Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: cityxyz

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 38 capitoli

Pubblicato: 08-06-11

Ultimo aggiornamento: 02-09-17

 

Commenti: 79 reviews

» Scrivere una review

 

RomanceAction

 

Riassunto: /!\ AU 29/02/2020 chapitre 1, 2, 3, 4, 5 et 6 réécrit /!\ La vie apporte parfois des événements qui poussent les individus à agir en conséquence... C'est la mystérieuse et douloureuse expérience à laquelle va faire face le nettoyeur ainsi que ses fidèles camarades d'armes... Entre amour et raison, ils vont devoirs arriver à dompter leurs sentiments...

 

Disclaimer: Les personnages de "XYZ : De vous à moi..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How can I correct a misplaced chapter?

 

It can happen that an author has several stories in process and that he adds a chapter of a story to ...

Read more ...

 

 

   Fanfiction :: Amour Ultime

 

Capitolo 38 :: Chapitre 35 - Partie 3/3

Pubblicato: 02-09-17 - Ultimo aggiornamento: 03-09-17

Commenti: JAWRELL : Je suis obligée de commencer par te remercier pour ta fidélité à ma fiction depuis tout ce temps. Merci de ta patience, de tes bons mots, et de ton soutient, (et du courage d'avoir attendu aussi longtemps les suites LOL). Que ton vœu soit exaucé, j'ai publié la fin de la fiction avant le mariage, et aussi le mien MDR ! Tu es trop adorable de parler ainsi de ma fiction, ça me touche énormément car j'ai pris un plaisir monstre à l'écrire, et je suis triste de la quitter ; enfin presque ;) J'espère que tu ne seras pas déçu par ce dernier chapitre, qu'il t'aura plu et amusé. C'est avec grand plaisir que je prendrais le temps de lire ta fiction, tu me diras ton pseudo et le titre de ta fiction dans ton prochain commentaire que j'aille lire une partie de toi :) Merci, encore, et infiniment. Amicalement. Hime-Lay.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

Chapitre 35 : Rideau !  

- Partie 3/3 -  

 

 

Le soleil pointait son nez à travers les nuages, et une brise douce et chaude se plongeait entre les feuilles des immenses tournesols. Les fleurs imposantes n’en finissaient pas de toucher le ciel, et la petite fille qui voyageait au milieu de ce chant jaunâtre fut impressionnée par la majesté de ces boutons. La robe bleue azur qui l’habillait se confondait avec le ciel éclaircit, et son chapeau de paille se modulaient avec les arrondis de la prairie.  

 

Les doigts de la petite fille tenaient un panier marron rempli de mûres sauvages. Le panier fut bien garni, et elle devait le maintenir fermement contre son ventre pour qu’elle ne fasse pas tomber les fruits ; sa mère les adorait.  

 

- Ielena !  

 

La petite fille entendit la voix de sa mère l’appeler, elle détestait qu’elle parte seule dans la prairie ou même la forêt, mais l’enfant aventureuse qu’elle était n’en faisait qu’à sa tête. « Tu es aussi têtue que ta mère ! » ; dictait souvent une voix féminine, usée par le temps, dont le visage lui était soudainement inconnu.  

 

Ielena marcha un peu plus rapidement, elle ne voulait pas inquiéter sa mère, et encore moins se faire gronder par la voix mûri. Elle perdit quelques mûres au passage rapide de ses pas, et écrasa l’un des fruits avec tant de pression qu’il tâcha sa robe. Une seconde raison de se faire gronder venait de naître.  

 

- Ielena !!  

 

La petite fille distingua encore le ton de sa mère, mais elle paraissait inquiète, et la tonalité se rapprochait d’elle. Qu’est-ce qui pouvait l’alarmer à ce point, ce n’était pas la première fois qu’elle vagabondait toute seule dans ce champ.  

 

- Ielena, court !!  

 

Et subitement, la petite fille vit l’ombre de sa petite taille disparaître sous une ombre plus grosse que la sienne, les nuages semblaient fuir, et le soleil être happé par une masse gigantesque. Absorbant du courage, elle se retourna, et vit la plaine de tournesol se transformer en une gigantesque vague… Ielena lâcha son panier de peur, et se mit à suivre le son de la voix de sa mère qui l’appelait sans cesse, sans cesse, sans cesse…  

 

- Ielena !!!  

 

…..  

 

- Hélène !!!  

 

Les paupières d’Hélène s’ouvrirent lourdement, et clignèrent plusieurs fois avant de s’habituer à la lumière du jour. Les rayons du soleil tapaient contre les vitres, et il faisait chaud, très chaud. Une silhouette passa devant elle, et ouvrit les fenêtres pour laisser passer un air frais. Elle déglutit, sa gorge était sèche, et ses membres sévèrement engourdis. Encore à moitié endormie et réveillée, elle tourna sa tête en direction de la voix qui venait de crier son prénom ; qu’elle surprise de la voir…  

 

- Amélie !  

 

Hélène se redressa avec la même hargne qu’un zombie prêt à déposer pied dans le monde des vivants. L’euphorie ne dura toutefois que quelques secondes, elle se tenait le thorax, souffrante d’une douleur vive.  

 

- Idiote, tu ne te souviens pas que tu as une balle qui a traversé ta poitrine ! Gronda Amélie  

 

Hélène s’en souvenait, bien sûr, mais elle était tellement heureuse de revoir Amélie, vivante. Elle la pensait morte, et que ses premiers soins n’avaient servis à rien. Néanmoins, sa joie se décomposa rapidement en constatant qu’elle se trouvait dans un fauteuil roulant…  

 

- Eh, ne fais pas cette tête, ce n’est que temporaire ! Je fais de la rééducation et je pourrais bientôt me mesurer à toi dans un marathon endiablé !  

- Amélie…  

- Je te remercie, c’est grâce à toi… !  

 

Hélène fut émue, Amélie était tellement forte, courageuse et téméraire. Elle l’admirait, et ce « merci » qui touchait son cœur à l’en faire exploser de bonheur. Quelle force de la nature, c’était une femme extraordinaire malgré sa bipolarité qui cachait sa personnalité tendre et affectueuse. Hélène prit sa main, et la serra aussi fort qu’elle put pour lui donner toute sa chaleur et sa reconnaissance de s’être battue avec tant de hargne. Qu’importe les méfaits du passé, ils n’avaient aucune valeur, ni aucune importance face à cette preuve de confiance qu’elles s’étaient échangées.  

 

- Comment te sens-tu ? Questionna Déborah  

 

Déborah se tenait debout en face de son lit, les bras croisés, la fixant sans trop d’expression. Hélène se rappelait qu’elle l’avait empêché de commettre le pire en achevant Erika, et qu’elle l’avait sauvé avec sa sœur d’une mort certaine. Ce fut étrange, Hélène se mit à rougir, car percé le cœur de cette femme serait probablement plus compliqué que le cœur d’Amélie. Malgré ça, elle se devait de la remercier….  

 

- Ça va, merci…  

- Tu as pourtant l’air toute patraque ! Dicta Amélie en faisant la moue  

- Nous allons aller chercher le Doc’ !  

 

Déborah s’approcha du fauteuil roulant d’Amélie, elle débloqua la cale, et quittèrent la chambre ensemble. Hélène entendit un raclement de gorge sur sa gauche et elle observa la silhouette qui avait plus tôt ouvert la fenêtre ; Marie se tenait debout, le dos contre la rambarde, regardant le sol avec un certain malaise.  

 

Hélène, sans savoir réellement pour quelle raison, se sentit prise par la timidité de Marie. Une réserve et une intimidation s’emparèrent de leur âme un peu fébrile. Et puis, au fur et à mesure de ce silence pesant, mais qui paraissait échangé peut-être un certain langage de reconnaissance, Hélène repensa également à ce qu’il s’était produit dans cette salle prête à exploser. Marie avait attrapé sa main, férocement, et l’avait sommé de la suivre, sans ajouter ni rajouter quelconque mot. Marie avait refusé de la perdre, et ce geste d’amour fraternel avait redonné goût de vivre à Hélène instantanément.  

 

- Marie…  

- Il faut que je te dise quelque chose, mais je ne sais pas comment te l’annoncer… Dit-elle, la fixant dans les yeux, cette fois-ci  

- Je t’écoute…  

 

Hélène n’était pas retombée dans le coma après sa chute dans la baie de Tokyo. Mystérieusement, elle avait juste perdue connaissance, et avait seulement dormi profondément pendant vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures rudes d’inquiétude pour Marie qui avait veillé Hélène sans coupure, jusqu’à ce qu’Amélie la réveille d’un terrifiant cauchemar. La nettoyeuse était fatiguée, et lui annoncer que son père ; Serge ; Stéphane, Mickaël et Ylia avaient péris pour la sauver allaient être difficile. Encore personne n’avait pu expliquer le geste d’Hélène ? Voulait-elle en finir avec la vie, ou voulait-elle créer le choc psychologique pour se rappeler de ce souvenir perdu qui mettait en jeu sa vie ? Les deux probablement ; avait pensé Kenji.  

 

- Marie…  

- Est-ce que tu te souviens de ce qu’il s’est passé à la baie de Tokyo ?  

- J’ai sauté dans l’eau…  

- Et tu as été attaqué, tu te rappelles ?  

- J’ai le souvenir d’entendre des coups de feu, oui…  

- Quand tu as sauté, des hommes ont commencé à tirer, mais tu n’as pas été blessé, et Kenji t’a ramené sur la rive…  

- Kenji… Est-ce qu’il est arrivé quelque chose à Kenji ?! S’angoissa Hélène  

- Non, non, Kenji va très bien…  

 

Hélène fut soulagée. Lorsqu’elle avait sauté dans l’eau, elle s’était sentie immédiatement emportée dans une vague d’angoisse étouffante. Elle avait laissé son corps se laisser emporter, espérant qu’un flash de son enfance apparaisse ; mais il n’en fut rien. Avant qu’elle ne perde connaissance, elle avait l’image des balles qui se noyaient dans les fonds de la baie, et de deux bras venus soulever son corps.  

 

Marie paniquait intérieurement, comment lui dire de la bonne façon ; s’il fut en exister une ; quels mots devait-elle alors employer, et saurait-elle la consoler ? La nettoyeuse opta pour la technique de l’arracheur de pansement, plus vite l’information sera précise et dite sans tarder, et plus la douleur sera facile à maîtriser.  

 

- Ça concerne Serge… Finit-elle par avouer  

- Serge ?  

 

Marie se mordit la lèvre supérieure, et ferma les yeux. Les tireurs qui se trouvaient sur le toit pour l’atteindre, ne furent pas les seuls assaillants, d’autres hommes armés s’apprêtaient à terminer le travail en cas d’échec. L’ennemi se trouvait dans l’un des entrepôts, réfugié dans une voiture protégée par une carrosserie à l’épreuve des balles. Une valse de balles fusa encore, et ils avaient l’intention de foncer sur Hélène et de faire exploser une bombe ; mais elle était toujours en vie.  

