Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

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RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 34 :: Chapitre 33 - Partie 2

Pubblicato: 29-09-16 - Ultimo aggiornamento: 29-09-16

Commenti: Je suis heureuse de vous présenter ce tout nouveau chapitre... Mais attention, comme vous le savez, ça fait plusieurs années maintenant que je travaille sur cette fiction, et que j'ai dû au fil du temps, rattraper mes erreurs de jeunesse, quitte à parfois être hors sujet ou à côté de ce que j'avais écrit auparavant... Ce chapitre est crucial, car il ouvre la porte à tous les secrets et mystères de l'histoire... De ce fait, j'attend de vous que SURTOUT vous me disiez si quelque chose vous a échappé, ou que vous n'avez pas compris... Je serais ravie d'entendre vos critiques et d'ainsi, peut-être, retravailler ce chapitre et modifier mes nouvelles erreurs... Aussi, je serais ravie de répondre à vos questions si quelque chose vous a échapper... J'attend de l’exigence... J'espère bien évidemment aussi que vous prendrez surtout plaisir à lire et que vous apprécierez de mettre des réponses sur vos questions... Merci de continuez à suivre cette histoire qui date, mais que j'aime tellement toujours écrire avec encore plus de fougue !

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 33 : « Le passé est un feu qui refroidit, mais il brûle encore » David Gilbert  

~ Partie 2 ~  

 

 

 

*** _ Deux ans avant aujourd’hui _ ***  

 

 

Caleb ajustait son nœud de cravate. Fier devant le miroir, il ne pouvait détourner les yeux de sa médaille d’honneur qui définissait son rang du plus jeune Lieutenant de la Guoanbu ; agent ministériel de la sécurité de la Chine.  

 

- Félicitations…  

 

Caleb aperçoit le visage de son plus fidèle ami dans la glace. Ce dernier expose un sourire moqueur, mais son regard exprime sa sincérité. Leur amitié date du lycée. Toujours ensemble, à l’école de police, sur les terres aride d’Afrique Centrale, sur les champs de bataille, jusqu’au concours d’état pour intégrer les filières des plus grandes autorités.  

 

Coéquipier efficace, récoltant les meilleurs résultats, l’agent indien c’était fait remarquer par sa capacité considérable à prendre des initiatives sans même attendre l’autorisation. Au départ, son manque de discipline était mal vu par ses instructeurs, sa négligence pouvait coûter plusieurs vies. À force de travail et de blâme modulé en qualité, Monsieur Shen-Yeng, Capitaine, voulait absolument Caleb dans ses rangs.  

 

- Ça va être difficile pour moi de te considérer comme un subordonné ! Souriait Caleb  

- Menteur ! Tu vas adorer me donner des ordres !  

 

Les deux amis échangèrent un rire fraternel, lorsqu’ils furent interrompus par un agent. Le mandataire les informait qu’ils étaient convoqués dans le bureau de Monsieur Shen-Yeng. Interrogateurs, ils s’inquiétaient d’une telle entrevue, les raisons d’être convoqués dans le bureau du Capitaine n’étaient pas rassurantes. L’employé frappait avant de pénétrer dans le bureau. Caleb et Jacob suivaient l’entremetteur avec quiétude, l’ambiance qui régnait dans la pièce était maussade.  

 

- Laissez-nous !  

 

L’envoyé exécutait les ordres, s’inclinant devant le Capitaine, il laissait seul Caleb et Jacob à leur destin. Monsieur Shen-Yeng ; accompagné par deux autres hommes positionnés à ses côtés ; les invitait à s’installer dans un fauteuil, en face de lui.  

 

- Permettez-moi de vous présenter Monsieur Ishiba Kyusuke…  

 

Ancien Capitaine de la PSIA : agence gouvernementale japonaise prenant en charge la sécurité nationale sur les territoires japonais et étranger, et qui possède pour lutte le contre-espionnage. Puis, à sa droite, Jun, ancien agent soumis aux ordres de Monsieur Kyusuke.  

 

- Vous êtes tous deux ici pour accomplir une mission aux seins de nos deux gouvernements…  

- Quelle est-elle Monsieur ? Demandait impatient Caleb  

 

Monsieur Shen-Yeng faisait glisser un dossier sur le bureau. Les mains du vieil homme tremblaient et les traits de son visage se crispaient. Ouvrant la première page du porte-document, des photos de divers individus, femme comme homme, se présentaient. Le Capitaine, avant de leur annoncer leur mission, devait conter le récit de nombreux événements qui s’étaient succédé. Caleb et Jacob se regardaient, une véritable histoire se cachait derrière l’aspect administratif de leur devoir ; ils accordèrent toute leur attention à ce récit.  

 

*** _ Seize ans auparavant _ ***  

 

Ishiba fumait un cigare dans son bureau, le Capitaine de la PSIA remettait dans l’ordre les dernières informations de ces indics. La situation se compliquait, et après ces trente années de carrière à la PSIA, l’homme de fer ; comme l’appelait ses agents ; n’avait jamais eu à faire à de si perfides et précis criminels.  

 

Sans frapper, en toute familiarité, un homme pénétrait dans son bureau avec un air agité. S’allumant une cigarette, il se grattait la tête, et tournait en rond. Tourmentait, il marmonnait des mots inaudibles, jusqu’à ce qu’Ishiba comprennent.  

 

- Les insultes c’est mon domaine normalement Jun !  

- Maeko était en pleure quand je l’ai déposé à l’école ce matin !  

- Elle s’y fera… Comme d’habitude…  

- Six ans, elle a six ans Ishiba ! Et je la change d’école dix fois par an !  

- C’est le prix à payer lorsqu’on est espion, tu le sais…  

- Facile à dire, tu n’as pas de famille ! Crache-t-il s’asseyant sur une chaise  

- …  

- Excuse-moi…  

 

Ishiba lève la main en signe de paix et ne prit pas en compte les mots aiguisés de son ami, dictés par la colère. Malgré tout, au vue de son état d’esprit, ce n’était peut-être pas le meilleur espion à mettre sur la prochaine mission.  

 

- Pourquoi m’as-tu fait venir ?  

- Aucune importance…  

- Tu ne vas pas me tenir rigueur d’une petite crise de passage ! Ironisa-t-il  

- Je peux demander une mise à pied si tu veux profiter un peu de ta fille…  

 

Jun se mis à rire ! Son ancien instructeur était étrange. « L’homme de fer » comme le surnommait ses collègues, n’avait que l’âme en cette matière, son cœur lui, battait bien sous un nuage de coton affectueux. Une preuve ? Leur amitié pudique.  

 

- Parle… Au lieu de jouer les sensibles ! Tu as une tronche à faire peur quand tu fais ça !  

 

Jun reçu le dossier demandé en plein visage. Au fur et à mesure qu’il tournait les pages, il ne trouvait pas l’affaire particulièrement complexe, mais le visage de son ami tourmenté démontait son argument.  

 

- Les Khisuru… ? Demandait Jun  

 

Un gang naissait sous les rues de Shinjuku. Les membres avaient pour but de fournir des alibis aux yakuzas en exerçant plusieurs missions. L’efficacité qu’ils distribuaient résultait du fait que lorsque les forces de l’ordre descendaient dans leur repaire ou lieux de criminalité, ils étaient sans cesse acquittés ; faute de preuve tangible. Le dernier lieu de contrôle fouillait était un cercle de jeu semi-clandestin servant de couverture pour des trafics de prostitutions, d’échange d’arme ou de drogue. Des années de filature pour qu’un juge relaxe toutes les affaires, menées par un avocat peu conventionnel.  

 

- Une faille ?  

 

Jun tournait la dernière page du dossier et tombait sur une photo où posait une femme prise sans autorisation. « Linda », c’était son nom de serveuse où elle travaillait dans ce cercle de jeu. Il y a deux jours, un policier sous couverture s’est fait descendre mystérieusement alors qu’il commençait à séduire « cette » serveuse.  

 

- Une complice ?  

- Bien plus pour qu’un flic sous couverture se fasse descendre et ce n’était pas du travail d’amateur !  

 

La mission de Jun serait dans un premier temps de faire un repérage poussé et de récolter des informations sur « Linda ». Ishiba demandait à son ami d’être particulièrement méticuleux et de prendre le temps qu’il penserait correcte pour accomplir sa mission. Ce gang de mafieux clandestin était singulièrement organisé et bénéficiait d’une logistique soignée.  

 

Après trois jours de repérage autour du bâtiment qui accueillait le cercle de jeu, Jun passait à l’action. Muni d’une enveloppe contenant une somme plutôt intéressante ; meilleur billet d’entrée dans un cercle de jeu ; on l’autorise à pénétrer dans les lieux sans difficulté. S’installant à une table de poker, il s’allume une cigarette et commence une partie.  

 

Ce n’était pas la première fois qu’il devait infiltrer les quartiers de cercle de jeu clandestin. Les plus grands hommes d’affaires ; avocats, comptables, banquiers ou autre profession véreuses ; se réunissaient dans ce genre de « communauté » pour discuter du business. Jun connaissait leur façon de penser, leur tocs, et la manière d’analyser les infiltrés. Ici, régnait une ambiance plutôt nouvelle. D’ordinaire, les joueurs ou clients de ce genre d’endroit étaient festifs, l’alcool et la drogue tournaient sous une atmosphère libertine. En ce lieu, l’environnement sentait différemment, comme s’ils attendaient quelque chose de particulier.  

 

Pendant plusieurs semaines, Jun rejoignait le cercle et devenait un joueur de poker craint. Essayant d’équilibrer sa popularité au sein du groupe, il décidait ce soir de s’abandonner au jeu de la roulette. « Linda » était en train de servir des verres aux joueurs, ricanant de leur compliment pervers. Se faisant une place autour de la table, il demandait à la serveuse de lui apporter un whisky. Exécutant son ordre, Linda revenue rapidement près de Jun. Au vue des regards que lui lançaient ses concurrents depuis quelque temps, sa main chanceuse commençait à soulever l’énervement chez certain. Monter la tension de mafieux n’était jamais avantageux, le risque de briser une couverture était facile. Toutefois, l’espion avait l’impression que ce n’était pas sa capacité à ramasser de l’argent qui dérangeait, mais une autre qualité.  

 

Le croupier interrompit sa réflexion, il lui demanda une couleur et un chiffre. Jun annonçait le noir sur quatre. Échec. Linda ricanait, habile aux cartes, certes, mais lorsqu’il fallait faire tourner la chance, ce client manquait de jugeote. En train de perdre tout son argent, au bout de cinq parties, Linda décida de venir en aide à ce poisseux.  

 

- Rouge sur trente-six…  

 

Les joueurs pâlissaient soudainement, la simple serveuse était-elle un challenger redoutable et redoutée ? Jun échangeait un regard complice avec Linda. C’était une superbe femme, mystérieuse et séduisante. Ses yeux marron, argumenter le feu constant qui brûlait dans ses prunelles. On pouvait les penser éteint, mais ils chauffaient sans cesse. Difficile de savoir à quoi elle pensait, son âme était particulièrement encerclée de barbelé.  

 

- Bingo ! Annonçait le croupier  

 

Un râle se propageait autour de la table de jeu. À chaque fois que Linda misait et annonçait, elle gagnait, jamais une défaite ! Après sa victoire, elle rigola, moqueuse et quitta la table en se dandinant. Hypnotisé, subitement, Jun suivit dans les coulisses Linda. Sans gêne, elle était en train de se déshabiller, tout en commençant une conversation.  

 

- Le recrutement aura lieu demain soir à…  

 

Linda lui donna une suite de chiffre, certainement des données GPS.  

 

- Vous serez quatre sur l’affaire, seulement un gagnant ! Et l’autorisation de tué ses adversaires est permis !  

 

Après avoir expliqué la démarche, Linda quitta les coulisses, laissant interrogateur Jun. Un recrutement ? S’agit-il d’un enrôlement pour embaucher les meilleurs hommes de main ? Probablement ! Mais quel rapport avec les Khisuru ? Ce gang ne manquait pas de source pour recruter, et les voilà qu’ils se servaient d’un cercle de jeu clandestin pour engager ? Ces embrigadés ne serviraient pas qu’à nettoyer ou exécuter, il y avait là une manière bien précise de choisir les participants ! Était-ce par rapport à son jeu ? Est-ce que le gang Khisuru cherchait des joueurs expérimentés pour aller dévaliser les casinos sans rien faire paraître ? Dans ce cas, pourquoi faire ensuite une sélection par rapport à une « affaire » et autorisé à tuer les adversaires ? Jun ignorait dans quelle genre de jeu il s’était engagé, mais un avancement certain dans sa mission se produisait.  

