Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: patatra

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 23 capitoli

Pubblicato: 02-03-11

Ultimo aggiornamento: 19-07-22

 

Commenti: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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- G: General Audience. All ages admitted. This signifies that the fanfiction rated contains nothing most parents will consider offensive for even their youngest children to see or hear. Nudity, sex scenes, and scenes of drug use ...

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   Fanfiction :: Le vent

 

Capitolo 22 :: Il est une magie

Pubblicato: 11-06-22 - Ultimo aggiornamento: 11-06-22

Commenti: Bonjour à tous, je sais que ça fait une éternité que je ne m'étais penché sur le dossier "Le vent". Le chapitre publié aujourd'hui a été scindé en deux parties, je cumulais déjà plus de 15000 mots et n'avais toujours pas terminé. Voilà donc la première. N'oubliez pas que j'essaie d'avoir un certain équilibre dans un chapitre et il faudra mettre celui-ci en résonnance avec le prochain. Un grand merci à mon amie Chris qui a joué les béta sur cette première partie et qui m'a été d'une grande aide. Pour information également, j'ai mis à jour les chapitres 7, 8 et 9 du Vent. J'ai fait quelques ajouts et transformations (notamment dans le chapitre 9 avec plus de 1500 mots d'ajout). Voilà, bonne lecture et à bientôt pour la suite (ça devrait as tarder j'ai déjà les 3/4 du chapitre)!

 


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CHAPITRE 22
 

 

UNE MAGIE (partie I)
 

 

 

 

 

 

 

 

Une heure plus tard…  

 

Il maudissait encore sa faiblesse lorsqu’il parvint devant l’immeuble de Taya. Tournoyaient en boucle dans sa tête les paroles précises de l’indic. Elle sortait un peu plus avec ses collègues, elle était plutôt solitaire, elle n’était pas du genre à faire attention à ce qui l’entoure. C’était le calme plat dans sa vie.  

 

Et la réalité qu’il retenait…  

 

Elle installait sa vie à New-York. Elle installait sa vie à New-York… Elle installait sa vie à New-York.  

 

Lorsque Taya vint lui ouvrir la porte il demeura impassible malgré son chaos intérieur. L’espace de quelques secondes, les deux amants se jaugèrent, une étrange complicité les étreignit. Il eut été compliqué de cerner la nature exacte de cette complicité : désir, passion, faiblesse…  

 

Taya tenta de bâillonner le hurlement de son ventre, d’endiguer le chavirement de ses sens, l’émoi incontrôlable qui lui déchirait l’intérieur chaque fois qu’il la visitait. Elle connaissait parfaitement les aptitudes sulfureuses que le beau brun mettrait bientôt à son service et la perspective alléchante était tout aussi excitante qu’effrayante.  

 

Ryô, quant à lui, darda sur elle des prunelles avides, il la dévisagea sauvagement, croqua avec tout autant d’impatience le corps impressionné qui l’accueillait, corps uniquement protégé par une nuisette affolante.  

 

Elle avait anticipé son arrivée, ne put-il s’empêcher d’interpréter.  

 

Il n’attendit pas l’invitation de bienséance pour pénétrer chez elle. Toutefois, il ne se précipita pas sur ce qu’il convoitait au-delà du raisonnable, ce moment de sexe pur et libérateur qu’il était venu chercher.  

Il se planta devant la jeune femme, coula lentement sa dextre sur la joue puis suivit de son pouce les courbes de son visage, balaya sensuellement ses lèvres, souligna un sourcil, puis s’égara dans les mèches acajou qui surplombaient le front d’ores et déjà enflammé. Ses yeux escortaient scrupuleusement le ballet de ses doigts, effleurant dans le même temps les courbes qu’il souhaitait ardemment reconnaître. Les traits réels et fantasmés se superposaient, se mêlaient, s’associaient dans une farandole hallucinée.  

 

Taya… Taya et… Elle…  

 

Ryô se découvrait sculpteur, expérimentateur curieux. Il modelait le visage en souhaitant le contraindre à d’autres formes, autant qu’il fut possible de le contraindre, l’adorant et l’abhorrant dans le même temps.  

 

Taya apprécia les tendres attouchements. Il en était souvent ainsi ; presque à chaque retrouvaille, il éprouvait le besoin de déambuler sur son visage, de se réapproprier ses contours. Et la jeune femme se prêtait de bonne grâce au rituel somme toute rassurant.  

 

Quand il eut fini, quand ses doigts abandonnèrent la douceur de ses joues, quand il reconnut que sa tentative fut vaine et qu’il lui tendit un pâle sourire, elle vint nouer ses bras dans la nuque virile, comme si un accord muet lui avait été donné. Et tandis qu’elle tendait vers lui ses lippes amoureuses, il les captura brutalement, offrant un baiser profond et tumultueux, l’enlaçant vigoureusement, les paupières closes à se les fendre. La douceur n’était plus de mise. D’un coup de pied, il referma la porte derrière eux, puis plaqua Taya contre le mur de l’entrée.  

 

Une fois encore, c’était animal. Pas un mot, pas d’échange, ni même une salutation. Fallait-il croire que l’attirance était plus forte que tout ?  

