Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Sugar

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 15 capitoli

Pubblicato: 10-12-18

Ultimo aggiornamento: 07-03-23

 

Commenti: 22 reviews

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ActionGeneral

 

Riassunto: Un étrange Yakuza apparait dans la vie des City Hunter alors que le Japon subit d'importants changements juridiques .Ce monde de trafiquants est traqué par le gouvernement. Troublant, ce Yakuza va venir bousculer le monde des nettoyeurs .

 

Disclaimer: Les personnages de "Yakuza ( ヤクザ/やくざ)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Sauf Eiji Ijichi , Yoshinori Watanabe

 

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   Fanfiction :: Yakuza (やくざ)

 

Capitolo 6 :: Hanafuda

Pubblicato: 29-03-19 - Ultimo aggiornamento: 31-03-19

Commenti: Ce chapitre 6 a été dessiné avec de nouveaux pastels japonais. J’espère que ces nouvelles couleurs vous plairont. Hormis les nouveau tons, ce chapitre satisfera, je pense, certains d’autres vous qui se sont interrogés sur la présence ou non d’un personnage. Je le conservais précieusement dans la manche de mon Kimono pour le faire apparaitre au moment approprié. Que ce soit dans ma fiction la cérémonie du thé, ou Sansankudo, Il a toujours eu une place importante et particulière. Il est selon moi l’un des personnages les plus importants car il a été le facteur décisif entre la stabilité et le chaos. Il est celui qui aurait pu (peut être) faire disparaitre City Hunter, Bref ce personnage a tout mon respect, car il est selon moi beaucoup plus objectif et réfléchi que Saeba (ben oui ^^). il méritait amplement un chapitre. J’en profite dans ce long chapitre, pour faire un petit clin d’œil à mon pote Patatra, … tellement, il s’enchevêtrait naturellement dans le décor. Cela coulait de source. C’était...Parfait ! (oui je me lance des fleurs de cerisier) Je continue donc cette histoire consistante à petits pas…car j’aime les histoires où il faut torturer le cerveau. Arigato pour vos reviews et petits mots. Je prends plaisir dans l’écriture de Yakuza car c’est définitivement la dernière fanfiction que j’écris (ouais der des der) Du coup, j’essaye d’écrire, décorer, dessiner l’univers des Yakuzas afin que le rendu visuel vous soit net et agréable, Bonne lecture ! défit ok : placer le mot plumitif xd Big Boussas les gens

 


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Hanafuda (花札)
 

 

 

 

Bien que dans de nombreuses fanfictions, il est écrit que la capitale ne dormait jamais, ce fait se révélait être quelque peu inexact.Malgré l’activité urbaine intempestive, il subsistait une mystérieuse période d’accalmie durant la nuit.  

 

Pour la ressentir, il était nécessaire d’observer avec attention les différents mouvements mécaniques et humains de la métropole. Cette déconnexion temporaire était infime, certes, mais elle existait et se renouveler nuit après nuit. Avec ses années d’observation et d’adaptation, il était parvenu à détecter avec exactitude ces instants éphémères de silence. Les voitures se faisaient inexistantes, plus aucun passant ne déambulait dans la rue, même le bruit ambiant était semblable à une poste de télévision à qui on ordonnait de diminuer sa sonorité. Durant ce laps de temps, l’air semblait s’être cristallisé pour modifier mystérieusement sa composition.  

 

Son cœur détectait cette métamorphose, tant elle s’imprégnait avec force, dans son organisme en alerte. L’atmosphère était saturée durant l’espace de quelques secondes. L’oxygène avait-il pris l’ascendant sur le diazote ? Saugrenue comme question, toutefois il se l’était de nombreuses fois posée. Témoin nocturne privilégié, il aimait bien s’emparer de ces surprenantes secondes de flottement et se les approprier. Combien de personne à cet instant précis le ressentait-elle aussi ? Se demandait-il régulièrement dans l’obscurité de la nuit. Nonobstant que cela était une simple anecdote nocturne, il avait été profondément séduit par tous les insignifiants détails qu’il avait collectés au fil de ses différentes visites analytiques de la ville, qui lui était devenue une seconde patrie.  

 

Levant les yeux vers le ciel, la couleur sombre de ce dernier s’était complètement diluée pour laisser apparaitre la clarté immaculée d’un nouveau jour. Progressivement, le soleil s’était levé sur Tokyo après une nuit bien mouvementée sur Kabukichô. L’astre de feu allait très certainement entrer en guerre contre les nombreuses légions de masses cotonneuses qui s’approchaient dangereusement de lui.  

 

Son regard bleu azur délaissa l’observation d’un imposant soldat de vapeur menaçant pour rediriger son attention en direction de l’immeuble endormi, se situant en face du sien. Le nettoyeur était incapable de définir avec exactitude depuis combien de temps, il était assis là, adossé au mur sur le rebord de la fenêtre, les yeux rivés dehors. La vitre était entrouverte laissant s’infiltrer l’air frais matinal lui caressant le visage. Ses joues en étaient devenues fraîches et légèrement rosies. Il appréciait le contact de cette brise lui embrassant les lèvres, avant de s’engouffrer avec délicatesse dans ses cheveux.  

 

Depuis quelques jours, il avait remarqué que le temps se refroidissait. Le vent se métamorphosait lui aussi, en lançant de fine particules froides. Ces fléchettes glacées annonçant l’hiver, devenaient vigoureuses,transperçant le corps. Les signes annonciateurs des solstices et des équinoxes ne lui étaient plus inconnus alors qu’auparavant, cela lui importait peu. Il ne pensait guère à ces genres de sujets. Aujourd’hui, tout était différent. L’expatriation faisait devenir attentif et observateur.  

 

Mick Angel n’était pas parvenu à trouver le sommeil tant cette affaire morbide lui revenait en mémoire d’une manière lancinante. Dés qu’il fermait les yeux, l’image du coréen étendu sur le sol apparaissait brusquement. Tel un Yokai, il disparaissait et réapparaissant comme pour le narguer de son impuissance à stopper sa cadence. Cet esprit l’avait tenu éveillé.  

 

Afin de se rassurer de son comportement fébrile,il supposa qu’il devait en être de même pour son acolyte japonais. Certes, ils étaient habitués à voir ces scènes lugubres et sordides, ils en avaient été parfois même les initiateurs. Mais, ce cas de figure était devenu rare.  

 

Avec le temps, leur vie s’était temporisée et leur octroyait davantage de quiétude. Des petits morceaux de bonheur jalonnaient leur semaine leur faisant oublier la réalité teintée de noir et de gris. L’américain attesta avec certitude qu’il était plus aisé de s’habituer à l’absence de la noirceur du milieu et de sa lourdeur que d’y être replongé. Aucun être humain ne pouvait réellement s’habituer à cette réalité sordide dénuée de lumière et de chaleur. Leur milieu était un monde parallèle au quotidien des simples citoyens. Kabukichô en était le parfait exemple, les gens ordinaires s’y promenaient sans réellement se soucier de la mort et de la corruption qui s’y rependaient. Leur aura n’était certainement pas assez développée pour capter les ondes et la répugnante fragrance de leur monde. Quelque part, il en était mieux ainsi, les japonais vivaient leur existence au gré de leurs soucis journaliers.  

 

Le Japon avait la particularité bien spécifique d’enchevêtrer la normalité à l’étrangeté avec une habilité déconcertante défiant toute logique. Il fallait vivre et respirer en rythme avec lui, pour comprendre sa subtilité.  

 

Or, cette nuit, la donne avait semble-t-elle changé. Un vacillement inexplicable avait eu lieu. La terre semblait être sortie de son orbite provoquant un bouleversement climatique invisible. Lorsque son regard avait croisé celui de Saeba, ils avaient conclu à l’unisson qu’il ne s’agissait pas d’une petite affaire, celle-ci était d’une toute autre envergure. Un tsunami. La terre avait tremblé sous leurs pieds, signe annonciateur de l’arrivée de la vague.  

 

Depuis la fusillade devant le Cat’s, Mick avait un mauvais pressentiment, qui le tourmentait avec ténacité et sans raison apparente. En effet, ce n’était pas la première qu’on tentait de s’en prendre à Kaori Makimura. Mal à l’aise face à cette indescriptible intuition, il imputa la faute à leur manque de vigilance. Ils avaient fatalement baissé leur garde depuis quelques temps. La normalité leur conférait une dangereuse léthargie de leur aura pourtant bien développé. Aujourd’hui, la réalité de leur vie et les conséquences du passé avaient surgit afin de leur faire rappeler. Ils n’étaient pas et ne seraient jamais des hommes ordinaires.  

 

L’amplitude de la violence était un indicateur fiable pour déterminer de la dangerosité de la situation. La fusillade, l’attaque violente de Murata, et le meurtre de Jimin-Jang étaient un arsenal d’arguments démontrant très clairement qu’elle allait crescendo. Le temps devenait leur principal ennemi car ils ne menaient pas la cadence de cette étrange Gishikino (儀式の).  

 

La pression devait vite être relâchée sans quoi ils atteindraient inévitablement le point de rupture. Implosion ou explosion ? Dans les deux cas de figure, Ryo était au milieu de ce périlleux mécanisme. Non. City Hunter. Kaori était aussi visée d’une certaine manière. L’ennemi l’avait signalé avec cette attaque violente manquée. Peut-être devrait-il remercier ce Yakuza ? Il n’en n’avait aucune idée. Toutefois, il n’avait pas un avis aussi tranché que son acolyte japonais.  

 

Mick Angel avait appelé dés qu’il était rentré chez lui, son contact américain résidant à New York City. Ce dernier allait le rappeler. Étant dans un taxi, il n’avait pas pu discuter librement. Après avoir maugréé sa mauvaise humeur d’être coincé dans un habitacle métallique, l’agent américain s’excusa avant de s’écrier avec décontenance : « Mais prenez donc le cross Bronx Expressway ! C’est le moyen le plus rapide pour atteindre le comté de Westchester » Il s’adressait à l’égard de chauffeur. Mick se souvint que cet agent avait préféré déménager, pour s’établir en périphérique du côté de White Plains.  

 

Après s’être calmé, il écouta attentivement Mick lui exposer la situation. L’informateur lui répondait d’une voix monocorde « okay » ou « yes » afin de ne pas susciter la curiosité du conducteur. La discrétion était de mise, que ce soit sur Tokyo ou à New York. Les capteurs invisibles du milieu étaient déployés à travers le monde entier. Discuter en anglais avec Hawkins lui fit du bien. Cette joie était indéfectible tant il prenait plaisir à communiquer dans sa langue maternelle.  

