Chapter 28 :: Que la lumière soit !

Published: 29-02-12 - Last update: 29-02-12

Comments: Hello tout le monde. Voilà l'avant dernier chapitre. Encore un et c'est fini ! On pourra dire que je l'aurai traînée cette fic. En tout cas super contente d'en voir enfin le bout car ma hantise c'est un peu beaucoup de ne pas pouvoir achever mes histoires. On arrive enfin dans le dénouement de cette histoire et je dois dire que c'est pas sans une pointe de tristesse car après le dernier chapitre je vais devoir laisser mes personnages et je trouve cet instant toujours triste. En même temps, j'aurai plus qu'à passer à la fic suivante. Un grand merci pour vos coms et à bientôt pour l'ultime chapitre. Bonne lecture et Bisous

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Lorsque Ai regagna le monde céleste, Nethila était toujours inconsciente dans ses bras. Tous les anges qui l'avaient accompagnée lors de sa descente sur terre l'entourèrent afin de lui transmettre l'énergie nécessaire pour la maintenir en vie. Ai la posa délicatement sur son lit.  

_Elle ne se réveille pas, prononça-t-elle d'une voix tremblante en caressant la joue pâle de sa mère.  

_Pousse toi Aï, je vais m'occuper d'elle, lui dit alors gentiment une voix d'homme en posant fébrilement ses mains sur ses épaules.  

Elle n'eut pas à se retourner pour voir à qui elle avait affaire, elle reconnut cette voix sans mal. Se voulant forte et rassurante, elle se laissa tout naturellement guider afin de lui laisser suffisamment de place pour soigner sa mère.  

_Je......je ne veux pas qu'elle meurt.  

Aï avait utilisé le mot mourir à défaut du mot disparaître, et cette nuance importante à ses yeux avait montré à l'ange à quel point sa peur était vive.  

_Elle ne va pas disparaître. Rassure-toi . Je ne le permettrais pas.  

Le sourire rassurant qu'il esquissa suffit à balayer toutes ses angoisses.  

_Elle a perdu ses ailes, son auréole et elle est si pâle. Elle est translucide. Elle a donné toutes ses forces et.... La fin de sa phrase mourut au fond de sa gorge dans un douloureux sanglot.  

_C'est pour cela que je vais lui donner un peu de la mienne, la rassura celui-ci.  

L'ange lui sourit avant de mettre sa main dans sa poche et d'en sortir une bourse. Il y plongea sa main et se saisit d'une poignet de paillettes de poussières d'étoiles qu'il dispersa sur elle afin de complètement la recouvrir.  

_De la poussière d'or, de la poussière d'étoiles, murmura Aï surprise. Ce n'est donc pas un mythe lâcha-t-elle. C'était la première fois qu'elle en voyait.  

_Non, ce n'est pas un mythe ! finit-il par répéter une fois sa tâche terminée.  

_Ca ne marche pas que sur les humains ! fit-elle surprise en le voyant saupoudrer sa mère et en osant un regard dans sa direction.  

De translucide, le corps Nethila retrouva son opacité ce qui arracha un sourire à Aï.  

_En effet, ça marche aussi sur les anges. Voilà qui est fait. Ta mère est tirée d'affaire. Il lui faut juste beaucoup de repos. Elle va dormir longtemps Aï, le temps que son corps récupère et se régénère.  

_Et pour ses ailes et son auréole ?  

L'ange lui fit un signe négatif de la tête tout en caressant la joue de Nethila. Il l'enveloppa d'un regard doux et reconnaissant. Il écarta alors ses bras l'incitant alors à aller vers lui. Ai vint tout naturellement se blottir tout contre lui, elle en avait besoin. Elle avait failli perdre sa mère. A cette pensée, elle éclata en sanglots tout contre le torse de l'ange. Elle avait failli tout perdre ce soir et elle ne savait toujours par pourquoi. Non, elle le savait en partie. Sa mère avait été prête à se sacrifier pour son père, ce père inconnu qu'elle n'avait jamais connu afin de se racheter, mais Ai sentait que cela allait au delà. Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues, mélange étrange de joie et de souffrance, d'espoir et de tourment. Une fois calmée l'ange s'éloigna alors d'elle.  

_C'est le prix à payer pour transgresser les règles.  

_Mais elle ne l'a pas fait pour elle .  

_Je sais. Et je lui en serait éternellement redevable.  

_C'est toi qui lui a dit pour la poussière d'étoiles et les marches célestes n'est ce pas ?! Cela sonna plus comme une affirmation que comme une question. Ai n'attendait pas vraiment de réponse de sa part. C'est toi cet ami dont -elle m'a parlé n'est ce pas ?!  

L'ange se contenta de lui sourire.  

_Pourquoi ? rajouta Ai.  

_Pour aider ton père, et pour m'aider moi !  

_Comment ?  

Aï avait une multitude de question à lui poser, mais elle préféra s'abstenir face au regard qu'il lui adressa. A cet instant, le plus important était l'état de sa mère.  

_Reste avec elle, je dois m'absenter. C'est à mon tour d'entrer en scène, rien n'est terminé.  

_Tu vas sur terre, n'est ce pas ? Tu sais ce que tu encours si tu enfreins toi aussi les règles.  

_Je les ai déjà enfreins !  

