Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: Sayaka1537

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 26-08-08

Ultimo aggiornamento: 26-08-08

 

Commenti: 11 reviews

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HumourRomance

 

Riassunto: Une rencontre : Entre "City Hunter" et "Faust". Quasiment du troisième type !!! ^^ ;)

 

Disclaimer: Les personnages de "Rencontre" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Rencontre

 

Capitolo 1 :: Ne pas mourir pour toi...

Pubblicato: 26-08-08 - Ultimo aggiornamento: 26-08-08

Commenti: Coucou tout le monde !!! :-) Alors, bonnes vacances ? ^^ ;) Cette année exceptionnellement j'avais un ordinateur même si pas de connexion internet...alors j'en ai profité ! Petit one-shot sur l'Opéra dont l'idée m'est venue en regardant "Les Chorégies d'Orange" de cet été. Un certain nombre de choses m'avaient faite sourire (je n'en ai vu qu'une partie, ceci dit) jusqu'à cette histoire de "je t'aime, je veux mourir pour toi." J'ai plaisanté avec ma mère sur ce sujet car je ne supporte pas cette phrase (d'où le titre du chapitre ^^) et je me suis dit en moi-même que si on faisait le parallèle avec "City Hunter" et combien ils peuvent être vivants tous les deux malgré leurs problèmes...et brusquement je me suis dit que j'avais qu'à l'écrire, le parallèle. Alors voilà ce que ça donne, un mélange d'humour et de romance sur fond d'Opéra aux Chorégies d'Orange 2008, j'espère que vous aimerez... ^^ Au passage, j'en ai profité pour détailler un ou deux aspects dont on n'a jamais l'occasion de parler, dites-moi ce que vous pensez de ma version si vous avez deux secondes... ;) Sinon, je tiens à m'excuser par avance de ma prochaine absence du site en ce qui concerne les reviews : Je sais bien que ce n'est pas d'hier que je dis ça mais au-moins l'année dernière je lisais. Là je redouble et je n'ai plus qu'une seule chance de réussir ce foutu concours de Médecine alors je ne pourrai probablement pas... En ce qui concerne l'écriture, je n'en sais sincèrement rien encore, je vais voir comment débute l'année, le rythme et tout... Zéro je pense que je tiendrais pas, mais pas de fics pendant l'année, j'en resterai aux one-shots (j'ai pas mal de song-fics en retard de toute façon ^^) donc désolée aussi si vous lisez mes fics en cours... Enfin, je m'arrête avec ces considérations déprimantes (!!!) et je vous souhaite une très bonne lecture, j'espère sincèrement que ce one-shot vous plaira ! :-) ;)

 


Capitolo: 1


 

 

 

« Donnez-moi votre bras, belle demoiselle… »  

« Je ne suis ni belle ni demoiselle…  

 

« Non, ça au-moins c’est sûr ! » vint une voix grave, interrompant la « fausse belle demoiselle ». Kaori sursauta sur le canapé, se retournant vers son gêneur de partenaire :  

« Ryô, enfin ! »  

« Quoi ? Tu l’as bien regardée ? L’actrice est bien trop vieille pour le rôle voyons ! »  

« D’abord ce n’est pas une actrice mais une chanteuse. Ensuite tu es censé écouter sa voix et imaginer, pas te demander si elle se range dans la catégorie des Miss Mokkori !!! Et en plus cette femme n’est pas si mal, il faudrait la voir sans maquillage… »  

« Parce que c’est le maquillage qui lui donne cet air de précieuse bigote, mais bien sûr… »  

« Ryô ! Arrête un peu ! Elle est censée être vertueuse et pieuse ! »  

« D’un ennui mortel en somme… » fit-il en simulant un bâillement.  

« RYÔ ! »  

« Ok ok, je te laisse regarder, pour ce que ça me passionne de toute…  

 

Ryô ne finit jamais sa phrase, une mini-massue décochée avec tout juste ce qu’il fallait de force lui ayant presque démis la mâchoire. Réussissant malgré tout à sourire, il posa un moment la revue de charme qu’il contemplait sur ses genoux, laissant son regard errer encore quelques instants supplémentaires sur la jeune femme assise devant la télé… Ce soir, c’était la retransmission en direct des « Chorégies d’Orange », rien que ça… Même le nom ne présageait rien de bon.  