 

Depuis quelques temps, le mal du pays se faisait ressentir par intermittence. Il était incapable de définir l’origine d’une telle carence. Pourquoi éprouver un tel manque? Il n’en n’avait aucune idée. Sans véritablement s’en rendre compte il essayait de retrouver les saveurs de là-bas à travers la nourriture, le sport ou encore des émissions qu’il trouvait pourtant sans grand intérêt. Dans ses moments de nostalgie, il revoyait avec exactitude les rues ainsi que l’odeur caractéristique des fumées provenant des pots d’échappement des voitures piégées dans les bouchons encombrant les rues New-yorkaises. Étrange, ici aussi existait ce rituel de patience et d’odeur polluante. Mais là-bas l’approche semblait différente. C’était très certainement un avis d’ordre sentimental. Rien de rationnel.  

 

Lorsqu’il permettait à son esprit de vagabonder dans ses souvenirs. Il pouvait se revoir se promener à 9th Avenue, Morningside Drive à Manhattan. Après avoir dépassé l’hotel Hyatt , il s’engageait sur la street adjacente pour aller boire un verre avec des connaissances. L’américain appréciait ce lieu bien qu’il ne soit pas des plus connus et des plus prisé de New-York. C’était certainement l’aspect ordinaire et simple qui l’avait séduit. D’un geste las, Angel passa la main sur le front pour tenter d’effacer ces visions du passé.  

 

Un manque indescriptible s’infiltrait dans chacune de ses veines lorsqu’il pensait aux États-Unis. Des séquences de sa vie passée en compagnie du japonais revenaient également au devant de la scène. Qu’éprouvait Ryo pour New-York ? Il ne lui avait jamais posé la question. Depuis quelques jours, l’américain s’était fait discret pour étouffer son trouble invisible mais lancinant. Ne plus faire parti de là-bas tout en n’était pas d’ici, était un constat désagréable. Il devait vite résoudre ce déséquilibre.  

 

Pourtant, le malaise d’adaptation des débuts avait totalement disparu en ayant acquis de solides habitudes. Avoir des routines était essentiel lorsqu’on s’installait dans un pays étranger. Aussi, L’américain avait établi un rythme de vie rassurant, tout en partant en expédition pour découvrir et apprivoiser son nouvel environnement. Ainsi, il estimait s’être bien enraciné, ici en éprouvant une certaine légèreté dans le cœur en se promenant dans les rues du Shinjuku.  

 

Toutefois, Mick Angel aimait particulièrement le quartier chic de Ginza situé dans l’arrondissement Chūō (中央区) . Il n’y était pas insensible en raison du charme qu’il dégageait … «raffiné » ! Voilà le terme qu’il cherchait réfléchit l’américain. Il aimait le raffinement.  

 

Ce quartier dédié au luxe lui rappelait inévitablement la célèbre 34e street ou encore Christopher Street de par la présence de grandes enseignes tel que Chanel ou encore les marques italiennes, l’opulence y était affichée sans complexité mais sans pour autant l’exhiber.  

 

Mick avait parcouru les onze arrondissements avec beaucoup de curiosité pour se fondre dans la masse tokyoïte. Comprendre, agir par mimétisme afin de décortiquer et comprendre les rouages de la société japonaise tel avait son objectif depuis son arrivée au Japon. Aujourd’hui, il affirmait sans l’ombre d’un doute qu’il avait de préférences en raison de sa solide expérience d’observation.  

 

L’envie de déménager dans cet arrondissement venait régulièrement lui caresser l’esprit, comme un murmure provenant de sa conscience endolorie.  

 

Il était bien conscient qu’Il s’agissait d’un des quartiers les plus chers de Tokyo. En plus de la présence des luxueuses enseignes, cette zone était essentiellement commerciale.Angel grimaça en se remémorant les loyers exorbitant exigés, pour prétendre vivre dans ce secteur convoité.Toutefois dans le quartier Shinkawa ou encore celui de Kayabachō, il n’était pas impossible de dénicher un logement convenable. Kazue n’était pas farouchement opposée à un déménagement bien que cela augmenterait son trajet pour se rendre à la clinique. L’aspect financier demeurait le frein. Il devrait modifier un grand nombre de point dans sa vie, telle que sa vie professionnelle. Même si Kazue effectuait des heures supplémentaires à la clinique, il n’était pas certain qu’ils puissent assurer le rendement financier. Un autre arrondissement peut-être ? Hormis le problème pécuniaire, demeurait la crainte de changement de repère affirma-t-il en examinant cet immeuble qu’il connaissait par cœur. Le calme aussi. Bien qu’ils soient sur Shinjuku, leur rue était dénuée de commerce, lui conférant des airs paisibles. Toutefois, c’est bien pour tous ces arguments qu’ils ne franchissaient guère le pas. «Quitter Shinjuku » Rien que d’y penser, il en était ébranlé. Par moment, il se trouvait un peu trop timoré à son goût. Ils allaient y réfléchir  

 

Alors qu’il lança un regard agacé envers le téléphone muet, une main délicate vint se poser sur son épaule. Kazue lui déposa un café sur la table située à ses côtés. Puis, elle enroula ses bras autour de lui, et déposa un baiser sur la tempe.Dans le passé, le voir ainsi, assis prés de la fenêtre l’aurait très certainement inquiétée voir irritée. « Kaori» n’était pas un sujet tabou mais il avait suscité de nombreuses réactions plus ou moins justifiées selon les circonstances.  

 

Désormais, la situation était totalement différente en étant aussi limpide qu’une eau des plus pures. Certes, des émotions passées refaisaient surface de temps à autre. Son cœur réagissait au contact d’un détail, mais il n’en était nullement gêné car il avait accepté ses soubresauts émotionnels. C’était humain, il n’y avait rien d’inquiétant que de s’apercevoir qu’il était fait de chaire et de sentiments. Ainsi, une tendresse bien singulière et une solide complicité avaient fait place à son amour qu’il avait étouffé au plus profond de son être. Il ne niait pas que cela ait été difficile d’éteindre les flammes, mais il y était parvenu en comprenant que cet amour était forbbiden. Parfois, il arrivait encore que la chaleur s’infuse dans son cœur estampillé, mais elle se refroidissait rapidement.Pourtant, le blond était quasiment sûr qu’il aurait pu à grand renfort de persévérance, et de douceur, parvenir véritablement à la conquérir.Depuis sa capitulation volontaire, les dernières braises s’étaient consumées. Sa raison avait fort heureusement repris le dessus. Le cœur avait une solide mémoire mais, l’esprit était là pour réguler son impudent entêtement. Aujourd’hui, il espérait que cet idiot de japonais fasse de véritables efforts envers Kaori. Il s’interrogeait souvent quant à la patience légendaire de la nettoyeuse.  

 

A cette réflexion, l’américain eut les fragments du doute en ne sachant pas s’il était réellement possible de cliver d’un sentiment amoureux à un d’ordre purement amical juste par la conscience et la volonté. Angel ne parvenait pas à y répondre. Cet interstice le dérangeait. D’ailleurs, il ne s’attardait jamais trop longtemps à ces genres de réflexions sentimentales. Instinctivement, il détourna la tête pour embrasser le cou délicat et tentateur de sa compagne. Il laissa ses lèvres s’imbiber du grain de sa peau discrètement parfumé. L’odeur de son parfum fleuri et frais était subtil mais suffisamment présent pour l’inspirer. Il aimait Kazue. Cela n’avait nul l’ombre d’un doute. Elle lui avait offert tout ce que son cœur recherchait. Sa conviction dans ses dires le rassura inévitablement. Le réflexe était tenace. Il s’était relevé brusquement, pour la prendre dans ses bras, en oubliant l’appel téléphonique. C’est à ce moment précis, que le téléphone sortit de son mutisme. Angel desserra son étreinte à contre cœur pour répondre. Il soupira.  

 

_ «Je te laisse» murmura-t-elle en lui appliquant un baiser furtif sur ses lèvres. Son regard bleu Pacifique l’observait avec attention tout en décrochant. Kazue avait enfilé sa veste tout en enjoignant un signe de la main avant de disparaitre. Les yeux rivés à la porte d’entrée qui s’était refermée, il décrocha. Mick entendit son interlocuteur tousser bruyamment l’obligeant à reculer son oreille du combiné, tout en revêtant un air de dégoût en percevant sa toux glaireuse.  

 

_ « excuse me Angel! »Commença t-il. Une quinte de toux l’assaillit de nouveau l’obligeant à s’arrêter. Après une longue et difficile expiration, il reprit : «nous avons mis du temps, beaucoup de bouchon sur la street S’écria l’agent agacé. Impulsif, il éructa en anglais. Même les personnes ne connaissant pas sa langue auraient deviné qu’il ne s’agissait pas de compliments distingués. C’était Darren Hawkins.Le new-yorkais soupira tout en s’excusant de son emportement inapproprié vu les circonstances  

 

_ « Il existe toujours le petit café Neary où nous allions boire un verre de Chianti de temps en temps ?» Demanda Angel se remémorant ses instants passé en sa compagnie.  

 

_ « Neary ? Oui toujours, Angel. » Répondit l’indic en temporisant sa mauvaise humeur. « C’est vrai que cela fait un moment que tu n’es pas revenu ici. » Rajouta-t-il d’un air pensif.  

 

_ « En effet», Acquiesça l’américain en se remémorant ce pub typiquement américain. Il était sans prétention, mais on l’y servait d’excellents menus et proposant une carte d’alcools fournie. Le café aussi, était de bonne qualité, bien torréfié comme il les aimait. « As-tu des informations pour moi ? »Demanda Angel à brûle-pour-point afin de vite effacer ce souvenir inutile.  

 

_ « Elles sont assez maigres mais avant de t’appeler, j’ai effectué quelques recherches personnelles. Je te cache pas vu l’heure.. » Se justifia l’américain en se mouchant bruyamment. Il rajouta « Ne faut pas t’attendre à une pêche fructueuse !Mais cela peut-être vous aiguiller. »  

 

_ « Je t’écoute Hawkins » Se contenta de répondre l’américain, curieux de savoir ce qu’aller lui apprendre son ami.  

 

_ « Il y a environ trois semaines, il y a eu de l’agitation du coté d’Harlem. Pour ma part je ne m’en suis guère soucié car cela ne me concernait pas directement. Mais...Maintenant que tu m’as expliqué ce qui se passé sur Tokyo, j’ai fait le rapprochement. » Il fit un pause en s’excusant qu’il allait boire. Mick put l’entendre déglutir ses gorgées d’eau. Puis il reprit avec une voix beaucoup plus fluide. « D’après les fuites, deux clans se sont rencontrés ici à New York du coté d’Harlem. Cela a fait jaser Un clan appartenant à la famille de Watanabe et de l’autre pingouin à lunettes Shigeo Nishiguchi »  

 

_ « Shigeo Nishiguchi ?» Répéta Angel,attentif aux explications de Darren.  

 

_ « Voyons ! Shigeo Nishiguchi! C’est l’oyabun de la Sumiyoshi-rengō il est aux commandes de cette famille depuis 1 991. Qui habite Tokyo toi ou moi Angel ? » Taquina Darren  

 

_ « Il s’agit de la deuxième plus grande famille de Yakuza après celle de Watanabe » Ajouta Mick en réfléchissant à ce que venait de lui apprendre.  

