Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 14 :: A la croisée des chemins : union (1e partie)

Published: 14-11-15 - Last update: 07-09-16

Comments: Bonjour à tous. En ce jour morose, je cherchais de quoi égayer ma journée, alors j'ai choisi de finir de corriger ce chapitre et de le majer. J'espère qu'il vous plaira. La 2e partie sera majée la semaine prochaine. Je vous embrasse et mes pensées s'envolent vers PAris. A bientôt

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

-Ryo...  

 

 

Serrée dans tes bras, un pan de ta veste frôlant ma joue, perdue dans tes effluves de musc, de cuir et de poudre, je me sens enfin en sécurité... La tension des dernières heures se relâche brusquement et je m’endormirais sûrement aussitôt si jamais je fermais les yeux.  

Mais je n'ai malheureusement que le temps de battre deux fois des paupières que déjà tu me repousses sans ménagement. Malgré moi, ma tête ballote d'avant en arrière et tu me rattrapes par les épaules pour me retenir.  

 

Plongeant ton regard noir dans le mien, c'est avec une colère à peine voilée que tu me demandes :  

 

-Je peux savoir ce que tu foutais là-haut à jouer les cascadeuses de haut-vol ?  

 

Tes mains se crispent sur mes épaules et je sens bien que tu te retiens de me secouer plus avant. Ta question m'interpelle. Tu m'aurais vue ? Cette idée chasse la fatigue et me rappelle ce pour quoi j'étais venue chez Tybault. Je me dégage d'un mouvement d'épaule et, secouant la tête pour signifier qu'il y a plus important pour l'instant, je t'attrape à mon tour le bras.  

 

-Ryo, j'ai des informations pour toi, des photos aussi !  

 

-Pas maintenant, m'intimes-tu en regardant vers le haut de l'immeuble, suis-moi.  

 

M'agrippant le bras, tu m’entraînes alors à ta suite jusqu'à ta voiture garée devant l'immeuble. Levant la tête, j'aperçois la mienne de l'autre côté du grand carrefour qui sépare les deux trottoirs.  

 

-Ryo, ma voiture !  

 

-Plus tard, me réponds-tu avec impatience en m'ouvrant la portière pour me pousser dans la Mini, nous n’avons que quelques secondes devant nous et je préfère te garder avec moi pour éviter toute nouvelle mauvaise surprise.  

 

 

Engoncée dans la Mini dans laquelle tu m'as assise d'autorité, les jambes repliées sur le fauteuil, je rumine. Je suis désormais complètement éveillée. Et furieuse. Oh oui, furieuse, à tel point que je peux sentir le sang cogner contre mes tempes. Il y a urgence, j'ai pris dix mille risques pour récupérer ces preuves et toi tu ne m'accordes même pas cinq minutes ! Je fulmine. Mon regard doit être très éloquent car, d'une main levée, tu m'intimes le silence. Ce n’est pas le moment. Le pied prêt à écraser l’accélérateur, ton regard perçant la pénombre, tu attends. Mais quoi ? Apparemment tu n'as pas l'intention de le préciser.  

 

J'ai cependant rapidement ma réponse.Nous n’avions effectivement que quelques secondes devant nous car une voiture noire jaillit soudain du parking de l'immeuble, à quelques mètres de la Mini. Je reconnais la berline de Tybault et j'ai le temps d'apercevoir la découpe familière de son profil et de deviner celui de sa passagère avant qu'il ne prenne un virage serré pour s’éloigner à toute allure. Aussitôt tu démarres en trombe et la Mini s'élance derrière elle.  

 

Dans ma tête c'est soudainement l'incompréhension. Pourquoi Tybault s'enfuit-il ? Et toi, comment savais-tu ce qu'il allait en être ? Aurais-tu compris toi aussi que Tybault Gaotuf et le leader du clan Futago ne faisaient qu'un ?  

 

-Ne fais pas cette tête, on va discuter mais tout à l’heure.  

 

Tu sembles concentré sur la route, mais je ne doute pas une seconde que tu utilises ta vision périphérique pour me regarder et tu as dû lire mes interrogations sur mon visage. On va discuter... Oh mais j'y compte bien ! Mais pour l'instant tu as autre chose à faire que de répondre à mes questions, alors je les ravale et reporte mon attention sur la voiture noire qui fonce à pleine vitesse sur la grande avenue.  