 

En attendant, il avait appris à cette occasion que Kaori adorait l’Opéra. Il aurait du s’en douter : La jeune femme avait toujours aimé la musique et le côté exacerbé des sentiments que l’on trouvait dans un Opéra ne pouvait que lui plaire… Même si le final était en règle générale peu fait pour lui donner foi dans l’avenir de sa propre histoire d’Amour. Ryô soupira alors que cette pensée lui venait, espérant de tout cœur qu’ils n’en arriveraient jamais à de telles extrémités dans leur propre réalité. Par exemple, lui tué et elle se suicidant sur son cadavre… Ryô frissonna légèrement, visualisant la scène comme malgré lui. Décidément, il ne comprenait vraiment pas comment Kaori pouvait aimer l’Opéra.  

 

Sa partenaire lui avait pourtant bien expliqué, plutôt deux fois qu’une d’ailleurs. Elle lui avait raconté comment son baptême avait été ces mêmes « Chorégies d’Orange » justement, ce qui expliquait sans doute sa tendresse toute particulière pour ce spectacle-là. Elle lui avait dit avoir voulu aller à l’Opéra depuis qu’elle et son frère étaient allés voir « Pretty Woman » ensembles. Et Ryô avait même du endurer, plus ou moins sagement, une looongue réédition du film qu’il ne connaissait même pas, à la grande indignation d’une Kaori outragée. Elle lui avait décrit avec force détails la scène au balcon de l’Opéra : Richard Gere. Julia Roberts. Deux mondes qui se rencontrent, voire se télescopent. Bizarrement, là par contre, il voyait très bien pourquoi cette histoire entre eux lui plaisait tant… Elle lui avait redonné, à quelques mots près probablement, la phrase de Gere : « L’Opéra, il y a ceux qui adorent et ceux qui détestent. Ceux qui détestent pourront toujours apprendre à l’apprécier mais ils ne le sentiront jamais vraiment. » Et d’enchaîner sur le rattrapage en beauté du « J’ai failli en faire pipi dans ma culotte ! » en un superbe « Elle a dit que ça l’avait faite penser à Don Quichotte » pour le vieux monsieur sourd…  

 

Ça au-moins était drôle aux yeux de Ryô. Enfin, la première réplique, étant donné qu’il n’avait pas la moindre idée de qui pouvait bien être Don Quichotte. Certainement pas un Japonais avec nom pareil. Espagnol plutôt. Et l’Espagnol lui rappelait de trop mauvais souvenirs… Mieux valait ne pas chercher trop loin l’identité de ce Don Quichotte. Ryô s’était donc contenté d’écouter la suite du récit, concernant Kaori et son désir ancestral de savoir dans quelle « catégorie » elle se rangeait. La jeune femme en était alors finalement arrivée à l’essentiel : Les « Chorégies d’Orange » et Roberto Alagna, qui lui avaient tous deux servis de baptême de L’Opéra des années plus tard. Kaori avait alors eu sa réponse : « Il Trovatore » (Chorégies d’Orange, 2007) l’avait littéralement enthousiasmée. Désormais, elle avait un nouveau rêve à inscrire sur sa liste : Aller voir un Opéra « en vrai » et pas sur petit écran.  

 

Rêve qu’elle n’avait à ce jour encore jamais réalisé. Et ce soir encore, elle se retrouvait à écouter le spectacle à des milliers de kilomètres de distance, par l’intermédiaire d’un écran de tant de cm sur tant de cm. Peu importait le nombre de pixels, ce n’était jamais la même chose qu’en vrai. Jamais pareil. Ryô pouvait rire, il le savait très bien. Il voyait bien que, certes, Kaori appréciait le voyage dans le temps qu’offrait Faust, y compris pour son protagoniste principal d’ailleurs, mais aussi cette pointe de regret qui perçait, léger nuage brumeux sur une terre sinon ensoleillée…  

 

A cet instant, une note plus aigüe que le autres tira Ryô de sa rêverie. Reprenant contact avec le moment présent, il réalisa que c’était les on-ne-peut-plus célèbres pour qui que ce soit d’autre que lui « Ah ! Je ris de me voir si belle dans ce miroir ! »…  

