Chapter 14 :: Chap 14 : La vérité

Published: 24-02-14 - Last update: 24-02-14

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Chap 14 : La vérité  

Kaori ouvrit difficilement les yeux, elle souffrait comme jamais auparavant. La jeune femme avait l'impression que son corps brûlait de l'intérieur. Malgré tout, lorsque la rouquine comprit qu'elle n'était pas chez elle, paniquée, elle tenta de s'asseoir. Aussitôt, Kazue qui la veillait lui parla doucement.  

D'une voix chaleureuse et maternelle, l'infirmière lui expliqua les raisons de sa présence à la clinique. Connaissant son amie, elle ne lui cacha rien de la gravité de la situation, Kazue lui révéla donc qu'elle avait été droguée et empoisonnée et que cela avait entraîné un profond coma de quelques heures. C'était pour ces raisons qu'elle lui ordonna de ne pas bouger et de rester calme, car son organisme était très fragilisé.  

La nettoyeuse eut beaucoup de mal à croire et à accepter que l'on se soit acharné sur elle à ce point ! Elle ne comprit pas tout de suite comment cela avait pu être possible ni qui pouvait lui en vouloir avec autant de haine. Puis, la rouquine repensa aux derniers événements et dut se rendre à l'évidence, seule Maria pouvait être la responsable !  

Sidérée par cette déduction, la jeune femme tenta de trouver pourquoi leur cliente avait essayé de l'éliminer. Aucune réponse concrète n'apparut, Kaori ne comprenait pas pourquoi leur protégée voulait sa mort ! Elle avait pourtant eu l'impression d'être très proche d'elle. La nettoyeuse s'en voulait pour ne pas avoir vu le vrai visage de Maria, elle qui était si douée pour cerner les personnalités !  

Nauséeuse et honteuse devant son manque de discernement, la rouquine demanda à Kazue de la laisser un moment, prétextant une forte envie de dormir. Une fois seule, la jeune femme ne cessa de se poser des questions, elle sentait qu'elle devait agir mais ne parvenait pas à avoir la moindre petite idée.  

L'esprit encore embrouillé par les différents « cocktails » que son corps avait ingurgités, la nettoyeuse n'aperçut pas l'enveloppe posée sur sa table de chevet. N'écoutant que son instinct qui lui disait que quelque chose de grave était sur le point d'arriver, elle essaya à nouveau de s'asseoir. Malgré toute sa détermination et sa volonté, son corps ne lui obéit pas.  

Ces efforts violents provoquèrent un mal de tête si aigu que Kaori fut prise d'un très fort vertige. Se sentant partir, la nettoyeuse s'agrippa à la commode et fit tomber l'enveloppe sur elle. La jeune femme perdit connaissance quelques minutes et lorsqu'elle reprit conscience, son regard se posa sur le pli. La rouquine fut très inquiète et déstabilisée lorsqu'elle reconnut l'écriture de Ryô.  

Une vive appréhension l'envahit, néanmoins, Kaori n'attendit pas une seconde de plus et ouvrit l'enveloppe. Une longue lettre écrite de la main de son partenaire et parsemée d'auréoles, dues aux larmes, s'y trouvait. Aussitôt, la jeune femme sentit une terrible angoisse s'insinuer au plus profond d'elle. Son équipier qui n'écrivait jamais venait de lui adresser un courrier. La rouquine se douta que cette lettre devait contenir des révélations douloureuses sur le sombre passé de Ryô !  

La nettoyeuse ferma les yeux, inspira profondément, elle devait se préparer au pire. La jeune femme savait que son compagnon de route n'était pas un saint et qu'elle allait sans doute lire des propos difficiles. Son rythme cardiaque s'accéléra et fit sonner une machine car elle ne pouvait s'empêcher d'être très troublée par la présence de ce courrier. Ce bruit strident fit sursauter Kaori qui comprit que si elle ne voulait pas être dérangée, elle devait retrouver son calme au plus vite.  