 

- Serge se trouvait dans un fourgon avec Stéphane, Mickaël et Ylia…  

- …  

- La voiture te fonçait dessus à vive allure ! Ryô a tiré dans les pneus, mais ses balles ont rebondis sur le caoutchouc…  

- …  

- Serge a démarré le fourgon, et a percuté la voiture à moins de quelques centimètres de toi…  

- Non…  

- Il a traîné le véhicule sur toute la longueur, jusqu’à ce qu’ils tombent dans l’eau, et que la bombe explose…  

- …  

- Hélène…  

 

« NON ». Un hurlement comme le loup hurlant à la pleine lune se libéra du cœur d’Hélène. Et à la surprise de Marie, sa petite-sœur quitta le lit, mais elle tomba à peine le pied touchant le sol ; elle restait bien trop faible. Elle se recroquevilla sur elle-même, son corps frêle gisant sur le sol, et laissa ses larmes l’envahirent et quitter cette âme meurtri ; encore, encore des vies avaient été sacrifié par sa faute.  

 

Marie ne savait pas quoi faire. La logique fraternel aurait souhaité qu’elle prenne sa petite-sœur dans les bras, qu’elle relève son visage, qu’elle sèche ses larmes et lui attrape le menton pour qu’elle puise de l’énergie dans son regard ; et ce fut ce qu’elle fit.  

 

- Arrête de pleurer !  

 

Hélène se rappelait que sa sœur aînée détestait l’entendre ou la voir pleurer, ce flot de tristesse lui était insupportable, Marie ramenait ce sentiment à la faiblesse, à la pitié, et elle ne supportait pas ça. Or, aujourd’hui, à cet instant, ce n’était pas le message que Marie voulait faire entendre, Hélène pouvait ressentir toute la tendresse et le soutient de sa sœur aînée, à son touché, à sa voix, à ses yeux remplis de force pour elle.  

 

- Ce sacrifice était un geste d’amour…  

 

Marie souffla ces mots avec timidité, et peu d’assurance, mais ils eurent assez de bonté et de sincérité pour immédiatement illuminer le regard embué de larme d’Hélène. Que c’était étrange d’entendre le mot amour se sculpter sur les lèvres de sa sœur aînée, elle qui cachait toujours ses sentiments, elle parvenait à combattre ses faiblesses pour elle, pour qu’elle se sente mieux…  

 

Hélène avait encore envie de pleurer, mais ce fut pour une raison différente. Et sous la frayeur de Marie, elle se glissa fermement dans les bras de sa sœur, qu’elle agrippa de toute sa vitalité. Le parfum de cigarette et de rose avait manqué à Hélène, cette odeur rassurante, et qui caractérisait si bien Marie. La gratitude qu’elle avait envers elle effaçait toutes ces années de mépris, beaucoup, d’incompréhension, surtout. Car bien qu’il eut des frasques entre les deux sœurs, Hélène l’aimait, l’aimait depuis qu’on l’avait présenté comme son aînée, elle était sa famille, sa seule véritable famille, et… La seule à avoir pris sa main en lui interdisant de mourir.  

 

Marie avait les bras écartés, elle n’osait pas toucher Hélène comme on n’ose pas toucher un insecte ou un animal repoussant. Elle clignait des yeux, et tentait de calmer ses rougeurs qui essayaient de pousser sur ses joues. Ce fut également sans parler de son cœur qui battait la chamade… Il avait été rare ou long depuis ce jour où une personne l’avait enlacé en communiquant un sentiment, une confiance qui saurait envelopper toutes les prochaines peines.  

 

Que faire ?  

 

Marie inspira tel le plongeur prêt à s’élancer en haut du plongeoir, et referma d’un coup sec ses bras : elle utilisait encore la méthode du pansement arraché rapidement, mais elle récolta un rire un peu sourd de la part d’Hélène, amusait par tant de gêne.  

 

Marie fut happée par ce rire sourd qui redonnait espoir quant à la force et au courage qu’auraient besoin de récupérer sa petite sœur. Hélène serait sa priorité, chaque être humain a besoin de se sentir vivant grâce à tout l’amour et le soutient qu’il peut apporter à un proche. Préserver son bonheur et sa sécurité seraient les armes de Marie pour continuer à vivre, et sans plus y tenir, elle resserra son étreinte, glissant une main sur la chevelure d’Hélène, et l’autre attrapant sa hanche pour la sentir tout contre elle,  

 

Marie scellait sa promesse, silencieusement.  

 

…..  

 

Hélène resta encore quelques jours à l’Hôpital, le Doc’ avait recommandé beaucoup de calme et de repos. Marie venait tous les jours, s’occuper d’elle, prendre soin d’elle, la disputer lorsqu’elle n’écoutait pas les précautions du médecin, et la rassurer lorsqu’elle redoutait les nuits constamment occupés par des rêves qui commençaient toujours bien, et se finissaient toujours mal… Pour l’instant, Marie faisait la sourde face à ses rêves craintifs, elle disait que le Doc’ se montrait formel ; « ce n’est que le surmenage ». Évidemment, ils s’inquiétaient, ses rêves avaient certainement une signification, et tout laissait à présager que rien n’était terminé… Mais pour l’instant, l’entourer d’affection et la tranquilliser furent essentiels.  

 

Aujourd’hui fut son dernier jour d’hospitalisation, et la matinée commença par un défilé de visite. Tout d’abord ; comme chaque jour ; Amélie et Déborah passèrent apporter le petit-déjeuner, sous prétexte que les plats du Doc’ laissaient à désirer. Kazue venait faire sa tournée matinale, une routine qui se déroulait sous d’incalculables examens de vérification.  

 

- Tout est en ordre ! Tu as vite récupérée ! Sourit Kazue  

- Merci d’avoir pris tant de temps pour moi… Rougit Hélène  

- Je t’en prie, ce fut un plaisir…  

 

Kazue quitta la chambre sous un cri de stupéfaction, le Doc’ venait encore de lui toucher les fesses sans permission, oubliant continûment ou implicitement qu’elle était une femme mariée. Ce rituel se déroulait après chaque visite que Kazue faisait, et la dispute pathétique qui en suivait faisait beaucoup rire Hélène.  

 

- Qu’est-ce qu’ils sont ridicules ! Bouda Marie  

- Marie…  

- Mh ?!  

- Est-ce que tu sais si Kenji va venir aujourd’hui…  

 

Hélène posait la même question tous les jours depuis son hospitalisation, et Marie répondait invariablement ; « je ne sais pas ». En réalité, Marie s’était fâchée avec Kenji, elle trouvait inacceptable et lâche qu’il ne soit pas venu la voir depuis son réveil. Il avait passé des nuits entières à la veiller, à prier pour qu’elle revienne parmi eux, et maintenant que la réalité le rattrapait, il fuyait. Comment deviner ce qu’il avait dans la tête, il n’était pas du genre bavard, aimant se confesser et confier ses tourments…  

 

- Tu ferais mieux d’oublier cet idiot ! Ce dépravé insensible ne mérite pas que tu te préoccupes autant de lui ! S’agaça-t-elle  

- J’espère que tu ne parles pas de moi ?!  

 

Hélène s’avança dans le lit, et avait cru un instant qu’il s’agissait de Kenji ; ce n’était que Monsieur Saeba, accompagné de Kaori. C’était la première fois qu’ils venaient la voir à l’Hôpital, bien que Kaori l’avait au téléphone tous les après-midis pour prendre de ses nouvelles. La moitié de City Hunter déposa un baiser sur son front, quant à Ryô, il commençait déjà son numéro de polichinelle.  

 

- Je venais t’apporter le devis du garage ! Dit-il d’un grand sourire  

 

Ryô mit un papier sous le nez d’Hélène, le devis fut salé, mais elle reconnaissait avoir torturé cette pauvre mini cooper rouge ; à deux reprises. Hélène allait accepter de le rembourser, lorsque Kaori arracha des mains le document, et le colla sur le front de son partenaire.  

 

- Tu n’as pas honte ! Grogna-t-elle  

- Ma pauvre petite bibiche d’amour à souffert, c’est normal que je m’en préoccupe ! Pleurnicha-t-il  

- Tu ne crois pas qu’il y a plus important que ta voiture ! Rouspéta Kaori  

- Peut-être que si ma partenaire ne refusait pas les contrats de dame en détresse nous aurions plus d’argent en banque !  

- Peut-être que si mon partenaire ne passait pas son temps à vouloir jouer avec son mokkori auprès de ces dames, nous n’en serions pas là !  

 

Ryô et Kaori se disputaient comme deux adolescents, lorsqu’ils entendirent un rire cristallin venir se promenait dans leurs oreilles. Hélène riait de bon cœur, les chamailleries enfantines de City Hunter lui avait manqué. Partager leur quotidien fut un réel bonheur pour elle, tous les deux étaient si chaleureux, et profondément généreux. Le respect et la confiance qu’ils avaient l’un envers l’autre frôlaient la perfection, et cet amour ne pouvait que rendre heureux et joyeux ceux qui le touchait.  

 

Kaori resta en compagnie d’Hélène et de Marie jusqu’au déjeuner à papoter. Ryô s’était endormi sur une chaise avec un magasine sur les genoux. La conversation des trois jeunes femmes l’avaient ennuyés au point de l’endormir ; pas certain. Inopinément, Hélène vit Ryô se levait et pointer son arme vers la porte de sa chambre. Affolée, Marie se leva et dégaina elle aussi, quant à Kaori, elle s’était positionnée devant Hélène, comme un rempart.  

 

- Et bien, quel accueil… ! Ricana la cible  

- Lieutenant Singh… Souffla Hélène  

 

Caleb rentra dans la chambre, mais Marie s’approcha de lui et pointa son arme sur sa poitrine au niveau de son cœur ; elle ne comptait pas lui laisser la possibilité de faire un pas de plus. Après avoir perdu son meilleur ami, il perdait visiblement la femme qui avait emballé son cœur, la femme qui lui avait appris l’existence d’un coup de foudre. Caleb ne pouvait pas en vouloir à Marie, ni avoir quelconque rancune envers elle, il comprenait ses sentiments et la méfiance qu'elle aurait désormais pour lui.  

 

- Je décolle pour la Chine avec Monsieur Shen-Yeng ce soir, je venais simplement vous faire mes adieux…  

- Adieu ! Répondit Marie, de manière glaciale.  

- Vous repartez pour la Chine ? Questionna Ryô  

- Nous avons des comptes rendus à faire suite à ce dossier, et croyez-moi, ça risque d’être long !  

- Donc, l’affaire est close pour la Guoanbu ?  

- Stanislas Gomèz et Vladimir Lowski sont morts tous les deux, et leurs complices également… L’affaire est classée ! Répondit Caleb, de manière formelle  

 

Les complices qui furent Serge, Stéphane, Ylia, et Mickaël ; les Shu’Kiru… Caleb répondait comme s’il répétait un scénario, jouant la comédie, l’acte qu’on lui avait demandé de jouer. Une droiture insupportable se dégageait de lui, il respirait la rigidité, refusant de façon agaçante de déjouer le règlement, de désobéir aux ordres ; il fut forgeait en un véritable petit soldat loyal.  

 

- Monsieur Shen-Yeng vous adresse ses prompts rétablissements… Dit-il à l’attention d’Hélène  

- On n’en veut pas ! Grinça Marie  

- Et, il voulait vous faire savoir que si vous souhaitez lui demander un quelconque service, il sera à votre disposition… Finit-il en regardant Marie  

- Il a de l’humour le capitaine de la Guoanbu dit donc ! Ricana Marie  

- J’en ai un… !  

 

Marie se retourna vers sa petite sœur, incompréhensive. Hélène fut-elle devenue folle ! Elle avait un service à demander à Shen-Yeng, cet homme qui voulait sûrement sa peau, et elle tombait la tête la première dans un piège tendu.  