 

Tu as bien évidemment laissé une certaine distance entre eux et nous, mais ils doivent savoir qu'ils sont suivis car ils accélèrent encore, et lorsque la berline grille un feu rouge à l'entrée d'un grand carrefour pour aussitôt virer à droite dans un crissement de pneus, il devient clair qu’ils cherchent à nous semer. Je retiens un murmure angoissé lorsqu’à ton tour tu passes le carrefour en coupant la priorité à cette petite voiture bleue qui arrive sur notre droite. Tu ne l'évites que grâce à un violent coup de volant qui déporte la Mini vers le trottoir pendant que tu malmènes le volant et les pédales pour nous rétablir, et lorsque les pneus retrouvent leur adhérence sur l'asphalte tu contre-braques d'un ultime et violent coup de volant qui me projette contre la vitre. Je me retiens comme je peux à mon fauteuil tandis que tu écrases l’accélérateur, laissant derrière nous le hurlement furieux du klaxon de la petite citadine bleue. Tu reprends de la vitesse, tentant de réduire l’espace entre nous et la voiture de devant, qui s'engage maintenant sur le périphérique. Il est encore tôt et il y a peu de circulation, ce qui offre à Tybault une plus grande marge d'accélération, ce dont il ne se prive pas et je sens bien que la Mini peine alors à ne pas se laisser distancer. Les immeubles qui composent le paysage défilent à une allure folle tandis que, penché en avant, le regard intensément noir, tu encourages de tout ton être la Mini à tenir la distance. Je m'aperçois alors que moi aussi je suis penchée vers l'avant, le menton tendu au maximum, dans la même posture d'encouragement. J'en rirais presque de retrouver si facilement mes réflexes si la course n'était pas si mal engagée. Effectivement, l'écart qui nous sépare s'allonge inexorablement et lorsque la berline braque brusquement pour s'engager sur une bretelle de sortie il nous faut quelques bonnes secondes pour l'emprunter à notre tour, et quand nous arrivons sur l'avenue principale de ce quartier de la ville, c'est pour découvrir que nous sommes seuls. De dépit, tu lâches un juron et frappes du point sur le volant, qui proteste mollement d'un coup de klaxon épuisé.  

 

 

Nous tournons longtemps dans le quartier, quittant les belles avenues pour les rues plus sombres, ouvrant grands les yeux à la recherche de la voiture noire, mais en vain. Rien d'étonnant. C'est un quartier d'affaires, le nombre d'immeubles et donc de parkings sous-terrains dans lesquels se cacher sont légion et il suffit de s'engager dans l'un d'eux pour s'y terrer ou d'en ressortir par une rue adjacente pour disparaître. Toujours silencieux, tu continues pourtant de rouler dans le quartier, t'arrêtant régulièrement pour sortir de la voiture et approcher un sans-abri ou un ivrogne étendu par terre. Je te regarde faire, reconnaissant ces gestes que tu as envers eux pour les saluer avec respect mais discrétion. Je sais ce que tu leur demandes et devine facilement leur réponse. Je me souviens à quel point ces hommes te sont dévoués. Aucun ne prendrait autant de risques, comme l'a fait le vieux Xiang, pour quelqu'un d'autre que City Hunter.  

 

 

Force est de reconnaître que nous avons perdu cette partie, mais tu poses ici et là tes pions sur le grand échiquier de cette bataille et si jamais la voiture refait surface, ou si l'un de tes indics apprend quoi que ce soit sur le clan Futago, une chose est certaine, tu seras le premier au courant. Et alors que je te regarde revenir vers la voiture et que tu croises mon regard, je ne peux que convenir d'une chose : plus que jamais j'ai une totale confiance en ta capacité à réussir. Même si ce n'est ni aujourd'hui ni demain, tu les auras et quelque part parmi les photos de mon téléphone, il y a les informations nécessaires pour y arriver. Cette constatation me remplit d'une profonde satisfaction. Cette joie que je ressens à la simple idée de pouvoir t'aider m'arrache un petit sourire, qui s'efface aussitôt lorsque tu détournes le regard.  

