Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Sugar

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 15 capitoli

Pubblicato: 10-12-18

Ultimo aggiornamento: 07-03-23

 

Commenti: 22 reviews

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ActionGeneral

 

Riassunto: Un étrange Yakuza apparait dans la vie des City Hunter alors que le Japon subit d'importants changements juridiques .Ce monde de trafiquants est traqué par le gouvernement. Troublant, ce Yakuza va venir bousculer le monde des nettoyeurs .

 

Disclaimer: Les personnages de "Yakuza ( ヤクザ/やくざ)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Sauf Eiji Ijichi , Yoshinori Watanabe

 

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   Fanfiction :: Yakuza (やくざ)

 

Capitolo 8 :: kyōdai

Pubblicato: 16-07-19 - Ultimo aggiornamento: 16-07-19

Commenti: Bonjour, Enfin ! Ravie ! Soulagée, je vous livre enfin le chapitre 8. Je tenais à m’excuser sincèrement pour le long délai d’attente ! J’ai été pas mal occupée ces derniers temps. De plus, je planche activement sur un projet d’écriture qui s’apparenterait à un pavé japonais. Il me demande beaucoup d’énergie, j’ai du faire une pause pour pouvoir reprendre des forces. Mais, Yakuza reste dans mes objectifs…Un final..Une dernière part de gâteau dans l’univers de City Hunter, je le déguste, je le savoure, je m’amuse comme une petite folle en l’écrivant. De ce fait, ce chapitre sera différent, car il s’inscrit dans une nouvelle étape de franchie du 100% Sugar, sans barrière (fanfiction or not !) Donc oui, il va avoir de l’angoisse dans l’air. Il faut savoir sortir de sa zone de confort, sinon je ne vois vraiment pas l’intérêt. Bref ! Koydaï , le grand frère est un chapitre important à différents titres … J’espère que ce chapitre vous fera balader, voyager dans ce pays, qui est m’est très très très cher ! Love forever. Mouahhh Big Boussas les gens !

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15


 

kyōdai (兄弟)
 

 

 

 

Un bip  

Deux bips  

Trois bips  

 

Le téléphone sonnait.  

 

Eiji Eichi ouvrit brusquement les yeux en percevant le cri strident de l’appareil. A peine avait-il saisi la séquence dessinée, qu’il attrapa, dans un mouvement rapide le combiné. Il ne devait en aucun cas, manquer un appel, en sachant que les seules communications provenaient de sa famille de substitution. Une des organisations des plus puissances du Japon. Cette alliance demeurait son ultime rempart, Watanabe l’avait bien saisi en le mettant sous sa protection.  

 

_ Oui ? murmura-t-il d’une voix ensommeillée, esprit imbibé d’une nuit bien agitée. Eiji reconnut immédiatement le silence spécifique de son interlocuteur, il se redressa dans un sursaut en comprenant l’importance de l’appel. Ses sens se mirent en alerte ainsi que l’alarme intérieure qui résonna avec force en lui : Yoshinori Watanabe.  

 

_ Je veux te voir cette après-midi , décréta son oyabun sans préambule.  

 

_ Entendu ! Répondit le yakuza, avec précipitation  

 

Un silence.  

 

_ Seul ! Ajouta Watanabe d’un ton sec.  

 

_ Entendu, je serai seul. Assura Eiji de plus en plus décontenancé par le surprenant ressenti à l’entente de la voix de son père de substitution. Le yakuza tentait d’absorber progressivement l’information.  

 

_ Il y a un changement, éluda Watanabe en captant le trouble de son protégé. Eiji sourcilla à cette précision. Il se batailla pour ne pas lui poser des questions car il s’agissait d’une des règles immuables qu’un yakuza devait mémoriser avec application : aucune interrogation. « Ne soit pas en retard, disons……..quinze heures.» Rajouta Yoshinori sur un ton autoritaire  

 

_ Je serai à l’heure ! Enquit le Yakuza Il rajouta à toute fin utile : « je serai discret. »  

 

_ Bonne réponse Eiji . Conclut Watanabe d’une voix plus douce.  

 

La petite note sucrée était toujours de mise pour assoir son autorité avec finesse et facilité. Le yakuza l’avait bien remarqué car il analysait cet homme sous toutes les coutures.Physique. Psychologique. Pour chaque personne côtoyée, il avait crée un dossier dans son esprit, qu’il remplissait au fil du temps. Watanabe raccrocha sans lui adresser un au revoir.  

 

 

De toute évidence, Yoshinori était contrarié et irrité. L’amertume planait sur son intonation analysa le Yakuza en une fraction de seconde. Eiji appréhendait les données avec rapidité, pour les ordonner et les classifier dans les différents dossiers. « Saeba » « Kaori » Watanabe » « Mission ». Son cerveau semblait être un ordinateur en surchauffe tant les données fusaient de tout les côtés. Il regarda fixement le combiné réfléchissant à ce retournement bien surprenant. Un changement ? Le yakuza eut comme un mauvais pressentiment face à cette modification soudaine. Watanabe n’était pas du genre à modifier à la dernière seconde, il devait avoir une raison valable. L’oyabun était un homme minutieux, qui contrôlait le tenant à l’aboutissant d’une opération. Un soupir vint perturber les suppositions silencieuses d’Eiji. Le yakuza regarda à ses côtés où des courbes féminines étaient dissimulées sous les couvertures. Reprenant véritablement ses esprits, il regarda l’heure avec inquiétude.  

 

9 :00  

 

 

Une vague de panique s’abattit sur lui, le sommant de s’extirper de la tiédeur des draps malmenés. Il ne devait absolument pas manquer Kaori Makimura, surtout pas aujourd’hui  

 

Tout en éructant, Eiji se leva dans la précipitation. Il entreprit de rassembler ses affaires dispersées dans la chambre. Un mal de tête le guettait, en raison du manque de sommeil conséquent. L’alcool, une fumée parfumée issue d’une cigarette prohibée devaient aussi y contribuer. Il pesta contre lui-même car il devait être lucide peu importe le moment de la journée. Mais cette nuit, une faim carnassière lui avait saisi le bas ventre. Dans ces moments de férocité sexuelle, il en devenait négligent.  

 

Même son arme, était déposée sans précaution, à même la table. Ce constat l’irrita un peu, il la prit avec délicatesse.Il la caressa avec une douceur infinie, pour se faire pardonner de l’avoir abandonnée. Il toucha de son index le pontet, sa ligne courbe et fine l’emmenait dans un jeu de va et vient régulier. Puis il engouffra doucement son doigt avec délectation à l’intérieur. Il le laissa tournoyer et toucher les parois. Il s’attarda avec précaution, sur la queue de détente car elle était fragile. Il appuya par léger à coup car le cran de sécurité n’était pas enclenché. Un sourire se dessina discrètement sur son visage impassible. Jouer  

 

Il se remémora son intervention devant le Cat’s, cette séquence avait été forte, intense, jouissive. Tout son être avait pulsé sous les vibrations du danger et de sa proximité avec elle. Il avait adoré.  

 

Sa furtive compagne s’était réveillée et s’était assise sur son séant en baillant. Elle s’étira de tout son être comme un chat. Interpelée, elle stoppa son geste et observa d’un regard médusé le Yakuza nu. Ce dernier fixait d’un regard vide son arme favorite. Les muscles du jeune homme se contractèrent au fil de ses pensées noirâtres et fallacieuses qui affluaient dans son esprit. Une veine séante était visible dans son cou, battant le rythme d’une tension corporelle. Il semblait être dans un autre monde.  

 

_ « hé…….Qu’est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle d’une voix endormie mais intriguée par l’étrange attitude du Yakuza.  

 

Son énigmatique expression ne la rassurait pas non plus. A l’entente de sa voix, Eiji se retourna vers, elle et la détailla du regard avec insistance. Puis, il redéposa son arme et lui offrit un sourire rassurant.  

 

_ Tout est okay … t’inquiète pas, affirma-t-il en lui adressant un clin d’œil.  

Il ne perdit pas une seconde et entreprit de s’habiller. Après avoir enfilé son jean, il s’empara de son arme et la plaça contre sa peau, et mit dans la poche de son jean son couteau. Lorsqu’il se retourna pour mettre son tee shit, il offrit une vue panoramique de sa fierté colorée incrustée sur son dos. IL déploya sa jolie geisha comme une arme redoutable. « Méfie-toi des femmes » Ce conseil l’avait déstabilisé au point de s’infiltrer régulièrement dans ses pensées confuses.  

 

_ Je l’aime bien ton tatouage susurra-t-elle en inclinant la tête. La prostituée le dévorait littéralement des yeux. Ce dernier émit un rire avant de lui dire avec conviction « moi aussi »  

 

Le yakuza partit dans la salle de bain pour se rafraichir. Je dois me ressaisir pensa-t-il en déposant un filet d’eau sur son visage. Il prit la serviette pour se ressuyer, il stoppa son geste pour observer ses traits tirés dans le miroir. La prise de drogue lui avait procuré un bien être fou… voir peut-être un peu trop car l’envie se décuplait au point d’en devenir douloureux. Ce matin, elle dansait encore lui, comme une vague voluptueuse qui ne demandait que se déverser sur un corps bien défini, dénommé Kaori.  

 

 

Eiji se rembrunit en raison de ce flou qui s’épaissit autour de lui au fil des jours. Le rendez-vous avec Watanabe le tracassait car il n’en connaissait pas la consistance. La sensation d’être un pion commençait à l’irriter. Après quelques instants d’hésitation, il jura de tout mettre en œuvre pour comprendre ce qu’il se passait, et s’assurer que rien n’arrive à Kaori. Mille questions s’entrechoquaient dans son esprit, mais aucune réponse tangible ne lui était accordée. Le yakuza sortit en trombe de la salle d’eau pour se diriger vers son placard afin de prendre sa veste. La jeune femme, toujours attentive, le scrutait dans le moindre détail. Elle pouffa de rire en percevant le contenu de son armoire. Tee-shirt superposés, jeans, et une multitude vestes de divers coloris  

 

_ Tu en as une sacrée collection de vestes Eiji !  

 

 

Amusé par sa remarque, elle ne croyait pas si bien dire, il en était obsédé. Il prit celle qui ne mettait quasiment jamais, pour changer. Méticuleux, il ne les choisissait pas au hasard ses vestes bien coupées. N’ayant pas une carrure imposante, il transformait sa finesse corporelle en atout.  

Il n’aimait pas l’aspect caricatural de sa fonction de Yakuza. Non ils n’étaient pas toujours habillé de noir et arborant une paire de lunette de soleil. Certes, la codification vestimentaire permettait de les reconnaitre car ils étaient fiers de leur appartenance. Pas lui.  