 

_ « Yeah! Cette famille a une histoire assez complexe et commence à bien s’implanter ici.» Informa l’agent  

 

-« Watanabe est sur Tokyo. » Angel fit une pause, puis il continua sur sa lancée : « Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas. Je ne t’ai pas tout dit tout à l’heure. Un type est arrivé de nulle part ! Un Yakuza ! Il est intervenu juste à temps pour sauver la partenaire de Saeba.  

 

_ « La fusillade » renchérit Hawkins « C’est venu jusqu’à nos oreilles, elle a été violente ! C’est rare au Japon ! Digne d’un film américain »  

 

_ « Oui, ils n’ont pas lésiné sur les moyens. Ce Yakuza était au courant de ce qui allait se passer Darren ! Bien entendu, personne ne l’a jamais vu. Bizarre non ? » Expliqua Mick en lançant un regard en direction de l’immeuble aux briques rouges.  

 

_ « Ouais, c’est étrange ton histoire » déclara Darren d’un ton énigmatique. Puis, il soupira en s’exclamant avec sincérité : « ce Yakuza est peut-être au courant des intentions de Watanabe et veut faire capoter ses plans? Après il faudrait savoir à quelle famille et clan appartient ce Yakuza. Avec toutes ces ramifications et ces clans des quatre familles, j’en perds mon anglais ! »  

 

_ « Moi aussi » Avoua Angel plissant les yeux face à cette certitude linguistique. Il y avait bien des aspects de la société japonaise pour lesquels il n’était pas encore parvenu à une totale compréhension.  

 

_ « Les japonais resteront un grand mystère pour moi Angel. Sont compliqués à décrypter.» Avoua Darren sans savoir que son acolyte était parvenu à la même conclusion. L’agent rajouta : « Je vais certainement en savoir davantage dans les prochaines heures mais regarde de ton côté, la famille Sumiyoshi-rengō …Il y a du se passer quelque chose de louche avec Watanabe. Ya pas un type proche, qui s’est fait descendre ?… un membre important son premier lieutenant...oh shit ! Je ne me souviens plus de leur nom japonais? »  

 

_ « Wakagashira (わかがしら)….Non pas que je sache.» Déclara l’américain en réfléchissant à cette éventuelle possibilité. Après quelques instants, il lui dit : « cela se saurait su Hawkins ! Surtout sur Kabukichô. Or, rien il n’y pas eu de vague jusqu’à cette fusillade. C’était très calme »  

 

_ « Le calme n’est jamais bon signe. » Rajouta Darren en riant de cette certitude.  

 

Mick coinça le téléphone entre son oreille et son épaule afin de boire son café tant sa gorge semblait atrocement sèche au fur et à mesure de la conversation. La voix enrouée de son informateur devait y être pour quelque chose. En buvant une gorgée du liquide noir, il grimaça en s’apercevant qu’il était tiède.. Ceux de Nearly était bien chaud, il adorait cela se souvint-il. Il secoua la tête à ce souvenir de trop. Ce n’était certainement pas le moment. Toutefois, en reposant sa tasse sur la table, une étrange idée lui traversa l’esprit en observant la profonde noirceur du ténébreux liquide. Reprenant correctement le téléphone en main, il hésita à la soumettre à son ami.  

 

_ « Crois-tu qu’ils aient pu faire une alliance ? » Demanda sans transition l’américain en regardant fixement la tasse.  

 

_ « Une alliance ? Qui ? » Lança l’agent enrhumé. Une nouvelle quinte de toux vint une nouvelle fois interrompre la conversation. « Excuse-moi » émit-il  

 

_ « Les deux familles ? » Précisa Mick en haussant la voix pour couvrir le toussotement de Darren. Sa voix était entachée d’un petit tremblement à l’énonciation d’une telle idée.  

 

_ « La famille Yamaguchi-gumi et Sumiyoshi-rengō ? Non ! Impossible Angel !» Affirma Darren avec conviction. Il fit une pause. Qui s’apparentait à la réflexion de cette suggestion d’Angel. Puis, il décréta : « …Ils sont rivaux depuis des années, pourquoi voudrais tu qu’elles se soient alliées ? Cela n’aurait aucun sens. »  

 

_ « Je ne sais pas...c’était juste une suggestion. » Déclara l’américain regrettant déjà amèrement d’avoir émis une telle hypothèse grotesque. Quelques secondes passèrent sans que les deux hommes prononcèrent une parole. Chacun était plongé dans leurs pensées bien décidés à comprendre.  

 

_ « Hum Watanabe est un renard tu sais ! » Répliqua l’agent. « Ton oyabun veut peut-être se faire la part du Lion sur Tokyo en agitant Kabukichô par provocation. Ce n’est pas sa zone. Les autres familles seront donc à cran et vont réagir. Or avec la nouvelle politique nippone ce n’est certainement pas le moment de se faire remarquer.» L’agent soupira après sa tirade tant il l’avait dit avec ferveur. L’air lui manquait. «Je ne vois que cela ! » Rajouta-t-il  

 

_ « C’est bien possible » Admit l’américain. Toutefois un point le tracassait dans cette histoire. « Et Ryo ? Pourquoi le mêler à cette histoire ? Après tout ce n’est qu’un nettoyeur pas un yakuza appartenant à l’une des familles » Demanda Angel inquiet de la position de City Hunter dans cette apparente guerre de famille de Yakuzas.  

 

_ « Un nettoyeur très gênant Angel !» S’écria Darren. « Saeba a une grande influence sur Kabukichô ! C’est le centre névralgique du milieu. Il a des contacts avec certains oyabun? » Demanda Hawkins  

 

_ « Oui, il me semble que Ryo ait des contacts avec l’oyabun de la famille Kakuji Inagawa. Mais très peu. Expliqua Mick en en réfléchissant à ce réseau. Puis, il reprit le fil de son idée : «Ils ne sont pas amis si tu préfères. Ryo reste sur ses gardes »  

 

_ « Comme nous tous ! La confiance est un luxe qu’on ne peut pas se permettre. » Certifia Daren sur un ton atone. Soupirant une nouvelle fois, il demanda dans un souffle las : « Certains de ses contacts ne sont pas des yakuzas ou des proches d’une des familles ? »  

 

A cette question Mick songea immédiatement au coréen abattu en plein milieu de son café. Murata était un semble citoyen japonais ordinaire qui avait eu le mérite et le courage de dire « non » aux Yakuzas.  

 

_ « Jimin-Jang , l’homme qui a été abattu était très proche de la famille Tōa-kai (東亜会) Il donnait à ses heures, des informations à Saeba. Il n’était pas des plus honnêtes, mais il était suffisamment fiable pour que Ryo vienne régulièrement l’asticoter. » Informa Mick, en évitant de se remémorer de cette nuit funeste.  

 

_ « Ha tu vois ! C’est pas n’importe qui a été descendu.» Rétorqua l’agent d’un ton conquérant. Il racla sa gorge tourmentée. « Jimin-Jang… Jimin-Jang … c’est coréen ça ! De quoi accentuer les tensions de leur communauté. Ce n’est jamais bien vu qu’un japonais liquide un coréen. » Souligna l’agent américain véritablement intéressé par cette histoire. « humm va savoir Ryo Saeba serait peut être gênant pour la suite des opérations de ce renard et de sa fronde sur Tokyo » Rajouta Hawkins en éternuant bruyamment dans le combiné obligeant Mick à reculer une nouvelle fois l’oreille de son téléphone.  

 

Angel attendit quelques instants avant de poursuivre la conversation.  

 

_ « Le plus tracassant serait donc cette suite comme tu dis si bien. Quelque chose m’échappe à tout cela, mais tes informations vont nous faire avancer ! Merci ! On va voir du coté de la famille Sumiyoshi-rengō . Cela me parait pas nette cette réunion des deux clans. » Avisa l’américain, Persuadé d’avoir mis le doigt sur un élément important.  

 

_ « La structure de la famille Sumiyoshi-rengō est différente des autres. Je ne suis pas expert dans leur mode de fonctionnement. On a déjà bien à faire avec les gangs ici. Mais avec les lois qui sont passées, ils doivent se restructurer. Ici on sent bien la tension chez les yakuzas ! » Développa son contact malade  

 

_ « Les États-Unis ont eu un poids énorme sur le Japon pour qu’il se décide à agir dans sa politique intérieure.» Rajouta Angel en se remémorant les dernières semaines. Il s’agissait des sujets les plus discutés dans les réunions clandestines sur Kabukichô. La tension était montée à tel point que certains le regardait d’un œil mauvais en percevant son origine américaine. C’était le cas avec Jimin-Jang. Il ne l’appréciait guère. Avec les changements annoncés officiellement, Angel ne pouvait plus rentrer dans son établissement. Attitude ridicule et puérile.  

 

_ « Hé hé…Les usa et le Japon une longue histoire n’est-ce pas ? Mick je vais dormir, la journée a été longue et je suis mal fichu depuis deux jours » Se justifia Darren en toussant une nouvelle fois. Il rajouta : « Je te rappelle quand j’ai du neuf et toi aussi Tiens-moi au courant, j’aime bien ta Japanese story my friend ! ça change des fictions américaine !»  

 

_ « Japanese Story » répéta Mick Angel avec amusement. « Compte sur moi ! Et merci » Conclut l’américain en esquissant un sourire. Il appréciait Hawkins « soigne-toi, ta toux de vieux phoque est insupportable Darren» Ajouta Angel en percevant le toussotement qu’il tentait de stopper.  

 

_ « Hé ! Fais froid ici le japonais ! See ya » Se Contenta de répondre Darren Hawkins sur un ton amusé.  

 

-« See ya » Répéta Mick d’un ton nostalgique. Clic.  

 

Mick reposa le téléphone en songeant à cet agent. Darren Hawkins était à l’origine un agent fédéral mais son caractère l’a mené à démissionner pour agir en tant qu’enquêteur privé. Cet américain ressemblait par certaines de ses prises de position à Hideyuki Makimura. Du moins, il faisait le rapprochement avec les nombreuses explications de Kaori.  

 

Sans tarder davantage il abrégea le supplice de sa boisson tiède, en reprenant sa tasse. Il grimaça une nouvelle fois avec plus d’insistance en avalant le ténébreux liquide, car ce dernier était devenu glacé. L’américain soupira d’agacement car il détestait par-dessus de boire du café glacé, tant la saveur se modifiait avec la température. Le goût prononcé n’était vraiment pas des plus appréciables. Malgré son rejet gustatif, il se força à l’avaler en pensant à ce petit geste de Kazue. Après quelques gorgées, il s’interrompit en apercevant Kaori qui avait fait son apparition sur la terrasse surplombant son appartement. Il déposa négligemment sa tasse, et lança un regard furtif vers l’horloge. Il sourcilla en constatant l’heure matinale. Il était rare de la voir là-haut à cette heure-ci !  

