Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

Some pieces of advices to authors

 

- Check the grammar and spelling of your stories. - Read your story at least once. - Try to write c ...

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   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 31 :: Chapitre 31

Pubblicato: 17-06-15 - Ultimo aggiornamento: 23-06-15

Commenti: Dalala : Quel plaisir surtout de savoir que tu continues de suivre ma fiction et ça me fait chaud au coeur... Pardon pour la suite qui a été longue, du coup, j'espère qu’elle sera de nouveau à ton goût... Le brouillard se défait lentement, mais sûrement... Patatra : Très cher ! Ah ah ! Je suis ravie que le précédent chapitre vous ait plu ! Il est vrai que Kenji n'était pas énormément présent lors du chapitre 30, j'ai laissé la place à Ryô ! J'ai mis beaucoup de temps à écrire le 30 et encore plus à écrire le 31, car j'essaye de toujours faire au mieux et de m'améliorer à chaque fois... Héhé ! J'aime bien le fait que tu vois Kaori et Ryô comme un papa et une maman, c'est un peu le rôle que je veux leur donner inconsciemment ! Ryô reste Ryô, un homme réfléchit malgré son air de pervers invétéré x) ! Il se méfie d'Hélène, tout simplement parce qu'elle est très mystérieuse et qu'il paraît improbable de la cerner... A-t-il raison...? Un grand merci pour m'avoir dit que mon côté narratif évoluait... J'essaye de toujours faire au mieux, avec mes connaissances... Je ne sais pas si je maîtrise le sujet, cette fiction me dépasse quelque fois et me manipule plus que je ne pourrai le faire, mais j'adore ça ! C'est normal que je réponde aux commentaires, je l'ai toujours fait et le ferais toujours, même si sur ce site de publication ce n'est pas pratique x) ! Hélène sera le personnage qui évoluera le plus je pense dans cette fiction, même si les autres le feront également, c'est l'héroïne, mon héroïne et je suis heureuse de la faire avancer... MDR ! C'est vrai que j'utilise beaucoup le terme "enfant" à son sujet alors que c'est une jeune femme tu as raison, mais c'est peut-être parce qu'elle va tellement évoluer dans le récit que pour l'instant, elle reste une enfant innocente... Mais j'étais morte de rire en lisant "je sais ce qu'elle fait au lit" xD ah ah ! C'est difficile de rentrer dans l'intimité d'un personnage et encore plus lorsqu'il s'agit à la base de quelqu'un de jeune, purement innocent et sensible ! Je suis toujours heureuse de lire ton avis qui m'apporte beaucoup! J'avoue comme toujours être réticente quant à l'avis que tu auras sur le chapitre suivant, mais c'est le jeu ^^' Bonne lecture et à bientôt ! Hime-Lay

 


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Chapitre 31 : « Qu’est-ce qu’un adulte ? Un enfant gonflé d’âge. » Simone de Beauvoir  

 

 

 

Ryô l’observa. Hélène effectuait des gestes précis et délicats. Aucun autre adjectif ne pouvait définir sa protégée, elle était toujours attentive et raffinée dans ce qu’elle entreprenait, et c’était plutôt ironique étant donné le milieu qui l’entourait. Lorsqu’elle prenait une arme, s’était comme regarder un artiste dégainer son pinceau et commencer un tableau. Dans leur monde, la couleur dominante était le rouge et malgré ça, elle parvenait à mélanger les tons et arrivait à un résultat étonnant. Elle ne visait jamais ses cibles de manière mortelle, elle avait appris par cœur les organes vitaux qui épargnait la perte de vie, mais dont les blessures vous laisserez à terre en agonissant quelque peu.  

 

Il repensa souvent à cette nuit où leur premier combat avait fini par une blessure à sa cheville. Lorsqu’il avait extrait la balle, ce qu’il avait entendu s’avéré juste, elle provenait de l’arme d’Hélène, sans contexte. Après en avoir parlé avec Kaori, son amante avait pris parti pour sa protégée, évidement, justifiant qu’il y avait une autre explication ? Possible ! Toutefois, quelles que soient les circonstances, elles étaient liées à elle et le nettoyeur détestait lorsqu’une explication lui échappait. Toutes ses recherches vaines sur son passé, démontraient qu’un secret se cachait dans le cœur de cette jeune enfant. Mais lequel ? Et quel rapport avec leur affaire ? Elles se nouaient, ça ne faisait désormais plus aucun doute dans la tête de Ryô, rarement son instinct le menait dans une impasse, mais ce qui était rageant, c’était ces éléments manquants.  

 

Depuis trois mois, silence radio de la part de Kenji, et cette affaire traînée en longueur un peu trop au goût de Ryô. Il ne se rappelait plus souvent pourquoi il s’était embarqué dans cette galère, mais il avait assez d’expérience et de bouteille pour savoir que rien n’arrivait jamais de façon inopinée, car malgré les saints dires de sa bien-aimée, la rencontre d’Hélène et Kenji n’était pas due à un destin qui se disait imprévu parfois. S’il creusait profondément, et qu’il remettait les pièces du puzzle en place, quelque chose les rattrapaient, mais ce qu’il n’arrivait à distinguer, c’était l’image qu’offraient ses pièces en se rassemblant.  

 

Une sombre histoire se dessinait, le nettoyeur en était persuadé, il pourrait l’affirmer, mais les directions qu’il prenait n’étaient guère enrichissantes. Quelqu’un, une personne dirigeait ce théâtre, et l’âme de cet individu n’était plus de ce monde, vendu à un démon en échange d’un accomplissement vengeur. C’était ce qu’il craignait, d’affronter le diable en personne, car même si Ryô pouvait prétendre avoir affronté les hommes les plus pourris que cette terre supportait, il ne pouvait ignorer qu’une force encore plus grande l’attendait quelque part. Il savait qu’au-delà des yakuzas, des criminels, des sanglants, des fous, se trouvaient les pires vermines, la politique et l’argent, et c’étaient deux fléaux que même l’animal qui rugissait au fond de Ryô ne pourrait combattre. Il y avait des conséquences inévitables et des bêtes féroces, assoiffés de pouvoir que même le don de Ryô Saeba n’allait pouvoir stopper.  

 

- Bonjour… Salua un homme  

- Ah ! Bonjour Docteur… Répondit Ryô  

- Mademoiselle Turner vous fait encore attendre ! Se moqua le jeune homme  

- Comme d’habitude… Râla ce dernier  

- C’est une jeune fille très passionnée ! Elle ne part jamais sans avoir fini son travail ! Sourit-il  

- Je sais…  

 

C’était un désir, un présent de Kenji, offrir à Hélène un travail, un métier, mais avec cette enfant tout ne se passait pas comme prévu. À peine avait-elle gagné une place dans une école d’aide-soignante, que son professeur principal l’avait envoyé en formation dans une maison de repos en ville. « Bien trop douée » il disait, pour rester enfermée dans une salle de classe à apprendre alors qu’elle anticipait par avance. Il n’avait jamais eu une élève aussi douée et qui par ailleurs s’était révélée être, surdouée. Par curiosité humaine et professorale, il avait subtilement fait passer un test de quotient intellectuel à Hélène qui s’était révélé, révélateur. Deux cent seize points d’intelligence, Kaori et Ryô étaient tombés des nus. Par ailleurs, sa partenaire avait sauté sur l’occasion pour expliquer la facilité de sa protégée à apprendre très vite et cette manière qu’elle avait de ne jamais se rendre compte de ce qu’elle réalisait. Cependant, Ryô ne pouvait s’empêcher de rester sur la défensive et de ne pas prendre ce prétexte comme seule explication.  

 

- Vous avez l’air inquiet pour elle…  

 

« Pas vraiment ». Il ne savait quelle danse mener avec Hélène. Son cœur paraissait pure, mais son âme damnée. Un mystère se cachait derrière ses yeux marron, et n’avoir aucun moyen de le deviner le mettait en colère. Un ange ou un démon, il ne serait répondre, et c’était bien la première fois que Ryô se sentait troubler par un individu, surtout du sexe féminin. Bien que, son réel tourment se nommait,  

 

- « Kenji ».  

 

Il était parti pour « la » venger, cette personne irremplaçable à sa vie, mais pas que, une autre raison le poussait à subir la puanteur des enfers, et c’était parce que lui aussi, présageait l’énigme que définissait Hélène. Toutefois, il ne soupçonnait rien de néfaste, étant donné qu’il faisait tout pour qu’elle ait la vie d’une jeune adolescente comme les autres. Alors pourquoi Ryô ne pouvait s’empêcher de serrer la main à la méfiance et de rester sur ses gardes comme son ombre le dictait ?  

 

- Monsieur Saeba… Prononça une douce voix  

- Mh ?  

 

Il ne l’avait pas entendu s’approcher, encore. Le temps passait, et sa protégée devenait une professionnelle du milieu de plus en plus rapidement. Rarement il l’emmenait sur leur enquête City Hunter, pour ne pas dire jamais, mais il l’entraînait toujours pour qu’elle ne perde main. À voir ses performances, il semblerait qu’elle soit une nettoyeuse cadette, elle était douée et redoutable, car même si Ryô avait évidemment le dessus, elle avait un air déstabilisant lorsqu’elle combattait, comme si une force étrangère venait de loin pour la soutenir.  

 

- Je suis désolée de vous avoir fait attendre…  

- Ce n’est rien… Allons-y !  

 

Hélène salua son responsable et s’embarqua dans le mini rouge de Ryô. Elle trouvait Monsieur Saeba silencieux ces derniers temps, il avait le sommeil agité et sa joie de vivre s’était éteint selon les inquiétudes de Kaori. Ryô n’était pas homme à se confier, mais il ne supportait pas l’idée que la situation lui échappe, il devait combattre quelque chose de plus grand que lui, et cela l’affaiblissait. Il ne souhaitait pas montrer son désarroi, il allait encore changer de conversation,  

 

- Tu n’as pas chaud dans ta tenue ?! Questionna Ryô  

- Non… Et puis, pour un mois de juin, il fait encore frais… Sourit-elle  

 

Sa tenue ressemblait à un pyjama. Elle portait un pantalon en polyester vert, le haut à manche courte de couleur et matière identique, munie d’un léger décolleté. Ryô repensait à ses gestes, elle recousait une plaie ouverte d’un patient, elle était méticuleuse, souriante, et attentive. « Elle séduit les patients et le personnel » disait son responsable. Cette réflexion ne l’étonnait point, Hélène possédait un sentiment particulier qui attirerait n’importe quelle espèce de papillon vers sa lumière. Elle était devenue aide-soignante sous le souvenir d’une remarque de Kenji. Tout ce qu’elle entreprenait s’était pour lui, plus d’un an qu’elle n’avait de ses nouvelles et elle restait éternellement fidèle et amoureuse,  

 

- Tu dois faire craquer les infirmiers dans cette tenue ! Ironisa Ryô  

- Hum… Mh !  

 

Hélène était gênée. Son âge la trahissait car les hommes ne croyaient pas à ses dix-sept printemps. Sûrement l’entrainement intensif sur son corps qui la faisait paraître un peu plus mûre et jeune femme. Toutefois, l’adolescence gagnait bel et bien toujours la jeune fille, elle était plus ouverte, mais restait timide et réservée. Son intervention attrista l’enfant, il le savait à ce tic qu’elle avait constamment depuis leur rencontre, triturer ce collier entre ses doigts, comme un message qu’elle adressait au ciel pour faire entendre à Kenji sa fidélité,  

 

- « J’ai un mauvais pressentiment ». Soutenu Ryô  

 

* * * * * * * *  

 

Kenji regarda jusqu’à la dernière seconde d’apparition, la voiture s’éloigner. Erika et son père eurent à faire « aujourd’hui » et pour la première fois depuis des mois, ils laissèrent seul le jeune homme dans leur demeure,  

 

- Étrange… Souffla-t-il  

 

Depuis des mois qu’il s’était installé ici avec Erika, il n’avait eu une seconde à lui, toujours en compagnie de cette dernière, de Sybille ou du père de famille. Les rares occasions où il se retrouvait loin de ces suppos de Satan, étaient les jours de son « travail » de journaliste. Toutefois, en début d’année, Erika avait proposé à son « amant » de travailler au domicile. Difficile de refuser, et Kenji se devait de jouer le rôle du parfait rédacteur dans un bureau étriqué, habillé de rouge révolutionnaire et des dorures qui lui ressortait par les yeux. Il étouffait, il ne supportait plus cette ambiance frigide, mensongère et hypocrite. Kenji avait deviné à la seconde où il avait posé un pied dans cette demeure « dite » familiale, qu’il avait pénétré dans l’antre du metteur en scène le plus machiavélique. Le jeune homme avait décidé de prendre sur lui, de gagner du temps et de prendre chaque information, preuve, dire ou visite comme indice à son enquête, cependant,  

 

- Je suis toujours bredouille…  

 

Il savait depuis des semaines durant, qu’il n’avait pas à faire à des amateurs du milieu, ce n’était guère une organisation de rue, commandé par un rat enragé, non, c’était bien le roi de la jungle qui menait sa barque, droite, en chevauchant toutes les vagues et laissant l’eau salée effacer les preuves. Kenji craquait, sa seule force était lorsqu’il croisait Katarina, la fille de Sybille, pour renouer avec la sincérité. Par ailleurs, que faisait cette enfant innocente dans les crocher de ce serpent venimeux ? Il avait la nausée lorsqu’Erika touchait l’enfant, l’embrasser ou la cajoler, son regard perçant ne dégageait ni amour ni compassion, malgré sa forte bonne comédie, Kenji savait reconnaître les sentiments maternelles d’un sentiment commandé, emballé et livré pour le servir de facétie.  

