Capitolo 2 :: Le jeu du chat et de la souris

Pubblicato: 23-01-03 - Ultimo aggiornamento: 23-01-03

Commenti: Kaori revient de son voyage plus sûre plus déterminée que jamais. Cette métamorphose permettra-t-il à Ryô d'ouvrir enfin les yeux ?

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Immeuble de Ryô Saeba, quartier de Shinjuku,  

Lundi 5 juin, 13h 31  

Avec un soupir de soulagement, Kaori déposa le reste de ses bagages dans le couloir et se passa les mains dans ses cheveux. Le plus dur était derrière elle et c'est avec un sourire de satisfaction et de triomphe qu'elle regarda ses trois valises posées sur le sol. Il est vrai que monter trois valises au cinquième étage et sans ascenseur pouvait être considéré comme un sport de haut niveau. Il lui avait fallu pas moins de trois voyages pour le faire et maintenant elle était complètement lessivée. Comme elle le pressentait, Ryô n'était pas là pour l'aider ni même pour l'accueillir. Elle avait tout de même fait l'effort de le prévenir deux jours à l'avance de son retour pour que Monsieur Saeba puisse la caser dans son emploi du temps surchargé. Mais non, encore une fois, elle s'était faite un film en imaginant qu'elle ait pu lui manquer un tout petit peu et que Ryô, pour une fois, soit là avec un grand sourire et quelques bonnes attentions. Les nerfs à vif, Kaori frappa du pied une de ses valises et le regretta amèrement. Elle jura et se mit aussitôt à trottiner sur place pour faire passer la douleur.  

Ses affaires dans sa chambre, Kaori se dirigea d'un pas léger vers le salon et ne put réprimer un cri d'horreur lorsqu'elle découvrit la pièce. Des magazines, des restes de nourritures, des vêtements sales étaient éparpillés partout sur le sol et le canapé. A en juger par l'état de la pièce, Ryô n'avait pas fait énormément de ménage depuis qu'elle était partie. Il s'était laissé vivre comme à son habitude et n'avait rien changé à ces agaçantes petites manies. Kaori s'avança lentement dans le salon et se mit à compter le les boîtes de pizzas et de soupes préparées qui décoraient (façon de parler!) le parquet. Elle ne put s'empêcher de sourire et pensa que cette chère Erika n'avait, en fin de compte, aucun don pour la cuisine et pour le ménage. Décidément, Ryô Saeba ne pouvait pas se passer d'elle. Frénétiquement, elle se mit à ricaner mais se traita aussitôt de folle. Elle passerait le reste de l'après-midi à rendre cet endroit présentable et elle n'avait pas encore vu l'état de la cuisine. Rien que d'y penser, Kaori se sentit encore plus exténuée.  

Cats'eye café, quartier de Shinjuku,  

Lundi 5 juin, 16h26  

Le regard de Miki balaya avec une petite pointe de désolation son café vide. Il était à peine 16h30, c'est à dire l'heure à laquelle les clients affluaient en grand nombre, et Ryô les avait déjà tous fait fuir. Il est vrai que voir un homme tel que Umobitzu se mettre en colère et balancer un client, qui justement s'appelait Ryô, contre le mur était à la fois effrayant et impressionnant. De quoi ruiner la clientèle d'un café! Miki lança un regard meurtrier à Ryô qui essayait désespérément de se cacher dans sa tasse de café. Elle avait tellement hâte que Kaori revienne et la débarrasse un peu de cet exaspérant étalon de Shinjuku. Jamais elle n'aurait pensé qu'il aurait été autant perdu sans Kaori!  

La clochette de la porte du café retentit et Mick Angel fit son apparition. Apparemment, il était d'excellente humeur et affichait un sourire digne d'un acteur de pub pour dentifrice. Il s'approcha de Ryô et lui tapa sur l'épaule.  

- Alors Ryô, tu t'es remis de la fiesta de cette nuit? Ca faisait bien longtemps qu'on s'était pas marré comme ça!!  

Ryô grommela quelque chose d'incompréhensible et dévoila son visage cerné et fatigué à son ami.  

- Ouais mais c'est pas toi qui doit ranger tout l'appart avant que Kaori ne débarque. Je n'ai pas envie qu'elle croit que je ne peux pas vivre correctement sans elle!!  

