Chapter 6 :: Chap 6

Published: 05-01-14 - Last update: 05-01-14

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Chap 6  

Bien qu’épuisée, Kaori n'avait plus envie de dormir. Elle ne savait pas du tout quoi penser de tout ça. Elle se demandait aussi à quoi pouvait songer Ryô. Leur proximité soudaine lui faisait presque peur. Elle le connaissait très bien. Mais jusqu'à présent il ne s'était jamais vraiment dévoilé; il avait toujours joué un rôle. Or, elle avait l'impression qu'il changeait et que le masque de son équipier commençait à se fissurer.  

Cela lui paraissait si étrange. 5 Jours plus tôt, elle se demandait si elle n’allait pas tout quitter, tenter une nouvelle vie ou disparaître.  

Pourtant en cet instant, elle était dans le lit de Ryô !!! Il était présent, aux petits soins et ils s’étaient embrassés. Kaori sentit des rougeurs apparaître sur son visage. Il fallait qu’elle arrête ça ! Cela lui donnait l’impression d’être une adolescente et, cela l'ennuyait beaucoup. Pourquoi devait-elle toujours rougir ? Mais ce n'était pas le plus important finalement.  

Ce qui l'interpellait le plus était le nouveau comportement de Ryô et son attitude à elle. Kaori le connaissait, elle savait comment il était et comment il agissait. Son partenaire avait essayé de la séduire plus d’une fois au début de leur collaboration et elle n’avait jamais réagi comme ça ! Alors pourquoi ? Pourquoi ce changement ? Kaori était perturbée par leur comportement à tous les deux. La jeune femme était plus habituée aux humiliations de son compagnon que par cette soudaine gentillesse. Sa tête commençait à lui faire mal, quand la porte s’ouvrit :  

- Désolé, tu dors ? Murmura Ryô qui ne voulait pas réveiller Kaori.  

- Non je n’y arrive pas. Répondit-elle doucement.  

- Tu devrais, tu as une sale tête. Dit-il d'une voix légèrement amusée.  

- Merci ça fait toujours plaisir. Tu veux quelque chose ? Rétorqua-t-elle un peu vexée.  

- Oui juste te dire que le livreur aura du retard. Tu peux donc te reposer encore un peu. Je vérifiais que tout allait bien et que tu n‘avais besoin de rien. Ajouta-il avec une certaine gêne. Ryô se demandait si une fois de plus il n'aurait pas mieux fait de se taire. Le nettoyeur avait voulu faire sourire Kaori mais elle ne semblait pas apprécier son humour douteux.  

- Non, merci tout va bien. En revanche, j'aimerais que nous parlions. Dit-elle d’un ton très sec qui la surprit elle-même.  

- Tu es sûre ? Tu es fatiguée et tu dois te reposer. répondit-il d'une voix mal assurée.  

A cet instant il était dans ses petits souliers et n'aimait pas ça. Ryô tenta d'éluder cette conversation en prenant sa tête de petit garçon benêt . Il ne savait pas trop où voulait en venir sa partenaire et n'avait qu'une envie: se sauver. Kaori vit tout de suite le malaise de son collègue et voulut dédramatiser la situation.  

- Rassures toi ce n’est pas très grave. Mais j’aimerais qu’on se parle un peu. J’ai besoin d'obtenir des réponses.  

Le ton de sa voix s’était radouci. Mal à l'aise, elle était hésitante et s'arrêta de parler.  

Ryô comprit qu'il devait agir tel un adulte responsable et discuter avec son associée, même si cette idée était loin de le ravir !  

-D’accord je comprends.  

Il s'assit sur le lit et lui prit la main. Kaori voulut la retirer comme elle l’aurait fait avant mais n’en fit rien et laissa sa main dans celle très chaude du nettoyeur.  

- Que veux-tu savoir ? poursuivit Ryô.  

Il la fixait d’un regard intense, rempli de tendresse.Kaori inspira profondément pour se donner du courage puis se lança.  