 

Beaucoup de nettoyeur optaient pour des vestes amples afin de dissimuler leurs armes. Il n’aimait pas ça. Il avait trouvé une coupe bien spécifique permettant d’allier les deux. Un de ses principaux objectifs était de respecter les règles des Yakuzas tout en restant fidèle à lui- même. Le sujet avait été de nombreuses fois abordé avec Watanabe. L’oyabun y voyait de l’insubordination, pour l’apprenti, il s’agissait d’une personnification de sa fonction .Il restait Eiji  

 

Il jeta un nouveau coup d’œil à l’heure : 9 heures 30. Dans peu de temps, Kaori sortirait de chez elle afin de se rendre à la gare de Shinjuku songea-t-il.  

 

_ J’y vais ! Informa le yakuza à l’égard de la jeune femme en sortant de chez lui. Il avait confiance, elle faisait partie de leur réseau travaillant pour le compte d’un des kyodaïs, les grands frères.  

 

Il fit attention en sortant, en s’assurant que personne n’était là pour le surveiller dans ses agissements discutables. La tension devenait de plus en plus palpable depuis quelques jours sur Tokyo. Les rumeurs et les informations se déversaient avec rapidité, même dans les faubourgs éloignés. Le yakuza fut surpris en constatant qu’un voilage brumeux recouvrait les rues de la capitale. Frissonnant en raison du froid matinal, Eiji remonta la fermeture à glissière de sa veste jusqu’au cou. Il fourra les mains dans les poches de sa courte veste, Camel. Le yakuza s’engagea dans une ruelle pour éviter la rue principale qui drainait du passage. Puis, il gagna la route longeant la voie ferrée pour remonter jusqu’à la gare de Shinjuku. Les japonais s’apprêtaient à commencer une nouvelle journée de travail, ainsi il passerait plus inaperçu à travers la vague humaine aux abords de la gare.  

 

 

Il marcha d’une allure rapide, les yeux rivés au sol, tant il ne voulait pas commettre d’impair en croisant des personnes de sa connaissance. Sa gorge se contracta sous l’effet de l’angoisse, la culpabilité, car il allait braver l’interdit. Encore une fois. Il ne parvenait pas à résister à la tentation, Pourquoi une telle obsession? La regarder lui calmait un peu sa ferveur. Il en était troublé mais il ne préférait ne pas y songer, juste savourer.  

 

Il y réfléchirait mais pas aujourd’hui, demain peut-être. Beaucoup d’éléments lui échappaient depuis son arrivée sur Tokyo.  

 

Certes, il souhaitait comprendre l’ensemble de la vaste opération menée sur la capitale.Il devait en savoir qu’un dixième songea-t-il avec une certaine frustration. Il était devenu un kyōdai (兄弟) un grand frère, qui devait veiller sur Sandayu dans ses premiers pas dans leur organisme. Il s’agissait d’une évolution significative, mais pas suffisante à ses yeux. Il voulait plus. Toujours plus. Watanabe était un homme paranoïaque, de ce fait, il sélectionnait scrupuleusement les gens qui tournoyaient autour de lui.  

Aussi étrange que cela puisse paraitre, Yoshinori lui avait ouvert les portes de son cercle intime avec rapidité et confiance. Eiji avait bien compris que cet homme voyait à travers lui quelque chose qui l’avait touché. L’oyabun ne lui avait jamais dit. Le yakuza l’avait déduit. Mais son lien n’arrivait pas s’affiner d’avantage à cause de son premier lieutenant Masaru Takumi. Ce wakagashira s’interposait afin qu’Eiji reste à sa place, en bas de l’échelle. Il devait craindre très certainement qu’un jour, il lui fasse de l’ombre. Eiji n’avait jamais apprécié cet homme de main. Le courant n’était jamais passé entre eux dés la première seconde. A la pensée du visage anguleux, Eiji grimaça. Non vraiment il ne l’aimait pas.  

 

Eiji sourit à cette réflexion, Takumi n’était pas aussi idiot qu’il en avait l’air car c’était bien ce qu’il convoitait : L’éloigner avec douceur jusqu’à ce qu’il disparaisse définitivement de la vie de Yoshinori Watanabe ; Eiji souhaitait devenir son Wakagashira. Une bouffée d’ambition prit vie en son for intérieur mais, elle disparut bien vite en raison du flou actuel.  

 

La situation prenait de l’ampleur, Eiji savait que Watanabe souhaitait utiliser les changements actuels pour s’octroyer un regain de puissance. Mais une autre question l’interpelait et le perturbait: quel était son rôle à lui exactement ? Il semblait curieux ce calme tout relatif qui l’entourait depuis son arrivée sur Tokyo. Hormis la cérémonie d’intronisation, Watanabe ne lui avait confié que des missions secondaires de filature. Le yakuza était vexé, tant il se sentait inutile et diminué. Sandayu avait obtenu une mission des plus périlleuses. Eiji ne l’enviait pas, car être responsable de la mort d’une personne, tâchait d’une manière indélébile l’esprit. Mais il éprouvait malgré tout de la jalousie. Au-delà des risques et de la recommandation de Watanabe, le yakuza repartit surveiller Kaori Makimura au risque de voir son ascension couper nette.  

 

Il se mit en retrait, en faisant mine de lire le journal du jour. Il regarda l’heure 10 :00 Elle ne devrait pas tarder. La bruine se dissipait lentement, permettant d’avoir une meilleure visibilité, mais pas suffisante à son goût. Eiji laissa son regard s’attarder de temps à autres sur les personnes à moitiés réveillées, pressées d’aller à leur bureau. Il était loin de ce monde bien rangé, il n y avait d’ailleurs jamais goûté. Malgré la fatigue, il regarda une de ses mains avec insistance : elle tremblait un peu. Les maux semblaient revenir assez rapidement cette fois-ci, le stresse devait contribuer. Ce changement brutal de politique dans la famille des Yakuzas lui déplaisait, pourtant il lui resterait fidèle.  

 

C’est étrange…Depuis son retour sur Tokyo, il était pris d’une euphorie car il appréciait des saveurs issues du passé. Des souvenirs, des sensations. Les promenades aussi lui faisaient remonter le temps. Une vie sans repère, déracinée, mais il s’était s’agrippé de toutes ses forces au béton des rues mal fréquentées. Il fut extirpé de ses pensées en apercevant enfin la nettoyeuse arriver à proximité de la gare. Son cœur se mit à palpiter comme un véritable adolescent. Un flux pétillant s’infiltra dans chacune de ses veines, tout son être vibrait en l’observant marcher. Mais il fut interpelé par le visage de Kaori, il semblait fermé. Que se passe-t-il ?  

 

Il aurait du rester plus connecté avec la réalité hier, mais il s’était laissé aller dans l’euphorie aphrodisiaque du Senyoku.  

 

Kaori s’engouffra dans le hall .Eiji attendit qu’elle ait parcouru une distance suffisante, pour la suivre. L’ambiance était étrange en raison de ce voilage de coton humide. Il la suivit comme un véritable shinobi. Ce dernier avait de nombreuses fois effectué cette filature, il la connaissait par cœur, il en était parfois mal à l’aise. Cela s’apparentait à du voyeurisme à l’observer de la sorte, pourtant, il n’y pouvait rien, c’était plus fort que lui.  

 

Il l’aperçut figée devant le panneau,dénué de XYZ, il esquissa un léger sourire tout en sachant qu’aucune demande n’avait été faite. Les City Hunter n’étaient plus très demandés depuis quelques temps. Sourcillant à ce fait, il s’aperçut qu’il avait de la compassion malgré sa rivalité pour le plus grand nettoyeur du Japon. Kaori l’avait interpelé par son parcours atypique dans le milieu, elle semblait être tombée dans un monde qui n’était pas le sien, mais elle y était parvenue aux côtés du légendaire nettoyeur. Il connaissait leur histoire par cœur, dans le fond et la forme, Leur sentiments aussi il les percevait en les ayant de nombreuses fois observés. Rien de concret… juste des traits abstraits. Il fallait savoir lire entre les lignes, un mot, un sourire, un regard. Le langage du silence et des non dits étaient parfois les plus marquants et les plus intenses dans un couple. Il avait envie de l’approcher….Lui parler, la toucher. Ses yeux ne se détachaient pas du visage de la nettoyeuse. Elle semblait captivée par quelque chose sur le tableau.  

 

Eiji retint sa respiration. Kaori passa doucement sa main sur la surface ardoisée. A quoi pensait-elle ? La fusillade ? Avait-elle pris ses dispositions ? Ce flot de questions se mélangeait dans l’esprit du Yakuza. Son cœur avait raté un battement tant il avait trouvé son geste mystérieux.Quelques instants de flottements.Il soupira lorsqu’elle se décida à partir, et se diriger vers la sortie de la gare. Il s’agissait, en général, du moment le plus cruel : la laisser partir sans lui avoir parlé. Toutefois, cette fois-ci sa curiosité avait été piquée au vif. Il attendit qu’elle sorte de la gare pour se diriger vers le tableau des messages. Il souhaitait voir ce qui avait captivé la nettoyeuse  

 

Une fissure. Elle lézardait le tableau noir déséquilibrant l’uniformité de cette masse noirâtre. Le fendillement semblait si fin, qu’il s’apparentait à une lame de katana d’un protagoniste extérieur à l’intrigue. Peut-être cette ombre sans visage les hélait à franchir la frontière.Un signe.  

 

Dans un geste quasi automatique, Eiji repassa son doigt lui aussi, exactement là où la jeune femme avait fait son sillon. Un frisson. Ressentait-elle aussi cette étrange atmosphère ? Plombante oppressante  

Tu es trop joueur Eiji ! Un jour, cela va te perdre, serina la voix de Yoshinori Watanabe. Eiji sursauta  

 

Eiji semblait reprendre ses esprits. Il était là, immobile à la vue de tous. On pouvait lui tirer dessus à bout portant. Le yakuza se sentit décontenancé, il reprit la marche pour ne pas rester prés du tableau tant il se sentit stupide. Il serra les dents de rage en se disant qu’il devait cesser ses agissements aussi dangereux. Il avait prévenu Kaori, il était persuadé qu’elle avait pris ses dispositions sans le trahir. Elle était une femme intègre. Ryo Saeba devait être en alerte lui aussi. Le yakuza ne devait pas s’inquiéter même en si il semblait que le schéma modifiait son apparence. Il déglutit avec difficulté, ses mains tremblèrent. Pris de panique, le yakuza allait rebrousser le chemin, il était en train de se perdre.  

