Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 49 chapters

Published: 02-10-20

Last update: 22-11-20

 

Comments: 32 reviews

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DrameRomance

 

Summary: "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé..." Un an après la disparition de la lumière de sa vie, comment Ryo, et la bande, a-t-il repris le cours de sa vie ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Message in a bottle" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Message in a bottle

 

Chapter 1 :: Chapitre 1

Published: 02-10-20 - Last update: 02-10-20

Comments: Bonjour, me voici de retour avec une nouvelle fic. Comme le nom le suggère, un autre titre de Police, nous voici avec la suite de Bring on the Night. J'espère que vous apprécierez. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 1  

 

« Ryo,  

J’espère que tu n’auras jamais à lire cette lettre. Si tu le fais, c’est que je ne suis plus là et ça me brise le cœur de te laisser seul.  

J’aurais aimé pouvoir partager plus avec toi, pouvoir t’appeler mon amour autrement que dans mes rêves. Apparemment, le destin en a décidé autrement. Je t’aime et je pars en sachant que tu m’aimes même si tu ne me l’as jamais dit ouvertement. Tes gestes, tes regards ont parlé pour toi. Ca me suffit.  

Ne culpabilise pas et surtout vis. Ne te laisse pas mourir sinon ma fin sera définitive également. Je suis en toi, Ryo, comme tu es en moi, et tant que ton cœur battra, je serai là. Tant que tu vivras, je vivrai. Ne laisse pas l’homme que tu es sombrer de nouveau dans les ténèbres. Vis, aime, ris, espère.  

J’ai aimé chaque moment que nous avons passé ensemble. Je les emmène avec moi là où je m’en vais. Ils m’aideront à supporter d’être séparée de toi. Ils m’aideront à t’attendre parce qu’on se retrouvera un jour pour l’éternité.  

Je t’aime, prends soin de toi et de nos amis.  

Kaori  

 

PS : interdiction de fumer dans la maison ! »  

 

Ryo reposa la lettre, le cœur serré. C’était la première phase de son rituel du matin. Sortir la lettre, la déplier, se retenir de la froisser en sachant parfaitement ce qu’elle contenait, lire les mots qu’il connaissait désormais par cœur, sentir sa gorge se serrer, la laisser reposer contre son cœur comme si sa chaleur et son amour en sortaient pour venir l’imprégner à nouveau pour tenir la journée, la replier et la ranger soigneusement dans le tiroir de sa table de chevet jusqu’au lendemain matin, parfois seulement jusqu’au soir. La deuxième phase suivait irrémédiablement. Il attrapait le cadre-photo, saluait son meilleur ami puis s’abreuvait du sourire de sa sœur, la femme qu’il avait aimée comme un fou pendant des années sans pouvoir lui dire et qui lui avait échappé juste au moment où il avait été prêt.  

 

- Joyeux anniversaire, Kaori., murmura-t-il.  

 

C’était sorti tout seul. La date approchant, il s’était demandé comment il réagirait mais il n’en avait eu aucune idée. Autant cinq jours auparavant, il avait eu envie de tout casser lorsqu’il s’était réveillé, préférant fuir la ville et ses amis pour rester seul et panser ses blessures, autant aujourd’hui il se sentait, bien n’était pas le mot mais prêt à affronter la journée et ses souvenirs, son souvenir. Alors, il reposa le cadre et sortit de son lit, le refaisant sans attendre, ouvrit les rideaux et laissa le soleil printanier entrer dans la pièce.  

 

- Regarde, il fait beau dehors. Je suis passé au parc hier. Les cerisiers vont bientôt fleurir. Je pense que l’hanami de cette année sera splendide. Tu aurais aimé cela., dit-il à voix haute comme s’il lui parlait.  

 

Il approcha de la table de chevet et tourna le cadre vers l’extérieur.  

 

- Je trouverai bien une excuse pour aller le voir… pour toi., lâcha-t-il.  