 

Te voir regarder obstinément ailleurs pendant que tu contournes la Mini me serre le cœur.  

C'est tellement étrange de prendre conscience que notre duo m'a manqué, que ne plus être City Hunter a laissé un grand vide en moi. Je t'ai quitté en te reprochant de ne pouvoir t'affranchir de cette entité pour être simplement l'homme qui pourrait m'aimer... mais il semblerait que moi aussi j'en sois incapable. Force est de le reconnaître, tu ne t'es jamais caché derrière City Hunter, tu ES City Hunter... Et moi aussi... Du moins je l'étais.  

 

 

Un peu perturbée par cette révélation et alors que tu t'installes de nouveau au volant je bafouille :  

 

-Ryo, laisse-moi t'aider...  

 

 

Tu ne bronches pas, le regard toujours braqué devant toi. J'en suis à me demander si tu m'as bien entendue, ou alors s'agirait-il d'un jeu, une espèce de jeu stupide dans lequel ma pénitence serait de te supplier à genoux ? Manquerait plus que ça...  

Mais comment te faire comprendre à quel point j'ai envie de prendre part à cette bataille ? Pouvoir ressentir de nouveau l'excitation que me procure le fait de partager une enquête avec toi. Partager... avec toi... encore une fois...  

Mon cerveau épuisé prend alors en pleine face ce qu'il n'avait fait qu'entrevoir dans la rue quand Tybault m'enlaçait et dans la chambre de Miki face à son miroir. Je ne peux plus me mentir. Je regrette tous ces moments passés à tes côtés, ces enquêtes et ces batailles où nous travaillions de concert pour sauver ou protéger des innocents, ces moments intenses où je ne pensais qu'à travers ces XYZ, à travers nous. Je regrette de ne plus faire partie de notre duo, je regrette City Hunter, je regrette d'être partie... je regrette tellement d'être partie... Oh Ryo si tu savais comme tu me manques !  

 

 

Mais apparemment tu ne sais pas car tu démarres en m'ignorant totalement, laissant le silence emplir l'habitacle pendant que la voiture quitte le quartier. Je ravale mes regrets, m'enfonçant dans le fauteuil abîmé de la Mini en me demandant où tu nous conduis. Et finalement, pour être honnête, je m'en fiche ; peu importe l'endroit où nous allons puisque c'est comme nous y allions séparément.  

Je me perds dans le paysage urbain pour faire abstraction de cette espèce de tristesse qui me serre la gorge, mais mes émotions continuent de me submerger et très vite mes vieilles habitudes me reprennent. Pour oublier les larmes, rien de mieux que la colère et je l'accueille presque avec plaisir, tandis qu'elle profite de ce silence que tu m'imposes pour refaire surface. Tybault... Toi... Les regrets laissent doucement place à la déception puis à l'agacement. Tu m'ignores parce que tu es en rogne contre moi ? Eh bien sache-le, tu n'es qu'un imbécile si tu m'en veux d'avoir fait ce qui était juste. Prendre ma part de risques pour découvrir la vérité sur Tybault était la chose la plus naturelle après avoir découvert qui il était vraiment. Mais pour le comprendre, encore faudrait-il que tu prennes la peine de m'écouter... espèce de crétin !  

 

Retenant difficilement les insultes qui tentent de se frayer un chemin entre mon cerveau et ma bouche je te regarde, sûrement très intensément car je te vois ciller imperceptiblement et froncer les sourcils. C'est le moment. J'insiste.  

 

-Ryo, il faut vraiment qu'on parle....  

 

-Tu veux qu'on parle, répètes-tu d'une voix dangereusement calme, les yeux toujours rivés sur la route, avant de braquer brusquement pour venir garer un peu violemment la Mini contre le trottoir et te tourner alors vers moi.Tu veux qu'on parle, ça tombe bien...  

 

Ton regard couleur d'orage me transperce sans que ton visage ne se départisse pour autant d'un calme apparent et tu répètes encore une fois cette phrase, sur un ton qui ne laisse rien présager de bon :  

 

-Tu veux qu'on parle... Eh bien parlons... Tu veux ma mort c'est ça ?  