 

Le lendemain soir, Jun se rendit à l’adresse obtenue grâce aux donnés de géo-positionnement fournies par Linda. L’espion se trouvait devant un immeuble où un courtier en assurance s’était installé récemment. Étrangement, il se trouvait seul et manquait d’instruction. Ne comptant pas rester les bras croisés, à attendre qu’une information lui tombe du ciel, il s’avançait vers la bâtisse.  

 

La porte d’entrée était gardée par des caméras. Il évita de se faire repérer grâce à une lampe pour brouiller son visage à l’écran. La porte était bien évidemment verrouillée et un capteur indiquait à Jun qu’elle était mise sous alarme. Visiblement, c’était par une autre entrée qu’il fallait se hisser.  

 

Jun commençait à comprendre le manège, ce qu’il ignorait c’était le but à atteindre, mais son avis était qu’il subissait un test quant à ses capacités à s’infiltrer. Passant par l’arrière, il emprunta l’échelle de secours, à la recherche de l’étage qui contiendrait un couloir où se situeraient des toilettes ou une cafétéria. Légalement, c’était les seuls couloirs à ne pas être filmer pour la confidentialité des salariés pendant leur pause. Arrivé à une fenêtre, il apercevait le panneau indiquant la cantine et les salles d’eau. Tapotant la vitre, il vérifiait son épaisseur pour évaluer si elle était placée sous détecteur de mouvement. À en croire par la salissure de la vitre et la vieillesse de l’immeuble, il en doutait. Brisant un coin de la fenêtre à l’aide de la crosse de son arme, il pénétra à l’intérieur du bâtiment.  

 

Observant les lieux, il ne sentait rien de particulièrement suspect, jusqu’à entendre la sonnerie d’un téléphone, le sien : un appel inconnu. Jun est quelque peu déstabilisé. Ce numéro privé fourni par la Guoanbu pour sa mission n’était connu que d’Ishiba. De surcroît, tracé le numéro relevait de l’impossible, étant donné que la ligne se trouvait sur un satellite militaire privé. Commençant à craindre pour sa sécurité, il se décidait tout de même à décrocher.  

 

- Première étape validée ! Passons à la suivante… Murmurait la voix de Linda  

- …  

- Rends-toi au dernier étage, et rejoint le bureau au fond du couloir !  

 

Linda raccroche après avoir donné l’instruction. Jun ne sait toujours pas à quoi s’attendre. Son ami Ishiba n’avait pas sous-évalué les conseils qu’il lui avait donnés avant de partir en mission : précision et temps. Visiblement, il n’avait pas suffisamment travaillé ces deux points. Maintenant, il ne pouvait plus fuir, car s’il remettait un pied dehors, il rencontrerait la mort avec assurance.  

 

Un pas à peine franchi au bout d’un couloir qu’il reçut une déferlante de balle. Un comité d’accueil semblait être présent pour le recevoir dignement. Durement armé, ses adversaires ne comptaient pas lui laisser la vie sauve : fusil à pompe, kalachnikov, grenade, sa mort n’était pas une option. Jun avait une impression étrange, comme s’il était à l’entraînement, avec des collègues, la façon de se positionner et de tirer lui rappeler les règles de l’école de police.  

 

Après trois blessures légères et un immeuble mis en charpie, Jun atteignit le dernier étage. Le bureau du Directeur certainement. Poussant la porte, la pièce était dans le noir total, avec pour seule lumière ; la lune. Approchant de la vitre, il entend soudainement la porte se refermait derrière lui, et un point rouge viser son cœur. Se retournant, il fait face à Linda ; constatant que ce n’est pas elle qui tenait l’arme ; probablement un complice à l’extérieur.  

 

- Ton arme !  

 

Jun la jette à ses pieds. Linda enfile des gants en latex, et prends l’arme dans sa main. De l’autre, elle lance des menottes en la direction de l’espion, et lui demande de s’attacher à la chaise de bureau. Avec ce point rouge qui ne quitte pas son cœur, l’homme, irrité, ne peut qu’obéir et attendre la façon à laquelle il va être mangé, torturé.  

 

Linda vient vérifier qu’il s’est correctement enchaîné, puis, prenant une chaise, elle s’assoit à califourchon et s’installe en face de lui. S’enchaîne une scène d’observation dévastatrice. Jun n’avait jamais senti son corps se contracter d’anxiété. Le regard de Linda transperçait son âme, ses yeux foncés l’emportaient dans un tourbillon où il se noyait. Simplement en gardant un œil sur lui, elle le mettait à nu, sans mot ni violence.  

 

- Que savez-vous… ?  

 

Néanmoins, l’espion n’était pas un débutant, et il regagnait vite le large avant de sombrer. Évidemment qu’il ne dirait rien, il était forgé pour ça, et savait qu’il devait mourir au nom du gouvernement et de la sécurité japonaise et étrangère. Quitte à jouer avec les nerfs de l’autre, ils seraient deux.  

 

- Et vous, que savez-vous… ?! Sourit-il, sournoisement  

- Que ta fille Maeko à six ans, et qu’elle va à l’école primaire de Shinno !  

 

Jun pâlissait, et était comme fusillé en plein cœur. Combien de fois ils avaient changé de nom, de prénom, d’âge, de ville d’habitation, combien d’école avait fréquenté sa fille par obligation ! Tout ça pour que l’ennemi ose prononcer son véritable prénom et son âge certain. Non ! Tout ! Sa peau, sa chair, un organe, son cœur, des informations, des secrets, mais pas sa fille !  

 

- Sale pétasse… Touchez à ma fille et je vous enterre dans un trou si profond que personne ne viendra même cracher sur votre tombe !  

- Que savez-vous… ?  

 

Jun se mettait subitement à hurler de colère et de haine. Linda était une femme, censé par dame nature donner la vie ! Et rien, pas même un cil ne bougeait, qu’importe quelle vie elle et sa pourriture d’organisation pouvaient éliminer, tant qu’ils ne se trouvaient plus sur leur passage.  

 

- Deux policiers sous couverture, un ripou, et un yakuza…  

- …  

- Tu viens de les tuer tous les quatre…  

- …  

- Après avoir appris qu’il a tué deux de ses confrères, il s’est suicidé avec sa propre arme de service… C’était la mission de trop… !  

- …  

- C’est ce que ta fille entendra dans quelques années lorsqu’elle posera des questions !  

- La ferme… La ferme ! La ferme !!  

 

Jun devenait hystérique et incontrôlable, des larmes de nervosité tombaient de ses yeux rougis par la fureur ! Ainsi ils procédaient ! Cueillant le point faible de l’ennemi, ils savent enfoncer le couteau dans la lésion, et déclencher l’hémorragie. Tout son corps transpirait, il avait chaud, et il étouffait comme dans un sauna bloqué à température ardente.  

 

- Que savez-vous… ? Répète-t-elle  

 

Jun était au bord du gouffre. Un espion ne devait sous aucun prétexte, même sous la plus insupportable des tortures, dévoiler son identité et l’organisme pour lequel il travaillait. Seulement, sa fille était le bouc émissaire de l’affaire, et il préférait mourir tout en sachant que sa fille ne risquerait jamais rien…  

 

- Que savez-vous Jun…  

 

Ses coordonnées, sa vie de famille, son nom, que connaissaient-ils encore ? Son groupe sanguin, son alcool préféré ?! Jun était désemparé ! Sa fierté ébranlé, l’égocentrisme de l’agent du gouvernement prenait encore le dessus !  

 

- Vous connaissez tout de moi, mais vous êtes incapable de savoir ce que je sais sur vous ! Ricana-t-il  

 

Linda se mettait à lui sourire, calmement. Ne le quittant pas des yeux, elle récupérait dans sa poche, son téléphone mobile et compose un numéro. Le rythme cardiaque de Jun battait au rythme du bip de l’interlocuteur qui mettait du temps à répondre. Une personne décrochait, et prononçait un « oui » avec un accent russe.  

 

- Récupère le chien devant le chenil et emmène-le au vétérinaire !  

 

Jun se mettait subitement à supplier ! Étant lui-même un espion, il connaissait les phrases codées pour éviter aux forces de l’ordre de se mettre sur écoute à cause de mot clé. La « garce » osait utiliser le mot chien pour parler de sa fille ! Tout ! Tout mais pas sa tendre fille…  

 

- Je suis de la PSIA… Je travaille pour le gouvernement japonais aux ministères de la sécurité du pays et de l’étranger… Nous luttons pour le contre-espionnage… Je suis agent au département qui combat le terrorisme…  

- Finalement… Laisse-tomber… Nous irons plus tard !  

 

Avec étonnement, Linda abandonnait sa menace… Mais il savait bien qu’elle n’en n’avait pas fini avec lui, et qu’elle n’hésiterait pas de nouveau à utiliser sa fille comme argument. Jun venait d’échouer.  

 

- Nous ne savons rien de précis sur vous ! Excepté que votre gang se faisant appeler les Khisuru, fournis des preuves aux yakuzas pour les faire acquitter ! C’est tout, c’est tout ce que l’on sait ! J’ai été mis sur l’affaire pour en savoir plus…  

 

Linda le pensait honnête, et la réponse qu’il avait apporté la satisfaisait amplement. Au-delà de ça, les informations qu’il avait énuméré se présentaient comme précises et travaillées. La PSIA serait une fourmilière de plus à piétiner s’il s’intéressait de trop près à eux. Linda espérait que son dernier stratagème fonctionne. Se levant de sa chaise, elle vient prendre le visage en coupe de Jun, et lui adresse un avertissement au creux de l’oreille.  

 

- Écoute-moi attentivement… Tu vas rejoindre ton gouvernement puant, et les convaincre de ne plus traiter l’affaire ! Si je revois un homme de ton espèce, où que ta fille sois et quel que soit l’identité que tu lui donneras, je la retrouverais, et la tuerais, devant tes yeux, je suis clair ?  

 

Jun pensait avoir une conversation avec le diable en personne. Rien ! Aucun sentiment, ni pitié ni lucidité, le pouvoir rien de plus, rien de moins. L’espion était relâché, sans blessure grave apparente, mais son cœur allait lâcher par une syncope. Il voulait à tout prix rentrer chez lui, serrer sa fille dans ses bras, et l’emmener loin de ce monde.  

 

* * * * * *  

 

Lorsque Jun avait quitté la pièce, un homme avait rejoint Linda à l’intérieur.  

 

- Est-ce que Shoda a commencé le nettoyage ? Demanda-t-elle  

- Oui. Tu as eu pitié, ça ne te ressemble pas…  

- Cet homme n’était pas comme les autres, il a eu du cran ! Sourit-elle se retournant vers son camarade.  

- Tu as une stratégie en tête ?  

- J’ai vu son visage étonné lorsque tu t’es mis à avoir un parfait accent russe ! La PSIA va donner l’enquête au KGB et perdre un temps infini ainsi…  

- Tu n’as pas perdu de ta réactivité malgré ta perte de cruauté…  

 

Linda émettait un sourire dédaigneux, tout en s’approchant de son complice. Elle entoure ses bras autour de son cou, comme s’accrochant à une bouée de sauvetage. Le dévorant des yeux, elle vient lui donner un baiser langoureux, justifiant tout son être.  

 

- Tu me feras l’amour en rentrant Senichi…  

- Affirmatif !  

 

Le couple se mettait au travail : effacer toutes les preuves tangibles de leurs passages, sang, balistique, cheveux, poussière, rien ne serait laisser au hasard.  

 

Illusion.  

 

* * * * * *  

 

À la PSIA, le lendemain, une ambiance néfaste régnait. Jun était assis dans le couloir, attendant son sort. Dans le bureau de son ami Ishiba, il entendait le ministre de la défense s’agaçait.  

 

Le voilà qui quitte le bureau. Pas un regard pour Jun, pas même un regret quant à son vécu et à la menace reçu pour son enfant. Jun gagne le bureau de son ami. Le capitaine de la PSIA vient apparemment de passer un sale moment, par sa faute.  

 

- Je suis désolé…  

- Assied-toi Jun…  

 

Il s’exécute et s’assoit en face de lui. Ishiba prend un paquet de cigarette, et s’allume ce bâtonnet blanc où la nicotine soulagerait bientôt son mal de tête. Le silence se faisait, mais pas entre le capitaine et l’agent, non, c’était entre deux amis que la pause prenait place.  