De nouveau il se contenta de lui sourire tout en réajustant ses lunettes avant de quitter les lieux en courant. Il courait à présent sur la terrasse . Il inspira profondément et souffla sur les nuages blancs et floconneux pour se frayer un passage. Il enjamba la balustrade du balcon et plongea dans le vide en même temps que ses immenses ailes blanches se déployèrent.  

******************  

Rentrer....où, dans ce grand appartement vide et froid. Plus rien ne lui importait. Il n'y avait plus rien à cet instant, plus d'espoir, plus de coeur, plus d'attente, plus de vie. Rien . Rien que le néant et cette douleur, rien que cette douleur et cette vision mortuaire qui allait le hanter pour le restant de ses jours. Plus rien ne le retenait. Sa dernière attache avec ce monde venait de le quitter. A quoi bon vivre si ce n'est que pour souffrir. Il ne pouvait lutter contre des forces surnaturelles, il n'était pas de taille, ils ne l'avaient jamais été. Et malgré cela il avait espéré jusqu'à la fin. Il esquissa un mouvement et souleva l'arme. Entre ses mains elle pesait terriblement lourd alors qu'en temps normal elle se serait fondue en lui. Il la fixa de longues secondes avant de la porter à son tour à sa tempe.  

Abandon . Désertion. Capitulation. Renoncement. Résignation.  

Voilà tout ce qui l'animait à cette instant. Poussé par cette impulsion d'en finir, de faire taire les battements frénétiques de son coeur, d'étouffer la douleur agonisante que cet organe lui faisait ressentir telles des décharges électriques, d'oublier les tourments de son âme qui se devaient de le délaisser, de le laisser partir afin d'anéantir à tout jamais ce mal qui avait imprégner son corps, son coeur, sa chair et chacune des ses pensées. Oui pousser par cette impulsion, cette envie de la rejoindre il s'autorisa un ultime regard dans sa direction.  

_Je t'aime Kaori.  

Un dernier regard, un dernier sourire, une dernière inspiration avant que son index ne presse la détente. Sa main n'avait pas tremblé, ses paupières n'avaient pas cillé, il avait juste et simplement appuyé d'un coup sec et irréfléchi mais l'arme s'enraya. A ce même instant, alors que Ryo pressait sur la détente, la neige cessa de tomber, un léger vent se souleva alors qu'un nouvel ange venait de se poser juste à côté de lui.  

_Ouf....... juste à temps ! dit l'ange en passant le revers de sa main sur son front tellement il s'en était fallu de peu. S'il était arrivé une seconde plus tard, tout cela n'aurait servi à rien. Il pouvait entendre les battements affolés de son coeur résonner jusque dans ses tympans. Ses lunettes glissèrent alors sur son nez et de sa main libre il les repositionna.  

_C'est bien ma chance ! Vous allez même me refuser ça ! hurla Ryo en regardant le ciel. Haaaaaaa............  

Il hurla de douleur pour se donner du courage, de la force mais cela ne changea rien. Le cri était sorti de sa bouche en franchissant la barrière de ses lèvres tel un rugissement d'agonie. Un animal en pleine agonie voilà ce qu'il était à cet instant..  

S'il avait pu voir, Ryo aurait vu que son arme ne s'était pas enraillée comme il l'avait cru, et que le ciel contre qui il hurlait sa colère et sa rage n'y était pour rien. S'il avait pu voir, il aurait vu juste à ses côtés un ange se tenir, un genoux à terre coincer son index entre le sien et la détente de l'arme qu'il pressait fermement. S'il avait pu voir, il aurait vu le regard désolé et meurtri de l'ange, posé sur lui, de le voir ainsi.  

_Désolé Ryo, mais c'est pas prévu au programme. Ton heure n'est pas encore venue ! En plus de ça j'ai presque plus de poussière d'étoiles, annonça celui-ci sans le quitter du regard.  

Il était à moins de 15 cm de lui. Son regard plongé dans ces prunelles noires dilatées qui n'exprimaient plus rien.  

La fatalité, le destin s'acharnait contre lui. Après quelques secondes de silence, Ryo se calma alors qu'un sourire moqueur étira ses lèvres. Il n'avait nullement envie de rire mais la vie se chargeait vraiment de lui faire payer cher ses actes passés. La mort ne semblait pas vouloir de lui, elle qui l'avait si longtemps convoité, c'était vraiment le comble de l'ironie. Il se mit alors à rire, un rire sonore, un rire déplacé, un rire dément, un rire grinçant , un rire nerveux qui le laissa livide jusqu'à ce que quelque chose n'attire son regard. La démence l'avait gagné. Il se frotta alors les yeux et regarda dans le direction de Kaori.  

Ryo devint soudainement calme, trop calme. Ses doigts engourdis lâchèrent l'arme qui glissa sur ses cuisses pour finir sa course sur la neige. Il fixa Kaori avant que son regard ne s'oriente sur Mick ou plutôt sur ce qui l'entourait. Cela ressemblait à une aurore boréale, c'était tellement beau. Des voiles extrêmement lumineux et colorés les enveloppaient  

Face à ce qui se jouait devant lui, Ryo ne put qu'écarquiller les yeux de stupeur, d'émerveillement, de démence ou d'espoir. Il cligna des paupières plusieurs fois et regarda cet invisible se réaliser. L'espace d'une demi-seconde, il avait entraperçu le visage de son ami de toujours. Il avait reconnu ce regard franc et sincère, ce sourire rassurant et chaleureux. L'espace d'une demi-seconde il vit son frère parsemer le corps de Kaori puis celui de Mick de paillettes d'orées qui créèrent par ondes ces fameux voiles colorés. Cet instant fugace il ne fut même pas sûr qu'il soit réel. Leurs regards se croisèrent de brèves secondes, il le vit lui sourire avant de complètement se faner. Un regard rempli de gratitude, un regard plein de reconnaissance, un regard pour tout recommencer.  

