Chapter 12 :: Chap 12 : Etat de choc

Published: 16-05-14 - Last update: 16-05-14

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Chap 12 : Etat de choc  

Le tonnerre faisait rage et la pluie ne cessait de tomber depuis des heures. Cette pitoyable météo accentuait l'ambiance sinistre qui régnait à l'hôpital. L'arrivée en urgence des deux nettoyeurs avait créé le chaos dans le silence de l'établissement.  

Malgré le retour d'un certain calme, le Doc et Kazue restaient tendus. Leurs amis venaient de traverser des événements durs et dangereux. Malgré la réussite de leurs opérations, rien n'était joué pour Ryô. Kaori quant à elle avait évité le pire de peu.  

Ils savaient que leur réveil serait douloureux et qu'ils allaient devoir affronter de nouvelles épreuves. Le médecin et l'infirmière arpentaient les couloirs sombres de l'hôpital, juste éclairés par de petites veilleuses. Aucun d'eux n'arrivaient à se concentrer plus de quelques minutes. Seule cette marche parvenait à les apaiser un peu.  

Un bruit flou, lointain se fit de plus en plus aigu aux oreilles de Kaori. Ce son inquiétant l'extirpa de l'obscurité dans laquelle elle se trouvait. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle prit peur car elle ne savait pas du tout où elle se trouvait.  

Ses instincts de nettoyeuse lui conseillaient de s'en aller au plus vite alors, elle essaya de se lever. Mais sa tête se mit à tourner à toute vitesse et une douleur insoutenable lui donna des nausées. Tremblante, perdue, ne comprenant pas ce qui lui arrivait, la jeune femme paniqua. Comme son pouls s'emballa, une alarme stridente hurla à tout va.  

Aussitôt le Doc et Kazue accoururent au chevet de leur amie. Le vieil homme l'ausculta pendant que l'infirmière tentait de la rassurer. D'abord, elle coupa le son de la machine, puis, elle caressa doucement la main de la rouquine tout en lui disant :  

- Kaori, regarde-moi, tu me vois ? Tu m'entends ? C'est moi, Kazue. Calme-toi, respire profondément. Tout va bien. Tu es à l'hôpital. Ta blessure à la tête a nécessité que l'on t'opère. Mais ne t'inquiète pas, tout s'est très bien passé.  

La douleur était si forte que la nettoyeuse avait du mal à comprendre tout ce que lui expliquait son amie. De plus, elle se fichait de savoir comment elle allait, la seule chose qui lui importait : savoir où était Ryô. Qu'avait-il ? Etait-il encore en vie ? Pourquoi ne se trouvait-il pas à ses côtés ?  

A nouveau, le cœur de Kaori s'accéléra, sa tension grimpa vite et vu son état, c'était mauvais. Le Doc savait ce qui tracassait sa patiente. Alors, il se dépêcha de terminer ses examens pour pouvoir la réconforter. D'une voix paternelle et chaleureuse, il dit :  

- Ma belle, ma douce, ne t'inquiète pas pour Ryô. Je me suis personnellement occupé de lui. Tu me connais, je ne te mentirai pas. Il a été salement amoché, on peut même dire qu'il a frôlé la mort de peu.  

A ces mots, la nettoyeuse fut prise d'une telle angoisse qu'elle eut l'impression que sa poitrine allait exploser. Sentant que sa jeune amie perdait tout contrôle, il lui caressa gentiment la joue et ajouta :  

- Kaori, calme-toi, il est en vie. Ryô est en vie ! En ce moment, il est en soins intensifs, dans la chambre accolée à la tienne. Vu ce qu'il a subi, il est sous étroite surveillance. A l'heure actuelle, il dort et reprend des forces. Je n'ai pas besoin d'entrer dans le détail puisque tu as assisté à la scène. Tout ce que tu dois savoir c'est que vous êtes tous les deux des miraculés !  

En apprenant que son compagnon avait survécu à cet enfer la rouquine commença à s'apaiser. La douleur diminua et elle retrouva peu à peu sa lucidité. Savoir que Ryô était en vie fit disparaître toute ses tensions. Soulagée, la pression intense qu'avait ressentie la nettoyeuse chuta. Aussitôt, une grande fatigue apparut et elle s'endormit d'un coup.  

Le Doc demanda à Kazue de prendre régulièrement les constantes de la jeune femme et de s'assurer qu'elle ne souffre pas et qu'elle soit la plus sereine possible. Il était très important qu'elle commence à regagner des forces sans tarder. Les prochains jours lui seraient sûrement très pénibles.  

Ses recommandations terminées, le médecin retourna au chevet du nettoyeur. Ce dernier était en vie, mais son état n'était pas stabilisé, loin de là. Ses blessures avaient été très graves et l'avaient beaucoup affaibli. Sa fièvre n'avait rien arrangé !  

Rien n'était encore fait pour lui ! La nuit serait décisive, le Doc voulait être à ses côtés et lui donner un maximum de force. Ryô devait vivre, point final ! Il mettrait tout en œuvre pour ça.  

De plus, Kaori aurait besoin de son écoute et de son soutien. Son expérience de nettoyeur serait d'une grande aide ces prochains temps. Il devait donc se remettre car, pour une fois, les rôles seraient inversés. Ryô devrait se transformer en homme bienveillant, compréhensif et attentionné s'il ne voulait pas perdre leur amie.  

Malgré la gravité de l'état de son ami, le Doc était presque plus inquiet pour la nettoyeuse. Lorsqu'elle allait comprendre ce qui s'était passé, cela serait terrible pour elle. Soit elle parviendrait à accepter soit elle sombrerait. Il était donc essentiel que tous soient présents pour l'épauler et l'aider à traverser cette si dure épreuve.  