Miki souffla très fort et se racla la gorge. Quel toupet!! Quand Ryô n'était pas chez lui, il était soit au café soit carrément chez elle et Falcon. Et tout ceci commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs. Mick sortit une cigarette et demanda un café à Miki.  

- Justement, la vérité est que tu ne peux pas vivre sans elle et je t'avoue que je te comprends. Elle me manque beaucoup!!  

La sonnette de la porte retentit une seconde fois et cette fois-ci, c'était une Kaori toute bronzée et toute souriante qui fit son apparition. Vêtue d'un débardeur blanc et d'un pantacourt en jean, elle semblait particulièrement en forme (même après trois heures de ménage non-stop!!).  

- Qui est-ce qui te manque Mick?  

Miki prit Kaori dans ses bras et Mick lui sourit tendrement.  

- Devine??  

BANG!!! Ryô était tombé de sa chaise dés qu'il entendit le son de la voix de Kaori. Elle ne devait pas revenir avant demain et l'appartement était un vrai dépotoir. Elle allait encore s'imaginer des choses comme que le plus grand nettoyeur du Japon ne pouvait pas vivre sans elle et ça, il ne le voulait pas. Kaori s'agenouilla près de Ryô, lui sourit à pleines dents et sortit un petit marteau de son sac.  

- J'avais espéré, Ryô, que tu serais là pour m'accueillir et que tu aurais gardé l'appartement dans un état un peu plus présentable. BANG!!! (Petit coup de marteau). Dois-je te rappeler que je ne suis pas ta bonne et que tu es assez grand pour ranger tes affaires!!!! BING!!! (moyen coup de marteau).  

Ryô s'agenouilla rapidement devant son associée et se prosterna devant elle.  

- Attends Kaori!! Tu étais sensée rentrer demain et non aujourd'hui! J'avais l'intention de faire le ménage, je te le jure!!  

Kaori resta interloquée par les propos de son partenaire. Elle fit un rapide calcul sur ses dix doigts et se mit à rire nerveusement. Elle tapa doucement et gentiment, cette fois, le bras de son associé et s'excusa.  

- Désolé Ryô, je crois que je suis revenue un jour en avance!!!  

Miki et Mick s'esclaffèrent devant le tête défaite de Ryô et demandèrent à Kaori comment s'étaient passées ses vacances. Mick trouvait tout simplement Kaori sublime. Sa peau hâlée contrastait avec la blancheur de son débardeur, ses cheveux avait pris quelques centimètres et certaines mèches avaient éclairci au soleil. Elle semblait avoir trouvé le poids idéal et son corps paraissait plus musclé qu'avant. Et surtout, elle avait un magnifique sourire et des yeux qui pétillaient de malice. Bref, elle était heureuse de vivre et Mick était content pour elle. D'ailleurs, il n'était pas le seul à avoir remarquer les changements intervenus chez Kaori. Miki en était plus que ravie et soulagée pour son amie et Ryô complètement abasourdi par la beauté qui émanait de sa partenaire. Il était toujours par terre et en profitait pour la regarder sous toutes les coutures. Jamais de sa vie, il ne l'avait vu si joyeuse et si éclatante. Il se sentit soudain jaloux des personnes qui lui avait apporté ce bonheur et surtout jaloux de l'homme pour qui elle avait fait tous ces efforts. Car il savait bien que seul un homme pouvait pousser une femme à s'embellir. Et tout au fond de lui, il espérait que cet homme, ce soit lui.  

Les trois amis s'installèrent au comptoir tandis que Kaori se battait avec les cadeaux qu'elle avait rapportés de ses vacances. Mick et Ryô ouvrirent de grands yeux étonnés devant leur chemise hawaïenne alors que Miki s'émerveilla devant un magnifique coquillage rose trouvé sur la plage. Kaori sortit une énorme chemise pour Falcon et précisa à Miki qu'elle était faite main et sur mesure. Ryô regarda son associée d'un air soupçonneux.  

- Dis-moi Kaori, où as-tu passée tes vacances au juste?  

Kaori devint rouge comme une tomate et tritura ses mains.  

- Je te jure que je savais pas que sa maison de campagne était à Hawaï .  

Les épaules de Ryô s'affaissèrent d'un coup et on pouvait entendre comme des gémissements sortir de sa bouche.  

- Je suis désolée Ryô... la prochaine je demanderai à Akari si tu peux venir avec nous!  