 

Il se sentit mal à l’aise face à son propre constat. Il connaissait effectivement bien les habitudes de la nettoyeuse. Encore un peu, il aurait admis qu’il l’épiait à ses heures perdues. Il avait parfois la désagréable impression d’être dans le film d’Alfred Hitchcock, fenêtre sur cour, où l’acteur James Stewart immobilisé dans un fauteuil roulant, observait avec attention la vie de ses voisins. Hormis que dans son cas à lui, il n’était nullement cloué dans un fauteuil. Cette comparaison l’exaspéra en constatant encore une fois qu’il s’agissait d’une référence américaine ! Elles en étaient entêtantes ! Honteux de lui-même, il toussota en secouant légèrement la tête pour évacuer sa gêne. Non ! Il n’en n’était rien songea-t-il, jamais il n’avait eu l’intention de l’épier. Pour palier son trouble, il ouvrit davantage sa fenêtre en bougeant cette dernière pour provoquer un léger jeu de lumière.  

 

Ses yeux clairs scrutèrent intensément Kaori qui s’était positionnée prés de la balustrade. Un sourire se dessina sur le visage de l’américain en constatant avec grande satisfaction l’attitude professionnelle de la nettoyeuse.  

 

En repérant l’éclat lumineux, Kaori avait disparu de son champ de vision. Ce miroitement aurait pu être la lunette d’une arme. Les rayons du soleil en s’abattant sur elle, produisait un faisceau de lumière bien spécifique. Le nettoyeur était satisfait de la réaction de la jeune femme. Elle progressait. Lorsque cette dernière identifia l’origine du faisceau éblouissant, elle se rapprocha de la rambarde et regarda en sa direction. Petit moment de flottement. Le temps s’était une nouvelle fois figé comme durant la nuit passée. La nettoyeuse le salua alors discrètement de la main, Mick y répondit aussitôt. Après quelques minutes, la jeune femme disparut une nouvelle fois.  

 

Hésitant de l’idée qu’il venait d’avoir, l’américain contempla sa tasse avec insistance, ce dernier était bien tenté d’aller les voir séance tenante. Mick avait des intéressantes informations à fournir au nettoyeur japonais. De plus, il était soucieux pour City Hunter, en particulier pour le japonais. Il souhaitait s’assurer que tout allait bien de leur coté. Un pressentiment.  

 

Kaori était figée devant sa porte depuis quelques minutes déjà. Entre colère et remords d’avoir gardé le silence, son cœur vacillait entre ces deux sentiments. Cette ambivalence l’empêchait de prendre une décision. Elle détestait par-dessus tout cette velléité soudaine. Mais, la nettoyeuse s’était véritablement sentie humiliée face à sa remarque désobligeante. Elle l’avait pris de plein fouet sans véritablement comprendre son attitude injustifiable. La jauge de la colère remonta en se remémorant ses propos intolérables, le tout énoncé d’un calme des plus déconcertants. Cependant, la situation la poussait à dépasser cet épisode fort désagréable. La pression l’obligeait à garder la tête froide et dissocier l’essentiel du secondaire.  

 

La prémonition du Yakuza la hantait avec intempérance. Dés qu’elle fermait les yeux, la nettoyeuse revoyait l’image d’Eiji, l’air concentré, les yeux rivés sur son journal. Ses lèvres remuaient à peine, pourtant ses paroles avaient provoqué un violent tremblement. Pourquoi lui avoir sauvé la vie ? L’avertir ? Cela n’avait aucun sens si ce n’est qu’il s’agisse d’un stratagème bien calculé ou l’œuvre d’un déséquilibré. Cependant, elle n’avait ressenti aucune once de danger lorsqu’il s’était assis à ses côtés.Son cœur s’était mis à battre à tout rompre tant elle était interloquée de sa présence. Le visage amène du Yakuza l’avait interpelé quant à une éventuelle dangerosité. Bien entendu, il ne fallait jamais se fier aux apparences. Jamais. Honteuse de sa propre attitude et son hésitation, Kaori décida malgré son courroux à l’égard de son partenaire, d’aller le réveiller, et discuter.  

 

« Kaori » avait-il murmuré cette nuit en toquant légèrement à sa porte. Sa voix l’avait perturbé, il ne venait jamais lui parler après ses escapades nocturnes. Elle lui avait refusé une éventuelle discussion tant elle était incapable d’apercevoir ses yeux rougies par l’alcool ou de ses orgies. Son cœur saignait encore.  

 

« Aujourd’hui, est un autre jour » Affirma-t-elle avec force. Après avoir pris une grande inspiration, elle ouvrit la porte avec brutalité, comme à son accoutumée pour lui offrir le réveil qui lui était du. Il était devenu un rituel pour bien débuter la journée.  

 

_ « Ryo ! Lève-toi ! » S’écria-t-elle  

 

Alors que la jeune femme avait sorti sa massue, par un stratagème dont elle seule connaissait, la nettoyeuse se figea sur place, en apercevant le lit vide. Ryo n’était pas là.  

 

Kaori en fit tomber sa massue tant qu’elle fut étonnée de son absence. La nettoyeuse regarda tout autour d’elle, l’inquiétude la gagna. Il était très rare que Ryo parte aussi tôt alors qu’il était rentré quasiment aux aurores. La journée ne commençait pas du tout bien songea-t-elle avec angoisse. Ding. Ce fut la sonnette de la porte qui la fit réagir. Kaori sortit sans tarder de la chambre de son partenaire pour aller ouvrir. La nettoyeuse fut agréablement surprise en apercevant l’américain.  

 

_ « Ho Mick ! Tu es bien matinal »  

 

_ « Comme je t’ai vu sur la terrasse, je me suis dit.. » Expliqua Mick avec sérieux pour justifier sa visite impromptue  

 

_ « Tu as bien fait ! » Affirma la nettoyeuse en l’invitant à rentrer. Puis, elle l’informa « Mais…Ryo n’est pas là. Je ne sais pas où il est ! Je suis très surprise car cela n’est pas dans ses habitudes » Elle ne put réprimer un soupir.  

 

En apercevant la mine déconfite, inquiète de la nettoyeuse, l’américain la considéra avec insistance. Elle était pâle, ses yeux rougis étaient un peu gonflés trahissant ses pleurs nocturnes. Avec le temps, Mick, avait bien décortiqué chaque signe prouvant une dispute avec Ryo. Kaori n’arrivait pas à forcement bien caché ses états d’âme, du moins avec lui.  

 

_ « Il t’a mis au courant des derniers événements ? » Demanda Mick en expirant discrètement tant il n’aimait pas la voir ainsi.  

 

_ « Non, nous nous ne sommes pas vus depuis soir » Avoua Kaori, sans oser véritablement le regarder dans les yeux. Toutefois, elle laissa apparaitre un sourire pour effacer la pointe de gêne.  

 

_ « Je vais tout t’expliquer » Se contenta de lui répondre l’américain en esquissant à son tour un sourire. Malgré tout, Mick n’était pas forcement à l’aise aujourd’hui. Il ne savait pas si c’était la fatigue qui lui retombait dessus, mais il semblait nerveux.  

 

_ « Un thé ? » Proposa Kaori pour en finir avec cette scène, en étant figés comme deux idiots devant la porte d’entrée. Ce n’était pourtant pas la première fois que l’américain venait lui rendre visite. Elle se retourna d’un mouvement déterminé pour se diriger vers la cuisine.  

 

_ « Avec plaisir». Répondit l’américain en lui emboitant le pas.  

Ils intégrèrent la cuisine et se mirent à discuter La gêne ressentit n’était pas ordinaire. Par conséquent, ils avaient vite essuyé la séquence inutile en abordant des banalités, tout un tas de petits éléments de la vie quotidienne qui détendent en deux trois mouvements l’atmosphère.  

 

Puis, ils passèrent enfin au sujet sérieux. Kaori mit de l’eau dans la bouilloire tout en écoutant Angel qui entreprit d’expliquer la situation. D’un geste mécanique, elle sortit la théière du placard gauche. La conversation était rythmée par ses brèves interventions « c’est terrible » appuyées par un hochement de tête. La jeune femme était attentive aux paroles d’Angel.  

Le nettoyeur observait la nettoyeuse avec attention en scrutant chacun de ses gestes, du placard à l’évier en passant par le tiroir contenant les couverts. Kaori était de dos, afférée à la préparation du thé. Bien qu’il n’apercevait pas l’expression de son visage, l’américain avait détecté une anomalie dans le comportement de la jeune femme. Les nouvelles étaient très mauvaises, mais il avait bien senti à sa manière d’agir qu’un autre fait interférait dans son attitude.  

 

Après avoir fini les préparatifs, Kaori se retourna enfin pour lui faire volte face, théière en main. « Watanabe veut entacher la réputation de Ryo ? » Demanda-t-elle en se dirigeant vers la table.  

 

_ « Cela est bien possible Kaori. En retournant le milieu » Rajouta l’américain  

 

_ « Prendre de l’importance sur Kabukichô » Rajouta-t-elle en versant l’eau bouillante dans la théière japonaise.  

 

_ « Exactement » Certifia-t-il en contemplant la théière de forme aplatie, de couleur noire. Elle était simple de par son aspect, mais c’était bien ce trait distinctif qui faisait son charme. Épurée.  

 

La nettoyeuse déposa la bouilloire prés de l’évier puis alla chercher deux tasses finement ornées. Son visage semblait impassible ce qui n’était pas forcement dans ses habitudes. Percevant l’analyse d’Angel, elle lui offrit un sourire rassurant tout en s’asseyant en face de lui. Le silence s’empara de la pièce durant quelques instants. « Pourquoi Ryo ? Il y a des personnes beaucoup plus dérangeantes à abattre vue l’heure actuelle non ? » Répliqua-t-elle en s’accoudant sur la table. La nettoyeuse ne put réprimander un froncement de sourcils tout en appuyant sa joue sur une de ses mains comme pour mieux réfléchir.  

 

_ « C’est encore trop tôt pour tirer des conclusions.» Répondit Mick avec une certaine frustration de ne pas en savoir davantage.  

 

La nettoyeuse et l’américain regardèrent la théière qui opérait l’infusion en son giron de porcelaine. Après quelques minutes, Kaori se décida à servir le thé. Le bruissement du liquide et la vapeur abondante provoquée par l’écoulement temporisa le silence pesant. La sonorité cristalline et sa sensation de chaleur bienveillante s’apparentaient à une cascade qu’on retrouvait dans les Onsen (温泉). Mick avait découvert les sources d’eaux chaudes sur Tokyo, dans un établissement dénommé akotsu-Yu (蛇骨湯) dans le quartier d’Asakusa, un des derniers secteurs populaires de la capitale. Il avait été à celui-ci, car Kazue lui avait informé que sa fondation remontait à l’époque d’Edo. Il était très connu. Son effet fut immédiat, apaisement et bien-être.  