 

Sans plus tarder, il alla se doucher puis petit-déjeuner avant de sortir de l’immeuble. Il se rendit au cimetière en métro, la route y menant étant en travaux créant des bouchons monstrueux. Quand il se retrouva devant la stèle d’Hideyuki, il remarqua de suite la rose rouge posée dans le petit vase. Saeko était déjà passée comme chaque année très tôt le matin. La nouveauté, c’était la rose blanche qui accompagnait la fleur couleur sang. Tous savaient que, lorsque ce serait possible, un autre nom viendrait s’inscrire sur le granit. Ce jour-là, ils seraient tous là en mémoire de leur amie disparue. Malgré tout, en attendant, même s’il n’y était pas encore inscrit, tous venaient la retrouver ici quand ils en avaient besoin, assez souvent d’ailleurs.  

 

Ryo s’agenouilla et déposa le bouquet d’oeillets blancs qu’il avait acheté chez le fleuriste qu’elle aimait bien. Il n’avait jamais vraiment eu d’attention particulière pour elle de son vivant mais, depuis un an, la stèle était régulièrement fleurie… parce qu’elle le faisait pour son frère, arguait-il quand on lui posait la question, parce qu’il en avait juste envie ou besoin selon les occasions.  

 

- Tu me manques, Kaori. J’espère que ta vie est plus paisible là où tu es., murmura-t-il.  

- Maki, j’espère que tu chasses les jeunes loups qui lui tournent autour. C’est ma femme même si je n’ai pas eu le courage de le lui dire assez tôt, même si tu dois me détester pour ce qui lui est arrivé. Tu ne le feras jamais autant que moi.  

 

Et il se détestait pour tellement de choses qu’il en avait perdu le compte : pour n’avoir pas su mieux la protéger, pour ne pas avoir senti sa présence dans le yacht alors qu’il s’en allait, pour avoir saboté l’autre scarab et lui avoir enlevé tout moyen de s’enfuir, pour ne pas être retourné sur les lieux aussitôt qu’il s’était rendu compte qu’elle n’était pas au port… Pourtant, il savait qu’il n’aurait rien pu faire de plus. Le bateau avait explosé sous ses yeux deux heures plus tôt, la tempête était au summum de sa violence et il était reparti dès qu’elle s’était calmée. Pour une fois, il avait laissé la raison l’emporter et c’était peut-être cela le plus dur. Attendre avait été la solution la plus raisonnable pour ne pas causer deux disparitions au lieu d’une. Il était resté sur la voie de la prudence comme pour toute cette affaire qui était sortie des sentiers battus mais, peut-être qu’au dernier moment, il aurait dû reprendre ses vieilles habitudes et partir la secourir coûte que coûte. Au pire, il serait avec elle aujourd’hui.  

 

- Je n’ai pas le droit de penser cela., gronda-t-il, serrant les dents.  

- Je sais que ce n’est pas ce que tu aurais voulu mais… c’est dur d’être celui qui reste. Tu t’imagines le calvaire que tu m’as imposé en me demandant de vivre sans toi ? Il y a des jours où j’arrive à oublier un peu la douleur. Devant nos amis, je souris. Mais ta présence en moi, c’est à la fois un poids et une force parce que je crève de ne pouvoir te voir et, en même temps, tu me pousses à avancer.  

 

Il caressa le granit gris puis se redressa. Après un dernier regard et un « à bientôt », il s’en alla. Arrivé au métro, il hésita puis se dirigea vers le port, là où le drame s’était dénoué. Dans l’un des hangars, il trouva le scarab qu’ils avaient gardé. Comme à chaque fois, il vérifia la coque, l’intérieur du bateau et tous les circuits, juste au cas où un de ses ennemis l’aurait découvert et trafiqué pour se débarrasser de lui. Ensuite, il l’amena sur le quai et le mit à l’eau avant de grimper dedans et de prendre la direction du large. Deux heures plus tard, il était au dernier endroit où elle avait été, comme déjà une dizaine de fois depuis un an. Les premières fois, il avait passé son temps à hurler jusqu’à tomber à terre, vidé de toute force, de toute colère. C’était le seul endroit où il s’autorisait à pleurer, loin de tous les regards, loin de tout jugement, en sa seule présence.  

