Chapter 2 :: Chap 2 : Après la fête

Published: 08-02-14 - Last update: 08-02-14

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Chap 2 : Après la fête  

Ryô se réveilla en sursaut, il venait de rêver de la mort de Kaori ! Il se passa la main dans sa chevelure sombre, légèrement humide à cause de la transpiration. Voir son pire cauchemar se matérialiser, même dans ses rêves lui avait donné des sueurs froides. Il se dit que s'il n'était pas lui, il aurait sûrement attrapé des cheveux blancs et aurait prit un coup de vieux.  

Le nettoyeur tenta de se calmer en se disant que c'était dû aux excès de cette journée, et quelle journée ! Il referma les yeux et se rappela les derniers événements. Il était venu chercher Mick très tôt, et tous deux avaient fait la tournée des cabarets que leurs jambes avaient bien voulu visiter. A chaque arrêt, l'alcool coulait à flot, les filles étaient plus ravissantes les unes que les autres. Pourtant, pourtant... aucune n'avait réussi à effacer Kaori de son cœur et de ses pensées.  

Aussitôt, tel le lâche qu'il était, le nettoyeur préféra se focaliser sur son mal de crâne, et sur ce qu'il faisait ici. Il ouvrit difficilement les yeux et constata qu'il était seul, allongé sur le canapé de ses amis. Kazue lui avait apporté un oreiller et l'avait recouvert d'une chaude couverture. De nouveau, il fit le rapprochement avec sa partenaire, car ces deux femmes avaient le cœur sur la main.  

Toutes les deux se mettaient en retrait, après leur famille, après leurs amis, elles ne pensaient à elles qu'une fois seules et sûres que tous allaient bien. Pourtant à ses yeux, Kaori méritait encore plus de considération et de respect que l'infirmière, car cette dernière partageait la vie de Mick. Sa coéquipière, elle, était seule face à l'adversité de leur métier, et dans sa vie privée aussi. Malgré tout, sa tendre Sugar gardait le sourire et se levait tous les matins toujours aussi optimiste, prête à affronter une nouvelle journée, si dure soit-elle, et à le supporter lui, une fois de plus.  

Soudain, il s'arrêta, ses yeux s'écarquillèrent, Kaori ! Il ne l'avait pas appelée, il ne lui avait dit où il se trouvait ni ce qu'il faisait ! La connaissant, elle devait soit paniquer soit s'énerver toute seule contre lui, elle aurait bien raison.  

Il quitta la banquette d'un bond rapide et agile. Sa tête tourna légèrement et il tangua. Le nettoyeur ferma à nouveau les yeux et prit quelques minutes pour se calmer et retrouver ses esprits. Une fois la sérénité retrouvée, Ryô tenta de se souvenir de ce début de soirée.  

Petit à petit, des images lui revenaient, sous forme de flashs ! Puis, il se rappela Kazue, sa douce et délicate voix parlait à Kaori !!! Soulagé, il se souvint s'être affalé sur le sofa, accompagné d'un Mick tout aussi alcoolisé. La jeune femme, devant ce spectacle pitoyable, avait eu la prévenance de contacter sa partenaire pour lui dire qu'il ne serait pas en état de rentrer. Heureux de la démarche de son amie, il aurait aimé la remercier mais il se dit que cela ne plairait pas forcément à son compère.  

Rassuré pour son équipière, il fit le point, entre son cauchemar et le coup de stress qu'il venait d'avoir, Ryô avait très vite dessoûlé. Le nettoyeur se demanda s'il devait terminer bien sagement sa nuit ici ou s'il allait se mettre au chaud dans son lit.  

Une fois encore ses pensées se fixèrent sur Kaori et son cœur se serra, il avait préféré la laisser seule et éviter de passer une journée avec elle. Le jeune homme honteux de sa faiblesse et de sa couardise préféra quitter l'appartement du couple. Une promenade nocturne lui ferait le plus grand bien.  

Face à la gentillesse de son hôte, il ne voulait pas partir comme un voleur alors il réfléchit à ce qu'il allait faire pour la prévenir de son départ. Aussitôt son imagination se réveilla, il se rendrait à pas feutrés dans la chambre de Kazue. Elle ne porterait qu'une toute petite nuisette de soie, si courte qu'elle ne cacherait absolument pas sa merveilleuse petite culotte en dentelle.  