 

Hélène se leva de son lit, et marcha, encore fébrile, vers Caleb. Elle se plaça devant lui, posant sa main sur l’arme de Marie qu’elle lui demanda de ranger, ainsi qu’à Monsieur Saeba. Avec un radieux sourire, qu’elle adressa au Lieutenant Singh, elle fit part de sa faveur,  

 

- Je voudrais, une fois que la Guoanbu aura classée l’enquête, que Monsieur Shen-Yeng rapatrie le corps de ma mère, de mon grand-père, et de ses « complices » au Japon…  

 

Les âmes présentes dans la chambre furent bousculées. Hélène souhaitaient récupérer les corps des membres de sa famille, et même celui de Vlad Lowski, qu’elle avait surnommait avec dignité « grand-père ». Elle désirait adressait une tombe élégante, pour pouvoir aller se recueillir, et rendre leurs âmes plus purs, plus apaisées, après toute cette rancœur déversée.  

 

- Et bien, je vous promets de faire tout ce qui sera nécessaire pour répondre à votre requête…  

- Je vous remercie Lieutenant Singh…  

- Pour votre mère, ça ne sera pas difficile… En ce qui concernant votre…  

- Mon grand-père et mon père, mon parrain, votre ami et Ylia ! Continua Hélène avec aisance  

- Oui ! Je crains qu’il… Enfin, vous voyez… Ils ont péris tous les cinq dans une explosion…  

- Je sais que vous ferez de votre mieux !  

 

Hélène continuait de sourire affectueusement à Caleb. La confiance qu’elle lui portait fut pleine et sincère. En lui, elle ne voyait pas l’autoritaire Lieutenant Singh, sans sentiment, juste bon à donner des ordres et exécuter ceux de la hiérarchie. Elle le savait bon, et gourmand de justice, et puis, il était l’une des rares personnes à avoir percé le cœur de Marie ; par conséquent, c’était un homme bien.  

 

- Je le ferais ! Dit-il, faisant un salut militaire, souriant  

- Merci Lieutenant Singh…  

 

Marie prit la main d’Hélène, elle souhaitait qu’elle se remette au lit, et qu’elle se repose après avoir déjeuné. Caleb remercia Ryô de l’avoir aidé et soutenu pendant la mission, ainsi que ses compagnons d’arme ; le nettoyeur n’en fit rien. Une dernière fois, il insista pour parler seul à seul avec Marie, mais elle s’y refusa.  

 

- Nous n’avons absolument rien à nous dire… Au revoir et bon voyage !  

 

Marie quitta la chambre, elle partait chercher le déjeuner de sa petite sœur, le Doc’ devait s’être endormi pour tarder. Caleb repartit avec une pointe à l’estomac, bien plus peiné de l’indifférence de Marie qu’il n’aurait su l’imaginer, ou le contrôler. Hélène lui fit un dernier geste de la main en signe d’au revoir, et lui donna un sourire qui paraissait entendre qu’elle était désolée…  

 

Ryô et Kaori décidèrent de prendre congé, Marie voulait qu’Hélène se repose avant qu’elle ne quitte définitivement l’Hôpital, et Kazue avait promis de venir une dernière fois faire un examen complet pour valider officiellement son départ.  

 

- Tu ne devrais pas t’inquiéter autant Marie, je vais bien… Sourit Hélène  

- C’est clair ! Tu ne vois pas que tu l’étouffes ! Elle n’est pas en sucre ! Taquina Amélie  

- Je ne savais pas que tu avais un instinct maternel… C’est effrayant ! Se moqua Déborah, avec une grimace de dégoût  

- La ferme toutes les deux et rentrez chez vous ! Rougit Marie  

 

Marie poussa le dos de Déborah qui poussait le fauteuil d’Amélie ; l’image de complicité de ces trois amies fit rire Hélène, et enleva quelque peu la morosité de son visage. Kaori embrassa sa joue, et promis de rapidement convenir d’un rendez-vous pour boire un café au Cat’s Eyes ensemble. Quant à Ryô,  

 

- Salut !  

- Monsieur Saeba ! L’interpella Hélène  

- Quoi ?!  

- Euh… Je…  

- Mh ?  

- Non, rien… À bientôt Monsieur Saeba ! Finit-elle par sourire  

 

Ryô disparu de l’embrasure de la porte, lorsqu’il fit un pas en arrière, grattouillant sa chevelure corbeau, et regardant sur le côté, le corps à moitié tordu.  

 

- Kenji finira bien par réapparaître ! Marmonna-t-il  

- Ah, mais, euh ? Rougit-elle, balbutiant  

- C’est un homme timide, il doit ruminer quelque part dans un coin !  

- Un homme timide…  

 

Difficile à croire que Kenji puisse éprouver de la timidité, et surtout envers une femme. Ils n’étaient pas des étrangers, pourquoi serait-il subitement devenu timide ? Bien qu’ils ne se fussent pas vus depuis un an, ils ne pouvaient omettre la relation vécue intensément, et de manière platonique. Et puis, Kenji n’était pas homme à fuir, il assumait tout ce qu’il entreprenait, faisait et disait ! Qu’est-ce qui pouvait à ce point l’effrayer ?  

 

Après tout ce qu’il avait appris sur elle, peut-être avait-il peur des conséquences sur leur vie. Être dans ce monde, Hélène en avait maintenant conscience, ne serait jamais havre de paix ; il y aurait toujours des ombres du passé à fuir, des ambitieux du présent à tempérer, et des fous du futur à anticiper. Les verbes se conjuguaient à tous les temps dans le milieu, mais celui du conditionnel prédominait ; impossible d’imaginer un avenir…  

 

- Il viendra vers toi, j’en suis sûr !  

- S’il est aussi timide que vous, j’en doute ! Dit-elle, un sourire ensoleillé  

 

Ryô se mit à rire fortement, et prit congé en marchant de manière burlesque. Hélène connaissait déjà parfaitement Monsieur Saeba, et dire qu’elle n’avait pas eu le courage de le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour elle avec Kaori.  

 

- Moi, je suis une vraie timide aussi… Monsieur Saeba…  

 

…..  

 

Hélène était rentrée chez elle, dans cette petite cabane près de l’océan où elle vivait avec Marie et leur père - Jeff n’était pas présent depuis la fin de la mission, il réglait les dernières formalités avec Shen-Yeng et surtout Ishiba Kyosuke. Aucune visite rendu à Hélène, ni même à Marie pour renouer un lien visiblement égaré d’un père et sa fille très complice… Était-ce lui aussi un homme timide ?  

 

Ce fut étrange pour Hélène de ne pas retourner vivre avec Kaori et Ryô, elle ne pouvait le nier, vivre à leurs côtés fut une période fortunée de sa vie, et ils allaient manqués à son quotidien. Néanmoins, elle était heureuse de pouvoir rentrer chez elle, et de commencer une nouvelle vie de famille avec Marie et son père adoptif.  

 

- Tu veux quelque chose ? Tu devrais aller dormir un peu ! Proposa Marie  

- Ça va, je ne suis pas fatiguée… Sourit-elle, mais difficilement  

 

Marie fut éprise d’une gêne douloureuse. Elle voulait devenir une sœur aînée responsable, et ne veiller qu’à la sécurité et au bonheur d’Hélène, mais ce n’était guère une tâche facile. La tristesse qu’elle observait dans son regard prouvait qu’un long chemin restait à faire. Et comment parvenir à le traverser avec elle, alors que durant douze années, ce n’était que de la haine qu’elle lui avait offert ; comment devient-on une sœur digne de confiance ?  

 

- Je reviens ! Lança Marie, furtivement  

- D’accord…  

- Non, non, attends, je te dépose chez Ryô avant !  

- Pourquoi…?  

- Je ne veux pas que tu restes seule !  

 

Marie commençait difficilement son acte de sœur attentionnée ; Hélène ne voulait pas entendre ça, elle souhaitait pouvoir rester seule, et vivre sa vie sans que quiconque ne s’inquiète de savoir si elle rentrera le soir. Ce n’était pas une vie de s’angoisser systématiquement pour elle, et que chacun veille à sa sécurité ; elle ne voulait pas de cette existence, elle ne voulait pas qu’encore une fois des personnes qu’elle aime se sacrifient pour elle et périssent en son nom.  

 

- Je peux rester seule Marie, ne t’en fais pas pour moi… Sourit Hélène  

- Bien sûr que je m’en fais pour toi ! S’énerva-t-elle  

- Et bien arrête de t’en faire pour moi !!  

 

Hélène venait de se mettre en colère, et de crier un agacement profond qui sortait de ses tripes. Assez ! Il suffisait, il suffisait que des individus qu’elle ne connaissait même pas pour la plupart se sacrifient pour elle ! Qu’importe ce qu’elle savait d’important et que des ennemis essaieraient de lui arracher, elle n’avait pas peur ! Elle n’avait plus peur… Il fut hors de propos qu’elle perde Marie, ou Kenji, ou encore Amélie, et même Monsieur Saeba et Kaori à cause d’elle. Elle ne s’estimait pas précieuse au point d’avoir une garde rapprochée en permanence, et s’empêche de vivre pour la bombe à retardement qu’elle était…  

 

- Tu n’es pas une bombe à retardement… Souffla Marie, désespérée de toute la colère et la tristesse qu’Hélène ressentait  

- Bien sûr que si… Je suis le témoin de quelque chose dont je suis incapable de me souvenir !  

- …  

- Je ne me rappelle même pas de cet accident de bateau, et pourtant j’y ai perdu ma propre mère ! Je n’arrive pas à mettre un visage, un nom à celle qui m’a élevé !  

- …  

- Je, je n’ai rien dans cette tête ! Dit-elle, se la tenant. Il n’y a qu’un drap noir, constamment, et je fais des rêves qui n’ont aucun sens !  

- …  

- Je… J’aurai du périr avec ma mère dans ce fichu bateau…  

 

Un claquement se fit entendre, un son plus fort et plus strident que les mots que hurlaient, crachaient Hélène en sa propre personne ; une gifle. Une gifle que Marie avait donné non pas avec hargne comme il fut le cas trop souvent, mais avec désespoir et profond chagrin.  

 

Hélène leva les yeux vers Marie, et elle vit des larmes rouler sur ses joues. Ce fut la première fois qu’elle voyait sa sœur pleurer, son cœur relâcher de toute force pour céder à la peine… Hélène se sentait subitement égoïste, et revivait tous les mots qu’elle venait de déverser avec peu de courage en regardant sa sœur aînée droit dans les yeux.  

 

- Tu racontes vraiment n’importe quoi ! S’agaça Marie  

- Marie…  

- Tu veux laisser le sacrifice de ta famille vain ? Tu veux montrer un visage de perdante à ton ennemi ?! Et bien vas-y, sors dehors, et montre-lui qu’il a gagné !  

- Mais il a déjà gagné ! Il a déjà gagné en m’enlevant toutes les personnes qui comptaient pour moi !  

- …  

- Et celles qui restent vont devoir veiller sur moi comme une œuvre d’art de valeur ! Je ne veux pas de cette vie de prisonnière !  

- Tu ne comprends vraiment rien…  

- Qu’est-ce que je dois comprendre ?! Qu’il est normal de mourir par amour ?!  