 

Eiji se figea, Kaori ne prenait pas le chemin habituel ! Elle partait à l’opposé ! Mais où va-t-elle comme ça? murmura-t-il en la suivant des yeux. Il hésita. Néanmoins, l’envie prit le pas sur sa raison bien échauffée. Le Yakuza scruta autour de lui à l’affut d’espions, de Yakuzas à la botte de leurs ennemis. C’était risqué, mais il ne pouvait pas partir sans savoir ce que la jeune nettoyeuse comptait faire. Kaori le fit marcher dans la brume qui avait bien du mal à se dissiper ce matin. La délicate pellicule s’accrochait aux immeubles avec force comme pour mieux cacher l’intrigue qui se déroulait.  

 

Il analysait la route qu’elle avait prise, en tentant d’anticiper sa destination. Il sentait des présences autour d’eux. Le yakuza comprit enfin la destination de Kaori Makimura : Kabukichô ! Ébahi par cette initiative, il se demanda bien ce qui pouvait l’amener dans ce quartier qu’elle ne fréquentait jamais ? De plus en plus inquiet, il accéléra le pas, en constatant sa difficulté à la suivre, cette dernière avait pressé le pas. Eiji devenait de plus en plus soucieux car il n’avait pas prévu cette tournure. Aller à Kabukichô était une destination risqué aussi bien pour lui….Mais également pour elle. Frissonnant de froid, il était tenté de la rattraper, de lui parler et de lui sommer de partir d’ici mais il s’était promis de ne plus intervenir, il devait la loyauté à Watanabe.  

 

La jeune femme passa le tori endormi, sa jolie parure rouge était éteinte. Elle se reposait après une nuit sous le signe de drogue et de sexe. A cette heure-ci les rues n’étaient pas encore prises d’assauts. Après plusieurs mètres, Kaori stoppa sa marche, et regarda autour d’elle, à la recherche de quelque chose, puis elle reprit sa marche en longeant l’artère principale pour bifurquer ensuite vers la gauche la menant dans une rue peuplée de cabarets. Interloqué, la filature devenait compliquée en raison de l’étroitesse des venelles.  

 

La nettoyeuse s’arrêta une deuxième fois, en plein milieu de la rue, elle scruta un bâtiment incendié. Sourcillant à la vue de l’état du cabaret, Eiji se remémora un titre du journal du matin. Il n’avait pas vraiment prêté attention. Il releva la tête pour de nouveau observer le secteur. Un flash ! Il s’agissait du cabaret que Ryo fréquentait régulièrement depuis quelques temps. Un frisson lui parcourra le dos….Une action ciblée avait été menée durant la nuit. Il serra les dents de rage, car il n’avait pas été pas mis au courant. La déception s’abattit sur lui, l’oyabun ne lui avait rien dit. Il était déçu car la patriarche l’invitait à le rejoindre avant chaque mission. Or depuis que Watanabe était ici…il semblait s’être éloigné de lui.  

 

Il laissa son regard courir autour de lui en ressentant une aura malfaisante. Elle augmentait. L’alerte se déclencha en lui, car de toute évidence on les surveillait. Eiji regarda de nouveau Kaori afin de s’assurer, qu’elle aussi, avait détecté la menace. Or, elle semblait captivée par la devanture calcinée. Elle avança même de quelques pas vers l’entrée pour observer à l’intérieur. De plus en plus inquiet, il aperçut une ombre furtive non loin de lui qui le fit se mettre davantage en retrait. La voix de Watanabe résonnait en lui, comme un rappel. Il ne pouvait pas rester à découvert, il décida donc rebrousser chemin.  

 

L’ambiance était sinistre en raison de la météo des plus maussades. Il enfonça une nouvelle fois ses mains dans ses poches et se mit à chantonner. Il marcha d’un pas tranquille dans une petite ruelle d’arrières boutiques. Deux hommes étaient postés non loin, visiblement en plein discussion. Eiji n’était pas dupe. Il s’agissait de Yakuzas, son odorat de chasseur les détectait à des kilomètres à la ronde. Il avança comme-ci rien n’était.  

 

Eiji obliqua sur la droite afin de les éviter et les appâter vers un endroit bien particulier. Sans regarder derrière lui, son aura les sentait. Il arriva enfin dans la zone qu’il convoitait. Le yakuza parcourra la petite rue Shiki Minchi promenade, il était en plein centre du Golden gai, un petit secteur très prisé du Kabukichô. En venant ici il pourrait évaluer le nombre de personnes. Le Golden gai était particulière par sa disposition car il était composé exclusivement de six ruelles extrêmement étroites, au point qu’une seule personne à la fois pouvait y circuler. Pas deux. Ils semblaient être deux à le suivre évalua –t-il rapidement passant la rue rue Akarui Hanazono. Mais, il remarqua un autre homme dans une rue parallèle. Trois.  

 

La pression augmenta davantage. Eiji devait absolument sortir du Kabukichô, et déguerpir le plus loin possible. Le yakuza avait la désagréable impression d’être pris dans un guet-apens. Le plus rageant pour lui, était qu’il s’y était mis tout seul en ayant cédé à sa curiosité. Des yakuzas continuaient à le suivre avec cette tranquillité agaçante.  

 

Eiji percevait leur dangerosité bien qu’ils n’agissaient pas pour le moment Ce cri d’alarme intérieur le prévenant que sa vie était en danger. Il parcourra la dernière venelle pour s’extirper de cet échiquier invisible, dont il en était un pion. Alors qu’il s’apprêtait à sortir du faubourg, deux hommes se présentèrent à lui.  

 

_ Qu’est ce que tu fous ici gringalet ? Demanda le plus âgé aux traits burinés  

 

_ Cela ne te regarde pas le lourdaud déclara Eiji empli de colère.  

Les deux Yakuza se mirent à rire. A leur air moqueur, Eiji serra les poings de rage. Visiblement ces deux empotés le connaissaient mal se dit-il en affichant soudainement un sourire malsain.  

 

_ Je n’ai pas le temps à perdre Affirma Eiji en les défiant du regard  

Surpris de son attitude, le Yakuza corpulent s’avança vers lui  

 

_ Je n’aime pas le ton sur lequel tu nous parles. T’es chez nous ici !  

.  

Les réflexes et la svelte morphologie d’Eiji le sauva en échappant à un coup de couteau. Le deuxième Yakuza fondit sur lui pour lui administrer un coup de poing. Eiji l’esquiva pour lui affligeait un violent coup au nez. Le sang gifla. Le yakuza s’abattit sur le sol aux pieds d’Eiji. Le plus âgé réattaqua en se jetant sur lui, mais il l’esquiva en lui faisant une balayette.  

Le premier missionnaire ne lui laissa pas une seconde de répit, il se releva et le argua d’ un air menaçant. De toute évidence, ils souhaitaient en découdre. Eiji s’agaça face à ces deux missionnaires car il n’était pas venu pour se battre. Mais leurs sourires hautains l’avaient irrité. L’aspect dédaigneux était un facteur de contrariété immense chez lui.  

 

Sa respiration se fit rapide, tandis que ses veines vibraient avec douleur. Eiji serra les poings pour contenir sa colère qui ne demandait qu’à exploser. De fines paillettes argentées apparurent devant les yeux, elles dansèrent avec énergie, au point qu’il en ait des vertiges. Son sang hurlait son manque. Son corps se mit à trembler avec violence.  

 

Les voix des deux yakuza l’excitaient, l’incitant à vite en finir. Alors que les deux Yakuzas s’abattirent une nouvelle sur lui, D’un mouvement rapide, il extirpa son couteau de sa poche et le logea sans l’ombre d’une hésitation, dans l’estomac du plus âgé. Il observa ses yeux sortir de leur orbite sous le coup de la douleur. Un cri étouffé. Enivré de colère, Eiji tourna lentement le couteau dans sa chaire tout en lui accordant un sourire d’Adieux. Il retira d’un mouvement rapide sa lame aiguisée. L’homme fit quelques pas en arrière, puis s’effondra sur le sol. Son acolyte, estomaqué par la vitesse et la sauvagerie soudaine, sortit en une fraction de seconde son arme. Eiji l’attaqua en lui administrant un violent coup de poing, pour le désarmer. L’arme allait ameuter tout le quartier. Le mort devait se donner en silence. Seule la dislocation de la nuque se fit entendre dans la ruelle. Un frisson délicieux lui parcourra le dos car il s’agissait d’un son bien particulier. Un infime murmure ossuaire.  

 

Etant dans un état secondaire, Eiji plissa et les yeux et observa le tableau morbide. Les conséquences allaient être terribles. Une expiration nerveuse s’extirpa de sa gorge nouée, et vint lacérer l’air macabre. Puis, il se baissa pour ramasser son couteau qui n’impressionnait pas à première vue, mais demeurait efficace. Il palpa rapidement la poche de sa veste pour prendre un tissu prévu à cet effet. Il nettoya soigneusement la lame pour enlever toute trace de sang avant de la remettre dans sa poche. Il ne devait pas tarder à décamper d’ici avant qu’on l’aperçoive, avec deux corps gisant à ses pieds.  

 

D’un air totalement détaché et naturel, il reprit son chemin en chantonnant. Mais aux abords du quartier tumultueux, il constata deux autres yakuzas, postés pour filtrer les arrivées et les sorties du quartier. De toute évidence, il n’avait pas lésiné sur les moyens. L’étau se resserrait, songea t-il, ils tentaient de le fatiguer avant de le happer.  

 

Eiji tenta de trouver une solution, il pouvait courir, mais il avait l’intime conviction qu’ils ne demandaient que cela pour l’abattre. Il parvint à proximité du petit commerce tenu par un coréen, son local était excentré mais il était à deux rues du Kabuki. Sous couvert de la gestion de Pakinchos, l’homme proposait des jeux clandestins. L’établissement semblait fermé, mais la grille de la devanture était levée à moitié. Lorsqu’il aperçut le gérant sortir, occupé à balayer le seuil de son entrée, Eiji y vit une bénédiction. Sans perdre une minute, le yakuza s’y rendit afin de s’y refugier car il devait réfléchir. Après un accueil chaleureux, le coréen lui lança  

 

_ Hé Eiji ! Faut que je te remercie...Je fais ce que tu m’as dit en misant le double ...Hé hé hé jakpot ! Je crois que je proposerai davantage ces soirées.  

 

L’enthousiasme du gérant le dérida un peu mais la parole lui était difficile. « Ravi pour vous » lui adressa le Yakuza dans un souffle.  

 

_ Viens un soir, pour animer des parties d’ hanifuda ! Émit-il, en se frottant les mains à l’idée d’ameuter des clients intéressés.  

