Chapter 13 :: Chap 13 : Grand jeu

Published: 23-02-14 - Last update: 23-02-14

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Chap 13 : Grand jeu  

Toujours de dos, Ryô tenta de répéter ces douloureuses paroles, comme pour essayer de réaliser ce qu'il venait de prononcer. Ses larges épaules se mirent à trembler et sa tête se baissa. Quiconque le voyait, imaginait que le poids du monde venait de reposer sur cet homme.Toute sa superbe et sa force semblaient avoir disparu. Un long silence pesant s'installa, le nettoyeur ne bougea pas d'un millimètre.  

Maria, inquiète mais aussi terriblement curieuse de savoir ce qu'il se passait n'osa ni le déranger, ni faire de bruit. Se faisant violence, elle décida d'attendre patiemment. Ce n'était pas le moment de prendre des risques et de tout rater. Ne voulant pas craquer, elle se focalisa sur l'image de son père assassiné froidement.  

Au bout d'un certain temps, qui parut terriblement long à la jeune femme, le garde du corps commença à bouger. Il redressa ses épaules mais il se tourna péniblement vers Maria, le visage défait et les traits tirés. Aussitôt la blonde fixa son regard et vit une profonde souffrance, cruelle, dure et insoutenable.  

Cette vision la ramena quelques années auparavant, lorsque elle-même avait vécu cette douleur inhumaine. Enfin elle atteignait son but, elle venait de réussir son meilleur coup, le malheur apparaissait dans la vie de cet ennemi détesté.  

Sa première envie fut de sauter de joie, de tout révéler et de le tuer pour pouvoir savourer sa victoire. Mais elle ne voulait pas accomplir sa mission de cette façon, elle souhaitait être grandiose. Elle s'efforça donc de garder son masque de jeune femme sensible.  

Ne sachant pas vraiment comment réagir, elle resta silencieuse et se contenta de poser sa main sur l'épaule du nettoyeur. Maria eut beaucoup de mal à contenir son bonheur lorsqu'elle aperçut une larme couler sur la joue de son garde du corps.  

Le tueur numéro Un du Japon ne lui faisait plus peur, il avait l'air accablé, perdu, déconnecté de la réalité. Chaque mouvement semblait être l'accomplissement d'un effort surhumain. Cette machine de guerre était mise KO, effondrée par le drame que l’homme venait d'apprendre.  

La tueuse jubilait, son cœur s'emplissait d'une joie et d'une légèreté intense à chaque seconde qui passait. Elle avait réussi à faire plier le responsable de la mort de son père. Celui qui avait scellé sa vie à la mort, au grand banditisme et à la drogue. Maria avait mis City Hunter à sa portée, elle seule, jeune orpheline, était parvenue à détruire l'homme dont on n'osait prononcer le nom de peur de le mettre en colère et de perdre la vie !  

La blonde sexy était si fière qu'elle ne perçut pas une légère perturbation chez sa victime. Quelque chose venait de changer dans l'attitude du beau brun. Sa fragilité s'effaçait pour laisser place à une nouvelle détermination sans faille.  

Puis, une fois encore, Ryô modifia discrètement ses réactions. Il laissa s'éterniser un peu ce silence, laissant à Maria tout le loisir d'exalter un peu. Puis, très sérieusement, Ryô, le regard rougi et humide, se mit à éternuer. Aussitôt, il s'excusa, disparut un court instant dans la cuisine.  

Ce geste anodin fit tilter Maria. Sa joie disparut et son instinct de criminelle prit le dessus. Elle se sentit épiée, mise à nu, piégée. Sa vigilance s'accrut, son rythme cardiaque s'accéléra, une ombre à son sublime tableau tentait de s'incruster et cela ne lui plaisait pas du tout.  

La jeune femme avait raison de craindre le pire, le nettoyeur profitait de sa sortie de scène pour vérifier l'effet produit. Son plan semblait fonctionner car il sentit l'inquiétude de Maria qui grandissait. Se sentant au pied du mur, face à un adversaire qu'elle ne parvenait ni à contrôler, ni à cerner, elle commettait des erreurs.  

Ses émotions se manifestaient plus facilement ! Ryô se sentit enfin maître du jeu. Une nouvelle partie allait commencer et il comptait bien la gagner, il devait venger Kaori. Son Ange méritait non seulement qu'il se batte pour elle, mais surtout qu'il se surpasse. Il ne connaîtrait de répit qu'une fois son ennemi mis à genoux.  

Constatant les troubles de sa « protégée », le tueur numéro Un sut qu'il était temps pour lui de la déstabiliser une fois pour toute. Il apparut enfin ! Le beau brun avait ôté son nœud papillon et déboutonné le haut de sa chemise. Il regardait la belle bonde avec des yeux emplis d'un désir brûlant.  

