Chapter 19 :: Chap 14

Published: 23-01-14 - Last update: 23-01-14

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Chap 14 :  

Kaori s'approcha de la fenêtre et regarda Ryô et Satsuki s’éloigner. Elle avait le cœur serré de ne pas être avec eux. Elle aurait voulu être utile, servir à quelque chose, plutôt que d’être un poids, voire un boulet. Elle avait beaucoup de mal à supporter cette situation. Oui, elle était consciente qu'elle devait se reposer encore un peu, mais elle n'était pas handicapée !  

La jeune femme, bien que déçue de ne pas être auprès de son compagnon, tentait de se résigner. Face à la détermination de son partenaire elle ne pouvait rien faire. Il s'était métamorphosé en « loup » féroce et sauvage pour tout ce qui la concernait.  

Elle devait reconnaître que la nouvelle attitude de Ryô envers elle lui plaisait. Elle ne réalisait pas encore tout ce qui avait changé, mais se savoir aimée de l'homme qu'elle chérissait depuis si longtemps, la transportait de joie.  

Elle prenait conscience du chemin parcouru ces derniers jours et elle en eut des vertiges. Etant seule et au calme, elle repensa à la nuit passée. La première chose qui lui vint à l'esprit fut sa facilité à se laisser porter par ses pulsions. Comment avait-elle pu être aussi libérée ? Elle en rougit. Elle était loin d'imaginer qu'une telle femme existait en elle.  

Elle avait découvert des sensations qu’elle ne soupçonnait pas. Ryô, pour cette nuit, s'était transformé en prince de conte de fées. Il avait été d'une telle délicatesse, d'une telle douceur ! Il l'avait écouté, il avait été attentif à ses moindres réactions. Surtout il ne l'avait forcé en rien, il l'avait laissé évoluer à son rythme et ne lui avait mis aucune pression. Non seulement c'était un homme hors du commun mais c'était effectivement un amant fabuleux.  

Elle, qui s'était posé tant de questions, elle s'était imaginé tant de fois sa première fois ! Elle s'interrogeait depuis si longtemps ! Maintenant, elle n'était plus une jeune femme naïve, la seule de ses amies qui n'avait jamais fait l'amour.  

Cette nuit l'avait changée pour toujours. Faire l’amour avec Ryô avait été paradisiaque. Elle avait adoré cette nuit à tel point qu'elle savait qu'elle aurait du mal à s'en passer. Mais pourquoi avaient-ils donc attendu si longtemps ? Ce qu'ils avaient été bêtes. En même temps elle savait très bien pourquoi Ryô avait résisté.  

Elle comprenait pourquoi il l'avait repoussée toutes ces années, pourquoi il avait essayé de la tenir éloignée de lui. Il tenait à elle depuis le début et elle s'était imaginée le contraire. Elle avait pensé qu'il la gardait uniquement parce qu'il avait promis à son frère de ne pas la laisser seule.  

Les paroles que son homme lui avait dites hier soir avaient effacées les nombreuses douleurs de ces dernières années. Entendre qu'il la trouvait désirable ! Elle n'en avait pas espéré autant. Elle se remémorait le regard de braise qu'il avait eu, ses mains expertes... elle commençait à avoir chaud, son visage s'empourprait.  

Le tintement de la sonnerie, la fit sursauter. Elle respira profondément pour tenter de cacher ses rougeurs et pour reprendre ses esprits. Elle regarda par le judas, comme elle s'en doutait, c'était Miki qui venait la chercher.  

Elle lui ouvrit la porte, un beau sourire aux lèvres. Elle proposa à Miki d'entrer et la serra fort dans ses bras.  

Son amie fut très surprise par l'aura lumineuse qui se dégageait de Kaori. Elle semblait heureuse, quelque chose avait changé en elle. Cette nouvelle attitude l'interpellait et l'excitait. Elle voulait connaître à tout prix les raisons de cette modification. Il lui faudrait être subtile car la nettoyeuse ne parlerait pas facilement. La barmaid aimait jouer au détective, ça tombait à point nommé.  

