Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 33 :: Chapitre 33 - Partie 1

Pubblicato: 08-07-16 - Ultimo aggiornamento: 08-07-16

Commenti: Bibouche67 : Que tes mots m'ont fait plaisir... Je suis d'accord sur l'évolution car mes débuts étaient une catastrophes lol Je prends tellement de plaisir à écrire les chapitres de cette fiction, que j'avoue qu'elle me prend beaucoup d'énergie à chaque fois... Je suis heureuse de constater qu'après toutes ces années ; et je m'en excuse ; tu me suis toujours, et d'autres aussi ... Je te rassure, il y aura une fin MDR ! Mais c'est vrai que la vie ne nous accorde pas toujours du temps, en plus que je suis sûre plusieurs fictions à la fois... J'espère que ce chapitre te plaîra également... Merci pour tes encouragements et ta fidélité !!!! Jazz : Je suis ravie que l'intrigue t'ai frappé car c'est ce que je maîtrisse le moins lol J'espère que ce chapitre suivant te plaîra ! Merci de me suivre... Dalala : Merci d'être toujours attentive à ma fiction, je suis heureuse que le dernier chapitre t'ai séduite, mais j'espère que le prochain ne va pas te décevoir, car je commence à paniqué lol !!! Merci d'être toujours là en tout cas ...

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 33 : « Le passé est un feu qui refroidit, mais il brûle encore » David Gilbert  

~ Partie 1 ~  

 

 

 

Ryô ouvrait les yeux, brusquement. Sa gorge était sèche, il raclait le fond pour boire un peu de salive. Il était plongé dans le noir, allongé sur un sol de pierre humide. Ses mains et ses pieds étaient liés par des chaînes, solidement maintenues dans le pavé. Ça puait ! Une odeur nauséabonde venait picoter son odorat. Grimaçant, il se concentrait sur son ouïe, destitué de sa vision. Tendant l’oreille, il percevait le son de gouttelettes tombant sur le roc et de légère vibration gigotait sur sa peau. Les égouts ! Telle était sa position.  

 

Que faisait-il ici ?  

 

Essayant de dépasser son mal de crâne, il se concentrait pour analyser la situation. Ryô sentait la présence d’individu, inconnu, mais ses amis étaient également présents ! Bien que, il s’effrayait, car il ne percevait pas l’aura de Kaori. Aucun passage de lumière ne passait, impossible de repérait une éventuelle sortie. Ce qui l’inquiétait soudainement, c’était l’odeur de poudre et de sang. Un repère ! Ils étaient dans un repère à Yakuza, ou bien… ?  

 

- Ryô…  

- Kenji… ?  

 

Grommellement, ils entendaient Falcon demandait à Miki si tout allait bien : la jeune femme acquiesçait. Déborah posait la même question à Marie, sa coéquipière était légèrement sonnée, mais se portait bien. Mike se demandait ce qu’il s’était passé. Ryô se souvenait qu’ils étaient tous dans leur repère, essayant de tirer une conclusion aux informations qu’ils avaient récupéré dans la journée. À en croire la senteur de chloroforme sur leur vêtement, c’était ce composé chimique qui les avait mis à terre.  

 

Kenji se souvenait, des pas avaient raisonné dans le couloir, des talons de femme. Il entendait de nouveau les tubes métallique roulaient par terre, et les enfumaient de ce méthane.  

 

Kenji rageait ! Ils étaient amarrés comme des navires échoués après une tempête ! Des esclaves, c’était à ça que leur ennemi voulait les réduire, pouvoir faire d’eux des pions à déplacer comme bon leurs sembleraient !  

 

- Je crois que nos invités s’impatientent… Soufflait une femme  

- Nous allons très vite les divertir dans ce cas… Répondait un homme  

 

Kenji tombait de haut, n’était-ce pas la voix d’Erika qu’il venait d’entendre ? N’était-elle pas morte en mer lors de son affrontement contre Ryô ? Erika était comme une bactérie, elle s’isolait pour mieux réapparaître ensuite. Quant à la seconde voix, il ne faisait aucun doute, c’était Vlad.  

 

- Mon indic avait raison… Vous capturez était tellement facile Homura… Ricanait Vlad  

- Dîtes à votre indic que si je le trouve, je le crève… !  

- C’est ton jour de chance mon chéri, elle est justement présente… Susurrait Erika  

 

Kenji aperçu dans le noir, une flemme s’élevait d’un briquet zippo, il reconnaissait le bruit du capot qui cliquetait. C’était un pouce de femme qui l’avait entonné ; il vit juste à la courbure des lèvres qui tirait sur la première latte de cigarette. Le nettoyeur tremblait, tout son corps se mettait à brûler, son instinct se réveillait, son cœur palpitait, il était au bord de l’évanouissement…  

 

- Ton amante a vu juste Kenji… Tu es toujours de nature impatiente… Affirmait une étrangère  

 

Impossible !  

 

* * * * * * * * * * * * * * * *  

 

Vingt-quatre heures plus tôt.  

 

 

« Hélène était au bord d’une plage, ses pieds s’engouffraient dans le sable, et une brise légère caressait son visage. Une robe en coton colorée de blanc frôlait son corps. Les mèches de ses longs cheveux se collaient à sa joue droite à cause du vent. Le ciel était dégagé, c’était l’une de ces journées qu’on qualifiait de « belle ». Au loin, dans le firmament couleur azur, tapait un soleil radieux.  

 

Son attention était soudainement retenue par les rires d’un enfant : une petite fille. Ses mains pâles construisaient les cloisons d’un château de sable. Son sourire valait ceux des anges. Une robe nuancée comme les nuages l’habillait. Un chapeau de paille protégeait sa tête des rayons brûlant de l’astre ; les rubans d’un nœud rose virevoltaient.  

 

- Maman !  

 

Tiens ! Étrange… Hélène ne songeait jamais à ce terme enfantin. Les pensées même de l’imaginer ne l’atteignaient guère. Son corps tout entier s’engourdissait lorsqu’elle pensait à la formation de ce mot, comme lorsqu’elle était au bord de l’eau. Par ailleurs, elle n’avait pas peur… ?  

 

Une silhouette s’approchait à l’entente de son expression intime. Une adulte s’avançait. Son jeans remonté aux genoux donnait la possibilité à ses chevilles de tremper dans l’eau. Le tee-shirt noué au ventre, rafraîchissait la température de son corps. Son regard s’abandonnait à la transparence de l’océan. Ses pas s’arrêtaient, ses genoux se pliaient pour ramasser un coquillage entrelacé.  

 

Hélène se mettait à sourire devant ce somptueux tableau qu’un peintre aurait aimé croquer.  

 

Mais la peinture allait bientôt s’effacer sous la tempête. Le ciel devenait gris, le vent se mettait à souffler dangereusement, l’enfant en avait perdu son chapeau. La fillette regardait la paille se dissoudre sous la bourrasque, tristement. Puis, comme foudroyée, la mer se mettait à remonter à la surface, allongeant ses vagues géantes vers l’enfant. Hélène voyait la mère se mettre à courir, à enjamber les pans de sable, et à hurler le nom de sa fille !  

 

- Ielena !  

 

Hélène se mettait à pleurer, elle voulait elle aussi courir vers cette petite fille et la sauver, mais elle restait statique. Son corps ne voulait plus bouger, pétrifié devant la vague qui allait emporter l’enfant. Dans ces prunelles se jouait une scène épouvantable, l’enfant se faisait emporter par les vagues, sous les larmes et les cris de la mère…  

 

Hélène voulait arrêter ce film… »  

 

* * * * * *  

 

Marie était statique. Son regard était plongé devant la bâtisse : « Maison de Repos Aruco ». C’était le lieu où travaillait Hélène depuis un an. L’aînée n’avait imaginé que son souvenir de la nuit dernière la mènerait ici. Un rêve, ou un cauchemar, elle ne savait pas encore le définir. Les nuits où ce rêve avait squatté son imaginaire étaient nombreuses, mais toujours mis de côté. Son existence était faite de telle sorte à éliminer tout ce que l’amour pouvait construire. Ce soir, ce fameux soir où Hélène avait été déposée devant la porte de leur maison ne cessait de hanter Marie. Le visage de cet homme giflé par la pluie et poussé par le vent cachait ses traits. Et puis, il s’était effacé, ce voile.  

