Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 30 :: Chapitre 30

Pubblicato: 11-02-15 - Ultimo aggiornamento: 11-02-15

Commenti: Réponses commentaires : _ Baboucha : Je suis touchée par ton petit mot, merci de toujours me suivre même si j'ai laissé un peu de côté cette fiction, cette fois je suis lancée, et c'est aussi parce que j'écris les parties les plus intéressantes à travailler... Contente de savoir que ça te passion toujours autant... Merci encore pour tes compliments qui me vont droit au coeur ... _ Dalala : Ravie et heureuse de savoir que tu continues la lecture de ma fiction... Ah, ah, contente de savoir que tu te poses des questions sur certains personnages sûrement, et espère assouvir ta curiosité, encore !! Merci à toi de toujours me suivre ... _ Patatra : Mon commentaire va être très carré, mais c'est parce que je tiens à répondre à chacun de tes mots qui m'ont marqué, et éprise d'un grand réconfort. Je suis tout d'abord ravie de savoir que je maitrise enfin mon récit et crois, il m’en n’a fallu du temps, car j’étais tellement jeune et naïve quand j’ai commencé, qu’il faut aujourd’hui que je rattrape tout. Maladresse… ? Oh oui, j’en fais, beaucoup, surtout pour cette fiction, qui comme je le disais, j’ai commencé bien trop jeune. Sensibilité ? Je suis une hypersensible, alors oui, certainement que mes personnages peuvent paraître parfois, larmoyant. Je suis touchée en plein cœur de savoir que je transmets bien les émotions de mes personnages avec les bons mots, car c’est ce que j’aime le plus travailler et offrir aux lecteurs. Je suis faible concernant Ryô et Kaori que j’ai beaucoup de mal à aborder, j’ai donc joué la carte facile en créant mes deux personnages principaux. Une famille qui fait froid dans le dos, brr, ah, ah, certes, mais… Rendez-vous à la fin de la fiction, ah, ah. Encore, je suis flattée et surtout rassurée que je peux décrire l’environnement dans lequel se trouve mes personnages, moi qui suit habitué à sauter ces étapes essentielles que j’oublie parfois… Les métaphores j’adore ça, même un peu trop je crois, j’en mets partout ! (lol). Le vocabulaire riche, oui, pareille, j’ai tendance à utiliser souvent les mêmes mots, j’essaye en effet de les varier, merci les synonymes ! L’utilisation des temps, c’est ma bête noir, j’essaye de contrer ce défaut, mais je crois que je suis tellement têtue que ce parasite me collera encore et toujours à la peau, à ma grande défaveur… Quant à la maitrise de mon récit, j’espère l’équilibrer au mieux, même si je sais qu’il y aura des failles, c’est obligé ! Admiratif, voilà un qualitatif que je ne pense mériter, peut-être auras-tu une autre opinion à la fin de la fiction, quoi qu’il en soit, merci mille fois de me suivre et de donner toujours ton conseil, qui je l’avoue, me flatte et que j’attends… Amicalement, Hime-Lay (oui, je préfère à cityxyz (mdr) ).

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 30 : « L’amour ne connaît pas les distances… » Honoré de Balzac  

 

 

Fatale. Aussi vive qu’une panthère, féroce que le lion, habile tel le serpent, maligne comme la hyène, Hélène venait d’infliger à Ryô un sacré croché du droit au menton, égratignant la lèvre du nettoyeur. Affolée, la jeune fille se précipita sur son professeur, inquiète.  

 

- Monsieur Saeba !  

 

Deux mois. Sa protégée avait fait des progrès phénoménaux. Ils tenaient tous deux, deux heures et trente-trois minutes de course, les exercices étaient une rigolade pour la jeune femme, et depuis quelques semaines, c’était le combat qu’enseignait Ryô à la jeune enfant.  

 

Sa maitrise de l’auto défense était impressionnante. Elle retenait les gestes, les prises, les conseils de Ryô avec une rapidité fulgurante. Il n’aurait jamais imaginé qu’une aussi innocente jeune fille puisse apprendre à vitesse record, l’art du combat.  

 

Cette efficacité valait des doutes qui resurgissaient auprès du professionnel. Cocasse, attentive, intelligente, il prenait cette hauteur d’esprit comme une méfiance. Elle se débrouillait plus qu’espéré en si peu de temps, et sa technique personnelle relatait de l’imaginaire. Sa fluidité ne pouvait être de l’apprentissage, mais se présentait plutôt comme de l’acquis.  

 

Une enfant encore pleine de mystère.  

 

- Ne t’en fais pas, j’ai l’habitude depuis quelque temps… Dit-il essuyant sa lèvre  

 

Le visage de Ryô était parsemé d’égratignure, et un hématome se trouvait sur sa cuisse droite. S’il n’existait une différence de sexe entre eux, le jeune homme serait déjà mis à terre par son adversaire.  

 

- Désolée… Dit-elle avec tristesse  

- Ce n’est rien, le but est que tu saches te défendre…  

- Oui…  

 

Hélène eut un frisson. Un flocon venait de se poser sur son nez. Il neigeait.  

 

En ce vingt-quatre décembre, le moral était plus bas que terre. Aucune nouvelle de Kenji depuis sa visite auprès de Ryô, rien à signaler auprès de son chef, et encore moins du côté de Danno. Une atmosphère pesante englobait le groupe de professionnel, car pendant que l’ange gardien surveillait les démons de Lucifer, des victimes se faisaient toujours répertorier, à la rage inconditionnelle de Ryô et ses amis.  

 

Colère, soupçons, divergence d’opinion, l’angoisse, l’impatience, augmentaient les émotions négatives, et chacun se retournaient derrière l’autre. Rien n’était comme avant, leur quotidien farouche, aussi bien sombre qu’heureux dans les bons moments, toutes ces habitudes semblaient partir en fumée.  

 

Une seule personne n’était pas atteinte par cette horrible mesquinerie, Kaori. Elle partait tous les matins à la gare, espérant trouver un message de besoin, mais rien, personne ne faisait appel à City Hunter. Foutaise. Elle partait faire les courses, prenant soin d’acheter le nécessaire, elle passait par le café pour remonter le moral des troupes, puis reprenait le chemin du domicile pour s’occuper du ménage, et du diner de ces deux colocataires.  

 

Rentrant à l’appartement, Ryô et Hélène trouvaient une Kaori souriante, chatonnant parfois, des airs de noël ces derniers temps. Elle avait soigneusement décoré le sapin de noël, plaisir qu’elle avait partagé avec Hélène, sous les fous rires engendrés par les pitreries de Ryô. C’était un moment sucré, rempli de volupté, la jeune enfant n’ayant jamais décorée un sapin de son existence, n’avait jamais été aussi souriante que ce jour.  

 

Mais en cette matinée du vingt-quatre décembre, date du réveillon de noël, journée pouvant inspirer aussi bien rêverie que nostalgie, Kaori se rendant au café, ne trouva aucun de ses amis en forme.  

 

Pénétrant dans le commerce, elle vit Miki essuyer péniblement des verres, Falcon regardait le café s’écouler doucement de la machine, et Mick était accoudé au bar comme une loque.  

 

- Ça ne respire pas la joie ici… Dit-elle avec ironie  

- Bonjour Kaori… Dit simplement Mick  

- Comment fais-tu pour être toujours d’aussi bonne humeur ma chérie… Souffle Miki  

- C’est simple, j’ai appris à ne jamais regarder en arrière ! Dit-elle posant ses paquets  

 

Cette réflexion eut comme résultat un silence de plombs, qui même n’ayant duré que quelques secondes, fut considéré éternité. Kaori sentit sa joie baissé d’un cran. Ses amis n’avaient réellement pas l’air enthousiasmés en ce jour de réveillon, la magie de noël n’inspirait même pas un souffle de gratitude ou de gaité.  

 

Démoralisée, l’entrée de Kazue fit fortune à Kaori. L’infirmière s’approcha de son amie et déposa chaleureusement, une main sur chaque épaule tombée.  

 

- Et bien ma Kaori, tu as l’air abattu !  

 

La nettoyeuse retrouva son sourire, Kazue était bien encore sa seule amie capable d’engendrer une étincelante lumière de bien-être. Déposant à son tour une main affectueuse sur celle entourée d’un anneau de son amie, la jeune femme étira encore davantage son sourire.  

 

- J’ai une idée, pourquoi on ne ferait pas tous le réveillon de noël ici…  

 

Aucune intervention du groupe, excepté Kazue, qui, partant s’asseoir près de son mari, acquiesça l’idée de Kaori.  

 

- Je trouve que l’idée est bonne !  

- Mais il est déjà presque midi passé… On aurait trop de chose à préparer ! Râle Miki  

- On peut aussi faire simple, des rôtis et des pommes de terre suffiraient ! Fait remarquer Kazue  

- Oui, des glaces en désert et le tour est joué, l’important c’est d’être tous ensemble ! Argumente Kaori  

 

Cette dernière révélation lança le coup d’envoi. Miki retrouva le sourire, Mick se releva et se tint droit, quant à Falcon, il daigna enfin regarder ses amis. Kaori et sa contagieuse béatitude. « Être tous ensemble », c’était un mot d’ordre, presque une requête qui venait du cœur, savourer une paisible soirée de fête tous réunis, comment oser dire « non » à Kaori.  

 

- D’accord, je m’occupe du plat… Répond Miki  

- Moi des déserts ! Se réjouit Kazue  

- Et je fais la déco ! Sourit Kaori  

 

Kazue prit son sac, enfila son manteau, et traîna son mari par la manche afin qu’il l’accompagne faire des emplettes. Kaori aussi se vêtit de sa veste et s’apprêtait à s’en aller, lorsque Miki retient ce petit monde, déjà arrivé à chacun des endroits souhaités.  

 

- Attendez ! Est-ce qu’on invite Saeko et Reika… ?  

- Non, Saeko m’a appelé ce matin, elle fête noël en famille cette année… Affirme Kaori  

- Bien, dans ce cas nous serons six !  

- Sept ! Rectifie Kaori  

- Sept… ?  

- Oui, avec Hélène…  

 

À l’entente de ce prénom, un mutisme prit d’assaut l’ambiance exaltante qui emportait le groupe d’ami plus tôt. Kaori grimaça, alors les avis n’avaient pas mûris, sa protégée restait la meilleure ennemie. Aussi difficile qu’il fallut pour convaincre Ryô de ne point se méfier, et en aucune façon d’Hélène ; et seul le ciel savait combien son partenaire était têtu ; mais ses autres équipiers restaient donc perplexe.  

 

- Ne me dites pas que vous avez encore des incertitudes la concernant…  

- Kaori… C’est très difficile de ne pas en avoir… On ne sait rien d’elle, ses origines, tu sais combien la manipulation est fréquente dans ce milieu… Justifie Miki  

- Oui, j’en suis consciente, mais jamais Hélène ne nous trahira en quoi que ce soit !  

 

Miki observa sa meilleure amie d’un mauvais œil. Ce n’était pas pour la perturber ou encore même la blesser qu’elle infligeait cette hésitation envers Hélène, mais plutôt pour la protéger, l’empêcher de souffrir, ou pire, d’être déçue, de se sentir trahit.  

 

Remarquant le courant d’air austère qui séparait ces deux proches amies, Kazue rompit la glace. Elle s’approcha de Kaori et posa une main dans son dos.  

 

- Tu sais quoi, tu as raison… Nous la jugeons peut-être trop hâtivement… Attendons ce soir pour faire sa connaissance…  

- Oui, faisons ça !  

 

Kaori quitta les lieux, presque avec une allure de snobisme, ne ressemblant pas au caractère serein de la jeune femme. Son partenaire l’avait mise en garde, « ne pas prendre cette situation trop à cœur », mais est-ce que son coéquipier, son ami, son amant, ne connaissait pas mieux le cœur de celle qui partageait sa vie.  

 

Tous connaissait Kaori pour son fort tempérament, mais surtout et essentiellement pour sa bonté, sa loyauté et jamais la jeune femme ne pourrait se résoudre à tomber le masque devant Hélène. Elle croyait en elle, depuis leur première rencontre, cette enfant l’avait touché en plein cœur, soulevant en elle des souvenirs nostalgiques. Elle voulait la conforter dans son choix, parce qu’elle comprenait plus que quiconque ce qu’elle ressentait.  

 

Jamais, au grand jamais, aucun individu ne l’aurait séparée de Ryô. Mille fois les risques, les contraintes lui avaient été énumérées, mais en vain, elle était là, pied et poing lié à sa vie.  

 

Kaori rentra en trombe chez elle, claquant la porte contre le mur, faisant sursauter Ryô et Hélène, déjeunant tranquillement. Le jeune homme dégluti, quelle mouche avait piqué sa partenaire pour qu’elle soit de mauvaise humeur.  