 

- Tu sais… Je n’ai jamais aimé le côté administratif de ce métier ! Expliquait Ishiba.  

 

Jun commençait à paniquer. Pourquoi lui dévoiler un tel propos avec un air si détaché ? Impossible ! Le ministre n’avait pas osé le renvoyer de sa fonction par sa faute ? Le regard vide de son ami confirmait l’idée, et c’est furieux qu’il se lève ! Mais il était rapidement retenu par Ishiba.  

 

- Ne fait surtout pas ça !  

- Je ne les laisserais pas te renvoyer par ma faute ! Tu es le meilleur capitaine que la PSIA est eu ! C’est injuste !  

- Assied-toi, Jun !  

 

Kyosuke ne plaisantait pas, la colère de Jun le mettait mal à l’aise, et surtout, il ne correspondait pas avec son propre état d’esprit. Quinze années qu’il était capitaine de ce département et qu’il fournissait les meilleurs résultats. Malgré ça, il avait fallu d’une femme pour tout remettre en cause, pour tout décimer, pour douter.  

 

- Crois-moi Jun, ça prendra le temps qu’il faudra, mais je ne laisserai pas cette femme et sa cruauté l’emporter sur la justice !  

- Qui va s’occuper du dossier ?!  

- La PSIA confit l’affaire au KGB !  

- Ils auront au moins suivi l’une de nos pistes !  

 

Le silence reprenait sa place de nouveau. La tension devait redescendre. Jun trouvait Ishiba bien calme, et qu’entendait-il par « je ne laisserai pas cette femme et sa cruauté l’emporté » ? Que comptait-il faire maintenant sans son statut et les moyens du gouvernement ?  

 

- Ishiba… Nous sommes amis… Je t’en prie ne fais rien de stupide !  

- Voici tes nouveaux papiers… Dit-il faisant glisser les visas  

 

Jun prenait les deux passeports dans sa main ; le trentième peut-être, il ne saurait plus les compter désormais. À partir de ce jour, il serait « Jeff Turner » et sa fille serait « Marie Turner » résidant de la ville de Tokyo près de la baie. Sa fille redeviendrait une enfant comme les autres, et lui s’occuperait d’un club de football pour junior.  

 

- Prenez-soin l’un de l’autre surtout…  

- Kyosuke ! Imagines-tu dans quel état je me trouve ?! Dit-il se levant, violemment  

- Je t’en prie Jun… La vie de ta fille est le plus important pour l’instant !  

- Mais… Je… Et toi… ?  

- Ne te préoccupe pas de moi ! Nous nous reverrons, ne t’en fais pas !  

 

Kyosuke ne laisserait un mot de plus sortir de la bouche de son ami. Il lui ordonnait de quitter son bureau et de le laisser seul. Jun remercie du bout des lèvres son ami, et rejoint sa fille dans la pièce à côté. L’enfant saute dans les bras de son père qu’il récupère au vol. Serrant son trésor dans ses bras, il lui murmure de manière très ému,  

 

- Chérie… Nous allons devoir à nouveau jouer à cache-cache…  

- Encore ?!  

- Désolée mon cœur…  

- D’accord… Quel nom de princesse j’ai pour la nouvelle partie ?  

- Marie… Tu seras Marie…  

 

L’enfant de six ans se mettait innocemment à rire dans les bras de son père, heureuse de s’amuser de nouveau avec lui. Dans son imagination de petite fille, « Marie » devait certainement penser à la nouvelle couleur de sa chambre, les nouveaux jouets qui veilleraient sur elle, la forme qu’auraient le jardin où s’amuser, la tête qu’auraient ses nouveaux voisins. Son seul regret serait les amis auxquels se détacher. Naïvement, elle oubliait que c’était le douzième déménagement, et que c’était le huitième prénom de princesse qu’elle portait, jusqu’à en oublier le véritable, donné par sa défunte mère.  

 

*** _ Retour à aujourd’hui _***  

 

Kaori versait des larmes pour « Maeko ».  

 

Marie, au dernier mot prononcé par Ishiba, était partie dans les toilettes de l’avion libérer son estomac. Jusqu’à quel fond de ses entrailles elle avait enfouit tout ce passé ? Honnêtement, elle ne souvenait pas de chaque moment, mais les sentiments qu’elle avait ressenti à ces instants, l’avaient envahi subitement, prenant en otage toute son âme, et mutilaient son cœur ; s’en suivie une crise de larme effroyable. Jeff s’appuyait sur la porte fermée à clef. Suppliant sa fille de le laisser entrer, Marie le repousse violemment, en l’implorant de la laisser tranquille.  

 

Ishiba déverrouille la pédale de son fauteuil roulant, et tourne le dos à Jeff, son ami de toujours, pour lequel il éprouve une grande peine en cet instant.  

 

Ryô lui, éprouve une immense colère. Il n’ose imaginer l’état mental de Kenji, qui assit derrière lui, ne cesse de regarder la nuit tomber, dans le plus inquiétant des silences. Ishiba était peut-être capturé par le sentiment malheureux de son ami, mais Ryô voulait connaître l’histoire jusqu’à la dernière page.  

 

- Et Hélène… ?  

 

*** _ Douze ans avant aujourd’hui _***  

 

Jeff stationne sa voiture devant le portail de la villa et pose sa tête sur le siège. Depuis la nuit dernière, il ne s’est pas reposé. Son esprit est rempli de sentiment différent faisant un mauvais mélange. Déjà tôt ce matin, il avait débarqué au bureau de la PSIA, souhaitant parler au capitaine du département qu’occupé anciennement son ami Ishiba. Depuis que le KGB avait repris le dossier « Linda », en six années, rien, pas même un indice sur des planques, des noms, aucune information n’étaient tombées entre les mains des services secrets russe. Après ce silence égal au néant, enfin, un indice tombait du ciel. Le dossier allait pouvoir être rouvert, et sa vengeance se concrétiser.  

 

Malheureusement, ni la PSIA et pas même le KGB ne travaillaient encore sur l’affaire. Le Capitaine n’avait pas voulu donner des arguments à Jeff - il n’était qu’un ancien espion assez stupide pour se faire démasquer et manipuler. Ayant gardé de la ressource, Jeff avait réussi à dérober un dossier dans le bureau du secrétaire. Feuilletant ce dernier, il avait été surpris de constater que l’affaire « Linda » avait été confié à la Guoanbu, ministère de la sécurité Chinoise. Après le Japon, la Russie, la Chine rentrait en scène. Que signifiait ce roulement ? Une stratégie ? Qu’importe ! Jeff voulait à tout prix savoir ce qu’il en était !  

 

Ouvrant sa portière, il se dirige à l’arrière du véhicule. Ouvrant la porte, il prend dans ses bras une enfant qui dormait sur la banquette.  

 

Le Capitaine chargé de l’affaire résidait dans cette villa, appartenant à son gendre. L’adresse n’avait pas été évidente à trouver, mais par chance, Ishiba avait désormais des sources clandestines.  

 

Arpentant l’entée parsemait de gravier blanc, Jeff était soudainement intrigué par de nombreuses personnes qui occupaient le domaine, vêtus de noir. Certains pleuraient, pendant que d’autre s’abandonnaient à d’agréable souvenir. Visiblement, ce n’était pas le jour pour déranger. Que le ciel lui pardonne son impertinence, mais au fond de lui, Jeff sent qu’il doit absolument intervenir ce jour, même s’il est funeste. S’approchant de l’un des invités, il demande poliment,  

 

- Bonjour… Pardonnez-moi, mais je cherche Monsieur Shen-Yeng…  

- Vous constaterez que mon beau-père ne reçoit personne aujourd’hui ! Dit-il sur un ton agacé.  

- Je suis navré… J’aurai préféré choisir un autre jour, mais je ne permettrais pas telle insulte si ce n’était pas important…  

- Monsieur Shen-Yeng vient de perdre sa fille… Ma femme par conséquent, croyez-moi, rien n’a d’importance aujourd’hui… Dit-il lui tournant le dos  

- Croyez en mes condoléances les plus sincères… Mais je viens pour une enfant moi aussi… Insiste Jeff  

 

L’homme stop ses pas, et se retourne. Une petite fille à l’allure fragile et au corps blessé, dormait dans ses bras. Inopinément, un homme aux allures imposantes descendait les escaliers. Son visage détaché de la planète terre faisait trembler tout le corps de Jeff.  

 

- Cet homme vous importune Kyo… ?  

- Navré de vous déranger dans un jour si pénible… Mais je dois absolument m’adresser à la personne en charge du dossier « Linda » !  

 

Da dévisage Jeff. De haut en bas, il constate qu’il a à faire un homme audacieux, mais en même temps terriblement effronté. Le caractère orgueilleux qu’il semble présenter l’amène à croire qu’il est un ancien agent du gouvernement. Le fait qu’il cite l’affaire « Linda » en est une preuve formelle. Ce jour est le plus inhumain à vivre pour un père, quitte à rendre la journée macabre, qu’elle le soit pour une juste cause.  

 

- À qui ai-je l’honneur ? Questionne Da  

- Pas devant l’enfant !  

 

« L’enfant » ? Parlait-il du paquet qu’il tenait dans ses bras comme une bombe ? Quel raffut pour une simple fillette ! Bien que, s’agissant de « Linda » tout était possible.  

 

Kyo sentait l’atmosphère se tendre et le retomber ne serait guère réjouissant. Il détestait lorsque son beau-père tenait ce visage, ce même faciès qui avait envoyé sa femme, sa propre fille à la mort. L’instinct paternel qu’il avait commencé à découvrir, se propage, et c’est tendrement qu’il vole la petite fille des bras de Jeff, sans autorisation ni dérogation.  

 

Maintenant qu’ils étaient seuls, Monsieur Shen-Yeng indiqua à Jeff un salon où il serait bien plus tranquille pour discuter. S’installant chacun dans un fauteuil, se fut agité que Jeff contait sa nuit précédente.  

 

L’ancien agent du gouvernement avait souhaité commencé par son passé d’espion au sein de la PSIA, mais Da l’arrêtait aussitôt en lui faisant comprendre qu’il avait eu vent de l’affaire. Le KGB avait il y a tout juste cinq années, redonné le dossier à la « Guoanbu » concernant le dossier « Linda » est le débriefe du commencement à aujourd’hui avait été notifié à Da.  

 

Jeff, finalement heureux de ne pas revenir sur la partie de sa vie la plus difficile, en venait rapidement au fait. La nuit dernière, un homme avait déposé devant sa porte une enfant, une fille, à peine âgée de cinq ans. L’inconnu avait indiqué son prénom ; Ielena, et avait rajouté qu’elle lui été destiné. Mais à peine Jeff eut terminé son récit, que Da se lève immédiatement et s’enfui dans les couloirs de la villa.  

 

À la simple prononciation de ce prénom, Monsieur Shen-Yeng avait bondit de sa chaise, et demanda précipitamment à voir l’enfant. Suivant Da à la trace, Jeff ne compris pas tout de suite le bouleversement de son comportement ; une scène pour la moins déstabilisante l’attendait.  

 

Ouvrant la porte, sans délicatesse, Da tombe sur une scène sinistre. Kyo, son gendre, est en train de pleurer près de l’enfant. L’ayant défaite de la couverture dans laquelle elle était enroulée, Monsieur Shen-Yeng apercevait parfaitement l’enfant, et n’émettait plus aucun doute sur son identité.  

 

- Ielena… Souffla Monsieur Shen-Yeng  

 

La petite fille était dans un état pitoyable. Nombreux pansements décoraient vulgairement son visage et son corps, sans parler de ce bandage à la tête. La lourdeur de son sommeil indiquait que les derniers jours pour cette enfant n’avaient été lumineux.  

 

Jeff ne comprenait pas la situation. Pourquoi le gendre de Monsieur Shen-Yeng se mettait dans cet état ? Qu’il soit déprimé par la mort de sa femme, il comprenait, mais quel lien l’enfant avait-elle ?  

 

Reprenant ses esprits, quelque peu, Monsieur Shen-Yeng laissa Kyo seul, et accompagna de nouveau Jeff dans le salon. S’allumant un cigare cubain, il s’étend dans le fauteuil, et masse sa tempe gauche. Après quelques lattes tirées sur la barre à tabac, Da s’envole dans le passé pour éclaircir le présent de Jeff.  

