailleurs, car à chaque fois que je t'ai vu je t'ai menti. Peut-être que maintenant que je suis plus au clair dans ce que je veux cela se passera mieux.  

Revenant vers le miroir, je ne peux que confirmer cette dernière pensée. Ecrit en énormes lettres, ton nom prend effectivement toute la place dans l'espace de la glace. Et si je veux regarder la vérité en face, c'est ce que je veux : toi. Des enfants, je pourrais m'en passer. La possibilité de vivre libre ? En y réfléchissant bien, j'étais plus libre quand j'étais à tes côtés qu'avec Tybault. Avec toi, je savais que je pouvais te quitter à n'importe quel moment, et c'est pas faute d'avoir dû résister à tes tentatives pour me mettre dehors.  

 

J'étais maître de mon destin.  

 

Tybault, lui, décidait de plus en plus de choses pour moi, de ce que je devais boire à l'endroit où je devrais vivre.  

 

Et ça ce n'est pas moi.  

 

Je veux pouvoir dire ce que je ressens, ce que je veux ou ne veux pas et me sentir libre et vivante. Et même si ce n'est pas avec toi, une chose est sûre : ce ne sera pas avec lui. J'aurais essayé... et je suis presque déçue car je l'aime beaucoup malgré tout. Pas comme il le voudrait certes. Je l'aime comme j'aurais aimé un cousin dont je me serais un peu amourachée. Petite, j'aurais sûrement pu les accompagner, lui et Paris, dans leurs bêtises, partager leur fantaisie et leur langage secret.  

 

Cela fait soudain comme un déclic dans ma tête. Leur langage secret... Mais quelle idiote j'ai été de ne pas y penser tout de suite !! Il venait de me le raconter en plus !!!  

 

Embuant d'un souffle bref la surface du miroir, je reprends chacune des lettres qui ont pratiquement disparu avec la condensation et je les réécris au-dessus de la mystérieuse phrase prononcée par Paris. Les premiers mots sont faciles à trouver, et même si je peine quelques minutes avec le dernier, j'ai rapidement décrypté ce que sa sœur ordonnait à Tybault en utilisant le même code que quand ils étaient enfants, à savoir mélanger les lettres de chaque mot :  

 

« Dis-lui de partir. »  

 

 

******  

 

 

Un petit bruit me sort de mes pensées. Dans le silence de la voiture, difficile de ne pas entendre le bruit des touches du téléphone que Mick consulte, sûrement dans sa poche pour plus de discrétion.  

 

-Qui tu appelles ? Je te préviens que si c'est encore Kaori tu iras au Blue Bird à pied !  

 

-Je vérifie, juste au cas où Mademoiselle Taki n'aurait pu résister jusqu'au matin pour m'appeler et me convier à finir la nuit de façon plus agréable encore qu'avec toi.  

 

Il ment bien entendu. Et il sait que je le sais. Nous connaissons tous les deux ma faculté à deviner rien qu'au son que cela produit sur quelle touche on appuie. Et la petite musique silencieuse que son téléphone a chanté pour le trahir indique qu'il est allé vérifier sur sa boite de sms s'il avait des nouveaux messages et en comptant le nombre de petits bip aigus qui se sont suivis, je sais quel contact était au centre de son attention : Kazue.  

 

-Et alors ?  

 

-Non, rien. Ni appel ni message. Elle doit avoir peur de me réveiller maintenant, il est quand même 3 heures du matin.  

 

-Oui, c'est sûrement pour ça.  

 

-Mais je ne m'en fais pas, elle appellera demain, fanfaronne-t-il.  

 

C'est dur de l'entendre se mentir comme ça. D'ici quelques jours il remuera sûrement ciel et terre, juste pour savoir où elle se trouve et ne pas devenir dingue. Une fois qu'il le saura, il pourra alors trouver un semblant d'équilibre entre sa douleur de vivre sans elle et son besoin de se prouver qu'il peut le faire, jusqu'à finir par reconnaître qu'en fait il ne fait que survivre.  

 

-Tu as raison, tu verras demain.  