_Hideyuki ! Lâcha-t-il d'une voix amorphe.  

C'était tout ce qu'avait trouvé son ami pour lui redonner espoir, pour ne pas qu'il abandonne. Un sourire. Un sourire et un regard chargé d'émotions, cela valait tous les discours du monde en cet instant.  

_J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir Ryo, c'est à toi de jouer à présent clama Hideuyki avec austérité. Veille bien sur eux Ryo car je ne pourrais plus revenir !  

Il lança un dernier regard en direction des deux corps puis appuya une dernière fois son regard sur Ryo avant de déployer ses ailes et d'un battement regagna les cieux.  

La démence, ce fut ce sentiment qui habita Ryo en premier lieu avant que le terme hallucination ne gagne du terrain et ne s'ancre dans son esprit.  

_C'est impossible ! Je l'ai rêvé, imaginé. Je suis fou ! C'est ça, la folie m'a gagné. Ca ne peut être que ça. Après tout ce qui s'est passé ce soir c'est normal. La folie, la démence... Je suis fou. J'ai pleinement conscience d'être fou alors ça ne peut pas être ça. Un vrai fou est persuadé d'être normal. Pour un vrai fou, ce sont les autres qui sont fous. La folie ! La démence ! ne cessait de répéter celui-ci. Pourtant que j'ai bien vu ? L'ai-je réellement bien vu ? s'interrogea Ryo.  

Il réalisa alors que rien était impossible, ce soir rien était impossible, tout était possible. Si Mick et Kaori avait vu respectivement le Shinigami et un ange pourquoi lui ne pourrait pas voir son ami ?  

_ Hideyuki ? murmura-t-il.  

Au cours de ses 6 années de vies communes avec Kaori, elle lui avait appris beaucoup de choses comme le respect de soi et des autres, la compassion, et si de toutes ces choses il ne devait en retenir qu'une, c'était l'espoir, de garder toujours espoir. On pouvait dire de Mick qu'il était beaucoup de choses, oui, mais pas un lâche. Mick était comme lui, il n'agissait jamais sans raison. S'il s'était tiré une balle dans la tête c'est qu'il devait y avoir une bonne raison. Il aurait vécu une vie entière pleine de remords, de culpabilité, de souffrance cela aurait été sa façon de se punir plutôt que de mettre fin à ses jours. C'était indigne des nettoyeurs qu'ils étaient et de leur code moral. Si Hideyuki lui était apparu et même si son apparition avait été aussi éphémère qu'un battement d'ailes d'un papillon, c'était qu'il devait y avoir une raison. Mais laquelle ? Même si cette vision il l'avait imaginée..... c'était pour une raison bien précise. C'était l'union d'un être éternel à la durée d'un éphémère et il voulait s'attacher, s'ancrer à cet éphémère coûte que coûte car c'était tout ce qu'il lui restait à cet instant précis. Hideyuki ne lui était pas apparu sans raison. Non. Il devait, il voulait se rattacher à cet éphémère, il en avait besoin car sinon cela signifiait que tout était fini, terminé et qu'une longue vie de souffrance, de douleur, et d'agonie l'attendait.  

Peu importe le nom qu'il lui donnait: un rêve, un mirage, une hallucination.....  

Oui, Mick avait commis l'innommable car il devait avoir une idée en tête. Laquelle ? Ryo n'en eut aucune idée mais cela faisait obligatoirement partie du plan de son ami. Mick s'était tiré dessus car il avait de l'espoir, il avait l'espoir de sauver Kaori. Il ne devait pas abandonner maintenant, il ne devait pas les abandonner. Hideyuki était apparu à un moment opportun pour l'empêcher de.......  

Son visage se transforma. Son front se plissa, ses yeux reflétèrent l'épouvante que suscita chez lui sa prise de conscience, la découverte de cette gêne, de ce malaise soudain qui l'anima. C'était au delà du malaise. La culpabilité. Le dégoût. La peur, l'incompréhension se dessinèrent sur les traits de son visage alors que ses mains se mirent à trembler, sa respiration se fit rapide et courte. Son coeur lui rata un battement avant de battre avec fureur, de grands coups sourds mais douloureux. Son regard ne put se détacher avec horreur de cette arme que sa main avait instinctivement ramenée vers lui. Ryo sentit la nausée le prendre aux tripes. Il eut juste le temps de pencher la tête sur le côté avant de vomir. Ryo éprouva une immense honte à cet instant, couplée à de la culpabilité. Il prit l'arme dans sa paume et la traîna sur la neige afin de la masquer à son regard. Il essuya sa bouche du revers de sa manche puis tenta de se relever. Il se mit à faire quelques pas sans quitter les corps des yeux avant de s'arrêter subitement.  

_Je reviens, leur dit-il.  