- Pourquoi es-tu venu me chercher ? Comment as-tu su que j'étais au cimetière ?  

- Je t’ai cherchée car j’étais inquiet que tu te sois enfuie. Là j’ai compris qu’il se passait quelque chose de grave. Tu n’avais pris aucune affaire, sauf ton arme. Au début, je l’avoue, j’ai pensé que tu étais juste sortie, que tu avais besoin de prendre l’air et de souffler un peu. J’ai également cru que tu étais avec Miki et Umi. C’est quand Falcon m’a dit que je devais te retrouver au plus vite pour t'éviter d'attraper la mort que j'ai eu un déclic. Je suis arrivé sur place. Tu pleurais et t’agrippais à cette tombe comme si ta vie en dépendait.  

-Alors …tu as tout entendu ?  

- Non! Juste une petite partie. Mais ce qui m’a frappé, c’est de te voir exprimer ta douleur ; une douleur si profonde et tellement intense…cela m’a fait prendre conscience de certaines choses et lorsque je t’ai vue poser le canon de ton arme contre ta tempe... Je... je...  

Il ne parvenait pas à continuer car sa gorge se serrait, devenait sèche et douloureuse.  

-Kaori, honteuse et ébahie par le silence de Ryô, voulut retirer sa main mais il resserra sa prise. Alors elle tenta de se cacher sous les draps. Il souffrait à cause d'elle ! La jeune femme ne pouvait pas supporter de lui avoir fait du mal, elle ne savait plus quoi faire ni où se mettre. Ryô la découvrit, la regarda et lui parla avec tendresse :  

- N’aies pas honte, je suis plutôt heureux d’avoir vu ça…enfin... façon de parler! Car je t’ai découverte toi, la vraie Kaori… pas celle que tu me dissimules toujours. J’ai aperçu la souffrance que tu masquais. J’ai vu au plus profond de toi et j’ai compris que j’aurais dû te parler plus tôt de ce qu’il s’est passé récemment. J’ai enfin pris conscience de la souffrance que je t’infligeais. Pour tout ça je suis désolé.  

Pour la première fois, il baissa la tête devant Kaori. Il avait l'air d'un petit garçon perdu et malheureux. Le nettoyeur semblait éprouver une réelle douleur.  

Le coeur de Kaori vibra devant cette confidence et face à cet homme qui se dévoilait. Elle essaya de le rassurer et de le réconforter.  

- Non tu n’y étais pas obligé.  

-Si! C'est important pour moi. Il est temps que je te parle à coeur ouvert, que je ne me cache plus derrière un masque; parce qu'à cause de moi tu as failli...  

Le nettoyeur souffrait terriblement car il avait été à deux doigts de perdre Kaori. Il savait qu’elle sacrifierait sa vie pour lui, mais il n’acceptait pas ce fait ; tout comme il ne supportait pas l’idée qu’il ait une grande part de responsabilité dans la tentative désespérée de sa partenaire. Un geste que le jeune homme n’arrivait pas à nommer mais qui, s’il avait abouti, ne lui aurait plus permis de revoir son ange…  

- A deux reprises, je t’ai fait part de mes sentiments. Ensuite, je t’ai laissée comme si de rien n‘était. J’ai mal agi, je le sais et je te demande pardon. Je ne peux pas nier que je ne savais pas que ca te ferait du mal mais je ne me doutais pas à quel point. J'ai toujours essayé de t'éloigner de moi pour te protéger de mon monde de noirceur et pourtant c'est moi qui te conduis directement vers l'obscurité et la douleur.  

Il voulut lâcher la main de sa partenaire mais elle l'agrippa fortement à son tour.Un long silence s’installa.  

Kaori repensait à ce que venait de lui avouer Ryô. Elle était sous le choc. Il faisait face.  

C'était douloureux mais il devait le faire. Depuis qu'il avait vu son ange avec cette arme, il s'était promis de changer et de se dévoiler, de faire tout son possible pour aimer Kaori et le lui montrer. Le jeune homme prit une profonde inspiration et dit d'une voix étranglée :  

- Kaori…pardonne-moi !  