La voix de son amie la sortit de sa rêverie :  

- Miki ? Tu es sûre que ça va ? Tu as l'air... absente ?  

-Euh oui, oui je vais très bien. répondit-elle confuse. Je rêvais c'est tout. Tu sais que j'ai souvent la tête dans les nuages. C'est plutôt à moi de m’informer de ta santé. Tu as l'air d'être en forme aujourd'hui. Ça fait plaisir à voir, tu es rayonnante.  

Kaori rougit, elle ne savait jamais comment réagir face aux compliments.  

- Oui ça va mieux merci… Miki ?  

- Oui ?  

- Je voulais te dire... je...  

La jeune femme voulait exprimer toute sa reconnaissance mais l'émotion lui serra la gorge.  

- Kaori ? Ça ne va pas ? Tu es toute blanche ? Tu m'inquiètes. Tu veux t'asseoir ?  

- Euh ! Non, non ce n'est pas ça. C'est que je... Je voudrais m'excuser et te remercier aussi.  

- T'excuser et me remercier ? Pourquoi ? Kaori je ne comprends rien.  

Elle était anxieuse car elle ne savait pas où voulait en venir son amie.  

- Miki je suis sincèrement désolée pour toutes les inquiétudes que je t'ai causées. Je suis navrée de ne pas être une bonne amie, je regrette de t'avoir fait si peur, je....  

- Kaori, arrête ! Tu n'as pas à t'excuser. C'est plutôt à moi de te demander pardon car je n'ai pas été assez disponible pour toi. Tu allais très mal et je ne t'ai été d'aucun soutien. Tu n'as pas pu te confier à moi et j'ai honte. (Les larmes lui montaient aux yeux.) C'est moi qui te remercie, merci de t'être battue et d'être encore en vie. Si tu étais... Je n'aurais pas pu le surmonter. termina-t-elle d'une voix quasi inaudible.  

Kaori était très émue par les paroles qu'elle venait d'entendre. Elle était touchée par l'amitié de Miki. Elle aussi craqua. Les deux amies en larmes s'enlacèrent. Elles pleurèrent un moment ce qui leur permit d'évacuer tous les événements passés. La nettoyeuse fut la première à parler, elle avait la voix encore tremblante et mal assurée :  

- Miki, je t'aime comme une sœur tu sais ?  

Son amie ne répondit pas mais opina de la tête. Par ce petit geste elle lui disait qu'elle aussi l'aimait.  

- Après toutes ses émotions, que dirais-tu d'un café ? Il en reste encore et je peux aussi nous amener des petits gâteaux, ça te dit ?  

Kaori essuyait les dernières larmes qui roulaient sur ses joues.  

-Oui c'est une très bonne idée et puis ça nous donnera un coup de fouet.  

Kaori disparut un court instant dans la cuisine, elle revint les bras chargés d'un plateau contenant les deux tasses de café avec de nombreuses petites douceurs. Les deux jeunes femmes avaient retrouvé tout leur entrain et riaient de nouveau le cœur léger. Heureuses d'avoir pu se parler franchement, elles discutèrent de choses plus frivoles.  

Miki confia à Kaori les joies du mariage. Combien elle était heureuse d'être Mme « Umibozu ». D'autant plus que son mari la comblait de bonheur. Contrairement à son apparence d'homme brut et baraqué, il était très doux et attentionné. Elle rayonnait !  

La nettoyeuse profita de ce récit pour imaginer sa vie avec Ryô. Rien ne serait simple c'était certain, mais tout partager avec lui, enfin, était son conte de fées. Ça n'avait rien d'exceptionnel ! Pourtant pour elle, être la femme du nettoyeur numéro un du Japon, était son rêve depuis de nombreuses années.  

- Kaori ? Tu m'écoutes ? A quoi tu penses ? demanda doucement Miki.  

Elle avait remarqué que son amie avait l'esprit ailleurs.  

Honteuse, la jeune femme changea de sujet, elle devrait faire attention de ne pas avoir l'air trop absente :  

- Miki, je sais que Ryô t' a demandé de ne pas me laisser seule mais il ne m'a pas interdit de quitter l'appartement.Et si nous rejoignons ton cher mari au café ? Comme ça je n'aurai pas l'impression de vous séparer ?  