 

Cinq ans auparavant, le KGB, dernier organisme d’état à avoir entre les mains le dossier « Linda », avait contacté la Guoanbu. Sur leur territoire, se trouvait la fameuse « Linda », vendetta du gang Khisuru, bande criminelle japonaise. Le comité de sécurité russe, avait classé l’accusée en fiche S, soit la classification la plus haute en terme de délinquance.  

 

Da trouvait l’affaire particulièrement délicate, étant donné le parcours meurtrier, argumenté par une seule femme. Arpentant la chronologie du dossier, Monsieur Shen-Yeng avait remarqué que seul des hommes avaient été attachés aux missions. Peut-être qu’une femme serait moins repérable et moins soupçonnable aux yeux de la tortionnaire que paraissait être « Linda ».  

 

L’idée avait été validée par le ministère, seulement, une seule et unique femme travaillait au département, Hua Shen-Yeng, la propre fille de Da Shen-Yeng. Malgré les craintes, le père qu’il était ne pouvait rivaliser avec le Capitaine professionnel qu’il dévoilait. Néanmoins, c’était uniquement tous les deux, seul à seul qu’ils avaient décortiqué le dossier, et mit au point une stratégie. Plus l’affaire avancé, plus Hua était excitée. C’était la première fois que son père la mettait directement au front, sur une affaire importante. La confiance qu’il lui accordait en tant qu’agent illuminait la jeune fille qui admirait son père et le capitaine de la Guoanbu.  

 

Toutefois, la Chine était bien plus que vaste, et après une dernière apparition à l’aéroport d’Hong Kong, « Linda » c’était comme volatilisée. Hua ne voulait pas commencer par le complexe et le compliqué. À chaque intervention calculée par les anciens ministères des gouvernements Japonais et Russe, les tentatives avaient littéralement échoué. Hua percevait une subtilité dans les actes de « Linda » et voulait s’investir bien plus dans sa psychologie pour ensuite décider d’une stratégie. La sanguinaire avait toujours un coup d’avance, Hua voulait absolument en avoir deux !  

 

Hua avait passé des semaines entières à étudier et réétudier le comportement de « Linda », ses citations, ses capacités, sa façon de combattre et d’agir. Qu’importe les alliées, ce genre de « vendetta » n’avait en réalité besoin de personne ! Les ficelles, elle les tirait probablement en solo, sans se préoccuper de ses collaborateurs, juste présent au cas où la situation ne tournerait pas en sa faveur. Ce qui inquiétait pourtant Hua, c’était les preuves inexistantes ! Très peu de photo d’elle, jamais arrêté pour être interrogée, c’était comme si Dieu en personne veillait sur elle ! Et si ce n’était pas des partenaires du milieu de la mafia qui l’aidait et la finançait ? Et si c’était bien plus haut que l’opération se composait ?  

 

Après des heures d’acharnements à tourner et retourner des pages de dossier rédigées par la PSIA et le KGB, il était temps pour Hua d’aller sur le terrain ! Tout d’abord, elle avait envoyé une équipe en repérage à mille kilomètres de périmètre d’Hong Kong. Aucune trace, ni même un indice. Rien, « Linda » n’était plus une vendetta, pas même une légende, mais un fantôme.  

 

Hua avait tout d’abord fouillée les grandes villes et les grands axes de la Chine. Éparpillée dans les grandes agglomérations, « Linda » serait plus difficile à repérer. Ce pays de l’Asie de l’Est n’était pas en reste en terme de pègre, et trouver des associés ou complices ne seraient guère difficile pour elle. Toujours est-il qu’après onze mois de traque, Hua faisait choux blanc ! Plus les mois avançaient, et plus l’affaire devenait viscérale et pour l’agent qu’elle était, fille du Capitaine de la Guoanbu, une certaine fierté commençait à prendre le dessus.  

 

C’est ainsi que Hua avait tout remis en question. Changeant complètement de stratégie, elle avait décidé de réduire de plus de moitié son équipe, et d’agir seule. Sans relâcher la pression, les décisions radicales qu’elle avait prises portait enfin ces fruits !  

 

Alors qu’elle se trouvait dans un marché à Jiangxi, village pauvre de Chine, Hua avait à l’intersection d’un stand, croisée Linda. Se retournant précipitamment, l’agent avait failli perdre le contrôle, et comptait agir sans réfléchir. Son professionnalisme la stoppa à temps, et une image plutôt inattendue se présenta à Hua.  

 

Une traque sans fin c’était observée entre Hua et elle-même…  

 

Linda faisait le marché terriblement innocemment, et ses mains agrippées une poussette d’enfant avec… Amour…?  

 

Linda arpentait un état d’esprit amical. Absolument rien de ce qu’elle dégageait ne résumait la femme terrible que Hua avait étudiée. Son sourire n’était pas mensonge, l’enfant qui ne cessait de gazouiller « maman » rendait le monstre de légende, en véritable déesse protectrice. Une petite fille âgée d’une année passée ne cessait de regarder tendrement la divinité et portait le doux nom d’Ielena.  

 

Hua avait suivi Linda jusqu’à son domicile. Elle vivait en dehors du village, dans un champ, où une cabane leur servait de maison. Après un repérage de quelques jours, Hua avait contacté son père.  

 

La situation résumée, son père voulait impérativement qu’elle agisse avec son équipe. Hua n’était pas de cet avis. Depuis un an qu’elle recherchait Linda, elle ne voulait surtout pas se faire envoler sa chance de l’arrêter ! Agir à plusieurs, c’était réveiller ses sens de tueuse, et elle sentirait le danger à cent kilomètres ! Le mieux, c’était qu’elle pactise avec Linda, de manière subtile, en prenant son temps. Se référer aux précédents agissements de la PSIA ou du KGB, c’était dire adieu à l’arrestation de la femme la plus recherché du monde.  

 

Finissant par abdiquer au plan de sa fille, et à condition qu’il soit informé en permanence, Monsieur Shen-Yeng avait laissé une totale liberté à Hua.  

 

- À tort…  

 

À long terme, Hua avait fini par instauré un climat de confiance avec Linda, se faisant passer pour une simple vendeuse sur les marchés. La nuit où Hua comptait rentrer en action et procéder à l’arrestation de Linda, Monsieur Shen-Yeng n’avait plus reçu aucune nouvelle de sa fille. Après vingt-quatre heures sans signe de vie, Da avait rassemblé les meilleurs hommes de la Guoanbu, et c’étaient rendu à Jiangxi. Des heures et des heures de recherches, avant de retrouver sa fille inconsciente et gravement blessé à l’intérieur d’une ferme abandonnée. Évidemment, une fois de plus, Linda c’était évaporée. Sa fille hospitalisée en urgence, avait été drogué par Linda, afin qu’elle ne se souvienne plus des derniers jours écoulés.  

 

Le dossier de l’affaire « Linda » classé sans suite, une fois de plus.  

 

- Après quatre ans de silence, et d’inactivité, le KGB nous a contactés il y a une semaine…  

 

Le département de la sécurité Russe, était sur un dossier d’ordre classique : un bateau de tourisme était soupçonnait de parlementer avec la mafia russe. Transportant de la drogue et des armes sous cette basique couverture, rien ne semblait exceptionnel, jusqu’à ce que le capitaine du KGB évoque le nom du gang : Khisuru. Où était ce gang, Linda ne traînait guère loin. Apprenant la nouvelle, Hua avait tenu personnellement à faire partit de l’équipe qui serait envoyé en mission.  

 

Ce que toutefois le KGB n’avait pas avancé comme théorie, c’était l’effroyable idée que le gang Khisuru pu émettre un attentat à bord d’un bateau touristique. Aucun des trois gouvernements n’avait su pour quelle raison une telle extrémité avait été commise par les Khisuru. Dans l’épave du paquebot, seulement de la drogue et des armes avaient été retrouvé. Les mafieux se rendaient aux services de l’ordre pour beaucoup plus que ça. Quelles véritables preuves de leur trafique avaient-ils réellement voulu dissimuler ?  

 

Trente-deux personnes avaient survécus et sa fille ne faisait pas partit des rescapés. Son corps avait été retrouvé dans les débris du navire. Après autopsie, Hua n’avait ni été tué par le souffle de l’explosion ni par noyade, mais d’un neuf millimètre, tout droit visé en plein cœur.  

 

La balistique, une fois analysée, résulta que la balle venait de l’arme de Linda.  

 

- Vous avez repêché le corps de Linda ? Fut surpris Jeff  

 

Son corps flottait dans les eaux de la Mer du Japon. Linda avait également était tuée par balle. Hua avait eu le temps d’abattre son adversaire, avant de succomber à sa blessure. Un combat sans merci avait dû avoir lieu entre les deux femmes.  

 

- Avait dû ? Questionna Jeff  

 

« Avait dû » car une fois que la police scientifique avait terminé leurs analyses – grâce aux récupérations nombreuses de pièces à convictions du navire sombré – il c’était avéré qu’ils s’étaient trompés sur l’identité des trafiquants. La cargaison d’arme et de drogue appartenait à un tout autre gang, les Shu’Kiru, toute jeune délinquance japonaise.  

 

Était-il des complices ? Est-ce qu’une éventuelle négociation naissait, mais qu’elle avait mal tournée ? La Guoanbu comme la PSIA l’ignorait…  

 

Da n’aurait imaginé que Linda puisse embarquer sa fille à bord du bateau. Décidément, pas même le sentiment de « mère » ne ramenait à la raison cette femme abjecte. Monsieur Shen-Yeng ne pouvait par rancœur, laissé l’enfant entre les mains de n’importe qui ! Qui sait ce que sa répugnante de mère lui avait appris !  

 

Jeff comprenait humainement l’amertume de Monsieur Shen-Yeng, il partageait le même sentiment. Malgré tout, Ielena n’était qu’une enfant de cinq ans, et un mystère sur son parcours planait encore. Pourquoi l’avoir déposé devant sa porte à lui ? Quel intérêt ? Est-ce que Linda, par vengeance, avait ancré sa fille à la haine, et souhaitait émettre sa menace à exécution envers Jeff ? Ielena serait-elle une arme redoutable en grandissant ? Difficile à croire ! L’enfant n’avait que cinq ans, que pouvait-elle émettre comme menace ?  

 

- Je voudrais la garder avec moi si c’est possible… Proposait Jeff  

- Vous êtes fou ?! Vous manquez de lucidité ! Dois-je vous rappeler qui est sa mère, et ce qu’elle vous a fait subir ? Vous n’avez pas été choisi au hasard !  

- Certes… Mais vous exagérez… Ielena n’a que cinq ans, je ne crois pas qu’elle soit une menace…  

- Votre naïveté vous aveugle ! Et votre sentiment de père également !  

- Monsieur Shen-Yeng, avec tout le respect que je vous dois, ne laissez pas votre sentiment de père blessé fermer vos yeux sur l’humanisme… Ce n’est qu’une enfant…  

- Une enfant qui sort des entrailles d’une femme sans pitié… Une femme qui était recherchée à travers toute l’Asie et l’Union Soviétique… Nous ne savons rien de Linda et encore moins d’Ielena !  

- Je sais… Et je comprends les risques de la garder auprès de moi… Mais vous n’êtes pas le seul à vouloir reprendre votre revanche sur l’affaire Linda !  

 

Kyo écoutait derrière la porte la conversation de ces deux hommes envahis par la haine et la vengeance. Hua était morte, Linda était anéantie, et son beau-père et cet ex-agent de la PSIA parlaient encore de revanche ? Contre qui ? Contre quoi ? Une petite fille de cinq ans qui avaient connu le pire ? Kyo comprenait les choix de sa femme dans le passé, et serait terriblement malheureuse d’assister à ça…  

 

- En tant qu’ancien agent de la PSIA, je peux bénéficier de la protection des témoins… Pour moi et ma fille… Justifia Jeff  

- Vous êtes conscient de devoir tout recommencer à zéro, une énième fois…  

 

La clairvoyance de Jeff était quelque peu brouillée par les différents sentiments que traversait son cœur actuellement. Tout recommencer ne servirait à rien ! Visiblement, Linda avait tenu sa promesse : quel que soit son identité, elle serait le retrouver. Aujourd’hui, n’étant plus de ce monde, le noyau de la terreur ne serait plus difficile à combattre. La seule mission qui importait à Jeff désormais, c’était de cacher Ielena au réseau des Khisuru. N’émettre aucun soupçon allait être compliqué. Ielena ressemblait intensément à sa mère. Jeff devait également taire sa nuance d’agent ou d’espion. De ce point de vue, il serait soutenu par son ami Ishiba.  