Loin de s'en faire pour Ryô, Kaori se fit un plaisir de faire un exposé de ses activités à Hawaï. Piscine chauffée, tennis, golf, plage, surf, bowling, ski nautique, plongée sous-marine, grande réception, farniente... Kaori n'avait jamais passé de vacances aussi fabuleuses. Bien que tout au fond de son coeur, elle aurait aimé les partager avec Ryô. Il lui avait incroyablement manqué et c'est avec un effort de volonté qu'elle se retenait de lui téléphoner tous les jours. En plus, l'ami d'Akari, Dave Chambers n'avait pas arrêté de la coller et c'est tout juste si elle pouvait prendre une douche toute seule. Elle avait senti qu'elle lui plaisait mais, pour elle, seul Ryô comptait. Elle avait pourtant essayé de faire comprendre à ce Dave qu'il ne l'intéressait pas mais son trop peu d'expérience voire son inexpérience totale avec les hommes ne l'aidait guère dans cette tâche. Elle espérait simplement que de retour au Japon, Dave s'amourache d'une autre fille et l'oublie définitivement.  

- Et tu as vu des requins? ... parce qu'il paraît qu'à Hawaï, les requins adorent les Japonaises!!  

Ryô sortit de sa bouderie et prit un malin plaisir à répondre à la place de Kaori.  

- T'inquiète pas Mick! Dès qu'ils ont vu Kaori en maillot, ils ont pris leur aileron à leur cou!!!  

BANG!!! Ryô reçut une grosse massue hawaïenne sur le tête et piqua du nez dans sa tasse.  

Kaori sauta de sa chaise, prit son sac et s'étira élégamment les bras. Elle se sentait en pleine forme malgré les réflexions de Ryô et avait une soudaine envie de faire des courses. Au vu du réfrigérateur désespérément vide, elle s'était rendue compte que Ryô n'avait pas fait souvent les courses. Elle se doutait qu'à part les pizzas et les repas chez Miki (merci le téléphone!), il ne s'était pas souvent approcher de la cuisinière. Elle attrapa Ryô par le col de son tee-shirt et se retourna vers Miki et Mick.  

- Ryô et moi devons aller faire des courses vu que Monsieur Saeba n'a pas pris la peine de remplir les placards... Au fait j'organise une petite soirée vendredi pour fêter mon retour de vacances alors je compte sur vous tous!!  

Kaori traîna Ryô derrière lui et fut rattrapée par Mick avant qu'elle ne passe la porte.  

- Attends, Kaori, je viens avec vous!  

Quelque part dans le quartier de Shinjuku,  

Lundi 5 juin, 17h26,  

Tout en regardant les boutiques, Kaori marchait tranquillement dans la grande rue de Harajuku devant Ryô et Mick. Mick avait les yeux rivés sur la jolie silhouette de l'associée de son ami et, vu la tête qu'il affichait, il pensait à d'autres choses qu'aux courses. Ryô, traînaillant comme à son accoutumé, réprimait l'envie de mettre une raclée à tous ces hommes qui bavaient littéralement sur sa partenaire. Qu'était-il arrivé à Kaori durant ces vacances? Elle se montrait si confiante, si sûre d'elle tout-à-coup comme si elle testait son pouvoir de séduction. Petit sourire par-ci, petit clin d'oeil par-là. Ryô sentit un frisson glacé lui parcourir le dos car ce qu'il craignait le plus se concrétisait en ce moment et devant ses yeux. Kaori était devenue une femme et elle avait pris conscience de ça. Et lui, il était un homme... un homme qui aimait les femmes. Comment allait-il gérer ça? Les yeux de Ryô tombèrent sur le visage lubrique de Mick et n'y tenant plus, il lui tapa sur le tête.  

