Chapter 10 :: Chap 10 : la peur

Published: 12-01-14 - Last update: 12-01-14

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Chap 10 : La peur  

Le médecin, inquiet par la blessure de la jeune femme, un coup à la tête n'étant jamais anodin, sortit vite tout son matériel et ausculta la plaie. Sero, anxieux pour la Miss, préféra s'éclipser un moment.Il n'était pas parvenu à joindre la lieutenant Nogami, alors, ne voulant pas alarmer plus sa compagne, il réessaya.  

De plus, son angoisse le rendait aussi fou qu'un lion enfermé dans une cage, il n'aurait donc été d'aucune utilité. Il pensait aussi que de ne pas se trouver dans la pièce mettrait sa « femme » plus à l'aise le temps de la consultation.  

Mais la nettoyeuse n'était pas du tout tranquille, honteuse d'avoir causé tant de dégâts, elle se faisait toute petite. Malgré les paroles de Sero, elle culpabilisait. En tant que professionnelle, et garde du corps, jamais son client n'aurait dû se retrouver dans cette situation.  

Depuis l' incident, la rouquine ne cessait de se demander si c'était son « attirance » ou ses questionnements envers son client qui l'empêchaient de travailler sérieusement. Elle tentait de trouver des réponses à ses questions lorsqu'elle remarqua le visage du docteur. Plus il la regardait et plus son expression trahissait une certaine angoisse, il perdait peu à peu de son air rassurant.  

Kaori ne tint pas plus longtemps, elle devait savoir, elle voulait connaître les raisons de l'inquiétude du médecin. Elle ouvrit la bouche au moment où le docteur l'interrogea :  

-Mme, comment vous sentez-vous ? Soyez franche et surtout ne me cachez rien, je dois absolument tout savoir pour établir le bon diagnostic.  

Interloquée, la jeune femme n'écouta pas son interlocuteur, plutôt que de tourner autour du pot, elle préféra être directe. D'une voix fébrile, elle demanda :  

- Docteur ? C'est grave ? C'est ça ? C'est étrange car je ne me sens ni faible ni épuisée, j'ai bien une légère douleur mais je me sens plus en forme que lorsque que j'ai ces vertiges étranges et ces maux de tête...  

Le médecin ne la laissa pas continuer, aux mots « vertiges » et « maux de tête », il sursauta et  

interrogea la garde du corps :  

- Vous dîtes avoir des vertiges et des maux de têtes ? Depuis combien de temps avez-vous ces  

symptômes ? Cela s'est-il renforcé depuis votre blessure ? Avez-vous eu un traumatisme quelconque ces derniers temps ?  

Un peu sonnée par ce flots de questions la jeune femme tenta de ne pas s'inquiéter outre-mesure. Elle profita même de l'occasion pour révéler les sensations étranges qu'elle ressentait depuis quelques temps :  

- Je reconnais avoir des malaises, des sortes d'étourdissement depuis peu, en fait si je me souviens bien, je n'ai eu aucun choc à la tête ces derniers temps si ce n'est....  

- Dites-moi, je verrai si cela est pertinent ou non !  

- Je suis...  

Kaori réfléchit à la façon dont elle avait fait connaissance avec Sero, elle ne pouvait pas dire qu'ils ne s'étaient rencontrés que ce matin ! Pourtant, la jeune femme devait le dire au docteur.  

Hésitante, elle reprit :  

- Hier matin, enfin, je crois, je … en fait, je ne sais plus très bien quand ! ..., je me suis cognée la tête contre un passant mais rien de bien grave ni de très violent.  

Un peu déçu par la réponse, le médecin lui proposa de continuer :  

- Oui, en effet, ça n'est pas ce qu'on peut appeler un traumatisme. Ce n'est pas grave, veuillez continuer de me décrire ce qui vous gêne .  

La Miss reprit ses explications :  

- Souvent ces vertiges sont accompagnés d'un affreux mal de tête. La douleur est très vive et aiguë mais assez furtive. Cela ne dure pas très longtemps et après je me sens à nouveau en pleine forme.  

Elle laissa passer un moment, sans rien dire puis... sans être très à l'aise, elle ajouta :  

- Ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus, en fait, ...je...  

La jeune femme s'arrêta brusquement, fixa son interlocuteur, plissa les yeux et … d'un geste rapide, elle recula le plus possible de son interlocuteur.  

Surpris par l'attitude de sa patiente ,il devait vite comprendre ce qui se passait, la vie de cette jeune femme pouvait être en jeu, son changement d'attitude si soudain ne laissait rien présager de bon :  

- Mme ? Mme ? Que se passe-t-il ? Que ressentez-vous ? Avez-vous mal quelque part ? Vous  

devez m'expliquer, me donner le plus de détails possible sur ce qui...  

D'un murmure Kaori appela :  

- Hi… Hide ? Fr… frangin ? Ce n'est.... pas … possible … tu es...  

Le médecin comprit que la jeune femme avait une hallucination . Pour ne pas l'effrayer, très doucement, il se rapprocha d'elle et lui parla d'une voix qui se voulait chaleureuse, compatissante et compréhensive :  

-Mme, s'il vous plait, concentrez-vous sur ma voix, rien que sur ma voix. A qui vous adressez-vous ? Que voyez -vous ?  