 

Il ne hurla pas ce jour-là. Aucune larme ne sortit. Depuis quelques temps, il retrouvait un semblant de paix quand il était là. Il se sentait plus proche d’elle. C’était comme si le vent dans ses cheveux était ses doigts, comme si l’humidité salée qui se déposait sur son visage étaient les larmes qu’elle avait versées et il les essuyait doucement. Il observait l’horizon pendant un long moment, bercé par le mouvement du bateau, entouré par le silence uniquement brisé par le bruit des vagues qui s’éclataient contre la coque et regardait les navires qui voguaient au loin. Il avait cessé de leur en vouloir de ne pas l’avoir recueillie. La faute n’était que sienne et peut-être qu’un jour, il cesserait de s’en vouloir comme elle l’aurait certainement fait. Kaori était ainsi faite qu’elle lui aurait pardonné, il le savait mais il avait encore besoin de temps.  

 

Il n’avait aucune idée du temps qu’il avait passé là quand il remit le moteur en marche et regagna le port. Ce pèlerinage lui avait fait du bien et il pourrait poursuivre cette journée et voir leurs amis sans faillir. Il pourrait être le soutien dont ils auraient peut-être besoin, leur montrer qu’il allait bien en ce jour difficile, qu’ils ne devaient pas s’inquiéter pour lui. Quand il arriva au port, il refit le plein du bateau, le rangea et s’en alla, regagnant le centre de Shinjuku. A son aise, il fit le tour de ses indics. Hormis certains fidèles, il avait mis un certain temps à regagner leur confiance après l’affaire de la Mante Verte. Aujourd’hui, les choses étaient rentrées dans l’ordre et les affaires tournaient à peu près comme avant.  

 

Ayant fait tout ce qu’il avait à faire, il prit le chemin du Cat’s, flânant tranquillement les mains dans les poches. Arrivé à un carrefour, il attendit patiemment le passage du feu piéton au vert. Son regard fut attiré à ses côtés par un ballon rouge qui voletait dans les airs. Soudain, il fut pris dans un coup de vent et partit sur la chaussée.  

 

- Ballon !, entendit-il crier en anglais.  

 

Aussi vite il vit une tête blonde se précipiter sur la route, la main tendue, n’ayant dans son champ de vision que le traître rouge.  

 

- Layla !, hurla une voix féminine dans la fraction de seconde qui suivit et, le bousculant au passage, elle se jeta sur la chaussée et attrapa la petite au même moment où les voitures démarrèrent.  

 

Ryo entendit le coup de klaxon qui résonna sur la gauche et vit la jeune femme glisser sur les bandes blanches repeintes depuis quelques jours seulement. Il ne se posa aucune question et courut vers elles, les attrapa dans ses bras et, sans se préoccuper des cris des conducteurs des voitures sur lesquels il sauta, atterrit de l’autre côté de la voie sur le dos, amortissant le choc pour elles deux. Ils restèrent ainsi un moment, le temps de se remettre de la surprise de la mésaventure.  

 

- Ballon…, pleurnicha la fillette.  

- Ca va aller, chérie. On t’en rachètera un autre., lui dit tendrement la jeune femme dans leur langue maternelle.  

- Merci de nous avoir sauvées., dit-elle ensuite à Ryo, tournant son regard émeraude vers lui.  

 

Il eut une pensée fugace pour Livia, leur fausse cliente qui était elle aussi blonde aux yeux verts, mais ne s’y attarda pas et tendit sa fille à cette inconnue. Il la regarda la serrer contre elle, apparemment encore très secouée. Il l’examina des pieds à la tête pour voir si elle semblait blessée.  

 

- Vous n’avez rien apparemment. Un coup de chance., la rassura-t-il.  

- Oui. Je l’ai à peine quittée des yeux une seconde pour consulter le plan…, s’excusa-t-elle, se sentant coupable.  

- Ces petites choses sont rapides à ce qu’il paraît., tenta-t-il de la soulager.  

