Chapter 11 :: Chap 11 : signes

Published: 14-01-14 - Last update: 14-01-14

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Chap 11 : Signes  

Un taxi pila si fort et si brusquement que ses pneus crissèrent bruyamment, faisant s'envoler une nuée de corbeaux. Le véhicule n'était pas tout à fait arrêté lorsqu'un jeune homme, portant une frêle jeune femme évanouie dans ses bras, en sortit tel un fauve enragé. L'inquiétude se lisait sur son visage et à grand pas rapides et nerveux, il se précipita vers les Urgences.  

Un second homme le suivait de près, l'air tout aussi angoissé, il jetait des coups d'œil rapides entre la jeune femme et la porte d'entrée de l'hôpital. Le docteur avait prévenu son collègue neurologue de les attendre car il lui amenait une patiente au diagnostic étrange et inquiétant. Le temps était compté et toute l'équipe médicale devait agir au plus vite.  

La nettoyeuse ouvrit péniblement les yeux, elle ne se sentait pas bien. Tout ce qu'elle parvenait à percevoir de manière concrète était sa position. La rouquine sut qu'elle se trouvait maintenue contre le torse de Sero, car elle entendait son cœur battre à tout rompre. Elle se sentait aussi protégée par les bras musclés du jeune homme, il l'enveloppait tel un cocon.  

Le brouillard qui avait envahi l'esprit de Kaori, n'avait pas ôté pour autant son sentiment de malaise. Ses idées étaient confuses, elle avait beau essayé de rassembler ses idées, rien de clair n'apparaissait. Seule sa culpabilité à l'égard de son client et du docteur l'aidait à ne pas perdre complètement pied.  

Elle était responsable de tout ce brouhaha, et cela ne lui plaisait pas du tout. La rouquine ne  

supportait pas d'être au centre de toutes ces attentions. Elle s'en voulait de donner des frayeurs à son nouvel ami, mais aussi à ce médecin.  

La Miss qui cherchait depuis toujours à passer inaperçue supportait difficilement d'être la cause d'autant d'inquiétudes. Elle avait beau se rendre compte que quelque chose n'allait pas chez elle, elle aurait préféré s'occuper seule de sa santé.  

Sa situation actuelle ne pouvait que renforcer sa colère contre elle. En effet, tomber malade pendant sa première mission solo n'avait rien de très professionnel ni de très gratifiant. Depuis le début, la nettoyeuse n'avait cessé de se poser des questions sur sa capacité ou non à exercer son métier dans de bonnes conditions, à être capable de protéger une personne menacée.  

Elle avait une réponse nette et précise, elle en était incapable ou en fait peut-être que si.. . Elle  

pouvait être indépendante mais pour cela, il faudrait qu'elle retente l'expérience une fois guérie.  

Peut-être que... et si... Et Sero... comment allait-elle pouvoir le protéger si elle était hospitalisée ? Finalement, elle n'était bonne à rien, elle suivait un homme qui ne l'aimait pas, elle était toujours apte pour les corvées, mais personne ne la trouvait crédible dans cette profession... Ses idées s'embrouillaient, la rouquine ne parvenait plus à réfléchir posément.  

Totalement déprimée, elle commençait à se dire qu'elle devrait peut-être changer complètement de vie, quitter une fois pour toute ce monde dangereux et tenter de vivre une vie plus « normale », sans arme, sans risque, sans.... Ryo !  

Elle se demandait si être avec lui n'était pas la raison de son mal-être, de sa solitude, de son absence de petit ami, d'enfants, bref d'une famille. Kaori avait tant rêvé de fonder une famille avec son partenaire ! Sa famille, LEUR FAMILLE. Finalement, elle venait de comprendre que ses rêves ne resteraient qu'une belle utopie !  

Pourtant malgré ses doutes, ses remises en questions, elle devait essayer de se comporter en adulte responsable, en professionnelle. La nettoyeuse refusait de sombrer tout de suite, elle n'était peut être pas douée dans cette mission mais elle y mettrait toutes les forces qui lui restaient. Elle accomplirait son devoir avec le plus de sérieux possible.  

Plutôt que de s'inquiéter par ce qu'elle venait de vivre, ou par le fait d'être peut-être gravement  

blessée, Kaori comme à son habitude, faisait passer les autres avant elle. Une fois qu'elle sentit son courage et son énergie revenir, elle tenta de relever la tête pour parler à son « mari », mais aucun son ne sortit de sa bouche et sa tête semblait peser des tonnes. Malgré sa grande volonté, elle ne parvint pas à bouger.  