 

Transpirante et suffoquant, une vision était apparue. Le subconscient avait dépassé l’inconscient, et un souvenir avait percuté les sentiments de Marie. Tout commençait dans la rue, ce long boulevard qui mène vers une distribution infinie de boîte de nuit. Amélie marchait devant eux, suivi de Kenji qui avançait à niveau de Déborah. Le feu tricolore du passage piéton était au vert, le groupe de quatre amis traversaient, tranquillement. Puis, soudainement, Marie stoppaient ses pas en plein milieu de la route. Son regard venait de croiser une femme, poussant un homme dans un fauteuil roulant. C’était Lydia, la propriétaire de l’épicerie où ils faisaient fréquemment leurs emplettes, elle adorait Hélène. Néanmoins, ce n’était pas elle qui était tant décisive au point de la mettre en danger au milieu de véhicule qui comptait bientôt redémarrer,  

 

- C’est lui…  

 

Son esprit n’avait guère le temps de réaliser, qu’elle sentait son corps se faire pousser en arrière par son meilleur ami. Les klaxons des automobilistes raisonnaient, cible d’insulte et d’injure. Kenji s’inquiétait, Marie était dans une transe telle qu’elle serait restée figer au sol, qu’importe les âmes autour de son corps.  

 

- Ça va… ? Demanda ce dernier  

 

Marie n’avait pas répondu, encore sous le choc, rembobinant son passé pour assurer son idée. Le bruit des vagues, le crissement de la porte, le silence de son père, la voix de cet homme : « on m’a demandé de vous la confier… ».  

 

Tenant sa tête, la chaleur torride de l’été réveillait de nouveau Marie. Quel choix avait-elle, ignorer encore un aveu ? Ce n’était plus ce qu’elle souhaitait… Après avoir été réveillé en sursaut par ce souvenir enfoui tout au fond d’elle, Marie c’était assise sur son lit, et pensait. L’ignorance : c’était dans ce sentiment qu’elle avait construit sa vie, en se moquant bien du temps, de ces émotions et de ces envies. Son passé était habité par des trous noirs tourbillonnants. Chacun d’eux contenaient une larme de sa vie antérieure. La souffrance qu’elle avait fait subir à Hélène, c’était la sienne. Un bouc-émissaire, c’était sans doute ce que Marie voulait seulement voir en sa petite-sœur. Tout avait tellement changé à son arrivé…  

 

- Tu fais peur aux gens avec ta tête de zombie !  

 

Marie se sentait frustrée par le propos acerbes de Kenji. Ce n’était pas le moment opportun pour les taquineries ; à moins qu’il connaisse par cœur les tourments de son être. Sans doute, sans doute que c’était finalement le meilleur moment pour ridiculiser la situation. N’importe quelle nature de sentiment ou d’émotion effrayaient Marie. Rien, rien ne devait l’atteindre… Et pourtant,  

 

- Je suis une sœur minable…  

 

Une main venait se poser sur son épaule : Kaori ? Kenji n’était pas venu seul, Ryô et sa partenaire étaient présents. La moitié de City Hunter plongeait son regard dans le sien. Kaori, elle, serait une sœur aînée parfaite ! Par ailleurs, elle l’avait été, durant une année et un lien certain c’était créé, une union fraternelle qu’elle ne rattraperait jamais.  

 

- Vous avez encore une chance…  

 

Marie était étonnée par les yeux émue de Kaori. Comprenait-elle vraiment la situation ? Pourquoi lui tendre la main alors qu’elle avait été ignoble avec « sa protégée » ! Une forme de rédemption se dessinait dans ses pupilles…  

 

- Quelle ironie ! L’homme qui a déposé Hélène est un patient de ce centre ! Décoinça Ryô  

 

Après avoir rassemblé les indices, Marie avait contacté des indics pour qu’il lui donne des informations sur Lydia, et son entourage. L’homme qu’elle avait reconnu, était le frère de Lydia, mais c’était la seule indication qu’elle avait eu, le reste était comme, brûlé. Encore un secret sous scellé.  

 

Pendant que Marie rassemblait son courage, Kenji essayait de retrouver une respiration convenable. Hélène l’avait fait, être « aide-soignante » ; uniquement parce qu’il en avait soumis l’éventualité. Ryô l’avait accompagné tous les jours durant, et était également venu la chercher chaque soir – un procédé qui le rendait nostalgique. Qu’elle auxiliaire était-elle ? Son jeune âge devait en fleurir plus d’un ! Délicate, attentive, pudique et généreuse, c’était l’image qu’il avait d’Hélène…  

 

- C’est tout à fait ça !  

 

Ryô tapotait dans le dos de son ami, et partait à la rencontre du responsable de leur protégée. Kaori lui emboîtait le pas, naturellement. Marie ne bougeait toujours pas, la force lui manquait cruellement.  

 

- Viens…  

 

Kenji tendait sa main à Marie. Ce geste était tant surprenant qu’elle en rougissait. La tendresse ne manquait pas à son ami, même si elle ne paraissait pas aux premiers abords. Une amitié ne pouvait pas être plus parfaite que la leur. Kenji comprenait à la fois le malheur de sa bien-aimée, et la déchirure de sa meilleure amie. L’un n’allait pas sans l’autre, et ça expliquait pourquoi aujourd’hui Marie voulait tout savoir d’Hélène.  

 

- Je regrette… Soufflait-elle  

- Quoi ?  

- Que nous ayons échangé nos virginités !  

- Quel drôle de regret ! Se moquait Kenji  

- Notre amitié serait encore plus forte sans ça… Non… ? Sourit-elle  

 

Kenji était dubitatif. Au-delà de la rancœur que portait son amie, elle était brave, fidèle et passionnée. Lorsqu’ils s’étaient rencontrés, Marie était bien différente. Les épreuves de la vie l’avaient changé, sans qu’elle ne puisse les combattre. Adolescents, il n’y avait que les bêtises qui les amusaient. Ils avaient goûté à tous les interdits ensembles.  

 

- Qu’est-ce que vous faîtes ?! Traînez pas ! Râlait Ryô  

 

Marie avait le cœur qui cognait comme un tambour, Kenji pouvait sentir son pouls au creux de sa main. Et si elle s’était trompée, si ce rêve et ce souvenir n’étaient pas à marier. Se fourvoyait-elle… ?  

 

Un bruit assourdissant sortait Marie de ses doutes. Devant elle, Ryô, écrasé sous la gigantesque massue de Kaori. Encore une fois, l’étalon de Shinjuku se faisait traîner par le col de sa veste à travers les couloirs, comme la serpillière qu’il était. Un rictus s’emparait de Marie. Était-ce pour faire redescendre la tension qu’il présentait une scène de ménage ? Saeba était un éternel timide, les instants intimes et pesantes le mettaient toujours mal à l’aise. Faire le pitre était le seul moyen de canaliser sa gêne. Le ton qu’avait donné Ryô fonctionnait. Les quatre amis suivaient l’aide-soignante avec contentement vers Monsieur Taiyou.  

 

L’auxiliaire ; prénommait Koko ; frappait à la porte de chambre et une voix fluette l’autorisa à entrer. Marie reconnaissait la voix de Lydia ; déclin. Une haine se portait à son égard. Comme elle n’était pas une sœur aînée idéale envers Hélène ; sa cliente préférée ; jamais elle n’accepterait d’échanger une conversation.  

 

Koko annonçait de la visite pour son frère. Lydia était étonnée, et lorsqu’elle observait les convives, elle pâlissait à la vue d’un en particulier. Après un long silence qui paraissait durer plusieurs secondes, Lydia faisait signe à l’aide-soignante de prendre congé en la remerciant.  

 

Lydia observait d’abord Marie, qu’elle fusillait du regard avec de la médisance. Ce qui était confus, c’était sa compagnie. Kaori qu’elle affectionnait aussi particulièrement, fréquentait celle qu’elle surnommait « l’ivrogne ».  

 

Marie trépignait. La présence d’une seconde personne ne faisait aucun doute dans la chambre, et les battements de son cœur consumaient son oxygène. Lydia entrebâillait à peine la porte et elle ne voyait pas le visage de l’homme qu’elle voulait absolument rencontrer.  