 

La jeune femme redescendit en température en constatant qu’elle n’était pas seule. Elle rougit fortement, des semaines, voire des mois qu’elle ne s’était pas mise en colère.  

 

- Et bien partenaire, que nous vaux cet excès d’irritation ? Dit-il non chaland  

- J’en ai assez d’avoir à faire à des gens bornés !  

 

Kaori se dirigea à l’étage, contrariée, ce qui amusa son amant qui eut une subite envie de la charrier.  

 

- Bornés… ? Tu es la reine des bornés, tu es même la souveraine des têtus, plus buté que toi, ça ne se trouve pas !  

 

Ovni. Un objet volant non « encore » identifié venait de souffler une mèche de cheveux d’Hélène. Elle vit soudainement son professeur la tête encastrée dans le mur, les jambes pendantes. Il essayait visiblement de bafouiller quelque chose, mais impossible de savoir ce qu’il marmonnait. Ouvrant grand les yeux, un bloc, avec le chiffre « cent tonnes » inscrit sur, la massue… ? se posait à terre, le châtiment de Ryô Saeba. L’enfant surprenait pour la première fois, le caractère irrité de Kaori.  

 

Souvent, presque tous les jours durant, Kaori et Ryô se taquinaient, s’envoyant des vannes, des critiques, mais cette symphonie qu’on pourrait entendre comme un couple qui ne se supporte aucunement l’un l’autre, chantonnait plus encore comme un air d’amour. Deux êtres ne cessant de se dire le contraire de ce qu’il pense pour sembler être à une distance universelle.  

 

Cependant, en vivant au quotidien avec eux, chaque heure de la journée, Hélène percevait leur alchimie commune, dont la couleur se résumait au rouge ; la passion. Elle les prenait au vol, ces regards chaleureux, ces gestes effleurés, ces mots inversés, et surtout,  

 

Les pas légers de Kaori quittant sa chambre pour rejoindre celle de Ryô.  

 

Hélène rougit, elle se sentait indiscrète malgré son caractère réservé. Car pire encore, elle se sentait responsable que deux êtres qui s’aiment, se sentaient obligés de se cacher en sa présence.  

 

Magie. En entendant les difficultés de Ryô de se sortir la tête du mur, elle se mit à sourire, et rire discrètement. Ce son gracieux atteignit l’ouïe de Kaori et regarda du haut de l’escalier, Hélène se levait pour venir en aide à son partenaire. Elle tira son bras fortement, et parvint à l’extirper du béton. Trop lourd, Hélène tomba sur les fesses ainsi que Ryô déséquilibré par leur poids.  

 

Le visage bossu du nettoyeur donna un rire à l’enfant qu’elle ne put retenir, comment cet homme imposant avait-il pu se laisser faire ainsi… ? C’était, hilarant.  

 

Les deux nettoyeurs furent séduits par la mélodie que déployait la bouche de leur protégée. Souriant rarement, elle riait, en ce jour et c’était un moment pétillant et scintillant, car en pleine conscience de la noirceur de leur vie, certaine brèche rappelait qu’ils goûtaient aussi au bonheur.  

 

Le regard perçant de Ryô troubla Hélène, qui s’arrêta subitement de rire, et posa sa main devant ses lèvres et exprima un, « désolée ».  

 

- Cet après-midi, nous allons commencer les exercices de tir…  

 

Une révélation qui valut à Kaori de revenir sur ses pas et de descendre en trombe rejoindre son partenaire, en exprimant sa surprise.  

 

- Quoi ?  

- Elle se débrouille vraiment bien au combat… Dit-il montrant sa lèvre  

- Ryô enfin, c’est beaucoup trop dangereux ! Râle Kaori  

- Mais c’est bon vouloir non… ?  

 

Encore. Il recommençait. Hélène sentait toute la méfiance que cet homme dégageait à son égard. Tantôt tendre, puis complètement désinvolte en sa personne, l’enfant ne savait plus sur quel pied danser, sur quelle note s’accorder. Elle donnerait tout pour en connaître les raisons, encore ce mal qui la rongeait de n’être accepté complètement par son professeur.  

 

- Hélène ?  

 

Il prononça son prénom froidement, comme pour la défier, alors qu’il entendait déjà sa réponse dont il avait parfaitement conscience, évidement,  

 

- C’est ma demande, effectivement…  

 

Il plongea son regard dans le sien. Cette petite, fragile de cœur, ne manquait pas de confiance dans l’âme. C’est inévitable, Hélène savait ce qu’elle voulait et à pleinement conscience, de ce qu’elle faisait. C’est l’inquiétude, aucune frontière, les yeux fermés, là où était l’objectif, les limites se brisaient, et les moyens même de nature néfaste, prenaient pouvoir.  

 

- Dans ce cas…  

 

Ryô s’avança vers la porte d’entrée, suivi attentivement par Hélène, que Kaori, ne put retenir. La nettoyeuse se morfondit, leur protégée n’était âgée que de seize ans. Cet âge ne devrait être que rêves, projets, sorties, souvenirs, bonheur sans compter. Elle ne devrait se soucier que de sa tenue, que du prochain film à aller regarder, de ce garçon qui la regardait dans ce café.  

 

Au lieu de vivre en adolescente, elle vivait en femme, et quelque chose murmurait à l’oreille de Kaori, que cette jeune fille n’avait pas fini d’en braver des obstacles, d’en découvrir des vérités, d’en affronter des dangers.  

 

Fermant les yeux, elle pria pour qu’une bonne étoile scintille à jamais au-dessus de sa tête, et scintille au plus fort lorsque les jours seront sombres, pour que Kaori puisse apporter une lumière.  

 

Descendant de l’ascenseur, la jeune fille s’étonna d’arriver dans un couloir, et non dans le garage. Ainsi se trouvait une pièce en plus en dessous. Son professeur avait osé installer une artillerie dans une ancienne cave. Elle ne parvenait à réaliser où elle se trouvait.  

 

Pénétrant dans la pièce, toutes ces armes alignées, ces munitions en pagaille, ces cibles qui attendaient leur sort, toute cette ambiance corruptible la fit frissonner. Son professeur était droit, sérieux, elle était consciente que Monsieur Saeba serait encore plus exigent quant à cette étape de son apprentissage.  

 

Il s’arrêta. Il sortit son magnum de son fourreau et regarda droit dans les yeux son élève.  

 

Angoissé. Ryô n’avait jamais enseigné l’art d’utilisé une arme. Loin de lui de vouloir établir une morale à cette enfant, bétonnée dans son but. Alors, il repensa à son enfance, et à cette troupe ordonnée de suivre trois règles élémentaires en tant que soldat.  

 

- Utilisé une arme est la dernière étape pour être nettoyeur…  

- …  

- C’est l’essentiel, une survie…  

- …  

- Je tiens dans cette dernière étape, t’annoncer trois règles élémentaires à ne jamais oublier…  

- Entendue…  

 

Ryô récita ces trois règles, une à une, prononçant correctement chaque syllabes, accentuant certain mot. Hélène était attentive, elle retenait les moindres conseils de son professeur, et ces trois règles paraissaient particulièrement importantes pour se construire le moral de, « nettoyeur ».  

 

- J’ai… Une dernière règle à t’annoncer…  

- Mh… ?  

- Je l’appelle la règle xyz… Pour moi, c’est la plus importante, celle qui m’aide encore plus à survivre…  

- Oui…  

 

Ces lèvres prononcèrent six mots, par un de plus, pas un de moins. Ryô les souffla, les murmura presque, comme une prière qu’on n’osait prononcer à voix haute. Il sourit presque en dictant sa dernière règle, qu’il avait sans doute crée lui-même, et Hélène se doutait bien à quelle période.  

 

- Compris… Sourit-elle à son tour  

 

Ryô étira un léger sourire, et tourna le dos à son élève. Il se dirigea, suivie par Hélène, vers l’armoire où se trouvait une panoplie d’arme. Il ouvrit les portes qu’il fit glisser sur les côtés, et la jeune fille se sentit minuscule devant l’armurerie. Des armes à ne pas les compter, toutes brillantes, et différentes.  

 

- Pour choisir ton arme, je te conse…  

- Quelle arme porte Kenji… ?  

 

Cette question déstabilisa son conseil. Encore une ressemblance, cette manie de vouloir prendre la même arme que l’élu. Kaori avait elle-même choisit la même arme que son frère défunt. Une victime de plus.  

 

- Un magnum quarante-quatre…  

 

Ryô prit l’arme en question et la porta à la vue d’Hélène. Elle paraissait curieuse. La jeune fille avança sa main, et caressa l’inscription que portait l’arme. C’était froid et lisse, angoissant, mais tellement fascinant. La future nettoyeuse prit l’arme dans sa main, mais cette dernière fut poussée vers le vide, elle ne se doutait pas quelle puisse être aussi lourde.  

 

- Je ne te la conseille pas, c’est bien trop lourd pour toi… En revanche, si tu tiens à avoir un magnum quarante-quatre, je te conseille de prendre le desert eagle… Bien plus légère et pratique pour toi…  

 

Hélène s’empara de l’arme de sa main droite. Un poids léger, une poignée noire argentée, un fut gris brillant, l’appellation de l’arme gravée en or. Le barillet, le chien, la détente et le canon, d’une couleur perle, crémeux et aiguisant.  

 

- Bien, je vais maintenant te montrer comment utiliser une arme…  

 

Ryô empoigna son magnum. Il se plaça devant une cible, Hélène en fit de même. Il démontra la position des jambes, du buste et des bras. Lâcher le chien, glisser le barillet et appuyer sur la gâchette. Le nettoyeur usa ses six balles qu’il plaça dans un seul trou dans le cœur de la cible.  

 

Hélène fut impressionnée, un véritable talent, presque un don, très peu d’hommes pouvaient utiliser leur arme et donner un tel résultat. La jeune fille ne souhaitait se retrouver devant le canon de cet homme un jour.  

 

- À toi…  

 

Hélène se mit en position. Étonnement. Encore une fois, la jeune fille fit preuve de discipline et se plaça à la perfection. Ses yeux scintillaient, ses mains tremblaient quelque peu. Elle regarda fixement en bas de la cible, Ryô devina que c’était le côté de l’estomac qu’elle visait, un point non mortel du corps. Étrange.  

 

Un coup de feu retentit, et la jeune fille ne manqua aucunement sa cible. Cependant, encore frêle et débutante, Hélène perdit quelque peu l’équilibre et le bras puissant de Ryô l’empêcha de tomber. Le nettoyeur fut surpris, en un tir, elle pactisait avec son objectif. Surprenant.  

 

- Ce n’est pas trop mal…  

 

Hélène lâcha subitement l’arme. Son cœur saigna et son corps s’engourdit. Elle venait de commettre un geste étrange, une toute puissance l’avait envahie, se mettant dans la peau de Dieu pendant quelques secondes, effrayant. La jeune fille devint pâle et des larmes roulèrent sur ses joues, cette journée fut épuisante.  

 

- Ça suffira pour aujourd’hui… Souffle Ryô  

- Oui…  

 

Le nettoyeur tourna les talons, et remonta dans l’appartement. Il fut suivit de loin par Hélène, subitement bousculée par la bonne humeur de Kaori. La jeune femme était sublime, une jupe portefeuille marron, un chemisier rose pâle, un gilet noir, des boucles d’oreilles dorées pendantes, un maquillage soigné, une coiffure légère, la nettoyeuse était somptueuse, laissant Ryô abasourdi.  

 

- Vous êtes tellement belle…  

 

Hélène souffla ce compliment avec admiration, des mots tendres qui lui échappèrent. Cette femme avait décidément toutes les qualités.  

 

Charmée par le compliment, Kaori posa une main chaleureuse sur l’épaule de sa protégée.  

 

- Vous êtes partis rapidement, je n’ai pas eu le temps de vous dire que nous faisions le réveillon de noël au Cat’s Eyes cette année…  

- Le réveillon, je n’y pensais même plus… Râle Ryô  

- Ce n’est rien… C’est une année difficile…  

 

Ryô et Kaori s’admiraient. La terre s’arrêta un instant de tourner, ils savaient à eux deux, stopper cette force intersidérale pour être réunis, ensemble, dans un monde où ils pouvaient se parler, mais sans murmurer un quelconque mot. Une année difficile, éprouvante, un tournent dans leur vie, dans leur quotidien, heureux ou peureux, ils ne savaient pas tous les jours mettre un terme sur leurs ressentis.  

 

- Je vais faire la décoration ! On se retrouve là-bas pour sept heures !  

