Chapter 26 :: Chap 21

Published: 01-02-14 - Last update: 01-02-14

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Chap 21 :  

Une sirène stridente déchira le calme de cette nuit. Les quelques rares passants ou malades qui se rendaient à l'hôpital se figèrent devant ces deux ambulances qui arrivaient, lancées à toutes vitesse. Leur allure ne laissait aucune équivoque, un sentiment de grand danger et l'impression que la mort rôdait était très présente.  

Une fois dans l'enceinte de l'hôpital, devant la porte des urgences, les sauveteurs eurent à peine le temps de sortir les brancards sur lesquels gisaient les deux nettoyeurs, que deux équipes médicales se précipitèrent sur les blessés.  

Devant la gravité de leurs blessures, chacun fut pris en charge par les meilleurs cardiologues de la ville. Sans perdre une seconde, ils furent conduis au bloc pour y être stabilisés et opérés. Le temps était devenu leur ennemi le plus dangereux.  

Tous deux ayant été touchés au thorax, leurs opérations seraient très risquées, dangereuses, longues, complexes et sans garanties de « vie ». Une course contre la mort elle-même venait d'être lancée mais personne ne pouvait dire qui allait la remporter. L'état de Kaori et Ryô étaient si critiques qu'aucun pronostic ne pouvait être donné. Le jeune couple allait devoir livrer la bataille la plus difficile de leur vie.  

Le calme revenait petit à petit, les ambulanciers rangeaient leur matériel et buvaient un café pour tenter de faire redescendre un peu la pression qu'ils venaient de vivre, quand une nouvelle ambulance apparut. Contrairement aux précédentes sa vitesse était plutôt tranquille, voire lente. Cette fois-ci, le véhicule semblait refléter la tristesse et la fatigue de ses occupants.  

Une fois à l'arrêt, il n'y eut pas d'affolement, les sauveteurs ne s'occupèrent pas des blessés. Les amis des nettoyeurs leur avaient demandé de les laisser se débrouiller une fois qu'ils seraient à l'hôpital. Au bout de quelques minutes Falcon ouvrit doucement les portes, il sortit sans un bruit, digne, droit comme un I. Il respira profondément et regarda, sans réel intérêt, le bâtiment imposant qui se trouvait face à lui. Le mercenaire frissonna puis retourna vers l'ambulance.  

Il aida Saeko, sous le choc, perdue, dont les jambes la portaient difficilement. La lieutenant était à l'opposé de qu'elle avait toujours été, elle se sentait fragile, faible et dépassée par les événements. Puis, Umi enlaça sa femme et la prit dans ses bras, malgré ses gesticulations, le mercenaire la garda contre lui, dans ses grands bras musclés et meurtris. Cet étrange trio, clopin-clopant, se rendit à l'accueil des Urgences.  

Une fois dans l'hôpital, ils devinrent la cible de tous les regards, patients, malades, personnel médical restaient muet face à ce spectacle. En effet, l'arrivée de trois individus, en sang, blessés, vêtus de haillons et recouverts d'une grande saleté ne pouvaient pas passer inaperçus. Pourtant le trio ne recula pas, Umi, Miki, toujours dans les bras de son mari et Saeko se dirigèrent vers le comptoir, la tête haute mais la peur au ventre.  

Aucun d'eux ne voulait réellement poser les questions fatidiques alors, ce fut Falcon qui prit son courage à deux mains. De sa grosse et grave voix, il s'adressa à l'hôtesse d'accueil, qui n'était pas très à l'aise devant eux :  

- Savez-vous si les deux blessés par balle sont encore en vie ? Nous sommes de la famille.  

Le ton utilisé par cette montagne de muscles était très clair : cet homme attendait une réponse nette et précise. Alors, toute tremblante, la réceptionniste tenta de lui répondre, sa peur se sentait dans sa voix :  

- Je .. je ne sais pas... mais... mais je vais me renseigner.  

D'un geste nerveux elle décrocha le téléphone, elle dut s'y prendre plusieurs fois pour parvenir à composer un numéro de téléphone, car, elle ne parvenait pas à contrôler ses tremblements.  

Au même moment, un médecin se risqua à les aborder :  

- Je constate que vous avez l'air d'attendre des nouvelles importantes mais je suis docteur et en vous voyant vous vous doutez bien que je ne peux pas rester sans rien faire. Vous êtes blessés, semble-t-il même en état de choc, en tant que médecin je me dois de vous ausculter je....  

Il ne put terminer sa phrase qu’Umi posait son regard noir et froid sur lui. Le jeune interne ne savait plus que faire ni comment se comporter, pourtant c'était son devoir de médecin de les prendre en charge.  

Il avait du mal à avaler sa salive, pourtant il devait se faire violence pour s'occuper de ces personnes, il ouvrit la bouche mais le mercenaire prit la parole, sa voix glaciale résonnait :  

-C'est très gentil à vous de vous inquiéter. Je comprends votre position mais si ça ne vous gêne pas nous allons attendre ici. Une fois que nous aurons notre réponse, nous vous suivrons et nous accepterons d'être soignés.  

Le docteur n'osa pas insister et tous fixaient la jeune standardiste complètement paniquée. Un silence lourd et pesant s'installa. Aucune personne présente dans le hall ne bougea, même les malades n'osaient se plaindre ou demander d'être auscultés. Le temps semblait s'être figé et virer au cauchemar.  