 

- Que voulez-vous… ? Demandait enfin Lydia  

- Nous voudrions parler à votre frère… Répondait Kaori  

 

Lydia passait la porte pour sortir dans le couloir, et refermait l’accès à la chambre. Kaori semblait perturbée, émotive et fleur bleue. Que pouvait-elle avoir d’important à demander à son frère ? Le regard de Lydia se baladait entre les différents individus, et ce dernier se scotchait un instant sur Kenji. Un détail stabilisait son attention, le pendentif pendu à son cou. C’était rare pour un homme de porter un collier et encore plus d’une façon fidèle, comme un moine dévouait sa croix. Le « petit-ami » de sa protégée, c’était donc lui. Son air de « voyou » ne l’impressionnait pas. Lydia ne percevait pas quelle lumière pouvait admirer Hélène en cet homme, mais elle respectait l’amour qu’elle éprouvait.  

 

- Je regrette mais… Je crains que mon frère ne puisse vous dire quoi que ce soit…  

- Je vous en prie Lydia, c’est important… Argumentait Kaori  

- Mon frère a fait un accident vasculaire cérébral il y a dix ans… Et…  

 

Hémiparésie. Perte de motricité multiple : sa bouche était quelque peu déviée et il ne pouvait plus s’exprimait correctement. S’ajoutait un déficit pour se déplacer, les deux jambes ne répondaient plus, et les bras étaient épuisés d’avoir été utilisés comme seul moyen de communication. Les clignements de ses yeux étaient sa seule solution pour se faire comprendre.  

 

- Nous… Nous sommes navrés Lydia, nous ne savions pas… S’excusait Kaori  

 

Lydia recevait avec sincérité les regrets de Kaori, elle dégageait un parfum naturellement cordial. Emporter par son tourbillon à la nature dévouée, Lydia proposait aux quatre hôtes à venir s’installer dans la cafeteria se rafraîchir d’une limonade. Prenant place à une table ronde, Lydia commençait ; en s’adressant constamment à Kaori ; ce qu’elle voulait de son frère.  

 

- Marie pense que c’est votre frère qui a déposé Hélène il y a douze ans...  

- Déposée… ?  

 

Lydia ; exceptée qu’Hélène était une enfant adoptée ; possédait peu d’élément sur le passé de sa protégée. Kaori enrichissait son savoir. Hélène avait été déposée il y a douze ans au père de Marie. Encore adolescente, elle n’avait à l’époque pas prêté attention à cet homme, mais tout était clairement revenu en apercevant son frère il y a quelques années. Sa silhouette, sa carrure, son faciès, cette électricité ne faisait plus débat, c’était lui.  

 

Lydia était septique. Son frère ne lui avait jamais conté une telle histoire. Cependant,  

 

- Mon frère était capitaine de bateau touristique…  

 

Deux ans avant son accident, son frère avait subi un traumatisme qui ne l’avait jamais quitté ; une des raisons qui l’avait emporté vers l’accident vasculaire. L’amour de la navigation était né de leur enfance, leur père était lui-même marin-pêcheur. Malgré le respect qu’il avait pour leur père, c’était bien plus le goût de l’excursion qui le passionnait que la saveur de la pêche. Il y a exactement douze ans, sa carrière s’était noyée à cause d’un événement catastrophique.  

 

- Le bateau revenait de la Russie…  

 

La croisière c’était parfaitement déroulée, jusqu’à ce que le navire quitte les côtes de la Russie pour revenir vers le Japon. Ryô trépignait d’impatience de connaître la suite de ce récit, il commençait à croiser quelques pièces du puzzle.  

 

- Ils n’étaient plus qu’à une heure du Japon… Quand en pleine mer, les machines du bateau ont explosé…  

- Comment s’appelait ce navire ? Demandait Ryô  

- Le pacifique rouge…  

 

Le nettoyeur venait de faire un jeu set et match.  

 

Lydia poursuivait son récit. Son frère, capitaine du navire, avait tout tenté pour sauver tous les touristes qui occupaient son bateau. Sur les deux milles passagers, seuls trente-deux avaient survécu. Comme tout capitaine qui se respecte, il avait été le dernier a quitté l’embarcation. À son retour, heurté par l’épreuve, il n’était incontestablement plus le même homme. Aucune confession de sa part, il échangeait seulement avec ses cauchemars. Le bruissement des vagues, les craquements du bateau qui se déchire, les cris des familles effrayées, les hélicoptères qui essayaient de leur porter secours, la mécanique de ce jour tragique le hantait.  

 

- Ils ont tous été transféré à l’Hôpital de Sapporo… Mon frère est resté une semaine…  

 

Le médecin en chef de l’Hôpital l’avait contacté pour annoncer le jour de son retour. Il c’était occupé de toutes les démarches, elle devait simplement le récupéré à la gare de Shinjuku.  

 

- Mais il n’était pas là…  

 

Au début Lydia pensait qu’elle c’était trompé d’horaire, de quai, de ville puis de jour. Téléphonant au médecin qui c’était occupé de lui, l’ambulance l’avait bien déposé à la gare et le train n’avait été chamboulé par aucun retard. N’ayant aucun moyen de le contacter, elle était rentrée chez elle, pensant qu’il voulait rester seul. Son frère était rentré dans la nuit, abattu, et il c’était effondré dans ses bras.  

 

- Je n’ai jamais su ce qu’il avait fait durant ce laps de temps…  

 

Un détail préoccupé Kaori. Le frère de Lydia était resté une semaine à l’Hôpital, comment avait-il pu rencontrer Hélène ? Pourquoi les médecins l’avaient confié à un inconnu ? C’était une enfant, elle ne serait pas restée seule, et les policiers avaient sans doute essayé de contacter de la famille. Est-ce qu’elle avait perdu ses parents pendant le naufrage ? Connaître la forme était essentiel, mais seul le fond comptait.  

 

- Étant donné l’état de mon frère, je crains ne pouvoir vous aidez davantage…  

- Je… Je voudrais le voir… Et… Lui montrer une photo… Marmonnait Marie  

- Vous n’aurez rien de plus… Il ne peut pas s’exprimer…  

- Je… Je sais… Mais, je voudrais être certaine…  

 

Lydia était affreusement réticente à cette idée. L’état émotionnel de son frère était sur le fil du rasoir, un rien pouvait le faire basculer dans une léthargie absolue. L’affection qu’elle portait à Hélène était grande, mais inexistante concernant Marie. Quelle décision juste prendre ?  

 

Une main chaleureuse venait de se faufiler dans la sienne. Croisant le regard de Kaori, sa lumière éclairait la bonne décision. Lydia acceptait la rencontre, mais uniquement à la condition que ce soit Kaori qui s’adresse à lui et non Marie. Comprenant sa rancœur, l’aînée des Turner consentait à respecter ce choix.  

 

Se dirigeant tous les quatre dans la chambre de Monsieur Taiyou, Marie, Kenji et Ryô restaient dans l’embrasure de la porte. Kaori se tenait derrière Lydia qui s’approchait tendrement de son frère.  

 

Marie était sur le point de s’évanouir, et le corps de Kenji lui servait de bouclier pour éviter de céder. C’était lui, c’était bien lui, l’homme qui était venu déposer Hélène il y a douze ans, elle n’avait plus aucun doute, et se hâtait que Kaori le confronte.  

 

- Masao, je te présente Kaori…  

 

Kaori s’inclinait devant le frère de Lydia, faisant le tour du lit pour être à ses côtés.  

 

- Kaori veut te poser de toutes petites questions, tu veux bien répondre…  

 

Masao ne fixait pas Kaori, et encore moins Lydia. Son obsession était Marie, comme s’il cherchait à savoir où il avait déjà aperçu ce visage. Attirant son attention, Lydia indiquait à son frère de regarder sa convive.  

 

- Pour oui il clignera des yeux une fois, pour non, c’est deux…  

- Bien… Souriait-elle  

 

Kaori se permettait de prendre place sur le lit, et de s’asseoir près de ce vieil homme attendrissant. Son visage et son corps ne l’effrayait pas. Ce regard azur comme les mers de méditerranée la faisait voyager dans son âme. Au récit de son passé, Masao devait être une personne dévouée, protectrice et confiante. La bienveillance se lisait dans ce faciès sage.  

 

- Monsieur Taiyou… Lydia nous a compté que vous étiez marin…  

 

Masao clignait des yeux une fois. Ryô était perpétuellement éblouit par sa bien-aimée. Au lieu d’aller directement dans le vif du sujet, et de heurter sa sensibilité, elle prenait soin de l’approcher avec compassion.  

 

- Votre sœur nous a compté vos mérites, vous étiez un grand capitaine…  

 

Masao clignait des yeux deux fois.  