Immeuble de Ryô Saeba, quartier de Shinjuku,  

Mardi 6 juin, 10h31,  

Kaori entra doucement dans la chambre de Ryô et le trouva encore une fois lové dans son édredon. Elle eut une petite pensée pour cette Erika, sentit la colère monter doucement mais reprit contenance. Si elle voulait que son plan fonctionne, il fallait qu'elle maîtrise un temps soit peu ses excès de fureur. Pendant ses vacances, elle avait pu prendre du recul et s'était rendu compte qu'elle s'y prenait mal avec Ryô. Elle ne pouvait pas le changer mais, elle, elle pouvait changer! Elle devait prendre les choses en main et pour ce faire, elle avait observé plusieurs hommes qui lui avaient fait comprendre qu'elle était jolie et désirable, elle avait écouté les conseils d'Akari, de maquilleuses et autres professionnelles de la mode pour se mettre un peu plus en valeur et elle s'était remise en forme. Dès lors son moral était au plus haut et c'était une Kaori bien plus forte et séduisante qui avait posé les pieds sur le sol de Tokyo. Ryô marmonnait dans son sommeil et Kaori s'agenouilla près du lit. Le visage de l'homme était tout proche du sien et elle dut prendre une grande inspiration pour se donner du courage. Ses joues rosirent un peu et Kaori embrassa tendrement le front de son partenaire en lui demandant gentiment de se réveiller. Elle remit une mèche folle en place et se leva. Le visage tout rouge, elle rejoignit nerveusement la porte et déclara d'une voix timide "ton déjeuner est prêt".  

Kaori sortie, Ryô se tourna sur le dos et regarda longuement le plafond. Ce qu'il redoutait le plus était vraiment en train d'arriver. Kaori était décidée à le séduire et Ryô se demanda jusqu'où elle pourrait aller pour qu'il réponde à ses sentiments. Il grogna... Dieu que ça allait être difficile de lui résister! Le simple baiser qu'elle avait déposé sur son front l'avait complètement retourné et il pouvait encore sentir l'odeur subtil de son gel douche à la vanille flotté dans la chambre. Frustré, il balança son édredon contre le mur et se promit à lui-même qu'il ferait tout pour ne pas craquer.  

Cat's eye café, quartier de Shinjuku,  

Mardi 6 juin, 11h26,  

Kaori était plongée dans ses pensées et n'écoutait pas un traître mot de la conversation de Miki et de Kasumi. Elle n'avait pas eu le courage d'affronter Ryô au petit déjeuner et s'était lamentablement enfuie à la première occasion. Pour se donner bonne conscience, elle était passée voir le tableau de messages à la gare et après elle s'était rendue directement au café de son amie.  

- ... ils n'auraient jamais dû le laisser partir! Comment crois-tu que la série va évoluer si nos deux agents préférés sont séparés? Scully sans Mulder, c'est un peu comme Ryô sans Kaori! Inimaginable!!  

Les poings sur les hanches, Kasumi attendait la réponse de sa patronne et la réaction de Kaori. Le sourire aux lèvres, Miki haussa les épaules et se tourna vers son amie.  

- Je ne sais pas vraiment! Je trouve pas mal le couple Doggett-Reyes et puis c'est la dernière saison alors... qu'en penses-tu Kaori? ... Kaori, tu es avec nous?  

Kaori regarda d'un air hagard ses amies et eut un petit sourire contrit.  

- Je suis désolée mais je n'ai rien écouté...  

Miki se pencha vers son amie et la regarda dans les yeux.  

- C'est Ryô, n'est-ce pas? Il n'a pas été gentil avec toi depuis ton retour et ça te travaille un peu? ... Ne t'inquiètes pas Kaori, je suis sûre que tu lui as énormément manqué mais il est trop timide pour te l'avouer, tu le connais!  

Kaori devint rouge comme une tomate et commença à s'agiter sur sa chaise.  

- Mais non... pas du tout... c'est juste le décalage horaire...  

Devant l'air gêné de Kaori, Miki et Kasumi échangèrent un sourire complice qui redoubla d'intensité à l'entrée de Ryô. Ce dernier se précipita directement sur cette chère Miki et reçut un marteau de 1000t décoré de petits palmiers sur sa jolie tête. BANG!!! Kaori entendit un vague " ça faisait longtemps" , grommela un "pourquoi c'est lui que j'ai choisi" et sortit furieuse du café en claquant la porte devant l'air ébahi de ses amies.  

Miki s'approcha du visage déformé de Ryô et lui cria aux oreilles.  

- Tu n'es qu'un imbécile, Ryô Saeba! Il serait peut-être temps que tu penses un peu plus aux sentiments de Kaori et un peu moins à ta libido! Un des ses jours, tu vas vraiment la perdre!! ... Ryô!! ... Tu pourrais répondre quand je te parle!!!  

Ryô s'installa confortablement sur sa chaise et fit signe à Kasumi de lui préparer un café.  

- ...  

Miki commençait sérieusement à s'énerver et avait une folle envie de le claquer.  