- Malheureusement oui… La vie est plus douloureuse que la mort tu sais…  

 

Hélène sauta immédiatement dans les bras de sa sœur, et la serra aussi fort que les battements de son cœur effrénés. Marie avait probablement raison, la vie vous accorde moins de pause et de répits que la mort. La vie est remplie d’une immense symphonie d’acte et de sentiment qui peuvent ou nous rendre fort, ou nous rendre vulnérable. La mort n’est qu’un sommeil profond où plus aucune sensation ne traverse l’esprit. Est-ce qu’Hélène voulait réellement faire ce choix ? Le choix de mourir pour fuir toute la douleur qui compressait sa poitrine, ou vivre, vivre et combattre les méandres de l’existence…  

 

- Marie…  

 

Marie la serra dans ses bras, et ce sentiment de confort envahit tout son corps de chaleur. C’était agréable de la sentir tout contre elle, de respirer son parfum, et de percevoir qu’elle avait besoin d’elle, tout simplement. Pourtant, elle ne fut pas naïve, et Marie avait pleinement conscience qu’Hélène avait tout autant besoin d’une autre personne auprès d’elle…  

 

- J’accepte de te laisser seule, à la condition que s’il y a le moindre problème, tu m’appelles immédiatement ! Compris ?  

- Promis…  

 

Marie quitta les bras de sa petite sœur, et ne manqua pas de lui ordonner d’aller se reposer pendant son absence, et d’être prudente.  

 

Marie se rendit en ville, et marcha un long moment. Elle avait une idée de l’endroit où se trouvait Kenji, mais elle se demandait surtout comment le raisonner. Que lui avait-il pris de s’absenter autant de temps, et de ne pas venir rendre visite à Hélène ! La situation la rendait irritable, elle en voulait à ce froussard auquel elle infligerait une bonne correction.  

 

Marie arriva sur le lieu où elle pensait rencontrer Kenji, et elle eut raison ; il était là. Ce pétochard s’était réfugié dans le repère qu’avait attribué Ishiba aux nettoyeurs. En cet endroit, aucun moyen d’être repéré, le réseau téléphonique ne passait pas, et l’emplacement était tellement dessert et morbide que personne ne s’y aventurait.  

 

Kenji s’était posé sur un énorme container, et fumait une cigarette en regardant l’arrivée du crépuscule. L’air pensif, son regard se perdait dans le néant, et des pensées devaient s’entrechoquer sans parvenir à se connecter. Grimpant sur la masse de fer, elle vint s’asseoir auprès de lui, et ne dit rien. À quoi servirait-il de le sermonner, il se braquerait et finirait par garder le silence à perpétuité.  

 

Un long silence s’installa entre les deux amis, ils laissèrent un air tiède de cet été chaud toucher leur joue et leur cou. Le mutisme qu’ils partageaient valait toutes les conversations du monde, et Marie n’avait cessé de chercher ce qui pouvait bien empêcher Kenji d’approcher Hélène, et après de multiples hypothétiques raisons, elle n’en garda qu’une seule et unique.  

 

- Tu as des problèmes d’érection, je comprends que cela soit gênant pour un homme, mais je peux te conseiller un très bon sexologue si tu le souhaites !  

 

Kenji s’étouffa avec sa fumée de cigarette, il avait des difficultés à réaliser que de tels mots puissent s’échapper de la bouche de Marie, bien que…  

 

- J’en connais une qui à parler à Ryô ! Ironisa Kenji  

- Cette espèce de pervers satanique n’a vraiment que ça en tête ! Rougit-elle  

- Et je peux savoir quand tu as pensé que demander un conseil à Ryô serait une bonne idée ?  

- Probablement au bout de la centième fois qu’Hélène m’a demandé quand tu viendrais la voir !  

 

Kenji cru sentir son cœur se déchirer en deux. Après une année séparée dans une douleur et dans une incertitude certaine de se retrouver un jour, maintenant qu’une chance les laissait croire qu’ils pourraient de nouveau être ensemble : il doutait. Ou plutôt, il avait honte de lui-même. Ce n’était pas sur ses sentiments qu’il ressentait de l’ambiguïté, il les connaissait, avait pleinement conscience de leur grandeur, et des limites qu’il ne possédait pas… S’il s’était autant absenté, pour ne pas dire caché, la raison invoquée fut plus simple que ça, ou plus évidente,  

 

- Écoute Kenji, ce qui est fait est fait ! Tu ne pourras pas revenir en arrière ! Insista Marie  

 

Kenji descendit de son perchoir, et Marie suivie sa trace ; par peur de le semer, encore. Il écrasa sa cigarette au sol, et regarda vaguement devant lui.  

 

- Serge avait raison, je ne suis pas un homme fait pour elle !  

- Kenji, tu n’as pas couché avec Erika parce que tu avais une pulsion à évacuer ! Tu l’as fait pour d’autres raisons !  

- Et alors… Je ne crois pas que ça soit plus louable…  

- Quelle importance ! Hélène le sait de toute façon…  

- Comment ça ?  

- Tu as oublié ce qu’il s’est passé quand nous étions tous enfermés dans les égouts et qu’Hélène et Erika se sont parlées ?  

 

Kenji plongea son regard dans celui de Marie, et essaya de se rappeler les premiers mots qu’elles s’étaient échangés : « Hélène, c’est un joli prénom… J’eus connu un homme qui osait jouir ce nom sous l’oreiller… » ; « Je suis navrée d’apprendre que votre inexpérience oblige un homme à penser à une autre femme… ». Exactitude. Kenji se souvenait même avoir eu un rictus de fierté quant au répondant qu’elle avait eu ce jour-là, et au sang-froid sans faille qu’elle avait détenu du début à la fin.  

 

- Je ne sais pas si tu es l’homme qu’il lui faut… Tout ce que je sais, c’est qu’elle t’aime, et que tu lui manques…  

 

Kenji, pour d’infimes secondes, adressa un sourire chaleureux et sincère pour Marie. Souvent, la définition d’une meilleure amie reste vague pour les âmes humaines, et ils ne comprennent pas ce terme possessif et sûrement narcissique. Mais, s’il devait donner une définition à l’amitié qu’il ressentait pour Marie, il répondrait simplement qu’une fois son regard plonger dans le sien, Kenji sait qui il est, et qu’il n’a pas honte du reflet qu’il peut apercevoir dans le retour de ses yeux miroirs.  

 

- Merci… Chuchota-t-il, ému  

 

…..  

 

Hélène avait remonté le bas de son jeans, et avait enfilé un tee-shirt blanc basique et confortable. L’absence de Marie commençait à faire long, et elle s’ennuyait dans cette petite cabane étroite. Un tourbillon de pensées morbides s’inondait dans sa tête, et elle avait besoin de prendre l’air. Au début, elle ne souhaitait que marcher sur la plage, et profiter de la belle tombée de soirée. Il faisait encore chaud, et marcher dans le sable fut agréable. Et puis, hostilement, elle repensait à son acte après son premier réveil à l’Hôpital. La vérité est toujours une plaidoirie difficile à entendre, et à interpréter. Le temps serait long avant d’accepter tous ses sacrifices en son nom, pour le simple numéro de dossier qu’elle était.  

 

Hélène se demandait constamment s’il était raisonnable de rester en ville, ou même au Japon. Où irait-elle puiser assez de force pour continuer une vie normale ? Comment se regarder en face dans une glace après tout ce qu’elle avait fait, et tous les crimes qu’elle représentait. Méritait-elle une telle chance ? Avait-elle seulement le droit de vivre ?  

 

- Où est-ce que tu vas comme ça ?  

 

Hélène stoppa ses pas. Une voix rauque interpella et chassa d’un revers de balai toutes les idées noires qui absorbaient la détermination de vivre que lui avait ordonnée Marie. Et revenant à la réalité, elle réalisa qu’elle avait les pieds dans l’eau, marchant sans s’être arrêtée, provoquant l’océan, implorant la mer de l’emmener loin, très loin.  

 

Paralysée, elle était paralysée, et si la voix qu’elle avait reconnue ne fut pas celle qu’elle espérait entendre ? Qu’importe ! Il fallait qu’elle sache, qu’elle affronte son effroi et qu’elle se débarrasse de cette peur irrationnelle qu’elle engendrait pour tout et pour tous…  

 

Brusquement, elle fit volte-face en direction de la voix et sous les derniers rayons du soleil qui s’enfouissaient dans les nuages, elle le vit ; Hélène vit Kenji. Au plus profond d’elle-même, elle criait de bonheur, hurlait son plaisir de l’apercevoir après tout ce temps séparés l’un de l’autre. Et pourtant, son corps refusait de bouger, ses jambes étaient ankylosées, et sa tête pesait lourd. Elle respira bruyamment, son thorax faisait de rapide va et vient ; elle retenait des larmes. Ce n’était pas avec un visage triste, avec une âme fragile qu’elle voulait le retrouver mais avec force et dignité ; mais qu’est-ce la fierté devant l’être aimé.  

 

- Kenji !  

 

Hélène laissa ses larmes salées tomber dans l’immensité de l’océan. Elle courait, courait à une allure endiablée dans l’eau pour le rejoindre au plus vite sur le rivage. Kenji semblait loin, si loin, tellement loin, alors qu’il n’avait jamais été aussi prêt. Et lorsqu’elle sentit de nouveau ses pieds s’enfoncer dans le sable, elle ne put s’empêcher de prononcer encore une fois son prénom, cent fois son prénom, comme si l’usuel pouvait rendre ce mirage réel.  

 

Et il le fut.  

 

Kenji la réceptionna dans ses bras, elle qui avait sauté à son cou, et la souleva de la sphère terrestre. Il sentait ses larmes rouler sur la peau de sa nuque, elle le serrait tellement fort qu’il n’osait pas lui demander de l’air pour respirer. Hélène enfouit sa tête dans son cou, elle n’osait pas encore le regarder, quelle délicate certitude. Elle humait son odeur, ce parfum viril, celle de la fumée de cigarette, et ce goût sucré de menthe. Oubliée, elle avait presque oubliée jusqu’à l’aromate de sa chaire.  

 

Glissant dans ses bras et retrouvant pied à terre, elle rougissait de devoir affronter son regard, et qu’il aperçoive son visage imbibé de larme. L’émotion fut trop intense pour les retenir, et ce fut fébrile qu’elle plongea ses yeux chocolat dans ses yeux verts de pomme. Kenji déposa ses mains sur son visage, et ôta les larmes qui coulaient pour lui. Hélène le regardait avec une fascination déstabilisante et sans se poser de question, et surtout, sans oser dire un quelconque mot, il l’embrassa…  

 

Le touché de ses lèvres fut douce, savoureuse et déséquilibrante. Au début, ce fut timide, réservé, ils cherchaient à savourer toutes les sensations, et si elles existaient encore entre eux ; assurément. Un choc électrique traversa leur corps et l’envie implosa. Kenji serra Hélène dans ses bras, et accentua ce baiser trop chaste, bien sobre pour l’appétit qu’il avait d’elle. La soulevant comme une plume, il ne tarda pas à la conduire jusqu’à la cabane, et l’installer confortablement sur son lit.  