 

- Vous êtes modeste…  

 

Il n’était pas modeste et faisait part de sa négation une seconde fois.  

 

- Lydia a évoqué votre malheur quand vous étiez alors capitaine… Vous avez été plus que courageux…  

 

« Non », il ne cessait de répondre non à tous les compliments que faisaient Kaori. Les mots pour le réconforter ne parvenaient à atteindre son cœur meurtri. La nettoyeuse ne pouvait insister davantage, et le temps de lui poser une question était venu.  

 

- Est-ce que… Vous vous souvenez d’une petite fille… Hélène…  

 

À la surprise générale, Masao répondait « non » avec son regard. Toutefois, Kaori avait aperçu au fond de son âme que l’évocation de ce souvenir l’avait remué. Persistant vers la mémoire de Masao, la moitié de City Hunter tendait la photo d’Hélène enfant vers le regard de l’ancien marin.  

 

- La petite fille sur la photo, elle ne vous dit vraim…  

 

Subitement, Masao se relevait quelque peu de son lit, et attrapait avec beaucoup de difficulté, le cliché jaunis entre ses doigts. Caressant le visage de l’enfant, avec son pouce, il clignait des yeux une fois, et des larmes se mettaient à rouler sur ses joues creuses.  

 

- Masao, tu la connais… ? Demandait Lydia, sous le choc  

 

Son frère clignait des yeux. Sa mâchoire courbée refusait de le montrer, mais un léger sourire semblait se dessiner à la courbure de ses lèvres. Une émotion immense s’emparait de lui, tellement oppressante qu’il commençait à maladroitement s’agiter. Kaori s’apprêtait à continuer son processus par la confiance, mais Marie, impatiente et perturbée, brisait ce lien.  

 

- Comment l’avez-vous rencontré ? Qui vous la confiez ? Pourquoi ?  

 

Les questions brûlantes de Marie consumaient son âme. Les souvenirs étaient ardents, et un souffle sur les cendres suffisaient pour faire naître de nouveau les flemmes. Masao était tendu, il ne pouvait ni hurler ni se débattre physiquement, et la voix assourdissante et continuelle de Marie sur lui le rendait fou.  

 

- Marie arrête… Soufflait Kenji  

- Je veux savoir d’où elle vient ? Pourquoi elle était à bord de ce bateau ? Pourquoi l’avoir emmené à mon père, c’est quoi le lien ?!  

 

Marie était comme hystérique, et Masao rentrait dans une crise de larme bouleversante. Kenji en avait assez, il fallait qu’il contrôle son amie. Lydia ne laissait le temps au nettoyeur de procéder avec sérénité, qu’elle les fichait tous les quatre dehors. Marie se débattait, en frappant même Kenji au visage, et tambourinait à la porte de Masao pour avoir des réponses qui se coinçaient dans sa gorge rempli de sanglot.  

 

Ryô prit les choses en main, et de sa force il soulevait le corps frêle de Marie pour la faire sortir d’ici. Elle se débattait, le frappait, le griffait, mais il ne lâcherait pas sa proie. À l’extérieur, prenant l’air fleuri, Marie se calmait quelque peu. Assise sur le banc, elle se rongeait les ongles, et l’une de ses jambes faisaient des rebonds, signe de sa nervosité : son délire reprenait.  

 

- Faut que j’aille voir nos indics, il faut que j’ai des informations sur les passagers, le bateau, le parcours qu’il a fait !  

 

Se levant précipitamment une main retenait son poignée ; Ryô.  

 

- J’ai la personne qu’il te faut…  

 

Kaori se demandait bien à qui faisait allusion Ryô ? Son bien-aimé avait des éléments sur cet événement tragique ? Comment ?  

 

S’éloignant du groupe, il partait téléphoner à l’intérieur de la maison de repos, empruntant le fixe de la standardiste. Il ne voulait prendre le risque que son appel ne soit tracé. L’appel n’avait duré qu’une minute et Ryô regagnait rapidement ses camarades.  

 

Le voyage retour était silencieux, Marie se demandait quels éléments avait Ryô, son impatience allait avoir raison d’elle. Il ne voulait rien dire, ne cessant de répéter que ce n’était pas lui qui pouvait l’aider. Le mystère restait entier.  

 

Le terminus était leur repère où leurs amis les attendaient. Ils ignorés pourquoi Ryô les avaient tous réunis, mais être présents tous ensembles s’avérer essentiel. Pénétrant dans le local, Déborah prenait Marie dans ses bras, jaugeant son être au bord de l’écroulement.  

 

- Pourquoi tout ce mystère Ryô ? Demandait Mick  

- Je voudrais le savoir également !  

 

Saeko pénétrait avec surprise dans le repère. Le lieutenant avait été convoqué par son ami en urgence. Ryô ne perdait plus de temps, où Marie se transformerait en typhon. Le nettoyeur demandait à Saeko de bien vouloir s’asseoir, la discussion allait être difficile pour elle également. Il demandait également à l’aînée des Turner de prendre place en face.  

 

- Saeko, tu m’as confié il y a un an que ta mère avait péri dans un accident maritime…  

- …  

- Le bateau se nommait le pacifique rouge, n’est-ce pas… ?  

- C’est exact…  

 

Marie, Kaori et Kenji comprenaient l’ardeur de Ryô pendant que Lydia comptait ce morceau de passé.  

 

- Je sais que ça va être pénible pour toi, mais Marie a besoin de tout savoir sur ce jour…  

- Très bien, mais pourquoi ?  

- Je crois que ton histoire et celle d’Hélène sont liées, indirectement évidemment…  

- Tu parles des Shu’Kiru, le gang de Serge ?  

 

Ryô acquiesçait de la tête.  

 

Kenji était stupéfait, un élément commun réunissait deux femmes qu’il côtoyait tous les jours, et il ne l’apprenait que maintenant : quel gaspillage.  

 

Saeko narrait tout ce qu’elle savait sur le dossier. Tout, elle maîtrisait tout, du début à la fin, elle connaissait le trajet et les escales du navire par cœur. Chaque nom, prénom et nationalité des deux milles passagers ; sans compter les trente-deux survivants qu’elle avait minutieusement interrogée avec son père. Malgré les détails précis du lieutenant, aucun indice n’éclairait le passé d’Hélène, car aucun passager âgé de quatre à cinq ans ne se trouvait sur le navire et encore moins du sexe féminin.  

 

- Vous êtes certaine ! Insistait Marie  

- J’ai étudié ce dossier des millions de fois, je le connais sur le bout des doigts…  

 

C’était impossible. Hélène n’était pas un fantôme ! Qui diable était-elle ? Mille explications pouvaient inspirer n’importe quels romanciers. Ce n’était qu’une petite fille, qu’est-ce qu’une enfant de cinq ans pouvait représenter de si important pour qu’elle soit à ce point protégé de toute identité ? Marie commençait à penser que quelque chose de grand et de dangereux se cachait derrière l’existence de sa sœur.  

 

Ryô se sentait stupide ! Comment avait-il pu croire que ce serait aussi simple. Même s’il savait désormais qu’Hélène cachait un colossal secret, plus rien ne les faisaient avancer, excepté les théories les plus folles les unes que les autres.  

 

Saeko prenait congé, en s’excusant de n’avoir pu les aider. Avant de partir, Ryô raccompagnait la jeune femme à sa voiture.  

 

- Je suis navré… Je t’ai fait évoquer d’effroyable souvenir pour rien…  

- Ce n’est rien Ryô… Mais, pourquoi tu m’as fait venir à votre repaire ?  

- Tu sais que le réseau est terrestre ici, aucun moyen d’être espionné…  

- En tant que victime de l’accident, je n’ai pas le droit de toucher au dossier… Tu es malin…  

- Rentre bien…  

- Je t’appelle si quelque chose me reviens !  

- Merci, lieutenant !  

 

Ryô regardait s’éloigner la Porche rouge de Saeko, se sentant affreusement vide. Ne pas pouvoir aider ses amis était le sentiment le plus douloureux pour cet éternel pudique. Se décourager n’était guère la solution, mais il s’avouait être à sec en matière de piste à explorer. Retournant auprès de ses amis, le néant s’engouffrait dans chacun de leur esprit. Observant Kenji, il voyait dans son regard qu’il n’abandonnait pas. Des centaines d’hypothèse devaient défiler dans sa tête.  