 

- Ai-je votre accord ? Demanda Jeff  

- Vous l’avez…  

 

Jeff a l’impression que tout son corps est sur le point de lâcher. Une nouvelle fois, le père de famille compte imposer un changement de plus à sa fille. Depuis qu’ils étaient les Turner, la vie semblait paisible, et simple. Mais le passé avait fini par les rattraper, en leur murmurant qu’ils n’avaient pas le droit à la liberté. Ce genre de vie parfaite ne leur était pas destiné.  

 

Jeff se lève, les jambes tremblantes et flageolantes. Il s’incline devant Monsieur Shen-Yeng, et souhaite absolument quitter cette pièce où une atmosphère tendue et écrasante s’était modulée. Tournant le dos au capitaine Chinois, Da le mettait en garde, encore.  

 

- N’oubliez jamais qui est cette enfant…  

- Croyez-moi… Je ne l’oublierais pas…  

 

À compter de ce jour, Ielena avait succombé à l’accident du paquebot touristique, emportée par les vagues qu’avaient causé l’engloutissement du bateau.  

 

À compter de ce jour, Hélène Turner entrait dans le tourbillon de la vie.  

 

*** _ Retour à aujourd’hui _***  

 

Un silence d’église prenait au cœur tous les passagers de l’avion. Quiconque n’avait imaginé qu’un tel passé pouvait envelopper une simple adolescente de dix-sept printemps. Déjà pris aux tripes par l’histoire d’Hélène, le plus obscur restait à découvrir.  

 

*** _ Deux années avant aujourd’hui _***  

 

Caleb feuilletait le dossier donné par Monsieur Shen-Yeng.  

 

Hélène Turner, née Ielena ; dossier n° PKG-08-IW. Agents sur l’affaire : Caleb Singh, lieutenant à la Guoanbu et Jacob Cox, agent de terrain. Mission : infiltrer le réseau criminel ; Ni’Aku, se faisant appeler anciennement ; Khisuru.  

 

Au fur et à mesure qu’il tournait les pages, Caleb fut interpellé par ce nouvel élément, non évoqué jusqu’à présent. Une photo où se trouvaient un homme d’origine russe et une femme de même nationalité, l’intriguait.  

 

- Qui sont ces personnes ?  

 

Monsieur Shen-Yeng, Jeff et Ishiba se regardaient. Avec bien plus de force, c’est Ishiba qui commençait l’historique de ces deux nouveaux joueurs.  

 

- L’homme se nomme Vlad Lowski ! À ses côtés, son bras droit, Erika Rosenberg…  

 

Ishiba, devenu désormais chef du gang clandestin les « Ten’Shi’Koo » ; relayant ainsi la PSIA et la Guoanbu ; avait commencé par envoyé un indic en Chine. Da pensait que Linda n’avait pas choisi ce pays il y a quelques années au hasard pour s’y réfugier. Après plusieurs mois de terrain sur le territoire chinois, l’indic avait fini par rassembler des éléments capitaux.  

 

Ses indices l’avaient menait vers la « Chendaofei », mafia taïwanaise, recrutant dès le plus jeune âge pour « fabriquer » des machines de guerres redoutables. Soudoyant l’un des recruteurs de l’organisation, l’indic avait pu obtenir des informations décisives. Montrant une photo de synthèse de ce qu’aurai été Linda enfant, grâce au faciès de sa fille, le recruteur avait pâli devant le cliché. L’informateur avait réclamé le double de la somme proposé par l’indic pour dévoiler tout ce qu’il savait. Apparemment, converser de « Linda » avait un prix, un prix pouvant vous permettre d’échapper à la mort. Réunissant l’argent désiré par le témoin, bientôt le gouvernement chinois n’allait pas regretter ce financement.  

 

Le recruteur avait bel et bien reconnu Linda. Elle était la meilleure des recrues. Déposée à l’âge d’un an à la Chendaofei, l’enfant se présentait comme surdouée. Haute comme trois pommes, elle apprenait rapidement et à vitesse fulgurante. Sachant à peine parler, sa capacité à la réflexion lui servait à communiquer. Avancée d’une dizaine d’année, elle obtenait les meilleures notes, et répondaient continuellement aux exigences des exercices mentales et physiques. L’usage voulait qu’au maximum de leur capacité, ils finalisent leur entraînement par une épreuve formelle. Le but était de savoir s’il serait capable de tuer leur meilleur ami, l’alliée en qui il avait le plus confiance. Seulement voilà, Linda n’était pas une élève comme toutes les autres et tout au long de son éducation militaire, l’enfant ne c’était faite aucun ami. Lorsque l’épreuve était arrivée, elle avait éliminé tous les participants, un à un, sans pitié ni regret. La folie et le goût de la tuerie faisaient briller ses yeux.  

 

Exécuter devenait viscérale pour l’enfant et la Chendaofei avait des craintes quant à la garder dans l’une de leur organisation. Son indépendance serait un danger et la peur de ne pas savoir la contrôler serait un point faible pour les taïwanais. Cependant, sacrifier un tel talent serait du pur gâchis ! Dès lors, ils avaient décidé de la vendre au plus offrant.  

 

Un homme avait eu vent des capacités exceptionnelles de la jeune adolescente, et dompter le fauve qu’elle était ne lui faisait aucunement peur. L’acheteur ambitieux, c’était Vlad Lowski. Venant d’épuiser tous ses potentiels bras droits russe, le mafieux voulait tenter l’expérience du pays taïwanais. C’est ainsi que Linda était devenue sa fille adoptive, son ultime alter-égo.  

 

Éclaircis sur les fragments du passé de Linda, découvrir qui était Vlad Lowski avait été bien plus difficile. L’homme n’était ni un fantôme ni une légende, mais une illusion, une chimère. Sept années de recherche sur Vlad Lowski pour ne rien obtenir. Ce manque d’accessibilité, prouvait son appartenance à une organisation passé au plus haut de l’échelle hiérarchique. La Guoanbu et la PSIA en avaient conclu que le marionnettiste de cette pièce de théâtre qui n’en finissait pas, agissait depuis très longtemps dans l’ombre, et sous silence. Les collaborateurs du « patron » de ce réseau illimité, portaient probablement des noms populaires, aux professions respectées.  

 

- S’il est tellement inaccessible, comment avez-vous réussi à le chopper ?! Demanda Caleb  

 

Après la mort de Linda, Vlad Lowski devait trouver un nouveau bras-droit. Mais saisir une efficacité parfaite comme l’était sa précédente collaboratrice, n’était pas mince affaire. Au départ, Vlad Lowski se voyait sûrement atteindre les sommets avec Erika Rosenberg, malheureusement, sa nature sanguine coûtait au russe. Les fuites dans lesquelles la Guoanbu et la PSIA avaient pu s’infiltrer avait été causé par Erika. Sa nature sanguine la rendait indomptable, incapable de s’arrêter dans l’excès, rien et encore moins personne ne devaient lui résister. Lors d’un trafic d’armement, osant tenir tête à l’acheteur, Erika s’était frottée au mauvais adversaire. D’ordinaire, les clients se faisaient tout petits devant la puissance de Vlad et d’Erika, le duo fonctionnait grâce à leur insensibilité totale. Mais cet acquéreur la, débutant dans le milieu, avait laissé sa naïveté prendre le dessus. Ne supportant pas d’être tenu tête pas une femme, il avait balancé sa dernière planque. Des photos de la jeune femme avaient été envoyées dans une enveloppe anonyme au commissariat de Tokyo. Les clichés montraient Erika, en pleine négociation dans un appartement de luxe en centre-ville. Évidemment, une patrouille avait été envoyée sur les lieux, ignorant totalement qui était Erika Rosenberg. À leur arrivé, l’appartement était vierge de toute trace, excepté le corps du dénonciateur, gisant dans son propre sang sur la moquette.  

 

Un indic d’Ishiba avait observé la scène, et avait par conséquent, fait des recherches sur ce mouvement étrange. Pour la première fois depuis des années, la PSIA et la Guoanbu avait un visage de la « vendetta » au service des Ni’Aku, et par conséquent, de Vlad Lowski.  

 

La Guoanbu ne voulait en aucun cas sacrifier la pépite qu’était cet indice. Les infiltrés qui occupaient le terrain des gangs de Yakuzas ; dont ceux d’Ishiba ; faisaient circuler une nouvelle. Le gang Ni’Aku se séparait de nombreux collaborateurs et hommes de mains, suite à cette affaire qui avait tourné mal à propos.  

 

La mission de Caleb commençait ici. Ishiba avait entretenu la rumeur d’un nouveau yakuza se faisant appeler le « Soul Eater ». Le lieutenant Singh serait « le chasseur d’âme ». La délicatesse, la finesse, la pure et simple transparence seraient la symphonie à jouer. Vlad Lowski était un homme redoutable, et obtenir sa confiance engendrerait certains sacrifices.  

 

Caleb se devait de faire taire ses valeurs et ses principes, toute la justice qu’il prône tomberait dans un puits sans fond. L’agent allait devoir se plier aux exigences criminelles du russe, sans paraître.  

 

Déglutissant quelque peu, Caleb se demandait s’il était le bon profil pour exercer la mission. Ce n’était pas sa première couverture de truand, mais avoir à faire avec les russes étaient une autre cours d’école. La pitié, ils ignoraient le sens même du mot, la conquête sans foi ni loi, voilà le code d’honneur. Le jeune lieutenant avait véritablement douté, puis il regardait intensément la photo de l’enfant, Ielena. Était-ce sa sensibilité de jeune homme, où des pièces du puzzle avaient été laissées de côté concernant l’histoire de cette famille qui le mettait en émoi. Ce métier qu’il aimait tant, portait le symbole de la justice. Le récit de Linda, Ielena et Vlad Lowski l’intriguait.  

 

- J’accepte votre mission Capitaine !  

 

Jacob s’inquiétait pour son ami. Les faits paraissaient troubles, et les trois hommes présents dans cette pièce arpentaient un air revêche, presque insistant. L’agent ne parvenait à entrevoir ce qui était le plus important ? Savoir qui était le noyau de cette terreur et le détruire, ou utiliser des faits passés pour revendiquer une forme de vengeance…  

 

- Jacob !  

- Oui Capitaine !  

 

Monsieur Shen-Yeng dictait la mission prochaine de son agent. L’affaire dans laquelle Jacob serait associé était liée à celle de Caleb. Pour l’instant, le jeune homme serait mis sur d’autre dossier, mais il devait se tenir prêt à intervenir, dans l’éventualité où la couverture de Caleb serait corrompue. Il était évident que leur ancienne collaboration dans le passé, ne résulterait que de la performance si le pire arrivait.  

 

Linda, Ielena, Vlad Lowski, Erika Rosenberg, la hiérarchie du réseau le plus craint de la Chine, la Russie et le Japon était identifié. Les jeux étaient faits, et le ton donné…  

 

*** _ Retour à aujourd’hui _***  

 

Hélène, quinze ans, serveuse à mi-temps dans un restaurant de la ville de Shinjuku. Adolescente solitaire, et pourtant Ô combien aimante, cachait un passé bien trop lourd pour ses frêles épaules. Enfant chinoise d’origine russe, elle portait en réalité le doux prénom d’Ielena. Élevée génétiquement par la plus recherché des criminels et indirectement généalogiquement par Vlad Lowski.  

 

Qui l’aurait cru…  

 

Qui aurait cru que derrière la montage de terreur qu’était cet idéaliste bipolaire, pouvait se cacher la grâce… L’innocence… Chacun ne pouvait imaginer la réaction d’Hélène après avoir entendu l’échelle de son passé.  