 

Ryô était très loin de s’y connaître suffisamment en Opéra pour dire si la femme qui entamait ce morceau de bravoure était Soprano Légère, Dramatique ou quoi que ce soit, mais par contre il sut qu’à plusieurs reprises il fit la grimace et fut presque tenté de se boucher les oreilles de désapprobation. Des sons aussi aigus étaient difficilement supportables pour une audition sensible comme la sienne pouvait l’être… Les « Margueriiite ! » qui suivirent en particulier lui vrillèrent les tympans. Si ses oreilles ne ressortaient pas de cette épreuve avec pour compagnon de route un bourdonnement constant, il aurait bien de la chance !  

 

Une envie de rire quasi irrésistible le prenait toutefois, à regarder cette femme à genoux sur la scène, tenant dans ses mains un minuscule miroir rond. Que pouvait-elle bien voir dans un machin aussi petit ?!!! (ça c’est ma grand-mère qui m’en a donné l’idée, elle arrêtait pas de plaisanter sur ça le lendemain… ^^) Et puis ces « Est-ce bien toi ? »… Peut-être que Ryô n’accrochait pas à l’Opéra, ne « rentrait » pas dans l’histoire, mais alors là il trouvait tout cela franchement risible. Bien sûr que c’était « Marguerite » dans le miroir, qui d’autre ? Et, sincèrement, elle n’avait fait que mettre deux boucles d’oreilles… Pas de quoi se pâmer, le changement n’était tout de même pas aussi saisissant…  

 

Mais à cet instant, Ryô, qui jetait un regard rapide sur sa partenaire, s’aperçut brusquement qu’elle observait l’écran avec un vague air de curiosité envieuse sur le visage. Le nettoyeur la vit descendre un moment les yeux sur elle-même, enveloppant d’un regard critique ses propres vêtements, avant de remonter vers l’écran, habités d’un sentiment que Ryô exécrait : De la tristesse résignée. Soudain, il n’eut plus du tout envie de rire.  

 

Le geste si personnel et si intime de la jeune femme, qui avait eu témoin alors qu’il n’était pas censé en avoir un, avait fait l’effet d’une douche froide à Ryô, lui remettant violemment en mémoire tout ce qu’il aurait voulu offrir à celle qu’il aimait, sans pouvoir même le lui dire dans la réalité. Il pouvait bien jouer les imbéciles heureux, il connaissait le prix de l’argent bien mieux que ce qu’il ne le laissait croire à sa partenaire. En fait, c’était même elle qui le lui avait appris.  

 

Avant elle, avant son frère plus exactement encore, l’argent importait peu. Sa vie se déroulait au jour le jour et pourquoi faire des réserves alors que l’on ne verra peut-être pas se lever la nouvelle aube ? Sa vie se résumait à son boulot de nettoyeur et aux cabarets. Sa santé physique se frayait difficilement un passage entre les deux, juste ce qu’il fallait pour maintenir le professionnel au plus haut niveau en somme…  

 

Il n’avait pas encore d’appartement vraiment à lui à cette époque. La réalité d’un « chez-soi » était venue avec Maki, lorsque son ami avait démissionné de la police et qu’ils avaient commencé à travailler ensembles, tous les deux. C’était Maki qui avait insisté. Il voulait un endroit où ils pourraient parler boulot, où s’entraîner convenablement, où cacher des clientes… A force de patience, il avait réussi à convaincre le nettoyeur qui, lassé, s’était alors mis en chasse de la perle rare…qu’il avait fini par dégotter à Shinjuku. L’immeuble était quasiment inhabité de toute façon car même si Shinjuku était plutôt bondée comme banlieue (Mes cours de Géographie de Terminale qui parlent… ^^), ce coin-là n’était pas très sûr. Les locataires déjà présents n’étaient en conséquence déjà pas des oies blanches de la « société normale »…  

 