-Enfin, quelle question, Hide Makimura, pourquoi tu me demandes une chose pareille, qu'est-ce qu'il te prend ? Tu veux me faire passer pour une imbécile ?  

L'image de son frère se mit à parler :  

- Kaori, reprends-toi vite ! Tu es en danger ! Kaori, ce n'est pas le moment, ce n'est pas ton heure, je ne veux pas te voir ici maintenant, Kaori, Ryo a besoin de toi !  

- … Mais... mais... mais... Il est...Hide... tu es...  

La nettoyeuse reprenait peu à peu ses esprits. L’image de son frère disparut. Paniquée, elle agrippa le médecin, avec un réel désespoir :  

- Docteur, oh mon dieu ! Docteur, le coup que j'ai reçu, ce n'est pas grave, ce n'est rien ! Je perds la tête, voilà ce qui est grave ! J'ai des hallucinations à longueur de journée, lorsque je suis avec Sero, je ne vois que mon partenaire, Ryo, se superposer sur mon « mari » et à l'instant, je vous ai pris pour mon frère. Je viens de voir mon frère ! Vous lui ressemblez tant et… votre nom ! Je deviens folle, j'en suis sûre, je n'en peux plus docteur, aidez-moi, que m'arrive-t-il ? Pourquoi je vois Ryo partout, pourquoi est-ce que je vois le fantôme de mon frère ? Suis-je condamnée ? Je vais mourir c'est ça ?  

Kaori éclata en sanglots ce qui agrandit la plaie et le sang se mit à gicler. D'un cri presque inhumain, elle hurla :  

- DOCTEURRRR ! QUE M'ARRIVE-T-IL ?  

Dépassé par la réaction de la jeune femme le médecin appela Sero:  

- Mr ? Mr ! Venez vite !  

Sero était déjà là, il vira au blanc en voyant le sang que perdait Kaori mais ce qui lui fit mal et qui l'angoissa le plus fut le regard apeuré de son ange. A cet instant, elle n'avait plus rien d'angélique, on aurait dit un cadavre.  

Il se reprit très vite, se précipita aux côtés de sa garde du corps, délicatement et tendrement il lui prit la main. Ce geste eut pour effet immédiat de calmer Kaori, le docteur en profita pour tenter de panser la plaie. Il confia à Sero que c'était risqué mais qu'il fallait emmener sa femme le plus vite possible à l'hôpital. La blessure s'aggravait de minute en minute.  

Le jeune homme comprit que la survie de cette femme si merveilleuse dépendait de lui, il se devait d'être à la hauteur. La rouquine venait de mettre sa vie en danger pour le sauver, il refusait de lui faire prendre plus de risques. Il se jura qu'il la sauverait !  

Alors d'une voix douce et aimante, il tenta de la rassurer. Pour l'instant, il fallait que l'écoulement de sang se régule et se calme, donc il était nécessaire que la jeune femme s'apaise :  

- Kaori, douce Kaori, écoute-moi. J'ai entendu ce que tu as dit, tu trouves que je ressemble beaucoup à ton partenaire alors n'hésite pas, accroche-toi à moi comme si j'étais lui. Puise en moi les forces et le courage qui te sont utiles pour te battre. Je suis là, avec toi et pour toujours. Kaori, je t'aime, ma douce, ma tendre, ma merveilleuse Kaori, il faut que tu vives. Ton partenaire ne se remettrait pas s'il t'arrivait malheur. Crois-moi, tu le tuerais si tu l'abandonnais. Kaori, je t'aime, oui Kaori, je t'aime depuis la première seconde où l'on s'est vu. Je suis sur que ton frère avait tout prévu, il savait que lorsqu'on se croiserait, ... que l’on deviendrait inséparable...  

Sero continuait à parler, doucement, à Kaori, qui petit à petit s'apaisait. La main qu'il avait posé sur la sienne, elle en était sûre, appartenait à Ryo. D'ailleurs, l'aura qui transcendait du jeune homme était, elle aussi la même que celle de Ryo. La jeune femme ne chercha plus de réponses, elle se contenta juste de suivre son instinct : s'accrocher à cet homme.  

Une fois encore, elle se sentit comme entourée d'une force bienveillante, elle avait l'impression qu'un cocon d'amour tentait de la rendre plus forte. La nettoyeuse se sentit extrêmement fatiguée et s'assoupit dans les bras de Sero.  

Grâce aux paroles du jeune homme, les battements du cœur de Kaori s'étaient ralentis, la pression sanguine s'était calmée, ce qui avait permis au médecin de faire un pansement provisoire.  

Le docteur appela l'hôpital pour prévenir de la situation, Sero porta Kaori, contre son cœur, telle une plume. L'heure était grave, aucun des deux hommes ne parlaient. L'ombre d'un homme, d'un ange démuni planait au dessus de Sero.  

Ils arrivèrent à l'hôpital, Kaori était toujours inconsciente. 

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