 

 

*****************************  

 

 

 

« Tu veux ma mort, c'est ça ? »  

 

Et voilà, je l'ai dit.  

 

Je réfrénais cette aigreur depuis que je t'ai réceptionnée au pied de l'immeuble de ton Paris-Plouc. Elle était pourtant tellement tenace que même la course poursuite contre lui n'a pas réussi à me faire penser à autre chose. Tu as rarement autant risqué ta vie que ce soir Kaori et c'est la seule chose qui me vienne à l'esprit quand je te regarde ! Je voulais éviter de perdre mon sang-froid alors je t'ai ignorée ; ne pas te regarder et surtout garder le silence me semblaient les meilleures choses à faire pour rester calme.  

 

Raté.  

 

Tu tiques en entendant mon attaque. Vu la pâleur de ton visage et les légères traces violacées que des cernes naissantes dessinent sous tes yeux, je sais que te blâmer n'est pas la meilleure chose à faire pour amorcer la conversation. Mais malgré moi j'ai besoin que tu comprennes quel enfer tu m'as fait vivre ces deux foutues secondes pendant lesquelles je t'ai vue tomber. Mais tu es tellement butée que tu ne comprendrais pas, toute à ton idée de faire ce qui te semble juste.  

 

Heureusement que je savais pouvoir compter sur ton instinct de survie sans faille, car de mon côté je n'ai pas douté une seule seconde que je pouvais sectionner ce câble d'antenne qui serpentait juste au-dessus de toi. La seconde suivante, le silencieux vissé sur le canon du 357 qui se trouvait déjà dans le prolongement de mon bras, la balle filait dans ta direction tandis que mon regard restait braqué sur l'objectif à atteindre. Quand la balle a atteint son but, je suis resté en position, te fixant pendant que tu attrapais le fil et te hissais péniblement sur le rebord de la fenêtre. J'ai cru en te voyant en sécurité que le pire était passé, mais quand cette Paris est apparue sur le balcon et que je t'ai vue te terrer dans ton renfoncement, j'ai raffermi ma prise sur la crosse et dirigé le canon vers elle. J'ai attendu avec toi ces longues minutes pendant lesquelles elle est restée accoudée à la rambarde, la gardant dans ma visée, prêt à refaire feu au moindre mouvement qu'elle ferait dans ta direction. Cela m'a semblé une éternité. Vu ta posture, tu pouvais rebasculer dans le vide à tout moment ou même te faire surprendre. Mais elle a fini par partir et quand tu t'es glissée à l'intérieur, j'ai pu respirer... et retrouver un rythme cardiaque normal. Parce qu'il avait dangereusement ralenti, voire sûrement même cessé de battre.  

 

Donc oui la seule conclusion qui s'impose c'est que tu veux ma mort. Je pourrais en rire. Mais je suis en colère. Je t'en veux d'avoir failli mourir.  

 

Surprise par ma phrase, tu ne sais que répondre et je poursuis, peut-être radouci malgré moi par l'intense fatigue que je lis sur tes traits tirés  :  

 

-Mais heureusement tu vas bien.  

 

-Oui, ça va, me réponds-tu dans un souffle, comprenant sûrement que je faisais allusion à la scène du balcon, je vais bien. J'avoue avoir eu la peur de ma vie mais ça va.  

 

-Bien, tant mieux alors, commencé-je doucement en souriant calmement. Alors si tout va bien.... MMMAIS QU'EST-CE QUE TU FOUTAIS LA-HAUT !? me mets-je soudainement à brailler en me penchant vers toi, la main empoignant le haut de ton fauteuil. Voilà, les vannes sont ouvertes.  

 

Un instant estomaquée par mes hurlements, je vois dans tes yeux que j'y ai soufflé net la colère qui y brillait quand tu as insisté pour qu'on se parle. Une seconde, ils se vident de toute vie et tu te racornis sur ton assise avant que soudain l'étincelle ne reparte de plus belle et que ton corps ne se redresse d'un bond pour ramener ton visage à ma hauteur, secouant un peu la Mini de droite à gauche.  