 

Le nettoyeur prit néanmoins le temps de redécouvrir le corps de la jeune femme, ses mains œuvrant à l’éveil de son désir. Longuement, il suça la peau sensible de son cou, longuement, ses doigts flattèrent l’arrondi de ses épaules, jusqu’à ce qu’elle ronronne de plaisir, jusqu’à ce qu’elle soit prête à succomber. Ensuite, il fit glisser une bretelle de la nuisette dans une lenteur sadique, non sans afficher un sourire vainqueur. La rouquine rougit tandis qu’elle prenait conscience de sa faiblesse. Ainsi vêtue, qu’attendait-elle ? Qu’il lui fasse la conversation ? Qu’il apprenne à la connaître ? Qu’il s’épanche sur l’homme qu’il était vraiment ? C’était insensé ! Non, elle devait se rendre à l’évidence, elle faisait tout pour lui faire plaisir, elle lui offrait sans bataille ce qu’il venait chercher, elle se donnait sans contrepartie. N’avait-elle donc rien à revendiquer ? Mais les mains qui caressaient ses cuisses, remontant inexorablement sous le noble tissu, chassèrent les doutes envisagés, elles s’approprièrent avec autorité le corps qui n’avait d’ailleurs aucune ambition de résistance.  

 

Le souffle court, Ryô s’occupait désormais de la tendre poitrine récemment dénudée. Il léchait et aspirait ; pinçait et pressait. Il conquérait avec brio ; embrasait avec virtuosité.  

 

— Emmène-moi dans ta chambre, proposa-t-il bientôt d’une voix lourde de désir.  

 

Il s’éloigna quelque peu et sonda les prunelles châtaigne. Taya sourit, heureuse de l’entraîner avec elle. Elle saisit la senestre qu’il tendait et l’invita à la suivre.  

 

Derrière elle, le brun détailla son amante avec attention. De dos, la ressemblance était plus que troublante. C’était impressionnant… la chevelure indocile, quoique trop longue depuis peu, les épaules fines, la chute de reins, les jambes longues, fuselées ; et puis la démarche aussi, légère et androgyne ; et ces petits riens qui font beaucoup, les proportions de son corps, certaines attitudes. Oui, de dos, il n’y avait pas à dire, Taya lui ressemblait beaucoup.  

 

Le nettoyeur grimaça. Après tout ce temps, il possédait encore gravés en lui les contours de son ancienne partenaire, rien ne manquait ; du dessin précis de sa silhouette aux courbes nettes de chaque détail, ses chevilles, son menton, le creux de sa taille. Pire que tout, chacune de ses expressions, chacune des fragrances exhalées avaient colonisé son cortex. Marqué au fer rouge, dans sa chair, dans son cœur, dans sa mémoire. Bon sang, pourquoi donc avait-il appelé pour prendre de ses nouvelles ?  

 

Ryô tenta de se ressaisir, reporta son attention sur la femme qui le précédait dans le couloir. Il glissa sa main libre dans la poche de son jean et caressa une pochette d’aluminium. Le contact rassurant du préservatif le recentra sur sa prochaine occupation. Il sourit. Il allait baiser Taya sauvagement. Oui, il allait la posséder, la dominer, se repaître de tout ce qui lui donnait envie et, ce soir, il avait envie de beaucoup. Il anticipa jusqu’à la position… En levrette, oui, il la prendrait en levrette, c’était décidé. De dos elle lui ressemblait tant !  

 

Avant de parvenir à la chambre, mû par une subite pulsion, il endigua la progression de la rouquine, il l’enlaça par derrière, si étroitement qu’elle en risqua l’étouffement. Son bras droit s’enroula comme un anaconda autour de sa taille et la plaqua autoritairement contre son torse, une de ses mains immobilisa le visage contre sa bouche, enserrant sa mâchoire.  

 

— Tu es magnifique, tu le sais ? osa-t-il dans un souffle.  

 

Une mèche acajou fut enroulée autour de son index et il se perdit dans la contemplation contrariante.  

 

— Les cheveux courts te vont si bien, lui susurra-t-il langoureusement à l’oreille, j’aimerais que tu les raccourcisses un peu… Tu voudrais ?...  

 

Taya rit de bon cœur. Il mordit le lobe de son oreille et le rire s’évanouit.  

 

— Je croyais que les hommes préféraient les femmes aux cheveux longs ?  

— Tes cheveux, éclaira-t-il, je les aime courts.  

 

Captive dans les bras de son amant, la jeune femme soupira d’aise, indiquant qu’elle se prêterait volontiers à l’exigence. Reconnaissant, Ryô embrassa la joue prisonnière, puis contraignit la bouche à s’offrir davantage. Il emmêla leurs lèvres et leurs langues avec autorité, provoquant quelques gémissements féminins. Le désir grondait en elle comme un orage tempêtueux. L’emballement de son cœur, le cramoisi de ses joues, la buée de ses yeux, le désordre de son souffle étaient autant de signes que la victoire serait facile et éclatante. Certainement, cela flatta-t-il son orgueil, qu’il avait surdimensionné, et une moue crâne s’installa sur ses lippes talentueuses. Sans relâcher ses entraves, il emporta Taya dans sa chambre, lui faisant quitter le sol. Un rire nerveux et enchanté résonna durant le trajet et ne cessa que lorsqu’il la reposa devant son lit. Pressentait-elle que ce soir il était affamé ?  

 

— Je t’interdis de te retourner, de bouger ne serait-ce que d’un millimètre, prévint-il tout en murmures en la maintenant toujours fermement, je vais te baiser comme je le souhaite…. Je vais être sauvage, violent, j’en ai très envie.  

— Mais…, tenta-t-elle d’objecter.  

— Chut, imposa le nettoyeur en la bâillonnant de ses doigts, fais-moi confiance, tu vas adorer. Soumets-toi à mon fantasme Taya… je te promets qu’après je te ferai l’amour exactement comme tu le souhaites.  

