Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How can I correct a misplaced chapter?

 

It can happen that an author has several stories in process and that he adds a chapter of a story to another one. In this case, please don't add the chapter again and contact me (hojofancity@yahoo.fr) for modification. Indicate which chapter is misplaced and which is the correct story.

 

 

   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 16 :: A la croisée des chemins ... : Conduite et confessions

Published: 21-01-16 - Last update: 08-09-18

Comments: Bonjour à tous. Voici la suite de ma petite fic, je suis toute contente d'avoir réussi à majer "aussi rapidement". J'espère pouvoir continuer comme ça pour la suite. Ce sera ma résolution pour 2016 tiens ! Je veux aussi vous remercier de l'accueil que vous avez réservé à mon précédent chapitre, j'avais eu tellement de mal à reprendre que vous lire m'a fait le plus grand bien (rirette,j'espère bien pouvoir te relire un jour :) ) . En tout cas, merci merci, vous avez été mon moteur pour ce chapitre-ci. Et plus encore un grand, que dis-je un énorme merci à cris qui m'a désemberlificotée plus d'une fois dans ces lignes et ces émotions. Ryo et Mick seraient encore dans leur voiture sans toi lol. Un grand merci aussi à ma Beta Amelds pour ses corrections. JJe vais donc vous laisser lire ce chapitre et vous souhaiter on voyage en compagnie de Mick et Ryo, car Kao est absente de ce chapitre, ce qui est loin d'être étonnant si vous vous souvenez bien de la fin du précédent. Je vous laisse lire et vous dis à bientôt

 


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-Attention Ryo, sur ta droite !  

 

Sans tourner la tête, j'appréhende le cycliste qui fonce depuis le haut de la route et ne pourra visiblement pas s'arrêter avant de croiser la trajectoire de la Mini. J'anticipe sans pour autant freiner en choisissant d'élargir l'espace de la route au trottoir. Le plaisir de voir Mick s'envoler et se cogner la tête contre le toit de la voiture lorsque les roues heurtent le trottoir m'arrache un sourire, qui s'élargit lorsqu'il se met à chouiner en se prenant la tête des deux mains.  

 

-Mais Aïeuuuuuhh ! Fais gaffe bon sang, Ryo ! Je vais avoir une bosse tu vas voir !  

 

-Je ne m'inquiéterais pas trop à ta place, tu ne risques pas grand chose vu la quantité de gomina que tu t'étales sur le crane. Ça te protège aussi bien qu'un casque...  

 

Et j'en rajoute une couche en le renvoyant lustrer le plafond de la voiture d'un brusque coup de volant qui nous fait quitter le trottoir et revenir brutalement sur la route. D'un coup d’œil dans le rétro, je vérifie que le cycliste que je viens d'éviter se réceptionne tant bien que mal dans un amas de cartons qui traînait devant un étal de fleuriste puis, reportant le regard vers l'avant, j'enfonce de nouveau l'accélérateur jusqu'au plancher et reprends la route qui mène chez monsieur Makato. Il est devenu notre priorité depuis que nous avons résolu le mystère du clan Futago, grâce à toi Kao. J'ai hâte d'ailleurs que tu nous rejoignes sur cette affaire. City Hunter enfin réuni...  

 

-Espèce de faux frère, bougonne mon ancien partenaire en se frottant de plus belle le haut du crâne, encore heureux que même décoiffé je reste beau. Le bleu de ses yeux se reflétant dans le miroir de courtoisie, les deux mains passant dans la masse blonde de ses cheveux pour replacer les vagues de ses mèches dans leur posture habituelle, il m'envoie un sourire ultrabrite de défi. Ce mec se fout de moi. L'alignement parfait de ses dents éclatantes me donne envie de les lui cogner, tiens. Cela les mettrait au diapason de la lueur grisâtre qui ternit son regard si azur d'habitude et de ces petits rides soucieuses qui marquent le coin de ses yeux ou de sa bouche. Manquerait plus qu'il parle de toi et je ne jure plus de ri...  