Faisait-il un premier lien avec la Russie ? Vlad Lowski, l’homme qui travaillait avec Erika, était d’origine russe. Le bateau aurait pu être pris d’assaut bien avant cette escale, mais c’est en quittant les terres de ce pays que le malheur s’était abattu. Saeko, avait retrouvé dans les épaves du bateau, de la drogue provenant du gang Shu’Kiru, un lien qui se tissait avec Serge ; bien qu’il n’en avait toujours pas la preuve. Vlad, Erika, Serge, avaient-ils un lien avec Hélène ? Ça paraissait surréaliste. Bien que,  

 

- Serge… Ça peut être le diminutif de Sergueï… Prononçait Kenji, subitement  

- Quel rapport ? Questionnait Marie  

- Hélène n’est pas son vrai prénom… Son sang n’est pas japonais… Et ses origines sont probablement liées à la mafia Russe…  

- Qu’est-ce que tu racontes ?!  

 

Marie se levait, déjà à moitié détruite, son meilleur ami osait douter de la femme qu’il prétendait profondément aimer !  

 

Kenji ne soupçonnait pas Hélène, jamais une telle thèse ne l’avait caressé. Toutefois, il ne pouvait plus ignorer l’existence d’un lien entre eux. Certes, c’était étrange à admettre, mais son ange était né dans les ténèbres, elle aussi.  

 

- Tu délires ! L’insultait Marie  

- Tu crois que c’est facile pour moi d’admettre ce genre d’hypothèse…  

- …  

- Personne n’est à ce point inidentifiable… À moins…  

 

« Quel idiot ! » Pourquoi n’y avait-il pas pensé avant ?!  

 

- À moins que quoi… À moins que quoi Kenji… ! Suppliait Marie, le secouant  

- À moins qu’elle ne soit…  

 

Sur le sol en taule, raisonnait des coques en métal qui tombaient et roulaient à leurs pieds. Des claquements de talon, lents et assurés longeaient le couloir qui menait à la salle où ils se trouvaient. Derrière ses pas, une Kalachnikov était en train d’être chargée, les douilles inutiles se laissant tomber au sol. La démarche était comme au ralenti, les instincts des nettoyeurs étaient comme endoloris, personne n’avait bougé. Une fumée nauséabonde venait chatouiller leur narine, aucun des anciens mercenaires n’avaient eu le temps de crier au repli, que le chloroforme faisait effet. Un à un, ils étaient tombés comme des quilles au bowling, l’ennemi venait de faire un strike.  

 

* * * * * * * * * * * * * * * *  

 

- Ton amante a vu juste Kenji… Tu es toujours de nature impatiente…  

 

Hélène.  

 

La fumée de cigarette qui se dégageait des lèvres rouges d’Hélène était comme un brouillard qui arrêtait la dimension où ils se trouvaient. Kenji se concentre, car la réalité le dépassait. L’espace-temps dans lequel il est enfermé le déboussole, et il tente d’observer ce qu’il se passe sous ses yeux.  

 

Vlad observe Hélène comme une habitude, telle une peinture qu’il a quotidiennement près de lui. Son regard sur elle est troublant, on croirait qu’il a une subite peur qu’elle s’efface. Après une année passée aux côtés du criminel, Kenji a connaissance de sa férocité. C’est un redoutable homme d’affaire, qui a monté son empire avec efficacité. Non pas qu’il admire sa détermination, mais les truands ont ceci de fascinant, l’intelligence qu’ils possèdent et qu’ils mettent au service du mal. S’il n’avait trouvé point faible chez le maître russe, une fêlure discrète avait pointé son nez : les enfants. Avec Katarina, la fille de Sylvana, il était patient, attentif, et bienveillant. Même s’il la séparait de sa mère par utilité, la petite fille était placée dans une école privée, habitée une villa où une nourrice de confiance l’éduquait. Vlad Lowski, le géant de la pègre, intouchable des forces de l’ordre, programmer pour semer la terreur, s’abaissant aux pires bassesses humaines, se trouve coincé dans un bulle patriarcal lorsqu’il aperçoit le regard d’un bambin. Kenji se moque de sa propre perception, pourtant, il avait eu le temps de consentir l’idée en vivant au quotidien avec cet homme.  

 

Erika. Curieusement, et pour la première fois, semble confuse, et paraît chétive. Est-ce que Vlad serait venu au rendez-vous sans donner d’information à sa complice ? Rien ne faisait savoir dans son comportement qu’elle était la dominante, et ce manque de règne déstabilisait la négociatrice. Son regard azur ne cessait de voyager autour d’Hélène, cherchant les failles. En revanche, ce que Kenji n’arrivait pas à clairsemer, c’était de savoir si Erika connaissait véritablement Hélène… En regardant son attitude, il était évident qu’elle l’étudiait, et s’évertuait à percer son mystère. Pourquoi son patron avait pris l’initiative de l’emmener dans un guet-apens, sans connaître l’objectif et l’ennemi ? Que voulait-il cacher.  

 

Malgré l’endroit fétide, le parfum sucré de sa bien-aimée chatouillait son odorat. Ciel, qu’elle était froidement belle. Son apparence glaciale lui faisait prendre des années de plus. En dépit de la dureté qu’elle dégageait soudainement ; sentiment qui brisait le cœur de Kenji ; sa beauté pouvait faire abdiquer n’importe quel diable. La tenue de femme d’affaire qu’elle portait affirmait sa prépondérance. Malheureux de ne l’avoir aperçu qu’à travers une vitre la dernière fois, elle était si prêt de lui désormais, mais encore plus inaccessible. En aucun cas il n’avait un jour imaginé que leur destin serait lié d’une telle façon, dans les couloirs ténébreux de l’enfer. Au fil du temps, peut-être apprendrait-il que des deux, c’est elle qui appartenait le plus à ce monde.  

 

Assis l’un à côté de l’autre, installés à une table en bois où seulement une bougie en milieu de table campait, Hélène fumait posément sa cigarette juste en face. Le calme était humide, et pesant, quand soudainement, un premier acte commençait.  

 

Un homme typé indien se présentait, traînant comme un gibier chassé Kaori qui se débattait. Ryô gigotait, pensant que par la force de son amour, il pouvait briser les chaînes qui les maintenaient prisonnier. Néanmoins, et de manière subite, il présentait un visage plus calme, interrogateur et son regard croise celui de Kenji comme s’il essayait de lui faire comprendre une théorie.  

 

- Désolé patron, mais celle-ci a fait de la résistance !  

 

Le cœur de Marie rate un battement. Dans le peu d’éclairage qu’apportaient les lampes, elle avait pensé se tromper en apercevant la silhouette de l’homme, mais sa voix audible tordait son ventre. Pendant qu’elle remettait de l’ordre dans ses souvenirs, elle entendait les pas du bourreau s’approcher.  

 

- Je suis ravi de te revoir… Ma colombe… Susurre-t-il à son oreille  

- Caleb…  

 

Faisant le tour de son corps en maintenant une main sur son ventre, il hume de manière présomptueuse sa chevelure, mais Marie se débat. Refusant la fuite, Caleb sert contre lui violemment le corps de la nettoyeuse, et ricane,  

 

- Tu étais moins fugace dans mon lit !  

 

Marie ne supporte pas l’insulte. Traduisant son regret soudain et sa faute, elle lui crache au visage. Le sourire qu’il emploi vaut celui du joker. Tous les sentiments traversent son âme, comment avait-elle pu être aussi naïve, et se laisser berner par ce genre d’homme. Tout lui paraît évident désormais : la fortune, la maîtrise des mots, la subtilité des émotions, sans oublier qu’il l’avait empêché de s’enfuir lors de leur dernière nuit. S’être offerte à un homme de main de cette bête de Vlad Lowski lui donnait envie de vomir, quelle indignation !  

 

Essuyant la salive sur sa joue, il repart, et vient s’installer en position de garde du corps derrière son chef.  

 

À compter de maintenant, les dés sont jetés, chaque joueur va abattre ses cartes unes à unes. Les respirations se retiennent pour laisser place à la concentration. Seulement, Erika ne l’entendait pas de cette oreille. N’ayant aucune crainte de défier son patron, elle voulait chahuter avec la carcasse de son nouveau jouet.  

