Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 4 :: 4

Pubblicato: 18-09-11 - Ultimo aggiornamento: 06-09-17

Commenti: chapitre réécrit le 19.08.17

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 4 : « On reconnait la passion à l’interdit qu’elle jette sur le plaisir » Marcel Jouhandeau  

 

*** chapitre réécrit le 19.08.17***  

 

 

Un rayon de soleil traversa les volets de la chambre d’Hélène, et la chaleur piquant sa joue la réveilla. Ôtant son corps des bras de Morphée, elle se tenue la tête, raisonnant encore des frasques de Marie. Elle se mit en position assise, et massa ses tempes. La cruauté de son père et de sa sœur de la veille, envahissait encore tout son esprit, et une douleur dans son cœur se posa.  

 

Depuis toujours, sa sœur et son père s’étaient montrés distants, impitoyables, et la convivialité ne définissait pas cette famille. Hélène se demandait comment elle s’était retrouvée à être une Turner, et pour quelle raison sa présence fut insupportable.  

 

Hélène soupira tristement, et décida de se lever préparer le petit-déjeuner, avant que son père et sa sœur ne le réclament d’une façon brusque. Défaisant sa couette, le courant d’air qu’elle fit avec le tissu fit tomber un bout de papier. Le ramassant, elle tomba sur le visage de ce jeune homme qui occupait aussi beaucoup son esprit depuis sa rencontre.  

 

Désormais, elle connaissait son prénom, Kenji ; prénom qu’elle apprécia et qui le caractérisait assez. Et plus elle regardait le cliché, plus son cœur émettait des sons de bien-être, et un sourire rare se dessina sur son visage. Happant le bonheur que lui procurait le souvenir de cet homme, le sourire s’extirpa petit à petit…  

 

De tous les hommes qui existaient dans ce pays, il fallait que cet homme-là, Kenji, connaisse sa sœur Marie et qu’elle en soit visiblement amoureuse ; étant donné son avertissement musclé. Quelle chance avait-elle face à sa sœur, et à cette jeune femme blonde sortant de sa cabane, à moitié habillée. Et puis, elle n’oubliait pas le détail le plus important de cette photo ; le petit garçon posé dans ses bras ; Kenji était père. Était-il encore avec la mère ?  

 

Qu’importe. Kenji n’avait pas montré de grâce envers elle, et maintenant que sa sœur aînée avait posé ses interdictions, elle en ferait probablement de même avec lui. Sans compter qu’il était plus âgé…  

 

Décidément ; aucune chance n’était de son côté.  

 

. . . . .  

 

À l’appartement City Hunter, l’ambiance ne fut guère plus joyeuse. Kaori n’arrêtait pas de gigoter, priant pour que Ryô décroche un mot, en espérant qu’il aborde le sujet sur ce qu’il lui cachait, mais il restait silencieux depuis son retour hier soir. La conversation avec Kazue et Miki augmentait la quiétude de Kaori ; elles aussi avaient sentit le bouleversement chez leur compagnon, comme s’ils flottaient au-dessus d’eux ; sans les apercevoir. L’ignorance, il n’y avait rien de plus cruel, et encore davantage entre deux personnes qui s’aimaient…  

 

Quand Ryô allait-il se décider à lui révéler ce qui n’allait pas ?  

 

- Ryô…  

- Mh ! Dit-il, ne décrochant pas le regard de son bol de riz  

- Écoute Ryô, je sais que tu me caches quelque chose, et ce mensonge remet en doute notre partenariat !  

 

Ryô se doutait bien que la conversation remettant en doute leur partenariat viendrait comme un revers de manche. Comment allait-il se sortir de ce guet-apens – lui mentir n’était pas son objectif premier, et s’il ne tenait qu’à sa conscience, il dirait tout à propos de sa mission à Kaori. L’évidence ne lui apportait pas cette sérénité, et dissimuler la vérité faisait que la prudence veillerait sur sa partenaire.  

 

- Une affaire est en court, c’est vrai… Et si tu n’es pas concernée, c’est parce que je ne devais pas l’être non plus…  

- C’est-à-dire ?  

- Kenji m’a demandé de me joindre à lui, et par amitié, j’ai accepté !  

 

Kaori entendait l’argument de son partenaire ; c’était en tant que Ryô Saeba que Kenji avait fait appel à lui, au nettoyeur, et non au City Hunter qu’il représentait tous les deux. Malgré qu’elle puisse comprendre sa position, elle n’aimait pas savoir Ryô seul face au danger, et cette mission n’engageait pas que lui, mais Mick et Falcon également, et ce phénomène de groupe auquel Kazue, Miki et elle n’avaient aucunement le droit de postuler faisait tourner des idées noires dans leur imagination.  

 

- Kaori, je…  

- Écoute Ryô – Dit-elle, se levant – Qu’importe pourquoi vous refusez de nous mettre sur le coup, je voudrais juste que tu me fasses une promesse !  

- Je t’écoute…  

- Dans l’éventualité où tu sentirais ne serait-ce même qu’une seconde que tu as besoin de moi, je veux que tu me le dises, et je viendrais immédiatement, et sans poser de question !  

 

Ryô regarda la grandeur de Kaori, et pas seulement sa taille de mannequin, non, il admirait la grandeur de la femme qu’elle était. Où ? Où puisait-elle toute cette force, tout cet amour qu’elle avait pour lui depuis toutes ces années et sans jamais avoir failli dans ses sentiments. Combien de fois avait-elle dû s’enfermer dans sa chambre pour pleurer au désespoir qu’un jour ils vivent une vraie, une véritable histoire d’amour ? La concrétisation de leur partenariat et de leurs sentiments mutuels ne remontaient pas à bien loin dans le temps, et malgré ça, malgré ces non-dits encore nombreux, elle continuait à se battre intérieurement pour lui.  

 

- Je te le promets…  

 

Ryô glissa un sourire ému, il était touché par la force de son amour pour lui, encore, et sans cesse ; ciel, mais qu’est-ce qui le retenait encore de la prendre dans ses bras et de l’embrasser là, maintenant ?!  

 

. . . . .  

 

City Hunter était passé au tableau des messages à la gare de Shinjuku, et aujourd’hui encore, du moins pour ce matin, aucun appel au secours n’avait été lancé. Et ce fut déception pour Kaori, et réjouissance pour Ryô, que le manque de travail les menèrent au Cat’s Eyes. À peine Ryô poussa la porte du café, qu’il sauta la langue pendante sur Miki ; il fut accueilli par les gros bras protecteurs d’Umibozu.  