 

- Je vais le dire à Kaori et elle te le fera payer, tu vas voir ! Je lui demanderai de me soigner par la même occasion ; peut-être même que j’aurai droit à un bisou magique pour guérir mon gros bobo. Ou encore mieux tiens : un BAISER magique…  

 

Dans la seconde qui suit la fin de sa phrase, le canon de mon Magnum se trouve dans le prolongement de mon bras et sans quitter la route des yeux je le pointe vers sa tête.  

 

-Bon ça suffit, je ne rigole plus. Je ne veux plus te voir tourner autour de Kaori, est-ce que c’est clair ?  

 

-Et pourquoi donc ? rétorque-t-il en louchant sur le canon, elle ne t’appartient pas je te signale. Ce n’est pas parce que City Hunter s’est reformé que je ne suis plus dans la course. Je t’ai prévenu tout à l’heure qu’il fallait que tu surveilles tes arr…  

 

-Il ne s’agit pas de Kaori et de moi là, le coupé-je en lui appuyant le canon contre la tempe pour le faire taire. Il ne s’agit pas de nous. Mais de toi… Et Kazue. Tu te mens. Tu me mens aussi. Mal d'ailleurs. Et ça me gonfle.  

 

-Hey Hey, calme brother, tempère-t-il en levant les mains en signe d’apaisement, tout va bien entre Kazue et moi. Il s’agit d’une rupture entre adultes intelli… Aïe !!!  s’écrit-il alors lorsque d’une pichenette je fais pivoter mon arme du bout des doigts et l'attrape par le canon pour lui asséner un coup de crosse sur le crane. Mais t’es dingue, ça fait mal !  

 

-Mauvaise réponse, l’informé-je sans cesser de conduire. Même joueur joue encore…  

 

-Quoi ? Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? grommelle-t-il en se frottant la tête, c’est terminé entre nous. C’est la vie, ça arrive. Papa et maman ne s’aiment plus et tu t’en remettras je te pro… Mais bordel ! Arrête ça Ryo, ça fait vraiment mal je te signale ! proteste-t-il après que je l’aie de nouveau frappé de mon arme.  

 

-Je t’ai dit d’arrêter de mentir !  

 

-Mais je ne mens pas ! assure-t-il en enfonçant la tête dans les épaules pour parer à toute nouvelle attaque. Si j’ai pris la décision de la laisser partir c’était pour voir où pouvaient me mener mes sentiments pour Kaori, pour aller au bout de mon amour pour elle. Je te l’ai dit déjà il me semble non ? Alors qu’est-ce que tu veux de plus ?  

 

J'écrase alors sans sommation la pédale de frein. La Mini pile brusquement, renvoyant Mick dans le plafond, avant de déraper sur le côté et de s'arrêter contre un trottoir, non sans avoir au préalable envoyé valser quelques poubelles qui traînaient là. Je me tourne vers lui. Le fixe en silence. Il blêmit imperceptiblement.  

 

-Ecoute-moi bien Mick, lui asséné-je avec humeur, ce petit jeu auquel tu joues, je le connais par cœur. C'est moi qui en ai inventé les règles. Donc je sais. Point. Maintenant, ton histoire avec Kazue est peut-être bien morte je n'en sais rien. Ce n'est pas à moi de te dire ce qu'il en est. MAIS...  

 

Je fais une pause. Si déjà je déteste avoir ce genre de discussion avec une femme, avec un homme c'est pire que mourir. Mais je tiens bon. Il m'a suffisamment mis à cran pour me donner l'élan nécessaire d'aller au bout de ma tirade.  

 

-... il faut vraiment que tu arrêtes de jouer au con et de te voiler la face.  

 

-Et à quoi tu joues, toi ? renifle-t-il dédaigneusement, tu crois que j'ai besoin d'une thérapie de couple c'est ça ? Et c'est toi le psy ?  

 

Mon agacement monte encore d'un cran. Qu'est-ce que je dois faire pour qu'il comprenne bordel ! J'ai perdu tant de temps à croire que j'étais libre alors qu'il n'en était rien. Seul le fait de s'avouer ce qu'il ressent pour Kazue lui permettra d'avancer. Après il décidera si oui ou non tout est fini entre eux ; cela ne m'appartiendra plus. Mais en attendant je lui dois bien ça, je leur dois bien ça.  