- Ok…  

 

Ryô rugit. Son amante avait réellement l’intention de sortir dans la rue, vêtue ainsi, aussi belle que jamais, et il ne serait là pour faire fuir en une micro seconde, les espoirs de toucher même des yeux sa partenaire, ces individus du sexe masculin.  

 

Kaori s’arrêta, s’appuya sur la rambarde, et défia du regard son amant.  

 

Perverse. Cette femme osait provoquer l’homme sûr de lui qu’il était. Elle le faisait exprès, exprès de le rendre jaloux, impulsif, incontrôlable et maladivement possessif. Il ragea, Kaori paiera son arrogance, cette nuit.  

 

- Monsieur Saeba… ?  

- Oui ?  

- Puis-je aller prendre ma douche… ?  

- Ah oui, vas-y la première !  

- Merci…  

 

La jeune fille s’empressa d’aller se réfugier sous une eau chaude relaxante. Ce filet d’eau humide caressa son dos, sa nuque de manière rassurante. De la relaxation, voilà ce qu’elle voulait, tendresse et sécurité. Elle moussa son corps honteuse, son imagination ne pouvait s’empêcher de penser aux mains de son amant glissant sur son corps, sensuellement. Ciel qu’il lui manquait, quand pourrait-elle le retrouver, se confiner dans ses bras, pleurer, et encore pleurer le bonheur de l’avoir retrouvé.  

 

La voilà, cette eau parfumée qui se mêlait à une eau salée.  

 

Elle ferma les robinets et s’enveloppa dans une grande serviette de toilette pêche. Elle chaussa des ballerines, et sortit de la salle de bain. Coincée dans ses pensées, elle passa devant Ryô sans même y faire attention, percutant la sensibilité du nettoyeur.  

 

Il s’avoua avoir été exécrable, méprisant, jouant plus un rôle de bourreau que de professeur ou de mentor pour cette jeune fille. Son intuition ne le trompait jamais, où serait-il en train d’être manipuler par un farfelu farfadet le menant vers une mauvaise poule aux d’œufs d’or.  

 

Retournant à son tour dans sa chambre, il vida son esprit en ne gardant que l’image de la beauté furieuse de son amante. Divine, coquine, elle voulait le faire succomber. Loin de lui de déclarer forfait devant la provocation ; qu’il pensait, le challenge ; qu’instaurait en cette soirée spéciale, sa bien-aimée.  

 

Alors, il poussa, tira, retira et replaça des cintres portant des vêtements différents dans son armoire, lorsqu’il trouva au bout de quelques minutes, sa tenue concurrente.  

 

Fin prêt, il frappa à la chambre d’Hélène, et resta sans réponse. Intrigué, il se permit de rentrer dans la pièce. La jeune fille était toujours enroulée dans sa serviette de bain, assise sur son lit, abattue.  

 

- Hélène… ?  

- Je… Je ne viendrais pas…  

- Mh… ?  

- Oui, hum… Je… Je n’ai rien… Pour sortir…  

 

Idiot. Des mois que la jeune fille était là, et comme un film récapitulatif, il n’avait jamais vu leur protégée dans une autre tenue que son jogging, tee-shirt et son pyjama. Aucun vêtement ne gâtait son armoire, alors que des milliers de « fringues », envahit par des paires incalculable de chaussure, devraient engrosser ce placard.  

 

- Je vais regarder dans la chambre de Kaori…  

- Non ! Je… Je ne veux pas… Enfin, je préfère demander…  

- Ne t’en fais pas, elle n’y verra aucun inconvénient !  

 

Évidement qu’elle n’y verrait aucune incommodité, Kaori donnerait le bon dieu sans confession à cette enfant. Sa partenaire était formelle, Hélène était blanche comme neige. Rien, aucun soupçon ne devait être effleuré concernant leur ; non ; sa protégée. Une totale confiance s’était habitée dans le cœur de Kaori pour ne plus jamais en déménager. Par quel hasard le nettoyeur ne pouvait ouvrir son cœur.  

 

Pourtant, dès sa première rencontre avec Hélène, il avait été charmé, étant plus que convaincu que cette fille était faite pour Kenji, et exclusivement pour son ami. Charmé, ému par sa solitude, sa fragilité, ces qualités étaient aujourd’hui des défauts qu’il reprochait à l’enfant, sans véritable preuve.  

 

Que se cachait-il derrière le prénom, le nom de cette enfant… ? D’où venait cette habilitée qu’elle possédait pour les moindres détails. C’était plus qu’une élève studieuse, non, c’était une copie de Ryô. Uniquement mère nature séparait une force égale. Pourquoi, pourquoi être rongé par des soupons non fondés alors que la personne qu’il abritait sous son toit était le désir le plus absolu de celui qu’il considérait comme un frère.  

 

Mystère.  

 

Ryô revient dans la chambre d’Hélène, et lui jeta des vêtements sur le lit.  

 

- Ne traîne pas trop…  

 

La jeune fille se vêtit. Un jean noir, un col roulé noire chaud pour l’hiver, et un haut sous forme de Kimono bleu piqué de fleure rouge. Elle sortit de la chambre et rejoignit Ryô, déjà clé de voiture en main.  

 

Ils montèrent dans l’ascenseur, sous silence et gagnèrent la voiture, lorsqu’une réflexion de Ryô percuta la jeune fille d’une mission.  

 

- Cette fête est idiote ! J’avais complètement oublié et je vais arriver les mains vides !  

 

Hélène exprima un cri de surprise. Elle avait oublié. Elle descendit de la voiture prête à rouler. Elle claqua la porte et se dirigea du côté de Ryô.  

 

- Mais qu’est-ce que tu fais ?  

- Partez devant Monsieur Saeba, il faut que je fasse quelque chose !  

- Quoi ? Mais ? Où vas-tu ?  

- Je ne peux pas vous le dire… Mais je vous rejoins vite, promis…  

 

La jeune fille prit la fuite.  

 

Le nettoyeur ; défaut de métier ; pressentit une mauvaise surprise en ce réveillon de noël. Pourquoi soumettre tant d’énigme sur sa destination. L’homme décida de s’en moquer et prit route vers le Cat’s Eyes.  

 

Arrivé. Il traina ses pieds sur le trottoir, s’empressa de prendre de l’élan, et abouti sa course, langue pendante, visage masqué et choisit comme victime, « sa belle Miki ».  

 

- Viens prendre ton cadeau Miki-chérie !!  

 

Accueillit. Une silhouette ronde, brillante, d’une couleur unie, prenant toute l’attention de l’assemblée réunit dans une pièce, la massue, équilibrant mille tonne, soulevé par une plume, Kaori n’avait pas l’intention de laissé son « lubrique » amant, satisfaire ses manies perverses.  

 

Un éclat de rire de Kazue et le groupe d’amis réuni sourit enfin, un cliché qui depuis de long mois, ne s’était présenté.  

 

Entrainant Hélène avec sérieux, Ryô se faisait rare. Seule Kaori venait tous les jours prendre nouvelle de ses amis, à croire que le nettoyeur prenait à cœur bien plus qu’il ne le pensait, sa mission formation.  

 

- Ryô, où est Hélène… ?!  

- Elle nous rejoint plus tard, elle avait une course à faire !  

- C’est une blague Ryô Saeba ?! S’emporte Kaori  

- Hein ?  

- Il fait nuit déjà dehors, et de surcroît tu l’as laisse seule !  

- Ça va, ne t’énerve pas, elle ne craint rien, tu sais que je l’entraîne à être une bonne nettoyeuse, elle saura par conséquent bien se défendre s’il lui arrive quelque chose ! Débite-t-il nonchalant.  

 

Kaori pâlit. Elle ne parvenait à rendre lucide cette déclaration détachée de son partenaire. Qu’avait-il dans la tête pour acclamer haut et fort, qu’il insinuait se moquer du sort de leur protégée.  

 

- C’est ridicule, je pars la chercher !  

- Mais attend, Kaori !  

 

Soudainement, la cloche sonna, la jeune enfant apparut devant Kaori. Le silence s’installa et une tension soudainement indécise s’engouffra dans le café. La nettoyeuse sourit à sa protégée et la prit par la main. S’arrêtant devant tous, elle se plaça derrière elle, main sur ses épaules, l’air fier.  

 

- Hélène, voici nos amis…  

 

Un à un, Kaori présenta chacun de ses proches. Kazue, infirmière et son mari Mick. Puis Miki, gérante du café et son mari Umibozu. La jeune fille glissa un timide « enchantée » à cette troupe d’amis qui paraissait à première vue, soudée. Mais aucun d’eux ne tenta un pas vers elle, juste des regards qui allaient de la tête aux pieds, pensant qu’elle était simple, inoffensive, et qu’elle ressemblait de très près à Marie.  

 

Kazue, ressentant l’amertume de son amie, décida de prendre sur elle et s’avança d’un pas léger vers Hélène, et lui tendit la main, affectueusement.  

 

- Enchantée, et bienvenue parmi nous…  

- Merci…  

 

Hélène serra tendrement la main de Kazue, elle trouvait cette femme charmante et ravissante. Touchant la main de la délicate enfant, l’infirmière reçut comme un frisson qui parcourra son thorax, une grâce venait de l’enchantée. Un silence s’installa et le temps s’arrêta. Madame Angel ne lâcha aucunement la main d’Hélène, se faisant aspirer par le regard profond de la protégée de Kaori. Elle comprenait, elle comprenait d’où venait cette fascination pour cette jeune fille chez son amie, ses yeux étaient remplis malgré eux, d’égratignure.  

 

- Chérie… ? Souffle Mick  

- Hum, on se met à table… Propose Kaori  

- Oui…  

 

Kazue murmura sa réponse et laissa sa main glisser hors celle de l’invitée. Tant de sentiment venaient de se dégager, une même impression l’avait traversé lorsqu’elle avait fait la connaissance de Ryô et Kaori, un électrochoc, un cocon de bien-être.  

 

La bande d’amis s’installa sur une grande table rectangulaire. Hélène était assise entre Ryô et Kaori, et face à Miki. Ils bavardaient, comme on dit, de tout et de rien. Ils évitaient toutefois les sujets d’actualités, et d’empiéter à toute concordance sur leur activité.  

 

La jeune enfant resta silencieuse, ces jeunes gens se connaissaient depuis fort longtemps et semblaient savoir toujours quelle conversation aborder, le mot qui fera rire l’autre, ou au contraire, le taquiner. Hélène se sentit comme la cinquième roue du carrosse, aucune différence n’engendrerait l’atmosphère qu’elle soit présente, ou non.  

 

Et puis, ce regard méprisant, interrogateur que figeait Miki sur sa personne. Elle semblait méfiante, dédaigneuse. Hélène pouvait voir transparaître dans les yeux de cette femme, qu'elle ne lui portait aucunement de l'affection, et qu'elle était vigilante, méfiante.  

 

Sonnant minuit, tous se réunirent autour du bar, et buent un verre de champagne, c'était Noël. Ils trinquèrent tous ensemble, suppliant déjà qu'une année meilleure se propage dans leur vie, espérant que le courage suffise pour pouvoir et devoir, tout supporter.  

 

Hélène les regarda de loin s'amuser, ils avaient le sourire et le rire étirés jusqu'aux oreilles. Ils avaient l'air heureux malgré tout, elle les enviait. Car, subitement, elle repensa à un détail nostalgique. Aujourd'hui, c'était donc le vingt-cinq décembre, et, n'était-ce pas cette date qu'avait mentionnée Kenji comme étant le jour de son anniversaire...?  

 

- Kenji...  

 

Poussée par le désespoir, elle se leva, discrètement, et sortit du café sans éveiller aucun soupçon, une discrétion fort bien enseignée par son professeur. Elle sortit du Cat's Eyes, et se mit à courir au pas de course, dans cette rue enneigée.  

 

Son rythme était cadencé de larme, ses joues étaient rougies et une épaisse buée sortait de sa bouche lorsqu'elle respirait. Et lorsqu'elle vit son point d'arrivé, elle s'écrasa sur le lampadaire et essaya de reprendre son souffle.  

 

Puis, ce fut la défaillance, une crise de larme. Qu'espérait-elle...? Le trouver ici, à ce point de rendez-vous...? Qu'il serait là, même juste pour ce jour, à l'attendre, à s'accrocher à l'espoir que cette idée puisse l'avoir transpercé. Non, tout n'était qu'illusion, et pathétisme, elle était seule, encore.  

 

Dans le café, Kaori tourna son visage afin de demander à Hélène de les rejoindre, mais c'est un fauteuil vide qu'elle trouva. Par instinct, la nettoyeuse ne ressentit plus la présence de sa protégée en ce lieu, elle était partie.  

 

Soudainement, tous furent surpris d'apercevoir Kaori prendre son manteau et sortir dehors.  

 

- Kaori, enfin, où vas-tu...? Questionne Miki  

- Chercher Hélène, elle est partie !  