 

- Hélène, c’est un joli prénom… J’eus connu un homme qui osait jouir ce nom sous l’oreiller…  

- Je suis navrée d’apprendre que votre inexpérience oblige un homme à penser à une autre femme…  

 

Vlad émet un rictus, une hilarité coincé au bord de sa dentition, apparemment, il est séduit par le répondant d’Hélène. Kenji, également, dessine une raillerie, mais il l’estompe immédiatement. Erika vient de soumettre l’hypothèse qu’Hélène était l’amante de Kenji ! Est-ce par les nombreux regards qu’il portait depuis son apparition ; encore une faute professionnel causée par l’amour.  

 

- Qu’est-ce que vous attendez, Erika… Provoqua Hélène  

- Pour aller embrasser à pleine bouche votre amant…  

- Non… Dit-elle écrasant sa cigarette sur le bois. Pour déclencher le chien de l’arme scotchée sous la table, perfidement tenue par un fil de pêche accroché à votre talon de chaussure et qui vise poétiquement mon cœur…  

 

Erika retient la contorsion de sa bouche qui veut émettre un rictus. Clairement, elle n’a pas à faire à une débutante, et apprécie particulièrement aussi son répondant. Malgré les qualités qu’elle lui reconnaît, sa fierté lui interdit de se faire dompter par une banale adolescente. Le premier essai était certes convainquant, or, elle ne manquait d’invention pour soulever une brèche. Coupant avec une lame de couteau le fil de pêche qui reliait l’arme à son pied, elle commence une conversation, en russe.  

 

Dans sa langue maternelle, Erika harcèle de question Hélène. Pourquoi avoir accepté la vente de ses amis contre une simple rencontre ? Avec quel homme c’était-elle soumise pour obtenir un contact avec son patron ? Était-ce avec Serge Dieter ? À l’entente de ce nom, Hélène frémit quelque peu, mais reprends rapidement ses esprits, et répond dans un russe absolument parfait…  

 

- Prostite menya no, ya ne sotrudnichayu so "shlyukhami" moikh posrednikov …  

*Pardonnez-moi mais, je ne coopère pas avec les « putains » de mes intermédiaires…  

 

Vilipendée, Erika enfonce ses ongles dans le bois vieilli de la table. L’impertinence de la pubère l’irrite, et la tourmente. Hélène ignore sûrement qu’elle genre de femme est la russe, et combien de « chienne » qui lui ressemblait ont fini par s’agenouiller à ses pieds en la suppliant. Ce n’était plus de l’exaspération qu’elle ressentait, mais une haine indéniable. Portée par l’humiliation, Erika dégaine une arme, faisant pousser un cri de terreur à Kenji. Avec surprise, il constate qu’Hélène tient aussi une arme, sortie de nulle part, et qu’elle pointe son viseur sur Vlad.  

 

- Est-ce ce cri de jouissance que votre ancien amant avait à mon attention… Répliqua Hélène  

- Lorsque mon chef n’aura plus besoin de vous, je vous tuerai, de mes propres mains !  

 

Les armes s’abaissent, et les tensions se diluent. L’assemblée qui ne peut se contenter que de regarder, commence à défaillir. Attachés tels des animaux partant pour l’abattage, les courbatures de leur corps et la tension déséquilibrée de l’endroit empiète sur la lucidité. Être réduit à l’état de spectateur les émousse.  

 

Kenji est à l’agonie, mais la subtilité d’Hélène le fascine, et il n’est pas le seul, Vlad se délecte. Le russe boit ses paroles, ses gestes, comme s’ils étaient familier. Le maillon faible, c’est lui, et sa bien-aimée le travail ingénieusement. En revanche, une curiosité ronge son expérience,  

 

- Ma « suka » a souligné une question pertinente, pourquoi avoir accepté mon marché ?  

- C’est quoi pour vous, un nettoyeur… ? Demanda Hélène, se rallumant une cigarette  

- Ne sont-ils pas censés travailler pour la mafia ? Tuer indépendamment pour le parrain !  

- C’est exact… Seulement, le gang Ten’Shi’Koo opère différemment…  

 

Kenji est déconcerté, Hélène est informée pour son « gang ». Est-ce Serge Dieter qui malicieusement a révélé la vérité ? Par ailleurs, est-ce qu’elle fait référence à lui lorsqu’elle parle de son « patron » ? Le scénario qui s’écrit sous ses yeux est hilare, décidément, il ne parvient pas à comprendre le but de la manœuvre.  

 

- Ils ne sont que des chiens enragés, reniflant les rues de Shinjuku à la recherche de rat pesteux !  

 

Vlad reste attentif et il se colle aux lèvres d’Hélène qui enrichie sa pensée avec la colère.  

 

- Une philosophie de vie ; accomplir la justice que l’ordre public ne peut établir…  

 

Subjugué, l’intermédiaire russe est hypnotisé à l’instar du serpent charmant sa proie pour lui donner confiance.  

 

- Mais, vous voulez mon avis ? Je crois que le résultat reste le même…  

 

Une crevasse fait passer la lumière dans l’âme, Hélène vient complètement de le déstabiliser, et le tient dans son filet.  

 

- La balance du bien et du mal n’existe pas dans ce milieu, il faut faire un choix, un choix qu’ils penseront avantageux pour leur survie… Finit-elle, écrasant sa seconde cigarette  

 

Le château de carte s’effondre, Vlad est à sa portée, faisant battre leur cœur à tous deux dans un rythme qu’ils ne pouvaient pas décrire.  

 

- Au final, l’équilibre reste le même entre vous, le mafieux et eux, les nettoyeurs… La dépouille que vous laissez derrière vous n’est que le résultat de votre perfide choix ; tenir une arme dans la main, et exécuter !  

 

Hélène est engloutie par le regard de Vlad. Tandis qu’il se répète qu’elle est ensorcelante, elle, commence à s’enfoncer dans ses propres pensées. Où est la part de supercherie et de vérité qu’elle vient d’énumérer, se serait-elle convaincue elle-même. Son corps s’agite, son thorax qui inspire et expire de manière brusque définie d’un coup sa forte envie de pleurer.  

 

- Combien ?  

 

Vlad viendrait-il au secours d’Hélène ? Apercevant son ivresse, il vient déposer de l’eau à sa fontaine. Le fil qu’il tend pour qu’elle continue son chemin d’équilibriste prouve son fanatisme.  

 

- Cinq millions !  

 

Erika se met à éclater de rire ! Quel talent possède la morveuse pour oser négocier une telle somme farfelue.  

 

- C’est le prix à payer pour celle qui peut vous pirater un code nucléaire…  

 

Erika se met à éclater de rire. Quelle est la mascarade ? Qu’est-ce qu’une morveuse de son âge est censé connaître du nucléaire ! Ce n’est qu’une mauvaise comédienne, à l’image de sa vie misérable, à qui croit-elle avoir à faire ? Au simple nettoyeur auquel elle a fait référence dans son discours d’étudiante de première année de faculté ! L’impatience de la russe est à son maximum, une soirée importante les attends ce soir, et tout ce monde commence à la fatiguer !  

 

- Je suis d’accord… Souffla Vlad  

- Monsieur ! Assez !  

 

Erika se lève, furieuse ! La femme d’affaire redoutable s’impatiente et déteste être mise à l’écart, que fabrique son chef ?! Qu’importe ce que manigance ses supérieurs, l’affaire traîne, et ce jeu ne l’amuse plus du tout.  

 

- Savez-vous que c’est dans la colère que naissent les faiblesses… Se moqua Hélène  

- Je n’ai aucune faiblesse sale petite garce !  

- …  

- Vous êtes dans la cours des grands là, qui espérez-vous convaincre ? Vous…  

- Il suffit, Erika !  

- Monsieur, vous…  

- Notre chère invitée va nous prouver sa loyauté…  

 

Il apparaissait, enfin, le sourire satanique de l’homme impassible qu’était Vlad Lowski. L’admiration n’empêche pas la folie de vaincre, sa demande est simple, franche et signerait leur accord.  

 

- Je veux que vous éliminiez l’un d’eux…  

 

Hélène a le cœur qui s’arrête de battre et le regard qui se fixe sur Vlad. C’est l’instant précis où rien ne doit paraître, la concentration doit être ultime, le coup rapide et précis. Levant sa tête, elle présente un sourire vaniteux et soutient le regard d’Erika. Avec fermeté, elle se lève et commence à charger son arme.  