- Quelle bonne idée ! Mais... je ne .. sais pas ...  

Miki hésitait car elle ne savait pas ce qu'en penserait Ryô.  

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne veux pas retourner auprès d'Umibozu ?  

- Si, si mais je te connais, tu vas te croire obligée de nous aider et c'est interdit pour toi. Tu n'es pas encore totalement rétablie et je ne veux pas te voir travailler. Donc …  

-J'ai besoin de sortir, Miki regardes-moi. Tu sais que je vais mieux et que je peux me promener un peu. Je t'assure que je ne ferai pas de folie et que j'irai doucement.  

- D'accord. En plus je reconnais que mon Umi manque. Mais je te préviens je vais te surveiller ! Pas la peine d'essayer de m'avoir.  

La nettoyeuse toute heureuse embrassa son amie. Elle culpabilisait de séparer des jeunes mariés et qui plus est ses amis. Se promener un peu, voir du monde lui ferait vraiment du bien. Ça l'aiderait à penser à autre chose qu'à cette nuit.  

Elle se souvint de ses derniers achats, et demanda à Miki de l'attendre. Elle allait se changer. Elle ne pouvait pas devenir une autre femme du jour au lendemain mais elle voulait faire plaisir à Ryô. Quand il la verrait en rentrant du travail, elle souhaitait le surprendre un peu en étant plus féminine.  

Elle enleva son jean et son large chemisier. A la place elle mit un tee-shirt noir tout simple mais assez décolleté et cintré, car sa taille si fine serait mise en valeur. Puis elle enfila une petite jupe trapèze noire. N'ayant pas l'habitude et ne se sentant pas à l'aise, elle préférait y aller en douceur. Sa tenue n'avait rien d'extraordinaire mais elle faisait d'elle une femme classe.  

Elle n'osa pas mettre de talons mais fit un effort et choisit de petites ballerines. Kaori allait quitter la chambre quand elle se rappela les recommandations de son homme : ne pas quitter son arme.  

Une question pratique lui vint à l'esprit, sa tenue était belle mais où allait-elle pouvoir cacher son révolver ? Une jupe si courte n'avait rien de pratique.  

Elle essayait de trouver une solution, déçue elle se dit qu'elle allait remettre son jean. Quand elle repensa à Saeko. Elle accrochait son arme sur sa cuisse, elle ferait de même. Fière de cette idée, elle se mit du gloss pastel sur les lèvres, se regarda dans la glace et se trouva pas mal, pour une fois ! Elle se fit même un clin d'œil. Elle prit son sac à main et sortit de la chambre.  

Miki fixa son amie. Kaori rougit et se sentit mal à l'aise. Le regard insistant de son amie la faisait douter. Elle commençait à croire qu'elle était incapable de s'habiller autrement qu'en garçon manqué. Elle reculait quand Miki lui sauta au cou.  

Sa confidente la serra fort dans ses bras et lui dit qu'elle était sublime. Kaori rougit à nouveau mais de plaisir cette fois. Elle avait su se mettre en valeur toute seule ! Elle entrait dans le monde des femmes.  

Les deux amies quittèrent l'appartement.  

Elles se rendirent au Cat’s Eye à pied, il faisait bon et ça faisait du bien à Kaori de marcher un peu. Pourtant, elle ne put s'empêcher de penser à Ryô et à chaque fois elle avait un très mauvais pressentiment. Elle sentait que quelque chose de grave allait arriver.  

Miki qui ne se rendait compte de rien voulait monter à son amie toute la joie qu'elle avait de partager cette journée en sa compagnie. Elle souriait, s'émerveillait de tout et ne cessait de solliciter l'avis de la nettoyeuse.  

Devant tant d'enthousiasme, Kaori s'efforça de cacher son inquiétude et sourit. Elle voulait croire de toutes ses forces qu'elle se trompait.  