Encore faut-il réussir à convaincre cet âne bâté. Il va falloir être plus convaincant c'est tout, me dis-je en repensant à la façon dont Miki m'avait fracassé les cervicales pour me soutirer mes aveux, tandis que mon regard se pose sur le 357 que j'ai posé sur ma jambe pendant l'échange.  

 

Relevant doucement la tête, je fais face à la défiance bleutée des yeux de Mick et amorce un sourire victorieux. « Tu veux jouer » pensé-je narquoisement, « eh bien jouons, j'ai des arguments encore plus percutants que ceux de Miki». Et d'un mouvement sec je refais pivoter le Magnum entre mes doigts, bloque la crosse brusquement et pointe cette fois le canon sur l'entrejambe de mon passager, qui se glace aussitôt d’effroi, tandis que je redémarre sur les chapeaux de roue, l'arme toujours braquée sur sa partie sensible. Les yeux écarquillés de panique, les mains levées, il s'écrie d'une voix angoissée qui tente de garder contenance :  

 

-Wow,wow, déconne pas mec, c'est un trésor inestimable que tu menaces là, classé monument historique hein, alors tout doux, tout doux.. Paaaas de geste brusque.  

 

-Alors dépêche mec, la route devient mauvaise, annoncé-je en accélérant encore... des nids de poule, des dos d'âne...  

 

-Ok ok, s'affole-t-il en voyant que la Mini fonce effectivement en direction d'un dos d'âne, j'avoue tout ce que tu veux mais freine un peu ok...  

 

-Explique-moi juste ce que j'ai vu au cimetière, intimé-je en évitant de justesse l'obstacle qui aurait pu faire décoller la voiture.  

 

 

-AAAHHHH ! s'écrit-il d'abord pour toute réponse lorsque la voiture nous secoue légèrement en passant sur le côté du dos d'âne. D'accord d'accord le cimetière... Euh, mais quoi le cimetière ? Tu as vu quoi au cimetière ? m'interroge-t-il du coin de l’œil.  

 

Je soupire. Que cette conversation est longue et compliquée. Je me demande comment vous faites avec Miki pour faire ça si souvent. Analyser les émotions des autres et les siennes, les partager... mais quel calvaire !! Et Mick qui ne m'aide pas en faisant preuve de mauvaise foi et d'amnésie. Je veux mourir... Enfin non, je préférerais plutôt être déjà chez Makato et quitter cette voiture pour échapper à cette foutue conversation, pensé-je en prenant conscience que du coup j'appuie encore plus fort sur l'accélérateur. Qu'est-ce qui m'a pris de me lancer là-dedans ! Heureusement que le fait de tenir Mick à ma merci compense la situation.  

 

-J'ai vu. Pendant que tout le monde s'occupait des boutons. Donc j'ai vu. Et j'attends.  

 

-Ah oui tiens, rebondit-il soudain très curieux, en parlant de boutons, tu peux m'expliquer de quoi il s'agit ? Kazue n'a rien voulu me dire mais vu comment Kaori a réagi c'est quelque chose d'important entre vous non ? Tu racontes ?  

 

-Oublie ces boutons. C'était pas ma question.  

 

-Mais si, je veux savoir, insiste-t-il, Kao était toute chamboulée quand elle les a vus. C'est fou l'effet que ces boutons ont eu sur elle. Comme elle était belle d'ailleurs à ce moment là, souriante et frémissante, mokkori comme jamais ! conclue-t-il d'un claquement de langue appréciateur tandis que j'explose littéralement :  

 

-Mais on s'en fout de ces boutons ! On les oublie ! Il n'y en a jamais eu ! Ne me parle plus jamais de ces boutons c'est compris ! Jamais ! Et je te rappelle que c'est toi qui as une arme pointée sur le mokkori alors c'est de toi qu'il s'agit, pas de moi et de ces foutus boutons ! asséné-je en ponctuant ma phrase de rappels de la présence du 357 et en accélérant encore alors qu'un autre dos d'âne se présente devant moi. Je ne cherche absolument pas à l'éviter cette fois-ci et en entendant mon passager murmurer : « Oh my God je suis mort » je sais qu'il est à point. Dans un hurlement de moteur auquel fait écho l'effroi de Mick, la Mini s'envole et plane quelques secondes, avant de retomber brutalement quelques mètres plus loin et de poursuivre sa course folle sur le bitume.  