 

-Mais on est où là Ryo ? me demande-t-il soudain, tu parlais du Blue Bird tout à l'heure, c'est pas le quartier.  

 

-Oui, j'ai fait un petit détour, un indic à passer voir. Le vieux Xiang.  

 

-Ce vieux bonhomme ? Mais je croyais que tu lui avais demandé d'arrêter de se rencarder sur le clan Futago ?  

 

-Oui, mais en fait, il surveille autre chose pour moi.  

 

-Vas-y, raconte... Oh attends, j'y suis ! s'exclame-t-il soudain en se tournant vers moi, le regard accusateur, je reconnais le quartier, il surveille Paris-Plouc c'est ça ? Tu veux garder un œil sur Kaori, espèce de faux frère !!  

 

-Fous-moi la paix, je ne fais que la protéger par anticipation, c'est tout... au cas où.  

 

-Au cas où quoi ? rétorque-t-il, et pas besoin de me mentir, tu sais bien que je le déteste tout autant que toi. Mais vas-y continue de le surveiller, tu finiras bien par trouver un petit quelque chose de louche et alors elle l'éjectera de sa vie. Il ne me restera plus alors qu'à raconter à Kaori ce petit secret exulte-t-il, je suis sûr qu'elle appréciera tout autant que la secrétaire mokkori de savoir qu'elle était surveillée de très près. Et moi, je vais gagner des points ! conclut-il avec un regard revanchard. Je te tiens Ryo !!  

 

Ah le salaud. Il fait mouche sans même le savoir. «Rends-la heureuse, c'est tout le respect qu'elle mérite. Fais en sorte qu'elle sourie chaque jour, même si c'est sans toi, même si ça signifie accepter de la voir partir avec quelqu'un d'autre ». Cette petite phrase que j'ai lancée à Ayako me travaille depuis tout à l'heure. Bordel, je pourrais me la sortir à moi-même vu que je fais la même chose que lui. C'était pour que tu sois heureuse que je t'ai laissée partir et maintenant je fais marche arrière.  

 

Pourquoi je ne te laisse pas tranquille ?  

 

La réponse est simple.  

 

Parce que je veux que ce soit moi qui te rende heureuse.  

 

Comment ? J'en sais foutrement rien.  

 

Mais je sais que je le veux.  

 

Je sais que je le peux.  

 

Et c'est à cause de ces deux andouilles que je le sais. Mick et Miki m'ont ouvert les yeux, aux forceps peut-être mais tout de même, et maintenant je ne peux plus reculer.  

Pour l'instant, il faut déjà réussir à mieux cerner ce Paris-Plouc qui se trouve entre toi et moi. J'ai besoin de bien connaître mon ennemi pour mieux le combattre. Je sens que je finirai par trouver quelque chose sur lui, il est trop propre pour être honnête.  

 

D'ailleurs nous arrivons près de son immeuble. Sans répondre à la dernière phrase de Mick, je me gare vers l'endroit où je sais trouver le vieux Xiang. Et je sais instantanément que quelque chose cloche.  

L'odeur du sang. Je la sens jusque dans la voiture. Mick jaillit de la Mini en même temps que moi et nous nous précipitons dans la petite ruelle où le vieux Xiang a pris ses quartiers à ma demande. Personne. Juste ce sang par terre, qui nous annonce froidement qu'un drame s'est joué. L'arme au poing, nous nous enfonçons plus loin dans la pénombre de l'étroit renfoncement qui sépare les deux immeubles. A l'odeur nauséabonde d'urine se mêlent celles, plus âcres, du sang et de la peur. Je crains le pire. Où est-il? L'un derrière l'autre, nous progressons rapidement en suivant les traces noirâtres sur le mur et par terre, ces marques qui racontent l'agonie du vieil indic. Ici il s'est traîné, là il s'est arrêté, là il est tombé. A-t-il réussi à s'échapper ou allons-nous trouver un cadavre ? Sans même nous parler, Mick et moi nous posons la même question. Je serre les dents, toujours aux aguets au cas où ses agresseurs seraient encore là.  