 

- Vous savez ce que j’ai appris en fréquentant les nettoyeurs…  

- …  

- C’est que dans chaque regard d’un homme,  

 

Le groupe d’amis ne croyait pas à ce scénario. Un retournement de situation les attendait, quelqu’un ou quelque chose allait détourner la situation. Hélène ne comptait pas sacrifier l’un d’entre eux ? Au début, ils aspiraient à un script, maîtrisé par un réalisateur talentueux, placé plus haut que dieu, mais la manœuvre qui s’opérait les ébranlait. Le claquement de ses talons raisonnait sur les pavés mouillés et empestés. Hélène passe à côté de Kenji, sans le regarder, sans sourciller, sans un battement de cils. Les mains dangereusement armées, c’est tout en activant le barillet qu’elle prononce devant sa cible,  

 

- Se trouve les yeux d’une femme…  

 

Le canon de son arme visait Kaori.  

 

- Non !  

 

Le hurlement déchirant les étoiles venait des tripes de Ryô. Le nettoyeur se mettait à gigoter et à supplier de le prendre à sa place. Pendant qu’il implorait, Kaori, elle, se tenait droite devant Hélène, et s’habillant de dignité, la moitié de City Hunter prononce,  

 

- Va s’y, tire !  

- Kaori… J’ai toujours aimé ta franchise, ta fierté et ton caractère bien trempé…  

- Tire… Dit-elle une larme roulant sur sa joue  

 

Sous les cris et les injures des amis de Ryô et Kaori, Hélène, prononçant de manière boudeuse un « désolée mon ange », pointe son cœur, et tire. Le corps de leur précieuse amie s’effondre au sol sous un bruit raide. Kazue est comme poignardée et perd conscience, quant à Miki, elle crie de douleur et tombe dans une crise de larme effroyable. Venant comme achever l’ossature, Erika est le vautour qui vient humilier la proie abattue. Avec son pied, elle fait rouler le corps de Kaori, et regarde le sang s’écouler de sa poitrine. S’abaissant, elle positionne son index et son majeur dans le cou pour vérifier que le pouls ne bat plus,  

 

- Morte… Dit-elle avec un air enjoué  

 

Mick regarde Ryô. N’apercevant que son dos, il imagine le visage bestial qu’il tient, déformé par la vengeance. Le nettoyeur est statique, aucune larme, plus un cri ni mot n’est audible, son cœur vient sans doute d’être brisé.  

 

Erika retourne auprès de son patron, suivie par Hélène. Vlad l’observe, sa nouvelle recrue ne semble pas perturber ni choquer, son visage ne laisse entrevoir aucun sentiment. Serait-elle déjà habituée à tuer ? Qu’importe ! Le contrat est signé.  

 

Le temps s’est assez écoulé, son patron déteste la discourtoisie et ils sont excessivement en retard pour leur grande soirée. Vlad ouvre la porte, et laisse passer les dames, quand à Caleb, il reste et attend les ordres.  

 

- Fait le ménage…  

- Bien Monsieur !  

 

Vlad ferme la porte, et le destin de chacun d’entre eux tient dans les mains de Caleb qui prépare déjà son fusil d’assaut. Au loin, dans le couloir, le patron russe entend les détonations, et reçoit déjà le résultat du massacre sur son téléphone. Hélène espionne du coin de l’œil ce qu’il a reçu, et aperçoit une photo : les corps ensanglantés et sans vie de ses anciens amis gisent sur le sol. Les traits du visage de Vlad caractérisent sa jouissance et son enthousiasme,  

 

Hélène est soulagée.  

 

* * * * * * * * * * * * * * * *  

 

- Vingt quatre heures plus tôt -  

 

 

Suffoquant et transpirante, elle se redresse dans le lit.  

 

Ce rêve l’a chamboulé, et il lui est impossible de se rendormir. L’ambiance familiale de ce rêve est si loin de la réalité narrée par Monsieur Shen-Yeng. Bien que, après tout, il possédait peu d’élément de son véritable passé, il ne savait que ses origines, le reste, elle seule pouvait le savoir. Pourquoi, pourquoi n’était-elle jamais parvenue à se souvenir de son enfance. Avant ses cinq ans, rien ne venait à son esprit, c’était comme un rideau blanc accroché constamment, résistant à toutes les tempêtes.  

 

Hélène avait mal à la tête. Se levant du lit, elle partit à la recherche d’une salle d’eau, où trouvait une mallette à médicament. Arpentant les couloirs de la majestueuse villa, elle se perdait parmi les vastes portes. Attirée par l’une d’elle, à son ouverture, elle entendait des bruits de coup de feu. Visiblement, une personne s’abandonnait à l’exercice du tir à une heure tardive. Curieuse, elle descendait les escaliers, la tonalité de l’arme à feu, s’acharnant sur la cible, lui rappelait les nuits blanches anxieuses que passait Monsieur Saeba. Arrivé au stand de tir, elle reconnaissait la silhouette du Lieutenant Singh.  

 

Observant ces gestes droitement scolaires, son regard flambait sous le mouvement de son index qui appuyait sur la culasse. Son uniforme propre et bien repassé traduisait son allure studieuse. Son air était toujours grave, comme s’il se remémorait sans cesse les horreurs de son métier. Lieutenant du district d’espion de la Guoanbu, tenu par le ministère de la sécurité chinoise, Caleb tenait son rang avec passion. Son professionnalisme faisait l’unanimité, étant donné les nombreux compliments que lui avait dictés Monsieur Shen-Yeng, Capitaine du département.  

 

- Vous lui ressemblez…  

 

Hélène sursautait, elle pensait Caleb concentré, mais il avait senti sa présence, immédiatement.  

 

- De qui parlez-vous… ? Questionna-t-elle se rapprochant de lui  

- À votre sœur… Marie…  

- Vous connaissez ma sœur ? Fut-elle étonnée  

 

Caleb souriait, ce sourire qui vous demande de comprendre ce qu’il pense. Soudainement, il paraît attendri, et son visage s’illumine, apparemment, sa sœur lui avait laissé un agréable souvenir.  

 

Sa réflexion n’était pas unique, plusieurs regards avaient au préalable remarqué la ressemblance entre Marie et Hélène. Pourtant, ni leur chair ni leur sang n’étaient génétiques, certainement un hasard ironique.  

 

- Vous avez réfléchi à notre proposition…  

- Je n’en serais pas capable… Dit-elle regardant le sol  

- Vous avez pourtant était parfaite jusqu’à présent…  

 

Hélène était parvenue jusqu’à Monsieur Shen-Yeng parce que la vue d’Amélie tombant à terre, gisant dans son sang, et restée seule pour probablement mourir, avait envahi son corps d’adrénaline. Redescendue, et après l’histoire qu’on lui avait conté, toutes ses forces l’avaient quitté. Ce qu’elle désirait, égoïstement, c’était reprendre sa vie là où Kenji l’avait suspendu. Naïvement, elle souriait, encore une faiblesse, celle de la facilité. Comme si le temps pouvait redémarrer. Si tel était le cas, son arbre généalogique ne serait pas aussi effrayant.  

 

- Je sais que notre plan est intéressé et dangereux, mais il en va aussi de la survie de vos amis…  

 

La mission était simple : convaincre Vlad Lowski de sa confiance pour intégrer son équipe de mafieux. Le résultat devait mener à rencontrer « son patron » ; l’homme qui menait la barque dans le plus immense anonymat. Vingt années que la sécurité des plus grandes nations était sur le dossier. Les tentatives étaient multiples, et rien ne les menait au commandant de bord. Hélène était la clef, par son lien direct avec le russe.  

 

Elle doutait, et sous-estimait sa capacité à donner confiance à cet homme sans foi ni loi. Et puis, comment s’acquérir de sang-froid en sachant que les personnes qu’elle aime seraient justes à ses côtés, avec leur vie entre ses mains. Une année qu’elle n’avait vu Kenji, ne l’avait regardé, touché, où juste respiré son odeur, comment résister, comment retenir son instinct ?  

 

- Je comprends vos doutes… Maintenant… Je ne vous cache pas que vous êtes notre joker le plus précieux !  

 

- Et pour Kaori, est-ce vraiment obligé ?! Je ne veux pas montrer une telle horreur à Monsieur Saeba !!  

 

Caleb avait été formel, étant resté de longs mois comme homme de main auprès de Vlad Lowski, il demanderait une preuve de sa légitimité entant que futur membre de son gang. Abattre le point faible de l’imposant City Hunter, rien de plus convaincant comme bon droit.  