Lorsqu’elles franchirent la porte du Cat's Eye, la jeune femme vit Umi, une montagne de muscles virils, fondre littéralement de plaisir en apercevant sa femme. Il ne s'attendait pas à les voir et cette surprise lui plaisait beaucoup. Kaori trouvait ce couple, si atypique en apparence, tendre comme tout et d'un romantisme digne des plus belles histoires d'amour. Ils s’aimaient et le montraient à la terre entière il n’y avait plus qu’eux, ils étaient seuls au monde. Ils avaient une chance extraordinaire de s'aimer ainsi.  

Elle ne put s'empêcher de penser à sa relation naissante avec Ryô. Elle s'étonna de ne pas envier un peu la liberté que connaissait Miki et Umi. Non, finalement, elle pensait que garder secret son amour et sa liaison avec son partenaire lui convenait pour le moment. Elle l'avait attendu, rêvé, souhaité pendant si longtemps qu'elle le voulait juste à elle encore un moment.  

De plus elle reconnaissait que d'avoir ce secret avec son homme les rapprochait encore plus !  

Après avoir enlacé son mari, Miki invita son amie à s'installer à une table. Comme il n'y avait pas grand monde, Falcon leur conseilla d'en profiter. Il s'occuperait du service pendant qu'elles prendraient un peu de bon temps. Miki ne se fit pas prier et comme elle ne serait pas seule, Kaori accepta aussitôt.  

Les deux jeunes femmes décidèrent donc de prendre un bon thé bien chaud accompagné de quelques sucreries. Le café était très calme ce matin. Ils étaient donc libres de leurs paroles et de leurs attitudes. Miki pouvait s'adresser à son mari sans gêner le moindre client et toutes deux pouvaient également rire sans retenue.  

Cette matinée était des plus agréables. Kaori appréciait de passer du temps entourée de personnes qu'elle aimait.  

Umi comme à son habitude essuyait la vaisselle. Miki et la nettoyeuse se racontaient des bêtises entre filles. Falcon trouvait sa femme splendide. Il aimait cette ambiance décontractée. Voir son épouse de bonne humeur et sourire le rendait heureux.  

Kaori se sentait bien. Tous ici étaient ravis d'être ensemble. Le mercenaire avait même pris son courage à deux mains pour lui dire qu'aujourd'hui elle était vraiment très belle. Evidemment elle avait rougit. C’était une excellente idée d'être venue ici. Tout se passait pour le mieux et elle avait réussi à vaincre son inquiétude. Elle s'autorisa à se laisser aller.  

La jeune femme commença à avoir faim. Pour une raison inconnue, elle avait envie de beignets. Comme il y avait une pâtisserie nouvellement installée en face du café, elle expliqua à Miki qu'elle allait en chercher pour tout le monde.  

Son amie prenant son rôle de « protectrice » très au sérieux, elle l'accompagna. Les deux comparses entrèrent. Le doux parfum de toutes ces douceurs les appelait à la gourmandise.  

Elles salivaient de plaisir quand la vitre de la boutique, dans un énorme fracas, se brisa en mille morceaux, blessant Kaori et Miki. Une voiture venait de se jeter à pleine puissance dans la vitrine. Les deux jeunes femmes sonnées avaient été projeté sur le sol. La vendeuse s'écroula de peur.  

En à peine quelques secondes, deux armoires à glace sortirent du véhicule bélier et attrapèrent les deux amies. Aucunes des deux ne put se défendre car elles étaient évanouies.  

Umi, témoin de la scène, se précipita vers le magasin, il sortit son arme mais trop tard. Le temps qu'il réalise ce qu'il venait de se passer, une seconde voiture attendait pour embarquer les kidnappeurs et leurs victimes. Il comprit tout de suite que cette intervention avait été minutieusement préparée. Cet enlèvement était l'œuvre de vrais pros. Ca n'était même pas un avertissement, c'était une déclaration de guerre ouverte.  

Juste avant de refermer la portière, un des types cria :  

- Tu diras à ton ami Ryô qu’il est vraiment trop con et qu'il n’a rien compris.  

La voiture fila à toute allure, Falcon n'eut pas le temps de voir la plaque d'immatriculation !  

En colère mais aussi très inquiet Umi prit le téléphone...  

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