- Je ne plaisante pas Ryô! Tu n'es plus le seul à t'intéresser à Kaori! Tu sais le beau jeune homme brun dont je t'ai parlé... eh bien... elle m'a avoué qu'il lui plaisait énormément (Miki s'en voulait un peu de mentir mais elle en avait assez de voir Kaori souffrir)...  

- Génial, Kaori va enfin avoir un petit ami!  

- Tu n'es pas drôle Ryô! ... Et puis, après tout, fais ce que tu veux!! ... Mais ne viens pas te plaindre le jour où Kaori te laissera tomber comme une vulgaire chaussette pour un homme qui aura un tant soit peu de respect et de sentiments pour elle... Tu t'en mordras les doigts car jamais de ta vie tu ne trouveras une femme qui t'aime et te comprend comme elle.  

Ryô en avait assez de cette conversation. Bien sûr que Miki avait raison, bien sûr qu'il risquait de perdre Kaori un jour ou l'autre. Il l'aimait tellement, elle était son rayon de soleil, sa force de vivre. Mais tout au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de croire qu'il existait une petite chance pour elle de vivre une vie normale, loin du crime et de la violence. Et tant que cette petite voix serait là, il n'avait pas le droit de dévoiler ces sentiments. Il avait fait une promesse à son meilleur ami et il la respecterait. Et cela même si le prix à payer était de perdre la femme qu'il aimait.  

Immeuble de Ryô Saeba, quartier de Shinjuku,  

Mardi 5 juin, 18h26,  

Kaori avait repris du poil de la bête. Après avoir flâné dans les boutiques et après avoir parlé à Akari, son moral était de nouveau au beau fixe. Innocemment, elle avait cru que tout allait changer en un claquement de doigt et que Ryô lui tomberait directement dans les bras. Mais Ryô était Ryô et elle devait faire avec. Regonflée à bloc, elle se remit à l'ouvrage et confectionna un délicieux dîner pour celui qu'elle aimait plus que tout au monde.  

Ryô lisait une de ses revues érotiques quand il entendit le joli filet de voix de Kaori. Il avait été plus que surpris de la retrouver d'excellente humeur à son retour vu son départ précipité du café ce matin même. Plus il essayait de la comprendre, moins il y arrivait. Il s'approcha en silence de la cuisine et observa soigneusement sa partenaire. Elle était rayonnante et très attirante dans son petit tablier bleu. Elle portait un de ses tee-shirt à la mode qui ne cachait rien de son ventre plat, un pantacourt en jean qui mettait en valeur ses jolies mollets tout bronzés et, au grand étonnement de Ryô, elle était pieds nus. Il n'avait jamais remarqué la chaîne qui ornait sa cheville et se demanda qui la lui avait offerte. Son cerveau songea tout de suite à cet espèce de gentleman de pacotille dont Miki lui avait parlé et il ressentit aussitôt une vague de jalousie le submerger.  

La sonnette de la porte d'entrée retentit et Kaori demanda à Ryô d'aller ouvrir. Traînant les pieds, il s'exécuta et fut étonné de trouver sur le palier Saeko, accompagnée de Mick. Il sauta tout de suite sur son inspectrice préférée mais fut immédiatement arrêté par un coup de massue. BANG!!! Saeko remercia Kaori d'un sourire et enjamba le corps de Ryô pour entrer dans le salon. Mick se pencha sur le corps de son ami et lui murmura à l'oreille " Moi j'ai eu droit à une dizaine de baffes!!!".  

Kaori avait préparé du café et tout en remplissant les tasses demanda à Saeko la raison de sa visite.  

- Je suis venue voir Ryô au sujet du service que je lui ai demandé...  

De la fumée s'échappa de la tête de Kaori qui lança un regard meurtrier à son partenaire. Une énorme massue était miraculeusement apparue dans ses mains. Mick et Saeko se recroquevillèrent dans le canapé tandis que Ryô essayait désespérément de s'expliquer.  

- Ne t'énerves pas Kaori!!! Je te jure que cette fois Saeko a vraiment besoin de moi!!  

Cela ne semblait pas suffire à Kaori. Debout sur le canapé, elle était prête à frapper.  

- Et comment s'appelle-t-elle cette fois? Erika? Ryoko? Pamela? Elle est blonde? Brune? Et qui va nous payer? Le saint esprit peut-être?  

- Non ... Saeko m'a simplement promis de me rembourser toute ma dette et d'un coup.. Oups!!!  