 

Assez de penser, il avait tripoté son collier pour se redonner force et intelligence. Ce pendentif lui faisait sortir la tête du brouillard et parvenait à le remettre sur le droit chemin, évitant de perdre la tête, et la raison. Reprenant ses esprits, il monta les marches deux à deux pour se rendre dans la chambre « conjugal ». Ouvrant la porte, il se dirigea directement vers le bureau d’Erika. Il fallait absolument qu’il trouve un document, n’importe quel bout de papier ferait l’affaire, tant qu’il mènerait à une piste de leur trafique.  

 

Il fouilla le bureau de son « amante », lorsqu’il sentit une présence derrière lui. Se retournant, il était tombé nez à nez avec Sybille qui s’était présentée devant lui, habillée de simple sous-vêtement, recouvert d’une fine nuisette transparente. Sans comprendre la situation, Kenji avait perçu deux bras entourer son cou et sa bouche capturée avec avidité. Comme une onde protectrice, à chaque fois qu’une autre femme qu’Erika le touchait où faisait comprendre qu’elle voulait être possédée par lui, cette source de sécurité lui donnait l’impression d’un coup d’électricité et il s’écartait de la harpie sous l’apparition du visage de la seule femme qu’il désirait profondément. Avec force, mais sans violence, il écarta les bras de Sybille et la fit reculer.  

 

Erika était la seule femme de son pêché par obligation, et aussi futile que ça l’était, il ne se permettrait aucune infidélité excepté par devoir de sa mission.  

 

- Qu’est-ce que tu fais ? S’agaça Kenji  

 

Sybille ne l’avait écouté, et dangereusement avide de dévorer Kenji, elle avait ôté sa nuisette et s’était allongée de tout son long sur le lit. Il ne put l’ignorer, en cet instant, n’importe quel homme eut sauté sur l’occasion face à cette femme fortement désirable. Toutefois, il ne voulut pas et ne dut pas,  

 

- Tu es ridicule, rhabille toi ! Dit-il lui lançant sa nuisette au visage  

 

Agacée, elle s’était assise sur le lit et avait affronté du regard Kenji. Quel homme délectable, elle en était tout de suite tombée amoureuse, percevant en lui une certaine perfection. Il était attirant malgré son air détaché et dédaigneux. Il n’était pas accommodant, mais cette distance qu’il mettait entre lui et les individus était fascinante et aimante. Lorsqu’il était avec sa fille, elle pensait que son enfant était en sécurité et pourrait enfin vivre l’élan d’une famille. Toutefois, naïvement, elle avait pensé qu’il aurait craqué par fatigue psychologique, mais visiblement, il fallait le pousser à bout pour le faire céder.  

 

- Je t’autorise à m’appeler Erika…  

- C’est pathétique ! Dit-il lui tournant le dos  

- Où… Le prénom d’une autre femme…  

 

Le cœur de l’homme s’était arrêté au dernier mot prononcé par Sybille, et enfin, il avait compris. Sa respiration s’était accélérée comme enfin satisfait de résoudre une première énigme, il savait, il en était persuadé d’avoir déjà croisé son regard quelque part, et il s’en voulait de n’avoir eu avant le déclic. Il ne devait pas s’écraser devant l’enchantement et se devait d’assurer son idée. Calme et serein, il avait tenté une simple phrase,  

 

- Désolé, mais tu n’arrives pas à la cheville de ta sœur pour ça !  

- Je sais… C’est ce que j’entends sans cesse, ma sœur est toujours la préférée…  

 

Jackpot. Kenji se retourna tel un animal en chasse et rapidement, il se mit à califourchon sur « Sybille », la plaquant sur le lit en maintenant ses deux poignets avec sa main gauche et serra son cou de la droite. Étrangement, il ne lut aucune peur dans son regard, elle eut été surprise par son comportement soudain, mais elle ne sembla craindre sa fureur. Aurait-elle croisé un regard encore plus effrayant que le sien ?  

 

Il ne devait pas faillir, loin de lui l’inspiration de faire mal à une femme, mais il n’oubliait pas qu’elle n’avait pas hésité à mutiler le corps de Kaori pour obtenir des informations et il comptait appliquer la loi du talion.  

 

- Je suis ravie de te retrouver…. Sylvana…  

- …  

- Ton silence est encore plus bruyant qu’une révélation !  

- Je… Je ne voulais pas ça…  

 

Kenji avait aperçu de l’eau au coin de ses yeux. Elle n’était qu’un joker dans cette partie de carte interminable. Décidément, la bataille était loin d’être terminée. Il avait relâché la pression, rien ne servait de torturer cette femme dont l’expression était vide. Toutefois, il devait tirer des renseignements, même infimes. Il s’était relevé en douceur, se tenant debout pendant qu’elle reprenait sa respiration en s’asseyant sur une chaise.  

 

- Que peux-tu me dire ? Questionna Kenji  

- Rien… Malheureusement… Je suis tenue à l’écart de tout…  

- À quoi tu sers dans ce cas ?!  

 

Sylvana avait souri de manière honteuse. Elle n’avait eu besoin d’expliquer son rôle, l’arrivé de sa fille dans la chambre avait fait comprendre à Kenji qu’elle n’était ni plus ni moins un cadeau charnelle offert à des hommes en proie de signer des contrats avec le diable. Elle avait pris sa fille dans ses bras, inquiète d’avoir entendu sa mère crier. Katarina devait être le fruit d’un accident regrettable, mais visiblement cette enfant était également sa bouée de sauvetage. Kenji avait serré les dents, il haïssait qu’on fasse du mal à une femme, ça le répugnait et lui donnait envie d’hurler. Il ne pouvait laisser Sylvana et sa fille dans ce tourbillon infernal.  

 

La mère était partie raccompagner sa fille dans sa chambre et lui avait donné un jouet pour l’occuper. Revenant dans la chambre de sa sœur, vêtue de manière moins modeste, elle avait vu Kenji en train de fouiller avec acharnement dans les tiroirs du bureau.  

 

- Que cherches-tu… ? Demanda-t-elle  

- N’importe quoi qui pourrait me mener à une prochaine livraison !  

- Qu’est-ce que tu sais de ma sœur au juste… ?  

- Et toi, qu’est-ce que tu sais d’elle ?!  

 

Rien. Sylvana s’assit sur le bord du lit, nostalgique et se mit à raconter le peu de souvenir qu’elle eut. Enfants, elles étaient proches, mais ne vivaient dans une atmosphère idyllique. Leur père était un homme mauvais, alcoolique et trop pencher vers la luxure, tellement, avait-elle précisé, que sa sœur Erika était devenue une gourmandise pour les partenaires proche de leur père. Jumelle, cela n’empêchait toujours à tous, de trouver Erika d’une beauté plus étincelante, un peu plus grande et moins réservée que sa sœur. Leur carrure, leur visage, et la profondeur de leur âme, faisait de ses jumelles, deux contraires, deux inconnues. Erika avait toujours pris soin de Sylvana, mais elle s’était laissé embarquer dans la haine de leur père qui n’avait pris soin de les aimer. Devenant adulte et responsable, Erika avait repris l’affaire de leur père et s’abandonner à l’avidité du pouvoir.  

 

Kenji avait eu froid dans le dos. Il savait déjà que ce genre d’individu existait de par son propre passé, mais il n’avait jamais souhaité s’habituer à la terreur de ce monde, bien qu’elle était inévitable apparemment. Un rire ne put s’empêcher de s’échapper de sa bouche, décidemment, il ne rencontrait que des femmes au passé douteux.  

 

- Kenji… Je…  

- Je ne te laisserais pas ici avec ta fille ! Mais il faut que tu m’aides !  

- Je ne te trouve pas perturbé… C’est vrai, tu es venue en mission, mais tu sais également que ma sœur te tendait le même piège… Pourquoi es-tu si calme… ?  

- J’ai accepté cette mission pour découvrir autre chose…  

- La personne qui t’a confié la mission se douter que ma sœur et mon « père » te tendait le même piège…?  

- Je crois… Mais je n’ai pas tous les éléments et quelque chose de plus grand se cache derrière tout ça !  

- Tu es resté auprès de nous tout ce temps, alors que tu savais que nous te manipulions ?  

- Il y a une règle dans le milieu, c’est la deuxième que l’on t’apprend, ne jamais sous-estimé un adversaire… J’avais besoin de jouer avec ta sœur pour comprendre sa psychologie et surtout sa façon de procéder…  

- Ma sœur est une femme insoupçonnable…  

- Certes, mais ce n’est pas le cas de ton « père » !  

- Que veux-tu dire… ?  

- Je perçois une faiblesse chez lui… Une faiblesse qu’on tous les hommes en ayant un enfant…  

- Méfie-toi de son bon air, ce n’est ni un grand-père ni un père !  

- En réalité, je ne pensais pas à Erika ou toi…  

 

Sylvana ne comprenait pas les pensées de Kenji. Est-ce que son « père » aurait hérité de cette véritable nature par le sang, un enfant ? Si le cas était véridique, il ne serait sûrement pas un modèle de chef de famille. Et puis, Kenji était censé, cet homme commettait les délits les plus effroyables qu’ils soient, comment pouvait-il pensé une seconde que cet homme avait une déficience liée à un sentiment d’amour ? Malgré tout, ce que lisait Sylvana dans les yeux de Kenji, s’étaient de la nostalgie, de la peur, et de la tristesse… ?  

 

Ces sentiments l’affectaient.  

 

Sylvana s’était levée précipitamment et avait agrippé la main de Kenji pour le mener à l’étage. Il n’était jamais monté dans cet aile de la demeure, la jeune femme le conduisait probablement au poumon de l’habitat.  

 

- Il va falloir faire vite !  

 

Elle avait tapé le code du bureau de son « père » dans une précipitation angoissante. Kenji avait pénétré dans l’antre de l’ogre, et il s’était régalé de violé l’intimité du monstre. Allumant la lumière, le nettoyeur observait attentivement la pièce. Au centre de cette dernière, une grande table rectangulaire, il tenait ses réunions macabres ici ? Certainement, car en partant au fond de la pièce, Kenji avait posé son pied sur un tapis qui sonnait creux. Une cale dérobait, avec un escalier qui s’arrondissait jusqu’à l’extérieur. Il avait manqué ça.  

 

Le bureau se différenciait des autres pièces de la maison, c’était couvert de cette perpétuelle couleur rouge sanguinaire, entouré d’or, signe de sa richesse. Les meubles étaient sculptés dans le bois, la décoration faite par une furie. Dans le côté droit, un bar, où des bouteilles d’alcool à la transparence éméchée trônaient. Enfin, à gauche, son bureau, mobilier vers lequel Kenji s’était approché avec curiosité. Pendant qu’il farfouillait, Sylvana essayait d’ouvrir les placards, mais ces derniers étaient tous verrouillés, et les clés devaient se trouver autour du cou de l’incube.  

 

- C’est étrange qu’ils soient partis en nous laissant seuls ? Demanda Kenji  

- Effectivement, c’est rare, il doit y avoir un imprévu de dernière minute assez importante pour qu’ils se soient absentés !  

- Et merde ! Il doit bien y avoir quelque chose ici ?!  

 

De rage, Kenji avait fait tomber un encrier sur le sol qui roula sous le bureau. En le ramassant, le nettoyeur avait remarqué que le fond du bureau était étonnamment griffé. S’allongeant sur le dos, il avait demandé à Sylvana de lui donner un ciseau. Saisissant l’objet désiré, il avait écarté les lames et s’en était servi comme un tournevis, pour les positionner dans l’infime trou qui se découvrait. Poussant le bois et l’égratignant lui aussi, un document plié en tube tomba sur son nez. Se redressant, il s’était saisi avec hâte du rouleau et découvrit un contrat, muni d’une carte. Pendant que Kenji avait étudié le plan, Sylvana lisait le contrat et les conditions lui avaient donné la nausée.  

 

- De quoi s’agit-il ? Se précipita Kenji  

- Trafic des blanches… C’est…  

- Je sais ce que sais ! Pour quand est prévue la livraison ?!  

- Demain soir !  

 

Kenji avait regardé de nouveau le plan et reconnu le centre commercial Yurakucho, ce n’était guère loin de Shinjuku en métro, une ligne desservait la ville. Le plan désignait Il s’agissait un sous-sol, probablement un local acheté par pot de vin. Le nettoyeur se sentait fier, mais ne pouvait s’empêcher de caresser la méfiance. Cette trouvaille était bien trop facile à son goût, mais s’était la seule piste qu’il avait depuis des mois et il se devait d’en informer enfin Ryô. Il avait pris son téléphone, avait photographié les documents et remis tout en place au centimètre près. Quittant la pièce, Sylvana et Kenji s’étaient rendus dans le grand salon. Se mettant à la fenêtre pour observer les événements extérieur, le nettoyeur n’avait pas perdu une minute de plus pour contacter Ryô.  

 

* * *  

 

Arrêter au feu tricolore, Ryô entendu son téléphone sonner sans y prêter plus attention, lui qui était complètement perdu dans ses pensées. Le regard hésitant, Hélène tira le tee-shirt de son protecteur pour le faire sortir de ses songes.  

 

- Mh ?  

- Votre téléphone sonne avec insistance… Sourit-elle  

 

Ryô s’était alors jeté sur le mobile pour répondre, pensant que Kaori cherchait à le joindre à tout prix, toutefois, il avait eu une hésitation en remarquant le numéro qui s’affichait. Démarrant sur les chapeaux de roues, il avait grillé le feu rouge, sous le mécontentement des autres conducteurs et les cris de stupeur de sa protégée. Se garant sur le parking d’une banque à proximité, il sortit du véhicule en ordonnant à Hélène de ne pas bouger. S’éloignant, il décrocha,  

 

- Kenji ?!  