 

_ « Bien chaud que tu les aimes » S’exclama Kaori en lui présentant sa tasse fumante. La voix de Kaori fit sortir l’américain de ses rêveries aquatiques. Il prit sa tasse tout en hochant de la tête en guise de remerciement. Touché de la remarque de la nettoyeuse il apprécia la sensation de chaleur qui se diffusait dans ses mains enveloppant sa tasse. Il fut également rassuré en constatant qu’elle aussi connaissait certaines de ses préférences.  

 

Chacun but quelques gorgées de thé brulant, plongés dans leurs pensées. Puis, ils reprirent la discussion tout en conservant leur tasse entre leurs mains comme pour mieux s’imprégner de la chaleur qu’elle diffusait. Le sujet dont ils abordaient, conférait une mystérieuse froideur à l’air ambiant. Sourcillant aux paroles de Mick, Kaori se perdit une nouvelle fois dans ses réflexions. Elle opinait de la tête tout en demeurant silencieuse. Elle avait revêtu un air soucieux en se remémorant cette nuit. Elle était persuadée que Ryo avait quitté les bras d’Okimi. Il n’en était rien  

 

_ « Kaori…Tout va bien ? Je sais que la situation n’est pas des plus joyeuses mais je te trouve étrange aujourd’hui » Demanda doucement Mick bien conscient du malaise de la nettoyeuse. Cette dernière releva la tête de sa tasse et lui indiqua :  

 

_ « Juste inquiète Mick …Et Ryo qui disparait comme ça ! »  

 

Bien qu’il ne laissa rien paraitre, Mick était également étonné du réveil matinal de Ryo. Toutefois, en prenant du recul, il avait remarqué la sourde colère de Ryo dans le bar du coréen. Il avait perçu toute sa rage face à cet assassinat, lourd de conséquence. Par conséquent, le japonais n’avait pas du fermer l’œil de la nuit. Comme lui. En percevant le regard interrogateur de Kaori, Mick toussota un peu avant de reprendre la parole.  

 

_« Ne t’en fais pas pour lui ! S’il est sorti c’est qu’il a une bonne raison. Pour une fois qu’il ne joue pas le mollasson .Hum je te l’avais dit Kaori c’était un homme comme moi qui te fallait ! » Affirma-t-il en se jetant littéralement sur la nettoyeuse.  

 

C’était grotesque, complètement caricatural comme comportement, néanmoins, il assurait la parade afin de la détendre et la faire sourire. Cela faisait partie de la panoplie du bon ami.  

 

_ Mick ! Arrête de faire l’idiot ! Ce n’est vraiment pas le moment ! Hurla-t-elle exaspérée de son comportement. Elle le projeta à l’aide sa massue en deux trois mouvements contre le mur sans ménagement.  

 

Elle tapota des mains afin se les ressuyer et se rassit pour siroter tranquillement son thé. Ignorant totalement l’américain frottant vigoureusement sa mâchoire, Kaori plissa les yeux en reprenant l’ordre de ses idées. Il restait un jour songea-t-elle en appréciait la chaleur du thé se diffusant dans sa gorge. Kaori ne put s’empêcher de lancer un regard amusé et un sourire sincère envers l’américain. Ce dernier s’était sagement rassit à ses côtés pour finir également son breuvage. La nettoyeuse continua sa réflexion, en affirmant que cet événement permettrait de déterminer si le Yakuza était bel et bien sincère dans ses dires. Peut-être pourrait-il devenir un allié face à la menace qui planait sur eux ? Mais en premier lieu, la nettoyeuse devait absolument prendre une décision pour l’attaque de demain. Elle soupira pour évacuer cette pression latente qui tenaillait son esprit et son corps. Sans crier gare, elle demanda à l’américain :  

 

_ « Mick si, ta conscience était tiraillée entre deux personnes et que tu avais le choix entre te taire ou parler mais que dans le deux cas, tu trahirais l’une des deux personnes, que ferais-tu ? » Immédiatement, Kaori replongea son attention sur sa tasse de thé.  

 

L’américain qui s’apprêtait à boire, stoppa son geste et redéposa la tasse sur la table.  

 

_ « Ta question est complexe Kaori » Décréta l’américain en se raclant la gorge tant il fut surpris d’une telle interrogation. Puis, il poursuivit : « Pourquoi cette question ? »  

 

_ « On ne répond pas à une question par une autre question Mick ! » Murmura-t-elle en lui accordant un regard irrité.  

 

En écoutant la réflexion de la nettoyeuse, l’américain esquissa un sourire et lui adressa un clin d’œil  

 

_ « Tu as raison, hé bien pour être totalement honnête avec toi. Je ne sais pas trop. » Dit-il en tapotant son index sur le menton comme pour mieux réfléchir « humm c’est délicat…Je crois que je pèserai le pour et le contre de mon silence ou de ma prise de parole j’opterai pour l’attitude la moins blessante …je suppose... »  

 

_ « Merci Mick » Lança Kaori en comprenant aisément sa torture réflective.  

 

_ « Je ne pense pas d’avoir aidé sur ce coup là » admit-t-il en émettant un rire nerveux.  

 

_ « Si » Certifia la nettoyeuse en se levant de sa chaise afin de débarrasser sa tasse. Elle lui montra la théière pour savoir s’il souhaitait reprendre une tasse, Mick refusa poliment. Sans tarder, la nettoyeuse s’empara des deux tasses et les déposa dans l’évier, rangea la boîte de thé dans le placard. Puis, Kaori se retourna en direction de l’américain et lui demanda :  

 

_ « Je dois me rendre à la gare …Tu m’accompagnes ? »  

 

L’américain accepta.  

 

Ce fut dans un calme apparent qu’ils partirent ainsi en direction de la gare de Shinjuku afin que la nettoyeuse vérifie le tableau. La station était bondée de monde vue l’heure de la journée, entre les touristiques et les japonais partant au travail, l’effervescence était à son comble. Ce fut sans grand étonnement que Kaori constata l’absence de message. Elle émit un soupir de lassitude tant elle estimait la situation troublante.  

 

_ « Pas de client » murmura-t-elle en fixant le tableau  

 

L’américain témoin de la scène, mis ses mains dans les poches tout en effectuant un regard circulaire pour être certain qu’ils n’étaient pas surveillés hormis l’indic de Ryo.  

 

_ « Vu les circonstances ce n’est peut-être pas plus mal tu sais » Avança l’américain en redirigeant son attention envers la nettoyeuse  

 

_ « Tu as sans doute raison, mais la banque ne sera pas aussi complaisante. Enfin … ce n’est pas grave pour le moment ! Allons au Cat’s ! » Proposa-t-elle en ne souhaitant pas que la morosité prenne le pas sur son moral.En franchissant la grande porte vitrée de la gare, l’air frais et persistant s’abattit sans ménagement sur le visage de la nettoyeuse. A ce contact brutal, elle frissonna, en se recroquevillant un peu sur elle-même. Le froid s’installait.  

 

Ils se faufilèrent à travers la foule compacte présente aux abords de gare pour vite prendre l’avenue, qui était tout aussi encombrée mais beaucoup plus fluide. Durant le trajet, l’hésitation ne cessait de tourmenter la jeune femme. Toutefois, Kaori essayait d’entretenir un semblant de conversation, bien qu’elle ne fût pas encline à la conversation. Mick lui parlait des différences entre Shinjuku et Chūō.  

 

_ « Je préfère Shibuya » Déclara-t-elle en reprenant la marche  

 

_ « C’est quasiment la même physionomie que Shinjuku » argua Mick bien résolu à mettre en avant les avantages de son l’arrondissement favori  

 

_ « Non je ne trouve pas…j’aime bien m’y promener à Shibuya et le quartier de Ginza est bien au dessus de mes moyens Mick !» Se justifia la nettoyeuse.  

 

_ « Hum c’est plus calme.» Décréta Mick en en laissant apparaitre une moue non convaincu sur son visage aux dires de Kaori.  

 

_ « C’est vite dit quand tu sais que Les Toa-kai ont leur siège à Ginza, » Affirma Kaori en remettant correctement son écharpe.  

Interloqué par la remarque pertinente de Kaori, l’américain se ravisa.  

 

_ « Oui c’est vrai tu as raison, ce clan a eu une force influence grâce à leur chef « Tiger of Ginza » » Ajouta-t-il en revêtant un air soudainement sérieux.  

 

_ « Le tigre de Ginza…. Le fameux Hisayuki Machii (町 井 久 之 Il est connu comme le loup blanc ici »Rajouta Kaori en laissant son regard rouler de droite à gauche tout en marchant. Geste typique des nettoyeurs.  

 

_ « Tu veux dire le Tigre ? » Interjeta l’américain ravi de sa précision.  

 

A cette boutade linguistique, Kaori ralentit tout en émettant un rire sincère. La présence de Mick l’apaisait. Ses tracas semblaient plus légers bien que la prémonition du Yakuza hantait ses pensées et s’accentuait avec les heures qui s’écoulaient. Pourquoi vouloir une nouvelle fois attaquer le Cat’s s’interrogea-t-elle en s’arrêtant à un passage piéton comme une véritable automate. La nettoyeuse admit que ses journées étaient réglées comme du papier à musique. Elle se rendait plus ou moins à la même heure à la gare. Ensuite, elle partait au Cat’s pour discuter une ou deux heures avec Miki et Falcon. Ainsi, il était aisé d’établir son emploi du temps d’une manière détaillée. Ce constat en était affligeant. Par conséquent, Kaori en déduit qu’elle était visée par cette attaque. Elle était persuadée de ce fait. Le problème étant, si demain, elle ne venait pas…L’attaque n’aurait peut-être pas lieu ? Or elle voulait absolument savoir si le Yakuza avait été honnête. Hochant positivement à sa propre conclusion, Kaori ne remarqua pas le regard d’Angel posé sur elle depuis quelques minutes.  

 

_ « Reviens parmi nous Kaori .Murmura l’américain en se rapprochant d’elle tel un félin.  

 

_ « Excuse-moi, cette histoire m’inquiète beaucoup Mick. Murata, et maintenant la mort de Jimin-Jang » Se justifia la nettoyeuse, en redirigeant son attention envers son ami américain.  

 

Angel constata qu’elle esquivait volontairement la séquence du Yakuza. Il avait bien tenté d’amener cet élément essentiel dans l’histoire, mais Kaori refermait aussitôt le sujet en l’emmenant dans une toute autre direction. Il était loin d’imaginer que la nettoyeuse mourrait d’envie de tout lui avouer quant son dilemme. Cependant, elle ne parvenait pas à mettre de l’ordre dans ses idées et ne savait pas par quoi commencer exactement pour amorcer le sujet. Le visage du Yakuza refaisait surface dés que ses lèvres s’apprêtaient à livrer son secret. Déambulant à travers les rues de Shinjuku, Kaori discuta avec Mick tout en réfléchissant à la manière dont elle aborderait le sujet avec la tenancière du Cat’s.  