Ryô venait de comprendre son erreur et regretta immédiatement ses paroles. Il s'apprêtait à recevoir la colère de Kaori quand Mick vint à son secours et se planta devant lui.  

- Écoutes, Kaori moi aussi je suis dans le coup. Et je t'assure que Saeko a vraiment besoin de notre aide. Laisses-nous t'expliquer.  

Kaori se calma petit à petit et se rassit sur le canapé. Ryô remercia chaleureusement Mick de lui avoir sauver la vie mais se demanda ce que ce geste pouvait bien cacher. Cela ne lui ressemblait pas du tout. Kaori se tourna vers Saeko qui ne se fit pas prier pour exposer la situation et les nouvelles avancées de l'enquête.  

- Cela fait pratiquement un mois que ce meurtrier n'a pas fait de nouvelle victime et je trouve cela inquiétant. J'ai l'impression qu'il a mis à profit ce temps pour se trouver une nouvelle proie et qu'il ne va pas tarder à frapper de nouveau.  

Kaori était un peu déboussolée par les propos de Saeko et remercia Dieu d'avoir pour partenaire et amis des personnes capables de se protéger et de la protéger. Mais réflexion faite, elle se traita d'idiote et se reprocha son manque de cran. Elle était la partenaire de City hunter et se devait de faire face à toutes les situations même les plus dangereuses et les plus violentes. Elle devait être forte et à la hauteur de son associé.  

Mick s'approcha de la fenêtre et alluma une cigarette.  

- Le problème, Saeko, c'est qu'aucun de mes anciens contacts n'a le moindre petit indice ou information sur ces crimes et, d'après ce que je sais, pour Ryô, c'est la même chose.  

Saeko soupira de résignation et se leva du canapé. Elle se dirigea vers la porte et se retourna une dernière fois.  

- Je vous demande simplement de rester vigilant et de garder vos oreilles grandes ouvertes. Ce genre de meurtrier finit toujours par commettre une erreur alors soyons sur nos gardes. Je t'appellerai plus tard, Ryô. Bonne soirée!!  

En entendant le mot "téléphone", Kaori sauta sur ces pieds et se dirigea vers le meuble de téléphone. Elle fouilla dans différentes factures, en sortit une et la posa sur la table basse.  

- Ryô, fais-moi penser de payer le téléphone sinon on va nous le couper... Eh Mick, ça te dirait de dîner avec nous? Je crois que ce soir je me suis surpassée!!!  

Immeuble de Ryô Saeba, quartier de Shinjuku,  

Mardi 5 juin, 20h31  

Mick et Ryô étaient pitoyablement avachis sur le canapé du salon une main sur leur ventre. Apparemment, ils s'étaient régalés et, au plus grand bonheur de Kaori, incapables d'aller faire une virée dans un de leur cabaret préféré. Kaori leur servit un café bien chaud tandis que Ryô montrait à Mick ses dernières revues érotiques. Ce dernier attendit que Kaori soit dans la cuisine pour questionner son ami.  

- Dis-moi Ryô, comment tu fais pour ne pas lui sauter dessus! Kaori est de plus en plus appétissante, tu sais!  

Ryô recracha le café qu'il venait d'ingurgiter et tapa sur sa cage thoracique pour ne pas s'étouffer. Il regarda son compère d'un air surpris et fin d'être dégoûté.  

- Mais ça va pas Mick! T'es tombé sur la tête ou quoi! ... Kaori, appétissante!!! Je crois vraiment que tu as besoin de lunettes!  

Mick lui pointa un doigt accusateur sous les yeux.  

- C'est plutôt toi qui devrais retirer tes lunettes! Elle te gâche la vue car, je vais te faire une confidence, ça fait bien longtemps que je n'ai pas rencontré de femme aussi belle et exceptionnelle que Kaori... Si je n'avais pas Kazue, je n'hésiterais pas une seconde! ... tu m'excuseras mais je dois aller au petit coin...  

Ryô s'assit en tailleur sur le canapé et comme à son habitude grommela des choses inaudibles. Il en avait vraiment marre de cette journée. Il avait la désagréable impression que tous s'étaient donnés le mot pour lui faire la morale. Kaori et son réveil en douceur, Miki et ses reproches et maintenant Mick qui craquait encore une fois sur sa partenaire. Il était vraiment temps que cette journée se termine. Ses pensées furent interrompues par le bruit de verres qui s'écrasaient sur le sol. Il entendit ensuite Kaori jurer, l'appeler et d'un mouvement souple et rapide, il se retrouva dans la cuisine où il la découvrit assise sur le plan de travail.  