Il se mit à courir comme un forcené en direction de la sortie du cimetière et de la voiture. Il chancela à plusieurs reprises, la distance qui le séparait du 4X4 lui parut interminable. La portière conducteur était encore ouverte, il grimpa et posa sa main tremblante sur la clé qui était toujours sur le contact. Il prit une profonde inspiration et la démarra. Il ne prit même pas la peine d'ouvrir la seconde porte du portail du cimetière, il le défonça et s'engagea dans l'allée principal. Il arrêta la voiture non loin des corps de ses amis. Il ouvrit la portière derrière lui, puis celle du coffre et se précipita en direction de leurs corps. Ils n'avaient pas bougé de leur place, tous deux inconscients étaient allés au devant de leur funeste destin afin de le préserver. Il s'accroupit à côté de Kaori. Elle était gelée. Il la souleva et la posa délicatement sur le siège arrière du véhicule. Il se saisit de la couverture qui y reposait et la recouvrit. Il espérait que cela la réchauffe un peu. Il retourna auprès de Mick et le souleva à son tour puis le déposa dans le coffre du 4X4 au prix d'un fort considérable.  

_Accrochez-vous, ne me lâchez pas ! les implora Ryo. Peu importe ce que tu avais en tête Angel, ça a intérêt de fonctionner tu m'entends ! lui murmura celui-ci au creux de son oreille telle une menace.  

Il s'apprêta à son tour à gagner le véhicule lorsque son regard se posa sur l'arme. Il eut une brève hésitation en se remémorant ce qui aurait pu advenir si son arme ne s'était pas enrayée. Honteux, il la récupéra et il la rangea dans la boîte à gant du véhicule. Pour la première fois de sa vie, il ne la vit pas comme sa meilleure alliée mais plutôt comme sa pire ennemie. Elle avait été témoin de son acte désespéré. Il avait honte, il n'était pas encore prêt à faire face à cet acte. Il y avait plus urgent.  

Ryo regagna à son tour sa place et il prit la direction de la clinique de doc. Heureusement pour lui les rues étaient désertes. Les gens étaient tous chez eux et célébraient le début de cette nouvelle année. Il avait perdu toute notion de temps, seuls les battements effrénés de son coeur le rattachaient encore à cette notion de temps qui s'était arrêtée à la découverte du corps de Kaori. Ryo ne prit ni la peine de s'arrêter aux feux rouges, n'accorda aucune priorité à droite et ne ralentit devant aucun céder le passage. Son regard allait droit devant lui à son rétroviseur auquel il jetait de nombreux regards espérant voir Kaori bouger, pousser un profond soupir, le soupir libérateur qui la ramènerait à la vie, entendre Mick râler, mais rien de tout cela ne se produisit. Il prit son portable dans la poche de sa veste d'une main tremblante et composa le n° du doc. Il dut s'y prendre à plusieurs reprises. La sonnerie retentit plusieurs fois avant que celui-ci ne décroche.  

_Allo ! fit le doc à moitié endormi.  

_ C'est moi....... commença doucement Ryo.  

_Ryo.......Non, mais tu as vu l'heure qu'il est le réprimanda celui-ci. C'est que je suis plus tout jeune moi, déclara celui-ci avant d'ajouter dans un petit rire, ça dépend surtout des activités si tu vois ou je veux en venir, mais dis-moi........  

Ryo le coupa net dans sa lancée entre deux inspirations.  

_Je te veux devant ta clinique dans 15 minutes frais et dispo. Si tu as passé ta soirée à picoler, tu as intérêt de vite décuver doc. Soit prêt à intervenir, lui dit Ryo d'une voix calme et neutre.  

_Qu'est ce qui se passe Ryo ?  

Ryo l'avait quelque peu pris au dépourvu. Doc sentit l'urgence dans les mots de son ami, mais cela contrastait terriblement avec le calme apparent dont-il faisait preuve.  

_ C'est Mick....Mick et Kaori .... parvint-il à dire sans être capable d'ajouter quoi que ce soit d'autre.  

_Tu me les emmènes, ils sont blessés ?  

Ryo dut prendre une profonde inspiration pour s'apprêter à dire ces mots que ses lèvres redoutaient de prononcer.  

_Ils sont morts doc ! prononça-t-il alors que la douleur s'inscrivit sur son visage en même temps que coeur se serra dans sa poitrine.  

En entendant cela doc se laissa tomber sur la chaise qui se trouvait juste à côté de lui. Il voulut parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Avait-il bien entendu?  

_J'a....j'arrive tout de suite Ryo bégaya celui-ci.  

_Dis a Kazue de rentrer chez elle, je veux pas avoir à la gérer. J'en suis pas capable.  

_Mais...... bégaya doc avant que Ryo ne raccroche.  