Ryô et Hide s’installèrent, Hide y passant la plus grande partie de ses journées alors que Kaori était en cours. Et Ryô lui-même se surprenait à y revenir de plus en plus régulièrement et à y rester de plus en plus longtemps. Petit à petit, l’immeuble se vida, les partants n’étant pas remplacés. Sans même avoir fait courir une quelconque rumeur, l’information selon laquelle City Hunter avait affaire de près ou de loin à cet immeuble circula vite et bien, faisant fuir la plupart des gens appartenant à la fraction de la population susceptible d’acheter là…  

 

Pas sûr que la Mairie en soit ravie, s’amusait souvent Ryô. Sacré trou financier quand même… Mais bon, il y avait encore un appartement habité et de toute façon à quoi servirait-il de raser l’immeuble ? Pour construire quoi ? Et puis Hideyuki avait eu la précaution d’écrire un testament dans lequel il léguait l’appartement à sa sœur. Kaori pouvait bien parler de « chez-lui » au début de leur partenariat, c’était administrativement chez elle ! Comment Ryô aurait-il pu posséder légalement quelque chose alors même qu’il n’avait aucune existence juridique ?  

 

Et voilà comment il en était arrivé à avoir un « chez-soi ». Qu’il avait fallu entretenir, avec Maki et, désormais, Kaori. Si pour d’autres un « appart’ » n’était jamais que quatre murs, Ryô ressentait vraiment le sien comme son petit coin à lui, son domaine privé, son havre de paix en quelque sorte… Ici, c’était le symbole matériel de son côté sentimental. Ici, c’était le point d’attache où l’on peut toujours revenir, le repère. Ici, c’était…Kaori. D’abord Maki, mais maintenant Kaori.  

 

En attendant, c’était un trésor qu’il fallait conserver ! Pas du genre la cassette de pièces d’or que l’on cache sous un lit… Et pour cela, il fallait s’employer à ne pas se faire expulser !!! Aussi, contrairement à ce que pensait sa partenaire qui lui reprochait TRES régulièrement son côté tonneau des Danaïdes, il faisait bien plus attention qu'avant. Bon, ok, il ne serait jamais du genre à tenir la liste de ses dépenses, mais pour ça il y avait Kaori non ? (^^)  

 

Enfin, il s'éloignait de son sujet là. Ce qui le préoccupait surtout dans l'instant présent ce n'était pas tant ses dépenses que celles de la jeune femme non loin de lui. Ryô savait pertinemment bien qu'elle par contre ne s'offrait jamais rien, se mettait souvent et spontanément à la diète pour compenser ses écarts et ne se faisait jamais plaisir, qu'il s'agisse de nourriture, de vêtements ou d'un quelconque autre accessoire... Et le coup d'œil d'il y a quelques secondes dénotait le regret du côté féminin de sa Kaori.  

 

Le côté financier n'était bien sûr pas seul en cause, leur métier n'était pas non plus tout à fait propice aux longues robes tombant jusqu'aux pieds ou à ces hauts talons sur lesquels lui-même se tordrait les pieds au moindre pas... Mais quand même...  

 

Sayuri le lui avait reproché un jour, il y a longtemps : D'empêcher Kaori de se réaliser en tant que femme. Cette histoire de boucles d'oreilles qui parviennent en un tournemain à transformer une « Marguerite » en « fille de roi qu'on salue au passage » l'avait fait rire, mais pour la jeune femme ce n'était que le rappel qu'elle-même n'était qu'une « Marguerite », une Marguerite qui rêvait visiblement de cette métamorphose, elle aussi...  

 

Ryô lui en restait aux grands proverbes : L'habit ne fait pas le moine et l'argent ne fait pas le bonheur. Et puis de toute façon, ça l'arrangeait bien tout ça : Il avait déjà suffisamment de mal comme ça à résister à sa partenaire !!! Mais il semblait que pour Kaori c'était une autre histoire et Ryô pouvait en comprendre les raisons. C’était une femme amoureuse et l'objet de son tourment ne cessait de la rabaisser sur sa féminité et autres... Comment ne voudrait-elle pas avoir l'occasion de se mettre en valeur à ses yeux ? Et il ne pouvait même pas lui dire qu'elle n'aurait jamais besoin de sublimes parures pour être belle, elle était naturellement magnifique sans même s’en rendre compte, ce qui ne faisait qu'ajouter à son charme... Quel besoin dès lors avait-elle de bijoux ou de robes ? Pas besoin d'attirer les carnivores, il se voulait le seul à avoir le droit de poser les yeux sur elle... (Territorial le Ryô, hein ! ^^)  