 

Mick est aussi pâle qu'un linge. Les deux mains agrippant son mokkori il me jette un regard effaré. D'un sourire je lui donne le coup de grâce en lui indiquant du menton les plots et les panneaux oranges qui indiquent au loin qu'il y a des travaux sur la route.  

C'est d'une voix blanche qu'il commence, après avoir difficilement dégluti :  

 

-Ok ok je te raconte... Mais déconne pas... Je ne sais pas trop ce qui s'est passé au cimetière...  

 

Je ne réponds rien. Il est clair que ce n'est que le début de son explication et qu'il ne faut surtout pas que je l'interrompe. Et effectivement il poursuit sans que je n'aie à le pousser alors que nous atteignons les premières barrières annonçant les travaux.  

 

-Ce matin, j'ai compris que je ne serai jamais dans la course. Il n'y a que toi pour faire sourire Kao comme ça. Il n'y a que vous pour finir les phrases l'un de l'autre et que cela semble aussi naturel. Et en vous regardant reformer City Hunter je me suis rendu compte que ça ne me faisait rien. Ne me regarde pas comme ça, se renfrogne-t-il devant mon sourcil levé, ça m'a surpris autant que toi. Pas de jalousie. Pas de pincement au cœur. Pas même l'envie de te buter c'est pour dire... J'étais juste... Heureux. Et j'ai cherché la main de Kazue, comme par réflexe, pour partager cet instant avec elle. Et ensuite elle m'a jeté. Fin de l'histoire...  

 

S'il m'a balancé le début de sa tirade comme on lance un os à un chien, la suite lui est venue dans la foulée, comme s'il en prenait conscience au moment où il l'énonçait. Mais sa dernière phrase indique qu'il pense en avoir assez dit. Ce qu'il confirme d'un : « Voilà, t'es content ? ».  

 

Pour toute réponse, et alors que la Mini entame un ballet de soubresauts vu que le bitume n'est plus qu'un champ de mines, j'enclenche le chien. En écho au petit bruit métallique qui indique que l'arme est désormais enclenchée et sans pitié pour les yeux écarquillés de panique de mon passager, je l'achève d'un impitoyable :  

 

-Et ?  

 

-...Et ça fait chier, capitule-t-il après une demi-seconde de réflexion. Et maintenant que cette conversation bien inutile est terminée, tu seras gentil d'enlever ce truc de mon Précieux, rajoute-t-il en repoussant d'une main ferme le canon du 357. T'es malade de menacer un trésor pareil ! Les femmes du monde entier ne s'en seraient jamais remises si ton doigt avait tremblé ! Et tout ça pour me gonfler avec des questions à la con ! Franchement Ryo, tu me déçois, je te croyais mon pote mais t'es juste un faux frère ! ronchonne-t-il en remontant le col de son pardessus pour mieux se recroqueviller dans le fauteuil.  

 

-Ne me remercie pas, je t'ai fait gagner quatre mois...  

 

-C'est tout à fait ça, je ne te remercie pas, me répond-il d'une voix acerbe. Je te préviens que si jamais mon mokkori est traumatisé par tes conneries, c'est toi qui paieras les séances pour le remettre d'aplomb ! Sexologue, bunnies et tout le tralala jusqu'à ce qu'il soit entièrement rétabli.  

 

-Mais non, lui rétorqué-je avec assurance, il ne risquait rien ton ptit mokkori, aucun risque avec moi voyons ! Tu oublies à qui tu avais affaire.  