Sans rien ajouter d'autre, le praticien raccrocha son combiné d'une main tremblante alors que son regard absent qui fixait le combiné de son téléphone devint subitement flou. Il ne comprenait pas pourquoi il ne voyait plus. Il leva une de ses mains et la porta à ses yeux. Là, il remarqua qu'il pleurait. Il fixa ses propres larmes de longues secondes avant de sortir de sa torpeur. Pourquoi lui avait-il demandé d'être prêt à intervenir s'ils étaient morts ? Il se leva et ses jambes chancelèrent, pas à cause de l'unique coupe de champagne qu'il avait bu, mais à cause de ce que Ryo lui avait dit. Il regagna sa chambre en longeant le mur puis s'empressa de s'habiller. Il dut s'y prendre à trois fois pour enfiler une chaussette tellement ses mains tremblaient. Le choc de cette nouvelle fut tel que l'homme d'expérience qu'il était face à de tel cas n'avait pas pu se contenir. Pour Ryo cela aurait été de la faiblesse, pour l'homme âgé qu'il était c'était simplement faire preuve d' humanité, de compassion. Il avait voulu interroger Ryo mais il avait préféré s'abstenir car il avait trouvé le moment inopportun. Une fois prêt, il avertit son personnel lui demandant de se tenir prêt à recevoir deux blessés.  

Une fois l'appel passé, Ryo jeta son portable sur le siège passager. Tout était calme autour de lui, trop calme. Les routes étaient désertes, il n'y avait pas âme qui vive dans les rues et le calme de l'habitacle de cette voiture était oppressant. Il aurait tellement aimé pouvoir revenir en arrière, en arrière de juste quelques heures, retrouver sa vie, sa femme, cette espoir et cette envie de vivre qui l'animait. Retrouver Kaori, retrouver ce lien qui l'unissait à elle. La retrouver Elle, c'était retrouver sa joie de vivre. A cet instant précis, il n'était que douleur et désespoir.  

Lorsque Ryo stoppa le 4X4 dans la cours de la clinique, Doc se tenait prêt à l'entrée avec deux brancards. En apercevant le 4X4, il le reconnut de suite et l'avant du véhicule complètement défoncé lui fit croire à un accident de voiture.  

_Ou est Kazue? demanda Ryo en descendant du véhicule. Il ne se sentait vraiment pas prêt à devoir gérer ses cris et ses pleurs.  

_Je lui ai dit de rentrer à mon arrivée car c'était calme.  

Ryo ouvrit la portière arrière passager, c'est là que doc vit Kaori.  

_Où est Mick.  

_Dans le coffre .  

En ouvrant le porte de coffre doc ne s'attendit pas à découvrir ce que ses yeux lui révélèrent : le visage de Mick, d'une pâleur extrême et recouvert de sang. A la vue de tout ce sang qui recouvrait son visage doc ne se fit aucune illusion. Aidé par deux infirmiers, ils soulevèrent Mick et le posèrent sur un brancard. Ce fut cet instant que choisit Kazue pour entrer dans le cours de la clinique. Elle était à mi-chemin lorsqu'elle réalisa qu'elle avait oublié les clés de son appartement dans son casier. Ne voulant pas réveiller Mick, elle avait préféré rebrousser chemin pour aller les récupérer. Quelle ne fut sa surprise de voir le 4X4 de son homme garer dans le cours de la clinique. Elle avait alors garé sa voiture non loin de celle de Mick. Ce n'est qu'en descendant de sa propre voiture qu'elle vit deux infirmiers pousser le brancard sur lequel Mick avait été allongé.  

_Noooooooon......Miiiick............  

Kaori fut la première a être prise en charge.  

_Ryo occupe toi de Kazue lui cria doc. C'était justement ce que celui-ci appréhendait  

Kazue s'accrocha au corps sans vie de l'homme qu'elle aimait tout en le suppliant de ne pas la quitter, d'ouvrir les yeux. Ryo dut faire preuve de force pour la forcer à la lâcher. Il l'emprisonna dans ses bras afin que les infirmiers le porte à son tour sur le brancard. Tous deux furent conduits dans une des salles du bloc opératoire ou les infirmiers s'attelèrent à la tâche.  

_Préparez le chariot de REA lança la voix autoritaire du doc.  

_Docteur...... fit une infirmière gênée, on a aucun pouls pour la jeune femme. Elle est morte ! lui annonça t-elle avec regret.  

_Idem pour lui, prononça d'une voix désolée d'une autre infirmière.  

_D'après sa température, il semblerait qu'elle soit morte depuis plus de 2 h 00. Seule une autopsie nous révélera les causes exactes de sa mort. Elle n'a aucune blessure apparente contrairement à l'homme. Il est bien trop tard pour tenter quoi que ce soit la concernant docteur.  

Doc le savait, il l'avait su dès que ses yeux s'étaient posés sur leurs corps sans vie, mais malgré tout pour Ryo, pour Kazue et pour lui il avait voulu..... Il ne savait même pas ce qu'il avait voulu. Ryo lui avait clairement dit au téléphone qu'ils étaient morts, mais se retrouver face à cette réalité lui avait fait prendre conscience de cette vérité. Il avait tout simplement voulu espérer.  

_Le coup de feu lui a été fatal. Il est mort sur le coup lâcha un des infirmiers.  

Ryo était resté à l'extérieur de la salle, il tenait toujours Kazue entre ses bras. Elle avait cessé de s'agiter, épuisée. Ryo la soutenait alors que son regard ne quittait pas la porte de la salle dans laquelle ses deux amis se trouvaient. Les infirmières et les médecins s'afféraient tous autour d'eux, certains entraient, d'autres sortaient dans une agitation infernale. C'est alors qu'ils les virent sortir les uns après les autres, le visage blême, les traits tirés et inquiets posant sur Kazue et lui un regard désolé. Kazue ne savait que trop bien ce que cela signifiait pour l'avoir vécu de trop nombreuses fois et aujourd'hui c'était à elle que cela arrivait..  