- A quoi tu joues, Kaori?  

Il remarqua tout de suite les morceaux de verres sur le sol et les pieds nus de sa partenaire. Si elle marchait dans la cuisine comme ça, elle risquait de s'entailler les pieds. Il grommela encore une fois et fit une geste de la main pour lui dire de ne pas bouger.  

- Ça va j'ai compris. Voilà ce qui arrive quand on se croit toujours sur une plage d'Hawaï.  

Ryô prit le balai et se mit en devoir de nettoyer les débris de verre. Kaori le regardait un sourire énigmatique aux lèvres se battre avec la poubelle et la pelle. Sa besogne accomplie, il se retourna vers sa partenaire qui n'avait pas l'air décidé de descendre de son perchoir. Avec un petit sourire, elle lui désigna le sol.  

- Je ne veux pas paraître pénible mais il risque de rester des petits morceaux verres et je n'ai pas envie de me couper les pieds.  

Ryô leva les yeux au ciel et se rapprocha de son associée. D'un geste plus doux qu'il ne l'aurait souhaité, il la prit dans ses bras et la porta jusqu'au salon. Il remarqua son poids léger, cette légère senteur de vanille et sentit la chaleur de ce jeune corps contre le sien. Lui qui voulait se montrer indifférent, c'était raté. Son coeur battait plus vite et Ryô sentit ses bonnes résolutions s'effondrer une à une. Sur le point de l'installer sur le canapé et donc de retrouver le contrôle de la situation, Ryô se prit les pieds dans une de ses revues qui traînait, comme fait exprès, par terre et se retrouva sur le divan écrasant Kaori de tout son poids. Il pesta, releva la tête mais ne s'était pas rendu compte que son visage était si proche de celui de sa partenaire. Elle le regardait intensément, plongeant ses magnifiques yeux candides dans les siens et attendait un geste de sa part. Ses joues se colorèrent un peu et Ryô sentit ses dernières défenses tomber. Jamais encore il n'avait ressenti un tel besoin d'aimer une femme. Alors doucement leurs lèvres se rapprochèrent et BANG!!!  

- Oh pardon!!!  

Mick Angel regretta aussitôt de ne pas avoir un appareil photo sous la main pour immortaliser la scène. Ryô s'était retrouvé en un éclair prés de la porte de la cuisine comme si le fait de mettre la plus grande distance entre lui et son associée allait effacer ce qui venait de se passer. Ses yeux lancèrent des éclairs. Malgré la gêne de la situation, la réaction infantile de son ami le fit éclater de rire. Si on pouvait tuer d'un seul regard, Mick Angel serait déjà mort et enterré. Mick lança un oeil vers Kaori et sourit de la voir si troublée et si heureuse à la fois. Il se sentit tout d'un coup de trop et souhaita bonsoir avant de fermer la porte du salon.  

Le silence était tel qu'on pouvait entendre une mouche volait. Le plus grand nettoyeur du Japon était complètement dépassé par les évènements et se demandait ce qu'il devait faire. Kaori ne bougeait pas et un joli sourire flottait sur ses lèvres. Ryô se maudissait de n'avoir pas su résister à la tentation et de lui avoir donner de faux espoirs. Car la petite voix était toujours là et Ryô ne pouvait rien faire d'autre que de l'écouter. Il choisit donc la solution de facilité et, d'un pas qu'il voulait assuré, se dirigea vers la porte du salon.  

- Kaori, je vais me coucher. Bonne nuit.  

Loin d'être froissée par ce départ précipité, Kaori se remémora dans les moindres détails la scène qui venait de se passer. Elle se souvint des yeux troublés de son compagnon, la flamme du désir qu'elle y avait décelée. Et même si au final, ils ne s'étaient pas embrassés, elle venait d'avoir la preuve que Ryô éprouvait les mêmes sentiments qu'elle. Il avait eu envie de l'embrasser et pour l'instant c'est ce qui comptait le plus. Kaori se plaça devant la fenêtre et s'émerveilla devant la ville illuminée. Elle se sentait bien et elle était heureuse. L'avenir s'annonçait plein de surprises et très prometteur. Ses yeux s'attardèrent sur ses pieds et elle se félicita, un large sourire éclairant son visage, d'avoir penser à casser ce verre.  

A suivre ...  

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