 

Aussi assista-t-il, silencieux, au LONG dialogue entre ceux que l'on ne pouvait même pas appeler encore amants, dialogue qui représentait pour Ryô toutes les niaiseries du monde réunies ! Qu'allait-elle donc faire à parler de sa sœur quand un homme lui fait la cour ? Il réclame ses grâces, pas sa généalogie !!! Et Ryô avait toujours trouvé un peu stupide cette manière de flirter qu'ont les amoureux : Faire semblant de ne pas être intéressé lorsqu'en même temps on fait passer des signaux très clairs comme quoi on l'est.  

 

Lui qui savait tout le prix de la vie et combien tout peut s'arrêter d'une seconde à l'autre ne comprenait vraiment pas ce qui pour lui n'était que perte de temps. Là résidait l'explication de ses techniques de drague légèrement...« expéditives », pour le moins ! (...) Dans l'amour, le meilleur c'est l'attente ? Ryô n'avait pas de temps pour attendre, il ne l'avait jamais eu et ne l'aurait probablement jamais. Pour ce qu'il connaissait de l'amour de toute façon... Le sexe, oui, ça c'était son rayon. Mais l'amour ?  

 

L'amour était un terrain ennemi, inconnu et miné. Et personne ne lui avait jamais montré comment déjouer les pièges de ce terrain d'un nouveau genre. Désamorcer une bombe chimique il savait faire, le sexe aussi, mais l'amour il n'y connaissait au vrai pas grand-chose sinon rien.  

 

Il était d'ailleurs facile de repérer très précisément le moment où il était tombé amoureux de Kaori : C'est quand il avait arrêté de faire Mokkori pour elle. Comme il l'avait expliqué à Takuya, qui n'avait que trop bien compris d'ailleurs, il ne la considérait plus alors comme une femme, pas une femme comme toutes les autres en tout cas. Pour les autres, montrer son désir était un compliment, ce dont il avait tenté avec plus ou moins de succès selon les moments de convaincre Reiko Yuki... Pour Kaori, cela devenait une injure.  

 

Elle était au-dessus de ça, et même s'il n'avait pas de temps, même s'il n'avait jamais été le genre d'hommes à attendre, même si seul le sexe l'avait jamais intéressé, pour elle c'était tout autre chose. Avec elle il ne pouvait pas agir ainsi, il l'aurait rabaissée. Mais alors, comment ?  

 

Il ne connaissait rien d'autre, tout simplement. Sans parler de toutes les questions métaphysiques sur son métier, l'opposition ombre/lumière, diable/ange, mal/bien qu'ils représentaient ou sa supposée incapacité à la rendre heureuse... Mais même en dehors de tout ça, il n'y avait plus de mode d'emploi, en particulier pour une femme telle que Kaori pouvait l'être, et cela terrifiait Ryô, lui qui avait toujours le contrôle sur tout ou voulait en donner l'impression...  

 

« Je ne comprends pas... »  

 

La phrase avait été murmurée, sans doute inconsciemment mais l'ouïe fine de Ryô la capta tout de même. Sa curiosité piquée au vif, il releva la tête pour découvrir Kaori apparemment plongée dans ses pensées, contemplant l'écran les sourcils froncés comme si quelque la gênait ou l'ennuyait...  

 

« Qu'y a-t-il Kaori ? Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? »  

 

Surprise, la jeune femme sursauta légèrement avant de se tourner vers lui. Tout en la regardant, Ryô laissa une partie de son cerveau écouter en arrière-plan la musique et les chants qui continuaient, réalisant qu'ils en étaient entretemps passés à la phase « mais oui, au final tu as raison je t'aime ». D'accord, peut-être que c'était un brin plus poétique... Mais ça revenait toujours au même. Et l'homme commençait à demander plus que ça, la conséquence logique à vrai dire... Toujours pareil, on vous dit ! Et quand on pense que ces deux-là ne s'étaient jamais parlés avant le don des bijoux... ça frisait l'achat de faveurs tout ça dans l'esprit de Ryô. S'il suffisait pour séduire une femme du premier coup de lui offrir une parure...  