 

À califourchon au-dessus d’elle, il contenait son avidité. Car avant de la déshabiller, de la toucher, de l’embrasser, de la faire sienne, il aspirait à la regarder. Une année sans avoir posé ses yeux sur elle, son visage, son corps, sa silhouette, sans avoir profité de sa douceur, de sa grâce, d’elle toute entière… Physiquement, elle avait un peu changée, ses cheveux avaient poussés, son corps paraissait plus ferme ; dû aux entraînements intensifs avec Ryô. Les traits de son visage bienveillants n’avaient pas durcis, à son grand soulagement. Or, lorsqu’il plongeait dans le plus abîme de son être, il observait une intense tristesse, une longue fatigue, et une répugnance de sa propre personne. L’esprit de sa bien-aimée devait être asphyxié de mauvaises pensées, elle qui venait de vivre le pire dans ce milieu, le plus sombre et en si peu de temps. La rendre heureuse surgissait comme une épreuve presque insurmontable. C’était d’amour, d’un véritable amour dont elle allait avoir besoin.  

 

Kenji posa sa bouche sur la sienne et valsa avec ses lèvres, puis promptement avec sa langue. Il voulait qu’un raz de marée de frisson se propage de ses pieds à son échine ; ce qui se produisit sans attendre. Hélène agrippa son cou, elle voulait le toucher, le sentir contre elle, et espérait une promesse de ne plus jamais la quitter. Pour la première fois, elle faisait ressentir sa fougue, sa volonté de lui faire l’amour ; elle si timide jusqu’à lors, en cet instant, elle souhaitait l’aimer, simplement l’aimer.  

 

La passion colporta la fièvre, et une danse sensuelle se joua. Kenji enleva le jean d’Hélène, sans jamais quitter ses lèvres. Déboutonnant et se débarrassant de son pantalon, à peine posé par terre qu’il en fit de même avec sa chemise. Continuant l’effeuillage, il ôta le tee-shirt de son amante – le bouillant de ses actions s’arrêta pour une courte durée. Le soutien-gorge blanc qu’elle portait ne dissipait sa cicatrice ; marquant à jamais qu’une balle avait traversé son corps et qu’il avait failli la perdre pour toujours. Du bout des doigts, il caressa la couture tracée par les mains du Doc’.  

 

- Je n’ai pas mal… Sourit-elle, à son attention  

 

Kenji la regarda, à nouveau. Hélène s’était découvert un courage et une témérité à toute épreuve. Elle était forte, réfléchie, intelligente, et généreuse. Finalement, des morceaux de sa personnalité qui l’avait fait tombé fou amoureux n’avait pas disparu…  

 

Kenji goûta encore à ses baisers, ses baisers gourmands à la saveur unique. Un manque, un manque absolue d’elle avait brisé son âme, et maintenant qu’il glissait sa main sur son ventre pour descendre enlever ce sous-vêtement blanc qui dissimulait son pêché, il arrivait à peine à croire que ce fut réel. Faisant disparaître le tissu, il ne tarda pas à dévoiler également sa poitrine arrondie. La main droite de Kenji venu en dessiner les contours, passant de l’un à l’autre, pour qu’ensuite sa bouche vienne prendre le relais d’un délice certain. La main gauche de Kenji sentit la courbure du dos d’Hélène se cambrer de plaisir. Elle ferma les yeux, ses pommettes teintées de rouge écarlate ; satisfait de toujours provoquer de la pudeur à son touché. Kenji embrassa, happa, mordilla, aspira chaque parcelle de peau de son corps. À chaque passage, entre ses seins, son ventre, sa poitrine, son cou, il prenait du temps, un temps qu’on lui avait volé par la force des choses, et qui avait manqué à son bien-être. Chaque baiser, chaque caresse, chaque regard furent précieux…  

 

Erika fut la dernière femme qu’il eut touché, et à chaque fois qu’il effectuait les gestes qu’il s’observait faire en cet instant, il se rappelait la manière écœurante qu’il avait de pensé à Hélène pour parvenir à consumer la russe. Les mains de Kenji brûlaient, et son corps entier le faisait souffrir ; la culpabilité était en train de le ronger…  

 

- Kenji…  

 

Hélène susurra son prénom avec caresse, elle semblait comme prise sous l’effet d’une drogue ; les conséquences des cajoles érotiques de son bien-aimé. Kenji, sans s’en apercevoir, avait stoppé tous gestes alors qu’il s’apprêtait à croquer son pêché. Hésitant, il hésitait, et elle ne pouvait le laisser dans son tourment, seul à lutter contre le passé.  

 

Tremblante, Hélène prit les devants. Elle se mit en position assise, et vint poser sa main sur le torse de Kenji. Les doigts qu’elle avait positionnées ne furent pas posé au hasard, elle voulait être certaine que son cœur battait ; il ne battait pas, il s’affolait, sautillait dans tous les sens. Rougissante, elle déposa alors un baiser à cet endroit, et remonta jusqu’à son cou, où il sentit un souffle chaud sur son oreille.  

 

Kenji ferma les yeux, et laissa la fraîche expérience de sa bien-aimée, opérer sur lui un sentiment rassurant, comme si elle voulait qu’il sache qu’elle lui avait pardonné son écart avec la russe. Hélène avait-elle seulement dans le cœur la définition même de la rancune, de la vengeance ? Il en avait pleinement conscience, sa nature ne faisait qu’une avec la bonté, et la sagesse, elle ne parvenait pas à voir le pire chez l’être humain… Et ce serait probablement sa déchéance, sa perte.  

 

Kenji fut loin de tout ce sens, il savourait les lèvres fines et rosées d’Hélène tracer une ligne imaginaire dans son cou, et son torse. Les mains qui caressaient ses bras, son ventre et ses cuisses frissonnaient de toute part ; cette innocence et cette maladresse, ciel qu’il fut savoureux d’en abuser.  

 

Kenji déposa une main sur sa joue, il voulait observer son visage, apercevoir la timidité sur son visage, mais la volonté dans ses yeux. Hélène lui sourit, elle ne pensait pas que ces retrouvailles se feraient dans une telle pudeur, pourtant, l’amour qu’il avait l’un pour l’autre fut intact, mais les émotions traversées avaient laissé plus de cicatrices que prévus.  

 

Kenji ne pouvait pas laisser ce doute les perdre. La vie future ne serait pas rempli de bonheur de tous les instants, mais ne serait-ce pas que laisser gagner l’ennemi que de penser leur vie anéanti pour toujours ; sans l’ombre d’un avenir heureux. Ô grand jamais Stanislas Gomèz et Da Shen-Yeng n’auraient raison de son amour, de leur amour…  

 

- Je t’aime…  

 

Hélène se fixa ; « je t’aime » ; était-ce bien les mots que venaient de prononcer Kenji ? Rêvait-elle ? Allait-elle se réveiller encore une fois dans une chambre d’Hôpital où tout serait sombre et morbide ? Négatif. Hélène ne subissait pas les prémices d’un rêve, et les trois mots qu’elle venait d’entendre furent bien réels.  

 

- Je… Je t’…  

 

Hélène ne parvient pas à donner une réponse, mais sous la fougue de sa confession, Kenji rallongea le corps de sa bien-aimée sur le lit, et dévora son âme. Il l’embrassa impétueusement, caressa sa peau, et souleva l’une de ses jambes qu’il enroula à sa hanche. La fierté se hissa en la pêche, et des vagues de désirs charnels entraîna le lit dans une cadence déchaînée.  

 

Hélène s’agrippait à Kenji, elle avait constamment peur qu’il fuit, s’échappe à nouveau, et elle voulait sentir davantage plus vigoureusement sa promesse de ne plus jamais la quitter. Elle l’enlaça, laissant son bien-aimé jouer avec son cou, et torturer de bienfaisance son sein gauche. Kenji griffa son dos, il fut sauvage, comme guider par la bestialité de sa déclaration ; elle lui avait donné une énergie fulgurante. Emporté par ce tourbillon, il attrapa le corps frêle d’Hélène et la fit s’asseoir sur lui. Il ne savait pas de quelle manière la posséder encore plus, il voulait faire disparaître son corps dans le sien, jusqu’à une appartenance éternelle,  

 

Et ce fut dans ce lotus de plaisir qu’une jouissance symphonique les emporta dans un ciel où le paradis ne fut guère lointain.  

 

Kenji et Hélène ne se laissèrent pas le temps de respirer, ils s’embrassaient déjà à perdre haleine, et ne pouvaient s’empêcher de se serrer dans les bras…  

 

À bout de souffle, et dans le raisonnable que quémandait le corps, ils s’allongèrent tous les deux sous les draps, et se confinèrent l’un contre l’autre. Kenji caressait le dos de sa bien-aimée, lorsqu’il se rappela qu’un tatouage y était désormais piqué. Ce tatouage l’avait sûrement sauvé, et il appartenait au gang le plus craint, le plus recherché ; Shu’Kiru. Hélène allait devoir se forger un caractère et un esprit à la mesure de ce passé funeste ; sans doute la raison pour laquelle elle n’avait pu répondre à ses sentiments…  

 

- Kenji…  

- Mh ?!  

- Je suis désolée, j’ai perdu ton collier…  

 

Kenji retenu un rire entre ses dents ; ce collier n’avait vraiment aucune importance. Le pendentif en forme de dé avait été jeté depuis fort longtemps, et le résultat ne permettait pas de parier.  

 

- Ce n’est pas grave, nous n’en n’avons plus besoin…  

- Nous ? Fut étonnée Hélène  

- J’avais le même, et je l’ai perdu aussi…  

- Tu portais le même collier autour du cou ?  

 

Hélène paraissait réellement surprise par cette confession, pendant toute l’année où ils furent séparés, Kenji avait identiquement le même bijou. Hélène se détesta, durant ce temps d’absence, elle pensait que son bien-aimé avait juste voulu laisser un souvenir de lui, au cas où il ne reviendrait pas, mais elle avait eu tort… Kenji désirait à travers ces deux pendentifs qu’ils furent les gardiens de leur relation : des sentiments, de l’amour…  

 

Hélène rougissait, elle ne savait pas comment s’excuser de ne pas avoir compris plus tôt le message de Kenji. À vrai dire, elle ne l’aurait jamais pensé si romantique, si attaché, si sentimental… Hélène était avec un homme qu’elle ne connaissait même pas de moitié… Néanmoins, malgré toutes ces ignorances à son sujet, elle était également sûre à dix milles pour cent d’un sentiment,  

 

- Je t’aime aussi Kenji…  

 

Kenji chopa la nuque d’Hélène et l’embrassa, ardemment. L’amour, il n’avait jamais su complètement ce que c’était, et y goûter un jour jusqu’à désirer le posséder pour l’éternité ; jamais songé une seconde. Et voilà qu’il avait en son cœur, une jeune femme incroyable, à l’âme pure, et au cœur généreux. Kenji n’attendrait pas que la vie lui donne une réponse à ce bonheur donné, non, il le vivrait, quitte à devoir se battre jusqu’à la mort pour le garder à tout jamais.  

 

Hélène serait son ultime amour.  

 

…..  

 

Un bouquet de rose blanche pour sa mère, et un bouquet de tulipe rouge pour son grand-père.  

 

La neige tombait en abondance en ce début de décembre, et un manteau blanc recouvrait déjà une majorité de la ville. Le temps rude et froid n’empêchait jamais Hélène de venir déposer des fleurs sur la tombe de sa famille. Caleb avait tenu sa promesse, il eut tout fait pour convaincre Monsieur Shen-Yeng de rendre les corps défunt de sa mère et son grand-père ; Vlad Lowski.  