A nouveau elle ferma les yeux et s'efforça de penser à son équipier, elle se souvint de la chaleur et de la sérénité qu'elle avait ressenties lorsqu'il l'avait portée sur son dos lors de leur première rencontre. Une fois un certain apaisement retrouvé, elle n'hésita pas et se mit à lire cette « confession ». La nettoyeuse aimait Ryô et son amour pour lui était inébranlable. Quoiqu'elle apprenne, elle serait toujours amoureuse de lui, c'était leur destinée d'être ensemble :  

« Ma Kaori, Mon Ange, Ma Sugar, avant toute chose, je tiens à te demander pardon pour tout ce que je t'ai fait subir durant ces dernières années. J'ai été une véritable ordure avec toi, on peut même dire que j'ai été un salaud de la pire espèce et je regrette. J'espère qu'un jour tu comprendras pourquoi j'ai agi comme je l'ai fait. Tu seras sans doute en colère contre moi, et ça sera normal, mais si je l'ai fait c'est parce que je tiens à toi plus que tu ne l'imagines ».  

Kaori s'arrêta un instant et se rappela les mots prononcés par Ryô quelques jours auparavant. Elle savait désormais pourquoi il avait tenté de la garder éloignée de lui. Il l'aimait et voulait la protéger mais ce qu'il ignorait c'était qu'elle aussi l'aimait et qu'elle était prête à tout pour lui ! Comprenant que leur avenir se jouait peut-être avec la lecture de cette lettre, elle continua :  

« Kaori, j'aurais tant aimé pouvoir te le dire de vive voix et dans un autre moment que celui-ci mais il est temps pour moi de te l'avouer avant qu'il ne soit trop tard. Je tiens enfin à être honnête avec toi. Je veux que tu le saches, que tu le lises car je ne sais pas de quoi sera fait demain. Kaori Je t'aime, Je t'aime, Je t'aime. »  

Les émotions de Kaori étaient à leur comble, mais elle ne put s'empêcher de sourire tendrement en voyant les différentes tentatives de déclarations barrées. La jeune femme ne put se retenir de penser : « c'est bien du Ryô ça ! ».  

Ne voulant pas perdre plus de temps, elle reprit sa lecture :  

« Mon Sugar Boy, ce que je vais te révéler n'est pas simple pour moi, tu sais combien c'est difficile pour moi d'évoquer mon passé ( au fait il faut que le doc l'apprenne aussi, je lui ai promis qu'il comprendrait le pourquoi de ces événements), j'ai honte de cette vie d'assassin sans âme mais si je ne survis pas cette fois-ci, tu dois savoir pourquoi tu es à l'hôpital.  

Tout est de MA faute, il y a environ une quinzaine d'années, lorsque je vivais encore en Amérique du Sud, le père de Maria avait fait « équipe » avec Kaibara. Seulement, il n'appréciait pas d'être sous ses ordres, alors il monta un semblant de révolte.  

Tu te doutes sans mal que cela mit Kaibara dans une rage folle et il m'ordonna, en preuve de ma fidélité envers lui, de liquider tous les traîtres. Je n'ai eu aucun mal à liquider tous les rebelles mais j'ai été incapable de tuer le père de Maria.  

Nos deux « parents » se fréquentant, j'avais lié une sorte d'amitié avec elle. Elle vivait un peu la même situation que moi alors, ça nous a rapproché, je la considérais un peu comme ma petite sœur ».  

De nombreuses tâches avaient coulé sur le papier et rendaient la lecture encore plus éprouvante. La jeune femme voyait toute la souffrance qu'endurait son partenaire depuis si longtemps. Son cœur se serra devant de telles douleurs et elle se promit de tout faire pour l'aider à tourner enfin cette page.  

« Voyant mon refus, Kaibara, pendant mon sommeil, m'injecta une forte dose d'Angel Dust et le lendemain, il fit venir Maria avec son père. J'ai donc, telle une bête furieuse, tué son père de sang froid, devant elle, terrassée par la peur et l'horreur de ce qu'elle voyait ».  

L'écriture de Ryô était de plus en plus tremblante, elle semblait illustrer toute sa culpabilité ainsi que les horreurs qu'il supportait.  

« Une fois ce meurtre cruel achevé, Kaibara m'a regardé, un sourire diabolique aux lèvres et m'a dit que je pouvais faire ce que je voulais de Maria mais qu'après avoir terminé de m'amuser avec elle, je devais l'éliminer à son tour.  

Malgré l'effet dévastateur de la drogue, je ne lui ai rien fait car le peu d'âme qui me restait luttait de toutes ses forces. J'ai regardé cette pauvre fille qui pleurait en silence, apeurée par le monstre que j'étais devenu.  