 

La main de fer de Falcon rattrapa le visage libidineux de Ryô, et le fit s’asseoir par terre à l’autre bout du comptoir. Le nettoyeur fut vexé, et s’empressa de charrier son ami sur son alliance brillante, l’astiquait-il tous les jours ?  

 

- C’est ta tête à claque que je vais polir ! Grommela Falcon  

 

La chamaillerie des hommes fusa, et pendant qu’ils s’amusaient à se faire rager l’un l’autre, Miki évoqua l’anniversaire de Kaori qui aurait lieu demain. Miki voulait s’occuper de son amie toute la journée, déjeuner entre filles avec Kazue, puis dévaliser les magasins, et enfin, réunir ses amis les plus proches pour une grande soirée au Cat’s Eyes.  

 

- Ton programme me plaît déjà ! Merci pour tout ce que tu fais pour moi Miki…  

- Je t’en prie ! Fut émue Miki  

 

« Tête de poulpe » ; « Tête de rat des égouts » ; les insultes de leurs deux partenaires ne volaient pas bien haut, et des enfants de bas âge s’en moqueraient. Entre ses deux-là, toutefois, les disputes dissimulaient souvent le respect qu’ils avaient l’un pour l’autre, une amitié forte et une pudeur lorsqu’ils s’inquiétaient réciproquement. « Regarde toi, tu ressembles à un éléphant dans une boutique de porcelaine » ; « Et toi ton égo pèse si lourd que tes chevilles ne rentrent plus dans aucune porte ! ».  

 

- Pathétiques… Grimacèrent Kaori et Miki  

 

. . . . .  

 

Kenji fumait une cigarette allongé sur le lit de la mère de son fils. Absorbant le néant que répandait le plafond, il cherchait un moyen de débarrassé son esprit de cette gamine. Après une matinée torride avec Amélie, et une nuit suffoquant avec Déborah ; rien n’y faisait. Au matin, après son réveil, et même après avoir observé la poitrine nue de Déborah qui dormait à ses côtés, ses premières pensées furent pour elle. Une obsession, elle devenait une obsession bien qu’il ne cessait de commander à son esprit de l’ignorer, de l’oublier, de l’enterrer sous une masse de terre dans sa tête, mais non, elle ressurgissait tel un maléfice dont un mage ne parvient pas à neutraliser.  

 

Et puis, savoir désormais qu’elle avait un lien familial avec Marie l’intriguait énormément. Pourquoi Marie n’avait-elle jamais fait allusion à sa sœur ? Au début, il aurait pensé que c’était pour la protéger, mais elle semblait lui porter une véritable haine ! Était-ce une concurrence entre sœurs ? Impossible ! Marie et sa petite sœur furent encore plus différentes que le jour et la nuit.  

 

Le téléphone mobile de Kenji sonna – le bruit réveilla Déborah. Ryô l’appelait pour l’invitait au Cat’s Eyes demain soir pour l’anniversaire de Kaori. Le nettoyeur fut surpris d’une telle invitation, il n’était pas intime avec la partenaire de Ryô, et il était certain que c’était pour lui ôter les verres du nez. Malgré son scepticisme, Kenji accepta ; encore une attitude qui ne lui ressemblait pas.  

 

Après avoir raccroché, Kenji sentit le corps nu de Déborah se coller à lui, et venir déposer un baiser dans son cou. D’une voix encore endormie, mais sensuelle, elle lui glissa un « bonjour » tendre.  

 

- Salut…  

 

Déborah n’apprécia pas ce « salut » nonchalant, elle se redressa dans le lit, et se mis à califourchon, assise sur sa fierté réveillée. Penchant ses lèvres pour embrasser son torse, ils entendirent derrière la porte, la voix de Quentin raisonner.  

 

- Papa…  

 

Kenji se releva immédiatement ; il enfila un tee-shirt, un pantalon, et sortit de la chambre sans faire attendre une minute son fils. Le prenant dans ses bras, il partit dans la cuisine, l’asseoir sur une chaise, et préparer son petit-déjeuner.  

 

Déborah observait la scène depuis l’embrassure de la porte – elle aimerait sans contexte que ce tableau familial soit immortel, arrêté dans le temps. La nuit passée avec Kenji ne comptait pas, du moins pas pour lui, et elle l’avait bien sentie à ses caresses et ses baisers ; il faisait l’amour mécaniquement, par instinct. Le regard que posait Kenji sur leur fils la rendait envieuse ; si elle pouvait un jour être aussi précieuse à son égard.  

 

- Bonjour maman !  

 

Quentin attrapa le visage de sa mère, et l’embrassa fort. S’installant à ses côtés, Déborah continuait de regarder Kenji et de l’analyser ; son sixième sens de femme actif. Le père de son fils était étrange depuis quelques jours, et même en faisant bonne figure, elle pouvait sentir un sentiment clandestin naître en lui. Toujours concentré, à l’écoute lors de consignes pour des missions, faisant preuve d’un grand sens de l’analyse, ces derniers temps, elle le sentait fébrile.  

 

Amélie et ses craintes relatives à cette inconnue qui lui avait porté secours en étaient-ils les raisons ? L’étrangère avait-elle percé un chemin allant jusqu’à son cœur pour le toucher ?  

 

Déborah en rageait.  

 

. . . . .  

 

Angoisse.  

 

Hélène n’avait pas croisé ni son père ni sa sœur depuis ce matin, tous les deux absents de la maison, et le plus étrange fut qu’elle n’avait entendu ni l’un ni l’autre partir. La matinée et le déjeuner furent calme, serein, et pour une fois elle s’était occupée dans un calme olympien, sans ordres donnés sévèrement, et reproches affutés.  

 

La moitié de journée fut sûrement clémente, mais elle craignait de les croiser tous les deux à l’instant même de partir travailler dans quelques minutes. Elle mourrait de chagrin si son père lui interdisait de rejoindre son lieu de travail, sous les moqueries acides de Marie.  

 

Hélène se prépara rapidement, enfilant son costume de serveuse vivement – sac en main, elle se hâta d’ouvrir la porte et de s’en aller, mais le sort avait été assez indulgent pour ce jour, et elle tomba nez à nez avec son père.  