 

Kenji fut surpris qu’Hélène ait fait une telle demande, mais après tout, les raisons devaient être morales à sa façon de se reconstruire. Elle continuait de travailler comme aide-soignante ; prendre soin des autres, ce fut ce qu’elle savait faire de mieux, et ce qui lui permettait de se lever le matin. Kenji ne pouvait pas affirmer qu’elle était complètement heureuse ; ses nuits furent envahis de rêves et de cauchemars indéchiffrables. Les journées où elle souriait de bon cœur furent rares, elle parlait peu, et se contentait souvent de travailler et de rentrer chez elle où elle vivait avec Marie.  

 

Aujourd’hui, il était passé la chercher à son travail, comme tous les jours, et elle avait désiré passer par le cimetière pour déposer des fleurs. Par ailleurs, il la sentait différente en ce jour, elle avait le visage apaisait et elle souriait devant la tombe de Vlad Lowski. Kenji tenait un parapluie pour la couvrir de la neige, lorsqu’il sentit son bras être capturé par le sien.  

 

- Allons marcher… Demanda-t-elle, gardant son sourire  

 

Kenji et Hélène marchaient tous les deux dans les rues de Shinjuku. Ils tenaient chacun un parapluie, et se tenaient à une certaine distance ; ils semblaient vivre une relation cachée comme un époux et sa maîtresse.  

 

- Kenji, je voudrais te demander ton avis sur une décision que je voudrais prendre…  

 

Kenji s’arrêta net ; elle avait l’air sérieux malgré ce sourire qui n’arrivait pas à se détacher de ses lèvres. Hélène se positionna devant lui, et posa sur lui un regard rassurant.  

 

- Je souhaiterais quitter mon poste d’aide-soignante, et commencer des études de médecine…  

- Tu voudrais aller à l’université ?!  

- C’est exact…  

- Tu as réussi à te faire assez d’argent pour ça en si peu de temps avec ce petit boulot ?! Se moqua-t-il  

- Entre autre…  

 

Encore ce sourire radieux et solaire qu’il n’avait pas vu depuis très longtemps sur son visage.  

 

Kenji avouait s’attendre à tout sauf à cette décision de sa part. Hélène désirait devenir étudiante, et faire les études de son choix, comme toutes les jeunes filles de son âge… À l’exception faite qu’elle n’était pas comme toutes les jeunes japonaises, et que les menaces pesaient encore sur elle ; combien de yakuza avait-il stoppé à l’aide de Marie, Amélie, Déborah et Ryô ? Un contrat sur sa tête fut posé à l’instant même où elle avait quitté l’Hôpital. Les quatre nettoyeurs faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour qu’elle puisse ne pas s’en apercevoir, et continuer de vivre sans la peur de croiser la mort à chaque coin de rue. Est-ce qu’Hélène en avait conscience ? Probablement. Elle était très distante, même avec sa sœur, il n’y qu’a lui qu’elle se confiait, parfois ; ne souhaitant pas attirer l’attention sur leur relation, et par conséquent sur Quentin, son fils.  

 

Égoïste, Hélène en mourait d’être égoïste à ce point…  

 

- Est-ce que c’est quelque chose que tu désires profondément ? Questionna Kenji  

- Oui… Je veux devenir médecin Kenji ! Dit-elle accompagnée d’un signe de tête  

- Dans ce cas, tu dois le faire !  

 

« Être médecin » ; Hélène avait ce rêve en tête, et il fut si fort qu’il rongea son estomac. En temps normal, elle n’aurait pas émis cette requête, cette demande égoïste, mais ce matin, quelque chose d’insoupçonnable s’était produite,  

 

Une visite lui avait été faite, et elle avait apporté avec elle des révélations qui bouleverseraient complètement sa vie…  

 

Une chaleur interrompit les pensées d’Hélène, Kenji venait de la prendre dans ses bras. Elle essaya de s’en échapper, elle se sentait mal à l’aise et elle ne voulait pas donner plus d’argument à son ennemi de pouvoir l’atteindre. Or, son bien-aimé se voyait têtu en cette soirée, et prétexta que la nuit fut suffisamment tombée pour pouvoir la prendre dans ses bras en pleine rue.  

 

- Tu veux une vie normale, mais tu ne veux pas aussi d’un petit-ami normal ? Dit-il, collant son front au sien  

 

Hélène fut stupéfaite ! Est-ce que Kenji commençait déjà à ressentir de la jalousie ? Ce fut une question naïve, et terriblement craquante. Hélène souhaitait devenir médecin, bien plus qu’être étudiante ; et aucun étudiant ne pourrait égaler l’homme qu’était Kenji ; car aussi loin qu’elle imaginait sa vie, elle ne l’imaginait à aucun moment sans lui.  

 

Et sous les flocons de neige qui continuaient de tomber sans cesse, Hélène passa ses mains autour du cou de Kenji, et venue l’embrasser…  

 

Kenji serait son ultime amour.  

 

….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. …..  

 

 

 

BONUS : Une journée « presque » normale.  

 

Ryô pleurait. Inaccoutumé fut d’apercevoir des larmes sur le visage de cet homme au caractère de fer et c’était un véritable illusionniste quant à l’expression de ses sentiments. À l’instant, pourtant, de grosses larmes tombaient de ses yeux. Est-ce que Kaori avait eu un accident ? Est-ce que Saeko avait encore abusé de son charme pour le rusé ? Est-ce qu’aucun client ne s’était présenté à City Hunter depuis longtemps alarmant ainsi le compte en banque ? Aucune de ces théories ne pouvaient faire pleurer le solide Ryô Saeba. La raison pour laquelle il pleurnichait fut plus simple ! Qu’est-ce qui pouvait rendre larmoyant Ryô, et heureuse Kaori à la fois en ce vingt-trois décembre ?  

 

- Je ne m’en remettrais jamais…  

 

Ryô tenait fermement trois paires de mains féminines. Au cours des six derniers mois, trois étudiantes américaines avaient pris place dans l’appartement d’en face de City Hunter. Elles étaient venues au Japon étudier la robotique japonaise pour une grande école d’ingénierie américaine. Une rousse, une blonde, et une brune pour les moins piquantes, très belles, et amusantes. Les trois jeunes étudiantes à peine âgés de vingt-cinq ans, furent clientes des pitreries de Ryô, et sans les massues guérisseuses de Kaori, il aurait pu facilement conclure un mokkori avec ces ricaines.  

 

- Monsieur Saeba ne soyez pas si triste… Réconforta la brune  

- Vous avez notre adresse et notre numéro de téléphone aux États-Unis ! Affirma la rousse  

- Et vous passez nous voir quand vous désirez… Informa la blonde, déposant un baiser au rouge à lèvre rouge dans son cou  

- Attention !! Hurla subitement Ryô  

 

Kenji attrapa par la hanche Hélène et la protégea de son corps contre la porte de l’ascenseur. Un cliquetis comptait le temps que mettait une bombe à exploser, et la bombe se positionnait juste devant le nez de Ryô, prête à détoner ; la bombe se nommait Kaori. Une massue de cent mille tonne sortie obscurément de son dos, et elle frappa dans la tête de Ryô qui vint s’encastrer dans le mur.  

 

Hélène sortit des bras de Kenji, et observa ce tableau avec stupéfaction. La jalousie de Kaori fut sans aucun doute l’ennemi le plus féroce et imbattable de Monsieur Saeba. Les trois américaines prirent peurs ; elles enfourchèrent les poignées de leurs valises et partirent en courant et en hurlant à Ryô dans les escaliers de ne jamais donner de nouvelles.  

 

Ryô marmonnait dans sa barbe, la tête toujours encastré dans le mur ; il demandait à Kenji de bien vouloir l’aider à sortir de ce trou.  

 

- Débrouille-toi tout seul ! Et puis, je trouve que tu fais une jolie déco les fesses en arrière !  

 

Kaori se mit à rire, et aida Kenji et Hélène à porter des cartons. Maintenant que l’appartement d’en face fut libre, et débarrasser des affaires des trois étudiantes américaines, Kaori chantonnait à l’idée que Kenji et Hélène emménagent en face de chez eux et qu’elle n’aurait plus à craindre de voir débarquer des femmes charmantes et célibataires en ce lieu.  

 

Hélène fut moins guillerette. D’abord, parce qu’elle s’inquiétait de voir que Monsieur Saeba ne soit pas encore parvenu à libérer seul sa tête du mur, et qu’il manquait de respirer. Et dans un second temps, l’idée d’emménager en face de chez Monsieur Saeba et Kaori ne lui plaisait guère. L’idée venait de Kenji ; immédiatement après la demande d’Hélène de faire des études de médecine, il lui avait demandé de vivre ensemble. Marie n’en fut pas attristée, et dès que Kenji et Hélène auraient trouvé un appartement, elle partirait vivre avec Déborah et Amélie.  

 

En à peine trois semaines, Kenji avait trouvé cet appartement, en grande partie grâce à Kaori. Toutefois, même si elle appréciait l’idée de se rapprocher de ce couple qu’elle affectionnait sincèrement, elle ne voulait pas les mettre en danger, et en vivant à proximité, c’était cent pour cent de risque de les mêler à sa mort ; sans compter que Mike et Kazue vivaient également dans l’immeuble d’en face.  

 

Essayeraient-ils tous de la protéger à son escient, quitte à risquer leur propre vie ? L’intention en fut insupportable pour Hélène.  

 

- Kenji, je… !  

 

Kenji n’eut le temps de se retourner face à sa bien-aimée qui l’interpella vivement, que Ryô positionna sa tête à moins de trois millimètres de celle de Kenji, et lui fit part de son mécontentement.  

 

- Dit donc espèce de blanc-bec, c’est comme ça que tu commences ta première journée de voisin salutaire, en me laissant mourir la tête dans le mur ! Grogna Ryô  

- Tu avais mérité d’avoir la tête dans le mur… Dit-il, nonchalant  

- Je voulais juste me montrer chaleureux devant le départ de ces trois jeunes femmes qui cachaient leur tristesse immense de me quitter !  

- Ta perversité t’aveugle complètement !  

- Ma perversité ? Je n’ai pas de leçon à recevoir d’un lolicom !  

 

Hélène fit tomber le carton de vêtement qu’elle tenait, sous la honte que venait de poser Monsieur Saeba et se cacha le visage. Elle oubliait souvent qu’elle n’avait que dix-sept ans, et que Kenji avait huit ans de plus.  

 

- Lolicom hein ? Très bien, Kaori approche un peu et écoute-moi ça !  

- Qu’est-ce… Qu’est-ce que tu fais ? S’affola Ryô, regardant Kaori s’avancer vers Kenji  

- Un soir, alors que tu étais tranquillement en compagnie de Kazue dans son appartement, l’obsédé que tu as pour partenaire, à dîner avec ces trois jeunes américaines en tête à tête !  

- QUOI ?  

- Et alors qu’il s’apprêtait à rentrer déjà complètement soul chez vous, l’une d’elle a proposé un threesome !  

- UN… UN THREESOME ? Rougit Kaori, très en colère  

- L’histoire ne dit pas s’il aurait accepté ou non, car Mike arrivait juste à ce moment-là, c’est lui qui me la raconté !  

 

Hélène se demandait bien ce qu’était un « threesome », et lorsqu’elle en demanda la définition, elle observa presque des rougeurs sur les joues de Kenji, répondant simplement de ne jamais accepter cette proposition et elle vit Kaori, saucissonner Ryô dans une couette, l’attacher à une corde et le jeter par la fenêtre.  