— Hum, capitula la rouquine qui ne comprenait pas tout, mais qui était séduite par les différentes perspectives.  

 

Il la relâcha enfin, déposa veste et holster sur la table de nuit sous le regard ému de la jeune femme immobile et obéissante. Puis il se positionna strictement dans son dos et observa intensément sa nuque, suivit la trajectoire de sa colonne vertébrale de son index. Il baisa ensuite fiévreusement les endroits inspectés, sièges de son fantasme le plus monstrueux. Ryô ne pouvait ignorer la malsanité de ses manœuvres, l’implicite de sa demande, ni quelle était la réelle motivation de la passion qui ravageait son ventre. Ses caresses enveloppaient désormais les omoplates, l’échine, les fesses de sa future amante. D’un geste ample, il la déshabilla, elle ne résista pas ; seule une culotte noire la couvrait encore. Il ôta rapidement son tee-shirt et colla son buste contre le frêle dos féminin, apprécia le contact chaud de leurs épidermes, l’intimité étrange qu’il partageait avec cette femme placebo. Taya frissonna de plaisir et grogna d’impatience. Elle lança ses bras par-dessus sa tête et noua ses mains dans la nuque de Ryô qui empauma dans l’instant la poitrine exposée. Il plongea dans le cou qui s’offrait, s’enflamma au contact des fragrances féminines, laissa libre cours à ses pulsions mâles et indomptables. Ses dents carnassières croquèrent, ses mains ne s’embarrassèrent d’aucune délicatesse, elles pétrirent la petite poitrine fragile, en malmenèrent la pointe sensible.  

 

Il ferma les paupières, échappa à la réalité et glissa expertement une main sous le tissu de dentelles noires. Se faisant, il abandonna quelques râles indéniablement éloquents, communiquant le désir qu’elle lui inspirait.  

 

Sans conteste, il la désirait.  

 

Les lèvres intimes de Taya accueillirent les caresses savantes avec docilité. Une de ses cuisses s’écarta pour faciliter l’accès à son jardin secret. Lorsque les doigts massèrent merveilleusement l’épicentre de son plaisir dans une légèreté respectueuse, sans brusquerie, la rouquine reposa entièrement et en toute confiance contre le torse dominant, s’abandonnant totalement. Le nettoyeur fondait dans un délire coupable, les paupières scellées ; il appréciait la chaleur, l’humidité, la sensibilité des muqueuses flattées et sombrait petit à petit dans un délire où concupiscence brute et fantasmes oniriques combattaient. Jamais, Ryô n’avait été sur le point de se perdre aussi loin, jamais les ombres qui peuplaient ses divagations n’avaient paru si réelles, leurs galbes si dessinés. Il reconnaissait désormais la silhouette de celle qui dansait dans ses rêves.  

 

Entre ses bras, sans conscience du chemin emprunté par le nettoyeur, Taya ondulait au rythme de ses frôlements, commençait à perdre raison, l’acculait aussi au désir absolu. Promptement, à bout de souffle et de force, il expédia la jeune femme dans un premier orgasme.  

 

Sans desserrer son étreinte, la maintenant toujours fermement, ses doigts pénétrèrent en elle, s’imbibèrent de sa chaude sécrétion, puis ressortirent, vinrent flatter à nouveau le clitoris gonflé et sensible encore, puis repartirent, et tournoyèrent à nouveau dans l’antre chaud, la caressant de l’intérieur ; et le manège recommença, s’étira, dura ; tantôt dedans, tantôt dehors, tantôt savants massages, tantôt pénétrations fantastiques. Les caresses s’amplifiaient et c’est tout le sexe de Taya qui pulsait maintenant d’un plaisir vibrant et déflagrant. Elle se contorsionnait et gémissait, l’encourageait de mots crus et aphrodisiaques. La nouvelle extase qui la saisit fut d’une intensité plus grande encore que la précédente, elle se tordit dans l’écrin des bras qui la ceignaient, hésitant entre fuite et acceptation de la douce torture, rugissant presque. Mais les doigts étaient vraiment talentueux et semblaient connaître les secrets de ses limites, ils ne versèrent pas dans l’excès.  

 

Lorsque Ryô stoppa ses caresses, son amante était à demi-inanimée entre ses bras et peinait à recouvrer souffle. Il sourit de satisfaction puis rouvrit les paupières, accepta de se confronter à la réalité. La faible luminosité qui régnait dans la chambre lui fit pourtant plisser les yeux, trop agressive pour lui.  

 

— Monte sur le lit, souffla-t-il à son oreille, à genoux.  

 

Elle s’agenouilla donc docilement, posa ses mains et proposa ainsi son adorable fessier dans un souci d’être disciplinée et de lui plaire absolument, puis avança de quelques dizaines de centimètres pour lui permettre de s’installer derrière elle. Lentement, le nettoyeur fit glisser la culotte sur les cuisses encore tremblantes, mit à nu le petit cul aux lignes gracieuses. Il l’embrassa avec passion, en mordilla amoureusement les rondeurs.  

 

— Prends-moi, supplia alors Taya.  

 

Il releva lentement le regard sur le dos exposé, si semblable à celui de celle qu’il souhaitait oublier et admira l’harmonie de l’ensemble. Son envie d’elle ne cessait d’enfler et sa gorge s’éraillait de soupirs éloquents.  

 

La prendre ? Bien sûr qu’il allait la prendre !  