 

-COMMENT CA, "QU'EST-CE QUE JE FOUTAIS LA-HAUT" ?! NON MAIS DE QUOI JE ME MÊLE ?! me réponds-tu en criant aussi fort que moi et en repoussant brusquement une mèche que mon cri a soufflé en travers de ta figure.  

 

-NON MAIS JE RÊVE ! "DE QUOI JE ME MÊLE" ?? MAIS DE SAUVER TES FESSES POUR LEUR EVITER DE FINIR EN MILLE MORCEAUX CINQ ETAGES PLUS BAS ! explosé-je carrément en me redressant au-dessus de toi pour accentuer ma force de persuasion, ce qui ébranle un peu plus la Mini sur son axe.  

 

 

-MAIS MES FESSES NE T'AVAIENT RIEN DEMANDE ! contres-tu alors en te redressant à ton tour au-dessus de moi, secouant la voiture dans l'autre sens. ELLES SE SONT REMONTEES TOUTES SEULES SUR CETTE FENETRE MES FESSES !  

 

-.....  

 

Devant tant de mauvaise foi et d'ingratitude j'en reste coi. J'oublie tout ce que j'allais te crier par la suite et te regarde te braquer, menton levé et bras croisés dans une attitude de défi. Mon cerveau fourmillait pourtant d'arguments imparables à te retourner parce que si tes fesses se sont remontées toutes seules sur la fenêtre c'est bien parce que j'ai tiré pour t'envoyer le câble, mais tu m'as coupé dans ma tirade et je me retrouve comme un coureur de fond à qui on aurait fait un croche-patte : complètement à court d'élan. Le seul truc qui me vienne alors à l'esprit est un « AAAAAHHHHH TU MENERVES !! » hurlé en levant les deux bras en l'air, puis je les croise dans la même attitude que toi pour éviter de t'attraper et te secouer encore une fois.  

 

Pathétique.  

 

Tu ne bouges pas d'un pouce, le visage toujours fermé, murée dans ces émotions que j'ai déclenchées parce que je n'ai pas su exprimer autrement qu'en beuglant à quel point j'ai eu peur de te perdre. Tu me fixes toujours, les pupilles brillant d'énervement et une petite veine battant furieusement sur la tempe. Et c'est en regardant pulser cette petite veine que tout en moi s'apaise.  

 

Finalement, je suis heureux de retrouver un semblant de communication avec toi, même si c'est en te criant dessus. Cela me ramène quelques mois en arrière, même si je garde mes vieux travers.  

 

Et je peux faire mieux que ça.  

 

Je veux faire mieux que ça.  

 

-Je suis content que tes fesses aillent bien, concédé-je alors en décroisant les bras en signe de trêve.  

 

La surprise passe dans tes yeux ; tes lèvres se libèrent de cette posture pincée que tes mâchoires crispées leur imposaient pour s'étirer en un petit sourire hésitant.  

 

-Mes fesses te remercient, oses-tu, rougissante, sûrement brusquement consciente de l'inconvenance de ta phrase.  

 

Une gêne s'installe, prenant la place laissée vacante par les cris qui secouaient la Mini dans tous les sens. C'est la première fois que nous nous parlons depuis quinze jours et avoir eu tes fesses comme premier sujet de conversation ne nous facilite pas la chose pour la suite.  

 

-....  

 

-...  

 

-Le cimetière... Pourquoi sommes-nous ici Ryo ? demandes-tu soudain en prenant conscience de l'endroit où j'ai garé la voiture.  

 

-Tout le monde s'inquiétait de ta disparition, te réponds-je, bienheureux de pouvoir repartir sur autre chose. Miki et Umi sont venus ici au cas où tu serais allée te recueillir sur la tombe de ton frère. Je les ai prévenus qu'on arrivait pendant que je t'attendais en bas de l'immeuble ; Saeko, Mick et Kazue vont nous rejoindre aussi. Tu pourras ainsi nous raconter ce tu as trouvé et tout le monde aura l'information .  

 

-Mick et Kazue... répètes-tu, interdite, ils sont.... ?  