- Salut Ryô…  

 

Hélène trouva le comportement de Monsieur Saeba étrange, pourquoi s’affoler sur un simple coup de fil et surtout s’éloigner pour converser. Elle n’eut le temps de réfléchir, qu’à son tour, on essaya de la joindre sur son téléphone.  

 

- Allô ?  

- C’est Serge…  

- Ah ! Bonjour…  

- Tu peux parler ?  

- Euh, oui !  

- As-tu du nouveau… ?  

- Pas vraiment !  

- Comment ça pas vraiment… ?  

- Monsieur Saeba est venu me chercher au travail, mais il a reçu un coup de téléphone étrange…  

- C’est-à-dire ?  

- Et bien… Il a quitté le véhicule… Subitement…  

 

Hélène observa le dos du nettoyeur, et de leur distance, elle put ressentir son trouble. Pourtant, son corps était statique et ses membres se refusèrent gestes distincts. Il ne voulut qu’on définisse son humeur, et analyse le sujet de sa conversation intime.  

 

- Tu en es certain ?!  

 

Ryô venait d’entendre les nouvelles données de Kenji avec suspicion. Des mois que son ami n’avait miette à dévorer pour complaire son appétit, et maintenant, il avait date, lieu et motif du trafic. Ils avaient discuté rapidement des conditions de cette piste, et ils étaient tous deux d’accord sur le fait que ces indices apparaissaient tel un miracle, mais ils étaient également en harmonie sur l’acte unique qu’ils possédaient après tout ce temps. Toutefois, Ryô avait une autre impression,  

 

- Tu ne me dis pas tout… N’est-ce pas… ?  

 

Évidement. Kenji ; comme l’avait sous-entendu Sylvana ; était convaincu que sous la couche de cuivre, se trouvait l’or. Il n’était point plus expérimenté, mais un sentiment confus ne cessait d’occuper son esprit, il était certain que sous la pellicule de ce film, se dissimulait en réalité un ouvrage caché. C’était comme une marque, une empreinte qui s’était tatouée dans son âme pour ne jamais le quitter. Malgré cela, il gardait l’influence pour lui seul, car le moment opportun, il empêcherait le pire d’arriver, mais pour maîtriser la « bête », il fallait combattre seul pour éviter le plus de victime, et puis,  

 

- C’est personnel Ryô, tu le sais…  

- T’accabler du passé ne servira à rien!  

- Qui te parle du passé…  

- Comment ça ?  

- Tiens-moi au courant pour demain en permanence !  

 

Ryô n’eut le temps de rajouter mot que Kenji raccrocha, son ami décida de garder pour lui seul les résidus qui ombrèrent sur cette affaire. Ramenant Hélène à l’appartement, le nettoyeur fila au repaire, faire son topo à Ichiba et convoqua Angel et Umibozu pour préparer leur intervention.  

 

* * * * * *  

 

La nuit qui était attendue se faisait découvrir par une lune pleine. Ryô était en train de préparer son armurerie lorsqu’il avait senti la présence de sa partenaire s’apprêtant à le rejoindre. Finissant de se fournir en balle de magnum, il sentit deux bras entourer son torse. Kaori le serra fort, souhaitant profiter de sa chaleur et de son parfum. Son bien-aimé était différent ces dernières semaines, il était constamment dans ses pensées, passait des nuits blanches, n’était point concentré lors de leur mission, et elle observait une lassitude dans son regard. L’attitude de Ryô avait créé une distance au sein du couple, et comme toute femme, elle se demandait s’il était aussi à bout de leur relation toujours cachée.  

 

- Ryô…  

- Mh ?!  

- Tu ne crois pas que je devrais t’accompagner… ?  

 

Ryô s’était détaché à cette demande agaçante dont le nettoyeur se lassait de répondre sans cesse la même chose, « non ». Quand aurait-elle compris que sa partenaire ne devait d’aucune manière se retrouver comédienne de l’acte. Bien que, ce n’était pas contre elle qu’il était en colère, mais contre Kenji qui se refusait à avouer ce qu’il se tramait en réalité et il était persuadé que ce « quelque chose » était lié de près ou de loin à Hélène. Qu’aurait-il trouvé ? Lui qui avait remué ciel et terre pour dénicher quelconque révélation, il était revenu bredouille à chaque fois, alors que savait de plus son ami maintenant ?  

 

- Ryô, tu m’écoutes ?! S’agaça Kaori  

 

Le concerné s’était retourné abasourdi. Depuis un moment Kaori n’avait pas exprimé mécontentement. Il s’était senti consterné, comme s’il vivait dans un autre univers depuis presque une année. Se sentant épris de cette femme, il s’était approché d’elle de manière douce, et ayant déposé une main sur sa joue, il lui avait donné un baiser tendre. Mais, elle avait retenu sa main, pour affronter son regard,  

 

- Ryô… Je m’inquiète pour toi car tu n’as pas l’air concentré sur ce que tu fais…  

- …  

- Tu n’es jamais déconcentré… Tu ne veux pas me dire ce qu’il te tracasse… ?  

- Kenji me cache un détail qui m’intrigue…  

- Tu es donc inquiet pour lui…  

- J’ai l’impression qu’il compte nous écarter !  

- T’aurait-il donné ces informations si c’était le cas ?  

- Je pense que ce n’est qu’un prétexte…  

- Tu veux dire que quelqu’un de plus important se cache en réalité derrière cette histoire de trafic… ?  

- Il est évident que les trafics servent de monnaie d’échange pour des hommes de pouvoir…  

- Ton intuition te dicte que c’est une personne inaccessible ?  

- C’est la raison pour laquelle je ne veux pas que tu m’accompagnes… Nous nous sommes embarqué dans une affaire politique probablement…  

- Ryô… Je ne te laisserai pas, quel que soit l’obstacle, tu sais qu’on sera plus fort à deux…  

- Je sais…  

 

Il avait collé son front au sien et avait capturé ses lèvres avec une gourmandise qui appuyait sur son ventre. Il l’avait ensuite serré contre lui, amoureusement, soufflant son plaisir d’être au contact de sa bouche. Cessant son moment de bonheur, il avait attrapé un papier dans sa poche et l’avait donné à Kaori. Ouvrant le document, la jeune femme avait réalisé qu’il s’agissait d’un plan de sous-sol.  

 

- Ryô…  

 

À l’instant, il lui donna dans la foulée une oreillette spécialisée comme pour communiquer. Le nettoyeur demanda à sa bien-aimée de partir au Cat’s Eyes rejoindre Miki et Kazue ; comme elles durent le prévoir ; et être leur guide dans ce trou à rat.  

 

C’était un sentiment idiot, mais Kaori se sentie de nouveau la moitié de City Hunter. Ryô lui faisait de nouveau confiance pour le soulager dans sa mission. C’était important pour elle de savoir qu’elle pouvait aider son amant d’une manière ou d’une autre, et l’encourager dans son tourment. Il lui avait donc confié une copie du plan, et un moyen de communication discret. Les nettoyeurs avaient évidement étudié l’endroit dans le moindre détail de ce lieu, mais si un imprévu frappé à leur porte, il saurait qu’un ange veille sur eux.  

 

- Tu es ok ? Partenaire…  

- Évidement ! Partenaire…  

 

Ils avaient échangé un rire dont le son paraissait presque inconnu, car longtemps qu’ils ne s’étaient souris en partageant sincèrement un bien-être. Se donnant un dernier baiser, chacun s’était rendu à son point de contrôle.  

 

Pour plus de discrétion, les trois nettoyeurs se rendaient à Yurakucho par le métro. Habillés le plus en civile, ils devaient se munir d’uniforme d’homme de maintenance pour ne pas se faire repérer. Ils avaient peu de description concernant les passeurs, et ils devaient rapidement intervenir pour éviter l’échec de la dernière fois.  

 

Mick était le premier des trois hommes à être arrivé au centre commercial. Rapidement, il avait repéré un jardinier, s’occupant des plantes intérieures. Il avait suivi l’homme parti chercher comme indiqué à son collègue, une recharge pour le karcher. Discret comme le loup, l’américain se glissa tel le coyote derrière sa proie et attendant qu’ils se retrouvèrent tous deux dans la réserve hors caméra, Mick se munit d’éther qu’il déposa sur un mouchoir et faisant subir à sa victime la prise de l’étranglement, il déposa son curare sur sa bouche. Le lâchant délicatement à terre, il s’excusa du sommeil prolongé du travailleur et ajouta,  

 

- Je déteste l’idée de déshabiller un homme ! Râla le blond  

 

Révélation qui avait fait sourire Ryô dont à son tour avait repéré sa victime. Le mécanicien s’acharnait sur cet escalator qui s’obstinait à ne vouloir redémarrer. S’apercevant qu’il ne possédait pas la bonne clef à molette, il s’était absenté pour se munir également du bon outil. Le suivant comme un faucon repère son déjeuner, Ryô se stoppa à mi-chemin, son imbécile de martyr s’arrêta pour discuter avec une jolie hôtesse d’accueil.  

 

- Ce dragueur du dimanche va me faire perdre mon temps ! S’agaça Ryô  

- Ça te va bien de dire ça ! Lui communiqua Falcon  

 

Umibozu quant à lui, c’était simplifiée l’existence, en suivant l’un des boulangers du centre commercial, parti chercher son pain dans l’arrière-boutique. Il avait avoué que seule la tenue de cet imposant homme était à sa taille. De manière délicate, ironiquement, il assomma le pauvre homme avec un rouleau à pâtissier lui déclenchant une belle bosse sur le dessus de la tête.  

 

Pendant ce temps, Ryô avait perdu patience devant cet homme qui ne savait véritablement pas s’y prendre avec sa conquête. Crispé, il s’amusa à humilier le garçon en imitant des bruits d’inconvenance, mettant mal à l’aise non seulement la jeune fille, mais ses deux camarades également.  

 

- Tu n’es vraiment qu’un sale gamin Ryô ! S’intimida Falcon  

- Désolé, mais ce petit con nous fait perdre du temps !  

 

Humilié, le mécanicien s’était dépêché de filer dans la réserve des hommes d’entretien pour oublier sa honte. Le nettoyeur s’activait à le suivre, mais au moment de vouloir également l’endormir à l’aide de méthanal, il se retourna et menaça Ryô avec une barre de fer, heureusement, il évita le coup et l’étagère fut la victime de l’assaut.  

 

- Dégage de là connard, je suis ceinture noire de karaté !  

- Putain, mais ce n’est pas vrai, je suis tombé sur le seul emmerdeur !  

 

Ryô dut de nouveau éviter l’acharnement de l’employé en esquivent une fois en reculant et l’autre en se baissant, mais au passage, de ses deux mains, il chopa la tige et poussant sur sa main gauche, il ramena de sa force, le corps de son adversaire contre lui pour mettre un coup de coude droit dans le nez de cet infernal garçon, puis le poussa dans les cartons situés au sol pour l’assommer définitivement.  

 

- Quelle élégance… Fit remarquer Mick  

- Je n’aime vraiment pas les missions d’infiltration !  

 

Le nettoyeur avait entendu un bip dans son oreille signifiant qu’on l’appelait et il avait effleuré le tactile pour répondre à l’appel, c’était Kenji.  

 

- Vous êtes dans les sous-sols ?  

- Tu as d’autre question à la con ?! Râla Ryô  

- Et bien, quelle humeur !  

- Pardonne-lui, monsieur déteste jouer les James Bond ! Ironisa Mick  

- Chacun son talent ! Argumenta Kenji  

 

Ryô, après avoir reçu des éloges, avait appelé Kaori pour ne plus perdre de temps et se diriger dans les sous-sols du centre commercial. Les trois hommes, munis de leur badge, se déplacèrent facilement dans les coulisses du bâtiment. Descendant les escalators, ils furent dirigés à l’est de la bâtisse, pour rejoindre les toilettes se trouvant plus au sud, là où l’entrée des dépôts souterrains commença. Ils trouvèrent étrange de croiser aucun garde, même un gendarme employé pour la soirée. Kaori les dirigèrent toujours, prendre la première à droite, continuer sur quatre cent mètres et ouvrir la porte se trouvant tout à gauche. S’avançant vers le nord et se positionnant dans les angles du couloir numéro deux, à quelques mètres se trouva la porte menant au dépôt. Visuellement, ils repérèrent que se furent par les lignes du métro souterraines, que leurs ennemies comptèrent évacuer la « marchandise ». Toutefois, Ryô trouva encore une fois l’endroit bien calme, sans homme de main pour surveiller les lieux, où est-ce que toute l’agitation se trouva dans la pièce ?  

 

 

- Kenji, tu es sûr de ton coup ? Demanda Ryô  

- Évidemment ! Pourquoi ?  

- L’endroit est trop calme !  

- Je présume qu’ils n’ont pas l’intention de se faire entendre, rappel toi la dernière fois !  

- Peut-être, mais…  

 

Le nettoyeur avait trouvé la situation étrange, pas de chien devant le bout de viande pour laisser le chef de bande se délecter, pas de piège, pas de caméra, pas d’alarme, juste une porte qui menait vers le graal. Le temps n’était plus à la réflexion, ils devaient agir avant qu’une fois de plus, sans quoi, ils perdraient leur proie. S’avançant avec prudence, arme en main, Mick et Falcon avaient été en position de couvrir Ryô pendant que ce dernier à l’aide de son passe avait ouvert la porte coulissant sur le côté.  