_Non......non..... hurla Kazue, n'arrêtez pas, ne partez pas leur lança-telle en les suppliant du regard de ne pas abandonner Mick. Face à la douleur de son amie, Ryo sentit sa culpabilité se décupler.  

Le personnel de la clinique se dispersa préférant leur laisser l'intimité de leur douleur. Doc se trouvait toujours dans la salle. Il ne parvenait pas à sortir. Il ne se sentait pas le courage de faire face à ses deux amis, ils les considéraient comme ses enfants.  

_Il ne peut pas être mort ! tenta t-elle de se persuader en se tournant pour faire face à Ryo. Y a encore quelques heures ont été ensemble. C'est pas possible. Je l'ai laissé endormi à l'appartement. Qu'est ce qui s'est passé ?  

Ryo aurait préféré mourir plutôt que de devoir faire face à ce qu'il était entrain de vivre à cet instant. Voir la souffrance de Kazue palpable et foudroyante termina d'avoir raison de lui. C'était lui le responsable de tout ce gâchis.  

_Lâche-moi Ryo je t'en prie !  

A bout de force il relâcha un peu son emprise. Kazue en profita et réussit à se dégager par un geste si brusque qu'elle perdit l'équilibre et tomba à terre. Ce qui décupla sa colère. Elle se releva avant même que Ryo n'ait eu le temps de la rattraper et se précipita en direction du bloc. Alors qu'il allait se jeter à sa poursuite, doc sortit de la salle et l'intercepta.  

_Kazue s'est fini ! lui dit-il en l'accueillant dans ses bras.  

_Non ! Hurla Kazue à s'en briser les cordes vocales. Le désespoir l'étouffait et la fit trembler de la tête aux pieds.  

Doc et Ryo la regardèrent avec douleur, désemparés par sa détresse. Ne pouvant en supporter plus, Ryo ferma les yeux et resta ainsi seul au milieu de ce grand couloir vide, blême et immobile. A bout de force Kazue se laissa glisser sur le sol, soutenue par les bras de doc . La voir ainsi lui fendit le coeur.  

_Je veux le voir doc s'empressa de lui dire Kazue en larmes.  

_Je ne pense pas que....  

_Je veux le voir ! lui ordonna celle-ci en planta ses ongles dans ses bras.  

_Très bien, allons-y ! Il l'aida à se relever.  

Doc et Ryo échangèrent un regard avant de suivre Kazue dans la salle. Les deux corps avaient été recouverts d'un drap. En voyant cela ce fut comme un choc pour Ryo dont les jambes lâchèrent. Il se soutint au mur pour ne pas s'effondrer alors que l'air manqua à ses poumons. Sa respiration devint difficile et sa vue commença à se brouiller. Il s'adossa au mur et se laissa glisser à terre. Il serra de rage et de désespoir ses poings. C'était fini. C'était clair et définitif, ils ne reviendraient plus, jamais.  

_C'est fini ! murmura doc.  

Après cette affirmation qu'il aurait aimé ne pas entendre, Ryo se tapa la tête contre le mur. Tout son univers venait de s'écrouler. Il n'entendit rien de ce que doc lui disait, ni même les pleurs de Kazue, il était loin, il était ailleurs, loin de cette pièce maudite qui lui avait arraché sa vie, son bonheur, son coeur. Son dernier espoir venait de s'envoler.  

_Y avait plus rien à faire, leur avoua doc alors que Kazue soulevait le drap maculé de sang du visage de Mick.  

_Mick...... Kazue lui caressa la joue alors qu'une de ses larmes vint mourir au creux de l'oeil de Mick.  

Doc ne voulait surtout pas accablé plus Ryo mais il avait besoin de savoir. Il hésita à poser la question, mais il avait besoin de comprendre.  

_Qu'est ce qui s'est passé ?  

_J'en sais rien balbutia-t-il d'une voix incohérente.  

De là ou il se trouvait, Ryo ne vit rien du corps de Kaori. Son regard se bloqua sur ce drap blanc qui la masquait à son regard. Il refusait cette vérité. Il refusait cette réalité. Il n'était pas encore prêt à l'accepter. Il se leva alors, marcha jusqu'au brancard et se saisit de celui-ci avant de l'arracher d'un coup sec. Face à ce geste plein de violence doc préféra garder le silence. Ryo en fit de même pour Mick. Il avait encore sur le corps les électrodes qui étaient toujours reliés au chariot de réanimation tout comme Kaori. Machinalement Ryo tourna la tête vers les deux écrans mais malheureusement ceux-ci ne montraient aucun signe de vie, aucune courbe, juste une ligne droite et continue. Ryo sembla comme hypnotisé par cet écran et par cette ligne continue. Doc s'inquiéta de l'état mental de son ami. Il regarda dans la direction de ce point fixe que Ryo ne quittait pas des yeux. Il devait mettre un terme à cet échange. Il alla jusqu'au moniteur leva la main et s'apprêta à l'éteindre.  

_Ne touche surtout pas à ce bouton, le menaça Ryo sans même prendre la peine de le regarder.  