 

Ce fut avec une joie non dissimulée que la nettoyeuse parvint au Cat’s. A peine avait-elle franchi le seuil de la porte, qu’un puissant arôme de café les accueillit. Après le traditionnel «kon'nitchiwa (こんにちは) » vint l‘étonnement. Kaori regarda autour d’elle et demanda en prenant place sur une chaise :  

 

_ « Où est Falcon ? »  

 

Miki qui s’affairait à leur préparer leur boisson lui expliqua :  

 

_ « Il est parti ce matin avec Ryo »  

 

_ « ha ils sont ensembles ? » Demanda Kaori avec surprise.  

 

_ « Oui Ryo est venu informer Umi de la situation. Ils ont discuté un long moment et ensuite ils sont partis. Je n’en sais pas plus » Décréta t-elle en déposant deux tasses de café aux deux convives.  

A la vue du breuvage ténébreux, Mick sourcilla en constatant qu’il était déjà sa troisième tasse. « Café 2. Thé 1 » se dit-il avec amusement. Il aurait son taux de caféine et théine pour la journée ce rythme là. La conversation se dirigea bien évidement vers le meurtre de Jimin-Jang .  

 

Au fil des minutes qui s’écoulaient, Kaori percevait la nervosité la gagner. Bien que la nettoyeuse discutait comme-ci rien n’était, son objectif était d’avertir la tenancière du Cat’s. Elle guettait le moindre mouvement de Miki, elle suppliait intérieurement que la jeune femme se décide à partir à l’arrière de l’établissement. Hélas, elle n’y allait pas. L’ancienne mercenaire était derrière le comptoir, en grande discussion avec Mick. Kaori ne put réprimander un léger soupir tout en examinant sa tasse.  

 

Elle y trempa les lèvres et ferma les yeux un instant pour laisser le goût s’évanouir en elle. Sa patience était également mise à rude épreuve. Exaspérée, Kaori semblait manquer d’oxygène tant la pression devenait grande. De plus, il avait beau avoir été exécrable, elle avait le besoin viscéral de voir Ryo. A peine avait-elle songé à lui que le tintement de la clochette se fit entendre. Ce fut un Shinkansen (新幹線) fonçant à vive allure sur Miki qui annonça l’arrivée du nettoyeur japonais. Mais il fut immédiatement stoppé par le plateau argenté. Comme une balle de tennis l’ancienne mercenaire projeta Ryo à coup de plateau contre le mur.  

 

_ « Quel accueil » se plaignit le nettoyeur japonais en se frottant vigoureusement le nez rougi.  

 

Sans raison apparente l’atmosphère se fit plus légère avec l’arrivée du héro de ce Gishkino A peine avait-il revêtu son air sérieux, ses yeux ténébreux se dirigèrent vers Kaori. Cette dernière semblait imperturbable, occupée à boire son café. Se rappelant de son objectif de cette nuit, il prit place à ses côtés, en saluant Mick et Miki. Il attendit patiemment sa tasse de café tandis que Falcon avait réintégré ses fonctions, derrière le comptoir.  

 

_ « Où étiez-vous partis ? » Demanda Kaori en lançant enfin un regard envers son partenaire.  

 

_ « J’ai informé Kaori des derniers événements Ryo » informa Mick  

Hochant de la tête à l’égard de l’américain en guise de remerciement Ryo expliqua :  

 

_ « Nous sommes reparti dans le café de Jimin-Jang et nous avons été prendre rendez vous avec l’oyabun de la famille des Tōa Yuai Jigyō Kummiai . » Le nettoyeur croisa les bras derrière la nuque tout en fixant le plafond. Il semblait un peu irrité à l’énonciation de ses dires « Prendre rendez-vous …ils ne savent plus quoi inventer » Affirma Ryo excédé par ces excès de zèle.  

 

_ « Hum… mais il a accepté » Décréta Falcon en lui posant sa tasse.  

 

_ « Ginza-no-Tora銀座の虎 » Intervint la nettoyeuse en se remémorant la conversation avec Mick  

 

_ Oui exactement Kaori, « le tigre de Ginza », Hisayuki Machii (町井 久之) Précisa son partenaire.  

 

_ De son vrai nom coréen, « Jeong Geon-Yeong » (정건영) Rajouta Umi.  

 

Le nettoyeur baissa les yeux et observa la fumée qui s’échappait de la tasse. Puis, il la prit dans sa main et déclara « Nous allons le voir demain Kaori » Ryo but une gorgée, avant de la redéposer tout en accordant un regard appuyé en direction de sa partenaire. Ses yeux pétillèrent comme du cidre.  

 

A sa déclaration Kaori fut étonnée de sa précision. Sa phrase assassine tenta de resurgir mais elle l’empêcha de refaire surface. «Entendu » répondit-elle en reprenant nerveusement sa tasse. Même si elle était perturbée par l’étranger regard de Ryo, la jeune nettoyeuse ne perdait pas de vue son objectif de la journée : prévenir Miki. A tout prix.  

 

_ « J’ai des informations pour toi » intervint Mick à l’intention du nettoyeur japonais.  

 

Pendant que l’américain informa Ryo des renseignements qu’il avait pu glaner grâce à Darren Hawkins, Kaori réfléchissait à son dilemme. Une sueur froide lui parcourra le dos tant elle était tendue en observant l’heure tourner. Mal à l’aise, elle s’était promis d’en parler à Ryo, dés qu’elle aurait le cœur net. Demain. Il y avait bien une chose qu’elle détestait, c’était bien de faire des cachoteries. Jamais jusqu’à présent, elle ne l’avait fait. Ce serait la première et la dernière.Toutefois, la nettoyeuse avait tellement été troublée par sa rencontre avec ce Yakuza, elle souhaitait savoir le but de sa manœuvre. A peine avait-elle pris sa décision qu’elle aperçut la tenancière partir dans la partie privée du café. C’était le moment. Sans attendre, la nettoyeuse se leva, d’une manière totalement naturelle, en s’emparant de sa tasse vide. D’un pas décidé, elle se dirigea vers l’arrière du café pour la rejoindre sous l’observation discrète d’un regard bleuté.  

 

Alors que l’ancienne nettoyeuse s’occupait à préparer des encas, cette dernière se retourna en détectant aussitôt la présence de Kaori.  

 

_ « Oh il ne fallait pas Kaori » Déclara Miki en apercevant la tasse vide. Elle fit en sorte de l’en débarrasser. Au moment où elle prit le récipient, Kaori prit son courage et lui informa d’une voix assurée :  

 

_ « Miki il faut que je te parle » Elle afficha un sourire en détectant l’inquiétude de la tenancière à son souhait de discuter  

 

_ « Oui Kaori ? » Dit-elle en l’encourageant à poursuivre en étant certainement persuadée qu’il s’agissait encore d’une dispute entre les nettoyeurs.  

 

Bien qu’elle ne laissait rien paraitre, Kaori paniquait à l’idée de ne pas mener à bien son décision, mais elle était déterminée. La nettoyeuse avait réfléchi à la manière dont elle allait aborder le sujet, mais les mots lui manquaient. Par conséquent, elle se laissa porter par son inspiration.  

 

_ « Miki tu me fais confiance n’est-ce pas ? » Demanda Kaori en se rapprochant d’elle pour ne pas devoir parler à haute voix.  

 

A la question de la nettoyeuse, Miki sourcilla tant elle en fut surprise. Elle déposa la tasse de Kaori sur la table et répliqua en souriant :  

 

_ « Oui bien-sûr que oui ! Quelle question ! »  

 

_ « Si je te demande de faire quelque chose, est-ce que tu accepterais de le faire sans me poser de question ? Et de le garder pour toi, bien entendu ! Je te dirai tout en temps voulu »Expliqua Kaori en s’emparant des mains de son amie. Elle les pressa fortement dans les siennes pour appuyer ses dires.  

 

_ « Tu m’inquiètes Kaori » murmura la tenancière en observant avec attention la jeune nettoyeuse  

 

__ « Non ne t’inquiète pas Miki » Rassura la jeune femme, avant de dire dans un souffle : « Demain, il devrait avoir une nouvelle fusillade devant le Cat’s »  

 

_ « Comment ? » S’écria l’ancienne mercenaire.  

 

Après avoir pris une grande inspiration, Kaori poursuivit son explication.  

 

_ « Je ne suis pas sûre de cette information Miki, mais demain une autre fusillade devrait éclater devant le café. Je ne sais pas si c’est moi qui suis visée...Ou vous... » Rajouta-t-elle sur un ton désespéré.  

L’ancienne mercenaire s’apprêtait à parler mais en constatant le regard fuyant de son amie, elle se rétracta. Miki la sonda intensément pour rechercher ses réponses. En ressentant l’analyse approfondie de son amie, la nettoyeuse afficha un demi-sourire. Bien qu’elle ne fût plus dans le métier, Miki conservait sa perspicacité.  

 

_ Je suppose que Ryo n’est pas au courant, n’est-ce pas ?  

_...Non pas pour le moment, il sera mis au courant demain. Avoua la nettoyeuse décontenancé de qu’elle était en train d’avouer.  

 

_ Kaori…Je ne sais pas ce que tu caches, ni où tu t’aies procuré ces informations mais si un danger plane sur toi, tu dois absolument avertir Ryo ! Déclara l’ancienne mercenaire.  

 

Kaori se sentit prisonnière de sa situation, tout en ne sachant pas comment agir. Au fil des minutes, elle ne semblait plus du tout convaincue d’avoir pris la bonne décision. Pourtant, ses lèvres demeuraient closes en ayant peur d’avoir, peut-être un mort sur la conscience. Sa réaction était peut-être égoïste ? Elle était décontenancée  

 

_ « Il le saura...Mais demain. Miki c’est assez délicat. »  

Devant l’incompréhension de son amie, la nettoyeuse doutait.  

 

_ « Rien ne dit que cela se produira…C’est peut-être une erreur Miki ou une fausse rumeur ». Kaori fit une pause pour reprendre un peu souffle tant elle sentait son cœur comprimer. « Je veux m’assurer de la véracité de cette information » Affirma la nettoyeuse.  

 

_ « C’est risqué Kaori…Très risqué. » Assura Miki avec conviction  

 

Le silence  

 

_ « Ecoute Kaori, nous ferons comme d’habitude demain. Nous serons sur le qui vive…Mon dieu, nous venons à peine de remplacer la vitre » Rajouta-t-elle en agacement.  

 

_ « Pourquoi Ryo n’est pas au courant Kaori ? »....Miki soupira en se souvenant de la demande de son amie Ne pas poser de question. Mais, elle poursuivit tant l’inquiétude était grande : « Concernant ta venue, la décision te revient même je ne suis pas rassurée du tout ! La dernière fois tu semblais visée et… » Rajouta la tenancière  

 

_ « Miki fais moi confiance » Coupa Kaori souhaitant en finir.  