 

À sa grande surprise, son père s’écarta pour lui laisser le droit de passer sans encombre – à peine le dos tourné, elle entendue sa voix éraillée,  

 

- Rentre à l’heure, ou gare à toi !  

 

Hélène pressa le pas, et fut poignardée par les paroles aigres de son père. Et pour clôturer sa peine, sur le chemin menant au quartier de Shinjuku, elle rencontra Marie, glissant également un message amer à son attention,  

 

- Eh, n’oublie pas ce que je t’ai dit sur Kenji ; plus jamais !  

 

Hélène accéléra encore davantage sa cadence, et se mis subitement à courir, courir pour échapper à tout ce mal qui ne cessait d’envelopper sa vie, son quotidien, mais qu’avait-elle fait ?  

 

Quel fut son crime pour en payer autant le prix !  

 

. . . . .  

 

Ryô et Kaori rentrèrent à l’appartement pour dîner, mais le nettoyeur n’eut le temps de demander à sa partenaire ce qui était prévu pour le repas que son téléphone sonna. La bouche en cœur, Ryô fit le pitre au téléphone, guilleret d’entendre la voix de Reika ; la jeune femme lui demandait de la rejoindre à son bureau de détective, elle avait une demande importante à lui faire.  

 

Le mokkori en action, il prévenu Kaori de son absence, et s’en alla comme un voleur. Kaori regarda par la fenêtre où diable fuyait son partenaire et elle eut les nerfs à vifs en le voyant rentrer chez Reika avec son visage de pervers habituel.  

 

Kaori grogna, elle ne supportait plus le comportement libidineux de son partenaire – folle de rage, elle se munie de ses plus lourdes massues, lorsqu’une arrivée imprévue renforça son agacement ; Saeko venait de se stationner devant l’immeuble de sa sœur, et rentra. La présence de Saeko définissait une nouvelle mission à haut risque qu’elle donnerait à Ryô et qu’il ne pourrait refuser ; comme d’habitude. Le vase déborda, son partenaire était déjà sur une mission complexe, tellement qu’il en cachait tous les tenants et les aboutissants à Kaori, et voilà qu’on venait encore le solliciter ; il suffisait.  

 

Kaori s’échappa de l’appartement et passa par les derrières de l’immeuble de Reika. La chance fut avec elle, ils tenaient tous les trois leur réunion dans la pièce privée de la détective, et la fenêtre restait ouverte permettait à la nettoyeuse de tout entendre correctement.  

 

- « Concentre toi, ils ne doivent surtout pas voir, ni sentir que tu es là ! ».  

 

Kaori avait le visage grave et sérieux, et il allait devenir encore plus tendu après les échanges de ces trois cachotiers.  

 

- Mes supérieurs m’ont averti d’un échange de balles dans l’est du quartier…  

 

Saeko avait eu un retour d’information comme quoi des témoins avaient entendu la nuit dernière des échanges de tirs. Un groupe de policier s’était déplacé et ils eurent la mauvaise surprise de ne trouver aucune preuve des tirs échangés ; ni impact de balles, ni douille, pas même une trace de sang.  

 

- Un excellent travail de nettoyage ! Complimenta Saeko  

 

Malgré le manque de preuve, elle avait demandé à une troupe d’indic de surveiller le coin, et de questionner les habitants des environs et les yakuzas régnant sur le quartier ; rien. Aucune information n’avait été donné, pas même un visage à placer, un nom, un pseudonyme à dénoncer. Saeko n’avait jamais été confronté à un tel murage, sur aucune affaire. Elle avait toujours pu obtenir même le plus minuscule des indices pour ouvrir son enquête.  

 

- Le mode opératoire m’a alors fait penser à celui d’un gang ; les Shu’Kiru ! Avoua Saeko  

- Tu connais le nom de ce gang ?! S’ébahit Ryô  

- Toi aussi visiblement… Sourit Reika  

 

Ryô fut gêné, devait-il avouer que la fusillade avait été programmée pour l’un de ses amis. La situation devenait vraiment complexe, il ne souhaitait pas mêler Reika et Saeko à son secret, et encore plus qu’il les connaissait fouineuse et curieuse. À force d’observation, il ressentait une prompte colère dans les yeux de Saeko, et ce n’était pas à cause de sa fierté de lieutenant bafouée.  

 

- Comment tu connais ce gang ? Demanda Ryô  

- Et toi, comment tu connais ce gang ? Rétorqua Saeko  

- Tu as l’air de prendre trop personnellement la question pour que je te réponde !  

 

Ryô et Saeko échangèrent un regard, dont Reika aurait difficilement définie la nature ; il était à la fois intime, réprimandable, et remplit d’une amitié assurée – elle en serait presque jalouse.  

 

- Notre tante est morte dans un paquebot de croisière il y a un peu plus de dix ans… Commença Saeko  

- Un attentat ?  

- Exact, planifié par ce gang, les Shu’Kiru ! Une cargaison de drogue et d’arme avaient été retrouvée dans les débris…  

- Comme nous sommes de la même famille, nous n’avons jamais pu enquêter sur l’affaire ! Continua Reika  

- Ce gang est une légende urbaine… Répondit Ryô  

 

Saeko défia à nouveau Ryô du regard ; il ne semblait pas être totalement honnête, et elle était convaincue qu’il cachait un élément important. La vengeance ne circulait pas dans les veines du lieutenant, elle voulait obtenir justice, comme le désirait sa morale de policière aguerrie depuis toujours, alors pourquoi Ryô se positionnait sur la défensive ?  

 

- Ryô, tu n’es pas obligé d’accepter, mais je voulais te demander d’obtenir des informations sur le gang… Répliqua Saeko  

- Dieter, Serge Dieter, tu connais ?  

- Non, jamais entendu parler ! Qui est-ce ?  

- Un yakuza, aussi discret que le gang Shu’Kiru, je pense qu’il en est le commanditaire !  

- Intéressant, je ferais des recherches ! Inscrit Saeko sur un carnet  

- Non, ne t’occupes pas de ça, je le ferais ! Cet homme est dangereux, ne vous frottez pas à lui seules !  

 

Saeko avait déjà affronté l’inquiétude de Ryô, et ses conseils furent constamment précieux, mais là, dans son regard, se lisait une interdiction formelle, étant capable de ressentir de la colère si elles désobéissaient. Le danger les collait comme une ombre, qu’est-ce qui pouvait être différent maintenant ?  