- Oui, c’est vrai.  

- Je devrais la remercier. Ca m’a permis de tenir une belle jeune femme dans mes bras., la taquina-t-il, tentant de la détendre.  

- Comme si vous aviez besoin de cela., lui répondit-elle avec un léger sourire mais un regard appréciateur.  

- Vous savez, un homme apprécie toujours de sauver une demoiselle en détresse., répliqua-t-il, malicieux.  

- Encore un peu et vous allez me dire que je me suis jetée dans vos bras., fit-elle, faussement consternée.  

 

Il la regarda et se prit à rire avant de s’arrêter en repensant à sa belle, une lueur de tristesse teintant son regard furtivement, avant de se reprendre. Il ne faisait rien de mal à part avoir aidé et discuter une jeune mère et son enfant.  

 

- Je… Je ne vais pas abuser de votre temps. Je vous remercie encore de votre aide, Monsieur., le salua-t-elle.  

- Ryo., la corrigea-t-il machinalement.  

 

Elle le regarda un peu surprise puis se reprit et lui sourit amicalement.  

 

- Moi, c’est Sam et ma fille Layla. Merci, Ryo., fit-elle, tâtant ses poches.  

- Vous cherchez quelque chose ?, lui demanda-t-il, voyant ses sourcils se froncer.  

- Mon plan… mais je crois bien que je l’ai perdu., fit-elle, dépitée.  

 

Elle regarda partout autour d’elle et soupira.  

 

- Je peux vous servir de guide si vous voulez. Où devez-vous aller ?, lui proposa-t-il.  

- Je ne veux pas vous accaparer plus longtemps. Vous devez être attendu., lâcha Sam, gênée.  

- J’ai encore un peu de temps devant moi. Alors où devez-vous aller ?, insista-t-il.  

- J’ai une chambre au Sun City., finit-elle par accepter.  

- Ca tombe bien. C’est presque sur mon chemin., lui répondit-il.  

- Vous êtes sûr ? Bon d’accord., accepta-t-elle quand il acquiesça.  

 

Ils mirent cinq minutes à rejoindre l’hôtel en discutant de tout et de rien, surtout de Tokyo et de ses quartiers. Arrivés dans le hall de l’hôtel, Ryo l’abandonna pour aller trouver le réceptionniste et revint en lui tendant un nouveau plan.  

 

- Avec les indications en anglais., lui fit-il remarquer avec un sourire.  

- Merci., dit-elle, le regard pétillant, le prenant.  

- Je… je peux vous offrir un café ?, lui proposa-t-elle.  

 

Il l’observa un instant, tenté de dire oui parce qu’il passait un bon moment après tout. Il n’en attendait pas plus, juste un moment agréable en agréable compagnie… mais l’envie lui sembla soudain déplacée et, gardant un sourire pour l’apparat, il secoua négativement la tête.  

 

- Non merci, je suis attendu. Je vous souhaite un bon séjour, Sam, et évitez les ballons., lui conseilla-t-il avec un clin d’oeil.  

- J’en achèterai peut-être quand même un… si je vous vois dans les parages., répondit-elle, le regard pétillant.  

 

Ryo ne put s’empêcher de sourire, amusé, avant de faire signe qu’il devait s’en aller.  

 

- Arigato, Ryo. Sayonara., lui dit-elle spontanément.  

- Vous connaissez le japonais ?, s’étonna-t-il.  

- Juste quelques rudiments., balaya-t-elle.  

 

Elle le regarda partir et fronça les sourcils, soucieuse, avant de remonter dans sa chambre.  

 

Ryo reprit la route et ne tarda pas à arriver au Cat’s. Tout le monde était déjà là. Kazue donnait le biberon à Samuel, le petit garçon qu’elle avait mis au monde huit mois auparavant, Mick discutait non loin avec le Professeur, Miki discutait avec Saeko et son cow-boy pilote d’hélicoptère et Umibozu était là, impassible, essuyant…  

 

- Un verre, ça change, Tête de Poulpe., ironisa Ryo.  