A l’énonciation de la phrase de la nettoyeuse dite avec une certaine fermeté, la tenancière se ravisa.  

 

_ « Entendu Kaori…Mais pas d’imprudence. »Déclara –t-elle en lui accordant un clin d’œil entendu  

 

_ « Merci Miki… »Adressa Kaori avec soulagement.  

 

_ « Mais j’attends tes explications Kaori » lança l’ancienne mercenaire en tendant un plateau destiné aux nettoyeurs « nous ferons très attention demain » Rajouta-t-elle pour rassurer son amie.  

 

Kaori consentit de la tête en prenant le plateau. La nettoyeuse n’était pas pour autant soulagée, au contraire elle semblait être davantage incertaine. Les phrases de son amie résonnèrent en elle d’une façon angoissante. « Avertir Ryo »  

 

Elle ne pouvait pas contrôler le flux de passants qui seraient éventuellement présents, mais limiter au maximum en ayant prévenu Miki. Elle ne pouvait rien faire d’autre tout en ayant aussi peu d’éléments à sa disposition. La jeune nettoyeuse avait avertit tout en n’énonçant pas une seule fois le mot « Yakuza » « Eiji »... Fusillade ou pas. Demain elle parlerait. Sa conscience en serait soulagée dans tout les cas.  

Les deux femmes franchirent la porte chargées chacune d’un plateau. Les hommes étaient en pleine discisions. L’américain, stylo en main était concentré sur ce qu’il écrivait. En s’approchant d’eux, Kaori, prit connaissance de leur sujet de conversation  

 

« Les quatre oyabun » Déclara l’américain ravi de son écriture.  

 

-« Voyons voyons ! » lança Mick en sourcillant. « Nous avons donc… »  

Ryo avait sorti un jeu de carte et le mélangeait avec dextérité peut-être était ce un moyen pour se détendre, mais il commença à les faire jouer entre ses mains tout en affirmant :  

 

« Tu as Yoshinori Watanabe, Oyabun de la famille Yamaguchi-gumi »  

Mick hocha de la tête et nota son nom avec application.  

 

« Ensuite, il y a le oyabun de la famille Inagawa-kaï, Kakuji Inagawa »  

L’américain fronça des sourcils en réfléchissant à l’orthographe »  

 

_ « Avec 角 pas 会)!» S’écria Ryo en baissant la tête en direction de la feuille d’Angel.  

 

_ « C’est bon Ryo ! Comme-ci tu étais un pro en orthographe ! » S’écria Mick vexé d’un tel affront. Il estimait avoir fait de nets progrès en langue japonaise. « J’ai beaucoup progressé ces derniers temps ! Et les fautes se raréfient figure-toi ! Se défendit Mick avec ferveur. Toutefois, il rectifia discrètement son erreur orthographique. L’américain prenait ce défit à cœur, Kazue l’aidait dans cette tâche studieuse depuis plusieurs mois.  

 

_ « Hum elle ressemble à des pattes de frelon asiatique ton écriture » Ironisa Ryo en affichant un sourire moqueur  

 

_ « Qu’est-ce que tu as dit ? » S’écria Mick scandalisé, en brandissant son poing en guise de menace. Alors que le nettoyeur japonaise s’apprêtait à rentrer dans les hostilités une voix les stoppa dans leur élan.  

 

_ « Stop » Arbitra Falcon visiblement intéressé par la conversation concernant les oyabun. « Continue » ordonna-t-il à l’égard du plumitif américain occasionnel.  

 

_« Je l’ai rencontré… Kakuji Inagawa » Avertit Ryo en reprenant quelques cartes dans ses mains d’un air concentré.  

 

_ « Le fumeur moustachu? » Demanda Mick en détachant son regard de sa feuille pour le rediriger à l’attention du japonais. « Quand cela ? »Rajouta-t-il. L’américain avait été interpelé par ces deux signes distinctifs de cet homme : sa moustache et sa kiseru( 煙管).  

 

 

_ « Hier après-midi, nous avons eu une discussion. Il est venu en personne me chercher. Cela veut bien dire qu’il n’est pas forcement dans une bonne posture. Il doit être au courant de certaines choses qui se trament ici...Il demande à ce que je protège d’une manière déguisée, et que par cette acceptation, il ne m’arrivera rien de fâcheux. » Expliqua calmement le nettoyeur. Il prit quelques instant de réflexion avant de rajouter « je n’ai pas aimé son offre mais je ne l’ai pas décliné, ni accepté »  

 

_ « Inagawa doit avoir des craintes fondées pour venir te faire une telle demande en personne» Rajouta l’américain en jouant avec son stylo  

 

_ « C’est bien probable…Mais je ne m’inquiète pas plus que cela pour lui. Il n’a pas la supériorité numérique mais possède une finesse d’esprit lui permettant de faire des conciliations avec l’ensemble de ses ennemis potentiel. »Expliqua Ryo en mettant son index sur la feuille. Il poursuivit l’énumération des chefs  

 

_ « Il y a l’oyabun que nous allons voir demain. Hisayuki Machii » Reprit Ryo souhaitant terminer le résumé de la situation. L’américain acquiesça d’un mouvement de tête et le nota aussitôt. Une fois le nom inscrit, le japonais acheva par le dernier oyabun : « et pour finir, nous avons l’oyabun Shigeo Nishiguchi  

 

Satisfait d’avoir terminé sa liste, l’américain émit un rire victorieux en contemplant avec fierté son écriture japonaise. Après la satisfaction personnelle, vint la réflexion collective, Mick compulsa l’ensemble des informations. Elles étaient simples, mais les mettre par écrit faciliter l’analyse.  

 

Famille Yamaguchi-gumi Oyabun : Yoshinori Watanabe
 

Famille Inagawa-kaï Oyabun : Kakuji Inagawa
 

Famille Tōa Yuai Jigyō Kummiai Oyabun : Hisayuki Machii
 

Famille Sumiyoshi-rengō Oyabun: Shigeo Nishiguchi
 

 

Un fait inconnu avait réuni deux clans de deux familles Yamaguchi-gumi et Sumiyoshi-rengō à New York. Ryo relut lui aussi le nom des quatre Oyabun même si il les connaissait déjà. Le nettoyeur numéro un du Japon avait sous les yeux l’ensemble du monde des Yakuzas. Quatre familles, quatre chefs et une multitude de clans se rattachant à ces familles dispersaient à travers le monde entier.  

 

_ « Comme tu as demandé à Hisayuki Machii pour de le voir, pourquoi ne pas aller au culot en demandant à t’entretenir avec Watanabe et Nishiguchi ? » Suggéra l’américain.  

 

_ « Pour watanabe Non. Cela serait bizarre car je ne me déplace jamais au delà que Kyoto pour ces genres de rendez-vous. Pourquoi irai-je jusque Kobe ? Nous ne sommes pas censés savoir que Watanabe soit sur Tokyo. De plus, je n’ai pas d’échange avec lui. »  

 

_ « Et Nishiguchi ? Il a une main mise ici, sur Tokyo. » Renchérit Angel  

 

_ « J’ai du avoir une fois ou deux des échanges interposés. Il y a longtemps. Watanabe et Nishiguchi gardent leur distance avec moi. C’est normal, vu leur importance et leur influence sur les trafiquants… Mais Il faut faire attention à ces genres de rencontre Angel."  

 

_ « Pourquoi ? Ce serai mal vu c’est ça ? » Enquit l’américain en finissant sa tasse de café.  

 

_ « Oui il ne faut pas se mettre à dos les familles plus clémentes à notre égard. Elles pourraient le prendre comme une provocation.» Développa le japonais  

 

_ « la diplomatie dans le milieu des Yakuzas est complexe. » Avoua Mick en songeant à Darren Hawkins, aussi intrigué que lui concernant le code japonais.  

 

Angel se redressa en considérant un point important. Il hésitait. L’américain regarda la nettoyeuse, qui se montrait discrète. Cette dernière écoutait attentivement, visiblement songeuse. Ce fait interpelait l’américain. Kaori n’était pas dans son état normal. C’était évident. Il y avait comme un trouble. Ryo l’avait-il perçu lui aussi ? Il avait bien repéré le regard bienveillant du japonais à l’égard de sa partenaire. Cet idiot recollait les morceaux d’une énième dispute sans aucun doute, mais avait-il ressenti le malaise ? Se demanda l’américain inquiet. « Désolé Kaori » Pensa-t-il avant de prendre la parole, car il savait pertinemment que le sujet embarrassait la jeune femme.  

 

_ « Ryo, je pensais à un point… le mystérieux Yakuza qui s’est interposé lors de fusillade. Il essaye de casser les plans de Yoshinori ? Il est au courant de ce qu’il veut. C’est évident. Peut-être faudrait-il vraiment accentuer les recherches pour le retrouver. Il a commis un geste répréhensible aux yeux des Yakuzas non ? Il doit être vigilant»  

 

A l’hypothèse de Mick, Ryo, redirigea son attention vers la fiche écrite par Angel. Ses yeux glissèrent doucement sur chaque nom des oyabun.  

 

_ « peut être. » Admit le nettoyeur japonais. « Dans ce cas là, cet homme va au-delà de graves ennuis. Il encourt dans le meilleur des cas le yubitsume (指詰め) » Ajouta-t-il en plissant légèrement les yeux, signe de concentration.  

 

_ « Lui couper une phalange c’est ça …? » Précisa l’américain toujours aussi impressionné par des rituels traditionnels assez sanguinaires.  

 

_ « Oui il doit couper lui-même son auriculaire et le rapporter à son oyabun. » Précision Ryo.  

 

_ « Ils sont vraiment cruels quand même » décréta Mick décontenancé en imaginant la scène.  

Jusqu’alors silencieuse, Kaori éprouva un violent coup porté à l’estomac à l’écoute de la sentence qui semblait être la moins pire.  

 

_ « Si le yubitsume est le meilleur des cas… quant est-il de la pire ? » Demanda Kaori d’un souffle. A cette question, Ryo l’observa d’une manière paisible. Il sourcilla quelques instants, puis il répondit calmement :  

 

_ « Tout dépend de la famille je suppose. Pour un Yakuza coupable d’une faute grave, le seppuku est la sanction suprême. » Décréta le nettoyeur.  

 

_ « Le seppuku….Tu veux dire que le type doit s’ouvrir le ventre ? » S’écria l’américain en se frottant instinctivement le sien.  

 

_ « Oui ! S’il a trahi sa famille, il a intérêt à ne pas rester dans le secteur. » Déclara Ryo en reprenant sa tasse de café. En buvant une gorgée, il grimaça car la boisson était glacée. D’un geste professionnel, Miki lui proposa une nouvelle tasse.  