 

A la proposition du coréen Eiji, sentit ses mains s’animer et vibrer. Il était une joueur compulsif .C ‘était plus fort que lui, le jeu était une véritable dépendance…Encore une. En percevant la mine contractée du Yakuza, le coréen le considéra un moment.  

 

_ On est venu me poser des questions sur toi… Déclara-t-il en reprenant un air sérieux. « Le meurtre de Jimin-Jang a accentué la tension dans le quartier, rajouta-t-il en laissant apparaitre des fissures sur son front.  

 

_ Ce n’est pas moi.Déclara le yakuza sans transition  

 

Etonné de la reparti aussi directe, le gérant semblait amusé.  

 

_ T’a l’air d’être un bon gars…Et tu m’as donné de bons tuyaux ! J’ai rien dit..  

 

_ Arigato  

 

_ Tu t’es mis dans le pétrin hein ? Questionna le coréen visiblement touché par le jeune homme déboussolé.  

 

Souriant avec difficulté, Eiji laissait son regard rouler autour de lui à la recherche d’une issue. Puis, ses yeux tombèrent sur la bicyclette posée contre le mur. Il sourcilla. Ce n’était pas exactement ce qu’il cherchait comme solution, mais il devrait s’en contenter. Après tout, Il n’était pas dans un film, où il s’enfuirait à l’aide d’une grosse cylindré songea-t-il. Il se détourna légèrement pour observer à travers la devanture. Un simple manga. Il hésita.  

 

_ Passez-moi votre vélo, je vous le rendrai, demanda Eiji  

 

_ Je vais faire comment pour rentrer chez moi ? Protesta mollement le coréen.  

 

_ J’animerai une soirée Hanafuda. Affirma le yakuza, impatient de partir du Kabukichô.  

 

_ Passe par derrière, se contenta de rajouter le gérant en haussant les épaules.  

 

Le yakuza ne se fit pas prier et s’empara du vélo. Eiji l’enfourcha et pédala, souhaitant mettre le plus de distances avec les Yakuzas. Son cœur lui hurlait son envie de sortir du décor sombre. Il parcourra quelques mètres, puis freina sec. Tout au fond de lui-même, une petite voix ténue mais agaçante lui reprochait d’hésiter. Il regarda le sol et sourit avec nervosité avant de faire marche arrière et repartit en direction du Kabukichô.  

 

 

***
 

 

 

 

Kaori n’était pas parvenue à dormir. Impossible. Dés qu’elle fermait les yeux, Ryo apparaissait devant elle comme Yokai (妖怪) un esprit provenant d’un autre monde. Son regard semblait terne, sans vie. Un voile de tristesse recouvrait l’ensemble de son visage. Le silence résonnait avec violence, son écho faisait vibrer les murs de sa chambre. L’apparition du nettoyeur l’avait déstabilisé, car il arborait la même expression mystérieuse, remplie de culpabilité qu’il avait eue en rentrant aux aurores. Son attitude l’avait ébranlé car elle n’y était pas habituée.  

 

Les derniers événements tournaient en boucle dans l’esprit de la nettoyeuse. Le crime, L’incendie, Okuni et Ryo le vaillant nettoyeur restant au chevet de sa maîtresse désormais attitrée. Les traits du visage de Kaori se contractèrent sous le coup du vif heurt qui lui lacéra le cœur. Une fissure fendit la peau délicate de cet organe de vie, laissant échapper lors d’un battement, une goutte de liquide acide. Hémorragie silencieuse et douloureuse.  

 

Le quartier Kabukichô
 

L’arrondissement Shinjuku,
 

Tokyo
 

Le Japon
 

 

 

Ces acteurs géographiques seraient mis au courant de ce détail sucré. Question d’heures. L’information serait diffusée à la vitesse de la lumière dans le milieu de City Hunter  

 

City Hunter…. Les fans seraient choqués, navrés, inquiets après autant d’années d’amour et complicité…Mais telle était la réalité de cet étrange épisode s’écrivant sous les doigts de cet incompréhensible auteur assoiffé de vengeance. Kaori se sentit humiliée,trahi par le partenaire de sa vie. Une sombre colère frémissait en elle l’incitant à se lever, et arracher avec férocité son décor de papier. Elle voulait gommer l’intrigue, se battre contre l’ombre féminine à l’origine de ce trouble sentimental. Mais elle semblait bien trop habile et sournoise, ainsi dissimulée dans sa lumineuse obscurité du papier griffonné. Kaori lui déroberait son crayon comme un katana pour empêcher d’accomplir son plan machiavélique. Elle effacerait d’un geste rageur certains protagonistes pour se persuader de n’avoir vécu qu’un cauchemar, un simple événement secondaire dans leur longue histoire inscrite sur le papier.  

 

Dans la prochaine séquence, elle se réveillerait dans la douceur de son cocon d’opaline. La vie normale reprendrait son cours, comme à son habitude, elle se lèverait pour préparer le petit déjeuner avec application. Puis, elle irait le réveiller avec la chaleur de sa massue, comme dans chaque tome de leur aventure. Un leurre ! Plus rien ne serait comme avant lui vociféra son cœur. Ce constat la pétrifia tant la violence du mot avait été brutale et froide. Elle avait la désagréable sensation d’être submergée dans un océan de désespoir. La vague glacée s’était abattue sur elle sans ménagement et l’avait emprisonnée dans ses bras pour l’emmener au plus profond des sombres abysses de l’océan Pacifique.  

 

Le manque d’oxygène eut raison d’elle et l’obligea à inspirer l’air disponible. Elle s’assit dans un élan brusque car elle paniqua par ce reflexe soudain de protection. La nettoyeuse tourna la tête en direction de son réveil qui lui renvoyait l’heure d’une nouvelle ère : neuf heures. Une moue de mécontentement se peignit sur son visage. Son corps refusait l’ordre de se lever car elle n’avait qu’une seule envie, celle de rester sous ses couvertures toute la journée. Elle était épuisée. La Terre continuait de tourner sur son orbite, les personnes vaquaient à leur occupation, à nourrir leur propre vie... alors qu’elle, dissimulée sous son drap, se sentait salie par l’ombre d’une femme dénommée Okuni.  

 

« Okuni » Une voix provenant de des tréfonds de son âme noircie, lui murmura ce prénom avec provocation  

 

Cette voix fallacieuse issue d’un autre monde lui infligea une deuxième fissure au cœur d’où jaillit un nouvel écoulement de colère et d’acidité.  

Cette situation devenait intenable, aussi elle repoussa ses draps avec colère, comme elle aimerait rejeter ses idées sombres. Elle s’extirpa de ses draps imbibés de frustration et de solitude. La nettoyeuse maugréa mille et une paroles lorsqu’elle rechercha ses vêtements. Sous le choc, elle n’avait prêté guère attention en allant se coucher, agissant comme un être automatisé.  

 

Je dois me ressaisir songea-t-elle en retrouvant un peu ses esprits. Elle ne se laisserait pas abattre. Le portrait de son frère trônant respectueusement sur sa table de chevet lui ordonnait de le saisir. Lorsque ses mains touchèrent l’encadrement de bois, son cœur s’adoucit instantanément. A chaque fois. Lui seul, parvenait à l’apaiser malgré l’absence.  

 

Le temps n’effaçait pas la douleur, mais la rendait acceptable pour qu’elle puisse respirer correctement. Son cœur semblait malgré tout incomplet malgré les années. Il ne battrait plus jamais comme avant, ça aussi elle l’avait accepté. Pourtant, aujourd’hui Hideyuki lui manquait plus que d’habitude. Une envie de le prendre dans ses bras, l’étreindre d’amour lui broya le cœur. Seul le vide répondit à son besoin de chaleur. Mais en écoutant avec attention le silence plombant, elle l’entendait chuchoter des encouragements. Hideyuki serait toujours là, prés d’elle, à veiller comme il avait toujours fait. Une contraction oculaire.  

 

Des larmes firent leur apparition. N’en n’avaient pas assez d’apparaitre ? se dit-elle en les effaçant du revers de la main. Tant de temps écoulé ... Elle ne comptait plus les secondes, minutes, heures, jours, mois les années. Tant celui donnait une sensation de vide. Un manque à en perdre la raison. Elle pouvait se noyer dans son chagrin mais ce n’était pas dans son caractère, et puis…Il était là………..Lui. Ryo ne l’avait pas remplacé mais accompagné dans sa vie au point de s’incruster, dans son cœur, il était devenu son oxygène.  

 

Aujourd’hui était un jour bien particulier à bien des égards. La fusillade était censée se dérouler, sans qu’elle ne parvienne à décrypter l’intrigue de cette machination.  

 

Aujourd’hui, je ferais comme d’habitude se persuada-t-elle à une exception prés, elle n’irait pas le réveiller car elle avait besoin de distance tant son cœur battait douloureusement. Il saignait. Le voir lui serait pénible. La colère la consumait mais son corps demeurait glacé, sans réaction. Elle avait pris énormément sur elle lorsque Ryo était rentré. Elle n’avait ni crier, ni pleurer…Elle s’était dédoublée pour devenir observatrice, un personnage secondaire de ce sombre épisode. Etrange sensation diluée dans une brume de non dit.  

 

Tel un cyborg , elle eut des gestes automatiques, se doucher, se laver les dents, se vêtir aussi, elle détacha son cœur. Elle avait la sensation de l’avoir entre les mains, elle en était la seule décisionnaire. Le réinsérer ou le broyer. Il agonisait.  

 

Lorsque Kaori s’approcha de la gare de Shinjuku, elle ressentit une présence non loin d’elle. Cette aura devenue familière, n’était pas malveillante bien au contraire, elle semblait douce et tranquille. Il lui était toujours autant déstabilisant de percevoir la présence d’une personne invisible. Une aura indescriptible, mais intense, s’infiltrait dans chacune de ses veines. Eiji était là. Il la surveillait comme la dernière fois. Elle se sentit déstabilisée en percevant une pointe de joie à l’idée qu’il soit là. Pourtant, elle ne le connaissait pas. Elle ne savait rien de son histoire qu’il l’avait amené à devenir un Yakuza.  