- Elle avait sûrement besoin de prendre l'air... Argumente Ryô  

- Prendre l'air hein... Snobe Kaori  

- Tu ne sais même pas où elle est ! Fait remarquer Miki  

- Bien au contraire, j’ai une vague idée de l’endroit...  

 

Comme une lionne, Kaori s'engouffra à son tour au pas de course vers une destination morose. Ne pouvant se permettre de laisser deux jeunes femmes dehors à cette heure tardive, Ryô enfila son manteau également, et suivit les pas effrénés de ses deux femmes qui lui feront perdre la raison.  

 

Le nettoyeur se demandait par quel miracle, Kaori pouvait être aussi sûre d’elle, quant au lieu où s'était rendu l'enfant. Toutefois, reconnaissant le chemin déjà emprunté, Ryô ne put que s'incliner devant la dextérité de sa partenaire, car au bout de quelques minutes écoulées, le jeune homme vit Hélène au loin.  

 

Kaori stoppa sa course, essayant de reprendre un rythme normal, seul Ryô atterrit comme un charme. Il observa sa partenaire, elle n'osait bouger pour le moment, laissant encore quelques secondes d'effrois à sa protégée, mais ne résistant à l'appel de détresse d'Hélène, la jeune femme céda et rejoignit l'enfant. Pourtant, ayant juré qu'elle fondrait dans ses bras, Ryô vit Hélène s'avancer, et repousser ; sans mépris ; Kaori.  

 

- Je suis idiote... Souffle-t-elle  

- Hélène...  

- J'ai... J'ai bêtement crue qu'il serait là... À m'attendre... Comme avant... Sourit-elle  

 

Kaori sentit son cœur se contracter, percevant une envie de pleurer également, trop écrasée par tant de peine qu'éprouvait Hélène.  

 

- C'est son anniversaire aujourd'hui... Je crois... Qu'il ne le fête jamais... Il n'a pas voulu tout de suite me dire la date...  

- ...  

- Je savais déjà quel cadeau je comptais lui offrir, les mots que j'essayerai de lui dire...  

- ...  

- Il... Il y a tant de détail que je connais de lui... Et qu'il ignore...  

- …  

- Ça m’effraie, de penser qu’il peut être tout seul en ce jour !  

 

Hélène expulsa sa rancœur. Nullement un tel cri n’avait été entendu, aucune faiblesse perçue, juste de la tristesse, mais aujourd’hui, en cette nuit, c’était une colère déchirante qui fit hurler la jeune enfant, une culpabilité bouillante, une voie sans issu, prise au piège dans un gouffre, où les règles étaient caduques.  

 

Poussée par ce cri, Kaori se jeta vers l’enfant et l’encercla de ses bras chaleureux, serrant contre elle comme jamais, Hélène. Ce n’était pas qu’un flot de larme qui était versé ni une tristesse d’adolescente, mais bel bien une cassure, son cœur saignait et son corps ne savait plus de quelle manière gérer cette souffrance lancinante et perpétuelle. Quoi qu’elle fasse, mot qu’elle dise, aucune solution ne semblait correspondre à cet éternel acharnement.  

 

Un bruit d’os rompu, tel fut le son que venait d’émettre le cœur de Ryô et Kaori qui se brisait devant tant de solitude. Le nettoyeur le plus craint de tout le pays, ne sut quelle solution apporter à cette peine saisissante. Il s’ennuyait d’être impuissant face à la détresse d’Hélène et du soupçon qu’il mène comme un combat. Un regard se posa sur lui, celui de son ange. Une lumière demandant en ce jour de Noël de déposer les armes et de saluer l’adversaire.  

 

- Il fait froid… Rentrons…  

 

Seront les seuls mots que prononça Ryô à la quête de sa partenaire.  

 

Ils rentrèrent tous trois à l’appartement, ayant mis cours au réveillon. Kaori prépara du tilleul à sa protégée et attendit paisiblement qu’elle s’endorme. Admirant la porte du pays des songes dépassée par Hélène, la nettoyeuse regagna sa chambre. Son amant s’était déjà confiné dans les draps. Se mettant à l’aise, elle rejoignit Ryô et s’engouffra dans ses bras, geste affectueux qui dessina un sourire le visage presque endormi du jeune homme. Ils restèrent plusieurs minutes enlacés sans un mot, juste des caresses pour traduire leur élan de tendresse.  

 

Soudainement, Kaori se leva précipitamment dissolvant l’instant de coton. Ryô émit un râle, pour quelle raison sa partenaire brisait ce moment câlin, s’apprêtant à dévorer son corps comme l’étalon qu’il se doit. Elle revint, sautillante, et s’agenouilla. Timide, elle tendit un coffret à Ryô, une boîte verte entouré d’un ruban rouge. Il se releva, curieux.  

 

- J’ai oublié de t’offrir ton cadeau… Rougit-elle  

 

Ryô se mit à rire, nerveusement, grattant sa tête, honteux, car il n’avait rien à offrir en échange à Kaori, c’était un rituel qu’il ne faisait jamais, offrir des cadeaux, excepté cette année à son anniversaire. Son présent le plus précieux lui faisait face, il n’avait besoin de rien d’autre, qu’elle. Il racla sa gorge, effarouché d’avoir fait la connaissance de la déesse du romantisme.  

 

- Hum, mais… Je n’ai rien pour toi !  

 

Kaori sentit une massue d’une tonne tombée sur sa tête. Son bien-aimé n’était pas pourvu de délicatesse, mais qu’importe, il était adorable avec son air gêné et désabusé.  

 

- Ouvre-le…  

 

Avec toute la délicatesse que posséder la main puissante de Ryô, il défit le ruban rouge qui s’enroula sur lui-même sur la couette tombant, et ôta le couvercle. Dans une mousse de soie, se découvrit un ange à l’expression enfantine. Cet ange avait vécu, ou plutôt, était cousu de doigts fins et délicats, pour ne pas dire, innocents.  

 

- Ce sont les enfants de l’orphelinat qui l’ont fait…  

 

De la pâte à sel, une pointe de colle et des habits prit dans du tissu doux, sans oublier l’auréole, accrocher par ce bout de fil de fer peu commode. Ryô sourit, quel présent étrange, maladroit, mais ô combien tissé d’amour.  

 

- Apparemment, tu aurais peur qu’un certain ange ne parte au ciel…  

- …  

- Alors les enfants t’ont fabriqué celui-là, pour que cet ange, ne te quitte pas… Finit-elle émue  

 

Ryô sentit un parfum, somptueux. Serait-ce l’odeur du bonheur… ? Il avait chaud, mourait d’envie de sourire largement, et de prendre dans ses bras tous ces enfants merveilleux. Mais c’est vers son ange qu’il se tourna, sa moitié. Sa vie entière n’était dédiée qu’à cette femme qu’il avait rencontrée par le plus malin des hasards, en enfer. C’est pour elle qu’il fit violence à cette puante fatalité, qu’il poursuivait une survie, qu’il évitait les bras du destin, oui. S’il écrit sa vie, ne serait-ce qu’un peu, c’est uniquement dans la satisfaction ultime de rendre cette femme à chaque seconde, heureuse.  

 

Il vint déposer une main tremblante sur sa joue, caressa sa peau du bout de son pouce, et s’empara hâtivement de sa bouche rosée par l’émotion. Recouvrant le corps de son amante, il mit à nue ses atouts féminins, et vint l’assouvir davantage plus fort, plus fidèlement que les nuits précédentes.  

 

* * * * * * *  

 

Sursaut. Deux sursauts. Un bruit ressemblant aux sons de grosses cloches dansant ensembles, viennent réveiller dans l’angoisse, Kaori et Hélène.  

 

La nettoyeuse tourna son visage, et vit que son amant n’était pas dans le lit. Elle entendit soudainement sa grosse voix, énumérer : « debout ! ». Kaori n’en revint pas d’un tel réveil, qu’arrivait-il à son partenaire ? Pourquoi un tel raffut ? La nettoyeuse enfila une veste et sortit de la chambre avant que leur protégée ne l’aperçoit sortir de la mauvaise pièce. Ouvrant la porte, elle huma une bonne odeur. La jeune femme s’approcha du balcon, elle vit Ryô, bâton et casserole à la main, sourire espiègle aux lèvres, et fierté concernant son réveil matin.  

 

- Ryô… Qu’est-ce qu’il te prend ?  

 

Hélène sortit de sa chambre à son tour, frottant ses yeux encore endormis. Sous ses doigts, elle sentit un gonflement et des picotements. Elle se souvient alors que ce jour était morose, pire que ces dimanches ennuyeux qui ne voulaient plus se terminer.  

 

- Désolée du boucan, mais tu commences à être habituée de la case en moins que possède Ryô !  

 

Cette ironie fit sourire Hélène. Même énervée, Kaori glissa ce reproche tendrement, chaque matin d’une nouvelle journée ne paraissait réelle sans son « insupportable partenaire ». L’enfant était toujours admirative devant cet amour qui n’avait pas de qualificatif, il fallait seulement regarder et admirer.  

 

- Est-ce une façon de traiter celui qui vient de vous préparer un petit-déjeuner digne de princesse ! Boude ce dernier  

 

Kaori et Hélène pointèrent le bout de leur nez, et laissèrent place à la vérité. En effet, la table était fumante d’attention. Des sortes de pains, de brioches, de biscottes, du thé, du chocolat ou du café. Confiture, beurre, pâte à tartiner, œuf, jambon, orange, non pas en boîte ni en verre, mais pressé de ses mains qui avaient fabriqué durant une heure, un petit-déjeuner, gourmand.  

 

Admiration. Les deux jeunes femmes furent surprises d’une telle intention.  

 

- Alors voilà, aujourd’hui je suis un majordome !  

- Mh ?  

- Je vais vous conduire où vous souhaitez et vous payez tout ce dont vous avez envie ! Dit-il d’un grand sourire  

 

Interrogation. Kaori perçut une nostalgie dans le regard grimaçant de son partenaire. Aurait-il était bousculé par la culpabilité… ? Il était évidemment sincère dans sa pleine attention, mais elle vit cette pointe dans son cœur, telle l’épée de Damoclès qui s’apprêtait à faire tomber la mèche.  

 

- Épargnez moi votre joie surtout, je m’attendais à moins d’enthousiasme…  

- Pardon Monsieur Saeba, merci… Pour… L’intention…  

 

Hélène s’assoit, méprisable de profiter d’une si grande générosité. Ces deux personnes prenaient bien trop soin d’elle, une bulle protectrice qu’elle ne méritait aucunement. Ryô et Kaori échangèrent un regard, dont même Dieu ne serait décrire ce qu’ils se disaient. Plus tard, ils s’expliqueront. Pour l’instant, Kaori prit place aux côtés de sa protégée et lui proposa, thé, café ou chocolat, afin de la mettre à l’aise.  

 

Ayant dégustés un petit-déjeuner parfaitement exécuté, Kaori laissa la première place à la salle de bain pour qu’elle puisse se préparer. En vérité, elle voulait profiter de son temps d’absence pour discuter avec Ryô, qui par ailleurs, s’était entreprit à la vaisselle.  

 

- Ryô…  

- Mh ?  

- Ça va… ?  

- Oui, pourquoi… ? Dit-il surpris d’un air si peiné  

- Je ne sais pas… Tu as l’air étrange…  

 

Il émit un souffle d’espéré. Quittant le levier, il essuya ses mains et partit fermer la porte de cuisine. Puis il revient, vers sa moitié et embrassa son front.  

 

- J’ai vu Kenji il y a peu…  

- Ah oui ?  

- Oui… Il m’a donné une enveloppe, remplit d’argent…  

- Un peu direct comme cadeau de Noël !  

- Cet argent devait contribuer à… Une nouvelle vie…  

 

Le silence se fit. Comme les cloches d’une église signalent la fin des prières, celle-ci, ne se réalisera jamais, et ceux malgré la puissance du patron. Hélène était l’écrivain de sa propre destiné, elle ne fit grâce d’aucune manière aux demandes de Kenji, celles de mener une vie de jeune fille, faire des études, sortir, avoir un quotidien rempli de jour nouveau et serein. Baliverne. C’est dans ses pas qu’elle souhaitait marcher, dans son âme meurtris qu’elle désirait plonger, avec les battements de son cœur, qu’elle vivait.  

 

Kaori comprenait que Ryô était dans un tourbillon se prénommant culpabilité. Aujourd’hui, ce principe matériel indispensable pour vivre, ne va contribuer qu’au plaisir de luxure de l’humain et non à l’utilité de survivre. La jeune femme était touchée et toujours en admiration devant la sensibilité se cachant derrière ce cœur de fer, cette carrure de plomb. Se levant du bout des pieds, elle vint déposer un baiser papillon sur la joue de son bien-aimé et lui déploya un sourire gracieux.  