 

Il aimait le taquiner mais ses petites manies imperturbables étaient rassurantes dans leur monde qui avait subi un grand chamboulement. Comme pour mieux se rappeler à eux, ce qui n’était pas vraiment utile, une photo de Kaori avait été posée sur le comptoir, deux bougies l’entourant.  

 

- Tu es en retard, Ryo., lui fit remarquer Miki, un regard soucieux posé sur lui, signe qu’elle n’était pas fâchée mais inquiète.  

- J’ai sauvé deux demoiselles en détresse en chemin., lui répondit-il, malicieux.  

- Mignonnes ?, l’interrogea Mick, jouant les intéressés juste pour le plaisir.  

- L’une d’elles pourrait prétendre à un rendez-vous avec Samuel., répliqua Ryo, évitant de répondre sur son aînée.  

- La petite a surgi sur le passage piéton alors que les voitures allaient démarrer et sa mère l’a rattrapée mais a glissé. Je suis intervenu. Comme elles étaient perdues, je les ai raccompagnées jusqu’à leur hôtel., expliqua-t-il.  

- Oh… elles n’ont rien ?, s’inquiéta la barmaid.  

- Non, un peu secouées peut-être…, admit-il.  

 

Les écoutant parler, Umi sortit huit verres à saké qu’il aligna sur le comptoir et les remplit. Il les distribua dès que le biberon fut fini et fit un signe de tête à Ryo. Bien évidemment, il lui laissait l’honneur de la parole et il ne lui en était pas forcément reconnaissant. Prenant le temps de réfléchir, il fit le tour des personnes dans la pièce et vit un verre de saké posé devant la photo de sa partenaire et Miki juste à côté avec un verre d’eau.  

 

- Tu ne bois pas ?, lui demanda-t-il, soupçonnant la raison.  

- Non… Je ne peux pas., balbutia-t-elle.  

 

Il lut la joie contenue dans son regard ainsi que la culpabilité. Il approcha d’elle et posa une main sur sa joue, un sourire chaleureux aux lèvres.  

 

- Elle aurait été heureuse pour vous, alors vas-y annonce-le., l’incita-t-il.  

- Ce n’est pas le jour., objecta Miki, les larmes aux yeux, touchée par le soutien de son ami.  

- Si, c’est le bon jour., lui affirma-t-il.  

- On va avoir un bébé. Je suis enceinte de deux mois et demi., annonça-t-elle, la gorge serrée.  

- C’est super !, s’exclama Kazue, s’approchant d’eux après avoir donné Samuel à son père.  

- Ryo a raison. Kaori aurait été super heureuse pour toi., lui dit-elle, enlaçant son amie.  

 

Ryo regarda les deux femmes qui s’étaient encore plus rapprochées depuis que leur amie les avait quittés. Les liens qu’elle avait tissés avec chacun étaient restés pendant dans le vide un moment mais ils s’étaient renoués sur ceux qui s’étaient créés entre eux au fil des ans, les rendant plus forts.  

 

- A Kaori qui aimait la vie par dessus et lui souriait malgré toutes les épreuves qu’elle avait traversées. Elle aurait aimé une pluie de bonnes nouvelles aujourd’hui., affirma Ryo, levant son verre.  

 

Peut-être même qu’ils en auraient eu une à annoncer eux-mêmes, pensa-t-il, jetant un regard vers la poussette où Samuel s’était endormi, suçant sa tétine. Depuis qu’il était là, il avait cessé de prétendre qu’il n’aimait pas les enfants. Il s’était posé à de nombreuses reprises la question de savoir s’il aurait eu le courage d’en avoir un avec Kaori, de devoir affronter la peur de le perdre comme il avait eu peur de la perdre. Elle lui aurait peut-être insufflé cette force mais elle n’était plus là et c’était un projet qui ne verrait jamais le jour.  

 

- Vas-y, Saeko. Dis-leur., entendit-il chuchoter non loin Kenji.  