 

« Oh rien Ryô, ce n'est pas grave... » lui parvint alors la voix de sa partenaire.  

« Tu ne comprends pas quoi ? Qu'ils mettent si longtemps pour en venir à l'essentiel ? Ouais t'as raison, moi non plus ! » plaisanta Ryô, espérant l'amener à se débloquer en la faisant sortir de ses gonds.  

« Et si ce n'était pas « ça » l'essentiel ? »  

« Quoi « ça » ? Le sexe tu veux dire ? » répliqua Ryô, convaincu que c'était là encore le côté romantique de Kaori qui ressortait.  

« Non, je ne parlais pas du sexe. » répondit la jeune femme sans même rougir, songeuse.  

« Quoi alors ? » fit Ryô, véritablement intrigué à présent. Kaori soupira, puis finalement lâcha :  

« Ce que je ne comprenais pas, c'est quand elle lui avoue enfin qu'elle est tombée amoureuse. »  

« Pourquoi, cet Alagna te déplaît à ce point ? » intervint Ryô, agréablement surpris. D'après ce qu'il avait entendu dire, les femmes lui trouvaient beaucoup de charme. C'était un Italien après tout... Enfin, c'était aussi comme n'importe quoi d'autre, la pièce avait deux faces : Certains l'encensaient, d'autres le descendaient en flèche. Il aurait été bien incapable de départager du point de vue chant...  

 

« C'est pas ça... » répondit Kaori, sans se rendre compte que sa réponse n'enchantait guère le nettoyeur. « C'est juste qu'elle lui dit qu'elle l'aime et juste derrière elle lui sort qu'elle... »  

« Qu'elle quoi, Kaori ? » Sur quoi donc un air d'Opéra avait-il mis le doigt chez la jeune femme ?  

« Qu'elle veut mourir pour lui. » souffla Kaori en détournant le regard. La respiration de Ryô se bloqua dans sa gorge à ces mots. Oh non, pas ce chapitre-ci, tout sauf celui-là...  

« Et ? » l'encouragea-t-il malgré l'envie de s'enfuir dans la direction opposée qui le prenait. Pas qu'il soit lâche, mais là ce n'était même plus mettre le pied sur un terrain miné, cela relevait du suicide ! En engageant cette conversation, il prenait le risque de la voir s'engager en des lieux qu'il ne voulait vraiment pas découvrir... Qu'il aurait aimé découvrir à vrai dire, mais qu'il ne verrait probablement jamais...  

 

« Et je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment on peut dire à la fois qu'on aime quelqu'un et qu'on veut mourir pour lui. ça... ça n'a pas de sens ! Si l'on est amoureux de quelqu’un, on va vouloir passer le plus de temps possible avec cette personne non ? Le but du jeu c'est de vivre avec l'intéressé pendant très longtemps, pas de mourir avant même d'avoir eu le temps d'en profiter ! »  

 

Ryô considéra un moment la jeune femme et son visage devenu passionné avant de répondre d'un laconique :  

« C'est de l'Opéra, Kaori. » qui parut décevoir la jeune femme.  

« Je sais bien. » reprit-elle rapidement. « Je sais que c'est de l'Opéra et qu'il faut donc du tragique et que tout le monde meurt à la fin, et des amours contrariés... » finit-elle avec un geste de la main comme pour rejeter des notions sans importance. « C'est juste que cette notion me dérange. »  

 

Ryô voyait très bien pourquoi. Non seulement c'était dans son caractère, mais en plus c'était une conséquence logique de leur métier. Ils risquaient leurs vies tous les jours ou presque, normal qu'elle ait une telle envie de vivre ! Et en prime elle ne pouvait pas clamer son amour pour lui au grand jour... C'était un rêve irréalisable et sans doute à jamais irréalisé. Alors qu'une femme qui disposait de cette chance à son bon vouloir parle de mourir par amour ne pouvait que la hérisser, c'était évident...  