 

- Je respect vos quiétudes… Croyez-moi… Mais le temps nous est compté…  

 

Apprendre le russe, connaître l’état d’esprit d’une tueuse à gage, savoir garder son sang-froid, évoluer à l’aveugle avec les conditions d’un truand redoutable ; Hélène allait devoir apprendre à marcher sur ce fil en moins de vingt-quatre heures. Sans fléchir, dépourvu de contrôle, elle allait devoir se priver de tout sentiment humain. Évidemment qu’elle souhaitait aider ses compagnons, jamais leurs sacrifices ne seraient vains, mais un sentiment plus fort que la peur la tétanisait. Ce n’était pas la confrontation ni la vue de l’enfer ou le parfum de la mort, c’était de découvrir le réel quotidien des personnes qu’elle aimait. Et puis, l’ennemi était…  

 

- J’accepte… Soufflait-elle du bout des lèvres  

- Vous acceptez ?!  

 

Hélène hoche la tête en signe de confirmation, mais,  

 

- Ce n’est pas pour les raisons que Monsieur Shen-Yeng ou vous-même pensez…  

- C’est-à-dire… ?  

 

* * * * * * * * * * * * * * * *  

 

Caleb avait dans son viseur le cœur de Ryô Saeba. L’homme redouté de toute la pègre ne bougeait pas, était-il résigné à mourir… ? Dans la lunette de son arme, l’homme de main aperçoit subitement un sourire, et un visage se reflétait.  

 

- City Hunter, seconde partie, tu vas mourir en premier ! Ricana Caleb  

- Ne me prenez pas pour un imbécile… Murmurait Ryô  

- …  

- Je sais reconnaître la femme que j’aime…  

 

Les larmes de Kazue cessèrent et les cris de Miki se stoppèrent. Qu’entendait Ryô par « reconnaître la femme qu’il aime » ? Kaori était bel et bien là, allongée sur le sol, où le sang de l’ange qu’elle était, s’écoulait de sa poitrine où plus tôt son cœur battait encore. Caleb éprouvait un sentiment étrange. La partenaire de Ryô Saeba était comme un pilier essentiel à ce groupe d’ami, la déchirure pouvait se lire dans le regard de ces plus intimes camarades. Un ange dans les brumes de l’enfer, encore,  

 

Soudainement, un bruit de détonation se faisait entendre et les tirs venaient s’écraser en direction de Ryô. Du sang s’évaporait dans l’air, celui de ses mains et ses pieds longtemps tailladées par les chaînes : il était libre. Caleb, sans perdre plus de temps, lance à Ryô son arme, ce légendaire python trois-cent-cinquante-sept, afin de défaire les liens de chacun.  

 

- J’ai trente minutes pour…  

 

Caleb se retrouvait subitement encastrer entre le mur et le corps bouillonnant de Kenji. Son regard était embué de rage, et la mort se lisait sur son visage.  

 

- S’il arrive quelque chose à Hélène, je vous tue, lentement, très lentement…  

- J’apprécie toujours autant vos déclarations d’amour Homura, mais pour l’instant, je dois sauver mon agent…  

 

Kenji le lâche, non sans bon vouloir.  

 

- Votre agent ? Questionna Mick  

 

Caleb vise dans l’une des pierres de la bâtisse, où une valisette se cache. S’accaparant de l’objet, il l’ouvre et prépare une seringue.  

 

- Au départ, ça devait réellement être Kaori… !  

 

Hélène avait refusé catégoriquement l’éventualité même que Kaori risque sa vie, d’une quelconque façon. Obligé de trouvé une solution identique, un agent de la Guoanbu avait subi radicalement un changement facial,  

 

- Mais je ne peux pas en dire plus, c’est un secret ! Ricanait-il  

 

Lorsqu’Hélène avait tiré dans la poitrine de l’agent, elle avait déclenché des billes de sang et une aiguille contenant du cyanure. Le poison atteint les artères, réduisant le rythme cardiaque et le pouls instantanément, faisant croire à une véritable exécution.  

 

- C’est un cyanure modifié, mais nous n’avions que trente minutes pour la sauver !  

 

Caleb prenait deux flacons, un contenant de l’adrénaline aguettant, et l’autre du nitrite de sodium, antidote connu contre le cyanure. Mélangeant la formule, il plante la seringue dans le thorax de la victime, et injecte la solution. Quelques secondes écoulées, et l’agent se relève comme après avoir subi un choc au défibrillateur.  

 

- Hélène sait ce qu’elle veut… Souriait Caleb. Tout va bien Natasha ?  

- Oui lieutenant !  

- Lieutenant ? Était surpris Ryô  

- Je n’ai pas vraiment le temps de vous expliquer ! La partie vient à peine de commencer…  

 

Comprenant que les explications viendraient plus tard, le groupe de mercenaire repartait de zéro et suivait à la lettre les recommandations de Caleb. Fuyant l’endroit en ne laissant derrière eux qu’une explosion sifflante, la concentration était le mot d’ordre. Embarquant dans un camion, l’homme aux multiples facettes restait posé, et canalisait le moindre sentiment. Néanmoins, l’état serein n’était pas recette de tous, et Marie commençait à gigoter. La scène qui venait de se dérouler devant ses yeux, avec comme actrice principale sa petite-sœur dans le rôle le plus funèbre qui soit, engourdissait tous ses membres. Encore une fois, c’est la chaleur de Kenji qui la canalisait. Sa main venait se glisser dans la sienne. Dans la paume de sa main, Marie pouvait sentir le pouls de son ami virevoltait comme les montagnes russe. Il était inquiet, suffisamment inquiet pour entendre les mots cinglants et hystériques de sa meilleure amie. Relâchée ; quelque peu ; Marie ne quittait plus des yeux Caleb, le harcelant inconsciemment de question.  

 

Après plusieurs minutes de route, ils se retrouvaient dans une base aérienne. Des camions aux inscriptions chinoises ornaient le terrain et des hommes costumés de noir trônaient comme des pions attendant d’être déplacés. Caleb descendait du camion, et venait aider son agent à sortir du véhicule et être pris en charge par les médecins. L’environnement était professionnel. Le groupe de mercenaire ne s’était jamais retrouvé au cœur d’une véritable logistique et surtout, légale. Des techniciens étaient dispersés un peu partout dans la base, des bureaux installés avec des ordinateurs performants, des caméras, des radios, la télévision allumée sur les actualités du monde, l’organisation était maîtrisé dans les moindres détails. L’affaire n’était pas prise à la légère.  

 

Observant les alentours, le clan de mercenaire suivait du regard la direction que prenait Caleb. Visiblement, le lieutenant pensait terminer la mission sans eux, c’était mal les connaître ! Imitant ses pas, ils suivaient l’axe, mais se stoppaient net en harmonie à la vue de la réunion d’individu que rejoignait Caleb.  

 

Près de l’imposant Breguet-deux-ponts ; avion colossal ; se trouvait autour de Kaori, trois hommes qui leurs étaient bien plus que familier. Le signe de main gracieux faisait oublier un instant à Ryô l’entourage énigmatique, et il accourt naïvement vers sa bien-aimée, la serrant dans ses bras, vivement. Son âme, heureuse de retrouver sa moitié, dépasse la ligne rouge du secret, et la pudeur de leur relation, et Ryô dépose un chaste baiser sur les lèvres de Kaori.  

 

Le charme de l’instant retombe rapidement, car les nettoyeurs approchent rapidement de l’assemblée qui se tient près de City Hunter, et le silence traduit leur étonnement. Kaori était entouré du père de Marie, méconnaissable, qui essayait de porter le regard interrogateur de sa fille. Encore plus étonnant, Kyusuke Ichiba, le chef de leur propre gang, subissant l’air menaçant de Kenji. Le dernier, et non des moindres, Mickaël, l’homme de main de Serge Dieter, vêtu du même uniforme que Caleb, et qu’il surnommait « Lieutenant ».  

 

- Nous sommes prêt à embarquer ! Indiquait Mickaël  

- Parfait, ne perdons plus de temps ! Répondait Caleb  

- Papa… Soufflait Marie  

- Nous allons tout vous expliquer en chemin chérie… S’approche son père, posant une main sur son épaule  

- Pour l’instant, nous ne devons pas perdre de la distance avec Mademoiselle Turner ! Argumentait Ichiba  

 

Les trois hommes embarquaient dans l’avion, sans plus se retourner ni se justifier. La troupe de mercenaire devaient uniquement se préparait à décoller et s’asseoir patiemment dans l’appareil.  

 

Le vol allait connaître des turbulences, causées par une tempête appelée : le passé.  

 

 


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