 

- Kaori chérie, reine de mon cœur, pitié, remonte-moi ! Supplia Ryô  

- Never ! Répondit furieuse Kaori, en anglais.  

 

Kaori et Kenji rangeaient hâtivement les cartons, Ryô était toujours suspendu à la fenêtre, et Hélène ne cessait de visionner en long et en large les quatre murs de cet appartement. À l’entrée, sur la droite, une chambre, et une salle de bain juste à côté. À gauche, une petite cuisine, avec une petite fenêtre. Au centre, une table de salon, pour dîner, posée sur un tapis gris. Une fenêtre – où fut suspendu Ryô – ensoleillé le centre de l’appartement. Et en face du salon, un lit en mezzanine.  

 

Kenji avait préféré ce lit au confortable qui se trouvait dans la chambre – sous le prétexte qu’elle conviendrait mieux à Quentin. Néanmoins, plus Hélène observait cet appartement, plus des confidences sur Kenji lui apparaissaient. D’abord, il ne supportait pas les appartements à plusieurs pièces ; elle se souvenait que des cabanes où ils vivaient auparavant avec Déborah et Amélie, il possédait la seule à une pièce. Par ailleurs, la seule chambre présente dans cet appartement, ce fut Kaori qui l’avait complètement emménagée et rangée. Et puis, que ce soit dans son ancienne maison, où ici, Hélène remarqua qu’ils ne possédaient ni armoire ni penderies, mais que des commodes. Ce ne furent que des détails, mais sans savoir réellement pourquoi, elle les remarquait à l’instant…  

 

- Hélène, tout vas bien ? Murmura soudainement Kenji, derrière son dos  

- Ça va, mais j’ai faim ! Dit-elle, attrapant sa main  

- Tu veux qu’on aille déjeuner au Cat’s Eyes ? Les filles y sont en plus… Proposa Kenji  

- Je pensais plutôt à commander des sushis !  

 

Kenji redoutait cette réponse. Hélène passait son temps à trouver des excuses à leurs sorties comme voulant se cacher telle une petite souris dans son trou. Il avait des difficultés à gérer ses craintes, et d’autant plus lorsqu’il l’invitait à rejoindre leurs amis. Elle fuyait, et pourtant ce sentiment ne lui ressemblait pas.  

 

- Tu n’as pas vu les filles depuis plusieurs semaines, te voir leur ferait plaisir !  

 

Kenji se surpris à dire cette phrase, il n’y a pas si longtemps, Amélie, Déborah et Marie vouaient un vrai culte à la haine pour sa petite-amie. Désormais, Marie était une véritable grande sœur, protectrice, inquiète, et quelque fois même possessive. Amélie possédait une gratitude héroïque à Hélène de lui avoir porté secours et de lui avoir sauvé la vie ; elle en serait à jamais reconnaissante. Quant à Déborah, elles n’étaient ni devenues amies, ni complices, mais l’apaisement semblait les gagner de jour en jour.  

 

- Je sais, mais je les appellerais très vite, c’est promis !  

- Hélène…  

 

Kaori s’approcha d’elle, et posa ses deux mains sur ses épaules. Elle lui adressa un sourire chaleureux, et rassurant…  

 

- Tu sais, l’amour est bien plus fort que la peur…  

- …  

- Ta sœur et tes amies aimerait passer un moment avec toi, et ce sentiment est bien plus puissant que la peur que tu ressens…  

 

Hélène fut émue des mots de Kaori, et ils parvinrent jusqu’à son cœur, le réchauffant par sa grâce et sa bonté. Décidément, Kaori était une femme exceptionnelle, et elle ne méritait pas de bienveillance de sa part.  

 

- Et moi alors ?!  

 

Ryô réapparut dans la pièce, et nul ne sera jamais par quel moyen et par quel miracle il fut parvenu à telle résurrection. Il fit sa tête d’enfant malheureux et incompris, et larmoya de venir déjeuner avec eux.  

 

- Tu ne mérites pas qu’on t’invite, tu n’as rien fait pour aider en plus ! Gronda Kaori  

- Et à qui la faute aussi ?! Qui m’a enroulé dans une couette pour me jeter dans le vide !  

 

Kaori n’était pas décidé à pardonner à Ryô, et furtivement, elle prit la main d’Hélène pour se préparer à sortir déjeuner. Emmitouflés dans des manteaux, et enroulés dans des écharpes, ils partirent à pied jusqu’au Cat’s Eyes. Hélène entendait Kaori marmonnait, elle en voulait sévèrement à Monsieur Saeba d’avoir osé dîner seul avec trois jeunes femmes, et dans son dos en plus de ça.  

 

- Tu es sacrément gonflé d’avoir sorti ça ! Kaori va m’en vouloir jusqu’à Noël de l’année prochaine ! Râla Ryô  

- Ce genre de situation n’arriverait pas si tu n’étais pas dicté par tes bas instincts !  

- Je suis innocent dans cette affaire !  

- Innocent toi ? En partant dîner avec trois jeunes femmes qui par un miracle de dieu avaient l’air de s’intéresser à toi ?!  

- Je n’ai pas dîné avec ces trois femmes à cause de ça, mais pour vérifier quelque chose ! Se défendit-il  

- Ah oui ?! Et vérifier quoi ?  

 

Ryô s’apprêtait à avouer la raison de son dîner avec ces trois jeunes américaines, lorsqu’il fut interrompu par une Kaori au regard foudroyant, qui somma à Ryô d’arrêter de marmonner avec son complice.  

 

Arrivé au Cat’s Eyes, Kaori partit directement s’asseoir au comptoir, et comptait sur la bonne humeur de Miki pour calmer et tempérer son agacement. Quant à Hélène, elle n’avait pas encore fait un pas dans le café qu’Amélie courut vers elle, et la traîna jusqu’à la table où elle déjeunait avec Marie, Déborah et Quentin. Pour qu’Amélie se déplace à une aussi vive allure avec ses deux béquilles, et qu’elle traîne Hélène par la main comme si sa vie en dépendait, c’était que quelque chose d’amusant se préparait…  

 

- Tu ne devineras jamais ! Gloussa Amélie  

- Que se passe-t-il ? Demanda Hélène, s’installant à côté de sa sœur  

- Si tu ouvres ta grande bouche de blonde, je te fais manger tes béquilles ! Grinça Marie  

- Tante Marie à un amoureux secret ! Confessa Quentin  

 

Le petit garçon fut fier de sa déclaration et se réfugia près des bras de sa mère et tira la langue à sa tante pour se protéger, et se moquer sans risque. Kenji ébouriffa les cheveux de son fils, et fut surpris de l’information donnée.  

 

- As-tu des preuves de ce que tu avances ? Questionna-t-il, taquin  

- Marie a reçu une lettre enflammée ! Sourit Déborah, moqueuse  

- « Vous êtes ma déesse Athéna, forte, courageuse et généreuse. » ! Commença à citer Amélie  

- Vous n’êtes qu’une bande de renégat ! S’énerva Marie  

- Tu ne finiras donc pas vieille fille ! Asticota Kenji  

- Et si tu allais t’occuper de toutes tes groupies qui font la queue depuis ce matin pour avoir juste un café servit par toi ! Bisqua Marie  

 

En vue aérienne, le Cat’s Eyes n’avait jamais été aussi rempli. Une multitude de femme, de tout âge et de tout bord prenaient quotidienne place dans le café. Après le départ de Kasumi – informée de la relation « officielle » de Kaori et Ryô – Kenji avait pris le poste de garçon de café. Hélène en fut étonnée, non pas qu’il soit serveur, mais plutôt la raison invoqué ; « ils ont besoin de personnel, et j’ai une dette envers eux ». Mensonge. Elle savait pertinemment que ce poste fut stratégique pour les affaires clandestines de Kenji. Décidément, leur relation n’était basée que sur des échanges de mensonges…  

 

- Tante Hélène !  

 

Hélène sentit son cœur rater un battement ; elle adorait lorsque Quentin lui donnait ce surnom affectueux.  

 

- Oui… ?  

- Tu m’aides pour mes exercices de math !  

- Bien sûr…  

 

Marie et Hélène échangèrent de place, pour qu’elle puisse être en face du petit garçon et l’aider dans ses devoirs. Amélie demanda à son neveu pourquoi il ne demandait jamais d’aide à ses deux parents et à ses deux autres tantes.  

 

- Vous êtes nuls !  

 

Amélie et Marie firent la grimace ; est-ce qu’elles venaient de se faire traiter d’idiote par un gamin de six ans ? Déborah étira un sourire, ce n’était pas dans sa nature de dévoiler ses pensées, mais en cet instant, elle fut heureuse ; parce qu’Amélie allait bien, que Marie paraissait en forme, et que son fils pouvait profiter à nouveau de son père. Et en ce qui se rapportait d’Hélène ; sa présence fut plutôt agréable, et elle s’occupait vraiment bien de son fils.  

 

Et puis, pendant qu’Hélène s’occupait de Quentin, elle n’avait pas vu sur toutes ces filles qui s’empressaient de vouloir séduire Kenji. Amélie se demandait continuellement comment elle faisait pour ne pas se lever toutes les cinq minutes et arracher les yeux de ces furies. Hélène n’avait vraisemblablement pas une nature jalouse et exclusive, ce qui forçait au respect pour Amélie. Et puis sa dernière réponse fut certes naïve, mais concluante : « j’ai confiance en Kenji ».  

 

Pendant qu’Amélie essayait de comprendre, Ryô, assit au bar aux côtés de Kaori, se moquait de Falcon.  

 

- Et dire que ce café fonctionne grâce à Kenji ! Quel succès, ce n’est pas toi qui aurait eu ça, hein, tête de poulpe !  

- Arrête de fanfaronner, au moins c’est un mari fidèle et aimant ! S’agaça Kaori  

- Ouh, j’ai l’impression qu’il y a de l’eau dans le gaz chez City Hunter ! Ricana Miki  

- Tu es jalouse parce que j’ai la cote ! Pavoisa Ryô  

 

Kaori grinça des dents, et elle comptait prendre de l’élan pour écraser sa tête de prétentieux sous une massue de cent tonnes, lorsqu’un client qui avait sonné la cloche, vint s’asseoir à côté d’elle. Ryô eu de la chance, Kaori ne voulait pas effrayé la fervente clientèle du café, et son ardeur de se venger des infamies de son partenaire descendu en température.  

 

- Un sandwich et un café s’il vous plaît !  

- Bien monsieur ! S’exécuta Miki  

 

L’homme qui s’était assis à côté de Kaori sortit son téléphone et fit tomber son portefeuille en prenant son mobile. Kaori le ramassa et le rendit au client.  

 

- Tenez  

- Mer… Ce n’est pas vrai, Kaori Makimura !  

- Excusez-moi…  

- C’est moi, Tomeo, Tomeo…  

- Nakamura ! Le capitaine du club d’athlétisme ! Finit Kaori qui le reconnu.  

- C’est ça, oh mon dieu, je n’arrive pas à croire que je te rencontre là !  