 

En écoutant les propos de son partenaire, Kaori avait eu l’impression de se liquéfier sur place. « Yubitsume » « Seppuku » résonnaient douloureusement en son fort intérieur. Bien entendu, la nettoyeuse effectua tout de suite le rapprochement ave ce qu’Eiji lui avait demandé avec fermeté : l’obligation de rien révéler à qui ce soit. De ce fait, il avait mis certainement sa vie en danger, en lui parlant. Elle était encore plus convaincue de la décision qu’elle avait prise en ne disant rien pour le moment, bien qu’elle n’était pas du tout sereine. Le silence s’était de nouveau immiscé dans la salle. Bien qu’elle n’y prêtait pas vraiment attention jusqu’à maintenant, Kaori fronça des sourcils en remarquant les cartes du nettoyeur.  

 

_ « Mais Ryo, d’où viennent ces cartes ? Je ne les ai jamais vues ! »  

Les cartes étaient illustrées de plantes et non pas des traditionnels symboles de pique, trèfle, cœur, ou encore carreau.  

 

_ « Elles sont étrange tes cartes » rajouta Mick en s’en accaparant d’une « « Elles sont originales ! » Rajouta-t-il en prenant d’autres pour voir les différents motifs.  

 

_ « Ce sont des Hanafuda (花札) » Informa le nettoyeur  

 

_ « Des Hanafuda ? » Répéta Angel, en prenant d’autres, tant les motifs étaient variés.  

 

Imperturbable, Ryo reprit quelques cartes, émit un discret rire en les étalant sur la table.  

 

_ « je suis surpris que tu n’en n’ais jamais vu Mick. Il est très rependu ici, de même qu’en Corée. C’est d’ailleurs le coréen qui me l’avait passé. Un vrai radin ce type»  

 

Il eu un rictus d’amusement au souvenir de Jimin-Jang ce coréen grincheux. Donner des cartes au lieu des consommations gratuites.  

Tous dirigèrent leur attention vers les cartes ornées de Sakura , de glycine, pivoine ou encore des iris d’eau. Il y avait divers végétaux et animaux représentés. Cet étalage de nature sur le bar donna comme une bouffée d’air pur. Une brise mystérieuse du passé japonais inscrit à tout jamais sur des jeux de cartes cartonnées, s’invita dans la conversation.  

 

_ « C’est un jeu de cartes utilisés par les bakuto (博徒) » Déclara Falcon imperturbable en rangeant consciencieusement les verres propres à leur place.  

 

_ « Dit donc, tu caches bien ton jeu ! Tu as de la culture générale tête de poulpe. »Répliqua aussitôt le japonais  

 

_ « Humpft » se contenta de répondre le tenancier habitué à ces piques amicales  

 

_ « Qu’est qu’un bakuto (博徒) ? » Demanda Mick intrigué A vrai dire, il avait beaucoup appris des divers villes, et de la vie quotidienne des japonais. Toutefois, le passé japonais et ses coutumes demeuraient encore parfois une grande source de questionnement tant que son histoire était composée de multitudes d’aspects aussi intéressants qu’incroyables.  

 

Ryo lança un regard envers sa partenaire qui était autant intéressée que le reste de ses amis.  

 

_ « Les bakuto (博徒) étaient des joueurs professionnels du Hanafuda. Ils traversaient le pays pour y jouer ! C’était des parias vivant au dehors de la société. Ils étaient reconnaissables car ils avaient des Irezumi (入れ墨) »  

 

_ « Des tatouages comme les Yakuzas? » Questionna Angel, qui n’aimait pas spécialement ces tatouages.  

 

_ « Oui les bakuto sont les précurseurs des Yakuzas. D’ailleurs, en parlant de cartes, le mot Yakuza vient d’un jeu de hasard appelé Oicho-kabu (おいちょかぶ) » Expliqua Ryo Saeba.  

 

_ « Ha oui ? Oicho-kabu ? En quoi consister ce jeu et quel lien avec les Yakuzas ? » Interrogea Mick avec grand intérêt.  

 

_ « Cela ressemble un peu au Blackjack » Intervient Miki  

 

_ « Oui ! Le but du jeu est d'atteindre le score le plus proche possible de 9, sans le dépasser » Développa le nettoyeur japonais.  

 

_ « Comment faisait-il ? Je veux dire le nombre 9 devait être très souvent dépassé vu le nombre de cartes Non ? » Demanda Mick intrigué par cette règle numérique.  

 

_ « Non c'est le chiffre des unités du total de ton jeu qui donne sa valeur ! Par exemple un total de 15 vaut 5, un total de 20 vaut 0 » Expliqua le nettoyeur japonais.  

 

_ « Disons...si la personne a trois cartes 5-8-6, en additionnant, tu obtiens 19, Donc, « 9 » si tu ne prends que les unités. Il s’agit d’une bonne pioche c’est ça ? » Demanda l’américain.  

 

_ « Exact! » Répondit Ryo.  

 

_ « Mais quel est le rapport avec les Yakuzas ? » Interjeta Mick Angel, ne voyant pas le lien entre les deux.  

 

_ « C’est ça le plus amusant Angel, la plus mauvaise prise que tu puisses avoir dans ce jeu est d’avoir la combinaison : 8-9-3 On l’appelle Yakuza. Le total en est de 20, donc 0 ! » Expliqua le nettoyeur en mélangeant une nouvelle fois quelques cartes.  

 

_ « Oh ? …. Yakuza » murmura l’américain surpris de ce nom de combinaison de cartes.  

 

Le nettoyeur japonais s’empara du stylo d’Angel et se mit à écrire sur la feuille :  

 

_

« Ya はち » vient de « yattsu » qui signifie huit
 

« kuきゅう » veut dire neuf
 

« zaさん » est une déformation de «san » qui veut dire trois

 

8-9-3
 

 

Yakuza
 

 

_ « Tout simplement. » Murmura le nettoyeur japonais avant de rajouter : « Ces personnes se sont fait appeler Yakuzas car aux yeux de la société, il s’agissait de perdants, de bons à rien. Les premiers Yakuzas était les plus pauvres, les exclus. »  

 

L’américain fut étonné en examinant le mot Yakuza. Il était loin d’imaginer autant d’information derrière un simple nom japonais. « Yakuza » une combinaison de jeu…Non il n’aurait pas forcement trouvé d’où venait l’origine de la signification.  

 

_ « Okey je crois avoir compris. Donc les yakuza sont les descendants des Bakuto des joueurs de cartes, tatoués. »  

 

_ « Il ya aussi les Tekiya (的屋/テキ屋) » Ajouta Falcon, appliqué à ressuyer des assiettes.  

 

_ «Les tekiya ? Première fois que j’en entends parler» Rétorqua l’américain en contemplant une carte de Hanafuda.  

 

_ « Les Yakuzas puiseraient aussi leur origine chez ces personnes. Les Takiya étaient des étaient des marchands ambulants japonais » Expliqua Umi, en remettant correctement ses célèbres lunettes noires.  

 

_ « D’accord, les yakuza viennent des bakuto et des Tekiya » Conclut l’américain  

 

_ « Oui mais si tu demandes à un oyabun ou un Yakuza, il ne te répondra pas cela. Il privilégia plutôt hypothèse qu’ils descendent des Machi-Yokko » Intervint le nettoyeur japonais.  

 

_ « Machi Yokko »… Mick fit un effort de concentration pour définir le sens de ce mot. Après avoir réfléchi quelques instants, il proposa comme traduction : « les serviteurs des villes » ?  

 

_ « Pas mal Angel ! C’est bien ça. Les machi Yooko étaient à l’origine des samouraïs. Mais comme tu dois le savoir Il ya eu une, dans des temps reculés, survenant lors de la « paix Tokugawa ». De ce fait, les samouraïs n’avaient plus aucune fonction particulière. Expliqua le tenancier du Cat’s  

 

_ « Hum oui j’ai déjà entendu parler de cette période de paix. Elle a duré longtemps ! C’est incroyable d’ailleurs vu l’époque. » Acquiesça Angel.  

 

_ « Oui ! Certains samouraïs sont devenus des Ronins, des bandits de grand chemin, terrorisant les populations. Ces guerriers déchus ont semé le désordre, en allant même tuer les habitants, pour le plaisir. Voilà pourquoi, ils ont été appelés « Kabuki-mono » les « fous » » Expliqua Falcon d’un ton atone.  

 

_ « Kabuki » répéta Mick en se souvenant du bar dans lequel Ryo allait régulièrement depuis quelques temps. Quel était bien le lien entre le Kabuki et ces gens ? Le japonais avait certainement lu dans ses pensées, en remarquant son air dubitatif.  

 

_ Kabuki veut dire selon le sens de ta phrase, extravagant, excentrique Répliqua Ryo en regardant soudainement fixement l’américain.  

 

_ « Des personnes sortant des rangs …C’est ça ? Les yakuza viendraient donc de ce groupe d’indisciplinés. » Interrogea l’américain en prenant part au duel visuel.  

 

_ « Oui » Déclara le Ryo voulant maintenant en finir avec le sujet.  

Certains mots étaient devenus incompatible en la présence de Kaori. La dispute de la veille résonnait encore dangereusement dans le cœur des City Hunter. Loin de ne pas avoir remarqué l’attitude de sa partenaire à l’énonciation de ce mot, Ryo ne se démonta pas pour autant.  

 

L’américain n’était pas certain d’avoir perçu le trouble de Ryo à l’évocation du Kabuki. Bien qu’il n’ait fait aucune remarque jusqu’alors Angel avait bien constaté le regard et l’attitude du Japonais pour la gérante de ce théâtre corporel. Mick ne baissa pas les yeux face au regard ténébreux. Il se doutait bien que le nettoyeur japonais souhaitait en finir avec ce sujet. Le nettoyeur américain hocha discrètement de la tête, il n’insista pas tout en dirigeant son attention vers Kaori. Un frisson. Mick n’aimait pas ce qu’il ressentit à cet instant. Il était inquiet.  

 

En parlant du Yakuza sans animosité, le nettoyeur japonais souhaitait apaiser les tensions inutiles vue la situation. Elle se dégradait au fil des jours. Comme quoi un simple jeu de carte permettait d’aborder des sujets de diverses natures. Ryo ne savait qui se cachait derrière le mot « Yakuza ». Ni même ce qu’il recherchait à travers son action de sauveur. Mais, les informations de Mick permettaient d’avancer dans la bonne direction. Tôt ou tard, il découvrirait son identité, et surtout, il le trouverait. Quitte à retourner tout Tokyo, il parviendrait à mettre la main dessus.  

 

_ « J’en aurai appris des notions de l’histoire japonaise à partir d’un simple jeu de cartes ! » Déclara Mick Angel pour détendre l’atmosphère qui s’était soudainement alourdie.  

 

_ « C’est la magie du Japon» Ajouta Kaori Makimura  

 

 

 

 

 

 

 


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