 

Fidèle au poste, il était là car il s’agissait d’un jour particulier. Sa présence démontrait que son information était véridique. Sans quoi, pourquoi serait-il venu ? Se demanda-t-elle pour se rassurer. Elle marcha d’un pas rapide, elle était à quelques mètres de l’entrée. La bruine conférait à la ville une ambiance mystérieuse car elle dissimulait la réalité. Elle créait une sensation de flottement, des instants suspendus dans le temps qui parasitaient ses sens. Ce fut sans étonnement qu’elle constata que le tableau était dénué de message. Aucun client n’avait besoin des services de City Hunter  

 

"City Hunter" murmura-t-elle. Une nouvelle attaque s’annonça. Une fissure encore plus importante défigura l’organe torturé. Une envie de pleurer se fit sentir. Un poids immense s’abattit sur ses épaules. Quel avenir ? ’hui, c’est elle qui était tentée d’inscrire XYZ sur le tableau noir, tant elle semblait perdue, remplie de doutes  

 

City Hunter devait également rencontré un oyabun, le tigre de Ginza aujourd’hui. Il s’agissait peut être du contrecoup, mais elle éprouvait de l’indifférence à l’instant précis, Hier elle en était paniquée à l’idée d’une fusillade, aujourd’hui, elle s’en moquait un peu. Un détachement temporel voir corporel. Elle voulait penser à elle, rien qu’à elle, s’enfermer dans son corps s’isoler dans un autre monde pour panser ses blessures. La fissure du tableau lui conférait d’étranges idées.  

 

La nettoyeuse s’apprêtait à prendre la direction du Cat’s, mais elle se ravisa. Une envie…Une idée peu raisonnable la narguait depuis son départ de l’appartement. La nettoyeuse avait tenté de la faire taire, de l’effacer mais elle revenait la tenter. Elle hésita. La douleur prit le pas sur la résilience en l’obligeant de prendre une toute autre direction pour se diriger vers un quartier dans lequel elle n’y mettait jamais les pieds. Le Kabukichô.  

 

Hideyuki l’avait toujours incité, par principe de ne jamais s’attarder dans ce quartier. Il connaissait l’envers du décor du côté folklorique du tourisme. Sa double personnalité de cette zone n’était pas un secret pour lui. Sa quête de justice l’avait amené de nombreuses fois à chambouler ce centre névralgique de la décadence. Mais, c’était plus fort qu’elle, Kaori voulait voir de ses propres yeux. La nettoyeuse mis un peu de temps à trouver la rue. A cette heure-ci, les ruelles étaient encore très calmes.  

 

Lorsqu’elle arriva devant le Kabuki, la nettoyeuse ressentit exactement les mêmes sentiments qu’elle éprouvait lorsqu’elle était face à un ennemi. Son œil s’attarda sur la devanture à moitié noircie. Une forte odeur de souffre s’y dégageait. Les bandelettes fluo encadrant l’établissement conférait une ambiance morbide. Fort heureusement, il n y avait eu aucune victime.  

 

La nettoyeuse se sentit honteuse en ayant éprouvé ce soupçon de déception. Il lui avait à peine effleuré l’esprit, une seconde tout au plus, mais elle l’avait eu malgré tout.  

 

« Kabuki »  

 

Ce nom lui procurait d’étranges pulsations. Cet endroit avait toute évidence séduit Ryo. Kaori avait toujours fermé les yeux sur ses nombreuses sorties nocturnes. D’innombrables femmes avaient vibrées sou ses mains dans le passé, depuis il s’était quelque peu calmé. Pour ne pas abîmer son amour l, elle les avait effacées sans jamais s’y attarder. Mais elle…Son intuition lui murmurait que c’était différent. Un danger.  

 

Contrairement aux autres qui demeureraient des femmes sans visages, Okuni était parvenue à lui fissurer le cœur. Un fendillement léger, mais suffisant pour le déstabiliser. Le comportement du nettoyeur l’avait confirmé. A cet instant, elle le haïssait de tout son être. Il pouvait garder ses demi-mots inscrits dans des bulles de manga. Aujourd’hui, elle voulait une phrase entière écrite dans un décor en couleur et de lumière. Elle ne se contenterait plus du noir et blanc  

 

En s’apercevant qu’elle était figée en plein milieu d’une venelle du Kabukichô, Kaori se sentit ridicule d’avoir eu l’idée de venir ici. De plus, l’heure tournait, quant était-il de la fusillade ? Par précaution, elle devrait aller au Cat’s, et rentrer pour ne pas être en retard pour le rendez-vous avec l’oyabun.  

 

Consciente que le temps défilait, elle rebroussa chemin. Au fil de sa marche, une pression s’abattit sur sa poitrine, lui sommant d’accélérer le pas. Courir, le rejoindre au plus vite murmura une voix mystérieuse.  

Son cœur battit à tout rompre en éprouvant de la peur. Elle n’aurait jamais du venir conclut-elle en ayant un frisson froid qui lui parcourra le dos. Mais elle était tellement en colère, chamboulée par ce qu’elle avait vécu durant la nuit, elle voulait comprendre. Elle ressentit des présences, la tension augmentait à chaque mètre parcouru. Elle percevait des auras de plus en plus fortes. Elle avait l’impression d’être entourée d’ombres. Elle se concentra comme le lui avait appris son partenaire pour déterminer le danger et le situer. Des personnes déambulaient au loin, elle les voyait. Elle plissa les yeux pour les débusquer. En vain, il ne s’agissait que de simples civiles.  

 

La jeune nettoyeuse poursuivit sa route, en remarquant au loin le tori rouge qui l’appelait à le franchir, pour rentrer dans un autre univers. Deux mondes étaient séparés par cette porte de béton. Deux hommes se positionnèrent prés du tori. Son regard se dirigea dans la rue et aperçut une autre ombre. Elle semblait être encerclée de Yakuzas. Alors qu’elle se hâta pour sortir de ce monde auquel elle n’appartenait pas, elle se vit happer sur le côté sans ménagement. Kaori s’apprêta à crier, mais elle se ravisa. Elle écarquilla les yeux autant qu’elle put en reconnaissant Eiji.  

 

_ Montez ! S’écria le yakuza d’un air grave.  

 

La nettoyeuse n’écouta que son instinct, et enjamba le vélo, s’assit derrière Eiji .Le yakuza se mit à pédaler pour partir du côté Est. Cœur battant, elle ferma les yeux tant la peur d’être prise en compagnie d’Eiji l’inquiétait. Etre prise au piège. Son cœur se fissura davantage percevant même le son de la déchirure de la membrane  

 

 

A force de surveiller Ryo Saeba, Eiji connaissait toutes les ruelles du Kabukichô. Le yakuza ne laissait rien paraitre mais il était angoissé à l’idée qu’on le surprenne en compagnie de Kaori Makimura. Après plusieurs centaines de mètres parcourus, il ralentit car il hésitait quant à la direction. Il opta pour kuyakusho dori avenue.  

 

Perturbé par la tournure de la situation, Eiji accéléra. Il sentait les mains de Kaori s’agripper à ses épaules. Son souffle se baladait sur sa nuque, ce qui lui suscita un délicieux frisson au bas ventre. Il se refreina quant aux idées naissantes, en ressentant son corps contre lui. Il regarda les panneaux, tout en ignorant les klaxons agacés des voitures. Lorsqu’il arriva sur l’artère principale Yasukuni Dori Une pression, une nouvelle angoisse le saisirent en observant la circulation. Le danger ne se fit pas attendre, il repéra qu’une voiture foncer droit sur eux. Eiji accéléra tout en lançant des coups d’œil derrière lui. La voiture s’avançait dangereusement vers eux. Il entendait le bruit de l’accélérateur gronder avec fureur. On les suivait, enfin non, on allait les percuter. Il accéléra encore et encore mais face à une voiture, le combat était inégal.  

 

Eiji ! Cria Kaori en apercevant le par-choc de la voiture qui se rapprocha dangereusement, puis ralentir pour venir à peine effleurer le vélo. Ce dernier vacilla dangereusement. Un choc mesuré.  

 

Ces enfoirés jouent ! s’écria entre ses dents le yakusa ivre de rage à l’idée d’être abattu à bout portant. Ces malfrats agissaient comme de véritables lâches, sans principes. Eiji ne percevait plus ses propres jambes tant il augmentait la cadence. D’un geste brusque il cria en se relevant de la scelle pour donna l’énergie qu’il avait pour augmenter la cadence afin d’obtenir quelques mètres supplémentaire. Sans crier gare, il tourna d’une manière soudaine sur sa gauche pour pénétrer dans une petite venelle, inaccessible en voiture. Dans l’élan, son coude frôla le mur, lui arrachant un cri de douleur. Il reprit aussitôt les commandes pour remonter la rue à vive allure. Durant cette ligne droite étriquée, Eiji pesta contre lui-même face à cette situation rocambolesque. Poursuivi en vélo, en compagnie de Kaori ! Quelle étrange tragédie écrite !  

 

Lorsqu’ils sortirent de la fissure de béton, ils arrivèrent dans une rue moins fréquentée. Il s’y engouffra pour rattraper le grand boulevard, mais il renonça à la dernière minute car la voiture grise les attendait non loin de là. Il freina d’une manière sèche qui fit crisper les pneus. Il fit demi-tour pour prendre la première rue qui se présentait. Dans la précipitation, il passa la bordure du trottoir de plein fouet, Kaori poussa un cri de peur car Elle avait littéralement décollé du porte bagage sous le coup de la violence.  

Le vélo tangua dangereusement sans qu’Eiji puisse reprendre le contrôle. Ils chutèrent sur le sol. Sonné aussi bien l’un que l’autre, ils se relevèrent simultanément  

 

_ ça va ? Lança Eiji  

 

A peine avait-il énonce sa question, qu’ils perçurent le son distinctif du moteur de la voiture. Échangeant un regard entendu, Eiji releva d’un geste rapide le vélo, Kaori se précipita derrière lui afin de reprendre la fuite à travers les rue de Shinjuku. Eiji entendit un coup de feu dont le sifflement vint le chatouiller l’oreille. Dans un geste contrôlé, il décala la tête du côté droit pour l’éviter. Il regarda précipitamment derrière lui pour détecter la provenance des tirs. La voiture était là. Elle accélérait, un bras apparut à la fenêtre, et pointa l’arme sur eux.  

 

 

Les enflures ! Hurla t-il exaspéré de leur vulnérabilité. Il tenta de pédaler encore plus vite, repoussant ses propres limites, il écoutait son instinct de survie. Bien qu’il ait obliqué pour gagner quelques mètres sur le véhicule, Un deuxième coup de feu retentit. Puis un troisième.  

 

_ Kaori ?  

 

_ Je n’ai rien ! dit elle, ses yeux ne se détachérent pas du dos d’Eiji. La peur de se prendre une balle en plein dos la pétrifia.  

 

Le yakuza tourna une nouvelle fois dans une rue étroite, aujourd’hui il les adorait tant elles lui avaient utiles en cas de fuite. Il se hâta de s’éloigner, de la voiture. Ils avaient cessé de tirer, en raison de la présence de personnes lambda. Eiji en profita pour s’infiltrer dans la masse humaine. Il regardait droit devant lui, en ayant pour seul objectif, partir loin d’ici.  