Excité par cette divine vision, il se jetterait sur elle avec une telle rapidité que la jeune femme ne pourrait pas se défendre. Il approcherait ses lèvres des siennes quand... il se rappela que cette miss-mokkori ne dormait pas seule. Dépité, Ryô fit une moue boudeuse et finalement se dit qu'un mot serait amplement suffisant.  

« Ma très chère et douce Kazue d'amourrr ! Je t'aurais bien remerciée très personnellement pour ce soir mais cet abruti de Mick aurait tout gâché. Alors je me contente de t'écrire ces quelques mots. Merci Mais si tu veux, on pourra toujours se voir plus tard. Ton Ryô chouchou »  

Le nettoyeur récupéra son holster et son arme, enfila sa veste et sortit sans bruit. La nuit était sombre, noire, les étoiles et la lune semblaient le bouder. Lui en voulaient-elles d'avoir songé un instant de faire une visite nocturne à Kazue ?  

Qu’elles se rassurent, le jeune homme n'avait pas envie de rejoindre l'infirmière, il avait pensé à elle pour lutter contre l'image de Kaori. Car, au fond de son cœur, c'était à sa Sugar qu'il pensait, c'était elle qu'il voulait retrouver, c'était avec elle qu'il voulait passer la nuit.  

Alors une fois de plus, Ryô avait enfoui ses désirs les plus profonds, son subconscient avait réussi à créer des mécanismes de défense pour éloigner son Ange de ses délires pervers et rien n'était plus facile que de penser à la dernière femme qu'il avait vue. Il n'était pas fier de lui et encore moins de ses méthodes, mais il n'avait pas d'autres choix.  

Avoir accepté de laisser Kaori entrer dans sa vie avait produit un véritable tsunami dans son univers. Tout ce qu'il était avait été chamboulé, bouleversé, balayé par la présence de cette femme. Une tornade d'amour avait pris place dans son enfer. Sa Sugar était comme ça, entière. Si elle était parfois si furieuse, si jalouse et possessive, c'était parce qu'elle l'aimait sans aucune retenue, d'un amour sincère et pur.  

Son cœur se serra à nouveau, Ryô alluma une cigarette pour tenter d'effacer cette douleur, ce poids, cette lourde culpabilité. Il s'arrêta, leva les yeux au ciel, quelques étoiles, timides, apparaissaient tel les petits cailloux du petit Poucet, pour le guider, le soutenir, lui montrer qu'il y avait toujours de l'espoir.  

Pourtant, le nettoyeur ne voyait rien de lumineux dans son avenir. Cela faisait quelques mois qu'il évitait sa partenaire et qu'il avait renforcé son attitude de goujat. Le jeune homme avait endossé son rôle de « pauvre type » depuis qu'il avait trop parlé, lors de l'enlèvement de Kaori par le général Kreutz.  

Plutôt que de profiter de l'occasion pour enfin se dévoiler et vivre ses sentiments au grand jour, il avait fui ! Son équipière avait mis tant de rêves dans ses paroles, tant d'espoirs ! Et lui, avait préféré faire comme si de rien n'était, s'était comporté pire qu'à son habitude. Le nettoyeur avait beau savoir qu'il lui brisait le cœur, il n'avait pas reculé. Ryô en toute conscience, détruisait le cœur de la seule femme qu'il aimait. Petit à petit il s'évertuait à montrer ses pires défauts et à déclamer en continu toutes les horreurs possibles.  

Contrairement à la plupart des hommes amoureux, Ryô n'avait pas assumé ses mots. Depuis ses paroles, durant quelques jours, Kaori avait été plus douce, plus compréhensive, plus gaie. Elle s’était épanouie fébrilement! Son Ange s'était transformée, de jeune femme merveilleuse en jeune femme resplendissante et d'une beauté extraordinaire. Ses massues étaient moins présentes et moins lourdes.  