 

En un claquement de doigt, il se retrouva nu et grimpa sur le lit, s’immisça précautionneusement entre les cuisses accueillantes, positionna son bassin contre le fessier. La vision de son sexe dressé entre les deux fesses rebondies et offertes, près de la fente abyssale, le fit gémir de plus belle ; il ondula lentement du bassin de telle sorte que son érection vint flatter toute la trajectoire exquisément dessinée. Une irrépressible envie de pénétration explosa alors dans son pubis, injonction irrésistible.  

 

Pénètre !  

 

Il se retint tout de même quelques instants, persévéra dans les mouvements masturbatoires, se délecta du plaisir qui irradiait de son manège puis reporta son attention sur le dos, les hanches, la croupe qui lui seraient bientôt entièrement dévoués. Cette pensée l’électrisa ; il enfila avec fébrilité le préservatif jeté sur le lit par anticipation.  

 

— Prends-moi, répéta-t-elle en remuant son petit cul affriolant.  

— Si tu savais ce qui t’attend, tu te montrerais plus prudente, menaça-t-il d’une voix caverneuse.  

 

Il agrippa une hanche avec autorité et se guida en elle. Il lui suffit d’un coup de rein pour prendre pleinement possession de son territoire. Étourdissant. Inouï étourdissement… Jamais désir d’elle n’avait été plus violent !  

 

Mais ses pensées s’évanouirent pour laisser libre cours aux sensations merveilleuses qui envahissaient son sexe ! Enfin, ils fusionnaient.  

Taya s’habituait à l’envahissement irréfrénable, l’impériosité masculine qui dominait leurs ébats et qu’elle ne souhaitait d’ailleurs pas discuter. Le nettoyeur, quant à lui, contemplait le dos qu’il surplombait avec une étrange fascination, comme s’il avait sous les yeux le paysage le plus éblouissant qui soit. Ses mains abandonnèrent les hanches mobiles pour venir effleurer l’échine sensible ; il toucha à peine, se délecta de la chair de poule qui hérissa le velouté de la peau en simultanéité de ses effleurements. Les nuances beige, blanc, chair, les jeux d’ombre et de lumière habillaient magnifiquement le siège de ses fantasmes les plus tabous. Les muscles tressaillant sous la peau diaphane, la cambrure qui soulignait l’étroitesse de la taille n’étaient pas sans rappeler les apparats féminins qu’il avait convoités, jadis, dans une douleur effroyable et oppressive. Il n’avait jamais cédé que dans ses rêves, pauvre fou !  

 

Taya ronronnait et ondulait avec souplesse. Elle vint bientôt s’empaler avec fougue sur sa masculinité. Ryô afficha un petit rictus puis remonta le regard pour le perdre sur les épaules blanches, la nuque pliée vers l’avant, comme si celle qu’il heurtait luttait pour ne pas sombrer irrémédiablement dans le puits sans fond du plaisir. Les orbes sombres se voilèrent tandis qu’il dénichait tout ce qu’il y avait d’étrangement familier dans le tableau qui se jouait sous ses coups de rein de plus en plus enjoués. N’était-il pas odieux de se repaître de ces ressemblances ?  

 

Il se ressaisit… tenta de se ressaisir. Les sensations, il fallait se concentrer sur les sensations. Ne pas analyser, ne pas cogiter ; juste ressentir. Il empoigna alors les hanches sauvages pour parachever de les dompter, devenir maître absolu.  

 

Il rauquait désormais à chaque retour en elle, abandonnait ses résistances ; elle haletait au même moment, heureuse de la profondeur de l’étreinte, de sa violence, des lames qui rebondissaient contre les parois de son sexe et illuminaient son intimité. C’était rouge, c’était dément, c’était ravageur.  

 

Ryô se projeta en avant et plaqua ses mains sur les omoplates, obligeant Taya à écraser sa poitrine sur le matelas.  

 

— Cambre-toi bien, suggéra-t-il en relevant un peu plus les fesses rebondies qu’il maltraitait.  

 

Le nettoyeur se détestait de mettre en scène avec tant de minutie leur étreinte. Il savait, avait compris ; évidemment ! C’était une autre qu’il baisait avec sauvagerie et désespoir. Il luttait pour ne pas jouir, pour pouvoir s’enliser encore davantage dans le supplice insupportable. Et celui-ci faisait mal…  

 

Taya, étonnée que son amant soit aussi loquace, lui qui, habituellement, jouissait presque en silence, voulut tourner la tête et l’admirer tandis qu’il se perdait en gémissements expressifs.  

 

— Non, grommela-t-il en imposant ses mains sur les épaules.  

 

Il s’affala lourdement sur elle, la contraignant à l’immobilité puis colla son front sur ses épaules et ferma les paupières, s’abandonnant à son terrible fantasme.  

 

— Ne pourrai-je jamais t’anéantir complètement ? murmura-t-il alors d’une voix à peine audible.  

 

Perdu chacun dans des sensations exacerbées, transpirants, presque exsangues, les deux amants perçurent quasi simultanément les prémices de l’orgasme alors que rythme et profondeur viraient vertigineux. Dans le même tempo, ils s’envolèrent, s’arc-boutèrent, unis dans la volonté de toucher au ciel. Mais, tandis que Taya exultait d’être enfin aimée par Ryô Saeba, ce dernier rêvait à une autre femme que celle qu’il surplombait.  

 

— Pourquoi… questionna-t-il d’un ton désespéré, paupières toujours closes, tandis qu’il atteignait les sommets de l’orgasme.  

 

… tu nous as fait ça ? cadenassa-t-il la fin de sa phrase entre ses dents.  