 

-Non mais tu m'écoutes quand je te dis que tout le monde s'inquiétait pour toi ? m'énervé-je quand même un peu, bien sûr que tout le monde est parti à ta recherche, Mick et Kazue inclus. Et d'ailleurs tu vas devoir leur expliquer pourquoi tu es partie sans prévenir, finis-je en m'extirpant de la Mini pour ne plus voir ton visage de petite fille prise en faute qui me donne soudain envie de te prendre dans mes bras.  

 

 

******************  

 

Tout le monde s'est inquiété pour moi...  

 

Je suis comme tétanisée. J'ai la désagréable impression d'avoir pris une gifle. M'expliquer... Jusqu'à présent je n'avais que mes informations sur Tybault en tête et à aucun moment je n'ai pensé à ce qu'avaient pu penser Miki et Umi en découvrant ma disparition. Et si même Kazue s'est jointe à Mick pour me chercher alors c'est vraiment que l'heure était grave ! Ils ont certainement imaginé le pire. Je me sens si stupide.  

 

 

-Alors tu viens ? m'interpelles-tu depuis le trottoir.  

 

En silence, je relève les pans de la robe que Tybault m'a offerte pour pouvoir sortir de la voiture et te rejoins en silence. Du moins j'essaie car j'ai mal estimé la longueur de la robe et lorsque je marche sur un pan du tissu qui s'est échappé de ma prise je perds l'équilibre et bascule en avant. Je ne dois de ne pas m'affaler par terre qu'à ta poigne qui m'attrape alors pour me retenir en me ramenant vers toi. Je me redresse, un peu secouée par toutes ces émotions qui se succèdent depuis tout à l'heure, celle-ci étant la goutte d'eau qui fait déborder le vase déjà plein à ras bord, de fatigue entre autres. Un vertige. Une toute petite seconde le monde semble devenir flou, les contours de ce qui se trouve dans mon champ de vision s'estompent tandis que mes jambes flanchent sous la force de ton mouvement et je me laisse tomber contre toi. Par réflexe ma main vient se poser sur ton torse puis glisse et je m'agrippe à ton holster pour finir de me rétablir.  

Je sens les muscles de ton bras se crisper, comme si tu hésitais sur la conduite à tenir, puis ils m'entourent pour me soutenir. De nouveau, comme tout à l'heure, une vague de bien-être m'envahit et j'en viens à souhaiter que le temps s'arrête pour juste pouvoir rester comme ça, contre toi. Et dormir. Sans bouger, je fixe mes doigts agrippés à ton hoslter. J'ai l'impression que mon corps ne m'appartient plus et il me faut faire un effort pour leur faire lâcher prise. Je ne peux m'empêcher de remarquer qu'il a perdu cette chaleur qui avait réchauffé ma joue quand tu m'as tirée contre toi en bas de chez Tybault. C'est normal, bien sûr, le canon de ton magnum a eu le temps de refroidir depuis le temps. Au travers de mes pensées embrumées, le fait que c'est forcément à toi que je dois le miracle d'être en vie me semble naturel. Je n'ai même pas à me poser la question.  

 

C'est forcément toi qui as tiré sur ce fil électrique pour le sectionner afin que je puisse l'attraper. Sans ce filin providentiel, je ne serais... Un frisson me traverse rien qu'au souvenir de cette affreuse sensation qu'est celle de tomber dans le vide et ton bras raffermit sa prise autour de moi, à la fois pour contenir mon tremblement et pour finir de m'aider à me remettre d'aplomb. Le temps a dû réellement s'arrêter, ou du moins s'étirer car j'ai l'impression que tu m'as gardée contre toi plusieurs minutes alors que tout ceci n'a certainement pas duré plus d'une seconde ou deux. De nouveau debout, face à toi, je repense à tout ce que je t'ai hurlé dans la voiture, à cette réalité qui est toute autre et, plongeant mon regard dans les profondeurs du tien, je laisse la sincérité l'emporter sur la fierté pour te murmurer simplement : « Merci ».  