 

-Ouais ouais, le plus grand tireur bla bla bla, commence-t-il, toujours renfrogné, mais en attendant, je sens bien que le choc a été grand. Il en est tout racorni, tout recroquevillé dans son coin et je sens bien qu'il tremble de tout son membre. Ce que tu viens de faire là Ryo c'est une honte, un crime de lèse-mokkori, que dis-je, un crime de guerre ! On ne risque pas la vie d'un mokkori, sache-le ! Jamais ! assène-t-il, la mine outrée.  

 

 

Pour toute réponse et sans détourner le regard de la route, j'arme de nouveau en une pirouette le 357, le braque sur le-dit racorni et avant que Mick n'ait eu le temps de réagir, je tire.  

Au cliquetis qui résonne comme un glas dans l'habitacle et qui indique que le barillet était vide de toute balle, je tourne la tête vers lui et croise son regard privé de toute vie et l'affreuse grimace qu'a laissé la frayeur qu'il vient de vivre. Devant son visage plus figé que la mort elle-même, je lui sors mon sourire le plus goguenard et, relevant mon coude, je laisse glisser et tomber au sol les six balles que j'y avais cachées discrètement pendant que je faisais pivoter mon arme.  

 

-Espèce de sale petit sournois... murmure-t-il dans un souffle.  

 

-Ne me dis pas que tu aurais préféré que le barillet soit plein ?  

 

Il ne répond rien et se renfrogne dans son fauteuil, le visage tourné vers la vitre. Je le laisse bouder en silence en ricanant sous cape. Mais la route est vraiment mauvaise alors j'en profite pour me concentrer sur la conduite, car le nombre de voitures qui ralentissent à n'importe quel moment va croissant. Sur le bas-côté, les engins de construction semblent observer de leurs regards placides cette marée de conducteurs en panique dans laquelle nous nous trouvons. Je tiens à conserver ma vitesse pour arriver au plus vite chez Makato et dois donc fréquemment déboîter pour éviter une voiture qui freine ou braque brusquement. Heureusement, le calvaire touche à sa fin et j'atteins enfin la bretelle de sortie. Mais alors que je m'apprête à bifurquer, une berline perd le contrôle à cause d'un énorme trou dans la chaussée et elle se place sur ma trajectoire. Tout en gardant la maîtrise de ma conduite, j'accélère à fond tandis que l'adrénaline afflue en masse dans mon corps. Les réflexes au maximum de leurs capacités et en un incroyable slalom, j'arrive à l'éviter ainsi que les deux voitures qui ont pilé derrière elle, et lorsque la Mini finit par partir en tête à queue, je gère à merveille les deux tours qu'elle effectue pour réussir, d'un dernier coup d'accélérateur, à nous dégager enfin de là.  

 

De retour sur une route moins hostile, l'évidence me frappe. J'ai géré ça comme un dieu ! Un tel brio dans la conduite... Je m'épate un peu plus encore que d'habitude ; c'était digne de mes plus grands raids dans la jungle !  

 

Poussé par une légitime bouffée d'orgueil, je pousse un cri de libération et ne peux m'empêcher de partager ma fierté avec Mick :  

 

-T'as vu ça ? Rien à dire, pour ça comme pour tout le reste je suis définitivement le meilleur ! Numéro un un jour, numéro un toujours !  

 

Tout à ma conduite, j'en avais oublié l'état d'esprit de mon passager, peu enclin à partager mon auto-satisfaction. Du coup, j'ai à peine droit à un coup d’œil, et encore... glacial le coup d’œil. Une vraie douche froide pour mon égo. Coupé net dans mon élan et peu enclin à me mettre à sa place, je ne peux m'empêcher de lui faire remarquer son ingratitude.  

 

-Quel rabat-joie ! C'est comme ça que tu me remercies ? maugréé-je presque pour moi-même.  

 

-Ah au fait, en parlant de ça Ryo...  

 

« Ah, si, tiens, il a entendu » me dis-je en me tournant vers lui... pour découvrir son poing juste avant qu'il ne percute mon nez.  

 

-J'avais effectivement oublié de te remercier, ironise-t-il pendant que je me tiens la partie douloureuse du visage et tente de virer les étoiles de mon champ de vision. Alors merci.  