- Sinon, c’est moi qui le fais et tu m’en sais capable., la menaça-t-il, un sourire dans la voix.  

- T’es pénible…, gronda l’inspectrice.  

- M’en fous, tu m’aimes quand même. Je te laisserai le manche ce soir, ma belle. Tu te vengeras si tu veux., lui susurra-t-il à l’oreille.  

 

Ryo croisa le regard pétillant de son amie, un grand changement aussi chez elle. Ils restèrent un long moment à se fixer et il finit par acquiescer, lui donnant son consentement muet.  

 

- En parlant de bonnes nouvelles, et sans vouloir te voler la vedette, Miki, nous aussi, nous avons quelque chose à vous apprendre : nous allons nous marier., les informa Saeko.  

- Umi, double ration de saké. L’indomptable inspectrice a trouvé son cow-boy., s’exclama Mick.  

- Est-ce plus extraordinaire que les deux plus grands pervers de Tokyo se rangeant ?, lâcha-t-elle, faussement fâchée.  

- D’ailleurs, les gars du poste vous remercient : ils ont beaucoup moins de travail depuis un moment., leur apprit-elle.  

- Les choses évoluent., pipa Ryo.  

 

Il approcha du comptoir où il posa son verre et observa la photo de Kaori. C’était la photo qu’ils avaient prise à son anniversaire deux ans auparavant. Elle souriait de ce sourire qui réchauffait les coeurs, ses yeux brillant d’une flamme douce et chaude. Même si son cœur se serra à l’idée de ne pouvoir la prendre dans ses bras, il sentit un sourire étirer ses lèvres. Kaori aimait la vie, elle n’aurait pas aimé le voir s’appesantir. Il resta là un long moment, se tournant de temps à autre pour observer les groupes évoluer, échanger, puis refaisant face à sa partenaire.  

 

- Elle me manque., avoua le Professeur.  

- Son entêtement, sa générosité, sa chaleur… C’est un grand vide qu’elle a laissé., ajouta-t-il, la gorge serrée.  

 

Ryo regarda son ami et posa une main sur son épaule. Le Professeur avait pris un coup de vieux après ce qui était arrivé. Le nettoyeur pensait très sérieusement que la seule chose qui lui avait permis de tenir, c’était la reconstruction de la clinique qui lui avait occupé l’esprit pendant un long moment. Pour ne pas rouvrir une clinique qui ne servirait à rien, il avait passé de longues semaines à faire le tour des chefs de clan et, tout en rasseyant sa place de chef d’orchestre du milieu, il leur avait rappelé que ce lieu qui renaissait de ses cendres resterait ce qu’il avait été, un lieu neutre ouvert à tout un chacun. La clinique n’était donc pas restée inactive longtemps après sa réouverture.  

 

- Moi aussi, elle me manque mais elle est toujours là, Professeur. Regardez autour de vous, regardez en vous. Kaori est là., lui assura son protégé.  

- C’est vrai. J’ai eu très peur pour toi, Ryo. J’ai vraiment craint que tu retombes dans les ténèbres., admit le vieil homme.  

- Non, je ne pouvais pas. Je l’aurais trahie et elle mérite que je me batte pour rester l’homme qu’elle m’a aidé à devenir., le rassura-t-il.  

- Je suis fier de toi, Babyface, vraiment très fier de toi., murmura le Professeur avant de le laisser.  

- Regarde ce que tu as créé, Sugar. C’est grâce à toi que nous sommes tous ici aujourd’hui… même si on aurait préféré te voir parmi nous d’une autre manière., souffla-t-il, terminant son verre.  

 

Sans faire attention, il fixa l’horloge du café et constata qu’à cette heure, ils étaient en pleine action. Il sentit son cœur se serrer et inspira profondément pour le calmer. Il ne pouvait pas craquer. Il sentit une main virile se poser sur son épaule et se tourna vers son ami américain.  

 

- Son sourire me manque. Même ses massues me manquent., lui confia-t-il en riant.  

- Elle a vraiment frappé trop fort alors…, répliqua Ryo, un sourire aux lèvres.  