 

- Ryô… Souffla Saeko  

- Quand j’aurai des informations, je vous appellerais, c’est une promesse !  

- Et comment comptes-tu t’y prendre ? Questionna Reika  

- Disons que je ne compte pas travailler seul…  

- Ryô, qu’est-ce que tu caches ? S’impatienta Saeko  

- Je t’en parlerais en temps voulu !  

 

Kaori sentit son cœur se fendre en deux ; une déception venait d’atterrir dans tout son être. Encore une fois, Ryô mettait sa partenaire de côté, mais acceptait de mettre en confiance Saeko et Reika. Pourquoi ? Est-ce qu’elle ne lui avait pas suffisamment prouvé qu’elle n’avait peur de rien à ses côtés, qu’elle le suivrait n’importe où, même sur le chemin de la mort ?  

 

Kaori regagna l’appartement, et s’enferma dans la cuisine, essayant de combattre avec ses doutes et ses tristesses.  

 

- Tu as vu, Ryô n’a même pas négocier en mokkori ?! Se vexa Reika  

 

Saeko grimaça à la réflexion de sa petite sœur, mais elle lui accordait la raison ; Ryô fut étrange durant tout l’échange, et terriblement anxieux. La peur, c’était sûrement un sentiment qu’il connaissait, comme la méfiance et l’incertitude, mais il n’avait pas essayé de dissimuler ses sentiments derrières une pirouette perverse !  

 

Le pire était-il à craindre ?  

 

. . . . .  

 

- « Qu’est-ce que je fais là ?! »  

 

Kenji était assis par terre, le dos posé sur un lampadaire, fumant une cigarette. Après une journée où sa tête avait été inondé de « Marie » et de « l’inconnue » ; il avait tellement le crâne compressé qu’il avait voulu soulagé d’abord sa conscience avec nombreux verres d’alcool, et puis, il s’était rétracté. La première solution ne suffirait pas, alors, faire cadencer ses reins avec celle d’une ancienne amante éphémère l’avait amené devant la porte où ses hanches l’attendaient avec une dentelle rouge affriolante ; il avait fui.  

 

Le résultat obtenu fut la somme de son fessier assis sur du béton froid, en train d’attendre les réponses à ses questions qui tardaient ! Quatre heures qu’il attendait sa venue, qu’elle emprunte ce chemin de retour pour se confronter à elle, et mettre un terme à l’obsession qu’elle avait condamné en lui.  

 

Kenji allait la remercier et se « barrer » vite fait ; tout serait ainsi terminé.  

 

La barre de nicotine se sépara d’une latte tirée par les lèvres de Kenji, quand il fut surpris de voir passer l’étrangère devant lui, le regard baissé, planté au sol, et ne l’ayant visiblement pas aperçu du tout – il s’en sentit presque contrarié.  

 

- C’est bien la première fois qu’une femme passe devant moi sans même me remarquer…  

 

Hélène arrêta immédiatement sa marche, et se tourna face à la voix rauque qui l’avait interpellé. Impossible ! Elle pensait rêver, faire l’objet d’une illusion créé par son fort inconscient, mais elle réalisa sa présence lorsqu’il se leva, s’approcha d’elle, et lui déposa de la fumée de cigarette sur le visage.  

 

- C’est quoi ton nom ?  

- Hé… Hélène…  

- Merci pour l’autre jour, Hélène…  

 

Le cœur d’Hélène rata un battement, et raisonna dans tout son corps ; le regard que posait Kenji sur elle, son remerciement d’une voix douce et sincère ; elle s’en évanouirait presque. Le rouge aux joues se déposa et elle fut capturée par les yeux de Kenji qui ne s’étaient pas décrochés des siens – il pouvait s’échapper à tout instant, elle devait le capturer à son tour.  

 

- Je… Je vous en prie… Je… Vous…  

- Eh, t’emballes pas, j’ai fait tout ce chemin pour te remercier, et payer ma dette, c’est tout !  

 

Kenji passa à côté d’elle et se cogna à son épaule en signe de mépris, et que ces paroles seraient fermes et définitives. Hélène venait d’avoir le cœur débordant de chaleur, et voici qu’il retombait en température en quelques secondes – cet homme fut douloureux à suivre.  

 

Hélène se tourna pour continuer son chemin vers sa maison, lorsqu’elle se heurta au dos de Kenji, planté comme un poteau.  

 

- Quelqu’un te suit… Souffla-t-il, écrasant sa cigarette au sol  

- Je sais…  

 

Kenji se retourna, ébahit ! Hélène sentait la présence d’un individu à l’aura meurtrière et elle paraissait calme, et surtout, comment pouvait-elle en avoir connaissance ?  

 

- Il, ou elle, me suit tous les soirs… Sourit-elle  

 

Depuis qu’elle avait été engagé dans ce restaurant, tous les soirs, à la même heure, la présence la suivait, jusqu’à ce qu’elle rentre chez elle. La sensation fut réconfortante, comme une mère ou un père prenant son enfant par la main pour l’accompagner.  

 

Kenji fut perplexe, l’aura était semblable à un yakuza, et ce n’était ni réconfortant ni rassurant, qu’est-ce qu’il se tramait dans la tête de cette gamine ? Hélène ne payait pas de mine, c’était une adolescente comme les autres, voir en dessous de la caractéristique, qu’est-ce qui pouvait intéresser un yakuza chez elle ?  

 

- Tu sais quoi de ta sœur ?  

- Marie… Pas grand-chose, on n’est pas très proche…  

 

Kenji s’en doutait, à en croire les propos criards tenus par Marie l’autre nuit. Et bien qu’il est décelait la mésentente, il ne savait toujours pas si son amie le faisait pour la protéger, ou si une véritable cause justifiait sa détestation.  

 

- Tu as quel âge ? Questionna-t-il, subitement  

- J’ai seize ans dans trois semaines…  

- Sérieux ? Putain, je perds vraiment mon temps ! Salut !  

 

Kenji planta Hélène là, dans cette rue qui les avait fait se rencontrer, et partit en déposant à son âme, un total mépris et une déconsidération de la taille de l’univers.  

 

. . . . .  

 

- « Un an de plus ».  