La tension était à son comble, les trois amis ne parvenaient plus à respirer, leurs cœurs allaient finir par s'arrêter, les nerfs de tous étaient proches de l'explosion quand soudain la jeune femme leva les yeux vers le trio et murmura, bon nombre de personnes en sursautèrent :  

- Deux personnes blessées par balle, un homme et une femme ont été admis ici il y a peu. Ils sont toujours en salle d'opération.  

La nouvelle permit de faire redescendre la tension de tous, sauf du trio. Puis, comme Umi l'avait dit, ils se rendirent en salle d'examen pour se faire soigner. Saeko, telle une petite fille, s'agrippait au mercenaire. Cette journée en plus d'être peut-être la dernière pour le couple de nettoyeurs, avait brisé certains boucliers chez certains, même les plus forts.  

Au vu de la circonstance exceptionnelle, le docteur accepta que les trois blessés soient examinés dans la même pièce. Falcon déposa délicatement Miki sur un lit, à côté d'elle se tenait la jeune lieutenant, toujours en état de choc.  

Le mercenaire, sachant sa femme et leur amie en sécurité, sortit de la pièce. Malgré l'heure tardive, il avait la triste mission de prévenir Mick et Kazue. Jusque là, Ryô avait voulu les protéger de cette affaire mais maintenant que sa vie et celle de Kaori ne tenaient qu'à un fil, il se devait de les appeler.  

Mick plutôt bougon répondit :  

- Qui que vous soyez, si vous me dérangez pour rien ça va....  

Il n'eut pas le temps d'en dire plus que la voix grave d'Umi se fit entendre :  

- Kaori et Ryô sont à l'hôpital central, ils sont gravement blessés, ils ont reçu une balle en pleine poitrine et, on ne sait toujours pas s'ils vont s'en sortir.  

Mick ne put prononcer un mot face au choc de la nouvelle. Il raccrocha, lorsqu'il se tourna vers sa compagne, elle comprit qu'il se passait quelque chose de très grave. L'américain était blanc comme un linge et l'angoisse se lisait sur son visage. L'ancien partenaire de Ryô expliqua tant bien que mal ce qu'il venait d'apprendre. Aussitôt ils se précipitèrent vers les Urgences.  

Falcon était là, attendant dans le hall d'entrée, debout, calme en apparence. Il avait remis ses lunettes noires qui lui permettaient de cacher son inquiétude et étrangement ce petit accessoire aidait son entourage à puiser la force nécessaire pour ne pas craquer complètement. Le fait de ne pas voir son angoisse, sa terreur face à ce drame lui donnait un statut particulier. Son physique imposant, rassurait aussi, à lui seul, ses amis en détresse.  

Sans un mot Mick et Kazue le suivirent jusqu'à la chambre des jeunes femmes. Un fois sur le seuil de la porte, le couple découvrit une Miki et une Saeko qu'ils ne connaissaient pas. Les deux femmes d'habitude si téméraires et souriantes étaient prostrées, inquiètes, blessées, éreintées et mortes de peur pour leurs amis.  

L'infirmière ne peut s'empêcher de s'assurer que tous allaient bien ou au moins le mieux possible dans cette situation. Le blond, lui, en profita pour discuter avec Umi. Ils sortirent de la chambre, s'arrêtèrent devant une machine à café, et le mercenaire lui raconta toute l'histoire, mais il se garda de parler des sentiments de Ryô et Kaori, il ne trahirait pas leur secret.  

Après ce long récit, Mick ne put s'empêcher de penser à Kaori, elle qui lui avait sauvé la vie, qui avait toujours été là pour lui dans les bons comme dans les mauvais moments. Il refusait d'accepter la situation, il ne pouvait pas imaginer qu'elle puisse... même y penser était insoutenable !  

Quant à Ryô, il avait été son seul et unique partenaire et il était son seul véritable ami, son partenaire de nuits folles, son confident, son double professionnellement et humainement. Il tentait de se rassurer en se disant qu'ils étaient tous les deux très forts, qu'ils avaient un caractère de feu et que rien ne pourra jamais les détruire. Pourtant, pourtant... ce soir, il avait peur et n'était plus sûr de rien.  

Tous en étaient au même point que Mick, à penser à tous les souvenirs partagés, à tout ce que ce couple hors-pair avait fait pour chacun d'eux et tous sans exception vivaient dans l'angoisse, dans la terreur de perdre ces deux amis si précieux.  

Miki ne cessait de revoir cette nouvelle Kaori qui s'était révélée aujourd'hui, la force de caractère dont elle avait fait preuve l'avait littéralement scotchée ! Puis elle se souvenait de toutes ces merveilleuses années passées à côté d'elle. Kaori était une sœur pour elle et elle refusait d'imaginer la vie sans elle.  

Au bout d'un certain temps, les deux hommes retrouvèrent les trois jeunes femmes, unies, se tenant la main. Jamais auparavant, ils n'avaient été aussi proches. Une fois encore Kaori et Ryô leur montrait l'importance d'avoir une famille sur qui compter. Mick enlaça tendrement Kazue, Falcon prit Miki sur ses genoux et Miki ne lâcha pas la main de Saeko.  

Ils ne pouvaient rien faire d'autre que d'attendre, patienter en silence, sans se regarder, de peur de voir sa propre peur dans le regard de l'autre. Chacun essayait de puiser des forces et du courage par la présence de leurs amis. Avoir les pieds et poings liés face à l'horreur de la situation, ne rien pouvoir faire les rendaient fous. La nuit la plus longue de leur vie venait de débuter.  

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