Chapter 26 :: Chap 26 : La vie en enfer

Published: 05-12-14 - Last update: 05-12-14

Comments: Nos deux héros connaissent quelques soucis. J'espère que ce chapitre vous plaira. Bonne lecture.

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Chap 26 : La vie en enfer  

Ryô fut à peine arrivé à Tokyo qu'il était déjà en train de faire le tour de tous ses indics. Toutes personnes susceptibles de lui venir en aide étaient interrogées sans ménagement. Le nettoyeur ne voulait rien oublier et ne surtout pas passer à côté du moindre indice.  

Ses « yeux » et ses « oreilles » avaient ordre de tout surveiller. Même le détail le plus insignifiant devait être approfondi. La peur rongeant Ryô, son visage et son attitude ne laissaient pas de place aux «  peut-être » ou aux «  à peu près ». Tout était étudié, vérifié sous tous les angles possibles et imaginables.  

Plus les jours passaient et plus le nettoyeur perdait le contrôle. Ses nerfs le lâchaient de plus en plus souvent, il ne dormait presque plus, fumait sans arrêt et tentait de se calmer en buvant plus que de raison. Sa culpabilité et son inquiétude le détruisaient à petit feu. La disparition de Kaori lui était insupportable.  

A cran, Ryô avait perdu toute patience. La moindre contrariété le rendait fou. Son angoisse était si puissante qu'il ne contrôlait plus rien. Une simple remarque, un regard qui ne lui plaisait pas pouvait déchaîner une colère noire et presque sans limite.  

Se sentant perdre pied, le nettoyeur tentait de s'occuper l'esprit en mettant tout en œuvre pour retrouver sa compagne. Il ne vivait plus que pour ça. Pourtant, malgré tous ses efforts et toute sa détermination, une petite voix au fond de lui ne cessait de lui dire qu'il n'y parviendrait pas.  

Refusant d'écouter son instinct, il se consacrerait entièrement aux recherches. Ses amis avaient essayé de le soutenir, Mick avait même proposé de se faire la tournée des cabarets avec lui. Mais, Ryô n'était plus l'homme que tous connaissaient, le nettoyeur courait à sa perte et se jetait corps et âme en enfer.  

Cela faisait désormais plusieurs mois que Kaori avait disparu. Personne ne l'avait ni vue, ni aperçue. Malgré les tortures que Ryô avait infligé à leurs ennemis, aucun d'eux ne savaient rien. Toute la bande n'avait cessé de la chercher, en vain.  

La déception et l'inquiétude ne cessaient de grandir. Tous étaient désespérés et rien ne laissait présager d'un mieux. Malgré tous leurs efforts, aucun n'avait été capable de trouver le moindre petit signe de vie de la nettoyeuse. Elle semblait s'être volatilisée. Plus les semaines passaient et plus la chance de la retrouver s'amenuisait.  

Finalement, sans qu'aucun ne veuille le reconnaître ouvertement, deux terribles questions se faisaient de plus en plus présentes : la nettoyeuse voulait-elle vraiment disparaître ? Ou était-elle morte, loin de chez elle, sans que personne ne le sache ?  

Depuis cette journée cauchemardesque, Ryô s'isolait de plus en plus. Ses rapports avec la bande diminuaient, il s'enfermait dans son chagrin. Puisque rien n'évoluait, il lui était trop difficile de les voir et d'essayer de faire comme si tout était presque normal.  

Il savait très bien que tous s'interrogeaient sur le comportement inexpliqué de Kaori. Ne sachant pas toute la vérité, ils étaient sans doute encore plus perdus que lui. Le nettoyeur était envahi par la colère, la culpabilité et par la peur.  

Sa raison disparaissait petit à petit, seule sa quête lui donnait encore une raison d'avancer. Cependant, son acharnement à retrouver sa compagne causait de nombreux dommages. Tous ceux qui étaient un obstacle ou qui le contrariaient était éliminés sans états-d'âme.  

Rien n'y personne ne l'empêcherait de retrouver la femme de sa vie. Ryô évoluait désormais en enfer et ne comptait pas en ressortir sans Kaori même si tous ses actes risquaient de la détourner de lui. Il ferait absolument tout ce qu'il pourrait pour la trouver.  

*****  

Quelques mois auparavant, dans un pays éloigné du Japon, une jeune femme rousse, le regard perdu et triste venait de quitter l'aéroport. Elle ne semblait savoir que faire ni ou aller, elle errait sans but, ne cherchant même pas à savoir où elle était.  

Au bout de quelques heures de marches, sans s'en apercevoir, elle se trouva dans un quartier sombre, dangereux et mal famé. Non seulement elle était totalement perdue mais une pluie battante et glaciale se mit à tomber.  

Cet événement météorologique eut au moins le mérite de lui faire reprendre ses esprits. Affolée par sa présence dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, la jeune femme trébucha, chuta dans une flaque d'eau. Son « réveil » la fit paniquer.  

Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait ici, ni pourquoi elle était là. Des larmes coulèrent le long de ses joues et sa respiration se fit difficile. Elle avait l'impression de devenir folle. La jeune femme ne savait pas comment elle était arrivée là.  

Apeurée, inquiète, elle voulut appeler Ryô mais sans savoir pourquoi, elle se retint. Une voix au fond d'elle lui conseillait de ne pas faire appel au nettoyeur. Pourtant, elle devait à tout prix tenter de se calmer pour reprendre ses esprits alors, elle ferma les yeux et essaya de se souvenir de la raison qui l'avait conduite ici.  