Je n'ai pas bougé jusqu'à ce que la nuit tombe, j'ai attendu qu'elle s'écroule de sommeil et je l'ai déposée dans un hôpital. Depuis je ne cesse de revoir ses yeux emplis d'horreur et de souffrance. Au fond j'espérais presque qu'elle soit morte pour être un peu soulagé de ce crime...  

Je suis donc le SEUL responsable. La femme qu'elle a choisie d'être est le résultat de ce que je lui ai fait subir. Je dois assumer mes actes.  

C'est à cause de MOI si tu te retrouves dans cet état, j'ai failli te faire tuer! Je m'en veux Kaori, j'ai honte, je te supplie de me pardonner pour ça et pour tout ce que je suis. Je n'ai rien d'un homme bien, je suis l'Ange Noir de la mort. Je suis un assassin, un meurtrier qui ne te mérite pas.  

Ma Kaori, je ne suis pas l'homme que tu penses connaître, je suis un être mauvais, cruel, je ne suis pas humain.  

Il est temps pour moi d'en finir car tant que je serai en vie, elle sera toujours dangereuse pour toi ! Et si je ne meurs pas de sa main, ce sera de celles de ses acolytes, j'ai repéré leur présence depuis un petit moment dans l'immeuble.  

Kaori, j'ai honte, j'ai si honte de ce que je suis, de l'image que tu vas avoir de moi,pardon Kaori, pardon.  

Sache que dans mon enfer, ta rencontre a été miraculeuse pour moi, tu m'as entouré de ta tendresse, de ta bonté, de ton optimisme, de ta chaleur et de ton amour. J'ai pu vivre comme un homme presque normal à tes côtés. Tu as réussi à me laver d'une partie de mes pêchés, tu m'as montré que je pouvais faire le bien, tu m'as rendu mon âme pendant tout ce temps, tu m'as fait découvrir ce que c'est d'aimer et être aimé.  

Merci pour tout ce que tu m'as apporté, cet amour, je le garde au chaud, près de mon cœur. Kaori je serai toujours avec toi, quoiqu'il arrive ,mon AMOUR, je t'aime. Ryô »  

Kaori ne parvint pas à retenir ses larmes, contrairement à ce que pensait le nettoyeur, elle ne le détestait pas, lire qu'il l'aimait était le plus important pour elle. Elle savait déjà, l'homme qu'il avait été et malgré tout, elle était restée avec lui. Et puis ce qui comptait pour la jeune femme était ce qu'il était à présent. Il avait changé, il n'était plus une machine à tuer, il était devenu City Hunter, le dernier recours des cas désespérés.  

Comprenant qu'il allait se sacrifier pour qu'elle puisse vivre, Kaori trouva les forces nécessaires pour se lever. N'écoutant que son amour pour lui, elle parvint à s'habiller et à se faufiler hors de la clinique sans se faire remarquer. Même si elle devait mourir pour le rejoindre, elle prendrait ce risque, elle ne voulait plus jamais être séparée de lui et elle aussi voulait enfin lui dire de vive-voix qu'elle l'aimait.  

Très faible et vite épuisée, Kaori puisa dans son amour pour avancer. Une pluie glaciale la frigorifiait mais rien ne pourrait l'arrêter. La nettoyeuse se jeta sur le premier taxi qu'elle aperçut et profita du trajet pour échafauder un plan d'approche. Grâce aux précisions de son partenaire, elle savait qu'il y aurait un comité d'accueil, alors, avant de se jeter dans la gueule du loup, elle devait aller chercher quelques « accessoires ».  

La rouquine demanda au taxi de faire un court arrêt et de l'attendre quelques minutes, la jeune femme fit le « plein d'armes » en tout genre en se servant dans une des planques de Falcon. Puis déterminée à en découdre, elle indiqua au chauffeur leur adresse.  

Kaori sortit du taxi fébrilement, elle était très fragile mais, elle devait avouer ses sentiments à Ryô et pour cela elle serait capable de soulever des montagnes et donc détruire tous les obstacles.  

Inquiète, nerveuse mais aussi prête à tout, la nettoyeuse ouvrit la porte de leur immeuble.  

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