 

Ryô croyait fermement en la force mentale de sa protégée, et c’est avec sérénité et recule qu’elle avait certainement écouté les écorchures de ses origines. Bien que, malgré qu’il souhaite se rassurer, quelque chose dans son regard avait changé. La façon de définir le monde des nettoyeurs par exemple, la rage dans ses yeux, la férocité dans sa peau, l’injustice aux bouts de ses lèvres rouges qui prononçaient des mots bien trop hauts pour sa jeunesse fraîche. Hélène essayerait-elle d’écrire une page plus équitable de sa famille… ? Mais surtout, essayerait-elle de découvrir celle manquante à son histoire…  

 

Kenji ne disait rien, tapissait par les émotions. Le passé de sa meilleure amie et de sa bien-aimée, ça faisait beaucoup pour un homme habitué à éliminer tout sentiment. La vie antérieure de Marie était foudroyante. Jamais, jamais Ô grand jamais il n’aurait dessiné l’esquisse d’une petite fille naïve, sensible, acceptant la condamnation de n’avoir aucune enfance uniforme. Quant à Hélène… Étrangement, il s’y attendait, étrangement, un autre récit l’aurait étonné, étrangement, il ne ressentait rien de particulier… Parce que…  

 

Marie sort des toilettes, subitement, bousculant son père avec mépris, oui, du mépris, en réalité, elle les méprisait tous, tous pour avoir osé utiliser une enfant de cinq ans, innocente. Ils pouvaient se pavanaient de tout savoir ces bureaucrates de la justice. Ô, ils avaient fière allure dans leur uniforme, qualifiant leur pouvoir donné par ces gouvernements corrompus, mais savaient-ils définir véritablement ce qui était juste ? Savaient-ils, malgré, oui, certes, son irresponsabilité de sœur aînée, savaient-ils tout le mal qu’ils avaient commis et aller probablement commettre encore ?!  

 

Encore une fois, c’est Kenji qui calme les tensions de Marie en lui attrapant la main, et il avait ses raisons, une raison. D’une voix grave, semblant éprouvé du dédain, il demande, avec inélégance et ennui,  

 

- On peut savoir comment on s’est tous retrouvé dans ce merdier ?  

 

Ryô est pour le moins surpris. Est-ce tout ce qu’il ferait paraître de la compassion envers celle qu’il aimait ? Fronçant les sourcils, il s’apprêtait à corriger sévèrement son ami, pensant que dans une telle situation, Hélène valait mieux que du mépris, mais une main chaude stop son action. Kaori le regarde de son air le plus sérieux, le plus droit, celui qui lui fait comprendre que l’instant est important et qu’il ne doit absolument rien perdre des informations prochaines. Comme toujours, il fait confiance à sa partenaire, et se concentre sur le fauteuil d’Ishiba qui se rapproche un peu plus d’eux pour répondre à la froideur de Kenji.  

 

- Mais c’est à cause de vous, Homura…  

 

C’est un soir similaire à tous les autres. Ishiba se masse les tempes, fatigué d’apprendre par ses collaborateurs que Caleb ne parvient à gagner la confiance totale de Vlad Lowski. Pour l’instant, leur agent n’est qu’un pâle homme de main, devant exécuter les simples ordres tortionnaires du russe. Le temps presse, le temps coûte de l’argent, de l’énergie, de la force mentale, et bientôt le lieutenant Singh sombrerait dans la folie s’il continuait à exécuter sans raison les gêneurs du démon. Colérique, il s’apprêtait à balancer son stylo contre le mur, pensant que cela guérirait tous les maux, mais il est interrompu par trois coups donnés à sa porte.  

 

- Entrez ! Dit-il d’une voix grosse et agacé  

 

Un homme rentre, et à sa surprise, il s’agit d’un indic, mais un indic particulier, ceux de la PSIA, infiltré.  

 

- Que fais-tu ici, tu sais que tu n’as pas le droit de venir à ce repaire ?!  

- Je le sais bien Capitaine, mais nous avons un problème !  

- J’imagine pour que tu oses prendre un tel risque !  

 

Le risque, c’était en réalité un gêneur, un curieux qui c’était mis en tête de démasquer l’homme, que dit-il, le monstre qui depuis plusieurs semaines étaient le responsable de la disparition sans trace de femmes.  

 

- Qui est-il ? Questionne Ishiba  

- Pour l’instant nous ne savons rien sur lui, les yakuzas des environs sont très discrets à son sujet !  

 

Ishiba ne pouvait pas se contenter de cette réponse. Toutefois, pour que les yakuzas refusent de parler de cet homme, c’est qu’il valait son pesant en popularité. L’information n’était donc pas à prendre à la légère. Dès le lendemain, Ishiba avait contacté Monsieur Shen-Yeng et son ami Jeff – travaillant de nouveau pour la PSIA – pour effectuer des recherches. Après une circulation acharnée dans les différents réseaux de yakusas, Jeff avait réussi à le « démasquer ».  

 

L’homme qui souhaitait prêtait vengeance – mais également mettre la pagaille dans leur organisation – se faisait appelé dans le milieu « Gabriell’s » plus précisément, Kenji Homura. Illustre ancien yakuza, surnommé le « ruthless », il avait travaillé pour le compte du fils d’un ancien bras droit de l’Union Teope. Resté actif, il œuvrait indépendamment de tout gang aujourd’hui.  

 

Jeff et Ishiba connaissaient bien cette organisation criminelle, ayant déjà collaboré avec la police de Tôkyô sur diverses affaires. Les hommes choisis pour servir l’Union Teope redoublaient de capacité. Les âmes n’étaient pas piochées au hasard, une longue sélection se faisait avant de mettre des soldats dans leur armée. Le réseau était imposant et longtemps il avait régné en maître à égal des Khisuru. Malgré ça, ce clan était décimé depuis des années, et l’héritier ne semblait être qu’un vulgaire chauvin, jouant parfois au malfaiteur.  

 

Au-delà de ce que pouvait assurés Jeff et Ishiba, Monsieur Shen-Yeng voyait les choses différemment et ne souhaitait pas sous-estimé ce « Kenji Homura ». Mais il fut porté par leur excès de confiance et décidèrent de le laissé de côté, pensant qu’il oublierait vite l’affaire.  

 

Échec de l’analyse. Kenji n’avait pas laissé tomber, et était même plutôt doué pour trouver les bons indices. L’affaire devait lui tenir à cœur pour rester accroché avec panache. Ce n’était pas pour déplaire aux hommes des forces de l’ordre qui étaient constamment à la recherche d’homme aux nerfs d’acier. Cependant, il ne pouvait laisser au milieu de leur mission un gêneur qui risquerait de mettre le doigt sur un agent sous couverture et corrompre de ce fait leur année de travail.  

 

Décident de prendre les choses en main, Ishiba, par l’intermédiaire de Danno – homme travaillant régulièrement pour Kenji – demanda à rencontrer « Gabriell’s ». Lors de l’entretien, Ishiba avait bien senti l’odorante liberté dont Kenji faisait preuve, il savait que même en lui demandant de rejoindre son gang, pour le soutenir dans son combat, il resterait indomptable. Et la preuve, pour une raison encore inconnue, Kenji avait certes accepté son marché, mais ne lui faisant aucunement confiance, il avait mis City Hunter, Angel et Falcon sur le coup également. La panique avait quelque peu gagné la PSIA et la Guoanbu, obligés de collaborer avec des hommes qu’ils verraient bien derrière d’argent barreaux.  

 

Mais, qu’il en soit ainsi, sans le savoir, les nettoyeurs du quartier le plus craint ; Shinjuku ; allaient s’associer aux forces ministérielles du Japon.  

 

Les visages d’Umibozu, de Mick, de Ryô et de Kenji qui même les dents serraient pouvait se lire leur écœurement, et valut un léger rire étouffé de Kaori. Était-ce en réalité la raillerie d’Hideyuki, venu du paradis jusqu’à l’âme de sa sœur pour faire entendre sa moquerie. Le grand City Hunter, partenaire de ce qu’il répudiait le plus : l’institution chargée d'assurer le maintien de l'ordre public.  

 

- Et dire que j’ai travaillé pour le gouvernement… Marmonne Ryô  

 

Les semaines sont passées avec cet ordre de plan, et Ishiba arrivait à les garder quelque peu sous contrôle. Mais Caleb, de son côté, ne parvenait à gagner la totale confiance de Vlad Lowski, ne restant qu’un « vulgaire » homme de main. Il restait par conséquent, très loin de ces négociations. Il n’apercevait jamais l’homme ni sa collaboratrice. À chaque nouvelle intervention ordonnée par le russe, c’est un homme constamment différent qui venait les seconder. La façon de diriger du russe se voyait excellente. Les informations n’étaient jamais précises, toujours des codes, des messages à déchiffrer, et les hommes de mains qui n’étaient parvenu à rejoindre l’équipe d’intervention, se voyaient éliminer…  

 

Pourtant, un événement venu chambouler leur quotidien, l’entrée en scène de Serge Dieter, soupçonné de collaboré avec les Shu’Kiru – gang référencé désormais à l’affaire des Khisuru. Les détails tombent, les pistes également, fournis par des indices précis, et c’est l’affrontement sanguinaire qui commence entre les deux gangs.  

 

Ishiba envoie l’informateur surdoué de Kenji en piste, Danno, et lui confie la tâche de se renseigner sur ce « Serge Dieter », bras-droit de ce clan. Les renseignements qu’il rapporte change la donne, encore une fois. Ishiba contact immédiatement Jeff et Da, et décide d’une réunion d’urgence. Ce n’est pas le fait de découvrir que ce vieux yakuza – ayant laissé derrière lui peu de passé concret – soit propriétaire d’un restaurant dans le quartier de Shinjuku, non, si la réunion de crise à lieux, c’est parce que non seulement Hélène travaille pour Dieter en tant que serveuse, mais elle entretient aussi une relation intimement étroite avec Kenji…  

 

Concentré dans sa propre mission sous couverture, Jeff n’avait pas eu écho de ces deux détails concernant sa fille adoptive. Oui, il savait vaguement qu’elle avait un petit boulot dans une brasserie, mais rien de précis. Quant à sa relation intime avec un homme, et surtout un homme comme Kenji, qui l’aurait deviné ? Elle qui était si timide et réservée…  

 

La panique s’installe au sein de la PSIA et de la Guoanbu. S’ils interviennent, ils risquent de ne pas passer inaperçus, étant donné la valeur gouvernemental d’Hélène autrement dit d’Ielena Lowski. Enfant sous protection des témoins, aucun malheureux indice ou détail de sa vie ne doit faire ressortir l’existence de l’adolescente.  

 

C’est alors que Jacob – le coéquipier de Caleb – entre en scène, et s’intègre au gang de Serge Dieter, entant qu’homme de main des Shu’Kiru, avec pour couverture « Mickaël Parker ». À l’intérieur de ce gang, l’agent devait garder constamment un œil sur Hélène, et rapporter tous faits et gestes.  

 

L’arrivé de Mickaël chez les Shu’Kiru stop mystérieusement les trafics de Vlad Lowski. Caleb rapporte que le vent tourne, et que l’armée ennemie recule. Étrangement, le russe se débarrasse d’une vague de collaborateur et se retire dans une villa en dehors de Tôkyô. C’est à la même période que Sylvana s’infiltre chez City Hunter, essayant de pêcher un minimum d’information. Par ailleurs, la défaite de la jeune femme ouvre les vannes. Les indics et informateurs d’Ishiba viennent par dizaine lui rapporter chaque jour un indice capitale. Et enfin, la fuite à lieu, Erika Rosenberg se fait apercevoir, et la traque peut commencer. Elle prendra plusieurs mois…  

 

Monsieur Shen-Yeng envoi le meilleur opérateur stratégique chinois à Ishiba – ce fameux rendez-vous où Ryô et Kenji devaient veiller sur sa sécurité. Ils n’avaient cependant pas prévu que les hommes de Serge Dieter interviennent, et élimine leur collaborateur aussi facilement.  

 

La PSIA et la Guoanbu se mettent en ce cas une nouvelle fois d’accord ; il faut envoyer un homme de terrain, un homme connaissant les techniques et ruses d’une organisation entièrement développée. Un homme incarnant la finesse, à l’esprit stratégique, liés à des mœurs vaguement recommandables. L’homme représentatif de ce profil complet, se trouvait être Kenji. Et puis,  

 

- C’était l’occasion parfaite pour vous éloigner d’Hélène…  

 

Ishiba avait eu écho que Kenji avait fait des recherches sur sa propre « petite-amie ». Par ailleurs, des hommes étaient passés avant eux et Kenji. Une énigme de plus pouvant craqueler leur couverture, et ce n’était irrémédiablement pas envisageable.  