Le noir se fit tout autour d'elle et elle remonta le cours des événements. Une jeune fille apparut ainsi qu'une grosse brute qui la maltraitait. La jeune femme frissonna, et mit ses mains dans les poches. Elle sentit quelque chose de froid, elle sortit un revolver !  

La jeune femme rousse essaya de se rappeler pourquoi elle avait une arme à feu sur elle. Une scène commença à apparaître quand elle entendit un cri strident. C'était un appel au secours, empli d'une terreur sans nom. La voix très aiguë laissait penser qu'il devait s'agir d'un enfant.  

Aussitôt, sans réfléchir, comme s'il s'agissait d'un réflexe, elle se leva et courut dans la direction des cris. Essoufflée, gelée par la pluie et perdue, la jeune femme avait du mal à se diriger. Finalement, son instinct reprit le dessus et la guida vers une cage d'escalier mal éclairée.  

Ce qu'elle vit la mit hors d'elle. Un homme assez corpulent se défoulait littéralement sur un petit garçon qui devait avoir cinq ou six ans à peine. L'enfant était si terrifié et sonné qu'il ne disait rien. Il ressemblait à une poupée de chiffon !  

Sans plus attendre, la jeune femme rousse se jeta sur l'agresseur. Grâce à cette attaque surprise, l'homme fut déséquilibré et laissa tomber le petit garçon qui en profita pour se cacher. Enervé, le malfrat s'en prit à la jeune femme.  

Il la souleva de terre telle une plume et la gifla violemment. Pourtant, la rousse ne se laissa pas faire. Comme si elle avait l'habitude de ce genre de situation, elle sut que faire. La jeune femme se débattit de toutes ses forces, constatant que cela ne changeait pas grand chose, elle le mordit à l'épaule. Furieux, l'homme la poussa contre le mur. Mais la douleur prit le dessus et il finit par la lâcher.  

Le choc fut si fort que la jeune femme perdit connaissance quelques secondes. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, l'individu la menaçait de son arme. D'une voix puissante et animale, il lui ordonna de se déshabiller. La rousse ne broncha pas, son regard changea, il s'obscurcit. Son attitude se transforma également. Son visage se ferma pendant qu'elle ôtait doucement son pull.  

Soudain, elle sortit son magnum, visa et tira sans aucune émotion. L'homme s'effondra, une balle logée dans son crâne. Cette fois-ci, la jeune femme ne pleura pas, elle ne ressentit pas de culpabilité non plus. Tuer ne semblait plus l'atteindre.  

La rousse quitta la scène, ne sachant toujours pas où aller quand le petit garçon apparut. Son regard était triste et inquiet. Aussitôt la jeune femme se radoucit, elle rangea son arme, se pencha vers lui et lui demanda comment il s'appelait.  

Rassuré par la soudaine douceur de sa sauveuse, l'enfant lui raconta qu'il s'appelait Nicolas, qu'il avait 5 ans et qu'il vivait à l'orphelinat du quartier. Il lui expliqua aussi que comme le foyer avait de gros soucis d'argent, le directeur ne cessait d'être embêté par des « vilains méchants ».  

La jeune femme comprit ce qu'il se passait et se promit d'arranger la situation. Alors, quand le petit garçon lui proposa de l'accompagner à l'orphelinat, elle accepta tout de suite. Arrivé au foyer, l'enfant raconta comment elle l'avait sauvé.  

Le directeur la convoqua dans son bureau. Ils parlèrent un moment. Elle raconta qu'elle avait perdu la mémoire et qu' elle ne savait que peu de choses. Elle n'était pas d'ici car cette langue ne lui était pas naturelle et elle aimait beaucoup les enfants au point de prendre tous les risques pour les protéger.  

Le directeur l'écouta et devant l'aura lumineuse et douce qu'elle dégageait, il lui fit confiance. Comme il manquait de personnel, il lui proposa de s'installer tout de suite ici et l'embaucha. La jeune femme accepta.  

Une fois dans sa chambre, la rousse se rappela du jour où elle avait tué la première fois. Protéger Ryô avait été sa seule préoccupation. Depuis, elle était morte avec ce criminel. Kaori réalisait petit à petit qu'elle était nettoyeuse et qu'il était grand temps qu'elle l'accepte.  

Cette nuit-là, la jeune femme prit une grave décision. La mort serait dorénavant son quotidien. Une fois de plus, elle avait sauvé un jeune innocent. A partir de cet instant, elle serait le recours de tous les opprimés. Elle se fit la promesse d'être la plus impitoyable des nettoyeurs. Quiconque s'en prendrait à un enfant la trouverait sur son chemin.  

Avant tout, elle devait se trouver un prénom et un pseudonyme. Ne voulant pas attirer l'attention, il fallait qu'elle trouve un prénom commun et neutre, qui ne donne pas d'indice sur ses origines. Elle se rappela d'une série qu'elle aimait dont l'une des héroïnes s'appelait, Jenny. Elle s'appellerait donc Jenny.  

Quant à son autre nom, Kaori regarda autour d'elle, aucune idée ne lui vint. Tout à coup, on frappa à la porte, c'était Nicolas. Il venait la remercier une fois de plus et venait lui offrir une carte. Il rêvait de devenir magicien, il avait donc tout le temps des cartes sur lui.  

Le petit garçon avait choisi la reine de cœur, parce qu'elle avait été très gentille avec lui. La nettoyeuse le remercia chaleureusement. Dès qu'il partit, Kaori regarda la carte, émue par ce geste. Convaincue que son choix était le bon, elle décida qu'elle serait la Reine de Coeur. Sa nouvelle vie allait commencer.  

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