 

- Tu es gentil… Ryô…  

- J’aurai pu… Garder cette somme de côté… En att…  

- Ne soit pas si dure avec toi-même Ryô… Tu fais ce qui est juste parce que tu sais très bien que rien ne fera changer d’avis Hélène…  

- …  

- Ça sera à Kenji d’accepter son choix, et uniquement à lui…  

 

Kaori visait juste, comme toujours. Épris d’une tendresse immense pour cette femme, il vient prendre sa main dans la sienne et la posa sur sa joue. Il sentit à travers le creux de sa main que son cœur battait la chamade, et par la chaleur de sa peau, il sut que la vérité se trouvait au fond de son âme. Quelle femme sage, il était admiratif de tant de courage, mais aussi par cette manière d’être butée et têtue, ce n’étaient pas des défauts impertinents où menant vers le conflit, non, c’étaient deux belles qualités qui maintiennent en vie l’ombre corrompue de l’homme qu’il était. Il rouvrit les yeux, sourit à son ange gardien. Il baisa sa main et l’invita à aller à son tour se préparer, pour leur journée.  

 

Sur leur trente-et-un, les deux jeunes femmes prirent place dans le « carrosse » avancé pour ses dames, comme le formula Ryô. Hélène se sentait très mal à l’aise, Ryô avait tout prévu pour cette journée. Tout d’abord, il laissera les deux femmes seules, « s’afférer » dans le centre commercial pour « dérober » toutes emplettes qu’elles désirent. Ensuite, il les retrouva pour se « collationner » dans le restaurant de leur choix. Puis enfin, ils partiront se « distraire » à la grande patinoire du parc. Hélène ne semblait pas avoir fait quoi que ce soit pour avoir mérité ces intentions, digne d’une journée de princesse. À moins que ce couple eut l’infamie de s’obliger à l’emmener avec eux, pour ne pas la laisser au dépourvue.  

 

- Hélène ?! Prononce Kaori  

- Euh, oui… ?  

- Je te propose d’aller faire un tour chez le coiffeur pour se faire chouchouter en premier lieu ! Dit-il d’un clin d’œil  

- Hum… Vous savez… Ça m’ennui de m’imposer dans votre journée… Vous auriez pu me laisser seule, vous auriez ainsi mieux profités…  

 

Kaori fut abasourdie. Cet enfant ne se sentait visiblement chez elle dans aucun lieu, ni moment. C’est une peine qui gâta la nettoyeuse, le passé de sa protégée devait être rempli de solitude et d’incertitude, pour que l’idée même de « déranger » l’effleure. La jeune femme prit la main douce et pâle de l’inquiète, et la rassura.  

 

- Ryô et moi, voulions passer cette journée de Noël avec toi et aucunement seul à seul…  

- …  

- Nous aimons ta compagnie et il était évident que nous passerions cette journée ensemble…  

 

Hélène ne savait plus que dire face à cet élan de gentillesse, d’amour. Elle resserra la main de Kaori entre les siennes et glissa un timide « merci » dans un sanglot se voulant rebondissant. Arrivés au grand centre commercial, la jeune fille descendit la première du véhicule, quant à Kaori, elle se permit de rester quelques minutes de plus avec Ryô.  

 

- Ryô... Tu nous rejoins pour déjeuner, n’est-ce pas… ?  

 

Le nettoyeur sourit à cette demande, qui était bien plus un vœu, un ordre, ou un désir, qu’une simple question. Il fut séduit, comme à chaque fois que sa partenaire démontrait ce côté bienfaiteur, elle si frêle, chercherait n’importe quelle solution pour le protéger. Il tendit son bras et vint le déposer en son long, sur le siège de Kaori et rapprocha quelque peu son visage et souffla de son sourire charmeur, et de sa voix si suave qu’il sut adoucir en parfait amoureux,  

 

- Je meurs d’envie de t’embrasser…  

 

Kaori rougit, ses pupilles se dissolvaient dans son regard timide et toujours bouleversée par le charisme sensuel de son amant, Ô combien fort convoité et succombé. Son cœur s’emballa à vive allure, son âme comprit qu’il était envouté par l’aspect confiant du libertin. Il promit qu’il ne sera jamais loin des deux jeunes femmes, mais qu’une emplette importante s’imposait. La proie abdique au fait futur de l’amant et le quitta, tremblante de sentiment ardent.  

 

- Kaori… ?  

- Oui !  

- Vous êtes toute rouge… Sourit-elle  

- Ah, ah, mais, euh…  

 

Kaori essaya de faire fuir à l’aide de ses mains fines, ces rougeurs qui définissaient son mal aise face aux arguments d’attraction de Ryô. Elle se sentait comme une adolescente qui venait d’obtenir attention du garçon de ses pensées. Cette innocence était puissante et solidifiait sa vérité, être aux côtés de Ryô, c’était son bonheur. Rieuse telle l’heureuse, elle captura comme une camarade la main d’Hélène, et l’entraîna vers leur première mission, le coiffeur.  

 

Des minutes qui formaient des heures, Kaori et Hélène n’avaient pas lésiné sur les boutiques et les petits plaisirs reposants. La jeune femme avait pris soin de mener par un circuit féminin, sa protégée pour qu’elle s’amuse de ses atouts. Par ailleurs, l’aînée s’envia de la beauté de poupée de l’enfant. Seize printemps et divine comme une grande dame. Hélène avait cette délicatesse et cette grâce, et Kaori s’était parfaitement occupée de glorifier cette magnificence.  

 

Aussi, lorsque Kaori et Hélène rejoignirent Ryô dans le restaurant désigné, Ryô ne reconnut la jeune fille, ou du moins, s’en amusa et tel l’étalon dans sa parfaite libido qu’il était, Ryô, plongea sa langue pendante sur le corps frêle de sa protégée et s’écria,  

 

- Mokori !!  

 

Crash. Le visage libidineux de Ryô s’écrasa sur le plat de bois de la massue de Kaori. Elle l’injuria, lui demandant s’il n’avait pas honte de se comporter ainsi avec leur toute jeune invitée. Hélène sourit et rit même timidement à cette scène, Kaori et Ryô se disputaient souvent, la jeune fille avait remarqué le goût certain de son professeur pour la gente féminine, bien que, son regard se dirigeait souvent devant cette amoureuse secrète, Kaori.  

 

- Tu choisis un endroit chic et tu te comportes comme un goujat ! Râle Kaori  

- Mais c’est de ta faute, tu te ramènes avec une amie mokori !  

- Imbécile ! C’est Hélène voyons…  

- Hélène ?!  

 

Ryô se leva, perplexe, il fait le tour en trois cent soixante degrés et détailla de haut en bas sa protégée. Elle était splendide, une vraie petite femme du monde. Sa coiffure était quelque peu différente, elle eut gardé ses cheveux longs, mais avait fait rajouter une franche longue sur le côté pour habillé son visage de porcelaine ; sans omettre un maquillage forcé pour casser son innocence. Son allure était grande, habillée comme les jeunes filles de son âge, elle se haussait de bottines cloutée, d’un slim noir saillant, et d’un manteau en pied de poule rouge et noir. Une véritable petite sucrerie, Ryô devra garder un œil sur elle.  

 

- Tu es très jolie… Complimente tendrement le nettoyeur  

- Merci… Rougit-elle.  

 

Les trois jeunes gens s’installèrent à table et commandèrent leur déjeuner. Kaori démarra la conversation et s’attacha à parler de tout et de rien. Hélène et Kaori discutaient entre elles surtout, elles se moquaient, s’amusaient, riaient et conversaient comme deux vieilles amies qui se connaissaient par cœur. Ryô était hébété. Ces deux femmes aspiraient l’harmonie, ne se méfiant aucunement de la nature de l’atmosphère autour d’elles, ces deux amies étaient dans leur bulle où rien ni personne ne pourrait briser l’osmose amicale. Il en sourit, c’était un mystère pour lui, non pas que l’amitié n’est jamais frôler son cœur, bien au contraire, mais peu de temps alliait Kaori et Hélène et elles s’entendaient ordinairement, elles étaient proches par le peu de point commun qu’elles possédaient, lisaient entre les lignes avec charme et déduction.  

 

Cependant, c’était instinctif chez lui, la méfiance, l’ordre et la sûreté, car dans le coin du plus sombre de son cœur, son amour pour Kaori lui avait avoué qu’il serait prêt à ôter la vie de n’importe qui, pourvu que son ange reste enfant de mère terre. Ryô était incontrôlable, persuadé que les chapitres de cette histoire, seraient longs et éprouvants.  

 

- Hélène, je voulais te demander, où te rendais-tu hier... ?  

 

La question coupa la conversation chiffon des deux jeunes femmes. Kaori, sans attente, propulsa la colère de ses yeux à ceux de Ryô. Quand son amant cessera son aversion pour la trahison, la suspicion. Toutefois, malgré son silence et son arrêt soudain de pensée, Hélène rétablit son corps et se traita « d’idiote ». Elle se pencha joyeusement sur son nouveau sac, et plongea sa main à l’intérieur. Au moment de ressortir l’objet de sa courte absence, elle sentit une main l’empoignée. Kaori expulsa un « Ryô », un prénom définissant son acte coupable, car en n’y regardant de plus près, c’est un paquet cadeau que tenait Hélène dans sa main. Le nettoyeur racla sa gorge, bêtement, et prit son air ahurit pour s’excuser, justifiant qu’il ne s’agissait que d’un réflexe professionnel.  

 

- Ce n’est rien…  

 

Hélène pardonna, déjà. La jeune fille avait bien en tête que Ryô était un homme intelligent et réfléchit, et bien qu’il soit d’une grande bonté, il n’en restait pas moins un nettoyeur, méfiant, positionné sur ses gardes, toujours préparé à s’aventurer dans le pire des scénarios tragiques.  

 

- Ce présent, est pour vous deux… Ce n’est pas grand-chose mais… J’espère que ça vous plaira…  

 

Kaori prit le privilège d’ouvrir le paquet. Défaisant le papier joliment choisi, elle découvrit dans un premier temps, une boîte de satin rouge. Ouvrant le contenu, le couple City Hunter, pinça leur bouche, pour s’éviter tout rictus. Hélène rougit, elle avait bien compris que la boîte était trop chic pour le pauvre cadeau qu’il contenait, cependant, Kaori mordit ses lèvres et invita un sourire. Ryô, lui, se détendit, et observa ce cadeau naïf. N’omettant pas de constater que l’intention était délicate, le cadeau prit dans la main raffinée de Kaori, rappela à quel point ce présent était parfaitement approprié aux « amoureux ».  

 

- C’est un porte-clés en forme de cœur… Une partie Ying pour Kaori et une partie Yang pour vous Monsieur Saeba… Rougit-elle  

 

Kaori, en véritable « mère », accrocha immédiatement son présent à ses clés, et se leva instantanément embrasser le front de sa protégée, la remerciant gracieusement pour cette attention sincère et intime. Ryô, moins délicat, répéta les gestes de Kaori, mais il ne se leva pas, il se contenta d’un « merci » du bout des lèvres, bien trop intimidé par la situation pour se sentir capable de dire autre mot.  

 

Le déjeuner, terminé dans la douceur, les trois jeunes gens se dirigèrent à la patinoire, installée dans le plus grand parc de la ville. Hélène était nerveuse, jamais elle n’avait pratiqué ce sport, mais au bout de seulement quelques minutes, imitant les gestes de Kaori et Ryô, la jeune fille devenait poisson dans son bocal. Jouant tous trois, la nettoyeuse s’arrêta un instant, pour confirmer sa remarque, il neigeait. L’amant rejoignit la bien-aimée, bien trop éloignée de lui. Ils admirèrent en secret, ce spectacle que divers amoureux, eux, profitaient main dans la main, ou lèvres contre baisers.  

 

- Noël… C’est un jour qui devrait être synonyme de paix dans le monde entier…  

 

Poésie. Ryô reconnaissait bien ici, le cœur saignant de sa bien-aimée. Soigneuse, généreuse, aimante, elle avait systématiquement une pensée pour ceux qui ne ressentaient ou n’avaient jamais ressenti, une trêve.  