 

Ils étaient tombés dans une pièce au noir total, pas un bruit ne passait, même pas l’air des bouches d’aérations ne murmuraient message de vie extérieure. Regardant sa montre, Mick avait fait remarquer à Ryô qu’ils n’avaient plus que vingt minutes avant que les acheteurs débarquent. Mettant leur lunette infrarouge, ils avaient constaté que la pièce était bombardée de conteneur multiple.  

 

- Tu crois qu’elles sont dans l’une d’entre elle ? Demanda Mick  

- Sûrement ! Répondit Falcon  

- Comment on procède ? Il y a une quarantaine d’immense caisse ?! Interrogea Mick  

 

L’américain s’était retourné vers Ryô qui semblait bien trop silencieux à son goût. Il avait l’air d’un homme perdu en pleine recherche de solution, et avec le peu de temps qu’ils leur restaient, la tête du brun devait ressembler à un mixeur. Ils étaient seuls sur terre, l’atmosphère était bien trop unique et respirable pour accueillir une bande d’homme cruel et brutal. Étaient-ils tombés dans un guet-apens ?  

 

- Kaori, où se situe la cage qui mène au métro ? Demande Mick  

- Elle est toute à gauche, au fond de la pièce !  

 

Le blond s’était avancé vers l’endroit indiqué, arrivé au point d’indication, il était tombé sur une armoire, apparemment visée au mur. C’était un véritable bloc de béton qui s’était trouvé devant lui. De son côté, Falcon frappait de son pied sur les conteneurs et concentrant son sens le plus développé ; à savoir l’ouïe ; il essayait d’entendre un son quelconque provenant des épaisses couches de métal, mais c’était une tâche compliquée. Grimpant comme sur une montagne, Falcon était arrivé sur le pic des lego et avait continué sur sa trajectoire. Marchant sur les blocs, il s’était arrêté subitement, pensant avoir entendu un « son » humain.  

 

- Par ici ! S’écria ce dernier  

 

Mick avait escaladé à son tour les caissons, et avait rejoint son équipier sur le sommet. Écoutant attentivement, il avait confirmé à Falcon qu’il entendait lui aussi comme un bruit de respiration lente. S’accessoirisant d’un chalumeau, Umibozu avait fait sauter les cadenas qui empêchait l’ouverture du couvercle. Faisant appel à leur force tous les deux, les nettoyeurs avaient poussé un cri définissant la lourdeur du plateau. Le faisant tomber à terre en manquant d’assommer Ryô, Falcon avait observé une toile dans le fond qui semblait recouvrir des formes humaines. Relevant la couverture, Mick et Falcon s’étaient fait prendre en attaque par,  

 

- Des poules… ?! Répliqua Ryô  

 

Kenji avait pâlit, pendant que le corps de Kaori s’était écrasé au sol de honte. Était-il utile que l’univers se moque de la situation en de tel moment de frayeur et d’acte macabre. Toutefois, le scénario prenait forme et commençait à s’accélérer. La porte d’entrée du local s’était refermée avec violence, une bouteille creuse roulant vers Ryô et déferlant du gaz soporifique. Mick et Falcon, perchés en hauteur n’avaient subi de dégât physiologique et s’étaient par ailleurs, en vif réflexe, sortis des masques.  

 

- Ryô ! S’écria Mick  

 

Le nettoyeur avait mis du temps à réagir et son masque même maintenant positionné sur sa bouche, ne l’empêchait de quelque peu somnoler. S’il suffisait de les endormir pour les capturer, mais leurs ennemis voulaient s’en débarrasser et c’était avec stupeur qu’ils avaient vu des fusils fixés au mur se dégainer et décharger sur eux. Mick et Falcon avaient sauté au sol, mais l’américain s’était vu être blessé à sa main déjà handicapée, quant à Umibozu, il s’était précipité sur le corps de Ryô pour le mettre à couvert.  

 

- Ça va Mick ?! Demande Falcon  

- Yes ! Juste une égratignure… Dit-il se faisant un bandage.  

- Ryô, bouge-toi !  

 

Umibozu l’avait secoué quelque peu, mais le gaz semblait puissant pour avoir assommé un homme au gabarit de Ryô. Falcon devait agir rapidement car il était le seul encore viable. Observant l’environnement, il était évident qu’ils ne pouvaient guère se déplacer, où ils finiraient tous les trois assis à leur place en enfer, déjà sûrement chauffée. Le nettoyeur avait été percuté par une idée. Il était parti examiner les caissons et avait été soulagé de constater que ce qu’il cherchait été présent. De sa puissance, il avait déroulé une chaîne qui était enroulée au cadenas qui maintenait les conteneurs fermés. S’en servant comme un lasso, il avait chopé le bord du couvercle de métal qu’il avait fait tomber plus tôt, afin de s’en servir comme bouclier.  

 

- On ne tiendra jamais vers la sortie ! Fit remarquer Mick  

- Il faut sortir par les sous-sols de la ligne de métro !  

- Tu ne crois pas qu’ils nous attendent derrière ?!  

- Je suis certain qu’ils nous encerclent de tous les côtés, mais on ne va pas croupir ici ?!  

 

Falcon avait raison, il fallait tenter n’importe quelle approche défensive, car ils n’étaient visiblement pas en position de force. Mick avait entouré de son cou le bras de Ryô pour le transporter, quant à Umibozu, il avait chopé la plaque et s’en était servie de blindage comme prévu en la glissant au sol. L’expérience des armes murmurait à l’oreille du professionnel que son morceau de ferraille même épaisse ne tiendrait pas plusieurs minutes.  

 

- Qu’est-ce que tu fous Umibozu ! S’impatientait Mick  

- Je sauve vos fesses d’américains !  

- Ne me traite pas d’américain, je suis japonais… Toussota Ryô  

- À en croire votre comportement j’en doute !  

- Et les mecs, si vous arrêtiez de vous dire des tendresses ! Intervenu Kenji  

- La ferme ! La ferme tous les trois !  

 

Falcon semblait être en colère, furieux de constater que ses amis ne prenaient guère au sérieux la situation qui pourrait vite dégénérer si personne ne tenter de réfléchir en véritable professionnel et non avec les sentiments de chacun. Mick et Ryô avaient blêmi devant les explosifs qu’avaient sortis Falcon qui comptait visiblement faire exploser les boulons de l’armoire qui la maintenait au mur. Il avait mis peu de régime dans la poudre pour éviter de se prendre des débris. Au moment où le bouclier avait cédé, les trois hommes avaient réussi à quitter les lieux. Ils rampèrent le long d’une bouche dégoût qui avait fini dans les couloirs souterrain de la rame de métro. Ils s’étaient positionnés contre la paroi de béton pour récupérer de la fraîcheur et avaient défait leur masque les empêchant de respirer convenablement.  

 

De fureur, Umibozu tapa son poing contre le ciment et une fois ses esprits furent revenus, il décida de communiquer à Kenji sa façon de penser.  

 

- Ton plan à foiré ! L’insulta Falcon  

- Umi ! Essaya de l’interrompre Ryô  

- La ferme ! Vous la fermez, tous les trois !  

 

Kaori avait mis la conversation sur haut-parleur, les deux femmes inquiètes pour leur mari. Miki n’avait jamais entendu son bien-aimé être aussi en colère, mais il avait certainement une bonne raison pour vouloir remettre dans le droit chemin ses enfants dépassés par les événements.  

 

- Je ne sais pas à quoi vous jouez tous les deux ! Mais tout ce que vous entreprenez échoue lamentablement !  

- …  

- Vous allez reprendre vos esprits et arrêtez de prendre cette mission comme quelque chose de personnel, ou se sont vos cadavres que je devrais traîner la prochaine fois !  

- …  

- Vous êtes des professionnels, comportez-vous comme tel !  

 

Kenji et Ryô savaient que Falcon s’était adressé à eux en particulier. Le plus jeune devait reconnaître que son passé et son présent se mêlaient inconfortablement dans sa façon d’agir. Kenji dès le début pensait que sa mission servait à l’éloigner de son gang, ne faisant aucunement confiance à Ichiba et pourtant, il y avait forcément une raison utile. Il était constamment déstabilisé par un pressentiment dont il ne parvenait à trouver la nature. Pourtant, il savait que la vengeance et le manque de confiance en ces partenaires ne mèneraient qu’à une prison où les murs se rétréciraient sur lui-même. Et puis, il était confus, meurtri parce que la seule personne capable de lui donner toutes les forces qu’il désirait était désormais loin de lui, appartenant au passé, déjà, mais là aussi, une impression étrange minait son cœur, comme si quelque chose n’était pas finie.  

 

Quant à Ryô, les responsabilités n’avaient jamais autant pesé sur son âme. De ses yeux, se gravaient chaque drame qu’il avait vécu, entendu. Avant sa rencontre avec Kaori, il se rappelait n’être qu’une bête à tuer, ôter la vie d’individu ne faisait qu’accroître son envie de continuer. Aujourd’hui, il avait l’impression de redevenir cet homme méprisable qui n’avait point peur de mourir.  

 

- Ryô… Souffla Kaori  

 

Brusquement, la cloche du Cat’s Eyes avait retenti.  

 

- Désolé, nous sommes fer…  

- Bonsoir…  

 

Étrange. Miki n’avait pas reconnu l’aura d’Hélène et encore moins l’arrivé d’une personne tierce dans son café, seule la cloche avait attiré son attention. La barmaid était bien trop absorbée elle aussi par les paroles de son mari, brûlante de vérité. Qu’arrivait-il au cocon familial que tous avaient réussi à faire prospérer. Quelle pouvait-être l’identité du meneur de danse pour que l’entier professionnalisme dont ils faisaient tous preuve, puisse s’évanouir comme le brouillard lors d’une matinée d’automne. La racine de cette affaire devait rapidement être arrachée, ou leur jugement et leur logique finiraient par les abandonnés au coin d’une ruelle déserte.  

 

S’avançant à pas de loup, Hélène venait de déposer sa main chaude sur l’épaule de Kaori. Surprise, elle avait émis un léger sursaut, se retournant vivement pour savoir qui venait de l’interpeller. C’était sa frêle protégée, s’étant approchée pour venir pousser son tourment rodant comme un vautour autour de son âme. La nettoyeuse était désolée, car elle avait omis de venir chercher la subordonnée à l’heure de sa débauche. Visiblement, elle ne lui en avait pas tenu compte, étant donné qu’elle déversait un sourire cajoleur à sa bienfaitrice.  

 

La disciple percevait une atmosphère lourde, Kaori semblait embêtée et l’absence de Monsieur Saeba laissait croire qu’il était parti sans sa moitié de City Hunter, faire face à une mission délicate. Ryô procédait souvent ainsi, sous la colère et lassitude de Kaori. Elle ne supportait pas que son « amant » s’acharne encore, malgré les années, à faire cavalier seul.  

 

Hélène se sentait fébrile, elle détestait apercevoir de la tristesse dans le regard noisette de Kaori. C’était une femme pétillante, cousue à une générosité comme aucun autre être humain. Attentionnée, courageuse, joueuse, même son caractère affirmé ne traduisait que son éternelle jalousie à vouloir être seule à posséder. Attentive au fauteur de trouble, l’enfant s’était penché un peu sur Kaori pour savoir quel était son tourment. Elle tenait fermement dans sa main, un bout de papier, qui tremblotait sous l’hypertension de la nettoyeuse. C’était une carte, ou plutôt un plan, indiquant un point relais. S’attardant sur l’objet agitateur de Kaori, elle avait remarqué quelque chose,  

 

- Mh ?  

 

Sans prévenir, de sa main pâle, Hélène s’était munie du bout de papier, et avait pu ainsi observer de plus près la découverte d’un prompt détail. Elle n’en était pas certaine, mais elle ne trouvait pas d’autre explication quant à cette marque rougeâtre.  

 

Réveillée par les gestes affirmées de sa protégée, Kaori l’avait interrogé,  

 

- Qu’est-ce qu’il y a… ?  

- Ici…  

 

Ryô entendait la conversation, et il reconnaissait la voix de sa prodige. Que faisait-elle au café ? Pourquoi n’était-elle pas rentrée directement à l’appartement, même en sachant que personne n’était venu la chercher. Un diablotin riait à l’oreille de Ryô, pendant qu’un ange essayait de le convaincre de cesser ce genre de suspicion, il se confortait dans son avis, et par ailleurs, la suite de la conversation allait marquer le nettoyeur,  

 

- Il y a une trace rouge sur le bord… Fit remarquer Hélène  

- Et alors ?! Simple rature faite par un stylo ! Argumenta Miki  

- Non, le traçait semble fluide, comme de l’encre…  

- Où voulez-vous en venir… ? Demanda Kazue, intriguée  

- L’encre invisible devient rouge au contact d’un composant chimique…  

- Mais… Ça voudrait dire… Chuchota Kaori  

- Kenji !  

 

Ryô n’avait guère le temps d’analyser d’où venait un tel instinct chez son élève, il fallait agir rapidement, car c’était le seul message du ciel que le hasard leur adressait. Le nettoyeur ordonna à son ami de retourner dans le bureau de son « beau-père » et de prendre l’original de la carte.  

 

- C’est impossible, il est dans son bureau à l’instant où je te parle !  

 

Le nettoyeur ne voulait rien entendre comme excuse, il devait juste se dépêcher et agir en professionnel. Kenji avait été bousculé par le comportement soudain de son ami, mais une certaine confiance régnait de nouveau et il s’était par conséquent dépêché de réfléchir. Partant dans la chambre de Katarina, il avait trouvé Sylvana en train de lire paisiblement une histoire à sa fille.  