 

Les deux nettoyeurs se tournèrent ensembles de nouveau vers la télé, juste à temps pour être témoins de la scène où Marguerite « supplie » son amoureux transi de partir loin, JUSTEMENT parce qu'elle l'aime. Elle lui demande de la quitter s'il a la moindre réelle « affection » comme on disait à l'époque de l'intrigue pour elle. Parce qu'elle a peur, peur qu'il ne brise son cœur. La pauvrette ne pourrait le supporter.  

 

« J'hallucine... » entendit-il marmonner Kaori.  

« Hum ? » fit-il simplement en réponse, sachant très bien qu'à ce stade c'est tout ce qu'il faudrait pour lancer la jeune femme.  

 

Et en effet...  

 

« J'hallucine ! » explosa-t-elle aussitôt. « Elle l'aime mais elle a trop peur de prendre le risque de vivre ? Je n'ai jamais rien entendu de plus stupide ! »  

« Kaori, calme-toi, tu... commença Ryô.  

« Non ! Enfin, regarde Saeko ! Tu ne crois pas qu'elle regrette de na pas avoir saisi la chance tant qu'elle en avait l'occasion avec mon frère ?! »  

 

Le visage de Ryô se ferma à ces mots. Il était trop impliqué dans la situation pour garder réellement la tête froide, même si beaucoup de temps avait passé et qu'entretemps il était tombé amoureux de Kaori. Mais tout de même, Saeko avait toujours une place particulière dans sa vie et le fait de ne pas en être « la » femme n'y changeait absolument rien...  

 

Kaori s'aperçut instantanément du retrait du nettoyeur et se mordit la lèvre. Elle n'aurait pas du parler de ça. Mais cette situation la touchait particulièrement, elle qui attendait depuis si longtemps que Ryô ne fasse qu'un pas vers elle ! Elle acceptait de rester à ses côtés alors qu'il ne lui offrait que des miettes de son attention en retour, elle risquait chaque jour sa vie, avec lui, et il y avait belle lurette qu'elle avait oublié d'avoir peur qu'il brise son cœur. C'était trop tard pour de telles considérations, la machine était lancée et il n'y avait pas de retour en arrière.  

 

Dans la situation présente, son cœur n'était pas heureux, certes, mais il n'était pas encore brisé non plus. Il ne l'était pas parce que Ryô était encore là à ses côtés, malgré tout. Cette femme reculait au bord du vide, hésitant et tergiversant, se demandant si elle allait réellement avancer de ce pas fatidique ou pas, par peur d'une chute à l'arrivée. Kaori y avait plongé la tête la première, quelque part sans même réfléchir. Elle aimait et c'est tout ce qui avait de l'importance. Et cet amour n'avait fait que grandir et s'approfondir au fils des années passées auprès de Ryô. Il était l'homme de sa vie, aussi romantique que cela puisse paraître, et dans ces cas-là on ne s'arrête pas pour peser le pour et le contre. On prend le risque sans même y penser.  

 

Huit ans plus tard, elle ne savait toujours pas si elle avait eu raison de parier sur sa vie...  

 

« Excuse-moi, Ryô. » reprit-elle à haute voix. « Je n'aurais pas du aborder ce sujet. »  

« C'est rien. »  

 

Réponse un brin bourrue qui apprit à Kaori qu'il aimerait qu’elle en revienne à ses amours et se remette à regarder la télévision. Mais elle avait encore quelque chose à dire, à LUI dire plus exactement. Pas désarçonnée pour deux sous, trop habituée à sa tête de mule de partenaire, elle continua :  

« Tu sais, je voudrais te dire quand même... Pour tout à l'heure... L'essentiel n'est finalement peut-être ni le sexe ni...  

 

Ryô était silencieux, la considérant comme si ses mots n'étaient pas plus importants que d'autres, mais elle voyait à son regard qui ne variait pas qu'elle avait toute son attention pour une fois...  

 

...ni le fait de pouvoir vivre ensemble au grand jour."  

 

Il haussa un sourcil, apparemment amusé mais elle voyait également la peur cachée derrière la façade, et elle sut instantanément qu'il avait mal compris ses paroles. Oui elle parlait d'eux, mais non elle ne proposait pas de garder leur amour uniquement caché dans le cocon de leur appartement !!!  