 

Bien entendu, Ishiba n’oubliait pas la bête sauvage qu’était « Gabriell’s » et il percevrait la mission comme évidente. Le plan demeurait simple, mettre en première ligne de front Ryô Saeba. Il savait pertinent que Kenji ne laisserait pas son ami partir effectuer cette mission, et Ishiba avait vu juste, Kenji c’était proposé… Seulement…  

 

- Vous n’aviez pas anticipé la réaction d’Hélène… S’affectionne Ryô  

 

Aucunement. Hélène avait succombé à la folie amoureuse. Kenji était la meilleure chose arrivée dans sa vie, et il était hors de question que la lumière s’échappe. L’adolescente s’était mise en tête de partir à la recherche de son bien-aimé, allant jusqu’à s’allier avec Serge Dieter, en échange d’espionner City Hunter. L’alarme rouge sonnait encore chez la PSIA et la Guoanbu. Où était Kenji, était Vlad Lowski, et s’il découvrait son existence…  

 

- Tout s’effondrait… Souffle Da  

- Néanmoins, nous ignorions les futurs projets de Kenji pour Hélène… Argumente Jeff  

 

City Hunter avait veillait sur elle, avec l’influence de Kenji. Hélène étudiait, avait décroché un travail et rentrait dans la vie active. Occupée, Mickaël confirmait qu’elle fréquentait de moins en moins Serge Dieter et donc, qu’elle émettait l’envie de le retrouver. Si la PSIA et la Guoanbu avaient un problème de moins à régler, l’infiltration de Kenji ne donnait rien.  

 

Puis un jour, avec stupeur, Kenji annonce à Ryô qu’il va rencontrer le père d’Erika ; couverture de Vlad Lowski. La joie est immense, le russe cède enfin. Le rapport de Kenji est étrange, le russe est un père protecteur et même un grand-père modèle. L’image de la terreur russe ne se fait pas découvrir. Qu’importe ! Un stratagème de plus dans lequel ne compte plus tomber la PSIA et la Guoanbu.  

 

Après toutes ces années de traque, ils se rapprochent du but, et ils mettent tout leur espoir en Kenji, mais encore, c’est le yoyo de l’espoir et du désespoir. À quoi joue Vlad ? Kenji ne rapporte rien, il n’a accès à rien, personne ne vient rendre visite à la villa, les voisins sont sympathiques et le quartier chaleureux. Les mois passant ressemblent à une mer attendant que l’eau de source rejoigne sa rive. C’est émotionnellement long…  

 

À bout de force, la PSIA et la Guoanbu se morfondent, lorsque un matin, ils reçoivent d’Ishiba une bonne nouvelle : Kenji vient de dérober un prochain trafic à laquelle assistera Vlad Lowski. Portant confiance en l’homme stratégique, il laisse Kenji menait la danse, et envoi ses plus fidèles frères d’armes sur le coup.  

 

Or, c’est encore un leurre, une illusion… Par l’intermédiaire de Mickaël, il rapporte que Serge et Stéphane sont en route pour mettre la main sur City Hunter et ses soi-disant trafics. Un point de plus pour l’impitoyable Vlad Lowski ; il veut désormais détruire ses pions gênants sur son échiquier géant. Ryô est pris d’assaut, pendant que Kenji essaye de survivre, il est temps pour Kyosuke Ishiba de disparaître…  

 

- Une erreur de plus décidément… Snobe Mick  

 

Car les soupçons qu’avaient Kenji sur Ishiba deviennent fondées, et le clan « Ten’Shi’Koo » qu’il avait créé lui tourne le dos. Les hommes et femmes se dispersent et Ryô et ses compagnons changent de repaire, dans un endroit impossible d’espionnage pour la PSIA et la Guoanbu. Perdant pouvoir sur City Hunter et ses camarades, l’événement macabre se produit. Vlad Lowski tend un second piège, et Kenji et ses compagnons foncent tête baissée, et la conséquence même de ce que Da, Jeff et Ishiba ne souhaitaient pas, arriva…  

 

- Hélène cherchait son identité… Affirme Kaori  

- Imprévisible… Comme sa mère… Souffle Jeff  

 

L’instinct du milieu s’éveille dans le cœur de l’innocente adolescente. L’adrénaline après avoir failli mourir ouvre les yeux, après un long sommeil – allant même jusqu’à tirer sur Amélie pour survivre ?  

 

Honnêtement, ils ne pensaient pas qu’elle parviendrait jusqu’à Monsieur Shen-Yeng. Hélène possédait les mêmes capacités que sa mère, brillante, réfléchie, astucieuse, une force tranquille, imperturbable qui mène loin.  

 

L’apercevant à la grille de la villa de Monsieur Shen-Yeng, c’était revoir l’instant où Jeff était venu rendre compte de son existence douze ans plus tôt… L’histoire repartait de zéro.  

 

Reprendre le dessus paraissait évident.  

 

Monsieur Shen-Yeng conte l’histoire du passé d’Hélène ; d’Ielena. Du moins, il dévoile ce qu’il sait, car visiblement, l’enfant semble avoir perdu toute mémoire des premières années de sa vie. Elle n’avait rien dit, se contentent d’écouter, et ne quittant pas du regard Jeff, son père adoptif… C’était la première fois qu’elle entendait parler de sa mère, et le descriptif semblait à des kilomètres de la mère modèle. La généalogie de ses origines ne l’avait ni faite trembler ni pleurer. Concentrée, elle était concentrée sur chaque mouvement de lèvre de Monsieur Shen-Yeng qui parlementait comme un élève parlemente son mémoire universitaire. Fébrilement, elle s’était levée, ne sachant où elle comptait encore s’échapper, mais sans savoir pourquoi, son corps avait lâché, et elle s’était évanouie dans les escaliers.  

 

Mickaël expire un rire de dédain soudainement, Ishiba et son capitaine, allaient-ils avouer qu’ils étaient passés à l’étape supérieure sans sentiment. De manière dictâtes, ils avaient exposé leur nouveau plan à Hélène, comme si elle était une jeune recrue.  

 

Après les événements et les remettants dans un ordre chronologique, la PSIA et la Guoanbu pensaient que depuis le départ – sans savoir encore comment – Vlad Lowski avait connaissance de l’existence d’Hélène… Il avait sans doute passé son temps et son énergie à la trouver… Une preuve ? Le témoignage de la jeune femme que Ryô et sa bande avait réussi à sauver… Certaine femme passait des tests d’aptitude, sans savoir les raisons, et celle-ci pouvait en être une.  

 

Qui de mieux que le propre enfant de sa fille adoptive pour hériter de sa grandeur… La stratégie était faite : Hélène serait l’hameçon qui conduirait vers le « patron » de Vlad… Et ça fonctionnait… Un micro-trotteur se trouvait dans l’une des molaires d’Hélène… Ainsi, depuis lors, ils suivaient en toute discrétion l’avion privé de Vlad Lowski, en partance pour ce « fameux » rendez-vous…  

 

- Lâche… Marmonne Kaori  

 

Kaori se sent furieuse. La colère ronge la partenaire de City Hunter. Que d’histoire, que d’événement, que de foutaises ! Pas une seule fois, elle avait entendu une action s’exécuter pour le bien d’Hélène… Ce n’était que le fantôme de leur passé macabre et incompétent ! Ils se servaient de sa protégée pour employer une vengeance qu’ils qualifiaient sûrement de juste, mais ce n’était qu’une question d’égo bafouée ! Hors d’elle, ce n’est pas l’envie de leur cracher ses quatre vérités qui lui manquait, mais Ryô retient son impulsion, et souhaite avant que les esprits s’échauffent, poser une question qui l’intrigue énormément,  

 

- Et Serge Dieter dans tout ça, quel est son rôle ?  

 

Depuis le début, le sujet semble maîtrisé, Ishiba a réponse à tout, et connaît effectivement le « dossier » par cœur. À vrai dire, il donnait même l’impression que malgré les aléas coûteux et nombreux de leur affaire, ils ont su anticiper chaque montagne dressait devant eux, mais la page « Shu’Kiru » et par conséquent « Serge Dieter » se montrait plus flou…  

 

- Et bien, pour tout vous dire, nous avons un différend à ce sujet avec l’agent Cox… Avoua Monsieur Shen-Yeng  

 

Mickaël sentait les regards pointés sur lui dans son dos. Il avait, lui aussi, passé une année sous couverture. En revanche, l’espion novice n’était parvenu à aucun résultat, ou du moins, pas celui espéré par ses supérieurs. Pour la PSIA et la Guoanbu, il ne faisait aucun doute que « Serge Dieter » tenait un rôle particulier au sein de leur affaire. La thèse supposait se révélait être la suivante : un complice. Après tout, il faisait partit du gang Shu’Kiru, groupe mafieux parmi lesquelles ils avaient eu un lien de près ou de loin avec Vlad Lowski des années auparavant, étant donné leur marchandise retrouvée sur le bateau.  

 

Or, ce n’était pas la perception de Mickaël, et il pouvait l’affirmer avec une seule et unique raison :  

 

- Serge et Stéphane ont un attachement particulier pour Hélène…  

 

C’est vrai, en fréquentant les deux hommes, il avait pu apercevoir, dans des nuits sombres et angoissantes, une nature de malfaiteurs, ne comprenant pas toujours le but des manœuvres qu’ils ordonnaient à Mickaël. Car en tant que nouvelle recrue, il n’avait guère, lui aussi, pu prendre un poste avantageux. On lui donnait les ordres, et il devait les exécuter, point.  

 

Néanmoins, sous l’aspect des corbeaux charognards, se témoigne une nature clémente. Chez Serge et Stéphane, règne un lien particulier, une fraternité adoptif entre les deux hommes, sans aucun doute, Mickaël frissonne encore au regard menaçant de Stéphane s’il venait à trahir Serge. Une promesse fidèle, une union sacrée, indestructible…  

 

Et puis, Mickaël se met à sourire à ses souvenirs. La période où Hélène travaillait au restaurant pour Serge était sa préférée. Que de rire, de confidence silencieuse, et il ne serait décrire l’aura protectrice qu’avaient, et ont toujours, Serge et Stéphane envers elle. Non, malgré une énigme certaine sur le passé de ces deux hommes, rien n’avait laissé croire à l’agent infiltré qu’ils complotaient avec une ordure comme Vlad Lowski à l’opposé de…  

 

- Et cette femme qui dirige le gang, elle prétendait vous connaître Ishiba ?! Questionne Ryô  

- Une femme ? Quelle femme ? S’interroge Ishiba  

 

Kenji fait mouche. Tout à coup, ça le percute comme un coup de poing donné par l’adversaire. S’il a fermé les yeux et gardé le silence depuis qu’il est monté à bord de l’avion, et montré de la désobligeance, c’est pour laisser place à sa concentration et sa réflexion légendaire. Kenji est un homme qui réfléchit, qui analyse, qui observe, car il déteste ne pas comprendre, car lorsqu’on ne comprend pas, on prend les mauvaises décisions.  

 

Dans son esprit, c’est une pellicule qui défile, de sa rencontre avec Hélène jusqu’à son départ, puis son infiltration chez Vlad Lowski à la vérité de ce passé. Pourtant, ce n’était pas les informations données qui l’intéressait, non, ce qu’il souhaitait déceler, c’était ces interrogations au fil de l’histoire conté par Ishiba. Kenji se demandait pourquoi la mère d’Hélène avait fui et d’où partait-elle, du Japon ou de la Russie ? Pourquoi avoir élevé une enfant cinq années pour la conduire à la mort ? Quel était l’aspect de sa personnalité ? Une femme de la trempe de Linda, elle était certes rare, mais des femmes criminelles, il en avait croisé, et elles n’avaient aucune idée de l’instinct maternelle ! Aussi, pourquoi et qui avait donné la consigne au frère de Lydia de la déposer à Jeff ? Que signifiait ce mince soupçon que Serge Dieter, faisant partit des Shu’Kiru, serait lié ? De même, comment une enfant si peu protégée dans le fond, avait pu passer inaperçu aux yeux de l’imposant Vlad Lowski ? La fratrie, la descendance, la donation de pouvoir, c’était un caractère type chez ce genre d’individu… À moins que…  

 

Kenji se remémore ce moment où Vlad Lowski partait coucher Katarina… Il se remémore le regard qu’il a posé sur Hélène au moment même où la lumière à jaillit… Il se remémore les mots d’Erika…  

 

- Il sait… Souffle Kenji  

- Qu’est-ce que tu dis ? Demande Marie  

 

Tapageusement, une sonnerie retentie, c’est un appel entrant. Caleb appuie sur le bouton situé sur l’écran de pilotage, et autorise l’ordre de parler.  

 

- Capitaine Shen-Yeng, nous avons une information urgente à vous délivrer !  