 

Pas le temps de savoir si tu as compris le sens de ce remerciement ou si tu l'as attribué à ta poigne secourable, car dans la seconde qui suit, une tornade brune déboule de nulle part pour me serrer dans ses bras en s'écriant :  

 

-Oh Kaori, enfin !! J'étais tellement inquiète !!  

 

Je manque encore de tomber sous la violence du choc et une fois de plus tu me récupères, plus discrètement cette fois, en me retenant le coude pour m'aider à me redresser et faire face à Miki. Celle-ci, une fois l'accolade terminée me scrute et, tandis que l'étincelle de soulagement laisse la place à la sévérité dans son regard, elle me répète :  

 

-J'étais tellement inquiète... Où étais-tu donc passée ?  

 

-Oh euh... J'étais... Je suis....  

 

Je ne sais pas par où commencer, m'excuser ou lui raconter, mais heureusement pour moi, tu viens encore une fois à ma rescousse.  

 

-Est-ce que tout le monde est arrivé Miki ? lui demandes-tu, détournant son attention vers toi.  

 

-Oui, te répond-elle, Mick et Kazue viennent juste d'arriver et nous attendent devant la tombe de Hide. Saeko m'a prévenue qu'elle arrivait par l'autre entrée.  

 

-Bien, rejoignons tout le monde alors, nous pourrons mieux faire le point, proposes-tu en amorçant la montée qui mène à la partie du cimetière où repose mon frère.  

 

Je t'emboîte le pas mais remarche de nouveau sur cette fichue robe et cette fois c'est Miki qui me rattrape in extremis. Prenant alors conscience de ma tenue elle m'inonde de questions.  

 

-Mais cette robe est magnifique Kaori, et elle te va vraiment bien ! Comment cela se fait-il que tu la portes ? Elle est à toi ? Où l'as-tu trouvée ? Elle vient de la boutique d'Eriko ?  

 

 

Malgré moi j'éclate de rire devant la volubilité de la mercenaire et, passant mon bras sous le sien, élude en marchant à côté d'elle :  

 

-C'est une loooongue histoire Miki. J'ai tellement de choses à vous raconter si tu savais, et tu sauras tout d'ici cinq minutes, patience... Et cette robe est peut-être très belle mais j'ai hâte de l'enlever pour retrouver mes vêtements, rajouté-je en réprimant un juron alors que je marche pour la troisième fois de suite sur le bas de ma robe et que je me retiens au bras de mon amie pour ne pas m'étaler sur le seuil du cimetière.  

 

 

Loin devant nous maintenant, ta silhouette emprunte le chemin arboré sur la gauche que je connais bien pour être venue si souvent sur la tombe de Hide. A cause de ma tenue, Miki et moi avançons bien plus lentement et tu prends encore de l'avance sur nous. Autour de nous, le matin darde ses premiers rayons de soleil au travers des branches, dessinant ça et là de légères ombres sur le sentier et faisant fondre les fines couches de givre que la nuit fraîche a laissées. Doucement, le babillage de Miki laisse place au silence. Elle me connaît et sait comment agit cet endroit sur moi.  

Du plus plus profond de mon être monte, comme à chaque fois que je viens ici, cette émotion, toujours la même, ce mélange de manque qui me tord le ventre et de fierté d'être la sœur d'un homme si bon, doux et courageux. Ces sentiments sont toujours aussi vivaces et se fondent dans l'amour que je ressentais et ressens encore pour lui, malgré son absence.  

 

Arrivées dans l'allée qui mène à l'emplacement de son dernier repos, je presse par réflexe le bras de Miki et prends une profonde inspiration avant de me laisser gagner par le recueillement que favorise la douce clarté du matin, qui vient caresser la stèle que je devine au loin, stèle entourée des silhouettes familières de tous ceux qui faisaient partie de ma vie il y a peu encore.  