 

Kaori était assise sur le rebord de son lit, tenant la photo de son frère entre les mains. Les journées de ses anniversaires avaient toujours été compliquées à supporter ; parce qu’il fêtait un jour de bonheur, et un instant de malheur à perpétuité. Une année de plus la séparait de son frère bien-aimé, et malgré qu’elle fasse bonne figure, la douleur n’en n’était pas moins intense.  

 

Dans les moments de doute et de peurs, la naïveté et le bon sens d’Hideyuki manquait cruellement – aujourd’hui plus encore. Ryô ne voulait toujours pas aborder le sujet de sa mission avec elle. Après être rentré de chez Reika, il s’était installé dans le canapé, faisant mine de rien. Kaori craignait pour lui, mais qui devait-il affronté au point d’émettre une telle distance ?  

 

« BING ».  

 

Kaori prit congé de ses pensées en attendant une vague de casserole tombée, que se passait-il ? Descendant dans la cuisine, elle fut saisie de surprise en voyant Ryô, en train de ramasser les ustensiles.  

 

- Qu’est-ce que tu fais ? Râla Kaori, ramassant les casseroles.  

- Eh bien, je voulais préparer le petit-déjeuner…  

- Hein ?  

 

Ryô ; avoir une intention culinaire ? Kaori n’en revenait pas, il était debout à l’aube, espérant pouvoir cuisiner pour le petit-déjeuner – cherchait-il à se faire pardonner pour son mutisme après être rentré hier soir sans plus un mot. Une petite voix du côté du diable lui dictait de ne pas l’excuser, et de souligner sa maladresse. Mais, du côté d’un petit ange, il soufflait d’enterrer la hache de guerre en ce jour, et d’oublier son mensonge ; peut-être cherchait-il sincèrement à présenter des excuses, avec ses maladroits agissements.  

 

Et puis, Kaori savait que pour Ryô aussi, le trente-et-un mars se passait en deux mesures ; joie et tristesse.  

 

- Laisse, je vais le faire… Souffla Kaori  

 

Ryô pesa le poids de sa tristesse dans les yeux de sa partenaire – cédant la place à Kaori, réparant sa bêtise et préparant le petit-déjeuner, il décida de retourner dans le salon, et de la laisser seule. Installés à table, le silence régna dans la pièce, Kaori prise en otage par des pensées mélancoliques et sombres.  

 

Et puis, un parfum discret, et apaisant se nicha dans son odorat – elle leva les yeux et tomba nez à nez avec un bouquet de fleur ; Ryô niché juste derrière, intimidé. Le bouquet se composait de rose rouge, enveloppé dans des tulipes blanches que Kaori accepta avec sourire solaire ; enfin.  

 

- Ryô…  

- Je te souhaite un joyeux anniversaire, Kaori…  

 

Kaori se mis à rougir, l’attention que lui porta Ryô fit tambouriner son cœur, et danser son ventre. Le bouquet fut somptueux, les fleurs bien choisies, et le symbole touchant. Et le plus touchant fut la stature de Ryô ; droit comme un « i », les membres bloqués, et le visage crispé ; craquant.  

 

Ryô n’était pas le genre d’homme romantique, et ouvrir la porte à sentiment de son cœur fut un vrai exercice. Ce geste avait dû beaucoup le torturer et sa pudeur le travailler – remercier son courage se pensait évident. Kaori se positionna sur la pointe des pieds, et appela à l’audace pour déposer un baiser sur sa joue.  

 

Ryô fut envahi de frissons et ferma les yeux pour capturer ce moment où les lèvres douces de Kaori avaient touché sa joue brûlante de malaise. Une prière s’envola, celle que le temps s’arrête, et que les lèvres de sa partenaire ne quittent plus sa peau. Mais déjà elle s’éloignait, posant les yeux mécaniquement sur le bouquet de fleur pour feindre son geste. L’instant resta palpable, et une tension électrique commençait à vagabonder et à l’unisson, leur regard se croisa.  

 

Ryô et Kaori s’observaient, se regardaient, ils demandaient intérieurement à l’autre de faire le premier pas, d’aller l’un vers l’autre ; un pas, il n’y avait qu’un seul pas à franchir pour l’échange d’un baiser, un vrai baiser, sans une vitre pour les séparer, mais Ryô et Kaori ne furent pas assez rapide, et on sonna à la porte de City Hunter.  

 

Ryô ferma les yeux, de déception, et Kaori partit ouvrir – Miki et Kazue furent ponctuelles.  

 

Damnation.  

 

. . . . .  

 

La journée se passa dans la fébrilité ; Miki et Kazue laissèrent de l’intimité à Ryô et Kaori pour se rendre sur la tombe d’Hideyuki. Le recueillement confié au ciel, le nettoyeur laissa les trois jeunes femmes vaquaient à des occupations plus festives. Les magasins furent dévalisés, les vendeuses soufflées par ces trois tornades qui prenaient plaisir à cette journée entre filles, décontractée. Un verre prit à une terrasse, des rires et des ragots, et Kaori rentra chez elle pour se préparer à aller au Cat’s Eyes pour le dîner en son honneur.  

 

Kaori posa ses trois paquets de vêtement sur le parquet de sa chambre, et se traita de folle d’avoir acheté toutes ses affaires. Plongeant ses mains dans les sacs, elle partit à la recherche d’une petite robe rose pour laquelle sa cupidité avait craqué. La robe fut simple, à manche longue, décolleté discret, matière douce, descendant au-dessus des genoux ; une robe qui la caractérisait.  

 

Kaori se mit dans la peau de sa robe, et ce fut un peu intimidé qu’elle descendit dans le salon, où elle avait entendu Ryô marmonnait sa plainte d’attendre sa partenaire. Quand elle posa un premier pas dans la pièce, Ryô ne bredouillait plus ; il avait les yeux écarquillés et la bouche légèrement ouverte de stupéfaction. Kaori se mettait rarement en robe, voir jamais, et celle-ci fut particulièrement féminine et merveilleusement bien portée.  

 

Ryô regarda Kaori avec des yeux brillants, mais si sa tête énumérait des lignes de compliments, ses lèvres ne purent communiquer convenablement avec son cerveau qui resta paralyser de timidité ; désolation. Pourquoi fallait-il que la seule femme à qu’il voulait glisser des mots voluptueux se laisser dévorer par un manque d’assurance.  