 

— Pourquoi quoi ? s’enquit l’échevelée comblée, après quelques secondes pendant lesquelles elle usa de ses capacités pour renaître.  

— Pourquoi es-tu si sexy ? feignit-il la félicité en mordant son épaule et en embrassant passionnément son cou.  

 

 

oOo  

 

Toujours alanguie dans son lit, Taya suivait des yeux le spectacle offert par le nettoyeur. Sans gêne aucune, ce dernier se rhabillait, venait de lui ôter de la vue la nudité crue qu’elle ne se lassait pas d’admirer. Plusieurs fois en quelques heures, ils avaient fait l’amour, il l’avait comblée. Pour la première fois en quelques semaines de relation, il avait communiqué son désir et plaisir d’elle. Était-il conscient d’avoir ému son cœur en se livrant ainsi ?  

 

Pourtant, là, ses traits étaient redevenus sombres et la jeune rouquine, toujours nue sous les draps, ne s’expliqua pas le retour du taciturne. Elle examina attentivement les traits sur lesquels, par ombres successives, se devinaient contrariété, préoccupation, souci peut-être. Rien n’était lisible avec lui. Néanmoins, à chacune de leur rencontre, passés les temps du désir et du plaisir bruts venait celui du désenchantement. Pour lui, pour elle. C’était inéluctable.  

 

— Tu rentres déjà ? interrogea-t-elle doucement, consciente d’être importune avec la question dont, lui et elle, connaissaient déjà la réponse.  

— Hum, se contenta-t-il de répondre en passant son holster.  

— Ryô, lança-t-elle pour attirer son regard.  

 

Regard sombre et insondable qu’il déposa sur elle. Elle déglutit, souhaitant se donner un peu de courage.  

 

— Est-ce que…  

 

Elle n’osait pas et peinait à soutenir les prunelles impressionnantes qui la dévisageaient.  

 

— Est-ce qu’il y a une femme dans ta vie ?  

 

La surprise transparut sur le visage habituellement impénétrable.  

 

— Quoi ? Pourquoi tu demandes ça ?  

— Tu pars toujours si vite. Je ne sais vraiment pas grand-chose de toi. Ce que tu fais dans la vie ? Comment te contacter ? Où tu habites ? Avec qui ?  

 

Les questions défilaient en murmures, dans une certaine gêne. Il ne fit aucun doute que Taya était mal à l’aise d’investir un domaine au final plus intime que les envolées charnelles qu’elle partageait avec le nettoyeur. Ryô stoppa brusquement son rhabillage pour la regarder avec circonspection. Il ignorait comment réagir à dire vrai. N’était-il pas temps de mettre un terme à la relation dont il ne pouvait ignorer la malsanité ? Pourtant, il n’en avait aucune envie, il avait presque besoin de retrouver la jeune femme lorsqu’un certain désir pressait son ventre. Elle, mieux qu’une autre, savait le contenter, même si ce contentement était superficiel et éphémère, même s’il était pervers. Taya parvenait à apaiser la sourde colère qui pulsait encore en lui, elle comblait un certain manque. Ça n’était pas une relation glorieuse et flamboyante, non, mais c’était un souffle de vie dans une existence désormais bien morne.  

 

— Ça ne te convient pas ? questionna-t-il directement.  

— Je dois avouer que ce n’est pas très… sécurisant.  

— Sécurisant ? répéta-t-il pour mieux cerner ce qu’elle voulait dire.  

— Dis-le-moi s’il y a une femme, je…, je ne serai pas surprise, ni fâchée, tu sais. Je pense d’ailleurs que je m’en suis d’ores et déjà convaincue. Et puis ça ne changerait rien entre nous. C’est juste que j’ai besoin de savoir…  

 

Elle parlait d’une femme, pas d’une autre femme, ne se considérait-elle pas comme une femme dans sa vie ?  

 

Ryô émit un petit rire quelque peu moqueur et secoua sa caboche brune. Elle était vraiment mignonne recroquevillée sous son drap, confiant mine de rien la crainte de le savoir engager par ailleurs. Était-elle jalouse ? Jalouse de quoi, jalouse de qui ? d’un souvenir ? d’un fantôme ? d’une blessure ? Et lui, pourrait-il être jaloux la concernant ? Jaloux qu’un autre la convoite, la séduise, la lui ravisse ? Il vint s’agenouiller devant le lit pour être à la hauteur du regard de Taya et tenta d’afficher sincérité et honnêteté.  

 

— Non Taya, il n’y a aucune autre femme…  

 

Elle plissa les yeux et scruta le visage avenant qu’il tendait vers elle, s’attarda sur le sourire lumineux. Pouvait-il mentir ?  

 

— Me le dirais-tu s’il y avait effectivement quelqu’un d’autre ?  

 

Cette fois, il explosa d’un rire railleur et pinça le nez pointé vers lui. Elle était délicieuse… vraiment délicieuse prise ainsi dans la tourmente.  

 

— Non, souffla-t-il sans parade, je ne te le dirais pas… Mais s’il y avait effectivement une personne qui compte, qui compte vraiment, je ne la laisserais pas attendre, je ne serais pas là, je serais à ses côtés.  

 

Il se releva prestement et enfila sa veste, échappa au regard amoureux dardé sur lui. Quelle mauvaise foi ! Sa partenaire avait compté pour lui plus que nul autre et elle l’avait tant attendu, jusqu’au supplice, sans qu’il ne tente jamais rien pour alléger sa peine. Il chassa rapidement l’idée désagréable et malvenue. Le passé n’avait plus voix au chapitre désormais.  