Elle était bouche-bée. Ryô, ce tueur infaillible, ce dragueur invétéré, ce fêtard loufoque, lui demandait pardon, à elle, une pauvre petite femme maladroite, timide et qui rougissait pour un rien. Elle n'était pas sûre d'avoir bien compris.  

- Je t'en supplie Kaori, pardonne-moi! Je t'ai fait souffrir consciemment mais j'étais loin de savoir ce que tu endurais. J'espérais que mes actes et mes paroles te pousseraient à me haïr et te permettraient de te créer une carapace.  

- Te haïr ? Je l'avoue, j'ai essayé mais je n'ai jamais réussi. Tu m'as toujours fascinée malgré ton comportement ignoble. Tu devrais le savoir, je suis intimement convaincue qu'il y a du bon en chaque personne. Je sais qui tu es et comment tu fonctionnes.C'est pour ça que je suis toujours revenue. Je me disais que je devais rester pour m'occuper de toi. Qui l'aurait fait sinon ?  

Elle posa sa main sur la joue de Ryô ce qui le fit sursauter. Elle mit tout son amour pour lui dans ses caresses. Un peu tendu, il finit par se laisser aller. Il attrapa la main de Kaori et l'embrassa avec beaucoup de délicatesse. Il lui était si reconnaissant. Elle était son ange gardien et son coeur.  

Kaori murmura :  

- Ryô ! C’est …c’est oublié.  

Il prit Kaori dans ses bras et elle sentit une goutte roulée dans son cou. La jeune femme leva à peine les yeux vers lui et fut paralysée de le voir pleurer. Kaori n’osa pas bouger. Elle comprit que Ryô avait besoin d'être avec elle. La nettoyeuse le serra fort. Elle se rendit compte que Ryô cherchait des forces et du réconfort dans ses bras. Il était un peu fragile comme un petit garçon qui aurait besoin d’un très gros câlin. Elle l'enlaça encore plus fort et respira son odeur profondément. Elle ferma les yeux et se laissa transporter par l’instant.  

Ryô s’abandonna complètement. Il ne pensait plus à rien et ne cherchait plus à cacher sa souffrance. Il se laissa aller dans les doux bras de Kaori. Il se sentit bien et apaisé !!!  

Ce fut la sonnette qui les «réveilla» de ce moment si particulier. Ryô regarda Kaori qui ne rougit, ni ne baissa les yeux. Puis il alla chercher à manger.  

Se retrouvant seule Kaori était presque sur le point de s‘évanouir à cause de toutes ces émotions. Heureusement Ryô revint vite pour lui changer les idées. Il s’assit sur le lit à côté d’elle et ils mangèrent tout en regardant un peu la télé. Ils avaient décidé de l’allumer pour tenter d’alléger un peu toute cette ambiance.  

Suite à ce bon repas pris dans la bonne humeur, Kaori un peu éreintée commençait à s’assoupir. Ryô décida donc de quitter la chambre et de la laisser dormir. Lorsqu’il arriva à la porte elle lui dit :  

- Ryô, j’ai réfléchi. Tu as besoin d’une bonne nuit. On a déjà dormi ensemble alors que dirais-tu de passer la nuit ici ? Mais je te préviens c’est juste pour dormir. Pas de tentatives nocturnes !  

- Kaori ! Pour qui tu me prends ? Tu n’es pas en état de faire quoique ce soit!  

- Parce que toi oui ? Tu as l’air d’un zombi.  

- Rassures toi, nous allons juste dormir, on en a besoin l’un comme l’autre. Je le reconnais. Je te remercie de penser une fois de plus à mon bien-être.  

Il se rapprocha d’elle et lui posa une question d'un ton assez mal assuré :  

- Kaori. Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ?  

En réponse elle se blottit contre lui. Contrairement à la dernière fois où ils avaient dû partager le lit, ils n’étaient pas tendus et s’endormirent vite bercés par la respiration de l’autre.  

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