 

-Mais t'es dingue ?! m’écrie-je, on ne prend pas les gens en traître comme ça ! Tu veux te battre, tu me préviens et on se cogne ; je n'ai même pas eu le temps de parer. Regarde-moi ça, mon beau nez va être complètement tuméfié.  

 

-Eh oui, que veux-tu... Ton nez contre mon mokkori, tu t'en sors plutôt pas mal je trouve. Le mien est complètement traumatisé je te rappel... Outch ! s'écrit-il lorsqu'à mon tour je lui retourne une droite bien placée et sans plus de sommation dans la mâchoire. Après tout, ses dents me faisaient de l'œil tout à l'heure alors je rajoute le plaisir à la revanche.  

 

-Voilà, maintenant c'est équitable. Tu frappes ce qui est visible, j'en fais autant. Mon nez Mick... Mon nez ! Tu as porté atteinte à ma beauté virile.  

 

-Et toi à ma virilité tout court espèce d'enfoiré ! m'assène-t-il en tentant un crochet, que j'évite bien entendu en lui retournant un coup de coude par la même occasion.  

 

- « Tout court », reprends-je m’esclaffant, « tout court »... mais c'est exactement le mot qui convient à ta virilité mon pote !  

 

-Tu ne m'arriveras jamais à la cheville ! m'assène-t-il en accompagnant sa tirade d'une droite qui m'atteint l'arcade.  

 

Ce coup je l'ai vu arriver. J'aurais très bien pu l'éviter. Mais je l'ai laissé me frapper. Oui, je sais, c'est étrange mais c'est notre façon de communiquer. C'est plus marrant que de s'épancher comme il a fallu qu'on le fasse ces dernières minutes. C'est plus... viril. On se cogne mais pas trop fort. Il retient ses coups. Et moi j'encaisse... un peu. Histoire d'accepter ses remerciements. Parce que oui, c'est sa façon de me dire merci. Même s'il n'a pas relevé quand je le lui ai dit, il a bien compris qu'il vient de gagner quatre mois. Il aurait pu me payer un coup, mais l'humeur n'est pas à ça et le temps manque. Alors on se tacle et on se cogne.  

 

-Cherche pas Mick, même ta cheville ne m'arrivera jamais à la cheville, lui retourné-je, ainsi que la droite, qu'il pare avant de m'envoyer une manchette que je maîtrise tant bien que mal en lui bloquant le bras sous mon coude. Mais en faisant ça je baisse ma garde, et de sa main libre il m'attrape au cou et appuie violemment sur la carotide. Le sale serpent, quel coup sournois ! D'un mouvement d'épaule je déplace son bras bloqué pour transformer ma prise en clé au bras et lui faire lâcher prise, mais il en profite pour m'envoyer un coup de coude bien plus violent que le premier. C'est qu'il serait vexé l'animal ! Le second round commence. Le rythme des attaques s'accélère et leur violence aussi. La Mini fait des bonds dans tous les sens comme si nous étions encore sur l'asphalte défoncé. C'est jouissif cet échange masculin. Plus un mot. Juste de l'action. Enfin je nous retrouve tels que nous sommes les meilleurs. Potes. Virils. Ensemble.  

 

Tout à l'enchaînement de mes passes et parades, je percute tout à coup que mes deux mains se trouvent autour du cou de mon passager. Je bloque sur cette vision et me fige, les yeux fixant mes mains. Mick, immobile à son tour, me regarde, d'abord perplexe devant ma réaction. Mais quand je le vois soudain baisser le regard vers mes mains je sais qu'il a pigé : si mes deux mains sont autour de son cou... alors elles ne sont pas ailleurs !  

 

Comme un seul homme, nous nous tournons brusquement vers le pare-brise et découvrons la façade de l'immeuble vers laquelle nous fonçons en ligne directe, tandis que le volant tangue de gauche à droite en toute liberté. Dans un cri de panique commun, Mick et moi nous remettons automatiquement en position, lui les deux mains sur la plage avant et moi agrippant le volant pour lui donner un violent coup vers la droite. Encore une fois, la Mini se déporte et glisse sur la gauche sur une vingtaine de mètres avant de se poser comme une fleur le long du trottoir, pile entre deux voitures qui étaient garées là. Je jette un œil sur le numéro en métal doré qui s'affiche à côté de la porte de l'immeuble. Le 18. Pile chez Makato !  