 

Kaori remarqua le blocage de Ryô, et décida de lui faciliter la tâche en lui disant qu’elle était prête, et qu’ils pouvaient partir. Le nettoyeur balbutia, attrapa ses clefs, et s’échappa du salon pour sauter dans sa voiture. Le voyage fut silencieux, depuis quand n’avaient-ils plus rien à se dire ?  

 

L’arrivée au Cat’s Eyes fut elle plus joyeuse, ses amis tonnèrent un « joyeux anniversaire » à l’unisson. Ryô constata avec surprise que Kenji fut présent, et il se dirigea vers son ami pendant que Kaori fut capturée par Miki et Kazue.  

 

Les quatre hommes s’installèrent au bar, et partagèrent un verre. Les discussions immatures fusèrent, lorsque Ryô se rendit compte que Kenji n’avait pas décroché un mot depuis le début de la soirée.  

 

- Kenji, tout va bien ?  

- Ça va…  

 

Kenji se leva et sortit du café pour s’allumer une cigarette – Ryô le suivi. Une atmosphère étrange l’enveloppait, un instant, il avait presque aperçu de la sérénité, mais maintenant qu’il savourait sa cigarette comme une échappatoire, une pensée semblait le hanter.  

 

- Tu as envie d’en parler ? Répliqua Ryô  

- Depuis quand tu joues les nounous !  

 

Ryô ria, amusé par le répondant de son ami. Kenji fut d’abord un ennemi, un peu comme Falcon, et puis après une nuit partagée dans le danger, dans la froideur de la mort, une amitié avait su se créer. Néanmoins, Kenji était différent d’Umibozu, ce n’était pas un homme aussi sensible, et son passé – son enfance – y était pour beaucoup. Kenji se méfiait de tout et de tous, éprouvant de la nonchalance pour ses proches, et il négligeait sa vie comme si elle n’avait pas d’importance.  

 

Le fait que cette étrangère l’ait sauvé remuait sans doute toutes ses idées sur la vie, sur sa vie et sur les valeurs humaines ! Des tas de questions devaient remettre en cause ses perspectives ; Pourquoi avait-elle pris soin de lui ? Pourquoi s’était-elle épuisée à le porter jusqu’à chez lui, et le soigner ? Tout ça dans un cran seulement guidé par l’instinct.  

 

- Tu es allé la voir ? Taquina Ryô  

- Cette gamine, elle n’est pas comme les autres !  

- Mh ?  

- Et si elle travaillait pour le gang Shu’Kiru…  

 

Ryô eut le visage grave lorsque Kenji le regarda en lui dictant sa théorie, et puis, soudainement, dans un bruit sourd – Ryô se mit à rire de manière bruyante, en se tenant les côtes ; Kenji ne pouvait pas être sérieux ? Tapant son dos comme le fond les vieux camarades, Ryô exprima son avis sur le sujet.  

 

- Est-ce donc la seule excuse que tu as trouvée pour ne pas craquer ?  

- Craquer ? Tu sais quel âge à cette gamine ; seize ans ; seize ans dans quelques semaines !  

- L’âge n’a rien avoir avec ton tourment !  

 

Kenji serra les dents sous la vérité de Ryô. L’âge que comptait cette jeune fille ne le traumatisait pas et peu lui important le nombre de bougie qui allaient se piquer sur son gâteau d’anniversaire le mois prochain. La vérité, c’est qu’il était incapable de donner les raisons pour lesquelles il ne cessait de penser à elle.  

 

Kenji serait incapable de définir sa véritable obsession, il avait juste son identité ; Hélène.  

 

. . . . .  

 

Amélie, Marie et Déborah prirent place à la table d’un bar. Kenji était sorti seul ; ne désirant aucunement être accompagné des trois jeunes femmes pour l’anniversaire de Kaori ; la partenaire de Ryô. Contrariées, et légèrement vexées, évacuer ce sentiment ingrat autour d’un verre, calmerait les esprits déjà bien échaudés.  

 

- J’en reviens pas que Kenji nous ai mise de côtés ! S’agaça Amélie, buvant d’une seule gorgée, la moitié de son verre  

- Je le trouve particulièrement bizarre ces temps-ci ! Il est complètement ailleurs, et ça ne lui ressemble pas ! S’exprima Déborah.  

- Et je suis persuadée que cette étrangère et y est pour quelque chose ! Tu en penses quoi Marie ?  

 

Marie ne répondit pas à Amélie, bien trop occupée à tournoyer l’alcool dans son verre. La nettoyeuse aussi était dans les nuages depuis quelques jours. Marie avait de ça en commun avec Kenji – ils n’étaient pas meilleurs amis par le hasard – la nature de leurs émotions étaient systématiquement mis sur « veille ». Absolument rien ; ils ne faisaient absolument rien paraître de ce qu’ils ressentaient, prenant les journées heures par heures, comme elles venaient. Le temps se passait au conditionnel pour eux, et les voir se recouvrir de pensées si lourdes qu’ils en perdaient le contrôle d’eux-mêmes, commençait à inquiéter Déborah ; elle s’interrogeait via chaque geste et mot de Kenji et Marie.  

 

- Ne vous inquiétez pas pour cette inconnue, elle ne tournera plus autour de Kenji ! Décrocha enfin Marie  

- Ah ouais ? Et comment tu peux en être aussi sûre ? Raya Amélie  

- Disons simplement que j’en ai fait mon affaire ! dit-elle, engloutissant son verre d’une traite  

 

Marie demanda à ce qu’on lui serve un autre cocktail, et ce deuxième verre à peine rempli qu’il fut vide, et suivi de trois autres. Et lorsqu’elle commanda le sixième, Déborah lui ôta des mains.  

 

- Qu’est-ce qu’il te prend ? S’injuria Marie  

 

Marie n’était pas ce qu’on pouvait appeler une fanatique de l’alcool, mais quand lui prenait l’envie de se soûler, c’était parfois presque jusqu’à l’évanouissement. Déborah ne comptait plus les fois où Marie avait été ramassée par les bras de Kenji à quatre heures du matin sur un trottoir de Shinjuku.  

 

Marie avait visiblement envie d’oublier ce soir encore, mais Déborah la sentait plus fragile et vulnérable que d’habitude.  