La tueuse, hypnotisée par ce « fantasme vivant » perdit toute confiance en elle. Sous le choc de ce comportement inattendu, elle ne put s'empêcher de reculer de quelques pas. La jeune femme eut un vertige et se sentit nauséeuse.  

Rien ne se déroulait plus comme prévu ! De nombreuses questions envahirent son esprit : Comment pouvait-il être indifférent à la mort de sa partenaire ? Et pourquoi ? Que cherchait-il à faire d'elle ?  

Pourquoi la charmait-il ? Pourquoi la souffrance ne se lisait-elle plus dans ses yeux ? Se dévoilait-il ? Lui montrait-il son vrai visage : froid, cruel et inhumain ? Pourquoi … ?  

Le nettoyeur méprisait intérieurement la soudaine fragilité de Maria. Enfin il perçait son armure et la voyait vaciller. Il ne devait pas perdre une seconde de plus. Le jeune homme se fit sensuel et félin. L'étalon de Shinjuku entra en action.  

Avant que la blonde ne puisse comprendre ce qu'il se passait, elle se trouva prisonnière des bras chauds et forts de son garde du corps. La jeune femme prise au dépourvue, voulut se débattre mais en fut incapable, le regard envoûtant du beau brun l'empêchait de réfléchir. Alors dans un dernier effort, elle tenta le tout pour le tout et dit, tel un appel au secours :  

- Je ne vous comprends pas ! Kaori est morte... Vous ne... enfin … vous...  

Les résistances de la blonde craquaient, confuse, elle ne parvenait plus à penser ! Devant ce désarroi, Ryô resserra son étreinte, approcha ses lèvres d'une de ses oreilles et susurra d'une voix si suave qu'il aurait fait fondre le plus dur des cœurs de pierre :  

- Douce et merveilleuse Maria. Votre sensibilité à l'égard de ma défunte partenaire vous rend encore plus séduisante. J'avoue que mon comportement peut vous choquer, voire vous apparaître irrespectueux ou déplacé mais je sais que c'est ce qu'elle aurait souhaité.  

Nous nous étions jurés de continuer à vivre si l'un de nous venait à mourir. Et puis, elle était très romantique, alors, elle comprendrait que je tourne la page pour me consacrer à la femme que j'aime...  

Ryô s'arrêta quelques secondes pour donner encore plus de sens aux paroles qu'il allait prononcer et reprit sur le même ton, celui d'une confidence faite à l'être aimé :  

- N'imaginez pas que je suis insensible au drame qui me touche mais comme je vous l'ai déjà expliqué, dans mon métier, on se prépare à toutes les éventualités, surtout aux plus douloureuses. Je ne cesserai jamais d'aimer Kaori et de penser à elle comme une équipière hors du commun mais je n'ai pas le droit de me laisser submerger par la douleur. Si je veux survivre dans mon milieu, je suis obligé d'avancer. Et je dois aussi vous avouer que...  

A nouveau le nettoyeur fit une courte pause et reprit tendrement :  

- Je dois reconnaître qu'il m'est arrivé une chose que je m’étais interdit depuis toujours … je suis tombé amoureux pour la première fois de ma vie ! Oui Maria, je vous aime.  

La jeune femme resta bouche-bée face à cette révélation. Elle était incapable de savoir s'il disait vrai ou non. Son cerveau était comme débranché, elle ne savait plus que faire. Son « amoureux » ne lui laissa pas le temps de retrouver ses esprits et l'embrassa fougueusement. Malgré toute sa détermination et sa haine envers lui, la tueuse ne put résister au sex-appeal du nettoyeur.  

Le couple s'enflamma, échangeant des baisers plus brûlants les uns que les autres, se caressant de plus en plus lascivement, lorsque chacun découvrit l'arme de l'autre. Aussitôt ils se repoussèrent, se mirent en joug. Le vrai combat allait commencer.  

Ryô sourit à Maria, sa confiance était au sommet ! La jeune femme, elle, était perdue, sous l'effet dévastateur du séducteur, elle ne savait plus où elle en était. Comment étaient-ils passés du désir à cette situation ? Mais ses instincts avaient repris le dessus et tout ce qui comptait désormais était de rester en vie.  

Ils se fixèrent en silence, le regard noir et sans âme du nettoyeur terrassait Maria. Elle se trouvait enfin en face de l'être immonde qui avait tué son père. Sa rage revint, son visage se déforma sous la haine, elle révélait à son tour son véritable visage.  

Le compte à rebours venait d'être lancé, le dénouement de toute cette comédie allait bientôt arriver.  

Pendant ce temps à la clinique … 

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