 

-Et voilà, pavané-je en m'adressant à Mick, nous sommes arrivés !  

 

-Pas mal, reconnaît mon passager en quittant l'habitacle, et en plus on a bien dix minutes d'avance sur les autres.  

 

-Que veux-tu, c'est ça d'être le meilleur, fanfaronné-je en le rejoignant sur le trottoir. Mais si son sourire est amusé, son regard est celui d'un professionnel. Accompagnant sa concentration d'un hochement de tête, je baisse aussitôt mon aura et reporte mon attention vers l'immeuble où vit cet homme que nous devons protéger. Monsieur Makato. L'idée de rencontrer de nouveau ce petit homme ne m'est pas plus agréable que ça. Déjà parce que ce n'est pas une femme et surtout parce qu'il ne m'est pas très sympathique. Son attitude hier avec Mademoiselle Taki lors de l'alerte, ce que tu as découvert sur lui concernant son rôle dans l'enlèvement de Paris, rien ne tend à donner envie de lui faire confiance. Mais un client reste un client. Nous devons le protéger des Futago, point final.  

 

 

Lorsque, deux minutes plus tard, nous nous retrouvons dans le hall face à lui, l'impression est pourtant exactement la même. Le regard est toujours fuyant, les gestes nerveux. L'ensemble antipathique. Mais j'imagine que se retrouver face à Mick ne doit pas l'aider. Je revois encore mon coéquipier le toiser hier d'un : « Toi je t'aime pas » suffisamment explicite après qu'il ait tenté de s'abriter derrière sa secrétaire. Et le fait que la jeune femme se tienne à ses côtés, ses documents sous le bras, doit lui rappeler l'incident. En tout cas, il évite ostensiblement de le regarder et ne s'adresse qu'à moi.  

 

-Bon, je n'ai pas de temps à perdre. Ma journée est très chargée et j'ai déjà perdu une demi-heure à vous attendre. Donc nous partons maintenant.  

 

-Pas tout à fait Monsieur Makato, le détrompé-je calmement, nous allons d'abord attendre que le reste de l'équipe arrive. Ensuite, nous sortirons en premier pour vérifier que c'est sans danger. Alors seulement vous pourrez nous rejoindre et prendre votre voiture.  

 

-M.. Mais combien de temps cela va-t-il prendre ? s'étrangle-t-il, vous ne comprenez pas, je suis pressé, je n'ai pas toute la matinée moi !  

 

-C'est vous qui ne comprenez pas, intervient Mick un peu plus sèchement que moi, ceux qui en ont après vous ne plaisantent pas. Si vous y tenez, rien ne vous empêche de sortir, assène-t-il, mais croyez-moi, vous serez plus qu'en retard à votre rendez-vous, à tous vos rendez-vous d'ailleurs.  

 

Même s'il n'a aucune idée d'à quel point sa vie est en danger, le petit homme blêmit et perd quelques bons centimètres en s'affaissant sur place. Malgré tout, il récupère vite et se retourne vers Mademoiselle Taki à qui il s'adresse avec morgue :  

 

-Mademoiselle, prévenez le reste de l'équipe que nous reportons la réunion de ce matin. Vous auriez dû anticiper dès que vous avez vu l'heure tourner. J'espère que nos partenaires ne s'en offenseront pas, sinon vous en porterez la responsabilité !  

 

-Oui monsieur, bien monsieur, acquiesce la jeune femme en attrapant son téléphone sans se formaliser de la fin de sa phrase.  

 

 

Je la regarde s'éloigner et parler au téléphone en me disant qu'il me plairait bien plus de l'avoir elle comme cliente plutôt que cet insupportable bonhomme. Le monde est mal fait me dis-je en me rappelant le but de ma mission. Mais il ne perd rien pour attendre. Dès que cette histoire avec les Futago sera terminée, je m'occuperai de son cas et de sa responsabilité dans l'histoire de la mokkori-frappée de sœur. Il aura des comptes à rendre et je m'assurerai qu'il en soit ainsi.  