 

- Et si pour une fois tu te confiais à nous au lieu de te morfondre dans l’alcool ! S’exclama Déborah  

 

Marie commençait à ressentir les effets d’une cuite ; fatigue, tête qui tourne ; mais elle semblait avoir parfaitement compris la requête de Déborah. L’hydratation d’amitié que lui porta Déborah en cet instant lui donna davantage la nausée que le liquide à trente degrés dans son estomac. Le prétexte de son état éméché servit d’alibi à la sincérité soudaine de Marie, ce qui fut rare.  

 

- L’inconnue en question, c’est ma sœur !  

 

Déborah et Amélie remercièrent le ciel d’être déjà assises car debout, leurs jambes giflées par la révélation, les auraient faite chuter. Marie avait une sœur ? Depuis quand ? Quel âge avait-elle ? Comment s’appelait-elle ? Que faisait-elle ?  

 

- Aucune importance, cette fille est inintéressante !  

 

Marie reprit le verre confisqué par Déborah de ses mains, et bu cul sec, avant de se lever en titubant légèrement pour partir fumer une cigarette à l’extérieur.  

 

Déborah et Amélie échangèrent un regard interrogatif. Par quel miracle apprenaient-elles seulement maintenant que Marie avait une sœur ? Et pourquoi tant de mystère sur elle ? Est-ce que Marie la protégeait par rapport au milieu clandestin ? Pourtant, une animosité semblait habiter Marie pour cette mystérieuse sœur ?  

 

Qui était-elle ?  

 

. . . . .  

 

La fête avait battu son plein et Ryô et Kaori étaient rentrés tous les deux dans un mutisme glacial. Kaori avait une bonne raison d’en vouloir à son partenaire ; au moment de donner les présents, Ryô avait déclaré ne pas en avoir, n’ayant pas eu le temps d’en acheter un.  

 

Kaori avait écrasé son partenaire sous une massue de cent tonnes pour éteindre son rire agaçant qui essayait de justifier son oubli. La soirée avait continué dans la fierté, mais au fond d’elle-même, Kaori ressentait de la colère.  

 

Pour l’anniversaire de Ryô, elle avait cru mourir sous la honte en lui offrant son cadeau devant leurs amis et nombreux inconnus ; elle voulait par ce geste prouver son affection, sincèrement, et ce goujat n’avait pas osé en faire autant.  

 

Claquant la porte de sa chambre, Kaori s’assit sur quelque chose de dure située sur son lit. Se relevant vivement, après avoir poussé un hoquet de frayeur, elle regarda l’objet de sa stupeur ; une petite boîte.  

 

Kaori prit le paquet entre ses mains et y découvrit un petit mot ; « joyeux anniversaire, sugar boy » ; émotion. Kaori défit délicatement le nœud rouge et le papier blanc et s’empressa de découvrir le présent ; un bracelet en or blanc où se ligotait un anneau au centre du bracelet – autour de l’anneau s’inscrivait ; « partenaires, pour toujours ».  

 

La gravure ne fut pas des plus romantiques, mais elle retourna son cœur, et Kaori accrocha immédiatement le bracelet autour de son poignée. Le bijou ne pourra être porté que lors des grandes occasions, mais ce message répondait discrètement à ses doutes des derniers jours.  

 

Kaori ne pouvait pas rester là, sans répondre, elle avait envie de voir Ryô et de… La peur, la peur emprisonna ses tripes, mais ce n’était pas le moment de flancher ; il fallait agir ; elle désirait plus que tout au monde vivre une relation « normale » avec Ryô. Bien sûr qu’elle connaissait ses sentiments, qu’ils avaient ouvert leur cœur l’un à l’autre, mais est-ce que Ryô ne voudrait juste qu’une relation platonique ?  

 

Peut-être était-ce la réponse ? Peut-être que Ryô ne la désirait qu’avec le cœur, et pas avec le corps.  

 

Pendant qu’elle se torturait l’esprit, Ryô était dos à la porte de la chambre de Kaori – il se torturait aussi. Devait-il frapper et entrer pour connaître la réaction de sa partenaire ? Est-ce qu’elle était conquise par son présent, ayant dessinée un sourire lumineux, ou avait-elle au contraire trouvé ce présent conventionnel, ne répondant pas suffisamment à ses attentes ?  

 

Que faire ?  

 

La poignée de porte de la chambre fut tenue par deux mains transpirantes d’incertitude.  

 

. . . . .  

 

Hélène avait terminé son service, et après un au revoir chaleureux à son patron et Stéphane, son visage se croqua de peine. Elle se détestait de ne pas avoir su retenir Kenji hier soir. La chance était pourtant de son côté, offrant la possibilité de se rapprocher de lui, d’apprendre à le connaître et de créer un lien ; infime soit-il ; mais au lieu de ça, elle l’avait fait fuir.  

 

Malgré les regrets, il était venu la remercier, prononçant son prénom dans une douceur que peu prononçait.  

 

Et maintenant, maintenant qu’il avait fait son mea-culpa ; Hélène ne le reverrait sans doute jamais.  

 

- Laisse-moi tranquille !  

 

Hélène leva la tête, elle avait entendu la voix d’une femme familière ; Keiko. Un homme était en train de la harceler, criant qu’elle lui avait volé de l’argent.  

 

- Vu ce que tu m’as fait, ça valait bien moins que ça ! Menaça l’homme  

- Et bien tu n’auras qu’à demander le reste à ta femme !  

 

Keiko reçue une gifle de la part de l’homme, il ne supportait pas d’être humilié par une prostituée. À bout de nerf, il sortit un couteau de sa poche, et menaça d’écorché vif le visage de Keiko – le seul gagne-pain – si elle ne lui rendait pas son argent.  

 

- Arrêtez !  

 

Hélène se mis brusquement devant Keiko et fronça les sourcils devant l’homme, sans perdre de sang-froid. Hélène balança quelque chose à ses pieds – il le ramassa et constata que c’était une enveloppe pleine de billet.  

 

- Il y a environ trente-huit milles yen, prenez les et disparaissez, et laissez Keiko tranquille !  

- Pff, une gamine et une prostituée ! Je ne suis pas près de revenir dans ce quartier de merde moi !  

 

L’homme ne se fit pas prier par la donation d’Hélène, et laissa les deux femmes à leur sort.  

 

- Keiko, vous allez bien ?  

- Ma poupée, ton argent !  

- Ce n’était que mes pourboires de la semaine, ne vous en fait pas pour ça !  

- Je te rembourserai !  