 

-Mick, je l'ai ! crié-je en apercevant une main dans l'ombre d'un amoncellement de cartons.  

 

Nous nous ruons vers l'endroit où le vieux Xiang a tenté de se cacher et nous balançons rapidement les cartons sur le côté pour accéder à son corps. Dès que je le touche, je sais qu'il est vivant. Ça se joue à peu de choses, mais il est encore vivant. Délicatement, je le retourne et je serre les poings de rage en découvrant dans quel état ils l'ont mis. Un énorme hématome déforme son visage depuis l’œil à l'arcade explosée jusqu'au menton tuméfié. Pas la peine d'ausculter le reste de son corps pour deviner qu'ils ne se sont pas seulement acharnés sur son visage mais qu'il a été entièrement roué de coups et de coups de pied. Le vieil homme a dû vivre l'enfer pendant de longues minutes avant de pouvoir réussir à s'enfuir.  

 

-Ryo.. le couteau.  

 

Ma main entre en contact avec le manche de l'arme à l'instant même où Mick me prévient. La lame est fichée dans l'abdomen, assez profondément pour ne lui laisser aucune chance. Ce n'était donc pas une simple agression, mais une mise à mort. C'est un miracle qu'il respire encore, même si son dernier souffle ne tient qu'à un fil. On est arrivés à temps, mais il faut qu'il tienne le coup. Pas le choix, on doit laisser la lame en place, il y a trop de risques de libérer une hémorragie qui lui serait fatale en l'enlevant.  

Me penchant vers lui, je lui souffle :  

 

-Tiens bon mon vieux, on va s'occuper de toi.  

 

Avec de multiples précautions mais le plus rapidement possible, je le prends dans mes bras pour le transporter jusqu'à la voiture. Une seule pensée m'obsède pendant que nous courons en direction de la Mini. Qui ? Et Pourquoi ? Le vieux Xiang n'était pas une menace, il n'enquêtait sur aucune affaire en cours, il ne faisait que surveiller...  

 

-Kaori !  

 

Mick, qui court devant moi s'arrête brusquement à mon cri.  

 

-Quoi Kaori ? Qu'est-ce qu'il y a Ryo ?  

 

-Kaori ! Bordel Mick, rappelle-toi, elle était là ce soir !!  

 

 

******  

 

 

« Dis-lui de partir ».  

 

Je lis et relis cette phrase que je viens de décoder et cela ne m'apporte rien, rien d'autre que la certitude qu'effectivement Paris ne veut personne d'autre qu'elle dans la vie de son frère. Miki a raison, cette fille fait froid dans le dos. Et malgré l'empathie qu'on peut ressentir en connaissant son histoire, on n'a pas vraiment envie de la côtoyer.  

 

La sonnerie du téléphone interrompt brutalement mes pensées. Même s'il est situé en bas, il résonne tellement fort qu'il est difficile de ne pas l'entendre. Ce que j'entends ensuite me fait sortir dans le couloir pour écouter.  

 

-Ryo ? Qu'est ce qui se passe demande la voix de Falcon. Arrête de crier je ne comprends rien. Kaori ? Oui, elle est ici, pourquoi ? Oui, je te dis que Kaori est rentrée, et qu'elle va bien. Non non, il ne lui est rien arrivé, mais bon sang Ryo, qu'est-ce qui se passe ?  

 

Dans le silence qui suit, je n'entends plus que la respiration de mes deux hôtes. Il s'est passé quelque chose et tu t'inquiètes pour moi. Pourquoi ? Cela aurait-il à voir avec Tybault et notre soirée ? Au bruit du combiné que l'on raccroche, je me fais la plus silencieuse possible et, masquant mon aura, je m'approche de l'escalier pour observer. Miki a, comme je le pensais, rejoint son mari et, la main sur son bras, l'air anxieux, elle attend. Elle se détend immédiatement quand son mari la rassure.  

 

-Il va bien. Il n'est pas blessé. Il est arrivé à temps pour sauver un de ses indics, le vieux Xiang. Il était presque mort. Il surveillait l'appartement de...  