Il doit sentir mon animosité car il recule instinctivement de deux pas et commence à fourrager dans sa mallette, visiblement pour empêcher ses mains de trembler. Lorsque je reporte mon regard vers mademoiselle Taki c'est pour croiser son sourire. Vraiment mokkori cette demoiselle Taki... Elle se dirige vers moi et m'indique qu'elle souhaite me parler. Je la rejoins vers le fond du hall.  

 

-Monsieur Saeba,, commence-t-elle, je voulais vous remercier.  

 

-A quel sujet ?  

 

-A propos d'Ayako. Il m'a expliqué hier ce qui s'était passé sur le toit. Je... Je l'ai quitté vous savez. J'ai été tellement déçue de savoir qu'il me suivait, alors j'ai besoin de réfléchir. Mais je vous remercie surtout de ne pas l'avoir fait arrêter. Il n'est pas méchant.  

 

-Il n'avait commis aucun délit. A part celui de manquer de confiance. Mais à mon avis il ne recommencera plus.  

 

-Oui je sais. Il me l'a dit. Mais pour l'instant je ne veux plus le voir...  

 

-Mademoiselle ! l'interrompt son patron, au lieu de discuter, est-ce que vous avez fait ce que je vous ai demandé ?  

 

-Oui Monsieur, lui répond-elle après s'être légèrement inclinée devant moi en un dernier remerciement avant de retourner vers lui. En la regardant s'éloigner d'un pas assuré vers son obséquieux patron, je ne peux m'empêcher de lui trouver une sacrée force de caractère. Elle s'en sortira c'est sûr. Elle te plairait sûrement en tout cas, me dis-je en pensant à toi, au moment où Mick, en poste devant la porte vitrée, m'interpelle.  

 

-Ryo ! Je vois la jeep de Falcon et la voiture de Saeko.  

 

-Et celle de Kaori ?  

 

-Non, pas encore, me répond-il d'abord avant de faire une pause puis d'ajouter : « Mais j'y pense... Tu n'avais pas dit qu'elle était restée devant l'appartement de l'autre, le Paris Plouc ? »  

 

Et là, alors que j'étais en train de me diriger vers lui, je me fige sur place. Ta voiture... Chez lui... La situation me tombe dessus aussi lourdement qu'un compeïto. Donc toi, que j'ai fait reconduire chez Miki alors que tu voulais rester, tu te trouves sans moyen de locomotion pour nous rejoindre ; tu voulais rester et je t'ai ordonné de rentrer ; et c'est moi en plus qui t'ai dit de laisser ta voiture chez ce Paris-Plouc. Je t'imagine au moment où tu as dû te rendre compte de la chose. Tu dois être furieuse, et encore c'est un bas mot. Je suis mal là... Très mal.  

 

Et alors que je prends conscience de la chose, Mick en fait sûrement de même, car il s'esclaffe soudain :  

 

-Excellennnnt ! A peine City Hunter reformé tu foires déjà ton coup !! Toi qui regrettais les douces attentions de Kao... Qu'est-ce que tu vas prendre ! A mon avis elle va pouvoir réviser toutes ses armes sur toi vu à quel point elle doit te détester en ce moment ! En tout cas c'est tant mieux pour moi, ça me fera un bon prétexte pour faire venir Kazue ! Ahhhh voilà qui me console de cet interminable voyage en voiture ! m'assure-t-il, les yeux bleus moqueurs et la mèche en bataille, en appuyant sur la poignée de la porte pour sortir.  

 

 

Et alors que l'air se vrille soudain de danger et que je me tourne vers mon client et sa secrétaire pour leur crier de s'allonger, le bruit de la porte vitrée qui explose sous l'impact de la balle couvre le cri de Mick. Comme au ralenti, son corps se projette d'arrière en avant puis bascule lentement vers l'arrière avant de s'effondrer au sol, son sang venant maculer de rouge son pardessus et le marbre blanc du hall d'entrée.  

 


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