 

Chaque année, Ryô repensait à ces Noël qu’il avait passé sans Kaori, avant leur rencontre. C’était un jour, malgré le pourri de son âme, un jour auquel le nettoyeur ne pouvait traverser comme les autres. Les familles respiraient gourmandise, chaleur, bon temps, ils s’amusaient à savoir quel repas dégusté, quels cadeaux feraient plaisir, quels invités ils redoutaient de retrouver. L’homme qu’il était, ne parvenait à coïncider cet événement de festivité, pour lui, s’était un jour noir de plus, personne ne l’attendrait en rentrant, jamais il n’avait jouit du plaisir de découvrir ce que contenait cette boîte décoré sous le sapin, par ailleurs, même l’odeur de cet arbre, il ne le connaissait pas. Puis, Kaori. Kaori et sa traîne de poudre magique, qui a chaque pas qu’elle composait, imprimait un espoir de vivre une minute de plus. Son « ange » de Noël, c’était elle, mais ce coquin avait pris le privilège de ne vouloir quitter sa vie, gagnant en vitalité, chaque jour passant.  

 

- Où est Hélène… ? Demande-t-il, doucement  

- Elle est là-bas…  

 

Elle patinait tranquillement, souriant aux enfants qui s’affrontaient dans des courses ambitieuses, où le gain serait cette canne à sucre rouge et blanche. Le nettoyeur ; au risque que son idée soit une défaillance pour le destinataire ; s’élança légèrement dans la foule de patineurs. Il se munit de son téléphone, et activa l’appareil. Hélène, apercevant Kaori, lui indiqua un salut de la main, et ce moment opportun, fut capturé par le nettoyeur, rejoint quelques minutes plus tard par la protégée.  

 

- Monsieur Saeba, désolée…  

- Il est temps de rentrer…  

- Oui…  

 

Rentrant à l’appartement, Hélène se précipita sous une douche bien chaude.  

 

Kaori se déshabilla, et frotta ses mains par demande de chaleur. Rangeant son vêtement, elle entendit le corps de son amant, se vautrer dans le canapé. Il se pencha en avant, et sortit son mobile, qu’il tripota. La bien-aimée, sentant la frustration de l’amant, prit place sur la table base, pour lui faire face.  

 

- Je me demande… Si c’est une bonne idée… ?  

- Mh… ?  

- Il y a des cadeaux… Qu’on ne devrait pas offrir…  

 

Kaori prit les mains de Ryô dans les siennes, et donna un baiser chaud, pour réchauffer l’âme inquiète de son amant, et lui donner confiance dans son choix, car elle savait qu’il prenait toujours les bonnes décisions. Laissant son bien-aimé, du coin de l’œil, elle observa Ryô, passait une main sur son visage comme pour effacer le doute, et se décida à appuyer sur cette touche qui le rendait nerveux, mais qui au final, étira le résultat d’un sourire satisfait.  

 

* * * * * *  

 

Éveil. Un bruit, sous forme de vibration venait de le réveiller. Kenji ouvrant difficilement les yeux, vit son téléphone s’éteindre, la lumière ayant indiquée l’intervention d’un correspondant. Il se retourna, Erika dormait à point fermé, elle lui tournait le dos ? Non, c’est lui qui chaque nuit, empêchait la jeune femme de s’endormir au creux de ses bras.  

 

Il se leva, doucement, enfila pantalon, deux pulls, et s’entoura d’une écharpe. Kenji se munit de son paquet de cigarette, et s’échappa dans le jardin. Depuis hier, les heures étaient difficiles, mais il était enfin plus de minuit, et son cauchemar s’estompa quelque peu. Le seul soleil qui s’était levé ces dernières semaines, était cette enfant qui sortait tout droit d’un conte. Katarina c’était par ailleurs, attachée au jeune homme, il se prêtait volontiers au père de substitution, qui semblait bien trop charmer la mère. « Sybille », ne cessait de le regarder, non, futilité, elle l’admirait, le convoitait, cherchant souvent à l’effleurer, menant parfois la sœur aînée, à se réaffirmer, Erika l’embrassa à pleine bouche, et plus sa langue s’enroulait à la sienne, plus les nausées étaient fortes et fétides.  

 

S’allumant une cigarette, et soufflant une première bouffée, il se rappela qu’il avait reçu un message, « Ryô ». Appuyant sur la pièce jointe pour qu’elle s’affiche, il s’apprêtait à inhaler une nouvelle latte, lorsque subitement, une photo s’afficha, et le cœur de Kenji, effectua un saut de plusieurs mètres. Sa main resta mobile, et se mit à trembler, sa bouche resta mi ouverte, et la buée s’échappa en masse, alimentée par le froid. Il approcha le portable de son visage, peut-importe si la lumière abîmait ses yeux encore clos par le sommeil, il tenait à prendre réalité de ce qu’il voyait.  

 

Kenji sentit sa respiration se saccader, sa fierté gesticuler, son corps palpiter. S’il fut un adolescent futile et immature, il se serait vu poser ses lèvres sur l’écran qui appose son fantasme unique. Au lieu de se laisser guider par ce geste puéril, il se projeta dans une lubie luxurieuse, où il prenait son visage en coupe, dévorant ses lèvres enfantines, arrachant les boutons de ce manteau rouge qui cachait son corps de déesse. La portant, non pas comme une princesse, mais comme l’amante séductrice qu’elle était malgré elle, il entourait ses jambes contre ses hanches, et imposait sa langue bouillante dans son cou. Ôtant ses vêtements, il s’emparait de son être, de manière bestialement amoureuse. Le son de sa voix frêle, qui appréhendait les notes de jouissance qu’elle chantonnait, l’envoutait dans son appétit, et déchaînaient ses reins d’une danse, non sans endommager le corps de transpirer. Qu’importe l’eau salé glissant sur leur peau dénudé, il passait une main dans ses cheveux qui avaient poussé, et s’emparait ce collier en pleine main, qu’il arrachait, il l’avait retrouvé.  

 

- « Hélène ».  

 

Sa pensée souffla son nom, mais en vérité, il jouissait son prénom. La posséder, c’était son plus chaste désir. Revenant à la réalité, il remercia vulgairement son fidèle ami d’un tel cadeau, et, frustré, chagriné, il supprima la photo pour éviter toute blessure où son ennemi pourrait s’infiltrer. Finissant sa cigarette, espérant que la drogue défasse son esprit charnel, il retourna dans ce manoir, où les parois de l’enfer, étaient humides.  

 

* * * * * * * *  

 

Huit avril,  

 

Les mois étaient passés, la nouvelle année avait enveloppé les prochains trois cent soixante-cinq jours de son manteau d’ivoire. Le duo City Hunter s’était abandonné aux effets aphrodisiaque de la saint-valentin, Hélène les avait laissé en ce jour sucré, laissant l’appartement vide de tous témoins, car oui, en à peine plusieurs semaines, la protégée avait bien su comprendre que le duo City Hunter, était un « couple ». Par ailleurs, ils ne se cachaient, du moins, pas aux yeux d’Hélène.  

 

Les anniversaires, aussi, fêtés entre amis, au goût toujours amer, pendant qu’eux s’amusaient, les démons du diable, frappés, cognés, ignorant la bonne parole des saints. Aucune nouvelle de Kenji, Erika menant son bonhomme de chemin tranquillement, mais étrangement, les derniers mois à ses côtés furent, silencieux. Elle s’absentait moins, s’agitait rarement, complotait exceptionnellement.  

 

Toutefois, de son métier d’espion au sein du journal de la ville, Kenji remarquait ses « collègues » s’agitaient. Était-ce cette prochaine élection présidentielle russe qui les affolaient, les faisaient peu dormir, voyageaient chaque jour. L’espion n’en tenait pas compte, bien qu’il remarquait que le peu d’activité de « sa compagne » avait commencé dès l’annonce de cette future campagne électorale. En revanche, ce qui l’intéressait proprement, c’était Érika, et sa prochaine « livraison ». Il fallait qu’il use de sournoiserie pour pêcher un indice, et déjouer ne serait-ce que le plus petit trafique, pour les mettre quelque peu à genoux, et les faire s’agitaient, s’affolaient, pour que la « faille » tombe.  

 

Mais en ce jour, une seule personne vaquait à ses pensées, c’était son amante, son véritable amour. Une année, déjà. Un an, mais que souhait-il fêter ? Leur première nuit, la mise en forme de leur relation, ou ses dix-sept printemps… ? Il n’aurait cru que le temps passe aussi vite, hier encore, il s’écroulait dans cette ruelle, agonissant, ensanglanté, et prié pour que sa mort soit calme et sans larme. Mais alors qu’il touchait du bout des doigts les grilles des enfers, une jeune femme s’était abaissée à son sort, refusant qu’il pose pied aux abysses.  

 

N’était-ce pas il y a quelques jours qu’il lui fit l’amour, la rage au ventre, le cœur gonflant, l’âme hurlant. Il avait appris le mot désiré, si ce n’est plus « être désiré ». Car oui, des femmes assoiffés de ces talents d’amant, il y en avait eu, mais un frêle ange, ne souhaitant s’imposer que de sa personne, jamais. Délicatesse, caresse, souvenir d’enfant, les émotions furent mit à rude épreuve, pour l’être mutile qu’il fut. L’amour, la compassion, l’attachement, le plaisir, de bien mauvais penchant qu’il se refusait, par faiblesse.  

 

Oui. Il en était là aujourd’hui, à se languir de la présence futile de sa, « bien-aimée »… ? Il avait faim, une voracité violente engourdissait son corps, à chaque donation qu’il tendait à Erika, cet appétit se tissait dans les remords, le dégoût, ce diable était plus fort que lui, mais il sortirait vainqueur de ce combat, se le promettant, même si, sorti de ce cauchemar, il allait devoir user de théorie amoureuse, pour posséder de nouveau, « son ange ».  

 

Cessant toutes pensées maussades, il pénétra dans cette poste, demandant un envoi express, une nouvelle prière, adressé à son protecteur.  

 

* * * * * * *  

 

Deux coups, secs, rapides, efficaces. Ryô observait du coin de l’œil, son élève. Hélène avait depuis trois mois, organisée elle-même ses entraînements. Tout d’abord, des exercices de débutant de musculation, puis, le contrôle parfait de son arme, enfin, elle réglait toutes les cibles, et partant de gauche à droite, elle s’exerçait à toujours aller de plus en plus vite, s’autorisant deux coups, à chaque adversaire. Par ailleurs, le nettoyeur avait des difficultés à suivre, les seules collisions que s’autorisait l’enfant, étaient la main, et la hanche. Deux points non vitaux, son ennemi survivrait sûrement après cette attaque, relatant de la défensive. Ainsi donc, Hélène ne voulait pas tuer… ? Cet aspect empathique remettait en question les doutes qu’avait le professeur à son égard, bien que, c’était au combat qu’il préjugeait désormais. Lors des entraînements au corps à corps, la jeune fille soufflait depuis quelque temps, des mots, s’adressant comme à des noms techniques ou mémoriels des postures qu’ils établissaient pour combattre. Des noms qu’il ne lui avait aucunement enseigné, et qui respirait la naïveté, car en effet, des titres comme, « ours », « panthère », ou encore « lionne », ne garantissait pas la maturité de l’apprenant.  

 

Ces trois mois, Hélène les avaient passé à grandir, à mûrir, à s’épanouir. Docile avec Kaori, sérieuse avec lui, Ryô essayait de maintenir l’innocence de cette jeune femme, qualité qui avait succombait son vieil ami.  

 

- Ryô !  

 

Hélène se retourna, surprise, c’était bien Kaori qui descendait en trombe, à la recherche de son bien-aimé. Ainsi donc, son professeur l’observait, tranquille, mais avec toujours cet air dubitatif.  

 

- Je suis là…  

- Tu as un coli d’arrivé, il faut que tu signes !  

- Mh… ?  

 

Suivant son amante à la porte d’entrée, le livreur remit une épaisse enveloppe à Ryô. Le nettoyeur s’interrogea, rare était les fois où il recevait du courrier, à son nom, et surtout, à cette adresse. Curieuse, Kaori se hâta de savoir ce que contenait l’enveloppe imposante. Défaisant le scratch, non sans délicatesse, des liasses de billet tombèrent sur la table en bois. Les deux amants furent surpris, et ouvrirent grand leurs yeux afin de bien constater qu’il s’agissait effectivement, d’argent.  

 

- Qu’est-ce que c’est que tout ça ? S’affole Ryô  

- Peut-être le paiement d’un client !  

- J’aurai préféré un avantage en nature !  

- Je te demande pardon… ? S’agace Kaori  

- Ah, ah, je plaisante !  

 

Redevant sérieux, Ryô se pencha sur les billets, et constata qu’un morceau de papier y était glissé. Il le développa et lut ces quelques lignes : « Une école de son choix, pour ses dix-sept ans… ».  

 

- Mh… ?  

 

Kaori resta interrogative, lorsque soudain, l’odeur délicate qui se dégageait de sa cuisine, lui fit comprendre qu’elle n’était pas la seule à s’être préoccupée de l’anniversaire de sa protégée. Il s’agissait du cadeau de Kenji pour sa « dulcinée ». La jeune femme scella un sourire émue, ils étaient séparés maintenant depuis plusieurs mois, et ni l’un ni l’autre ne semblaient vouloir abandonner, ou encore lâcher le fil de « l’amour », car oui, il s’agissait bien d’amour.  