Eiji avait roulé sans s’arrêter durant de nombreux kilomètres qu’il en soupira de soulagement lorsqu’ils dépassèrent Shinjuku pour atterrir à Chiyoda(千代田区). Cet arrondissement apparaissait comme le lieu où les restaurants latins étaient les plus développés. Ils traversèrent Kagurazaka Quartier français selon les dires des japonais, le Yakuza et Kaori ne purent s’empêcher de regarder ce zeste venu d’occident lui chantant l’acolyte de Tokyo….. Paris. Ils purent lire des devantures écrites dans la langue de Molière.  

 

Quelque peu apaisé, Eiji continua leur périple et parvint au niveau d’un parc aux proportions immenses. Il connaissait cet écrin de verdure grâce à la présence du Kōkyo 皇居 , résidence principale de l'empereur du Japon.  

 

Le yakuza s’enfonça dans le parc pour pouvoir se poser, à l’abri des regards menaçants. Il serra les dents en sentant le vélo partir car la pente était abrupte, il tenait le guidon pour éviter qu’il ne perde le contrôle. Une fois la pente descendu, il accéléra et s’engouffra dans un bosquet d’arbres denses. En traversant la végétation, Eiji respira un peu mieux car ils n’étaient plus à découvert. Lorsqu’ils sortirent de cette masse végétale, il longea la bordure de la pente afin de rester cacher le plus longtemps possible. Reprendre la route au travers de la pelouse était trop risqué.  

Un étrange silence enveloppait les deux protagonistes. Eiji ralentit le rythme car la course l’avait épuisé... La brise qui s’abattit sur son visage lui permettait de rester concentré. Pourtant, il semblait avoir transpercé le décor de brume ; Un autre lieu, un autre temps  

 

C’est après un long moment, et s’‘être assuré de n’être plus suivi, qu’il décida de se s’arrêter non loin de Doshin-bansho guardhouse.  

Essoufflé par la course, ivre de colère Eiji laissa tomber le vélo sans ménagement sur le sol. Il insulta et frappa avec violence le squelette métallique jusqu’à l’épuisement total de son courroux. Il passa nerveusement la main sur son front détrempé. Après s’être défoulé, Eiji plissa les yeux sous le coup de la douleur. Il se rendit compte maintenant, que son coude était ensanglanté. Sa veste était déchirée. Il soupira d’exaspération tant les éléments s’étaient déchaînés contre lui.  

 

_ La blessure est profonde ? Interrogea Kaori apercevant la blessure du Yakuza.  

 

Eiji tressaillit légèrement à l’entente de la voix de la nettoyeuse, et la regarda d’un air médusé. Peut-être avait-il eu un moment d’égarement mais il donnait l’impression qu’il se souvenait à peine de sa présence à ses côtés. Il la regarda longuement sans rien dire. Son regard lui transperça le corps, au point qu’elle éprouva des tremblements. Honteuse, Kaori n’avait pas spécialement envie de montrer son malaise.  

 

_ Vous n’avez rien ? Demanda-t- il en analysant son corps à la recherche de blessure. La nettoyeuse avait la désagréable sensation qu’il la déshabillait littéralement du regard. Certains regards ne trompaient jamais. Eiji observa en silence la maitrise de la gêne de la jeune nettoyeuse. Le yakuza lui sourit  

 

_ Il semblerait bien que non. Décréta-t-il en laissant une nouvelle fois ses yeux toucher certaines parties de l’anatomie de Kaori, sans retenue.  

 

_ Je suppose que je dois encore vous remercier ? Affirma Kaori, décontenancée par l’attitude cet homme.  

 

_ Non…Je l’ai fait aussi pour moi ……..Cette fois-ci. Expliqua-t-il en fuyant son regard noisette.  

 

_ Expliquez moi Eiji…Je vous en prie.. Conjura la jeune femme, dépassée pour toute cette intrigue. Eiji observait le parc un long moment. « Je ne peux pas »Se contenta-t-il de lui répondre. Cette réponse irrita la nettoyeuse qui rétorqua à son tour sur un ton sec « Mais cela n’a aucun sens ! »  

 

Eiji lui fit volte face et lui montra un visage figé voir contrarié, en réaction du ton qu’elle avait employé à son encontre. Un léger tremblement de la main l’obligea à se détourner d’elle pour rester concentré sur la verdure chatoyante. Il resta muet, captivé par un point invisible dans la végétation. En fait, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même conclut-il en songeant à sa situation. Il avait tué deux Yakuzas, Il angoissait en repensant à son oyabun qu’il devait rencontrer dans quelques heures. Comment allait-il expliquer son geste. Il était condamné. Il était là, en compagnie de Kaori Makimura. Il la regarda de nouveau avec insistance, il inclina la tête en constatant qu’elle ne semblait pas impressionnée du regard vide qu’il lui lançait. Pourtant, en général ce regard là, provoquait un profond malaise chez son interlocuteur. On lui avait confié qu’il avait le regard perçant l’âme. Il ne savait pas si cela était vrai, mais Kaori n’en semblait pas troublée. Cela lui plut encore un peu plus. Une excitation surgit de sa conscience.  

 

_ Il serait préférable que vous rentriez chez vous, vous allez avoir des soucis. Moi aussi. Je n’aurai pas du intervenir. Décréta le yakuza avec froideur.  

 

_ Pourquoi faites vous tout cela Eiji ? Et pourquoi toutes ces actions ? Appuya la jeune nettoyeuse  

 

_ Je n’en sais rien. Rétorqua sèchement le Yakuza.  

 

_ En définitive, vous ne savez pas grand-chose ! Lança Kaori, agacée par son entêtement à ne rien vouloir dire.  

 

_ Suffisamment pour éviter de vous faire abattre. Votre partenaire m’en remerciera chaleureusement, sans aucun doute Insinua Eiji sur la défensive.  

 

 

Le ton était soudainement monté, sans préavis entre les deux protagonistes de cette intrigue sucrée. Un sourire se peignit sur le visage du Yakuza, pour désarmer la tension inutile. Il avait appris avec rapidité la manipulation de la conversation grâce à la finesse de Watanabe. Mais avait-il véritablement envie de jouer ? Le manque se faisait déjà sentir lui provoquant des troubles du comportement. Sa nuit lui avait nourri le bas ventre, mais certainement pas le reste qui demeurait creux. Pourtant la situation ne s’y prêtait pas, une envie d’elle lui saisit l’âme.  

 

 

_ Vous appliquez seulement les ordres, c’est ça ? Demanda Kaori bien décidée à poursuivre la conversation malgré la nervosité du Yakuza.  

 

_ hmm  

 

Elle attendait la suite en silence, bien qu’elle ait compris qu’il était peu enclin à la discussion. «Tout ne se passe pas comme prévu, je n’en sais pas plus. » Dit-il en fronçant des sourcils. « Je ne suis qu’un simple yakuza"  

 

_ Un yakuza murmura-t-elle pour elle-même en le dévisageant.  

 

A cet instant, il ne semblait plus aussi sûr de lui, il se détourna un peu. « Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de principe" se justifia-t-il en plissant les yeux soudainement brillants  

 

_ Je ne n’ai jamais rien affirmé de tel ! Protesta-t-elle.  

 

Son attitude ambivalente n’était pas des plus fiables et des plus rassurantes. Il mettait mal à l’aise car il semblait être un funambule marchant sur un fil, hésitant entre la douceur et l’agressivité. Il palpa la poche de son jean à la recherche de cigarette. D’une main tremblante il mit sa tige dans la bouche. Le bruit du briquet lui donna un frisson, car il s’agissait de la même intonation que son cœur avait ressenti. Il aspira une grande bouffée de fumée avec autant d’intensité qu’une bouffée d’oxygène, il paraissait être en apnée. La nettoyeuse l’observait se débattre avec lui-même et ses principes ébranlés par sa présence. Il lui lança un coup d’œil distrait en soufflant de la fumée.  

 

_ Vous vous demandez quelle sont mes intentions, n’est-ce pas ?  

 

Kaori opina de la tête. Il sourit en enlevant la cigarette de sa bouche, puis il avança davantage son visage prés du sien  

 

_ Vous me plaisez. Se contenta-t-il de dire en guise d’explication en la dévorant de son regard pétillant.  

 

Eiji analysa sa réaction tout en inclinant la tête sur le côté. Kaori demeurait impassible bien qu’intérieurement, elle est submergée par les émotions. Le yakuza se recula d’elle, d’un air amusé et satisfait, en ayant obtenu les informations qu’il souhaitait. Sans transition, il repartit reprendre le vélo qu’il avait violenté. Il soupira d’agacement car il constata qu’il l’avait abimé, sous le coup de la colère.  

 

_ Il risque d’avoir du grabuge rajouta-il à son intention. Tout le monde vous a vu avec moi. Je serai davantage informé cette après-midi concernant les changements. Rajouta-t-il dans un souffle.  

 

Je vais devoir réparer cela murmura t-t-il sans transition en analysant le vélo tout éraflé. Alors qu’il commençait à frotter le cadre du vélo, Kaori s’approcha de lui.Il lui lança un regard rapide, puis retourna son attention sur le bicycle accidenté.  

 

Hésitante, elle resta immobile quelques instants puis elle décida de s’assoir prés de lui. Elle ramena ses jambes vers elle et les encerclant de ses bras. Imperturbable, le yakuza, cigarette en bouche continuait de remettre en état le vélo. « Vous ne partez pas ? » Questionna le yakuza occupé à remettre la roue correctement dans son scillage.  

 

_ Non ! Répondit-elle en regardant le parc.  

 

Eiji stoppa sa tentative de réparation, et ne peut s’empêcher de laisser tomber une nouvelle fois le vélo avec colère. « Je verrai cela plus tard » Dit-il en s’asseyant à côté de Kaori.  

 

_ Vous allez avoir de graves ennuis n’est- ce pas ? Demanda Kaori en détourna la tête de son côté.  

 

_ Certainement, répondit il en repensant aux yakuzas gisant dans une des ruelles du Kabukichô. Son auriculaire semblait condamné. « Je m’en sortirai » Décréta-t-il « et vous comment allez vous expliquer cela à votre partenaire ? » Enchaina-t-il pour mener la conversation.  

 

La nettoyeuse haussa des épaules en signe d’ignorance. Elle ne souhaitait pas y penser pour le moment.« Ce serait beaucoup plus simple pour moi si vous m’expliquiez la situation » Argumenta-t-elle en l’observant discrètement. La nettoyeuse crut y voir de l’hésitation. Une fissure transparaissait dans son attitude, il fallait juste l’aider à s’élargir.  