- Je vous écoute…  

- J’ai envoyé une vidéo sur votre messagerie électronique, regardez plutôt !  

- Merci agent !  

 

Monsieur Shen-Yeng se précipite sur son ordinateur portable et télécharge la vidéo. Il la dépose sur un disque dur, et la branche à l’écran pour en faire profiter l’assemblée. La vidéo envoyée est une récupération audiovisuelle, filmée par la caméra de surveillance qui se trouvait dans le bâtiment central, cet entrepôt où Vlad Lowski avait attiré City Hunter et sa compagnie. Les images étaient sombres, et flous, se broyant à certains passages, la scène était difficile d’observation, mais une révélation capitale les attendait.  

 

La pièce qu’ils observent est vide, et au loin s’entend des coups de feu donnés. Quand, soudainement, une action se passe. Ils aperçoivent Amélie fuir, lorsqu’elle s’écroule au sol, atteinte par une balle au pied. Déborah se lève d’effroi, comme si elle pouvait surgir dans la vidéo, et lui porter secours. Elle s’attend à tout moment à voir Hélène, celle qui a tiré sur son amie, sa sœur de cœur, mais c’était un leurre. Une première silhouette s’approche, et les crissements de la vidéo masqueront son allure et son visage. Puis, en suivant, la carrure d’Erika s’impose, et c’est elle, sous les cris de terreur d’Hélène, qui tire sur Amélie…  

 

Hélène court vers Amélie, essayant de la secourir - la main de leur amie accroche symboliquement le pendentif d’Hélène, Déborah se sent méprisable. Erika, d’un regard empli de haine, pointe son arme sur elle, comptant achever une seconde femme, mais alors qu’elle s’apprête à tirer, elle a comme une hésitation, elle stop son geste, mais à regret… Venait-elle de recevoir un ordre ? Qu’importe ! C’est en snobant les deux jeunes femmes qu’elle quitte la pièce, elle aussi…  

 

Hélène porte secours à Amélie, et fait le maximum pour la garder en vie. Ses gestes relatant de l’aide-soignante efficace qu’elle est, sont admirables. Mais, dans leur regard à tous, ils ont le geste d’Amélie, qui supplie Hélène de partir, car elle est en danger ? Les mots doivent être forts entre ces deux femmes, pour qu’Hélène prenne la décision de s’enfuir…  

 

Le cryptage est rompu, la vidéo s’arrête.  

 

Ainsi donc, Erika et Hélène s’étaient croisées ? S’il était moins certain que dans la panique Hélène puisse avoir reconnu Erika, il était sûr à cent pour cent qu’Erika, elle, la connaissait, mais alors, lors de cet entretien…  

 

- Vlad et Erika savaient qu’Hélène bluffait…? Souffle Jeff  

- Et est-ce qu’Hélène savait qu’elle courait tout droit à l’échec… ? Se demande Ishiba  

- Certainement… Murmure Caleb  

 

* * * * * * * * *  

 

- J’accepte… Soufflait-elle du bout des lèvres  

- Vous acceptez ?!  

 

Hélène hoche la tête en signe de confirmation, mais,  

 

- Ce n’est pas pour les raisons que Monsieur Shen-Yeng ou vous-même pensez…  

- C’est-à-dire… ?  

 

Hélène se met à dessiner un sourire, des larmes roulent sur ses joues, et elle puisse des forces en regardant le carrelage de la sale de tire, et s’adresse à Caleb.  

 

- Douze années de calvaire, pour moi… ? Je finirais vaillamment le travail que nombre de personne travaillant pour la PSIA et à la Guoanbu ont fait pour moi… Quel que soit mon destin…  

- Votre destin… ?  

- Lieutenant Singh… Vous voulez bien m’accorder une faveur… ?  

- Bien sûr…  

- Je voudrais… Que vous leur disiez à tous quelque chose…  

- Je vous écoute…  

 

* * * * * * * * *  

 

C’est le silence, l’effroi, la stupeur et la crainte… Ce vacarme d’église déstabilise les consciences, et Monsieur Shen-Yeng est le premier à craquer…  

 

- Mais enfin, que fabrique Turner ?!  

- Imprévisible, comme sa mère vous disiez… Rétorque Kenji, en se tournant vers Jeff  

- Vous êtes peut-être pris dans un piège ? Se moque Mick  

- Impossible, Vlad Lowski ne sait pas qu’on le suit, nous sommes sur une route aérienne militaire secrète, aucune chance d’être repéré par quiconque ! Justifie Caleb.  

 

Un signal sonore retentit de nouveau.  

 

- Nous sommes d’ailleurs bientôt arrivé, ils ont l’intention de se poser ! Argumente Mickaël  

 

Caleb laisse les commandes à Mickaël, l’encourageant d’une tape sur l’épaule. Il se dirige à l’arrière de l’appareil, où ses troupes se préparaient à intervenir. Mais pour City Hunter et ses amis expérimentés, cela ne semble pas être une bonne idée.  

 

Ryô et ses camarades proposent d’intervenir seuls, car s’ils ont bien compris, ils ont envoyé Hélène en éclaireur, mais ne savent pas du tout à quoi s’en tenir. N’ayant pas la moindre information sur le véritable « patron » de Vlad Lowski et par sécurité, aucun moyen de communication avec Hélène, l’horizon paraît brumeux.  

 

- Et vous êtes plus habitué que nous à intervenir dans ces conditions peut-être ? Se vexe Caleb  

- Non… Mais la différence avec nous, c’est qu’on ne laisse pas un de nos camarades se sacrifier… S’interpose Marie  

 

Elle le regarde droit dans les yeux, l’homme qui a osé les manipuler, la manipuler, d’ailleurs, elle se demande bien le fondement de sa mission en venant coucher avec la « sœur aîné » d’un simple numéro de dossier !  

 

- Hélène est bien plus forte que ça… Répond Caleb  

- La ferme ! Tu…  

- Il ne compte pas la tuer ! Défend Kenji  

- Et qu’est-ce que tu en sais ? S’agace Marie  

- J’ai mes raisons de le croire…  

- Tu ne pourrais pas être un peu plus bavard ! Je te signale que la femme que tu aimes est donnée en pâture à des chiens enragés et !  

- Et j’ai confiance en elle…  

- Tu divagues ou quoi ?! On parle de Vlad Lowski, tu connais cet homme bien mieux que personne ici, et tu sais de quoi il est capable ! Tu as peut-être céder l’armure devant son cœur pur, mais ce ne sera pas son cas à lui !  

- Au contraire, Hélène n’est pas partie en espérant combattre… Ce n’est pas avec une arme à feu qu’elle souhaite se défendre… La phrase qu’elle a dite à Ryô était juste… Dans le regard d’un homme, il y a les yeux d’une femme… Dans les yeux d’Hélène, il y a le regard de Linda, sa mère, la fille adoptive de Vlad…  

- Kenji…  

- Au pire, il souhaite en faire une arme de guerre à l’aide de la drogue…  

- Tu dis ça comme ça… S’essouffle Marie  

- Évidemment que je dis ça comme ça… Car je compte bien récupérer la femme que j’aime… !  

 

Kenji était posé, presque serein, mais cachait-il en réalité une effroyable inquiétude de ne pas revoir Hélène ? Ryô était certain que cette possibilité même n’était pas envisageable dans le cœur de son ami, et ça ne l’était pour personne ici…  

 

Caleb replia ses troupes, sous le désaccord de Monsieur Shen-Yeng, mais il assurait en tant que lieutenant de prendre toutes les responsabilités de cette nouvelle mission et de ces nouveaux hommes. Il croyait en l’osmose de ces hommes et femmes, et pensait que c’était la meilleure équipe pour intervenir. Par ailleurs, il commençait déjà à cogiter. Pour que le « patron » de Vlad Lowski se déplace, c’est qu’il s’agissait d’une « grosse » affaire, d’un contrat « essentiel ». De quelle nature, il n’en n’avait pas la moindre idée ? De ce qu’il savait, le grand patron ne se montrait jamais, alors qu’est-ce qui le poussait à se montrer à cette négociation précise.  

 

- Il se sent en terre familière… Argumente Kenji  

- Comment ça… ? Questionne Caleb  

- Je crois qu’il n’a pas tort lieutenant… Affirme Mickaël  

 

Le radar positionné dans la molaire d’Hélène, les avaient conduit sur une petite île perdue. Ces côtes appartenaient au territoire Russe. La superficie réduite de l’île serait à leur avantage, ils iraient se poser à l’extrémité et poursuivrait en camion leur traque. L’infrarouge de la carte, montrait que l’île était inhabitée, seule une forêt à perte de vue courrait sur les bancs de sable. Une tâche sur l’écran montrait la présence de chaleur, causait par des formes humaines ou animales. Près de la plage, une bâtisse solitaire habillé l’île, et c’est ici que l’avion de Vlad Lowski s’était posé.  

 

S’armant jusqu’aux dents, chacun essayait de se rassurer, mais le groupe de nettoyeur sentait bien que cette nuit-là, ne ressemblerait à aucune autre. Enfin, ils seraient ensemble, et jusqu’à présent, l’osmose du sentiment familial les avaient porté.  

 

Sortant le véhicule de l’avion, Caleb pensait à une stratégie. Qu’importe la monnaie d’échange de ce trafic, avec l’autorisation de ces messieurs, Caleb – connu des services de Vlad – passerait sans encombre s’il présentait aux gardes de la bâtisse, un cadeau supplémentaire aux acheteurs offert par Vlad Lowski.  

 

- J’ai bien peur de comprendre… Grogne Mick  

- Les femmes sont souvent l’offrande des acheteurs, je passerais sans suspicion avec ce plan… Je n’aurai besoin de n’ouvrir qu’une seule caisse, vous pourrez vous dissimuler dans les autres…  

- Vous avez des mœurs peu convenables en Inde avec les femmes ! Ironise Ryô  

- En plus, si vous croyez qu’elles vont nous demander l’autorisation ! Surenchérit Falcon  

 

La stratégie se voit lancée, pendant que Caleb conduira, Mickaël tentera à l’aide de leur radar de constituer le bâtiment pour avoir un premier avantage sur l’ennemi. Ils s’apprêtent à tous s’installer comme convenu dans le camion, lorsque Caleb souhaite s’adresser à eux une dernière fois avant que la concentration professionnelle ne vienne rompre l’âme émotionnelle…  

 

- J’ai un message à vous transmettre… Un message de la part d’Hélène…  

 

* * * * * * * * *  

 

- Lieutenant Singh… Vous voulez bien m’accorder une faveur… ?  

- Bien sûr…  

- Je voudrais… Que vous leur disiez à tous quelque chose…  

- Je vous écoute…  

 

« Dîtes leur qu’il est inutile d’avoir de la rancœur envers Monsieur Shen-Yeng, Monsieur Ishiba ou mon père… Je n’ai que faire d’une certaine haine ou vengeance… Dîtes leur que je les remercie de leur bienveillance à mon égard, et que je leur pardonne les regards parfois suspicieux, ils étaient mérités… Dîtes leur que je ne veux pas de leur sacrifice, et qu’ils restent tous unis et vivant pour rentrer à Tôkyô et s’attabler chaleureusement comme ils le font souvent tous ensembles… Dîtes à Monsieur Saeba et à Kaori que je n’ai pas de mot pour exprimer ma gratitude envers eux… Dîtes à leurs amis, que j’envie leur union, leur force d’être des amis loyaux et fidèles… Dîtes à Déborah, que je suis navrée de ne pas avoir réussi à sauver Amélie… Dîtes à Mickaël qu’il a été comme un frère pour moi… Dîtes à mon père et à ma sœur que je regrette d’avoir gâché leur vie… Et… Dîtes à Kenji que… Je souhaite qu’il soit heureux… »  

 

Avait-elle souhaité, dans un sourire noyé.  

 

* * * * * * * * *  

 

Les phares du véhicule éclairaient les branches des arbres qui griffaient les portières du camion. Au volant, Caleb se sentait tendu, et Mickaël à ses côtés, emphatisait. Le véhicule traversait les dunes de sable, vers un destin non défini.  

 

- Hélène est donc résignée… Souffle Mickaël  

 

Le terme le plus exacte était « serait résignée », car les proches à qui elle avait laissé ce gracieux au revoir, eux, n’étaient pas résignés à la perdre,  

 

Ryô et ses fidèles compagnons nettoyeurs, se tenait prêt à leur combat ultime.  

 

 

 


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