Chapter 28 :: Chap 23

Published: 03-02-14 - Last update: 03-02-14

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Chap 23 :  

Le doc semblait ravi de constater une telle réaction alors que les machines hurlaient à tout rompre. Pour ne pas interrompre ce processus, il débrancha les nettoyeurs et sut d'instinct qu'il devait les laisser seuls. Avant de sortir, il leur lança :  

- Les jeunes c'est à vous de jouer. Je vous fais confiance, il est temps pour vous de vous réveiller. Soit vous le faites tranquillement aujourd'hui, soit j'ordonne l'euthanasie, on ne va pas vous empailler tout de même. On vous veut en vie sinon c'est votre fin.  

Le médecin sourit en refermant la porte, son œil aiguisé avait remarqué d'imperceptibles mouvements musculaires. Il avait réussi, Ryô et Kaori commençaient leur retour parmi les vivants.  

Le plus dur pour lui allait être de trouver une excuse valable pour que ni le personnel médical, ni leurs amis n'entrent dans cette pièce.  

Lui était au courant pour leur couple, rien ne lui avait échappé. Ne voulant pas trahir ce secret de polichinelle, car tous se doutaient plus ou moins, il voulait leur accorder du temps à eux.  

Une idée lui vint, il allait jouer sur la fragilité de son grand âge. Arrivé dans la salle de repos, il ne tarda pas à simuler un malaise. Tous se précipitèrent au chevet du vieil homme.  

Pendant ce temps, Ryô et Kaori se réveillaient en douceur, ensemble. En symbiose parfaite, ils plongèrent leurs regards l'un dans l'autre. Comprenant qu'ils se tenaient la main, ils se la serrèrent avec toute la force que leur permettaient leurs corps fatigués.  

Le nettoyeur observait cette femme : Sa femme ! Qui malgré la situation était sublime, rayonnante et lumineuse. Le sourire timide de sa compagne lui réchauffait le cœur. Il ne put s'empêcher de la dévorer des yeux mais lorsqu'il aperçut un morceau de pansement dépasser du pyjama, il se souvint de la blessure de sa partenaire.  

Se sentant coupable, il lâcha la main de sa douce et dans un effort douloureux se tourna. Le jeune homme n'avait pas le courage d'affronter cette vision qui lui rappelait combien il avait échoué. La dure réalité lui fit mal. A cause de lui, elle avait pris une balle en pleine poitrine et avait failli mourir. C'était difficile pour lui de l'admettre mais il était le messager de la mort pour son Ange, elle méritait un autre homme que lui. Elle avait droit à une vie de bonheur sans ce genre de souffrances.  

Le nettoyeur refusait d'être la cause de nouvelles blessures ou de nouvelles douleurs et surtout, il ne voulait pas que Kaori, en le suivant, perde son humanité, son optimisme, sa douceur et sa pureté.  

Il était un assassin, un homme qui avait tué son propre père, il n'était qu'un tueur, il était LA MORT !  

Mais comment lui dire ? Comment ne pas la faire souffrir ? Comment la préserver ? Il n'accepterait plus la voir pleurer à cause de lui : il l’aimait.  

Jamais auparavant, Ryô n'avait éprouvé des sentiments aussi forts pour une personne. Jamais il ne s'était senti si fusionnel et si dépendant d'un être humain. Il désirait Kaori, il voulait être avec elle, la sentir contre lui, tout partager avec elle, s'engager avec elle. Mais il refusait de l'exposer plus longtemps aux dangers de leur vie, d'autant plus, qu'il n'était plus sûr de pouvoir assumer cette vie !  

Le nettoyeur avait été incapable de tirer seul, il n'avait pas su faire la seule chose qui le caractérisait : tuer. Il avait fallu la force et l'amour de Kaori pour les sauver. Le jeune homme était perdu, il ne savait plus quoi penser, quoi dire ni quoi faire. Face aux derniers événements, le tueur numéro 1 du Japon se sentait comme un petit garçon apeuré. Sa partenaire seule, était devenue City Hunter.  