 

- J’ai besoin de ton aide…  

 

Kenji avait expliqué dans la plus calme des discrétions, qu’elle devait trouver un moyen d’éloigner son « père » de son bureau car il fallait impérativement qu’il s’accapare de nouveau de la carte. Sylvana avait réfléchi et son « père » se rendrait forcément compte de la supercherie si elle intervenait directement, s’était loin d’être un homme naïf et encore plus concentré lors des soirs d’exécution de contrat. Soudainement, Katarina s’était approchée de lui pour tenir sa main.  

 

- Tu veux jouer avec moi… ?  

- Katarina… Ce n’est…  

- J’ai… Un enfant moi aussi…  

- Mh…  

- Un fils, Quentin…  

- Je ne savais pas… S’attendrit Sylvana  

- Je tuerais celui qui oserait lui faire du mal…  

- Mais… ? Demanda-t-elle, même en devinant déjà la pensé de Kenji  

- C’est la seule personne à laquelle il ne s’en prendra pas…  

 

Sylvana avait regardé sa fille profondément. C’était son rayon de soleil, son oxygène, elle serait déjà au pied de Dieu si la vie ne lui avait accordé le plus puissant des sentiments, à savoir être mère. Il n’y avait rien qu’elle ne ferait pas pour le bien-être de sa fille, alors s’en servir pour détourner l’attention du diable ?  

 

- Je sais que tu es une mère et que tu n’as pas envie que j’utilise ta fille, mais je ne le ferais pas si je savais qu’elle craignait quelconque danger…  

- C’est un homme cruel… Mais il n’a jamais rien fait subir à Katarina…  

 

Sylvana réfléchissait, mais pas assez vite au goût de Ryô qui mettait sous tension son ami. Le nettoyeur était à bout parce que Kenji aurait dû remarquer ce détail lui-même lorsqu’il avait eu la carte entre les mains. C’était un espion qualifié étant donné son passé de Yakuza et l’évidence n’avait visiblement pas frappé son ami, pourquoi ?  

 

- Kenji !  

- Putain arrête de me mettre la pression, tu n’es pas à ma place… Chuchota ce dernier, agacé  

- D’accord… Se fit entendre Sylvana  

 

La mère s’était abaissée à la petite taille de sa fille, pour lui demander un service sous forme de jeu. Sylvana avait demandé à Katarina d’aller chercher son « grand-père » et de lui demander de l’accompagner pour faire un puzzle au salon, elle lui indiquait de fortement insister ; même s’il ne serait difficile pour cet homme de mystérieusement refuser. L’enfant avait tout compris et se réjouissait déjà d’avoir la permission de partir rejoindre son grand-père pour jouer. Kenji avait le cœur brisé, il n’y avait rien de plus pure et naïve que le cœur d’une enfant, seuls ces petits êtres pouvaient vous regarder avec la plus intègre des justices.  

 

Katarina avait filé à l’étage, suivi de près par Kenji, pendant que Sylvana s’était hâtée à aller chercher du citron dans la cuisine. Se concentrant sur la sécurité de Katarina, le nettoyeur avait fait le vide en lui et se contenter d’observer la scène qui allait s’exposé devant lui comme une énigme.  

 

L’enfant avait frappé à la porte de sa main fine, et entendant les faibles coups, l’homme avait donné la permission de rentrer. Katarina avait laissé la porte ouverte et la conversation qui avait lieu, portait Kenji vers la stupéfaction.  

 

- Grand-père, tu veux venir jouer avec moi… ? Sourit-elle comme une princesse  

- Pas ce soir ! Je n’ai pas le temps ! Dit-il, assez autoritaire  

- S’il te plaît… Maman dort… Je n’ai personne pour jouer…  

- Katarina n’insiste pas, quand je dis non, c’est non !  

 

L’homme était ferme et semblait impassible, mais lorsque Katarina avait posé sa main sur sa cuisse en lui redemandant poliment pour la troisième fois qu’elle voulait absolument s’amuser avec lui, Kenji semblait avoir aperçu de la,  

 

- « Compassion… ? »  

 

Il avait soufflé son exaspération. Ce n’était pas l’heure aux enfantillages et pourtant, l’homme s’imposant comme le diable, s’était levé et avait accompagné la petite fille dans le salon pour accepter de lui accorder de son temps, mais guère plus d’une heure. Ne pouvant s’attarder à plus de questionnement, Kenji s’était précipité dans le bureau et avait copié ses gestes de la dernière fois. À son aise, Sylvana avait réussi à rejoindre son complice sans difficulté et lui avait tendu un citron coupé en deux. Se dépêchant, le nettoyeur avait exécuté les ordres de Ryô, eux même dictés par Kaori, soufflés par Hélène et avec surprise, Kenji découvrit au fur et à mesure du tracé de l’acide, des lignes décalquant un plan où se faisait entrevoir un endroit secondaire.  

 

- On dirait… Souffla Sylvana  

- Odaiba ! L’échange aura lieu au parc marin d’Odaiba !  

 

Ryô, Mick et Falcon n’avaient pas perdu une minute de plus. En métro, l’arrêt se trouvait à vingt-cinq minutes d’ici, ils devaient trouver une solution pour faire au plus vite, mais quelle solution appliquer lorsqu’on se trouvait dans un tunnel où les sorties de secours seraient certainement toutes bloquées par des gardiens les attendant crocs brillantes. Soudainement, c’était comme si une étoile espérait que ces hommes arrivent à bon port, et un « Peter Pan » était sorti des profondeurs de la terre. Ils avaient entendu les sifflements d’un air entraînant, sortant d’entre les dents d’un vieux cheminot moustachu.  

 

- Mais qu’est-ce que vous faite là messieurs ?  

 

Sans comprendre, l’homme ancien s’était retrouvait assis au bord de son engin, s’entends les planches de son vieil outil subir le poids de ces trois géants.  

 

- C’est une blague, comment veux-tu qu’on arrive à temps avec cette vieillerie ! Râla Mick  

- Qui vous traitez de vieillerie ? S’agaça le trimardeur  

 

Les professionnels ne pouvaient pas mieux tomber que sur ce travailleur, toutefois, il utilisait les méthodes de ces ancêtres et c’était ainsi que les trois hommes d’époque contemporaine, s’étaient retrouvaient sur un ancien chariot ferroviaire à pompe. Fatigués d’entendre l’américain se plaindre, Ryô et Falcon s’étaient sacrifiés de leurs muscles pour pousser le wagonnet. Mick avait les cheveux au vent, tellement les deux compères versaient vitesse dans le compresseur et l’ancien s’époumonait à crier de tout arrêter.  

 

- Seigneur, je vais mourir ! Pria-t-il  

 

L’arrêt était brutal, et le vieillard s’était retrouver attacher fermement au cou du blond en remerciant Sainte Marie d’avoir épargné son cœur fragile. Remerciant l’homme pour son service, Mick lui avait jeté une pièce d’un dollar.  

 

- Que veux-tu qu’il en fasse ? Se moqua Ryô  

- Qu’il se paye une retraite évidemment ! Dit-il d’un clin d’œil  

 

Son ami n’avait le temps d’étudier s’il avait offert une pièce de valeur, qu’ils prenaient soin déjà de revêtir leur masque de nettoyeur. Empruntant discrètement les escaliers menant vers les quais, Ryô avait enroulé autour du canon de son arme un silencieux, visant à toucher sans bruit l’alarme incendie. Déclenchée, une annonce demandant à tous les futurs passagers de quitter les quais s’était fait entendre et c’est ainsi qu’ils s’étaient fondus tous les trois dans la masse.  

 

Du côté du Cat’s Eyes, Miki observait l’investigatrice du plan de sauvetage. Hélène, après sa découverte intellectuelle, avait reçu un mystérieux coup de téléphone qu’elle avait pris soin ; pour ne pas déranger ; de sortir dehors pour converser.  

 

- Sais-tu où ils se trouvent désormais… ? Questionna-t-on au téléphone  

- Ils se dirigent port d’Odaiba…  

- Reçu !  

 

Miki sentait quelque chose de curieux provenir de cette jeune fille de dix-sept ans. Comment une enfant étant censée sortir des quartiers démunis de Shinjuku, n’ayant jamais eu véritable foyer et encore moins enclin à pouvoir suivre le système scolaire basique, pouvait deviner la combinaison d’une ancienne technique d’espion de guerre ? Ce détail même avait échappé à tout le groupe, excepté Hélène qui l’avait décelé en à peine trois secondes. Ce potentiel intellectuel ne justifiait pas ce savoir. Elle ne pouvait que retenir des choses qu’on lui avait appris, et ce genre d’enseignement pratique digne d’un agent secret ne lui été pas parvenu par un professeur de biologie.  

 

De son côté, il devenait difficile pour Kaori de suivre à distance les faits et gestes de son bien-aimé. Elle n’était pas à ses côtés pour le guider ou le faire revenir à la réalité et elle s’inquiétait de plus en plus de son instinct professionnel qui le quittait légèrement. De plus, c’était le grand méchant loup qui les attendait, et la peur de perdre Ryô commençait à tétaniser la jeune femme.  

 

Sous la pulsion de son amour hurlant de le rejoindre, Miki avait retenu son corps de faire un pas de plus.  

 

- Laisse-moi !  

- Kaori, c’est trop dangereux, nous devons rester ici, nous serions des charges pour eux !  

- Je n’en peux plus d’attendre ! Dit-elle au bord des larmes  

- Kaori… Calme-toi… Murmura Ryô au téléphone  

 

Ses muscles l’eurent lâché et elle s’effondra quelque peu au sol.  

 

- Kaori !  

 

Hélène était revenue en trombe rejoindre Kaori et s’était agenouillée à ses côtés tout en lui accordant des gestes professionnels d’aide-soignante et lui avait pris le pouls. Ryô avait utilisé des mots à codes pour réconforter non pas sa partenaire, mais l’amoureuse qu’elle était qui semblait au bord de la crise de nerf. Ils s’étaient jurés de ne plus jamais exécuter une mission l’un sans l’autre, mais c’était à cause de ce genre d’imprévu que Ryô n’avait souhaité être accompagné.  

 

- Calme-toi… Je vais revenir, comme toujours… Chuchota ce dernier  

- Si tu ne tiens pas ta promesse, je viens moi-même te donner le coup de grâce !  

- Tu vois, c’est toujours entre tes mains que je suis le plus en danger ! Rit-il quelque peu  

- Ryô…  

- Kaori, je vais raccrocher, je dois être concentré…  

- D’accord…  

 

Mutilant ses lèvres avec ses dents, Kaori laissa son partenaire en solitaire et se contenta du sentiment le plus cruel, l’attente.  

 

* * *  

 

Les trois hommes s’étaient avancés sur une passerelle circulaire. Sous leur pied, s’étendait un escalier où descendaient des familles béat de participer au célèbre festival des lanternes. L’événement se présentait en juillet d’ordinaire, mais la fête avait été avancée pour cause d’une finale de match de football. L’ennemi avait profité de ce changement d’organisation circonstanciel pour se dissiper clandestinement dans la foule et ne pas se faire repérer par les policiers qui veillaient à la sécurité d’autrui, cependant,  

 

- Il y a des ripoux à votre avis ? Questionna Mick  

 

Le silence des deux équipiers était tellement bruyant que la question bête du blond s’était terminée par une réponse stupide, l’ignorance. Du balcon, ils pouvaient observer ces femmes et ces enfants, admirant la beauté de cette plage. Pourquoi ne venaient-ils en cet endroit touristique, s’attarder de ballade romantique sur le bord de mer, laissant leur pied se moudre dans le sable. La place était imposante, et en cette nuit le panorama était idyllique.  

 

On apercevait le pont Rainbow Bridge, illuminé de lumière blanche et bleu, reflétant comme une aurore boréale sur la baie de Tokyo. Au loin, s’étendait les lumières de la ville, où leurs amantes devaient trépigner d’impatience de les retrouver sains et saufs. Sur le côté droit, la statue de la liberté veillait sur ces jeunes gens qui s’amusaient encore aux parties interminables de beach volley. Du côté du port, les plus avantageux admiraient le spectacle des lanternes sur le pont de leur bateau, mais dans l’un des trois se trouvaient forcément comédiens. Dans leur dos, se remarquait ce parc forestier tellement calme, où des couples s’abandonnaient à des baisers secrets sous les arbres accueillant un vent chaud d’été. Ryô s’en voulait déjà de saccager cette ambiance familiale.  

 

- Lequel des trois à votre avis ? Demanda Falcon  

- Il va falloir se séparer ! Dicta Mick  

- Non, faisons confiance en notre instinct et observons ! Ordonna Ryô  

 

Enfin, Ryô Saeba dit City Hunter, renaissait. Il était décidé à se concentrer et mener lui aussi la danse, même s’il devait se contenter de bouger sur un autre tempo. Rapide comme le félin, le puma d’Amérique Latine ne serait manquer le jaguar sous l’habit de léopard. Faisant équipe avec son cœur amoureux, il détectait rapidement la sincérité que dégageaient les familles se promenant jovialement, le bras du mari posé autour du cou de l’épouse, tenant par la main leur enfant. Impulsivement, il avait remarqué dans le nuage de la foule, une famille aux allures bien trop vacancière se diriger pas à pas vers un bateau accosté au port.  

 

- Repère à deux heures dix ! Souffla Ryô  

 

Falcon et Mick dirigeaient leur esprit vers le groupe d’individu concerné. Un homme de grande taille se tenait au milieu de cinq jeunes femmes qui aux premiers abords se laisser percevoir comme un père et ses filles, accompagné par l’épouse en retrait se faisant tirer par le chien de tous les côtés.  