Au timbre de la voix de Ryo, doc jugea préférable de faire ce que celui-ci lui ordonnait. Ryo ne s'était jamais mis en colère contre lui, réellement en colère, ni ne l'avait jamais menacé. Certes, il avait déjà eu le canon de son magnum sous le nez lorsqu'il embêtait de trop prêt Kaori mais jamais il n'avait usé de cette voix glaciale et dure à son encontre. Jamais il ne lui avait laissé entrapercevoir cette aura sombre qui émanait de lui. Non jamais, pas même lorsqu'il était en sevrage à cause du PCP. Là c'était différent, c'était Kaori. Doc se dit qu'il serait préférable de prévenir Miki et Falcon au cas où Ryo devienne incontrôlable.  

_L'espoir ..........murmura Ryo.  

Il devait s'accrocher à cet espoir que Kaori avait fait naître en lui et que Mick avait su éveiller. Il pouvait perdre son temps, ses illusions, ses rêves mais pas son espoir.  

_La confiance murmura-t-il.  

Il avait confiance en Mick ? Même si son acte était irrationnel il voulait croire en son ami. La confiance : la base de toute relation, la confiance n'est-elle pas un apprentissage de la vie. Il devait croire en son propre ressenti et uniquement en cela.  

Ryo caressa alors le visage de Kaori et arrêta ses doigts sur ses lèvres gelées. Lèvres encore gonflées par le désir ardent qui les avaient animés quelques heures plus tôt. Confiance et Espoir à cet instant Ryo ne voulait croire qu'en ses deux mots. Il se baissa, embrassa ses lèvres en une douce caresse puis se mit à la frictionner. Ses mouvements furent entravés par son pyjama qu'il se décida à lui enlever sous les regards incrédules de ces deux amis.  

_Ryo... qu'est ce que tu fais ? Doc osa un pas hésitant dans sa direction.  

_Faut que je la réchauffe.  

_Il n'y a plus rien à faire ça ne changera rien lui dit-il en posant sa main sur celles de Ryo afin de stopper son geste..  

_Peut-être mais faut que je la réchauffe. Kazue fait pareil avec Mick.  

_Ryo......  

_Fais ce que je te dis! lui hurla celui-ci face à son immobilisme.  

Face à cette voix dure et autoritaire Kazue ne put s'empêcher de sursauter.  

_Ryo...... on ne revient pas d'une mort faite par une balle dans la tête pour Mick ou d'une crise cardiaque semble-t-il pour Kaori.  

Doc estima inutile de continuer de bercer son espoir.  

_Doc je sais que c'est fou mais je veux y croire. Pour une fois dans ma vie que je vois croire en quelque chose, je t'en supplie laisse moi y croire. Si tu veux vraiment m'aider, ramène-nous des couverture chauffantes.  

Kazue emportée par le désir d'y croire de Ryo se mit à frictionner Mick avec ferveur. Doc quitta la salle. Il passa un coup de fil à Falcon et revint quelques minutes plus tard avec deux couvertures chauffantes qu'il posa respectivement sur Kaori et Mick. A bout de souffle, Ryo et Kazue s'écartèrent des deux corps.  

_Ryo qu'est ce qui s'est passé ? Cette fois ce fut Kazue qui lui posa la question.  

_Vous ne me croiriez pas si je vous le disais.  

_Essaie...........Qu'est ce que tu ne nous dis pas ?  

Ryo plongea son regard dans celui de Kazue et préféra garder le silence. Elle n'était pas prête à entendre que Mick s'était tiré une balle dans la tête pour tenter de sauver Kaori. Lui même avait encore du mal à le réaliser et surtout à l'accepter. Elle n'était pas prête à entendre cette histoire de Shinigami et d'ange et plus que tout ce n'était pas à lui de le lui dire.  

******************  

Tout se passa très vite, trop vite. Mick et Kaori eurent juste le temps de se cramponner l'un à l'autre avant de se sentir subitement tomber. La chute leur parut longue mais l'atterrissage se fit en douceur sur le sable cotonneux de la plage. Mick fut le premier à se relever. Il tendit sa main à Kaori et l'aida à se relever.  

_Ca va ?  

_Oui, on est morts, qu'est ce qui peut bien nous arriver de pire ! lui dit-elle. Qu'est ce qui s'est passé ?  

_J'en ai aucune idée ! lui avoua Mick en regardant autour de lui. Les escaliers...... ils ont disparu ! s'exclama celui-ci.  

_Et le spectre ?  

_Plus là !  

_Qu'est ce que ça signifie ?  

_Que vous allez tous les deux pouvoir rentrer chez vous retentit alors la voix du Shinigami.  

Mick et Kaori se regardèrent incrédules.  

_Comment c'est possible ? l'interrogea Mick en alla à sa rencontre.  

_Grâce à votre amie. Son coeur pur ainsi que son âme pure ont eu raison du spectre. Elle était prête à se sacrifier pour vous sauver, c'est ce sentiment noble dépourvu de tout intérêt qui vous a sauvé. Seule une âme pure peut terrasser un spectre et défaire ce qui a été fait. Il est temps pour vous de partir. Tenez-vous prêt !  

_Attendez....hurla Kaori en avançant la main pour stopper le Shinigami.  

_Qu'y a-t-il ?  

_Il me manque une semaine de ma vie, pourquoi ? Je suis passée directement de la soirée du 24 décembre à celle du 31 décembre sans garder aucun souvenir entre ces deux jours.  