 

Dans le silence quasi cérémonieux que seuls quelques chants d'oiseaux rompent, Miki et moi progressons sur l'allée de graviers, qui crissent doucement sous nos semelles. Mick, Umi, Saeko et toi êtes déjà sûrement en train de faire le point tandis que Kazue, qui se tient à bonne distance de son ancien compagnon, pianote sur son téléphone portable. Mais lorsque vous prenez conscience que nous sommes presque arrivées à votre hauteur, le silence se fait et vous nous regardez nous avancer. Je me sens étrange d'être ainsi le centre de l'attention, c'est sûrement l'effet de cette tenue de soirée. Lorsque je m'étais vue dans l'ascenseur, j'avais eu l'impression d'avoir revêtu une robe du Moyen-Age et là il est clair que je fais autant sensation qu'une princesse qui descendrait de son carrosse. Les yeux qui me fixent sont légèrement écarquillés et les bouches entrouvertes en un « Oh » muet.  

 

Seul toi me regardes différemment. Etant donné que tu m'as déjà vue dans cet accoutrement cela n'a rien d'étonnant. Quoique si... En y regardant de plus près, tu ne me regardes pas comme tu le faisais avant, surtout quand on venait de se disputer comme on vient de le faire. Ton regard est différent, plus profond. Je connais ce regard, je l'ai déjà vu chez toi lorsque tu tentais de regarder discrètement les jolies femmes. Là, il est encore plus intense.  

 

Comme si j'étais...  

 

Comme si tu me trouvais...  

 

Belle.  

 

Mais pourtant c'est juste moi... Kaori.  

 

Mais la simple idée que cela soit possible me prend malgré tout de court et j'en rougis violemment, au point de devoir fixer le gravier pour garder contenance. Je ne suis pas habituée à ce genre d'émotion et je dois reconnaître que c'est à la fois troublant.... et délicieux. Portée par cette douce sensation qui vient de naître dans mon estomac, je relève la tête et plonge dans tes yeux, me nourrissant de leur caresse le temps que Miki et moi comblions les derniers mètres qui nous séparent de vous.  

 

Malheureusement, comme d'habitude, ma maladresse légendaire vient rompre le charme et, tandis que mon pied droit écrase encore une fois un pan de ma robe, ce qui me déséquilibre, le gauche bute contre un caillou un peu plus gros que les autres et je perds l'équilibre, plongeant vers le sol avant que le bras de Miki n'ait eu le temps de me retenir. Instinctivement, mes jambes s'activent pour tenter de me rétablir et c'est dans une sorte de course maladroite que je devine que je vais m'étaler sur les différents pots de fleurs qui ornent la tombe de Hide. Maudite robe !!  

 

 

Mais alors que je ferme les yeux et lance les bras en avant pour anticiper la violence du choc, je sens une poigne m'attraper par le poignet et, pour la troisième fois de la matinée, je me retrouve projetée contre ton torse. « Décidément » ne puis-je m'empêcher de penser, « je suis attirée par lui comme par un aimant aujourd'hui !». La chaleur caractéristique sur mes joues m'indique que je dois avoir encore viré pivoine et mon cœur bat à tout rompre. Je me suis encore couverte de ridicule. Mais les battements de ton cœur sous mes doigts n'ont rien de drôle. Ils sont si rapides. La célérité de ces petits à-coups trahit ce que ton visage impassible tente de cacher. C'est tellement rare d'arriver à te percer à jour que j'en reste figée de surprise. Les yeux rivés aux tiens, une main sur ton torse et l'autre sur ton cœur, je suis comme hypnotisée par cette vérité : nos cœurs battent, à cet instant, à l'unisson.  

 

Malgré les regards médusés des autres, nous sommes comme seuls au monde. Ce qui arrive est presque hors du temps et de tout ce qu'il est possible de concevoir. Ton regard, ton cœur qui bat aussi vite que cette nuit-là... Serait-il possible que...  

 

Mais mon cerveau embrumé de fatigue qui semblait vouloir dénouer tous les malentendus qui existent entre nous n'a pas le temps de pousser plus loin sa réflexion. Un léger toussotement se fait entendre et nous nous tournons vers Umi qui en est à l'origine.  

 

Derrière la pierre tombale de Hide, qui cache à peine une jambe du colosse, le mercenaire émotif regarde dans le lointain, son visage rubicond tourné vers la droite pour cacher son embarras. Puis, réussissant tant bien que mal à chasser la rougeur de son crâne il se tourne enfin vers nous.  

 

-Humm hum... Bien... Nous sommes donc tous réunis ici.... 

 


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