Ne pas pouvoir remuer, finit par lui faire peur . Ces sensations étranges, son comportement  

inexpliqué, ses hallucinations commençaient à avoir raison de son sang-froid. Une fois la porte de l'hôpital franchie, elle fut délicatement posée sur un brancard. Toute une équipe médicale s'affairait autour et elle eut peur, très peur. Pour la première fois, elle se demanda si son heure n'était pas venue.  

Inquiète, déstabilisée, angoissée, nauséeuse, Kaori cherchait Sero, elle avait besoin de la chaleur, de la compassion et de l'écoute de cet homme. Aussitôt, comme par magie, la main du jeune homme serra fort la sienne et elle l'entendit crier :  

- « Pour que je la quitte, il faudra me tuer ».  

Sentir cet homme à ses côtés la rassura un peu et soudain, la phrase, prononcée par le fantôme de son frère lui revint : « Tu es en danger ! Kaori, ce n'est pas le moment, ce n'est pas ton heure, je ne veux pas te voir ici maintenant, Kaori, Ryo a besoin de toi ! ».  

Pourquoi lui était-il apparu à cet instant ? Quel était le danger dont il parlait ? S'agissait-il de sa mission ? Ou de son client ? Et pourquoi avait-il mentionné Ryo ? S'il avait tant besoin d'elle, il ne le lui montrait pas. Elle était partie depuis plusieurs heures et il n'avait pas cherché à s'inquiéter de ce qu'elle faisait. Une chose était sûre, il se fichait bien de ce qui pouvait lui arriver.  

La nettoyeuse éprouvait de grandes difficultés pour ouvrir les yeux alors, elle se référait à ce qu'elle entendait ou ressentait. Elle avait l'impression désagréable d'être ballottée de droite à gauche.  

Puis d'un coup, elle eut comme des flash, une lumière éclatante, vive et agressive lui faisait mal aux yeux, pourtant ils étaient fermés ! Elle percevait aussi des voix très éloignées, floues qui hurlaient, se précipitaient et parlaient de blessure grave et de mort clinique.  

Kaori ne comprit pas toute cette folie apparente car elle savait sa situation grave mais pas si désespérée. Puis, ce fut le calme plat, un silence de plomb arrêta toute cette agitation nerveuse. La jeune femme put à nouveau ouvrir les yeux, elle se trouvait dans une IRM. Elle respira profondément et sut que les médecins, grâce à cet examen, allaient découvrir la raison de ses troubles.  

La voix de Sero se fit entendre dans la machine, il lui disait qu'il était là, à côté, avec les médecins et qu'il ne la quitterait pas tant que tout ça ne serait pas terminé. Il lui demanda, de sa voix douce et chaleureuse de bouger le moins possible, de rester calme et ajouta que tout se passerait bien.  

La jeune femme profita de ce moment de répit pour rassembler ses esprits et tenter de reconstituer tous les derniers événements passés. Tout se passait pourtant relativement bien jusqu'à cette tentative d'assassinat. Mais comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point, en si peu de temps ?  

Elle se rappela ses nouvelles résolutions, prendre sa vie en main, devenir indépendante  

financièrement et sentimentalement. Puis, comme par un coup du destin, elle avait trouvé du travail tout de suite ! Avec un client, sosie de Ryo. Et.... et , elle avait un peu de mal à rester concentrée et toutes ces incohérences comme le comportement de Saeko ou l'absence de son partenaire dans cette affaire. Il aurait déjà dû se montrer, ne serait-ce que pour l'humilier.  

Pourtant à plusieurs reprises elle avait eu comme la sensation de le sentir, tout prêt. Souvent elle avait eu l'impression d'être entourée de l'aura protectrice de son collègue. Finalement tout n'était pas si grave jusqu'à … l'apparition de son frère ! Comment cela pouvait-il être possible ? Pourquoi apparaître maintenant ? Pourquoi avoir parlé de Ryo ? Pourquoi avait-il essayé de la prévenir d'un danger ?  