 

— Je te raccompagne, dit-elle en se précipitant hors du lit.  

 

Elle lui tourna le dos et revêtit rapidement sa nuisette. Il ne put réprimer un sourire attendri en remarquant le retour de sa pudeur tandis que durant des heures il avait investi le moindre centimètre carré de son corps.  

 

Lorsqu’ils traversèrent le couloir, lui devant, elle derrière, Ryô stoppa devant l’entrée du salon. Un silence indisposé envahit l’appartement tout entier lorsqu’il jeta un regard dans la pièce, en apprécia l’ambiance, le mobilier. Il fronça les sourcils. Taya s’était immobilisée dans son dos, devinant ce qui l’interpellait. Un instant, elle se morigéna de sa stupidité, de sa désespérante naïveté. Le nettoyeur s’écarta et fit quelques pas dans la pièce, s’approcha de la table basse et considéra les mets préparés qui n’attendaient vraisemblablement qu’un convive. Convive qui ne pouvait être autre que lui.  

 

— Euh, s’excusa Taya. En fait, j’avais envisagé que nous dînerions peut-être ensemble ; enfin si tu n’avais pas …  

 

Il posa sur elle un regard impavide. Elle semblait mortifiée qu’il ait découvert ce qu’elle avait projeté, pour ne pas dire espéré… Taya, quant à elle, ne souhaitait pas paraître en attente de plus que ce qu’il était en mesure d’offrir. Il n’était pas difficile d’imaginer que l’homme dont elle tombait inexorablement amoureuse ne devait pas goûter les femmes exigeantes ou pressantes ou envahissantes. Exposer ses attentes pouvait être effrayant, rebutant même. Contreproductif, indiscutablement.  

 

— Je boirais bien un verre, énonça Ryô d’une voix légère en lui offrant un sourire sincère.  

 

Elle demeura interdite, les yeux écarquillés comme des soucoupes, les joues émotionnées et dut réfréner l’envie de se jeter à son cou.  

 

— Whisky ? devina-t-elle au bout de quelques instants.  

— Parfait.  

 

Elle se détourna pour aller chercher les boissons et, dès qu’elle fut de dos, ses dents vinrent mordre ses lèvres, très fort. Fallait-il y croire ?  

 

Ils burent ensemble, devisèrent joyeusement, échangèrent quelques banalités. Le moment était agréable et Ryô se surprit à l’apprécier. À plusieurs reprises, Taya hésita à aller enfiler quelque chose de plus décent que la nuisette qui ne l’habillait pas vraiment, mais elle eut la crainte irraisonnée que le charme ne se rompît si elle venait à s’absenter, ne serait-ce que quelques secondes, qu’il ne s’évaporât sans jamais plus reparaître. Elle garda donc les jambes croisées serré, le buste légèrement contorsionné afin de paraître le moins aguicheuse possible.  

 

— Il est impressionnant ton revolver, reconnut-elle en embrassant du regard la silhouette du nettoyeur allégée de sa veste.  

— N’est-ce pas ? fanfaronna-t-il, c’est ma panoplie de dragueur. Elle fait de l’effet, hein ?  

 

Elle émit un rire sonore mais ne prêta aucun crédit au mensonge énorme.  

 

Il était incroyable de voir comme elle avait changé en l’espace des quelques semaines durant lesquelles elle était devenue la maîtresse de cet homme hors norme. Rien ne l’étonnait ou ne la choquait venant de lui. Qu’il soit toujours armé semblait naturel désormais, cette arme faisait partie de lui, elle était son essence. Bien sûr, elle accentuait encore le charisme dont il jouissait et en cela il n’avait pas complètement tort, il était irrésistiblement séduisant, mais pour Taya il ne faisait aucun doute que son arme n’était pas un accessoire comme il venait de le prétendre.  

 

— Qui donc êtes-vous Ryô Saeba ? interrogea-t-elle sérieusement, intriguée.  

 

Il soutint le regard châtaigne, plissé, qui mangeait son visage avec curiosité.  

 

— Flic ou voyou ?  

— Hum… trop binaire pour moi, éclaira le brun étonnamment collaborateur.  

— Agent secret peut-être ? James, vous ai-je percé à jour ?  

— James ?… J’aime cette proposition chère Saeba’s girl. Lui et moi avons en commun, il est vrai, une impressionnante collection de conquêtes, se glorifia-t-il avec une arrogance légèrement exagérée.  

 

Taya s’était levée et pouffait de rire. Elle aimait l’auto-dérision qu’il étalait avec tant de naturel, mais elle n’était pas dupe. Si l’homme qui lui faisait face devait effectivement avoir le succès facile, il était à parier que les points communs avec l’agent qui avait le permis de tuer étaient bien moins glamours que celui revendiqué.  

 

— Ohhhh ! feignit-elle de s’offusquer en s’approchant dangereusement du séducteur de pacotille, assis sur le rebord d’une fenêtre. Vous êtes pourtant bien moins séduisant que lui je trouve, j’ai du mal à croire que vous connaissiez le même succès auprès de la gent féminine.  

— Tu ne m’as jamais vu en smoking, c’est pour ça ! Les apparences sont souvent trompeuses, tu sais.  

— Certes, abonda-t-elle en imaginant sans difficulté les épaules parfaitement mises en valeur dans une veste aussi noire que ses indociles cheveux. Vous devez être irrésistible dans une telle tenue. Mais…  

— Mais ?  