- Inutile Keiko, mais ne fréquentez plus ce genre d’homme, d’accord…  

 

Keiko se sentit sale, mais ne put s’empêcher de prendre Hélène dans ses bras. Elle se sentait minable d’en être arrivée là, et de devoir compter sur le soutient et la bienveillance d’une adolescente.  

 

- Tu es un vrai petit ange toi !  

- Keiko, faite attention à vous, d’accord…  

- Promis ma poupée !  

 

Keiko et Hélène firent un petit bout de chemin ensembles – Kenji qui les suivait fut sidéré.  

 

Kenji s’était rendu dans cette rue sans s’en rendre compte – inconsciemment il savait parfaitement où il allait – il n’avait pas eu le temps d’intervenir face à cet homme qu’Hélène avait réagi et agi. Il fut foudroyé par son courage, encore une fois.  

 

Kenji se demandait comment une fille aussi fétiche, bégayante, et solitaire, pouvait face au danger, à la menace, avoir une réflexion et une telle capacité à l’agissement. Kenji ressentit presque de la pitié, la seule amie de cette gamine n’était autre qu’une prostituée à l’air franchement douteux, mais devant le regard angélique d’Hélène, elle savait devenir presque humaine ; un peu comme Kenji.  

 

La réponse à sa question qu’il se passait et se repassait dans sa tête venait d’apparaître. C’est vrai, Hélène ne payait pas de mine, son physique, sa façon de parler et de se tenir n’émoustillait pas franchement sa libido, mais son cœur généreux brillait tellement fort que Kenji était aimanté, hypnotisé.  

 

Kenji continuait son chemin pour ne pas les quitter des yeux, au cas où un autre tordu s’en prendrait aux deux jeunes femmes, lorsque le coin de son regard croisa une silhouette allongée par terre dans l’axe d’une rue.  

 

- Marie ?  

 

Kenji s’avança vers elle, il essaya de la secouer, mais elle dormait profondément. Que faisait-elle ici, seule, ivre et sans défense ? Inconscience ! L’alcool s’était encore emparé de son âme pour oublier une partie importante de sa vie.  

 

Kenji la prit dans ses bras, et décida de la ramener chez lui ; inutile qu’Hélène assiste à un autre spectacle désolant.  

 

. . . . .  

 

Kaori se releva transpirante dans son lit, elle venait de faire un cauchemar où son frère apparaissait. Revivre sa mort encore et encore chaque nuit de son anniversaire, elle y était habituée, mais ce cauchemar fut plus pernicieux, et douloureux que les autres ; était-ce le signe que ses peurs et ses craintes pour Ryô concernant sa mission mystérieuse furent fondées ?  

 

Kaori sursauta, elle entendit frapper à sa porte ; elle donna l’autorisation de rentrer.  

 

- Tout va bien Kaori ? Je t’ai entendu crier ? S’inquiéta Ryô  

- Oui, oui, excuse-moi, juste un mauvais rêve !  

- D’accord, je croyais que c’était l’orage qui t’avait effrayé !  

 

Kaori concentra son ouïe vers sa fenêtre et entendit la pluie cogner et l’orage gronder. Et pour appuyer sa peur, un violent éclair s’abattit non loin de l’immeuble, faisant à nouveau sursauter Kaori de frayeur. Ryô se mis à rire et reçu un oreiller en pleine face ; punition pour sa moquerie.  

 

- Tu veux que je reste ? Proposa Ryô  

- Hein ? Rougit Kaori  

- Je peux dormir dans le lit d’amis !  

 

Le lit d’amis que Kaori réservait à leurs clients – clientes – pour neutraliser toute visite nocturne de la perversité de son partenaire. Kaori n’en revenait pas de la proposition de Ryô ; elle n’eut guère le temps de répondre, ou de balbutier quelconque mot, qu’elle vit Ryô allait prendre son oreiller et sa couette, et s’emmitoufla dans le lit situé à côté du sien.  

 

Ryô était tourné face à elle, et ne semblait aucunement perturbé par la situation. Kaori se rallongea et fit face à son partenaire. Elle était crispée, elle forçait sur ses paupières pour qu’elles restent fermées et suppliait à son cœur d’arrêter de cogner aussi fort contre sa poitrine, faisant écho dans son thorax ; il entendait, c’était certain.  

 

- Tu le portes déjà… Glissa Ryô  

- Mh ?  

 

Kaori rouvrit les yeux et constata que son bras découvert par la couette faisait découvrir son poigné nu – juste habillé par le bracelet.  

 

- Ah euh, oui !  

 

Kaori se sentit idiote, depuis quand bafouillait-elle devant Ryô. La présence de son partenaire tout près d’elle la tétanisée complètement, la chaleur de sa présence, l’odeur de son parfum, ce sentiment allait de ses lèvres à ses reins, tout tremblait en elle.  

 

- Il te plaît ? Questionna Ryô  

- Oui… Merci…  

- Je t’en prie…  

 

Ryô sourit câlinement et ce sourire affola l’échelle de Makimura ; Kaori se retourna dans son lit et tourna le dos à son partenaire, marmonnant une phrase qui ressembla à un « bonne nuit » et pactisa avec son cœur et son corps pour qu’ils cessent ce séisme de sentiment.  

 

Ryô ne put ôter le sourire qu’il avait sur son visage ; être près de Kaori le faisait se sentir bien. Mais il se sentit aussi rapidement ridicule. Que faisait-il dans la chambre d’une femme, allongé dans un autre lit, où la taille d’une armoire géante les séparait ?  

 

Dans ce lit voisin, ne se trouvait pas n’importe quelle femme ; c’était Kaori, celle qui le rendait nerveux et hésitant. Et pourtant, il ne comptait plus ces moments de total envie assumée de la prendre dans ses bras et d’embrasser sa nuque qu’il pouvait apercevoir même dans le noir de la chambre.  

 

- « Hide, tu me gènes » Grimaça-t-il  

 

La photo posée sur la commode de Kaori rendait mal à l’aise Ryô ; il avait l’impression que son meilleur ami l’épiait. Accepterait-il la situation, la relation ? Ryô se fourvoyait. Après toutes les larmes que Kaori avait versé à cause de son indifférence pendulaire, Hide devait le détester de faire souffrir la personne qu’il aimait le plus.  

 

Ryô avait envie de se glisser dans les draps de Kaori, de sentir son dos contre son torse, mais Ryô ne faisait rien…  

 

Inlassablement.  

 

 

 


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