 

_ Ce n’est pas simple souffla-t-il en regardant droit devant lui  

Le brouillard s’était dissipé comme la fumée s’échappant d’un shawan de thé vert japonais, le décor net et rectiligne des bâtiments avaient repris le pouvoir visuel sur la vision des choses. La Nettoyeuse et le Yakuza entendirent des rires d’enfant au loin provenant d’une école, ils ponctuaient leur étrange discussion.  

 

Tout semblait désormais calme et paisible autour d’eux. Cette anormale douceur permit aux deux protagonistes de se retrouver avec eux-mêmes. Le trait de la séquence semblait plus fin et épuré, tandis que les yeux d’Eiji briller, le manque arrivait plus vite qu’il l’avait imaginé. Sa main tremblante se faufila pour se dissimuler dans sa poche. C’était sans compter le regard attentif de la nettoyeuse. Ryo le lui avait appris durant leurs nombreuses aventures à être attentive au moindre détail. Son cœur rata un battement tant cela fut douloureux de penser à lui.  

 

_ Je suis originaire d’Arakawa (荒川)Je me suis très vite retrouvé livré à moi-même. La famille m’a permis de ne pas totalement sombrer dans le chaos, expliqua Eiji.  

 

_ Vous n’avez pas de véritable famille ? Osa-t-elle demander curieuse d’en savoir un peu plus sur le Yakuza.  

 

_ Non…Il est devenu ma famille maintenant, il m’a permis de m’en sortir ! Je ne lui serai éternellement reconnaissant. Affirma Eiji, conscient qu’il parlait déjà un peu trop.  

 

_ Qui IL ? Enquit Kaori bien consciente qu’elle se rapprochait du noyau  

 

_ Mon oyabun.  

 

Il n’était pas prêt à donner trop d’information. Pourtant, il était là assis à côté d’elle, à ne lui parler comme-ci rien était. Elle percevait un zeste d’insondable chez cet homme qui l’empêcher de définir de quel côté de la barrière il se situait.  

 

_ Hide Makimura était un bon élément. Assura le yakuza sans réelle transition. Kaori sursauta à l’entente du prénom de son frère  

 

_ C’est surprenant de le flatter alors qu’il n’appréciait guère les Yakuzas chuchota Kaori, désarçonnée par l’affirmation d’Eiji.  

 

_ Cela n’empêche en rien de reconnaître ses compétences, tout comme Ryo Saeba. Poursuivit le Kyodai.  

 

Il expira fortement de la fumée en lançant un coup d’œil en direction de la jeune femme. Elle tremblait intérieurement, il percevait les secousses qu’elle tentait de dissimuler. Il hésitait quant à la suite, dans tout les cas, elle s’annonçait sombre pour lui. La jeune femme hésitait quant à ce qu’elle devait dire, ne pas dire mais son envie de comprendre était intense. Etait-il au courant de l’incendie ? Oui très certainement..Pensa-t-elle en laissant sa main caresser l’herbe. Il devait être également au courant pour cette Okuni. Une nouvelle fissure fit son apparition dans le cœur de la nettoyeuse tant elle se sentit honteuse, humiliée. Elle n’osait pas relever la tête,  

 

_ Il y a eu un incendie cette nuit, dans un bar de prostituées. Insista Kaori sur le statut, tant elle en était révulsée.  

 

Surpris, Eiji la regarda sans détour, en affichant un air interrogateur.  

_ Vous n’étiez pas au courant ? Insista Kaori  

 

_ Non, admit-il beaucoup de choses semblent être modifié. Je vous le répète je suis un simple Yakuza. Enfin non…Un kyōdai (兄弟) un grand frère. J’aime bien ici…Endroit parfait pour se donner rendez-vous lui adressa-t-il en lui accordant une nouvelle fois son regard trouble.  

 

Kaori rougit en comprenant le sous-entendu.  

 

_ il serait préférable qu’on se sépare maintenant. On risque d’être repéré rapidement. Gardons cet endroit calme et paisible, n’est-ce pas ? Poursuit-il avec insistance.  

 

Elle opina de la tête en comprenant ses insinuations. Le jeune nettoyeuse se releva et regarda autour d’elle pour se remémorer le chemin à prendre pour rejoindre rapidement l’arrondissement de Shinjuku.  

 

_ Dirigez par ici, Indiqua le yakuza par un geste de la main. Vous retomberez sur l Otemachi Sta Ligne Meta line exoku  

 

_ Merci.  

 

_ Les temps sont difficiles pour City Hunter. Vous n’avez pas de client. Je le sais. Mais il serait préférable de continuer à vérifier la présence d’XYZ pour ne pas rater une demande urgente. Bref faites comme d’habitude. Conseilla le yakuza.  

 

_ J’y vais tout les jours informa Kaori, avec conviction. Il s’agissait bien là d’une des habitudes qu’elle ne dérogeait pas. Peu importe la situation.  

Eiji opina de la tête en repartant à la recherche d’une cigarette.  

 

_ Vous avez des principes vous aussi, malgré que vous ayez un statut de nettoyeuse. Décréta-t- il en mettant la tige dans sa bouche.  

 

Interloquée par la remarque juste du Yakuza, Kaori ne préféra pas relever. Elle hocha de la tête en guise d’un au revoir et se dirigea sans tarder vers la station de métro sans se retourner. Elle ne se retourna pas, mais elle percevait son troublant regard sur elle. Son cœur battait violemment tant la situation avait été intense et saisissante. L’heure défilait vite beaucoup trop vite. Ryo devait être levé, peut-être était-il déjà informé de la traque sur Kabukichô. Sa conscience n’était pas tranquille, pourtant, Kaori n’éprouvait pas de regret, elle n’avait rien fait de mal. Cette voix malsaine refit surface en lui rappelant Okuni, ses sorties, ses nuits…Pourquoi devrait-elle éprouver de la honte ? Elle serra les dents de colère, en se trouvant ridicule.  

 

La nettoyeuse s’engouffra dans la ligne bleue pour revenir sur Shinjuku. Durant le trajet, elle repassa en boucle cette étrange matinée. Ses yeux s’attardèrent sur un journal plié avec soin, mis pour celui qui souhaiterait lire les nouvelles du jour. Elle le prit et commença à le lire du moins essayer. Son esprit volait entre Okuni et Eiji resté dans le parc. Un frisson. Malgré le brouillard, les doutes, elle ne put empêcher son cœur de virevolter un instant. Eiji avait outre passé ses fonctions pour elle. Une étrange chaleur envahit son cœur colmatant un peu la brèche béante qui lui affligeait une douleur atroce depuis ce matin.  

 

***
 

 

Alors qu’il allait boire une gorgée de café, il grimaça car il le trouvait amer et tiède. Il posa sa tasse avec contrariété car il n’appréciait pas le liquide noirâtre qu’il avait préparé. Son regard se dirigea vers les aiguilles de l’horloge qui tourner implacablement. Kaori tardait. Ils devaient bientôt partir pour le rendez-vous avec l’oyabun, le célèbre tigre de Ginza. Il avait été fixé en dehors de Shinjuku pour assurer ses arrières. La méfiance était toujours de mise dans le milieu.  

 

Ryo se leva et alla se poster prés de la fenêtre en espérant la voir arriver. Bien entendu, il avait appelé au Cat’s, or elle n’y était pas passée. Cela ne le surprenait pas. Vues les circonstances, Kaori ne devait pas avoir envie de discuter. Il n avait qu’à se remémorer comment elle l’avait accueilli à son retour de l’hôpital. Il crut qu’il allait se liquéfier sur place, tant il n’avait pas apprécié son expression de détachement voir d’indifférence. Le nettoyeur repartit s’assoir sur le canapé, et fermât les yeux. La nuit avait été très courte ainsi, il s’enfonça dans un profond sommeil.  

 

 

Un bip  

Deux bips  

Trois bips  

 

Le téléphone sonna. Ryo Saeba ouvrit brusquement les yeux en percevant le cri strident de l’appareil. A peine avait-il saisi la séquence dessinée, qu’il attrapa, dans un mouvement rapide le combiné. Il ne devait en aucun cas, manquer un appel, L’hôpital. Il écouta attentivement son interlocuteur tout en gardant le contrôle de ses sens. Il blêmit un peu, il sourcilla aussi. Les nouvelles étaient inquiétantes. Okuni avait fait un arrêt cardiaque. Des images passaient devant les yeux du nettoyeur, sans qu’il parvienne à contrôler la vitesse de défilement.  

 

_ Son état est redevenu stable depuis une heure. Affirma le docteur d’un ton professionnel. Bien que son attitude lui avait paru froide, arrogante, il semblait humain. Ne jamais se fier aux apparences.  

 

Le nettoyeur hocha de la tête, ses lèvres demeuraient figées.  

 

_ Merci se contenta-t-il de lui adresser avant de raccrocher.  

 

Ryo souffla longuement en fermant les yeux, pour évacuer l’amas de tension épaisse qui lui agrippait le corps et l’esprit. Il passa la main sur son front pour faire barrage à un mal de tête qui le guettait. L’énergie lui manquait. Un flash vint se loger dans son esprit en lui sortant un souvenir issu d’une autre vie, celle avec son père de substitution.  

 

Des fines paillettes argentées dansèrent devant ses yeux, provoquant des tremblements de ses membres. Cela faisait des années qu’il n’avait plus entendu le cri de son corps épris de cette poudre blanche. Les crises paraissaient cauchemardesques, tant elles se revêtaient d’une violence sans limite. Il la voulait. Cette envie s’infiltrait dans chacune de ses cellules, Le nettoyeur semblait avoir été ensorcelé par son effet et sa présence en lui. Une addiction mortelle. Comme les femmes rajouta-t-il en esquissant un fin sourire.  

 

Il respira doucement, longuement comme il l’avait appris pour palier cette crise passagère. Il n’était plus dépendant depuis des années, mais le corps avait enregistré les signes. Aujourd’hui, il semblait vouloir lui expliquer son mal être, le vide. Un étrange vide, un néant inconnu jusqu’à présent, il n’en connaissait ni le périmètre, ni la profondeur, mais suffisamment effrayant pour son envie de combler le manque.  

 

Divers questions l’assaillirent……….Kaori, l’Oyabun Et Okuni au point qu’il en eut des vertiges. Tout semblait s’effriter autour de lui au fur à mesure des jours qui s’écoulaient. Un pressentiment caché dans l’ombre lui empoigna le cœur l’obligeant à ouvrir les yeux .Il n’eut pas le temps de développer sa pensée  

 

Un bip  

Deux bips  

Trois bips  

 

Le téléphone sonna  

 

Une deuxième fois. Son intonation était strident, agressif, il reprit le combiné avec fébrilité partagé entre l’appréhension et la curiosité.  