Son esprit divaguait, Kaori, sa Kaori était sa femme idéale! Pourtant, lors d'une mission, il avait dragué plus que de raison leur cliente, mettant fin aux espoirs de sa partenaire. Aussitôt, elle avait ressorti ses massues, son aura avait perdu de sa brillance mais, une fois la mission finie et la cliente repartie, son équipière ne l'avait pas quitté ! La jeune femme était restée et contrairement à ce qu'il avait imaginé, elle aussi avait repris le cours de sa vie comme avant les « révélations ».  

Pas une seule fois ils n'avaient évoqué ce moment, pas une seule fois ils n'avaient abordé cette journée. Tous les deux avaient préféré se taire, ignorer les mots et « effacer » ces moments d'intimité. Ryô ne s'autoriserait plus aucune faiblesse.  

Une pluie glaciale et fine se mit à tomber, pourtant le nettoyeur ne bougea pas, il restait planté là, au milieu de la rue. Le jeune homme attendait sa rédemption, le pardon de sa partenaire, d'être laver de ses pêchés, d'être absout des douleurs infligées à Kaori.  

Mais jamais il ne se le pardonnerait, c'était impossible d'oublier le comportement inhumain qu'il avait, car son Ange vivait avec lui, évoluait sous ses yeux. Il s'était attendu à des cris, des larmes, des insultes, des remontrances et des coups de massues à tout va. Sa partenaire n'avait rien dit, n'avait rien fait. Elle était partie une journée chez Miki et Falcon et le lendemain, lorsqu'il s'était réveillé, son petit-déjeuner était prêt, et, Kaori buvait une tasse de café. Il n'avait pas osé entrer jusqu'à ce qu'elle lui dise de se dépêcher car cela refroidissait vite.  

Depuis ce jour, leurs rapports étaient redevenus « normaux », en apparence seulement, car il avait bien senti que quelque chose en elle avait changé. Ryô se garda bien de lui en parler et reprit son rôle de nettoyeur pervers.  

Face à la souffrance qu'il infligeait depuis tout ce temps à sa Sugar Boy, le nettoyeur ne se sentit pas le courage de rentrer, il voulait la laisser profiter de sa nuit, seule, car au fond une des dernières solutions qui leur restait était de se séparer ou au moins de vivre le moins possible ensemble. Cela serait sans doute moins douloureux !  

Le jeune homme ralluma une cigarette et marcha lentement sous la froide bruine. Il savait très bien que s'il devait quitter Kaori pour une raison ou pour une autre, il n'y survivrait pas et pourtant, il faisait tout pour que cela arrive. Sans s'en rendre compte, il se trouvait devant l'ancien immeuble de Kaori et Hide. Il sourit devant cette ironie du sort.  

Il s'adossa au mur et réfléchit. C'était ici que sa vie avait pris enfin un sens, dans une des pires douleurs qu'il soit donnée de vivre! Malgré l'horreur de la situation, son Ange avait fait preuve d'une force et d'une résistance incroyable. Elle possédait toujours ces grandes qualités qui à plusieurs reprises l'avaient sauvé lui !  

Alors pourquoi tentait-il de se convaincre qu'il la repoussait pour la défendre et la protéger ? N'était-ce pas plutôt par peur ? Peur de s'abandonner, de se dévoiler, de se mettre à nu ? Le jeune homme soupira, il savait qu'il venait de mettre le doigt sur ses raisons profondes.  

Le nettoyeur avait vu les progrès que sa partenaire avait fait, elle était devenue une coéquipière digne de confiance et capable de se débrouiller seule dans le milieu. Il savait pertinemment qu'elle pourrait se défendre seule maintenant, après tout, elle avait été formée par le meilleur professeur ! Son excuse de vouloir la protéger ne tenait plus la route.  

Certes sa volonté de vouloir l'empêcher de tuer et de perdre son âme était sincère et réelle, mais il connaissait Kaori, jamais elle ne se perdrait dans l'obscurité, elle trouverait toujours le moyen de rester pure et innocente.  

Qu'attendait-il ? N'ayant pas de réponses concrètes à ses questions et ne souhaitant pas déranger sa partenaire, il décida de passer le reste de la nuit au stand de tir, cela l'aiderait peut-être à sortir de son « brouillard » émotionnel. Ce fut donc trempé jusqu'aux os qu'il rentra.  

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