- Tu n’avais rien à annoncer ? Ton petit projet dont tu m’as parlé il y a quelques semaines ?, lui demanda-t-il, préférant changer de sujet.  

- Elle a dit oui mais Miki et Umi, Saeko et Kenji… c’était déjà suffisant pour aujourd’hui., répondit Mick.  

 

Même s’il avait vu la joie que lui procuraient ces annonces, il avait vu l’éclat furtif de douleur. Ryo avait remonté la pente mais il n’était pas encore guéri et ne le serait peut-être jamais. Il avait passé beaucoup de temps avec Saeko qui était passée par la même douleur et pouvait l’écouter et comprendre. Il s’était aussi beaucoup attelé à la tâche, à rendre Tokyo et leur quartier plus sûr et serein pour s’occuper l’esprit mais surtout parce que c’était sa ville à elle. Ryo restant un nettoyeur, il l’avait souvent vu partir le soir faire le tour des cabarets, l’avait même accompagné quelques fois, mais ce n’était plus le même homme fêtard invétéré, rentrant éméché à pas d’heure. Il était là pour le travail, buvait modérément et restait décent avec les filles.  

 

Il se souvenait de ce soir où ils étaient rentrés à deux peu avant Noël. La neige avait commencé à tomber et Ryo s’était arrêté et avait levé la main avec un regard insondable.  

 

- Elle aurait adoré., avait-il murmuré, nostalgique.  

- Elle te manque ?, lui avait demandé Mick.  

- Oui et non. Je rêve de pouvoir la voir, la sentir contre moi, d’entendre le son de sa voix mais, d’un autre côté… je la sens là en moi. Où que j’aille, elle est avec moi., lui avait-il répondu, tapotant son cœur.  

- Tu dois me prendre pour un idiot…, avait-il soupiré, fourrant les mains dans ses poches.  

- Non, tu l’as dans la peau. Vous avez passé tellement de temps ensemble, vous étiez si proches. Je te comprends., lui avait assuré son ami.  

 

Ryo regarda son ami, le scrutant du regard.  

 

- Je vais bien, Mick. Tu n’as pas à me ménager. Si je dois m’en prendre à quelqu’un pour ne rien avoir à annoncer, c’est à moi et moi seul. J’ai largement eu le temps de me décider. J’aurais pu rendre sa vie plus belle, plus douce et je n’ai fait que jouer les crétins par peur de m’engager., gronda-t-il.  

- Tu sais très bien que c’est faux. Elle t’aimait et vous aviez une relation un peu bizarre certes mais vous aviez quelque chose de particulier à deux. Tu partais de loin, Ryo, elle le savait., tenta de l’apaiser Mick.  

- La prochaine fois, tu accepteras peut-être plus vite., lâcha-t-il.  

 

Le nettoyeur se tourna brusquement vers lui, le regard noir, se retenant de l’empoigner pour ne pas inquiéter les personnes autour de lui.  

 

- Une prochaine fois ? Tu crois vraiment que quelqu’un pourrait prendre sa place ? Personne, tu m’entends ? Personne !, lui affirma Ryo avec force avant de quitter le café.  

- Attends, Ryo !, l’interpela Mick.  

- Laisse-le., intervint Umibozu.  

- Mais on ne peut pas…, pipa l’américain.  

- Regarde l’heure., murmura le géant.  

 

Le silence qui planait ne masqua pas sa répartie et tous les regards se tournèrent vers l’horloge. C’était l’heure à laquelle le bateau avait explosé, emportant avec lui la personne qu’ils célébraient aujourd’hui à défaut de la pleurer parce qu’elle n’aurait pas voulu cela. Kaori était espoir et générosité. Kaori aurait voulu les voir vivre et sourire. Umi remplit de nouveau les verres et leva le sien.  

 

- A Kaori, sa force, son courage et sa joie de vivre et surtout à l’espoir qu’elle a insufflé en chacun de nous., annonça-t-il.  

- A Kaori., trinquèrent-ils ensemble, le cœur lourd.  

 


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