Kaori laissa Ryô se retourner pour ne pas la voir, pour la fuir une fois de plus. La jeune femme ne souffrit pas de cette attitude et ne se mit pas en colère non plus. Depuis toutes ces années de vie commune, elle était parvenue à un tel niveau de connaissance sur son compagnon, qu'elle lisait facilement dans son âme. Sans aucunes difficultés, elle comprenait et sentait le combat intérieur qu'il menait.  

De plus, voir son partenaire recroquevillé sur lui même, tel un petit enfant blessé, lui suffisait comme démonstration. Paradoxalement à sa volonté de se cacher du regard de Kaori, Ryô se dévoilait, il se montrait faible et fragile devant elle, sans retenue ni pudeur.  

Lui qui ne cessait de tout maîtriser et de tout contrôler depuis toutes ces années, lâchait prise et s'ouvrait à elle. Le jeune homme se livrait, se mettait à nu devant la femme qu'il aimait, devant son Ange salvateur. Face à cette marque de confiance et d'amour, Kaori fondit en larmes, l'émotion étant trop forte à gérer. Puis, la jeune femme débordant de tendresse et d'amour pour cet homme, fragile, allongé ses côtés, se rapprocha de lui.  

Malgré une douleur aiguë, insoutenable, elle rampa aux côtés de son compagnon. La jeune femme fit un effort surhumain pour se relever et pour faire glisser Ryô sur ses genoux. Pendant un moment, elle ne bougea pas et lui ne réagit pas.  

…  

Un silence pesant s'installa, le jeune homme finit pas se replier sur lui-même et cacha son visage sur les genoux de Kaori. Les épaules du nettoyeur se mirent à trembler, il pleurait sans bruit. Aussitôt, telle une mère et une épouse, la jeune femme lui caressa doucement les cheveux.  

Ryô se mit à sangloter et à gémir, sa partenaire continua ses caresses et se pencha sur lui. Alors, pour la première fois de sa vie, il se laissa complètement aller. Il pleura tout en violence et en cris. Le nettoyeur évacuait tout qu'il avait accumulé depuis l'accident, depuis la perte de ses parents.  

…  

Kaori resta silencieuse mais par ses gestes tendres et bienveillants, elle touchait le cœur de Ryô. Elle avait un accès direct vers son âme. Elle lui faisait comprendre qu'elle serait toujours là pour lui, qu'il pouvait compter sur elle et lui faire confiance.  

Petit à petit la chaleur et l'amour de la jeune femme l'apaisèrent. Ils restèrent longtemps ainsi, Kaori entourant Ryô, sa tête posée sur ses jambes et sa joue contre le cœur de son Ange. Il commençait à se sentir mieux, la nettoyeuse sentit qu'il se calmait, son aura se faisait plus douce, alors, malgré la douleur, elle ne bougea pas et continua de le cajoler.  

La porte s'ouvrit silencieusement. Le doc, après avoir joué une comédie digne des plus grands acteurs avait réussi à s'éclipser quelques minutes. Voyant la scène, il comprit que son rôle ne devait pas prendre fin tout de suite. Il referma la porte.  

Au bout d'un moment, Ryô prit la parole mais ne bougea pas pour autant. Sa voix était tremblante, fatiguée, vidée et inquiète :  

- Kaori ?  

La jeune femme répondit tout en douceur :  

-Oui Ryô ?  

Hésitant, ne sachant pas comment le dire, il se lança :  

- Je … Comment fais-tu pour m’aimer ? Je suis mauvais, je te fais souffrir depuis des années, je suis égoïste, je suis, je suis...  

Les mots avaient du mal à sortir de sa bouche tant sa gorge était sèche :  

- Je suis un assassin, je ne sais faire que ça : tuer... Je suis la mort Kaori, je n'apporte que la souffrance et la fin de tout. Je n'ai pas su protéger Hide et toi....  

Kaori ne le laissa pas finir et dit tendrement :  

- Ryô, stop. Tu as tout faux, tu n'es pas la mort. Hide savait que son choix de vie était risqué. Je souffre de son absence mais il a agi en connaissance de cause. Jamais je ne t'ai reproché sa mort. Quant à moi, tu as toujours été là pour moi, tu as toujours tout fait pour qu'il ne m'arrive rien. Je suis blessée parce que j'ai fait un choix. MON choix ! Tu n'es coupable de rien !  