 

« Je veux dire, » continua-t-elle précipitamment, « l'essentiel c'est peut-être tout simplement d'être vivants, d'être vivants ensembles. » rajouta-t-elle après réflexion. « C'est de l'Opéra alors tout le monde meurt à la fin, ok, mais toutes les histoires ne finissent pas ainsi. Et on devrait être heureux simplement lorsque la personne qu'on aime est vivante et près de nous, et souhaiter qu'elle le reste longtemps. C'est suffisant. L'essentiel, c'est ça. Et qu'elle le sache. »  

 

Kaori finit sa tirade en regardant son partenaire droit dans les yeux. Elle n'avait aucune idée de comment Ryô allait réagir à sa petite tirade, elle ne savait pas elle-même pourquoi elle avait dit tout ça à vrai dire. Mais cette histoire d'Opéra, et d'Opéra qui finit majoritairement toujours mal... ça l'avait juste touchée par rapport à sa propre vie et elle voulait juste dire à Ryô qu'au final, le plus important n'était pas qu'il soit amoureux d'elle ou pas, ce n'était pas qu'il le lui avoue ou pas et ce n'était pas qu'ils puissent le vivre ou pas. Ce qui comptait réellement, c'était qu'il soit là, présent dans sa vie, telle une constante qui n'avait plus jamais varié depuis si longtemps. C'était suffisant, mais elle en avait besoin. Elle lui disait aussi qu'elle s'en contenterait tant qu'il ne cherchait pas à l'éloigner de sa vie. Tout ce qu'elle demandait, c'était sa présence.  

 

Le silence s'étira pendant quelques instants difficiles pour la jeune femme, tandis que Ryô continuait de la dévisager avec ce fichu regard qui savait se faire si pénétrant. Kaori savait qu'il avait parfaitement compris le message, mais elle savait aussi qu'il avait terriblement peur de tirer au clair leur situation, dans un sens ou dans l'autre. En même temps, ces derniers mots disaient aussi qu'elle ne lui sauterait pas dessus comme une bête en chaleur, donc...  

Elle espérait sincèrement aussi qu'il ait compris le sens de ses paroles lorsqu'elle avait dit que « toutes les histoires ne finissent pas toujours tragiquement, comme à l'Opéra »...  

 

Encore quelques secondes de ce silence qui devenait insupportable, puis enfin Ryô lui répondit. Il parla lentement, comme avec précaution, tel un homme qui choisit ses mots avec beaucoup de soin :  

« Eh bien, si Saeko lui avait dit cela, je suis sûr », commença-t-il en appuyant sur le « sûr » et non un simple « certain » ou « persuadé », « je suis sûr qu'il ne serait pas mort. »  

 

La respiration de Kaori se bloqua dans sa gorge à ces mots. Est-ce que...  

 

« Parce qu'il n'aurait jamais eu l'indécence d'ôter cela à une femme qui l'aurait aimé ainsi. »  

 

« Ryô... » souffla Kaori, bouleversée. Bouleversée parce qu'il ne parlait bien évidemment pas de Saeko et Maki. C'était une promesse : Une promesse de rester en vie. Et c'était encore bien plus que celle de toujours passer leurs anniversaires ensembles : Cette promesse-là signifiait qu'il la garderait près de lui, qu'il ne chercherait plus à lui faire quitter sa vie. Cette promesse-ci par contre, cette nouvelle promesse... Bien sûr que c'était irréel, bien sûr qu'on va « tous mourir un jour », bien sûr que les réalistes et les cyniques souriraient... Mais peu importait à Kaori.  

 

Et puis... Elle lui avait presqu'ouvertement avoué qu'elle l'aimait et elle n'avait pas eu droit à une pique « made in Saeba » en retour. Il ne s'était pas défilé d'une moquerie et il n'avait pas fui au loin. Alors peut-être... Peut-être, un jour...  

 

Kaori pouvait se permettre tous les rêves plus fous les uns que les autres à présent, puisque Ryô lui avait fait la plus belle des promesses : La promesse qu'il vivrait. Qu'il vivrait parce qu'elle l'aimait. En résumé : Qu'il vivrait pour elle. 

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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