 

Les trois nettoyeurs avaient muni leurs armes de silencieux, et ils étaient partis se disperser dans la foule d’estivants. Leur première mission était d’absolument repérer les gardiens du temple, mais ils avaient une aura menaçante tellement perceptible, que le flaire des trois nettoyeurs n’avaient des difficultés à les identifier. Toutefois, la seconde étape avait été de trouver un moyen de s’approcher du paquet sans tiré les ficelles qui l’entourait. Avec de la volonté, une fois de plus le hasard avait été de leur côté, car les lumières artificielles s’étaient étouffées pour laisser place à la seule lueur des bougies qui trônait dans les lanternes voyageuses. Les noctambules se réunissant tous vers la plage pour mettre à l’eau les luminaires, ils avaient profité de ce fait pour continuer à suivre dans l’ombre, les investisseurs de Satan. Contre toute attente, leurs prisonniers s’étaient arrêtés près du bord de mer pour observer eux aussi le spectacle.  

 

- Ils passent vraiment inaperçu… Enragea Mick  

 

C’étaient les conditions émises par ces truands qui donnaient la nausée à l’Américain. Les cinq jeunes filles ne bougeaient pas d’un petit doigt et se comportaient de la manière la plus naturelle qu’il était, alors que leur cœur devait saigner d’injustice. Quelles menaces avaient-ils mit sur chacun des membres d’une famille de ces prisonnières pour les convaincre d’un tel scénario ? Combien avaient-ils offert aux protagonistes pour laisser se faire embarquer leur propre enfant ? Quelle indignation ! Profiter de la misère du tiers monde pour s’enrichir, c’était le polichinelle des riches.  

 

- Il faut profiter de leur arrêt pour se faufiler avec eux dans le bateau ! Indiqua Mick  

 

Elle était ici la troisième étape à calculer. Le bateau n’était pas d’une grande envergure, et ils se feraient rapidement repérer sur ce yacht. Avisant, ils avaient remarqué que seul le capitaine, et deux gardes se tenaient sur l’embarcation. Telles les anguilles traqueuses de rocher pour guetter leur proie, Ryô avait examiné vivement l’environnement. L’action allait être délicate, mais il n’avait eu d’autre choix que d’exterminer les trois complices et prendre leur place.  

 

Réussissant à s’approcher du bateau sans attirer l’attention, ils s’étaient abaissés au niveau de la proue et écoutés la conversation du cerbère. Le capitaine avait indiqué aux deux armoires à glace que le client attendait sa marchandise avec qualité et de ce fait, les femmes seraient endormies pour éviter de les attacher et ainsi abimer leur peau. Cette « mesure » avait achevé le peu de raison qu’ils leur restaient et sans plus attendre, ils avaient décidé de rentrer dans l’action.  

 

Intriguant l’attention des passagers, ils avaient attiré les poissons dans le tourbillon en faisant du bruit à travers l’écosse du bateau. S’étant projetés eux-mêmes dans la gueule du loup, sans comprendre, les trois adversaires s’étaient retrouvés par une force effroyable, attiré dans l’eau sans avoir eu le temps d’analyser ce qu’ils leur arrivaient. Les trois mercenaires, de leur avidité à se débarrasser le plus rapidement possible des suppos de Satan, avaient agrippé leur col de chemise et les basculant dans l’eau, ils avaient poignardé sans mépris aucun, le cœur de ces hommes habitant terre sans intégrité. Agissant ainsi, aucun ménage de trace de sang ou d’emprunte était à faire sur le bateau.  

 

Rapidement, ils étaient montés à bord, et accordaient hâtivement le rôle de chacun. Se séchant, Falcon avait enfilé la tenue du capitaine, quant à Ryô et Mick, ils seraient les deux surveillants. Le timing était parfait, car à peine avait-il évacué l’eau du ponton prouvant chavirement et collision, la famille portant le nom de mascarade se présentait à eux. L’homme du beau monde était parti à l’étage du bateau, installer les cinq jeunes femmes sur des banquettes.  

 

Ryô et Mick s’étaient approchés de la femme qui visiblement était l’investigatrice du contrat. Elle avait sorti deux mallettes, une contenant un « acompte » pour leur service, et une autre renfermant une boîte transparente. Se saisissant du contenu, la femme les avait rejoints, mais le brun avait remarqué sa soudaine hésitation lorsqu’elle s’était approchée, étaient-ils démasqués ?  

 

Dans un premier temps, l’homme d’affaire était parti demandé à Falcon de démarrer le bateau et ne le voyant aucunement remonter, Ryô et Mick s’affirmaient qu’un sur deux était maîtrisé. Puis, il restait cette curieuse femme. City Hunter grâce aux informations d’Ichiba savait exactement aux grains de beauté près, reconnaitre le physique d’Erika. Toutefois, ici, c’était une femme plus grande, les cheveux grisonnants et des rides dessinées sur les côtés de la bouche qui s’adressait à eux. Impossible de concéder avec plus de précision son visage, sa tête étant à moitié couvert par ses grosses lunettes de soleil et son chapeau de paille.  

 

- Tenez, ce sont les injections ! Les mesures sont indiquées sur les tubes !  

 

Les deux hommes s’étaient contentés de hocher la tête, et s’étaient rendus en compagnie des jeunes femmes. Le dégoût. Quel âge avaient ces femmes ? À peine seize ans ? Leur origine du sud de l’Afrique faisait d’elles des femmes à la beauté rarissimes, mais elles étaient pétrifiées de peur et se demandaient quel sort les attendait loin de leur contrée. Esclavage, espionnage, prostitution, taupe ou encore guetteuse, rien de bien scintillant. Prenant le bras de la première, Ryô avait dicté des ordres.  

 

- Écoutez-moi… Faite semblant de vous endormir…  

- Quoi ? Mais… ?!  

- Je n’ai pas le temps de rentrer dans les détails, faite ce que je vous dis…  

 

Tour à tour, les deux nettoyeurs avaient rassuré comme ils le pouvaient le moral de ces femmes au bord de l’angoisse. Elles étaient bien plus que tétanisées, leur corps ne répondaient plus à aucun ordre ni espoir, même les mots réconfortant de Ryô et Mick n’y faisaient plu.  

 

Soudainement, de là où il se situait, Ryô avait remarqué que la jeune femme s’était mise à l’écart pour passer un coup de téléphone.  

 

- Monsieur, on a un problème ! J’ai les trois cerveaux du gang Ten’Shi’Koo avec moi !  

- Comment est-ce possible ?!  

 

L’homme avait tapé du poing sur la table, effrayant l’enfant qui se trouvait à ses côtés en train de chercher toutes les pièces du bord du puzzle.  

 

- Ils ont réussi à échapper aux mains de nos hommes apparemment ! Comment dois-je procéder ?  

- Je…  

 

Au même moment, l’homme reçu un message sur son téléphone, six mots qui l’avaient fait glousser devant ce parfum de futur victoire. Il reprit donc la conversation,  

 

- Les renforts arrivent, disparaît…  

- Bien !  

 

À cet instant, la femme sentit le canon glaciale de l’arme de Ryô se posait sur sa tête, faisant tomber son chapeau de paille, et confirmant ses cheveux naturellement grisonnant ?  

 

- Donnez-moi ce téléphone ! Ordonna Ryô  

 

C’était sous-estimé son ennemie au comportement provocateur et le magnum posé sur sa tête comme la faucheuse de la mort lui avait fait déchirer un rire de fauteur. Elle avait jeté son téléphone dans l’eau comme s’il n’avait quelconque importance. Ryô avait eu un sourire dédaigneux devant cette femme qui possédait autant d’attribue qu’un homme. Elle s’était retournée tel Poséidon devant Zeus et avait ôté lunette de soleil et chapeau pour laisser découvrir son visage.  

 

- Je vous offre mon sourire avant de mourir… Sourit-elle  

- Oh… Et bien, j’aurai préféré… Couchez avec vous ! Rit-il à gorge déployée  

 

Kenji s’était étouffé avec sa salive. Comment son ami pouvait sortir une telle réplique devant le personnage revêche qu’était Erika. À ce propos, est-ce que son ami serait identifier qu’il s’agissait bien d’elle ou d’une marionnette de plus ? Il avouait avoir des difficultés à reconnaître sa voix, mais le nettoyeur n’oubliait pas que devant lui se trouvait des illusionnistes de talent.  

 

Ryô avait ligoté les mains de cette femme dans son dos, en prenant soin de fouiller dans les moindres recoins de son corps, qu’aucun révolver ou armes blanches ne s’y étaient réfugiés. Il observait cette femme comme l’incompréhension définie. Qu’est-ce que cette femme aurait pu subir dans sa vie pour devenir esclave de son propre bourreau ? Quelle promesse une bouche aux crocs tranchants avait dicté ? Rédemption, punition, où étaient les limites de cette luciférienne pour embrasser sa vendetta. S’avançant dans la cabine du commandant, le nettoyeur aperçu un spectacle singulier, apercevant l’otage, gisant dans une mare de sang.  

 

- Il s’est suicidé ? Demanda Ryô  

 

Falcon avait acquiescé de la tête. Il n’avait eu le temps de l’interroger, que l’homme s’était précipité sur la lame du harpon disposer telle une œuvre d’art dans la cabine du capitaine, s’empaillant le ventre avec les crochets de la lance. Visiblement, il préférait mourir en bagnard quand un vaincu, s’épargnant le regard du Shinigami. S’affolant que leur otage en fasse autant, Ryô avait de nouveau rejoint le pont, mais étonnamment, elle n’avait pas bougé d’un centimètre. S’approchant de la détenue, Ryô s’apprêter à lui poser une question décisive, lorsque le bateau avait été percuté par un imposant zodiac.  

 

Le choc puissant, avait renversé le corps des trois gaillards et fait tomber la femme par-dessus bord. Ryô était enragé, il venait de perdre leur unique moyen d’obtenir des confidences tangibles. Faisant pivoter sa tête, il avait remarqué une paire de jambe, pointant en la direction de sa cervelle, une arme scintillante.  

 

- Saeba… Je savais bien que je te prendrais sur le fait accompli !  

- Dieter ?!  

 

Le nom mâchuré par Ryô avait donné des sueurs froides à Kenji. Que venait-il faire à bord de ce bateau ? Comment les avaient-ils trouvés ? Que faisait encore Serge Dieter en vie tout simplement. Sylvana avait vu Kenji serrer subitement son pendentif, avec un regard encore plus sombre que le fond des océans.  

 

- Ce n’est pas possible… Souffla Stéphane  

- Et si mon ami… Ryô et sa bande de rat sont les commanditaires !  

- Ferme-là !! S’écria Mick  

 

Pendant que les vieilles connaissances réglées leur compte en se lançant des regards de dompteur de fauve, Mickaël avait rejoint les victimes, qu’il avait retrouvé paniquées, apeurées, tremblantes de peur. Essayant de les rassurer, le blond avait tenté des paroles douces, les mêmes qu’il chantonnait à ses filles lorsqu’elles avaient cru apercevoir ce monstre violet ressemblant à un dragon trainer dans leur armoire.  

 

- Tout ira bien…  

 

Les convainquant de monter une à une dans le zodiac, les nerfs d’une d’entre elle avaient lâché, et courant vers la mer, elle s’était jetée corps perdue dans l’eau.  

 

- Non !  

 

Les nettoyeurs avaient profités de l’occasion pour désarmé Stéphane et Serge pour reprendre le dessus.  

 

- Falcon, la fille ! Hurla Ryô  

 

Sautant dans l’eau salée, Falcon se servit de son corps comme bouclier pour protéger l’adolescente et entreprit immédiatement de la ranimer. Serge sauta sur son arme pour tirer comme sur une cible vers Umibozu, mais les sirènes de la police se firent retentir, le fourbe de nettoyeur emporta Stéphane, l’arrachant de sa stupéfaction et rejoignirent Mickaël à bord.  

 

- On leur laisse une fille ?! Paniqua Stéphane  

- Elle ne risque rien avec la police… Argumenta Serge  

 

Le blond avait démarré le zodiac rapidement, souhaitant mettre eux-mêmes à l’abri les victimes et éviter que des policiers véreux ne les interrogent.  

 

Ryô sentit le vent tourné, mais se fut avec une agréable surprise qu’il découvrit le visage de,  

 

- Saeko ?  

- Bonsoir Ryô ! Sourit-elle  

- Que fais-tu ici ? Demanda Mick  

- Les gardes côtes ont signalé à la police des grabuges venant d’un yacht privé ! Mon intuition féminine m’a fait comprendre qu’il n’y avait que toi pour ça ! Dit-elle d’un clin d’œil  

- Merci… Souffla Ryô  

 

Falcon était remonté à la surface, et avait déposé avec délicatesse le corps bleu de l’innocente. Les trois nettoyeurs avaient regardé avec insistance la jeune fille. Il n’était mission facile ou évidente, mais ce qu’il s’était passé ici révélait la puante mascarade. Ryô était certain que Serge et sa compagnie ne les avaient pas trouvés par un jeu de dé. Quant à l’investigatrice du plan, seules les profondeurs récoltées déclarions désormais, mais quelque chose sur ce bateau liait les deux gangs, Ryô en était convaincu et ce qui l’avait effrayé, s’était de penser que,  

 

- Ryô ? Interpella Kenji, toujours en ligne  

- Nous avons l’une des otages avec nous… Lorsqu’elle sera remise, nous parlerons avec elle…  

- Bien, je…  

- Tu devrais t’enfuir au plus vite, Kenji…  

- Je pars tout de suite !  

 

Les trois amis étaient restés hébétés, pourquoi Kenji devait fuir maintenant alors qu’il se trouvait enfin au cœur de l’ennemi et l’avait déstabilisé.  

 

* * *  

 

Kenji avait essayé de reprendre ses esprits, il avait pressentit l’odeur des limbes à cent kilomètres. Vivement, il s’était emparé du bras de Sylvana et avait placé la jeune femme bien en face de lui, afin qu’elle capte parfaitement ses ordres.  