Des phrases prononcées par Sero refirent surface :  

...« - Kaori accroches-toi ! Fais-toi confiance, fais-moi confiance. Kaori je t'en prie, Kaori... »  

...«- Kaori, douce Kaori, écoute-moi. J'ai entendu ce que tu as dit, tu trouves que je ressemble  

beaucoup à ton partenaire alors n'hésite pas, accroche-toi à moi comme si j'étais lui. Puise en moi les forces et le courage qui te sont utiles pour te battre. Je suis là, avec toi et pour toujours. Kaori, je t'aime, ma douce, ma tendre, ma merveilleuse Kaori, il faut que tu vives. Ton partenaire ne se remettrait pas s'il t'arrivait malheur. Crois-moi, tu le tuerais si tu l'abandonnais. Kaori, je t'aime, oui Kaori, je t'aime depuis la première seconde où l'on s'est vu. Je suis sur que ton frère avait tout prévu, il savait que lorsqu'on se croiserait, ... que l’on deviendrait inséparable... »  

Ces phrases,... c'était comme si Ryo lui parlait directement, comme s'il s'adressait à elle à travers Sero... à nouveau Kaori se sentit happée par un trouble profond, son esprit se retrouvait englué dans un cafouillis d'idées des plus « abracadabrantesques ».  

Toutes ces interrogations l'accaparaient tant qu'elle ne remarqua pas que l'examen était terminé. Ce fut le contact de la main de Sero sur sa peau qui la fit sursauter. On la sortit de la machine, les médecins eux, étaient partis pour discuter de son cas. Une infirmière attendait, à côté d'un fauteuil roulant. Elle précisa au couple que vu l'état de santé de la jeune femme, elle était obligée de l'emmener dans sa chambre en fauteuil si elle se sentait capable de s'asseoir sinon, elle pourrait être transportée en brancard.  

La rouquine opta pour le fauteuil alors Sero l'y déposa délicatement, puis le trio se rendit dans une des chambres de l'hôpital. Le jeune homme porta Kaori du fauteuil à son lit et l'infirmière les laissa seuls après avoir relié cette dernière à un monitoring qui surveillait, sa tension, son rythme cardiaque, son taux d'oxygène dans le sang....  

La nettoyeuse se sentit dans un état de fatigue intense et s'assoupit ; Sero ne la quitta pas du regard, il restait assis à côté d'elle, lui caressant doucement la main. L'inquiétude, l'angoisse et la peur commençaient à enlaidir son visage. Il devenait fou face à la douleur de « sa femme », ne rien pouvoir faire le rendait malade.  

Au même moment, Kaori se retrouva à nouveau dans le noir le plus total, face à cette fontaine de sang. Une voix d'homme hurlait de désespoir, … la voix de Ryo … :  

- Je t'en supplie, Kaori, tiens bon, ne lâche rien ! Pitié Kaori chérie, je ne suis plus rien sans toi ! ! Réveille-toi ! Je ne te quitterai pas ! Sugar, respire pitié, VIIIIISSSS !!!!  

A ces mots, la nettoyeuse ouvrit les yeux, Sero tentait de la calmer. Face à son regard inquiet et interrogateur, le jeune homme lui répondit, à voix basse :  

- Tu as commencé à t'agiter, à transpirer beaucoup et à hurler, ça a fait bipper les machines et j'ai essayé de te calmer comme j'ai pu.... Kaori, ça va mieux ?  

- Ryo ? Ryo ? Où es Ryo ? Demanda la jeune femme affolée.  

- Karoi ! C'est moi ! Sero ! Regarde-moi Kaori ! C'est MOI ! Kaori, regarde avec ton cœur ! Kaori, écoute ma voix, regarde-moi ! Réveille-toi ! Kaori c'est MOI ! Reviens vers MOI !  

La voix se Sero n'avait plus rien de réelle, elle semblait lancer un cri de désespoir qui venait d'outre-tombe.  

La rouquine plongea son regard dans les yeux noirs de son client, perdue, elle réussit à dire  

faiblement :  

-Comment connais-tu ? … Comment connais -tu ? … mon surnom ? … Seul Ryo... seul Ryo...  

Une infirmière frappa et entra, elle demanda à parler au mari, Kaori ne put donc pas obtenir de réponse. Sero se leva, l'embrassa tendrement, et suivit l'infirmière, mais avant de quitter la chambre, il se retourna vers la jeune femme et la regarda intensément.  

La nettoyeuse reconnut le regard de son partenaire, elle en était sûre, Ryo était présent ici, d'une façon ou d'une autre.  

La porte se referma, laissant la jeune femme seule face à son trouble.  

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