 

- Moi qui cherchais un cadeau ! S’exclame Ryô  

- Te voilà servit !  

- Au fait Kaori ?!  

- Oui ?  

- Et nous, notre anniversaire, on le fête quand… ?  

 

La partenaire de City Hunter, la moitié de Ryô, se vit devenir rouge. Depuis quand son amant était-il capable de déverser de tels mots sans ironiser, tout en gardant calme et sérénité. Parfois, il paraissait plus facile pour Ryô de dévoiler ses sentiments qu’elle-même. Elle ne savait si c’était par pudeur, ou parce que tout simplement, réaliser qu’ils avaient une relation, se métamorphose comme une fiction écrite par un auteur amateur, ce sentimental qui ne pouvait s’empêcher de vouloir s’accommoder d’une meilleure fin.  

 

- Kaori… ?  

- Cette mission est prévue pour tard dans la soirée…  

 

Ryô sourit, tendrement, il était constamment attendri, et le démontra par ce baiser constant sur son front. Lorsqu’il déposa un baiser sur sa joue, il était inquiet, soucieux, ou triste, sur son nez, c’est que « monsieur » avait décidé qu’il avait raison, dans son cou, c’est pour faire ressentir son envie dévorante de faire « mokkori » ; oui, le bougre, s’amusait à quelque fois, oser se convenir de ce mot pour avouer son envie sexuelle ; et lorsque lui venait l’irrésistible envie de capturer ses lèvres, avec une facilité et une conduite digne d’un prince, c’est qu’il essayait de souffler son amour pour elle.  

 

- Kaori… ?!  

- Mm…  

 

Hélène rougit à son tour, elle semblait avoir interrompu Kaori dans ses chastes pensées. Elle en fit tomber le plat dans sa main, se frotta le visage comme pour acquérir de l’air pur, et se tenant droite, elle reprit attention sur la voix de sa protégée.  

 

- Désolée, je… Je ne voulais pas…  

- Non, non, qu’est-ce qu’il t’arrive ma puce ?!  

- Je vous demandais ce que vous prépariez, ça sent bon…  

- Oh, je… Hein ? Non, non ! Tu ne devrais pas être là !  

 

Kaori retourna Hélène pour qu’elle n’aperçoive plus le moindre carreau de cuisine, et la força à avancer, et monter à l’étage. Elle ordonna telle une mère, de partir se doucher, s’habiller joliment et de ne surtout pas descendre avant son autorisation.  

 

Hélène s’interrogea, pourquoi Kaori semblait si tourmentée… ? Et pourquoi se vêtir de manière exceptionnelle… ? Qu’importe ! La joie de vivre de la partenaire de City Hunter était comme à son habitude, rayonnante, une bienfaisance contagieuse, il suffisait que Kaori sourie pour qu’Hélène se pardonne de pourvoir émettre un rictus de bonheur.  

 

Ouvrant son armoire, Hélène n’en revenait pas d’avoir tant de vêtement au choix. Monsieur Saeba l’avait vraiment trop gâté à Noël, elle le remerciait sans cesse, entendant juste un bougonnement de la part du nettoyeur, une réponse qui valait interrogation, était-ce de la timidité, ou bien une façon de lui dire, « oui, je vous ai trop gâté ». Hélène se mordit les lèvres, elle se l’était pourtant jurée, de cesser de faire à toutes ces pensées positive, des conclusions négatives. Il n’aimerait pas ça, savoir qu’elle doute d’elle-même, et encore plus de son ami.  

 

- Kenji…  

 

Des larmes, silencieuses, combattant ce sanglot qui ne cessait de la titiller depuis le réveil. Comment ne pas y penser, une année déjà. C’était sa première fois, une savoureuse nuit, au début, l’amant fut envahi par son naturel destructeur, il voulait juste posséder une nuit de plus, mettant à genoux cette ironie du sort qui s’acharnait sur sa personne, puis, de l’eau, salés, un regard embué de chagrin, de compassion. Kenji s’était apaisé, ses mains tremblaient presque, elle s’en souvenait, oui, elle s’en souvenait parce qu’elle repensait à ces frissons qui parcourait son corps, ressentant un tremblement de ses mains qui la caressaient. Elle l’avouait, secrètement, elle ne savait si c’était dû à son jeune âge, mais toute la virilité ; aussi froide peut-elle l’être ; que dégageait Kenji, avait fait chavirer le cœur de l’enfant. À ses côtés, un adulte, fort, courageux, franc, sécurisant, aimant, Ô ciel, combien de femme avait succombé… ? Un nombre certain, et pourtant, malgré les conquêtes qu’il serait impossible à compter, elle se sentait unique à chacun des baisers qu’il donnait.  

 

Tiens, ses lèvres, elle n’y pensait plus. Elle adorait ça, lorsque prit d’une rage folle, il capturait sa bouche, avec un don de séducteur, incarnant possession et fébrilité. Honteuse, elle rougit, une boule dans son ventre commençait à enrouler son cœur et sa tête, et cette respiration saccadant se définissant comme « obsédée », cessa les pensées charnelles de l’enfant.  

 

S’accordant encore un sentiment de nostalgie, c’est une robe rouge qu’elle attrapa de ses blanches mains, et enfila comme une fierté, ce vêtement, sûrement le caprice tombé de cette nuit du huit avril.  

 

- Hélène !  

 

Kaori entra prématurément dans la chambre de sa protégée. Elle se retourna à l’entente de son prénom, et la nettoyeuse admira l’enfant qui devenait jeune femme à présent. Cette robe lui allait à ravir, Hélène avait un goût certain pour le tissu, choisi sans contexte pour ne cesser de plaire à celui qui gâtait sa vie.  

 

- Tu es très jolie…  

- Merci… Rougit-elle  

- Viens, tout est prêt !  

- Mh… ?  

 

Hélène descendit en compagnie de Kaori dans le salon, et lorsque son regard quitta les marches de l’escalier, relevant la tête, elle aperçut Monsieur Saeba, assis à une table soigneusement décorée. Un bouquet de fleur trônait au milieu de la table, des marguerites – sa fleur favorite – puis cette vaisselle sortie des placards pour l’occasion. À ce propos, quel événement méritait tant de sagesse… ?  

 

- Et bien quoi, tu avais oublié la date de ton anniversaire ! Se moque Ryô  

 

Les yeux d’Hélène s’écarquillèrent, impossible. Ils n’avaient pas fait ça, Kaori ne se démenait pas depuis ce matin pour l’élaboration de ce simple dîner, Ryô n’avait pas ramené ce bouquet, non sans discrétion, uniquement pour elle… ? Mettant la main devant sa bouche, comme pour cacher un cri de joie, émue, elle s’invita une nouvelle fois à laisser son hypersensibilité prendre le dessus. Aucune personne avant eux, n’avaient pris l’initiative d’entreprendre toute une journée, l’intention particulière de fêter ce jour.  

 

Kaori émit un sourire empathique, l’effet de surprise était parfaitement réussi, c’est une véritable stupéfaction qui se lisait sur le visage de l’héroïne du jour. Cependant, Hélène était tellement bouleversée, que la nettoyeuse fut obligée de la tenir par le bras, pour l’empêcher de perdre l’équilibre, celle-ci emportée par le poids de l’engourdissement.  

 

- Vous… Vous… Merci…  

 

La nettoyeuse accorda un câlin affectueux à cette enfant, quelle sincérité déconcertante, elle était émue de tout, prenant tout ce qu’on lui donnait comme un cadeau non mérité, mais béni. S’installant à table, Ryô se dit qu’il était peut-être temps de baisser les armes et de défaire cette épée de Damoclès qu’il avait décidé de pointer au-dessus de la tête de l’enfant.  

 

Lors de ce dîner, Hélène ne reconnaissait pas Monsieur Saeba, il taquinait de manière coquine Kaori, ce qui mit fort mal à l’aise cette toute jeune femme qui ne comprenait pas certaines allusions, et encore moins quelques mots. L’adolescente sourit, ce couple était fantastiquement fantasque, elle ne saurait mettre des mots sur leur amour, il était indescriptible, infranchissable, ils étaient deux dans ce monde unique qui n’appartenait qu’à eux, une complicité lumineuse, sans parler de leur fusion, ultime.  

 

Ils s’aimaient.  

 

Hélène sortit de ses pensées, les lumières s’éteignirent, laissant place aux dix-sept bougies qui formaient une illumination symbolique. Kaori et Ryô se mirent à chanter de bon cœur, en harmonie, un large sourire s’étendit sur leur visage, ils étaient radieux. La jeune fille était ébahit, leur amitié remplissait son corps d’émotion, ses membres tremblaient, son cœur battait la chamade, ses yeux brillaient, étincelaient, ils assimilaient chaque morceaux de souvenirs que ces deux êtres d’exceptions lui offrait.  

 

Aussi loin qu’elle se souvienne, le chant « joyeux anniversaire » n’avait jamais été chanté pour elle.  

 

- N’oublie pas de faire un vœu ! Se ravie Ryô  

 

Un vœu… ? Utopique. Un sentiment égoïste propulsa son âme, un souhait à choisir, impossible, c’étaient des souhaits qui tourbillonnaient dans sa tête. Toutefois, elle en choisit un qui semblait combler tous les autres,  

 

- « Que tout redevienne comme avant ».  

 

Un rire, Dieu, ou bien le Diable, voilà un vœu bien naïf pour une enfant qui s’était elle-même rendue dans le gouffre des abîmes. Ayant pris son destin en main, jetée les dés de la fortune de sa vie dédié à son amant, il serait bien trop compatissant l’univers, s’il rembobinait le fil du passé.  

 

Ryô annonça qu’il était temps de passer au cadeau, où « tous » avaient participé. Hélène s’interrogea, c’est une boîte rouge d’un nœud bleu qui lui fut donnée. Curieuse, elle se pressa de délié le ruban, et enleva le couvercle en douceur. Au début impatiente, elle pâlit, et s’étonna. Encore, des liasses de monnaie, est-ce que Monsieur Saeba essayait de l’acheter… ? Pourquoi lui offrir sans cesse de l’argent, d’abord à Noël, et aujourd’hui pour son anniversaire. Non pas que l’intention soit mauvaise, peut-être était-il à cours d’idée, cependant,  

 

- Je ne peux pas accepter… Dit-elle repoussant la boîte  

- Cet argent a un but, t’offrir une scolarité… Argumente Ryô  

- Mais vous n’avez pas à me gâter de la sorte… !  

- Beaucoup de personne souhaite que tu es une vie normale, t’offrir une éducation et un métier en font partie…  

- Ce n’est pas ma priorité pour l’instant !  

 

Froncement de sourcils. Hélène exprimait pour la première fois une mimique de colère. Pourquoi tous refusaient juste l’éventualité même qu’elle ne désire qu’une chose, retrouver son « amour ». Ignoreraient-ils qu’il est son seul repère, sa seule force, son dévouement au désir de ne pas fuir lâchement cette vie lamentable qu’elle subissait et ceux surement depuis sa venue au monde. Et puis, qu’entendait Monsieur Saeba lorsqu’il dictait : « beaucoup de monde ».  

 

- Ta réaction prouve ta naïveté complète, pour ne pas dire niaiserie !  

- Ryô… Souffle Kaori  

- Tu as la folie de la jeunesse, et vue ton jeune âge, c’est tout à fait normal !  

- …  

- Mais, ne crois pas que ton innocence suffira à séduire Kenji encore longtemps, il a besoin d’une femme à ses côtés !  

- Ryô ! Monte le ton Kaori  

 

Cette révélation eut l’effet d’une claque sur la jeune enfant, est-ce que l’amour lui-même ne suffisait à satisfaire le cœur de l’aimé… ? Est-ce que Kenji voulait l’évincer de sa vie… ? Était-elle une marionnette qu’on manipulait, une poupée avec laquelle on jouait… ? Dans ces moments de doute, de tristesse, d’impasse, une main douce vint capturer la sienne.  