 

- Va chercher Katarina et attend-moi dans la voiture !  

- Kenji…  

- Fait ce que je te dis et ne perd pas de temps !  

- Tu ne tueras pas cet homme !  

- Ce n’est pas lui que je vais…  

 

Subitement, les murs de la pièce s’étaient retrouvés couvert de balle, éjectée par une mitraillette embarrassante. Le capitaine avait quitté le navire et demandait à ses marins de terminer la chasse au requin à sa place. Même la gouvernante s’était mise à table. Le « grand-père » modèle voulait jouer à arme égale, maintenant qu’Erika était neutralisée, il voulait se débarrasser d’une pièce maîtresse du rival, mais l’ancien Yakuza ne se laisserait bercer par la mélodie des balles qui fusaient. Entendant le calme, il était sorti de derrière le fauteuil qu’il avait fait basculer sur Sylvana et lui pour les maintenir en sécurité.  

 

Dégainant, il avait achevé sans hésiter la femme de ménage accourant vers eux munie d’un scalpel pensant probablement sculpter leur visage à la Dali. Le Majordome arrivant derrière son bouclier vivant, s’apprêtait à corriger Kenji, poing gauche levé, mais le nettoyeur, d’une rage sanglante, avait offert un uppercut du droit dans son ventre. L’homme, s’abaissant face à la douleur de son estomac, avait laissé trop de seconde au nettoyeur et attrapant l’arme blanche de sa victime baignant dans son sang, il avait poignardé de toutes ses forces la jugulaire du vieil homme caressant déjà les enfers. Devant ce tableau dramatique, Sylvana avait rejoint Kenji, pour serrer son dos et le faire revenir quelque peu dans une réalité qui avait échappé à cet homme, dont elle avait peur l’espace de quelques secondes.  

 

- Kenji…  

- Katarina… Dépêche-toi…  

 

À la prononciation du prénom de son enfant, Sylvana avait relâché son étreinte et était partie sans réfléchir dans les couloirs de cette immense demeure, ne sachant même si elle y trouverait sa fille. La couvrant, Kenji abattait de son magnum quarante-quatre, un comité d’accueil qu’on ne pouvait qualifié de chaleureux. Il se sentait comme une bête prit dans un abattoir, où la lumière du jour serait impossible à franchir. Mais c’était mal connaître cet homme qui maîtrisait son savoir-faire. Il savait pertinemment que la petite fille ne se trouvait plus dans cette maison et que c’était un gain de temps de plus pour les cliquetis d’une bombe qui s’amusait à compter les minutes qui restaient.  

 

- Il faut sortir !  

- Quoi ?!  

- Katarina n’est plus dans cette maison…  

- Non ! Non !  

 

Bien trop affolée, Kenji n’avait guère le choix que d’assommer de la crosse de son arme Sylvana, en infligeant un coup léger à sa tempe. L’attrapant comme une princesse, il accourait dans la première chambre qui se présentait, enveloppant son corps et celui de Sylvana dans une couverture. Il consommait ses dernières balles à briser la poignée de vitre et ses carreaux, et dans un dernier élan en priant pour que la chute du deuxième étage ne soit pas trop violente, une explosion à la force de vous rendre sourd, avait soufflé de sa chaleur le cocon atterrissant violement dans des sapinettes peu confortable. Un cri s’était fait entendre, une branche d’arbre venait de transpercer la cheville du nettoyeur.  

 

- Bordel !  

 

Le sort voulait s’acharner sur Kenji, comme pour lui dire que le temps limité de la vie qu’on lui avait offert était passé. Il voyait, à moitié consciemment, une silhouette armée venir s’approcher de lui, prononcer sa sentence. Avait-il un dernier souhait ?  

 

- Hélène… Souffla-t-il  

 

* * * * * * *  

 

Il sentait l’agitation autour de lui, des voix se chamaillaient, ou peut-être discutaient trop fort pour ses oreilles qui bourdonnaient et frappaient sa tête. Il voulait reprendre connaissance, se réveiller, participer à ce débat aux allures de ring de boxe, mais sa jambe, son dos et sa nuque refusaient de céder à l’agitation de cet homme ne désirant reposer son corps. Cependant, le bon vouloir était le plus puissant des remèdes, et alors qu’il clignait des paupières, une voix stricte lui demandait de ne surtout pas bouger,  

 

- Reste tranquille Kenji…  

Il croyait entendre la voix stridente de Marie. Il y avait également cette odeur de cigarette à la marque étrangère que seule Déborah pouvait fumer. Et, le plus délicat, un parfum qu’il ne pouvait nier de connaître dans les moindres détails, tellement de fois il l’avait dévoré bien trop souvent par soif de luxure.  

 

- Kenji, ça va… ?  

 

Il avait raison, c’était Amélie. Elle prenait sa main dans la sienne comme s’accompagnant de la rampe d’un prophète. Tant de douceur dans ce cœur prisonnier d’une maladie qui la rendait tout autre. Esprit retrouvé grâce aux trois femmes qui jouissaient d’un important équilibre dans sa vie, il demandait, agacé,  

 

- Où suis-je ?  

- Au repère ! Répondit Marie  

- Merci…  

- Remercie Ryô, c’est lui qui nous appelé ! Il avait senti le vent tourner suite à l’échec de la livraison…  

 

Tournant la tête, il apercevait Sylvana endormie dans un lit à côté du sien, et son cœur émettait un battement de soulagement en constatant qu’un petit ange aux cheveux blonds et bouclés dormait également à ses côtés.  

 

- Katarina… ?  

- J’ai trouvé la petite dans la voiture ! Elle était recroquevillée sur elle-même sur la banquette arrière ! Répondit Marie  

- Heureusement que ce monstre l’a épargné ! Se scandalisa Amélie  

- Cet homme ne peut visiblement pas résister au regard d’un enfant, c’est assez ironique, en effet…  

 

Déborah exposait cette réflexion presque sous forme de question. Kenji pressentait que sa partenaire soumettait une hypothèse, mais qu’apporterait-elle ? N’était-il le même homme qui marchandait avec les vampires sang d’adolescente victime ? Qu’importe sa pensée, il était interrompu par son dos qui craquait douloureusement.  

 

- Il faut que je m’assoie bordel !  

 

En souhaitant se relever quelque peu, il sentait tous ses membres craqueler sous la résonnance de ses os qui faisaient un bruit comme une fissure. Se regardant de plus près, il constatait son état lamentable. Son cou était tenu par une légère minerve, son épaule gauche était enroulée dans un plâtre, sans parler de son mollet bandé au style d’une momie et son dos rougie par le souffle de l’explosion.  

 

- Tu as servi de matelas à cette femme ! Soutenu Marie  

- Je n’avais pas d’autre choix !  

- Tu as surtout de la chance de t’en être sorti ! S’écria-t-elle  

 

Calmant les pressions, on frappait à la porte avant d’entrer dans ce lieu de colère. Kaori et Ryô faisaient leur apparition. Beaucoup de monde dans cette chambre où le silence devait régner, et s’était la surexcitation légendaire de Ryô pour effacer les tensions qui réveilla la mère. Grimaçant devant la souffrance de ces blessures, elles étaient minimes grâce à Kenji et le remerciait sincèrement.  

 

Kenji était comme drogué et réalisait à peine qu’après une année d’absence, il était enfin auprès ses amis. Toutefois, s’était également un sentiment douloureux pour lui, car la seule personne qu’il désirait, n’était point présente. Où était-elle, avec qui, dans quelle circonstance ? Avait-elle la vie qu’il désirait lui offrir, à dix-sept printemps, il aspirait à imaginer qu’elle avait une vie normale, accomplissant son devoir d’étudiante, entourée d’un groupe d’amis aimant et,  

 

- « A-t-elle un petit-ami… ? »  

- Eh, Kenji ! Interpella Marie  

- Quoi ?!  

- Tu as perdu ça dans l’explosion…  

 

L’homme regardait ce que pendait Marie du bout de ses doigts, et s’était son pendentif qu’elle déroulait en long. Il l’agrippait telle une branche de survie, comment pouvait-il avoir égaré son bien le plus précieux. La concernant, qu’avait-elle fait de son pendentif ? Avait-elle eue l’idée de le mettre dans une boîte à souvenir dont le titre serait « premier amour ». Il espérait dans un coin reculé de son cœur qu’elle n’avait jamais ôté ce collier, saisissant le message sentimental qu’il comportait, mais comment faire revenir sa promisse dans sa vie, alors que les questions qu’il voulait discerner lors de sa mission étaient restées vaines. Et pourtant, une impression que leur destin était lié d’une manière ou d’une autre ne souhaitait le quitter.  

 

- Qu’est-ce que c’est ? Demanda Amélie, curieuse  

 

Kenji ne répondait pas et se contentait de reprendre son bijou et l’enfilait autour de son cou. Il se souvenait du jour où il avait demandé à Danno de s’aventurer dans son ancienne maison pour chercher ses deux pendentifs qui avaient beaucoup d’importance pour Kenji dans le passé. Sa rencontre avec Hélène l’avait chamboulé, et peut-importe les conditions ou les instants, son visage apparaissait telle une illusion appartenant au monde des rêves.  

 

Pouvait-il combattre cette vulgaire fatalité ?  

 

* * * * * *  

 

Cinq jours passaient, le temps qu’il fallait à Kenji pour se remettre quelque peu de ces importantes fractures. Aussi, ils voulaient donner du temps à leur seul témoin pour reprendre ses esprits et se remémorer ce qu’elle avait vécu sans qu’elle rentre dans une crise de panique.  

 

Au repère, toute la bande était réunie dans une atmosphère oppressante, où les pensées de chacun se confondaient avec l’évènement de la veille. Ils avaient décidé de faire le point, sans leur chef Ichiba, pour essayer de réunir quelques pièces du puzzle.  

 

- Récapitulons la situation depuis notre dernière intervention ! Proposa Falcon  

 

La situation : calamiteuse, énigmatique. Ils étaient d’abord pris en otage dans un lieu où l’on souhaitait les abattre tel le taureau dans son arène. Ils se sentaient comme des débutants, s’en voulant de ne pas avoir senti plus tôt le guet-apens. Toutefois, ils comprenaient désormais pourquoi les forces de l’ordre ne parvenaient d’aucune façon à coincer les loups, se servant d’ancienne méthode d’espionnage pour convenir des rendez-vous d’échange. Les plans imprimés comportaient en réalité un calque dessiner à l’encre invisible, les preuves devenaient alors fortuites pour la justice.  

 

- Tu as bien joué Kaori sur ce coup… Félicita Kenji  

 

Il fallait une seconde à la nettoyeuse avant d’émettre un remerciement, car la subtilité n’était pas d’elle, mais de leur protégée. Par ailleurs, Kaori se sentit mal à l’aise face à Kenji, qui devait espérer par n’importe quel sortilège de revoir son amante, et voilà qu’elle pouvait plonger dans les yeux de ses deux amoureux sans qu’ils ne le savaient. Et puis, aussi,  

 

- Nous savons désormais qui sont les complices de ces pourris ! S’enflamma Mick  

 

La venue de Serge, Stéphane et Mickaël ne pouvait passer comme une concordance synchronique. Une personne les avait dénoncés et Ryô n’osait prononcer le nom de « celle » qui avait commis la trahison. En effet, depuis déjà bien nombre de mois, Ryô avait mis sur écoute Hélène, et avait la certitude ainsi qu’elle était en perpétuelle liaison avec le gang de Serge. À cette révélation, sa partenaire était émise d’une colère noire, justifiant qu’une explication plausible se posait certainement et il avait suffisamment abordé le sujet avec Kaori pour ne point arriver à un avis commun.  

 

C’est alors que les interrogations se faisaient accumuler dans la tête de Ryô. Avait-elle l’intérêt de dévoiler le véritable point d’échange et révéler de ce fait leur méthode de travail ? Évidemment, car les trois nettoyeurs avaient échappé à la mascarade quant à la possibilité de les éliminer du jeu. Mais, il n’oubliait pas le regard de Stéphane sur le bateau, profondément déçu d’apercevoir un ancien allié sur les lieux d’un trafic. Alors, est-ce que Serge était finalement la seule pomme pourrie du gang, sans que Stéphane et Mickaël n’étaient informés ? Autre possibilité. À chaque intervention, ils se retrouvaient tous sur le même lieu de crime et s’emmêlaient l’esprit à savoir lequel des deux gangs étaient les véritables complices d’Erika. Ryô avait soudainement un déclic, et si justement le gang de Serge n’avait rien à voir, et si une personne était en train de s’amuser à les faire s’affronter pour avoir le plus d’espace possible pour leur ennemi ? Et si la personne qui s’ordonnait à de telles atrocités était placé bien plus haut que le Diable, bien plus fort que Satan, bien plus perfide que Lucifer, tellement haut placé que nul ne pourrait la soupçonner.  

 

- Ryô, tu nous écoutes… Intervenu Miki  

 

Subitement, une rentrée fracassante s’était fait entendre dans leur repaire. C’était Saeko qui s’invitait et à son air grave, elle avait certainement une mauvaise nouvelle à leur annoncer. S’avançant avec un air perturbé, s’était tremblante qu’elle déposait un cliché sur le bureau. Observant la photo, ils avaient presque la nausée devant les défuntes qui se visualisaient sur une table de médecin légiste. Un haut le cœur gagnait davantage Mick en reconnaissant les quatre femmes qu’ils avaient plus tôt essayé de sauver.  