La nuit était silencieuse et calme quand, tout à coup, Kaori se mit à hurler et à se débattre. Elle semblait faire un horrible cauchemar. Agitée, paniquée, toute tremblante, la nettoyeuse n'attendit pas l'arrivée de son amie pour se lever.  

Malgré ses douleurs, elle parvint à se hisser du lit mais, une fois debout, ses jambes flanchèrent et elle s'écroula sur le sol glacial. Alors, elle se mit à ramper jusqu'à la salle de bain. Une fois arrivée à la salle d'eau, en sueur, elle s'agrippa au lavabo et se regarda dans le miroir.  

Ce qu'elle vit l'horrifia, elle avait le visage et les cheveux en sang. Elle se dépêcha d'ouvrir le robinet pour se rafraîchir les idées mais, lorsqu'elle fixa ses mains, ces dernières étaient elles aussi, maculées de sang.  

Telle une furie elle commença à se laver puis se mit à frotter de toutes ses forces mais les traces ne disparaissaient pas. La nettoyeuse se demanda si cette « folie » n'était pas un effet secondaire de l'anesthésie.  

Epuisée, sans forces, elle tomba sur le carrelage. Sans comprendre pourquoi ni comment, elle se mit à pleurer, ses larmes jaillissaient et semblaient ne pas vouloir s'arrêter. Elle sentit monter en elle une panique sans nom, quand les bras de Kazue l'enlacèrent.  

Hystérique, elle tenta de se libérer de cette étreinte amicale. Le Doc ne lui laissa pas le temps de se débattre plus longtemps. Malgré son âge, il la plaqua au sol et s'adressa avec elle avec fermeté et douceur à la fois :  

- Kaori, reprends-toi. Je sais ce qu'il t'arrive et je vais tout t'expliquer mais avant ça, je dois être sûr que tu comprennes bien ce que je te dis. Tu dois te ressaisir.  

Les paroles du vieil homme apaisèrent un peu la jeune femme. Au bout de quelques minutes, elle se calma. Retrouvant peu à peu sa lucidité, la nettoyeuse en profita pour poser une question au médecin :  

- Je peux vous demander quelque chose ?  

Le Doc qui connaissait déjà les tenants de cette requête acquiesça. Puis, il ferma les yeux, comme pour préparer la jeune femme au pire. Alors, timidement, comme si elle même avait déjà la réponse, elle dit :  

- Le type ? Il est gravement blessé ? Vous ne m'en avez encore pas parlé...  

Un long silence pesant s'installa. De nouvelles larmes jaillirent des yeux de Kaori, sourdes et lourdes. Kazue serra fort la main de son amie. La nettoyeuse comprit...  

Le vieil homme répondit gravement :  

- Il est mort !  

Cette phrase sonna tel un couperet aux oreilles de la nettoyeuse. Sa sentence venait d'être prononcée, elle était un assassin, elle avait tué un homme ! Aussitôt, ses hallucinations prirent tous leurs sens. Son subconscient tentait de lui rappeler la vérité cruelle de ses actes.  

Léthargique, telle une poupée de chiffon, elle ne dit rien, ne bougea pas et n'eut pas la moindre réaction. Le médecin appela un infirmier pour qu'il la remette dans son lit. Puis, il mit un somnifère dans la perfusion de la jeune femme qui s'endormit aussitôt.  

Il resta un moment avec Kazue, au chevet de la nettoyeuse, puis, ils finirent par la laisser. Une fois dans le couloir, l 'infirmière s'en prit violemment au Doc :  

- Pourquoi avez-vous fait ça ? Pourquoi ne pas avoir attendue qu'elle soit en meilleure forme ? Qu'est-ce qu'il vous a pris ? Elle n'est pas en état d'entendre ça !!! Elle …  

Le vieil homme ne la laissa pas terminer :  

- C'est justement pour son bien que je n'ai pas voulut reculer l'annonce encore et encore. Une très longue et pénible épreuve va commencer pour elle. Si on veut qu'elle s'en sorte, il faut qu'elle affronte cette vérité au plus vite pour pouvoir l'accepter et vivre avec.  

A partir de cet instant, il y aura une Kaori avant et après cet événement. C'est à nous de la soutenir de toutes nos forces pour qu'elle ne sombre pas. Et si nous avions attendu, son subconscient se serait exprimer de façon plus violente et agressive.  

Et sois honnête, elle nous en aurait tenu rigueur de lui cacher une telle chose. Elle est forte et si nous parvenons à lui montrer notre soutien et que nous tenons à elle autant qu'avant, je pense qu'elle pourra avancer.  

Si on ne fait pas attention, par contre, cela pourrait être critique et elle pourrait s'effondrer. Un long processus doit se mettre en place et que cela se fasse tout de suite est ce qu'il y a de mieux pour elle Même si elle a sauvé la vie de Ryô et la sienne par cet acte, il n'en reste pas moins qu'elle a tué un homme !  

Malgré les circonstances, ôter la vie d'un être vivant n'est pas anodin et chacun réagit de façon plus ou moins virulente. Il faut que nous lui apportions toute l'aide que nous pouvons lui donner pour qu'elle puisse trouver le courage d'y faire face.  

Devant les arguments du Doc, Kazue comprit sa position et promit de tout faire pour aider Kaori à s'en sortir. Des moments longs, durs, difficiles et terribles devraient être surmontés. 

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