 

- Ce que Ryô essaye de te dire, c’est qu’il ne faut pas que ton amour pour Kenji t’aveugle…  

- …  

- Tu mets en péril ta vie de jeune fille uniquement pour retrouver Kenji, mais c’est à lui de te retrouver…  

- …  

- En attendant, il souhaite ton bonheur, que tu évolues dans ce monde, que ton amour ne soit ni destructeur pour lui ni pour toi…  

- …  

- Est-ce que tu comprends… ? Sourit enfin Kaori  

 

C’est une mélodie mélancolique qui berça l’enfant, ainsi donc, elle était victime de sa vivacité, se serait-elle bien trop enivrée de cette fontaine de jouvence où tout l’amour de Kenji ruisselle. Indéniablement. Elle était bien trop vive, un caractère finalement affirmée s’était fait découvrir, serait-elle impulsive, irréfléchie et inconsciente… ? Vraisemblablement. Hélène ne parvenait à saisir tout ce qui se tramait autour d’elle, et ce dont elle avait besoin, c’était de mûrir, et d’observer. Sans vouloir paraître ingrate, la jeune fille étira un sourire, et remercia le couple pour le présent et les mots paternels.  

 

- Comme tu sembles vouloir mériter ton présent, je te propose quelque chose… Sourit fièrement Ryô  

- Mh ?  

- Un duel !  

- Quoi ?! Est surprise Kaori  

- Il est temps que j’évalue tes compétences, de ce fait, je te propose un duel entre élève et professeur !  

- Ryô, tu es…  

- J’accepte !  

 

Une réponse franche et noble, Hélène prit la provocation de son professeur très au sérieux, et il était ; comme l’a précisé Ryô ; temps qu’elle sache ce qu’elle valait en tant qu’élève de City Hunter.  

 

Après toute tension évacuée, c’est le cœur léger que la jeune fille alla dormir. Kaori elle, s’écharnait sur les assiettes et les verres, pour calmer sa rancune envers son amant. La spontanéité du jeune homme avait fait mouche, Ryô était capable de mettre le doigt sur les plaies les plus douloureuses, et vous mettre à genoux afin de réfléchir à vos actes. Il avait ce pouvoir, qualité ou défaut, la bien-aimée savait que l’ange des ténèbres n’usait de son aspect féroce que pour le bien-être de l’avertit. Essoufflant son air de désinvolte, deux bras puissants vinrent l’entourer.  

 

- Alors Sugar Boy, on rumine après son étalon !  

- Tu es bête !  

 

Malignement, la jeune femme lança de la mousse sur le visage de son amant pour qu’il ôte son emprise sur elle. Il s’écrasa au sol, essuyant son visage du savon qui piquait ses yeux. Ryô rit nerveusement, il constata que sa partenaire possédait toujours son caractère de feu. Cessant son ricanement, il se rendit compte que Kaori avait plongé les pièces dans le noir, le snobant et monta à l’étage.  

 

Joyeusement, le pervers se réveilla et grimpa tel un félin dans la chambre du couple. Il n’admirait pas, il reluqua Kaori qui se déshabillait, et fit découvrir une dentelle rouge somptueusement,  

 

- Mokori !  

 

Ce n’était ni les lèvres douces et encore moins les chaleureux bras de Kaori qui l’accueillirent, non, une massue indiquant « pervers à cent pour cent », effaça le visage lubrique de l’obsédé. Kaori grogna, son amant ne pouvait-il pas se tenir, ou accorder un instant de silence, et de pensée. Mais la princesse fâcheuse, sous-estime l’amoureux, il s’épancha auprès de sa dulcinée, glissa une main dans son dos, capturant sa hanche droite et de sa force musculairement éprise, il ramena le corps de Kaori contre le sien.  

 

Ryô sourit, charmeur, séducteur, mordu de son « ange ». Une année écoulée, ensemble, apprenant la vie de couple, s’habituer aux disputes, aux craintes, sans compter cette difficulté à cacher leur pulsion d’amant. Romantique, il sortit comme par magie d’entre ses doigts, une fleur, mais pas n’importe quel petit bourgeon, non, ce bouton blanc, tacheté de violet, humidifia le regard de l’admiratrice.  

 

- Un Tricyrtis… Souffle émue Kaori  

 

Ce Lis évoquait une ère pour le couple City Hunter. L’emblème de leur première promesse d’amour, ils s’étaient dit des phrases comme « femme que j’aime », ou « façon d’aimer », des preuves jurées devant le quotidien pernicieux de leur vie.  

 

Kaori se sentit emportée sur le lit, Ryô l’allongea dans la grâce, passionné, l’homme pressa la fleur entre pouce et index, et déposa le bouton sur l’entrée de la poitrine de son amante. Partant de son sein droit, il taquina le téton, étouffé sous le tissu, il pointa son nez aux caresses des pétales. Courtisan, il s’échappa vers le ventre, Kaori courba son dos, un frisson la prenant jusqu’à la gorge, définit son bien-être, la flatteuse ferma les yeux, et pinça ses lèvres d’adoration. Il tourna autour du nombril, c’est une proie, une victime chatouilleuse, qu’il aimait à faire danser. Avide, il délaissa sa cible pour traverser le bas de ventre, et s’abandonna sur l’intimité.  

 

Une créature divine était allongée près de lui, un corps parfait, des formes gourmandes, une beauté ravageuse, dévastant le peu de docilité de l’homme. Ryô n’avait besoin de convaincre, les femmes, il les avait toujours désirées, des bonbons sucrés dont il ne se lassait jamais, il en avait dégustées de nombreuses, adorant la réciprocité de la cupidité charnelle, mais cette femme, Kaori, il l’avait désiré de maintes formes. Intellectuellement, c’était une femme cultivé, mais pas dépourvue de caractère, libre, vive et entêtée, elle savait dompter l’humeur excessif du nettoyeur. Sous son aspect garçon manqué ; qu’il avait accentué ; il découvrait une femme ravissante, à la silhouette svelte et dessinée par le plus talentueux des artistes. Créatrice mère de l’amour, sa douce partenaire n’était qu’affection, pardon, et mœurs fidèles.  

 

Conquis par sa propre théorie de la grâce, son élan d’idéalisme se rompit, et déposant la fleur près de l’oreiller, il vint ôter sa veste et goûta haletant, le pêché de son amante, qui prise par l’attraction, vint glisser ses doigts dans la chevelure ébène de son amant. Inspiré, il couvrit de baiser le chemin acidulé tracé par le Tricyrtis. Épris, il s’échappa rapidement, et vint donner un baiser langoureux à sa « belle ».  

 

Kaori agrippa son cou, « amoureuse », folle de cet homme qui n’était que chimère. Un songe qui ne finissait jamais, son cœur tomba en émoi chaque jour, comme une première fois, un sentiment qui se renouvelle encore et davantage plus fort.  

 

Ils firent l’amour, comme toujours, avec encore une discrète pudeur, ils se connaissaient trop et par cœur et étaient dans l’incapacité de faire reculer cette timidité refoulant le désir trop souvent mit à l’écart. Côte à côté, comme une évidence, Ryô et Kaori, ils pourraient être les héros d’un conte maudit, définissant l’amour impossible, bien que, ces deux êtres avaient toujours clamés haut et fort leur propre définition de « leur » amour.  

 

Suffoquant, Kaori se posa nue auprès de Ryô, et s’endormit la fleur dans la main gauche. Il sourit à cette image absolue et souffla inaudible,  

 

- Je t’appartiens pour toujours, Kaori…  

 

* * * * * * * *  

 

Nuit pluvieuse. Dans une vieille bâtisse abandonnée en dehors de la ville, Ryô avait convié Hélène en ce lieu pour le combat. Kaori, spectatrice frustrée, écoutait attentivement les règles émises par le nettoyeur. Elles étaient simples, le premier qui touchait l’autre avec son arme pendant cette course poursuite, avait gagné. Pour rassuré le petit comité, le professeur indiqua que les balles étaient à blanc, remplies simplement de peinture rouge.  

 

Ryô partit à droite du bâtiment, Hélène à l’opposé.  

 

Sous ce parapluie aussi noir que le ciel, Kaori s’inquiétait. Les mains de sa protégée étaient blanches comme neige, vierge de tout crime, voir s’éloigner Hélène avec ce regard de professionnelle de l’abatage, l’effrayait.  

 

Dans la bâtisse, Hélène essayait de ce souvenir de tous les enseignements de Ryô. Tout d’abord, observé les lieux, les entrées, les sorties, les éléments qui pouvaient moudre les sons, les modifiés, les rendre multiples. Aussi, se fier aux instincts, et uniquement au premier, ne faire qu’un avec l’environnement et en faire des boucliers. Ne pas se laisser emporter par la grandeur des espaces, ne pas penser à la place de son adversaire, mais anticiper sa prochaine action, sans mettre à l’écart son acte présent. Et, surtout, ne pas omettre d’appliqué la première règle d’un nettoyeur,  

 

- Ton arme sera ta seule alliée sur le front… Souffle l’enfant  

 

Le poteau où elle se cachait se vit teint de rouge, Ryô l’avait déjà repéré. Elle s’enfuyait, mais maligne, s’empara d’un bout de béton et le fit ricocher sur le sol, qui entraina des sons en continue, camouflant les notes de talons s’échappant.  

 

- Pas mal pour une débutante… Normal, elle tient tout de moi ! Ricane arrogant ce dernier  

 

Mais terminé le rire, Ryô venait de sentir une goutte de peinture frôler sa joue. La panthère s’était engouffrée dans un trou à l’étage, regagnant le dernier lieu de Ryô et le surprenant, sûrement.  

 

- « Elle est vraiment douée, je n’ai pas senti sa présence… »  

 

Talentueux, le maître et l’élève s’affrontaient pendant près de quarante minutes. Ils se couraient après, s’effleuraient, ils rasaient les murs, se tendaient mutuellement des pièges, ils finirent même par ôter leur chaussure, agacés par leurs idées communes de masquer les sons de leurs pas et ne faisant que des boucles perpétuellement, courant ainsi vers le fantôme de l’autre. Toutefois, Hélène n’avait pas le physique de Ryô, et la jeune fille commençait à s’essouffler, l’endurance restait encore et toujours son point faible.  

 

Paniquée, la jeune fille, pied nues, marcha sur un bout de ferraille, qui la fit chuter au sol. Ryô, profiteur, entendit la jeune femme crier une douleur. Il repéra le cri du mal et se présenta, fier devant la jeune fille.  

 

- Et bien…  

 

Hélène s’agenouilla, vive, la légendaire rapidité de Ryô se calqua aux membres de la jeune fille, après tout, ce n’était pas « n’importe qui » qui l’avait entraîné – et aucune faveur n’avait été accordé, un disciple parmi les autres, traité comme un inconnu, un étudiant venu pour apprendre, et non être privilégiée, ses réflexes, cette posture, cette vivacité, c’était bel et bien signé, City Hunter.  

 

Pointant son arme sur son professeur, visant sa hanche, Ryô encore maître de la situation tira sur son élève et atteignit son cœur, mais au même moment, Hélène trouva la force de tirer, et si l’inexplicable rapidité de Ryô s’exécuta, il reçut non seulement une tâche de peinture sur le genou, mais une balle, en plein dans le mollet.  

 

Kaori entendit cette bruyante détonation, elle lâcha son parapluie et affolée, accourut dans le bâtiment. Que venait-il de se passer ? Ryô n’avait-il pas précisé que leur arme n’était remplie que de simple peinture ? Elle cria, elle hurla les prénoms des deux êtres qui comptaient pour elle, et lorsqu’elle atterrit au dernier étage de l’immeuble, elle vit au loin, Hélène s’écriait « Monsieur Saeba », paniquée, confuse. Kaori la rejoignit, elle craignait le pire en voyant son amant tomber à terre, mais la vue du sang qui s’écoula du mollet de son partenaire, la rassura, quelque peu.  

 

- Ryô !  

 

Le nettoyeur repoussa les deux femmes, et leur demanda de se planquer derrière un pilier afin de ne pas être prise pour cible. Mais les deux femmes désobéissent, et se précipitèrent vers Ryô, le trainant de toute leur force, pour le mettre à l’abri. Instinctivement, Hélène prit vite en soin la blessure de Ryô, sous la stupéfaction du duo City Hunter. Cependant, Ryô était confus, car il semblait avoir parfaitement reconnu la détonation d’un magnum quarante-quatre, desert eagle, l’arme qu’il avait confié à Hélène, et dans l’acte de son tir, aveuglé par la peinture, la jeune femme aurait toute la finesse de tirer un deuxième coup, chargé par une véritable balle.  

 

Interrogation et suspicion.  

 

Non loin, un édifice fit face au bâtiment. Du haut du toit, on pouvait y apercevoir une silhouette, moyenne, recouverte de noire, excepté ces courts cheveux qui volaient au vent, affrontant l’eau croupie de la pluie. Dans un coin de lumière qu’émettait la lune qui se déshabillait des nuages gris, un sourire, narquois, élargie par la haine s’exposa. Une main fine, remballa une arme qui se déposa dans un écrin, et avant de quitter les lieux, une voix, rauque, usé par le temps, légèrement en alto, dicte,  

 

- Rendez-vous à la prochaine partie, Ielena…  

 

 

 


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