 

_ C’est moi, se contenta d’informer la voix masculine imbibée d’alcool  

Sa voix ravagée par le cognac et la cigarette lui suffisait comme signature. Il s’agissait d’un indic dés plus discret du nettoyeur, mais des plus efficaces en raison de son apparence négligée.  

 

_ Ta partenaire…Elle a été vu au Kabukichô en matinée, expliqua avec calme l’homme.  

 

Le cœur du nettoyeur s’accéléra dangereusement, les yeux rivés sur un point imaginaire sur le mur blanc cassé.  

 

_ Elle est partie du côté du Kabuki d’Okuni…hum, cela a interpelé beaucoup de monde tu sais.  

 

_ Continue, enchaîna le nettoyeur  

 

_ Elle était suivie depuis un moment…Des yakuzas… Reprit l’indic  

 

_ Où est-elle maintenant? Interrogea Ryo  

 

_ Attend Saeba, tu ne sais pas le plus drôle, rien ne lui est arrivé ne t’inquiète pas ! Poursuivit l’informateur  

 

_ Arrête tes mystères, elle a réussi à les semer ? Demanda-t-il avec conviction, certain de l’aptitude de Kaori à se sortir d’un guet-append.  

 

_ On l’a aidé... Glissa l’indic sur un air amusé  

 

Le regard de Ryo se fait plus sombre, ses mâchoires se contractèrent sans qu’il ne parvienne à stopper le mécanisme.  

 

_ Deux Yakuzas ont été buté… Un planté et une nuque brisée. Précisa-t-il avec un zeste jubilatoire. C’est l’œuvre de ton yakuza, il a débarqué de nulle part. Il s’est fait la malle avec elle en vélo ! Tu entends Saeba ? Il a réussi à semer une grosse berline en vélo ! Ajouta-t-il avec excitation. Des amateurs ces types là ! Ton yakuza n’a pas froid aux yeux en tout cas.  

 

Le silence se fit entendre  

 

« He Saeba tu m’écoutes ? » S’inquiéta l’informateur.  

 

_ Oui je t’écoute ; Où est Kaori ? Insista le nettoyeur japonais.  

 

_ Je ne sais pas….Mais elle ne devrait pas tarder à réapparaitre. Hm il va te faire de l’ombre si ça continue le jeunot ! Interpella l’indic avec gêne.  

 

La main du nettoyeur se crispa sur le combiné, car son informateur avait énoncé la vérité en toute simplicité. Les traits du visage de Ryo se contractèrent sous le coup du vif heurt qui lui lacéra le cœur. Une fissure fendit la peau délicate de son cœur, meurtri à vie. Elle laissa échapper lors d’un battement, une goutte de liquide acide. Hémorragie silencieuse et douloureuse.  

 

 

Le quartier Kabukichô
 

L’arrondissement Shinjuku
 

Tokyo
 

Le Japon
 

 

 

Ces acteurs géographiques seraient mis au courant de cette altercation en plein centre du Kabukichô, il en percevait le tempo ! Il avait changé sa mesure, plus rapide Question d’heures. L’information serait diffusée avec à la vitesse de la lumière rapidité dans le milieu de City Hunter  

 

City Hunter…. Ses groupies, qui le suivaient depuis de nombreuses années, devait être déçues de son propre ressenti. Elles seront choquées, inquiètes après autant d’années d’amour et complicité…Mais telle était la réalité de cet étrange épisode s’écrivant sous les doigts de ce mystérieux cerveau incompréhensible, imbibée et de vengeance. Il aurait aimé perturber l’écriture de sa plume, et modifier son décor bien dessiné.  

 

Loin d’être un héro des plus exemplaires, il en était au moins le plus réaliste. Il avait toujours assumé ses mauvais cotés, Mais cette fois ci, sa noirceur lui faisait de l’ombre.  

 

 

Une colère viscérale lui empara la poitrine en sachant que Kaori était avec…Lui. Cet inconnu venu de nulle part, débarquant comme un preux samouraï. Ryo se sentit humilié, trahi par le partenaire de sa vie.  

 

Le nettoyeur voulait gommer l’intrigue, se battre contre l’ombre masculine à l’origine de ce trouble sentimental. Mais cet ennemi semblait bien habile et sournois, ainsi dissimulé dans sa lumineuse obscurité du papier griffonné. Il semblait vouloir un corps à corps comme dans le lointain passé japonais.  

Ryo lui déroberait son crayon du destin et l’utiliserait comme un katana pour l’empêcher d’accomplir son plan machiavélique. Il effacerait d’un geste rageur certains protagonistes pour se persuader de n’avoir vécu qu’un cauchemar un simple événement secondaire dans leur longue histoire de papier.  

 

De la parole au geste, Ryo attrapa le journal et le froissa avec brutalité pour contenir la rage qui brûlait en lui. Son regard s’attacha à l’horloge qui le narguait par son tintement entêtant, agaçant. Dans peu de temps, il devrait partir avec ou sans Kaori. Il voulait qu’elle s’explique, mais aussi qu’elle se taise car elle parlerait de lui, ce Yakuza. Il se releva brusquement du canapé et fit les cent pas, en tentant de remettre de l’ordre dans ses idées.  

 

Toc  

Toc  

Toc  

 

On frappa trois fois à la porte de l’appartement. Surpris, Ryo s’arracha de ses pensées lugubres pour aller ouvrir. Son ancien partenaire, Mick Angel se tenait devant la porte. Stoïque, Ryo le regarda avec étonnement. Il n’était pas prévu qu’il vienne.  

 

_ Bonjour, Chantonna Mick  

 

L’américain regarda de droite à gauche d’une manière frénétique à la recherche de sa proie favorite. « Où est Kaori » ?  

 

Le japonais referma la porte avec un certain agacement. Il soupira.  

 

_ Elle n’est pas là  

 

L’américain se renfrogna. Il sonda du regard son acolyte japonais à la recherche de réponse. Au vu du comportement de Ryo, Mick fut convaincu de ses ressentis. « Vous vous êtes disputés ? »  

 

_ Non Répondit Ryo en haussant les épaules.  

 

_ As-tu eu des nouvelles de la gérante ? Mick n’avait cité d’une manière intentionnelle, son prénom, dans leur appartement, par respect pour Kaori.  

 

_ Il y a eu des complications, mais son état est redevenu stable. Expliqua sommairement le nettoyeur. Gêné, il ne voulait pas trop s’attarder sur ce sujet bien délicat.  

 

_ J’aimerai vous accompagner. Affirma l’américain sans détour.  

 

Le japonais se retourna vers son acolyte à la recherche d’une éventuelle plaisanterie de sa part. Devinant ses pensées, Mick lui  

 

_ Je suis sérieux. J’aimerai moi aussi rencontré le tigre de Ginza.  

 

_ Il t’intéresse ? Demanda Ryo en plissant les yeux.  

 

_ On va dire cela oui…Je n’ai pas encore l’occasion d’en rencontrer un, sauf le moustachu et encore de loin…  

 

_ Curiosité ? Murmura le japonais  

 

_ Renfort, je souhaite d’aider dans cette histoire Ryo! Déclara Angel.  

 

_ Pourquoi cette histoire et pas une autre ? Questionna le nettoyeur japonais visiblement surpris de l’élan de Mick  

 

_ Elle est différente, j’ai cette sensation que son aboutissement bouleversera nos vies… avoua Angel, troublé de son ressenti.  

 

_ La dernière des dernières ? Dit Ryo avec amusement  

 

_ Peut être bien oui……..La dernière histoire Affirma Mick avec sérieux.  

 

 

Le nettoyeur japonais regarda une nouvelle fois l’heure avec exaspération. Kaori n’arrivait pas. Il n’avait aucune explication sauf celle de l’indic. Mick était venu s’imposer sans qu’il puisse émettre une objection. Il n’en n’avait pas spécialement envie. Le nettoyeur japonais avait l’impression d’être une bombe à retardement. La pression devenait intense.  

 

_ Kaori est au Cat’s ? Elle arrive bientôt ? Osa demander l’américain avec légèreté. Il avait bien perçu la crispation du japonais.  

 

_ Je ne sais pas Mick….Dans cinq minutes, on part avec ou sans elle. Affirma le nettoyeur avec froideur.  

 

Mick s’assit sur le canapé en soupirant. Il évaluait la situation bien complexe dans laquelle ils évoluaient.  

 

Ryo hésitait à lui parler de l’information qu’il venait de recevoir. Il plongea une nouvelle fois dans les abysses de ses pensées durant de très longues minutes.  

 

_ Ryo tu m’entends ? demanda Mick qui semblait attendre une réponse de sa part. Comprenant qu’il ne l’avait pas écouté, Angel secoua sa tète légèrement en signe de désapprobation « tu n’es pas là Ryo, je te parle depuis tout à l’heure tu n’as pas écouté un piètre mot de ce que je te raconte assona- t-il sans agressivité. « Ryo si tu me disais concrètement les choses ? »  

 

 

Le japonais analysa l’américain avec insistance, il avait toujours vu en lui le principal rival pouvant le lui enlever. Il l’était toujours. Cela ne faisait nul l’ombre d’un doute songea Ryo. Son monde semblait se modifier, se transformer. Toutefois, il souhaitait contrôler son jeu jusqu’au bout. Il ne lui dirait rien. Pas pour le moment. Il était l’heure de partir voir le tigre de Ginza. Du geste à la parole, il prit sa veste et la mis rapidement  

 

_ On y va ! Déclara-t-il en se dirigeant vers la porte  

 

_ Et Kaori ? Interrogea Mick, sous l’effet de la surprise.  

 

Le nettoyeur japonais stoppa.  

 

_ Elle sait que nous étions censés partir, son absence démontre seulement qu’elle ne souhaitait plus venir. Tu viens ? Je n’ai pas de temps à perdre !  

 

Mick hésita. Quelque chose n’allait pas ; Certes, il ne fallait pas chercher trop longtemps pour comprendre qu’Okuni était une des causes de son absence. En se remémorant cette étrange nuit, Mick avait du mal à réaliser que toute cette histoire soit vraie. Néanmoins l’atmosphère s’était chargée de particules inconnues. Cette présence l’empêchait de bien respirer. La porte se refermât sur les deux grands nettoyeurs du japon Saeba & Angel.  

 

Un bip  

Deux bips  

Trois bips  

 

Le téléphone sonna pour la troisième fois. Kaori s’accrochait éperdument au combiné, suppliant intérieurement qu’il répondrait. Le vide lui répondit, il était parti.  

 

 


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