— Pas agent secret, je n’y crois pas, conclut-elle. Vous n’êtes pas en capacité d’obéir à quelque autorité que ce soit, même la plus noble qui soit. Je vous imagine bien plus rebelle.  

— Hum, approuva-t-il en haussant les sourcils et en caressant lentement les cuisses découvertes nouvellement plantées devant lui. Intéressant.  

 

Il fit glisser lentement ses doigts du pli du genou jusqu’à la naissance des fesses et une myriade de frissons accompagna sa caresse. Il perçut clairement le trouble envahir son amante et, par un phénomène semblable à la réplique d’un séisme, il se laissa gagner lui aussi par une émotion embarrassante.  

 

— Justicier ? proposa-t-elle quand elle eut quelque peu recouvré ses esprits.  

— Cela pourrait me convenir, c’est un bien joli mot « justicier ». Peut-être un peu trop joli pour moi, d’ailleurs.  

—  

Ryô lutta contre la moue qui voulait colorer ses lèvres. Son parcours était semé d’exactions en tout genre. Il était nettoyeur, c’était ça sa réalité. Il était nettoyeur, il n’était pas justicier.  

 

— Vous défendez la veuve et l’orphelin, vous sauvez les jeunes femmes en détresse, c’est bien cela ?  

— Oh, jubila-t-il en secouant la tête, refusant de laisser paraître sa légère confusion, je suis percé à jour on dirait.  

— Accepteriez-vous de me sauver ? s’enhardit la jolie rouquine en laissant courir ses doigts sur les joues viriles.  

— Tu as besoin d’être sauvée ?  

— Je ne sais pas, abandonna-t-elle, soudain sérieuse. Ai-je besoin d’être sauvée ?  

— De moi ? s’enquit-il tout aussi sérieusement qu’elle. C’est ce que tu sous-entends ?  

— Peut-être…, murmura-t-elle, encouragée dans sa démarche par l’écoute attentive et – crut-elle – bienveillante. Qu’y-a-t-il de plus dangereux que l’amour ? Saurais-tu me sauver de cela, Ryô ?  

 

Le nettoyeur fronça les sourcils mais n’ôta pas les mains de dessous la nuisette. Taya pinça ses lèvres, consciente de s’engager sur un terrain miné, mais les minutes qui venaient de s’écouler les avaient vu se rapprocher d’une manière bien plus intime que lorsqu’ils faisaient l’amour. Ryô avait daigné partager un temps différent avec elle, c’était inédit et si agréable. N’était-elle pas en droit d’y lire une opportunité de s’épancher ?  

 

— Taya, entama-t-il d’une voix douce mais ferme, je ne peux que te conseiller de ne pas t’attacher à moi.  

 

Une vague glacée s’abattit sur les épaules frêles et fragiles. La joue féminine tressauta, la gorge se noua et il lui fallut quelques secondes pour rassembler son courage et ses esprits afin de trouver une issue digne à la conversation.  

 

— Il n’est pas toujours aisé de maîtriser les élans de son cœur, se défendit-elle.  

 

Il souffla et son souffle avait la couleur du dépit. Ryô était conscient que ses paroles n’étaient pas celles espérées.  

 

— Tu ne me connais pas Taya. Tu as de moi une vision romantique très éloignée de la vérité. Je ne suis pas vraiment le gendre idéal…  

— Je sais…, murmura-t-elle. Mais ne crois pas que j’ignore ta complexité Ryô. Je n’ai accès qu’à très peu de ce que tu es mais je ne te résume pas à une vision romantique.  

 

Son impassibilité légendaire ne se démentit pas, son visage ne se délissa pas. Qu’essayait-il de faire ? Fuir la discussion embarrassante ? Déplacer le sujet sur lui, lui l’infréquentable, lui à qui l’on ne devait pas s’attacher, lui qu’on ne pouvait aimer ? C’était pathétique !... pire que ça, c’était pitoyable ! Ce qui était factuel c’est qu’il se comportait comme un mufle avec Taya. Elle n’était pas une bunny, une fille qu’on baise et qu’on abandonne sans que cela n’altère rien de ce qu’elle est. Taya était sincère et lui offrait plus que son corps, ces moments mélange de sensualité et de tendresse dans lesquels la rouquine se donnait sans compter. Et pire que tout, il profitait sans vergogne de sa ressemblance troublante avec cette autre qu’il exécrait désormais.  

 

Là certainement résidait le problème. Cette autre… dont l’absence, pourtant voulue et provoquée, souvent applaudie, partout clamée, devenait insupportable… mais toujours moins que ne le serait sa présence.  

 

Une bourrasque gonfla soudainement sa poitrine, une tempête dans son crâne, le vent sans relâche, tourbillon dévastateur harcelant sa conscience. Les yeux noirs et pénétrants considérèrent enfin la frêle jeune fille à l’origine de son introspection. Elle méritait respect et honnêteté, et non une mesquine fanfaronnade pour éviter le sujet des sentiments.  

 

— Je ne néglige pas les élans de ton cœur Taya, mais je serai incapable d’y répondre.  

 

Le vent, décidément turbulent, changea de victime et s’agita autour de l’autre protagoniste de la scène. Taya combattit courageusement la tourmente, opposa une mine neutre dénuée de l’émotion qui grondait pourtant en elle. Le dépit amoureux.  

 

— Je ne te plais pas, c’est ça ?  

 

La question dénotait une candeur absolument charmante aux yeux du nettoyeur. Un sourire apaisant apparut sur ses lèvres.  

 

— Non, rien de ça. Évidemment que tu me plais ! confia-t-il sincèrement.  