 

Je n'écoute déjà plus. Le vieux Xiang... Un énorme frisson vient me glacer entièrement et j'ai comme un vertige. Que m'arrive-t-il ?  

La main sur la bouche, luttant pour continuer à masquer ma présence, je recule doucement jusqu'à ma chambre. Arrivée là, je referme le plus doucement possible ma porte. Je me sens mal, sous le choc. Comme si c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Le vieux Xiang...  

Ça tangue autour de moi. Je me traîne jusqu'à mon lit où je m'écroule. Ma tête bourdonne de questions. Pourquoi lui ? Est-ce c'est parce qu'il me surveillait qu'on s'en est pris à lui ? Ou parce que c'est un indic de Ryo ? Est-ce que c'est le clan Futago qui a tenté de l'éliminer ? J'ai l'impression que je touche quelque chose du bout des doigts mais que la solution m'échappe.  

 

Le plafond tourne, j'en ai presque la nausée. Je ferme les yeux. Derrière mes paupières clauses, de multiples images se mettent à valser : le vieux Xiang, notre dernier échange, Tybault et son téléphone, sa mallette noire, des enfants sous un lit qui rient. Leur rire me fracasse la tête et se répercute sur les murs de ma mémoire, se mélangeant au son de cette phrase de Paris : « Sid uli ed priart, sid uli ed priart ». J'ai l'impression que je vais vomir. Mais bon sang qu'est-ce qui m'arrive ? Ce vieux monsieur était à peine une connaissance, Ryo l'a sauvé, alors pourquoi cela me met-il dans cet état ?  

 

Il faut que je me reprenne. Je suis une nettoyeuse, ou du moins je l'étais, et il est hors de question que ce genre de nouvelle me mette dans tous mes états. Je dois reprendre mes esprits pour comprendre ce qui se passe. Je m'assoie péniblement sur mon lit et inspire longuement en relevant la tête. Et lorsque mon regard se pose sur le miroir... je sais.  

 

Complètement tétanisée, je fixe ces lettres qui portent en elles la réponse à toutes ces questions. Le choc est violent mais, chose étonnante, je ne suis pas surprise. Quelque part je le pressentais, le savais. Je sais maintenant pourquoi j'avais si souvent ce sentiment de malaise, cette impression que quelque chose ne collait pas. Le fait de savoir maintenant ce qu'il en est me calme instantanément. Le plafond ne tourne plus, la nausée a disparu.  

Je pourrais pleurer, je pourrais me sentir trahie, bafouée. En fait non. Cela remet simplement chaque chose à sa place. La Kaori d'il y a quelques mois, celle que j'ai étouffée au nom de ses rêves de vie normale, refait surface. Sa détermination me submerge et, forte de cette nouvelle énergie, je retrouve aussitôt mes anciens automatismes. Je sais désormais qui je suis et ce que je veux, et surtout ce que je dois faire. Je me retrouve enfin.  

 

Sans plus réfléchir, j'attrape mon sac et ce que je sais y trouver : le pistolet de Hide. Je l'ai toujours gardé sur moi, quand bien même je n'étais plus City Hunter, simplement par habitude. Un instant je m'attarde sur ce Smith et Wesson, qui m'a été confié deux fois : tout d'abord à la mort de mon frère puis une seconde fois quand tu l'as recalibré pour ne plus tirer à côté de la cible. D'un coup sec, je fais tourner le barillet puis je l'ouvre pour vérifier qu'il est chargé avant de le remettre dans mon sac.  

 

Avant de me diriger vers la porte-fenêtre qui donne sur le balcon et me permettra de quitter la maison sans alerter Miki ou Falcon, je me dresse une dernière fois devant le miroir. Au-dessus du nom de Tybault, cet homme si bien sous tous rapports, je trace du bout du doigt l'envers de son décor. Utilisant le même code que pour la phrase de Paris, je remets chaque lettre de son nom de famille à sa place, avant d'effacer d'un geste bref ce nom porteur de mort : FUTAGO. 

 


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