_Il ne vous manque aucun souvenirs, j'ai juste vous concernant accéléré le temps d'où cette perte de souvenirs mais petit à petit, ils vont vous revenir. Soyez en certaine.  

_Qu'est ce qui va se passer pour vous ? osa lui demander Mick .  

_Cela devrait être le dernier de vos soucis vous ne croyez pas. J'ai outrepassé mes droits je vais devoir en subir les conséquences mais je suis prêt. Etes-vous prêts à présent ?  

_Une dernière chose ajouta Kaori.  

_Oui.  

Elle se rapprocha de lui et se positionna juste face de lui. Elle l'enveloppa d'un regard inquiet avant de plonger son regard dans le sien. Elle ne distingua que ses prunelles noires qui la fixaient à son tour. Machinalement elle leva sa main et la posa sur sa joue qu'elle caressa. Lentement la capuche du Shinigami glissa vers l'arrière lui dévoilant entièrement son visage.  

_Vous lui ressemblez tellement.  

_Vous aussi ! ne put-il s'empêcher de lui répondre tout en lui souriant.  

Face à cette réponse Kaori ôta brusquement sa main de sa joue. Il avait beau avoir le même regard, les mêmes traits, il n'était pas son Ryo.  

_J'espère sincèrement que ça s'arrangera pour elle et vous et qu'un jour vous pourrez vous retrouver. Me concernant j'espère ne plus jamais vous revoir lui avoua-t-elle en focalisant toute son attention sur lui.  

_Je n'en doute pas .  

Ce fut la seule réponse de la mort qui souleva sa faucheuse pour donner un violent coup sur le sable qui se souleva -t-elle une tempête. Mick se saisit de la main de Kaori et emmêla ses doigts au sien. Ils eurent juste le temps de se lancer un dernier regard avant de complètement disparaître.  

****************  

Cela faisait plus d'une heure que doc avait branché les couvertures chauffantes. Il ne pouvaient se résoudre à laisser Ryo et Kazue seuls dans cette pièce avec les deux corps de leurs amis. Jamais une heure n'avait paru aussi longue à doc et Falcon qui tardait à arriver. Il était le seul capable de pouvoir raisonner Ryo.  

_Ryo, cesse de t'acharner sur ce pauvre corps.  

Ryo continua de frictionner les jambes de Kaori encore et encore. Il ne sentait plus ses doigts mais cela lui était égal. Peu importe la douleur physique, elle n'était en rien comparable à celle de son coeur. Il continuerait de la frictionner mais si ses doigts venaient à être en sang. Alors qu'il s'apprêta à passer de l'autre côté du brancard, les deux portes de la salle s'ouvrirent sur Falcon et Miki en larmes.  

Le regard que doc lança a Falcon lui fit comprendre la situation. Lentement Miki alla jusqu'à Kazue, posa ses mains sur les siennes et avec des gestes plein de douceur les retira de la jambe de Mick. Ne comprenant pas ce qui se passait, Kazue releva la tête et eut la surprise de voir Miki en face d'elle.  

_Miki tu devrais sortir, les visiteurs ne sont pas autorisés à venir dans cette salle lui annonça Kazue.  

_Je sais ma chérie lui dit-elle calmement et passant son bras autour de sa taille pour la guider vers la sortie. Tu as fait tout ce que tu pouvais.  

_Oui...mais non..... Tu ne comprends pas Miki tenta de se justifier Kazue.  

_Si je comprends ma chérie.  

_Non Miki....... Ryo.........Ryo a dit qu'on devait les frictionner, on doit les réchauffer. N'est ce pas Ryo ! lança-t-elle à son attention en tournant sa tête dans sa direction attendant une réaction de sa part. Il n'eut aucune réaction. Miki étouffa difficilement un sanglot lorsque son regard se posa sur le visage pâle de Kaori. Elle fut comme figée. Ryo ne semblait pas l'avoir entendue, ni même avoir remarqué la présence de leurs amis.  

_Miki retentit alors la voix de Falcon en lui faisant un signe de la tête pour qu'elle conduise Kazue à l'extérieur de cette pièce.  

_Oui.... Elle la prit par les épaules et la guida vers la sortie. Kazue obtempéra avec une certaine hésitation tout en fixant Ryo du regard.  

_Ryo..... faut la laisser partir, maintenant retentit la voix de Falcon.  

Alors que les deux femmes s'apprêtèrent à quitter la salle deux bips des monitorings se firent entendre. Cette ligne droite, continue et interminable que fixait Ryo sans relâche esquissa une légère ondulation. A ce son Kazue se figea. Elle n'osait pas se retourner. A ce son, son coeur s'était soulevé dans sa poitrine et sa respiration s'était bloquée. Elle ne le connaissait que trop bien et en connaissait parfaitement la signification. Pourtant c'était impossible après tout ce temps.  

Doc se précipita en direction de Kaori. Le moniteur indiquait de nouveau un rythme cardiaque.  

_Impossible ! ne put-il s'empêcher de prononcer d'une voix nerveuse.  

Il délaissa Kaori et se pencha sur Mick. Sa blessure à la tête avait complètement disparu et son coeur battait de nouveau.  

_Kazue, appelle une équipe, qu'il se charge de Kaori pendant que je m'occupe de Mick, vite...hurla celui-ci.  

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