 

- La préfecture de Hyôgo a appelé le central ce matin en nous indiquant des victimes retrouvé dans la ferme d’un paysan… Expliqua Saeko  

- Quelle horreur… Souffla Miki  

- Les policiers enquêtent sur place, mais j’ai eu l’intuition qu’il s’agissait des femmes qui se trouvaient sur le bateau l’autre soir…  

 

Ryô avait défailli. Tous ces motifs qu’il s’était fait à lui-même, se détruisaient comme un château de sable emporté par la marée montante. Serge et son gang avaient repris leur gain pour les revendre à leur client. Mais pourquoi les avoir tuées ? Parce qu’elles savaient bien trop de détail à leur sujet ? Le nettoyeur grimaçait, impossible de la part de Stéphane de faire le moindre mal à une femme. Il était marié et père de famille, inconcevable qu’il pouvait ne serait-ce que l’espace d’une seconde, envisagé d’enlever la vie à une jeune fille. Toutefois, cela confortait Ryô dans sa pensé probable qu’uniquement Serge pouvait être le démon de la bande ?  

 

Aujourd’hui, ils observaient tous la seule survivante de cette affreuse nuit. Elle était assise auprès de Kazue qui prit soin d’elle avec le Doc pour la mettre en confiance. Elle avait repris des couleurs, et paraissait moins craintive. Toutefois, cette jeune fille âgée à peine de seize ans, se demandait qui étaient ces personnes n’appartenant aucunement aux forces de l’ordre. En délicatesse, s’était Kenji qui s’asseyait en face d’elle, et commençait ses questions subtilement.  

 

- Quel est ton nom… ?  

- Aisha… Dit-elle triturant ses doigts  

- D’où viens-tu… ?  

- Afrique du Sud…  

 

Ce pays remuait le cœur de Kenji de souvenir méconnu. Il se souvenait des histoires que cette femme ; qu’il eut un jour aimé davantage qu’Hélène ; lui contait dans leur soirée de pluie. En fermant les yeux, il pouvait apercevoir dans son esprit, les collines qui bordaient la rivière dont elle avait toujours ignoré le nom, son âme aspirée par la beauté des lieux. Ces pierres et cette verdure dominant le paysage, consolait au quotidien les frasques d’une enfance désastreuse, où même l’amour ne pouvait sauver le diurne. Sortant de ses songes passés, il demandait,  

 

- Racontez-nous votre venu ici…  

 

C’était en larme qu’elle avait conté son histoire. Jeune fille de paysan, il était encore des contrées appauvri en Afrique du Sud, reposant loin de la ville conquis un temps par les anglais. Des hommes se faisant passer pour guide touristique, venaient dans les villages, marchandaient les plus belles femmes. Ils demandaient leur âge, ce qu’elles savaient faire, si elles suivaient des études. Certaine famille, bien trop endettée, acceptait le marché, pendant que ceux qui refusaient de céder au chantage, se retrouvait le lendemain matin, privait de leur enfant, kidnappé par les trafiquants. Beaucoup de famille, pensait que leur enfant immigrait dans des pays bien plus développés et auraient une vie heureuse, mais c’était se fourvoyer. Une fois entre leurs mains, elles n’avaient d’autre choix ; sous les menaces qu’elle n’osait expliquer ; d’obéir sans faille à ses hommes. Ils les transportaient des jours entiers, entre bateau, train et camion. Le pire des spectacles étaient ces hommes portant un uniforme d’homme de gardien de paix, serrer la main de leur tortionnaire, n’omettant de glisser dans leur manche, la liasse de billet récompensant de leur silence. Il n’y avait ni pitié ni compassion, leur regard se crossait toutefois de manière embarrassante.  

 

Sous forme de soirée mondaine ; et ceux le plus souvent ; elles étaient exposées telles des poupées de cire chez le brocanteur. Elle ne voyait jamais le visage du Tiran et de ses acheteurs, les yeux constamment bandés. Souvent drogué au moment de les donner aux acquéreurs, elles ne se souvenaient de rien, et se prosternaient chaque soir devant Dieu pour qu’il ait pitié de les sauver.  

 

Aisha s’effondrait sous les douleurs souvenirs qui habitaient son âme et savait qu’elle ne pourrait aider ses hommes et femmes qui l’avaient gracieusement sauvé.  

 

- Vous êtes resté combien de temps entre leurs mains… ?  

- Quelques semaines, car… J’ai cru comprendre qu’il avait un problème…  

- Quelle genre de problème ?  

- Je ne sais pas… Avec d’ancien client je présume… Il paraissait en colère et mécontent…  

- Cette femme avec vous l’autre soir, vous savez son nom… ?  

- Koko Mashura…  

 

Sylvana bondissait de sa chaise en attendant ce nom, pseudonyme utilisait plusieurs fois par sa sœur.  

 

- Alors, c’était elle… Réfléchit Ryô  

- Je n’avais pas reconnu sa voix ! S’en voulut Kenji  

- Ma sœur emploi très souvent des jeunes femmes à sa place… Mais ce soir, c’était bien elle, du moins, je suppose… Dit-elle s’asseyant de nouveau  

 

Sylvana s’effondrait quelque peu sur cette chaise dont elle retrouvait confort. Elle prenait sa tête dans sa main, pour la détourner du groupe et verser quelques larmes silencieuses. Il était vrai que c’était une femme abjecte, mais sa disparition transperçait le cœur de cette jumelle en deuil. Sentant une chaleur s’emparer de son corps, elle fut à Kaori, déposant une main sur son épaule et dessinait un sourire de compassion. Elle était étonnée à chaque fois que cette femme venait en empathie sur son sort, elle qui était adorable avec sa fille, alors qu’elle l’avait une année plus tôt, menacée de mort.  

 

- Il n’y a rien qui vous viens à l’esprit et qui vous a semblé suspect, ou étrange… ? Continua Kenji  

- Et bien… Je ne sais pas si ça compte mais… Une jeune fille racontait une histoire étrange un soir…  

- C’est-à-dire ?  

 

Aisha avait été surprise ce soir-là, d’apercevoir toute une bande de fille, débarquer dans les cages dans lesquelles ont les gardé comme des bêtes. Lorsque Kenji avait demandé de décrire ce physique qui intéressait leur ennemi, la description angoissait le nettoyeur. Les vautours avaient passé toute une nuit à trier les femmes, ne retenant que les jeunes filles de moins de dix-huit ans, aux yeux mornes, à la peau claire, et aux cheveux châtain foncé. Ce détail qui troublait le nettoyeur, inquiétait davantage Kaori et Ryô quant à la suite,  

 

- Elles avaient passé la journée à faire des tests, comme voulant étudier leur capacité…  

- Un test ? Questionna Mick  

 

Aisha n’en savait guère plus, mais il s’agissait d’examen comme ceux qu’on fait passer aux commandos, bien qu’ils n’aient gardé que les plus intellectuelles.  

 

Il s’agissait certainement d’une véritable coïncidence, mais Ryô commençait à voir clair. Il ne connaissait pas mille femmes de moins de vingt ans, brune, yeux brunis, au quotient intellectuel rarissime. Peut-être savait-il pourquoi le gang de Dieter s’intéressait à leur protégée, et il était certain qu’une intrigue se cachait derrière l’adolescente, n’étant définitivement tombée du ciel. Il allait pouvoir se poser les bonnes questions et rester concentré sur l’essentiel, « Hélène ».  

 

Remerciant gracieusement la jeune fille pour laquelle ils aspiraient tous à une seconde chance pour elle, ils la confiaient désormais aux mains expertes de Saeko.  

 

- Des tests… ? Il cherche une recrue en particulier, c’est certain, mais dans quel but ? Interrogea Amélie  

- Lieu mondain hein… Ça pu la corruption pour un gros politique ! Souffla Déborah  

- Il utilise des gangs clandestins, pour maintenir son marché ! C’est plutôt subtil ! Cracha Marie  

- Ta nouvelle chérie n’a pas d’indice ? Ironisa Amélie  

 

Exaspération. Kenji n’avait pas répondu à cette provocation, sachant qu’elle était également pour faire retomber la tension. Sylvana n’avait servi que de « bonus » enfermée dans une cage en or, attendant le châtiment suivant.  

 

- Il faut attendre que Saeko puisse nous en dire plus… Expliqua Ryô  

 

* * * * * *  

 

Il se tenait droit comme une planche, fixe telle une statue exposée derrière un globe. Derrière lui, son bureau de marbre, mais essentiellement, ces deux principaux complices, assis identiquement à deux chiens qui attendent que leur maître donne un ordre. À sa gauche, celui du cœur, son épouse, fière, colérique, et piquante comme la guêpe, ombre dont il ne pourrait se séparer. À sa droite, son guignol favori, le naïf, l’homme aux allures sanglantes, mais à la dégaine pataude et crédule.  

 

L’homme qui était dressé face à eux, ne serait exprimer rage ou déception. Il se contentait de choisir dans sa boîte à cigare, quelle nature de drogue serait assez forte pour lui faire oublier l’humiliation qu’il venait de subir. Laisser le gang dont faisait partie City Hunter, se déjouer de leur plan pour les éliminer, et le pire qu’il aurait pu arriver, était fait, capturer un témoin pour la faire parler.  

 

Une main usée par le temps, choisit finalement un cigare Américain, à l’odeur des champs Cubain de Vegas Fimas, un Cohiba de qualité.  

 

- Les Américains… Ils volent même le propre talent de leur compatriote ! Dit-il saluant le génie  

 

Il allumait son gourmet avec tact, prenant soin de ne point abimer la feuille de tabac, et à peine avait-il tiré une première latte sur le havane, qu’il se revoyait fier soldat de guerre dans les terres arides de Pinar del Rio. Ses cheveux grisonnants tirés en arrière, pourraient conter toute sa vieillesse tardive, tellement son cœur avait vagabondé avec la vibration d’une constante adrénaline de pouvoir. Des rides du front à la bouche se courbaient, il définissait ainsi son âge avancé. Il ne méritait ses yeux bleus à la couleur de l’eau qui donne la vie, alors que lui en avait volé des milliers. Sa taille était imposante, mais pas autant que sa voix grave et rauque, fournie par cet accent de l’Europe de l’Est. Vêtu d’un éternel trois pièces, son allure pourrait traduire une intégrité à la société, toutefois, ce n’était guère le cas,  

 

- J’exige la parfaite réussite de la prochaine intervention Vlad…  

- Bien ! Dit-il sur la défensive  

- Je ne tolèrerai pas que City Hunter et son troupeau de brebis se mettent en travers de mon chemin une nouvelle fois ! Cela n’aurait dû jamais avoir lieu par ailleurs ! Dit-il songeur  

- Ce vieil hibou d’Ichiba persiste ! Se moqua sa femme  

- Il a du talent, il faut le reconnaître… Sourit-il soudainement, vaniteux  

- Disons qu’ils sont du genre patient, je pensais que Gabriell’s allait craquer bien avant ! Se défendit Vlad  

- Ah… La patience… Ne savez-vous donc pas que cette qualité ferait de cette terre, un monde parfait… Philosopha le fumeur  

- Ils sont comme les autres, et la patience commence à les faire douter de tout et de tous… Sourit vicieusement la femme  

- C’est pourquoi j’ai prévu ce plan à la hauteur de notre génie ma chérie…  

 

Vlad rageait au plus profond de son être. Homme de pouvoir un jour, il avait fallu un échec dans sa carrière pour se retrouver ici, dans ce rang de pion sur un vulgaire échiquier. Ce n’était pas dans sa position qu’il pourrait faire échec avec la reine, et se manque de gratitude personnelle le consumer tel la flemme dévore la mèche.  

 

S’étant pendant une heure entière fait répéter le plan qu’avait mis au point ce couple diabolique, il avait pris congé, frustré. Fermant la porte, une silhouette féminine qu’il connaissait bien se présentait.  

 

 

- J’espère que nous aurons la joie d’assister au spectacle… Dit-elle s’allumant une cigarette  

- Tu ne vas pas regretter ton amant… ? Ironisa Vlad  

- Jusqu’à la fin de mes jours… Sourit-elle, joueuse  

 

Le couple resté seul, l’homme tenu comme un piqué jusqu’à lors, s’asseyait tout de même face à son épouse. Il adorait le visage si innocent de sa femme, sous sa peau de velours se grattait une mue de serpent empoissée par le temps. Elle était habillé de noir, comme il adorait, et cette chevelure cendrée reflétant toutes ses années passées à ses côtés.  

 

- Vlad commence à être perturbée également… Fit remarquer l’époux  

- Ne t’en fais pas, il ne le sera plus pour longtemps…  

- Nous aurions dû nous débarrasser d’elle bien avant ! Mais tu es troublée toi aussi, je me trompe… ?  

- Évidement que tu trompes chéri !  

- As-tu eu plus d’information… ?  

- Non… C’est un fantôme…  

- Un fantôme qui nous pose des problèmes ! Es-tu certaine qu’elle ne t’ait pas reconnu ?! Dit-il sur un ton, plus ferme  

- D’aucune façon… Mais elle perd pied, il faut donc agir vite…  

- C’est pourquoi je l’ai inclus à la prochaine représentation, ma chérie…  

- C’est dans trois mois maintenant, nous devons tenir le coup !  

- Sans aucun doute…  

 

Ils se souriaient. Difficile à croire qu’un sentiment d’amour les unissait, mais s’il y avait une personne en qui ils avaient pleinement confiance, c’étaient en leur couple, sans aucun doute. Cette femme et cet homme au passé vertigineux, ne manquaient ni de désolation et encore moins de lassitude à ravager tout ce qui se mettait en travers de leur chemin,  

 

- Reprenons les reines de ce cabaret, mon amour… Rit-il, comme un fou  

 

Diviser, désunir, détruire, les trois mots d’ordre du Diable en personne.  

 

 

 


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