— Je ne te parle pas de plaire dans ce sens-là, rectifia-t-elle.  

— Tu me plais, concéda-t-il sans tricher. Dans tous les sens du terme. Ce n’est pas toi le problème Taya, c’est moi !  

 

Elle plissa les yeux d’incompréhension mais, hameçonnée, attendit qu’il poursuive.  

 

— Il n’y a rien de futile ou de léger dans ce que nous évoquons, persévéra-t-il malgré les réticences qui s’élevaient en lui comme autant de barricades défensives. C’est une magie qui se vit à deux. On ne donne pas son cœur, on le lie à un autre. C’est un entrelacement réciproque, il n’y a rien d’unilatéral.  

 

Bon sang, il détestait disserter sur ça !  

 

— Tu as déjà aimé ainsi… ? s’étrangla-t-elle.  

— Non, coupa-t-il court pour désamorcer l’affaire. Je ne suis pas programmé pour vivre ça, je ne veux pas vivre ça. Et je ne vivrai pas ça avec toi.  

 

Taya était pétrifiée et contemplait le visage fermé de son amant qui déclamait sa leçon avec impassibilité.  

 

— Super, ironisa-t-elle d’une voix glacée. Je suis une conquête éphémère que tu baises, c’est ça que tu es en train de m’expliquer.  

— Je ne suis pas ton petit ami, persévéra-t-il dans le malaise, tu dois savoir exactement quoi attendre de moi.  

— Je ne dois rien attendre…, c’est ça ? questionna-t-elle en sondant le regard intense qu’il posait sur elle.  

— Ce que nous avons partagé ce soir, par exemple, c’est sans problème. C’est aussi agréable pour moi que pour toi mais je peux comprendre que ça soit insuffisant et que tu veuilles mettre un terme à ce qu’on partage. Je suis désolé Taya mais je n’aurai rien d’autre à te proposer.  

— Je…, bredouilla-t-elle, en lutte avec le chagrin qui voulait investir ses yeux… te remercie de ton honnêteté.  

 

Elle se détourna rapidement, pressée d’échapper à la tension ambiante, mais il la rattrapa par le bras et l’obligea à lui faire face de nouveau.  

 

— Ne crois pas que je ne tiens pas à toi, consentit-il dans le souci d’apaiser le désarroi que les prunelles expressives laissaient entrevoir. Toi et moi c’est un peu plus compliqué qu’il n’y paraît.  

 

Dans un geste mal contrôlé, ses doigts caressèrent la joue attristée. Elle posa sa main sur la sienne dans un dessein de complicité.  

 

Tu lui ressembles tant.  

 

— Je ne veux pas te faire de mal, ni te mentir, compléta le nettoyeur.  

— C’est déjà beaucoup, reconnut-elle tout en ne sachant pas si elle n’aurait pas préféré au final qu’il lui mente, qu’il promette.  

 

Un sourire quelque peu désenchanté étira ses lèvres.  

 

— Je ne veux pas qu’on arrête.  

 

Une vague de soulagement submergea le nettoyeur. Une chaleur irradiante se propagea dans tout son corps, un vertige, même, l’ébranla. Avait-il craint que Taya ne mette fin à leur indéfinissable relation. Comment Diable investissait-il ce qu’il vivait auprès d’elle ?  

 

Elle secoua la tête gentiment et enlaça le cou du justicier avant de lui claquer un petit bisou sur les lèvres.  

 

— Merci d’être honnête avec moi Ryô. Moi aussi je me dois de te dire une partie de la vérité.  

 

Elle réfléchit sans chercher à déguiser les pensées qui coloraient ses yeux.  

 

— Je suis addict au sexe que tu me fais, avoua-t-elle sans détour. Mon cœur peut attendre…  

— Ohhh, accueillit-il la remarque avec un sourire conquis, adhérant à la dérobade proposée. C’est que je suis très doué, je sais.  

— Quelle arrogance mon dieu ! pouffa Taya en levant les yeux au ciel.  

Mon Dieu, c’est peut-être plus pertinent et réaliste que justicier finalement, renchérit-il en l’attirant dans ses bras.  

— Ah d’accord ! Le Dieu du sexe, c’est ça ? Avec une ENORME quéquette qui envoie au septième ciel.  

 

Ils explosèrent l’un et l’autre de rire puis s’embrassèrent doucement.  

 

— À quoi j’en suis réduit, vraiment ! s’offusqua le nettoyeur en quittant un instant les lèvres de son amante. Mais mademoiselle, il semble que vous gagnez en répartie et que votre pudeur s’étiole dangereusement. Il est peut-être temps que je complète votre formation avec quelques nouveautés un peu plus pimentées.  

— Ah ! répondit la nouvelle effrontée. Vous sous-entendez qu’il me reste des choses à découvrir ?  

— Vous n’imaginez pas ! souffla le brun en l’entraînant vers la chambre.  

 

Arrivés dans l’antre dans laquelle ils avaient déjà tant expérimenté, il la jeta sur le lit et la contempla quelques secondes.  

 

— Ne te coupe pas les cheveux, énonça Ryô sous le coup d’une inspiration. Tu es belle comme ça, les cheveux longs t’iront très bien.  

— C’est vrai ?  

— Oui, c’est vrai ! J’aime, consentit-il douloureusement.  

 

Il s’était immobilisé face au lit, troublé. Il ôta holster et tee-shirt, s’exposa dans toute son animalité.  

 

— Relève ta nuisette, ordonna-t-il, montre-moi…  

 

 

 

 

 


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