J’ai choisi seule, en mon âme et conscience de travailler avec toi. Je sais très bien ce que je risque.  

Ryô se raidit en entendant ces mots, alors, Kaori resserra son étreinte pour l'apaiser. Avec délicatesse et aussi très émue, elle continua :  

- Tu veux savoir pourquoi je t'aime ? C'est très simple, parce que tu es toi. Je te l'ai déjà dit, je t'aime tel que tu es. Tu as des défauts c’est vrai et pas des moindres, mais tu as de grandes qualités : tu es généreux contrairement à ce que tu penses, tu écoutes même si tu prétends le contraire, tu es fort, tu es doux quand tu le veux, tu es réconfortant, tu viens au secours des gens. Tu en as encore des dizaines d'autres, j'en suis sûre.  

Malgré l'émotion intense qu'elle ressentait, la jeune femme souhaitait enfin révéler tout ce qu'elle ressentait pour son partenaire. Et contrairement à ses habitudes, le nettoyeur ne chercha pas à fuir ou à faire l'imbécile, il écoutait attentivement. Les paroles prononcées par sa Sugar, chaque mot le touchait en plein cœur, faisant disparaître sa lourde « armure » défensive :  

- Enfin, Ryô tu n’es pas un assassin. Je sais que tous tes doutes viennent du décès de ton père, tu culpabilises… Cela montre que tu as une âme, que tu es humain. Tu ne l'as pas fait par choix mais pour survivre, et pour me permettre de vivre.  

Le jeune homme ne put ni répondre ni bouger, tout ce que Kaori venait de lui dire le laissait sans voix. Lui, un homme de l'ombre, qui avait vécu en enfer se trouvait purifier de ses fautes, cette femme, cet ange lui offrait une nouvelle vie !  

La nettoyeuse connaissant bien son partenaire sut qu'elle ne devait pas lui laisser le temps de réfléchir et tout en lui caressant la joue, elle ajouta :  

- Ryô tu n’es pas la mort, tu es la vie… Ma vie ! Tu m’as apporté le soutien dont j’avais besoin à la mort de mon frère. Malgré les souffrances que tu m'as infligées, je n'ai jamais cessé de t'aimer car même si je ne cautionne pas ton attitude envers moi, je sais pourquoi tu l'as fait et je ne peux rester indifférente face à ça.  

Ryô prit la parole, mal à l'aise :  

-Kaori, je t’en demande trop ! Tu as droit au bonheur, à la vie ! Tu as le droit de vivre une vie normale, de te marier, de fonder une famille. Tu dois pouvoir vivre sans craintes... Et puis je ne sais plus, je sais pas si.... je veux continuer cette vie...  

Les larmes l'empêchèrent de continuer, il agrippa Kaori de toutes ses forces.  

Emue, la jeune femme s'adressa à lui doucement :  

- Ryô je ne veux pas vivre sans toi, ma vie n'aurait rien de savoureux. Quant à City Hunter, s'il doit disparaître et bien il disparaîtra. Je ne te demanderai qu'une chose, laisse-moi être avec toi. De toute façon je ne te quitterai pas !  

La voix étouffée, le nettoyeur lui répondit :  

- Je ne te mérite pas, je suis incapable de te donner ce que tu attends.  

Un léger sourire apparut sur les lèvres de la nettoyeuse et elle dit :  

- Ryô tu me donnes ce que j’attendais: tu te confies à moi sans retenue. Tu m'as montré et dit que tu m'aimais et nous avons fait l'amour ! Je ne souhaite rien d'autre.... Ah si peut-être que tu joues moins les jolis cœurs devant moi.  

Le nettoyeur se redressa enfin, plongea son regard dans celui de sa compagne, ses yeux rougis par les larmes brillaient. La tristesse disparaissait au profit de l'amour. Ryô était amoureux de cette femme extraordinaire.  

La jeune femme ajouta discrètement :  

- Toi aussi tu as beaucoup souffert et tu as le droit de souffler et de goûter au bonheur.  

Le corps meurtri de douleurs, Ryô prit Kaori dans ses bras et en l'embrassant lui murmura: « Kaori, je t'aime » 

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