 

Tomeo Nakamura était un homme grand, brun, aux cheveux courts, au visage fin et aux traits sympathiques. Il se montrait convivial, et s’exposait guilleret à l’idée de revoir Kaori. Pourtant, au lycée, ce fut loin d’être la fille la plus populaire, et encore moins pour son féminisme inexistant. Néanmoins, Kaori était gentille avec tout le monde, et sa générosité, elle, n’était pas passée inaperçue. Et sans qu’elle s’y attende, il prit sa main, et la fit se lever pour l’admirer.  

 

- Tu es superbe, rien à voir avec l’uniforme du lycée, trois fois trop grands pour toi !  

- Arrête ! Rougit-elle  

 

Kaori fut flattée, et rougit sous les compliments de Tomeo. Pourtant, elle n’était vêtue que d’un jeans bleu ciel, d’une chemise rose cachée sous un sweat bleu roi avec inscrit dessus en couleur blanche « I love mace ». Il la fit se rasseoir, et Kaori lui demanda ce qu’il faisait maintenant, s’il continuait toujours le sport.  

 

- Oh non, j’ai arrêté, je ne supportais plus ce groupe drogué aux phéromones !  

- Je vois très bien ce que tu veux dire ! Ricana Kaori  

- Je suis agent immobilier maintenant, et mon patron m’a confié la visite d’un immeuble dans le quartier à un entrepreneur !  

- Et bien, je comprends pourquoi tu es si classe ! Complimenta Kaori, touchant son bras droit  

- Et toi, que fais-tu ? Sourit-il, charmé  

- Disons pour faire simple que je suis l’assistante d’un détective privé !  

- Et quelle assistante, oui, Kaori sait faire les boulettes de riz et taper les factures aux clientes comme personne !  

 

Ryô s’était incrusté dans la conversation, et comme à son affreuse habitude, il n’allait pas jouer les coqs gardien de sa poule, non, il allait maladroitement rentrer dans le jeu de la jalousie par ignorance, et ironie.  

 

- Je fais un peu plus que ça ! Râla Kaori  

- Oh oui, il y a le café aussi, Kaori met une pointe de lait pour que le réveil soit plus doux au matin !  

- Je reconnais bien là, la bienveillance de Kaori ! Sourit Tomeo  

 

Ryô ria nerveusement ; cet homme aimable et candide tapait déjà sur son système nerveux. Tomeo était propre sur lui-même, souriant, agréable ; tout ce que détestait le nettoyeur ; un beau parleur. Kaori et Tomeo ne cessèrent de discuter tout le long du déjeuner, et sa partenaire fut tellement captivée par les souvenirs partagés avec son ami du lycée, qu’elle ne levait même pas le petit doigt face à ses pitreries perverses.  

 

Tandis que Tomeo se préparait à partir, Mike et Kazue firent leur entrée dans le café, et l’américain fut ébahit face à la scène qui se présenta devant lui.  

 

- Je suis désolé, je dois déjà m’en aller, j’ai un rendez-vous très urgent !  

- Je comprends, mais j’étais ravie de te revoir ! Sourit gracieusement Kaori  

- Oui, moi aussi, et euh…  

 

Tomeo sortit une carte de visite de son agence immobilière, et inscrit des chiffres au dos de la carte, qu’il tendit à Kaori.  

 

- Je te donne mon numéro ! Téléphone-moi à l’occasion, et on pourra… Allez dîner !  

 

Tomeo adressa un clin d’œil à l’attention de Kaori avant de quitter le café, et espérait en lui souriant chaleureusement qu’elle appellerait rapidement. Kaori en rougit, c’était la première fois qu’un homme s’intéressait autant à elle, jusqu’à lui laisser son numéro de téléphone. La journée avait très mal commencée, mais se rattrapa astucieusement en mettant sur son chemin un homme qui l’avait séduite sous les yeux de son partenaire, et elle ne manqua pas d’affabuler.  

 

- Alors Ryô, tu as trois américaines folles de toi dans un avion en partance pour les États-Unis, et moi j’ai le numéro d’un homme que je peux voir ce soir, si je veux ! Qui a du succès ?! Dit-elle faisant voler la carte de visite sous le nez de Ryô  

- Ne te réjouis pas trop vite, il t’a peut-être donné un faux numéro !  

- Bien évidemment, pour toi un homme qui me donne son numéro est sûrement faux !  

- Tu veux qu’on essaye pour voir ! Dit-il, sortant son téléphone  

 

Kaori se sentit frustrée, son partenaire ne savait véritablement pas être délicat, et même si elle savait qu’au fond de lui il crevait de jalousie, son impertinence et sa nonchalance la rendait folle de rage.  

 

- Tu n’es qu’un mauvais perdant ! Venu défendre Mike  

- Pas du tout, et je te parie que je ne récupère pas un numéro, mais au moins dix juste dans ce café ! Frima-t-il  

- Tu n’es qu’un baratineur, et Kenji en ramasserait le double de toi ! Pas vrai Falcon ! Ricana Mike  

- Je suis prêt à en parier toute mon artillerie ! Sourit de toutes ses dents Umibozu  

- Et bien parfait ! Que les paries soient lancés ! Eh, Kenji !  

 

Kenji servait à la table d’Hélène, il distribuait des chocolats chauds, lorsqu’il vit Ryô courir vers lui comme un enfant.  

 

- Ça te dit un petit jeu !  

- Un jeu ?  

- Ouais, je te parie que je récupère plus de numéro que toi auprès de la gente féminine dans ce café !  

 

Amélie recracha sa gorgée de chocolat chaud, et se tenait le ventre tellement son rire fut accentué par la bêtise que venait de dire Ryô.  

 

- Tu n’es pas sérieux ! Se moqua-t-elle  

- Est-ce qu’on doit te rappeler que toute la clientèle féminine n’est là que pour lui ! Ajouta Déborah  

- Et alors ? Elles ne s’intéressent qu’à lui parce qu’elles n’ont pas encore rencontré le vrai gentleman de ces dames ! Dit-il, prenant la posture d’Hercule  

 

Ryô entendit un petit son s’échapper des lèvres d’Hélène, les singeries de Monsieur Saeba l’amuseraient éternellement, un vrai baladin. Et il profita de sa bonne humeur pour forcer encore plus son jeu.  

 

- Ça ne te dérange pas que Kenji participe à mon petit jeu Hélène, hein ?!  

- Eh, je n’ai pas dit oui ! Raillera Kenji  

- Non, ça ne me dérange pas… Et je pense même que vous allez gagner Monsieur Saeba !  

 

Hélène continuait d’aider Quentin à son exercice de mathématique, lorsque Kenji apparu derrière son fils, et jeta un regard noir à sa bien-aimée ; qu’est-ce qui pouvait bien lui faire croire que Ryô gagnerait ce duel face à lui.  

 

- Et bien… Tu es très beau, c’est vrai… Mais…  

- Mais quoi ? Marmonna Kenji entre ses dents.  

- Tu es un peu effrayant, tu ne parles pas beaucoup, tu es toujours sur la réserve, tu as le visage fermé, et tu ne dégages pas beaucoup de sympathie…  

 

Déborah regarda Hélène la bouche ouverte, Amélie stoppa son action de boire une gorgée de chocolat chaud, et Marie explosa de rire, sa petite sœur venait de décrire un Kenji à la perfection. Ryô se mit également les mains devant la bouche, la définition de son ami correspondait à la virgule près à son caractère peu sociable et elle le fit bien rire également.  

 

- Mais… Tu as d’autres qualités, tu sais… Rougit Hélène, inquiète du mutisme de Kenji  

- Bien sûr… Ryô !  

- Oui, cher ami !  

- Ma pause commence dans cinq minutes, prépare-toi à te faire humilier !  

- C’est ce qu’on verra ! Ricana-t-il, un peu contrarié  

 

Kenji ôta son tablier, et aborda son air le plus séduisant, le plus sensuel, ce visage qui donnait envie de pêché, ce sourire et ce regard qui avait fait succomber plus d’une femme. L’égo de Kenji venait d’en prendre un sacré coup avec les pensées de son amante ; ce fut ainsi qu’elle le voyait, sans attraction ni envie immédiate de l’aborder pour un simple renseignement, un service. Quelle humiliation, il se demandait dès lors ce qui pouvait avoir de ce fait, attirer Hélène chez lui ?!  

 

La pendule sonna deux heures de l’après-midi, et le café fut à son apogée en termes de clientèle. Et sous le désespoir de voir un jour Ryô atteindre l’âge mûre, et de s’apercevoir avec quelle facilité il avait happé Kenji dans sa gaminerie, l’assemblée assista à un spectacle frivole, et légèrement pathétique. Les deux hommes se vouaient une vraie bataille de séduction, et certaines jeunes femmes n’en restèrent pas insensibles, que ce soit du côté de Kenji ou de Ryô. Ils se pavanaient avec leurs morceaux de papier et passaient de table en table pour essayer à tout prix de gagner ce combat de coq.  

 

Au bout d’une heure, Kaori stoppa les ardeurs de son partenaire avec une massue, ce qui eut pour simple effet de vider entièrement le café d’un revers de cent tonnes. Soixante minutes, c’était du domaine du record d’avoir supporté ce pitoyable manège de perversité de la part de Ryô pour Kaori.  

 

Ils se réunirent tous autour de la table où se trouvait Hélène, et commencèrent à compter le nombre de numéro de téléphone qu’avait remporté les deux hommes. Au final, quinze pour Kenji, et quatorze pour Ryô, l’étalon de Shinjuku se faisait battre d’un seul numéro d’écart.  

 

- Kenji a gagné ! Se réjouit Amélie  

- D’un numéro seulement ! Râla déçu Ryô  

- Peut-être, mais il a quand même gagné ! Insista Kaori  

 

Ryô grognait son mécontentement et se sentait dévalorisé face à Kenji ; son ami avait l’avantage de la jeunesse, et la mode fut au blanc-bec. Le côté mauvais perdant de Ryô explosa, et il attendrait jusqu’à la fermeture du café pour égaliser voir surpasser son redoutable adversaire. Et de cet antre fait, la cloche du Cat’s Eyes retentit, les radars de Ryô indiquèrent que la visite fut féminine. Furtivement, il sauta sur la proie, sans se poser de question, mais alors qu’il s’envolait à bras ouvert vers la cliente, il se rattrapa aux poutres du plafond, effrayé.  

 

La main qui avait poussé la porte du café fut bien féminine, mais elle était haute comme trois pommes, et fut à peine âgé de cinq ans.  

 

- Et c’est moi le lolicom ! Se moqua Kenji  

- Je me suis un peu précipité, c’est vrai ! Dit-il, tirant la langue  

 

La petite fille portait un uniforme gris foncé, un manteau de même couleur, entouré d’une écharpe et d’un bonnet rouge. Deux couettes tressées sortaient de son bonnet, et des tâches de rousseurs adorables se piquaient sur ses pommettes.  

 

Curieusement, à l’arrivée de la fillette, Marie s’était cachée derrière le dos d’Hélène, espérant disparaître en conséquence.  

 

- Que fais-tu ici toute seule ma puce ? Demanda Kaori, s’abaissant à son niveau  

- Je cherche Mademoiselle Marie…  

- Marie ?!  

 

Marie se cramponna aux hanches d’Hélène, et s’enfonça encore davantage sur la banquette et cacha sa tête entre le bras droit de sa petite sœur, sous le ricanement de cette dernière. Kaori prit la main de l’enfant, et la guida jusqu’à Marie, devenue autruche. Hélène la voyait rougir, et une gêne évidente déforma son visage ; elle comprit.  

 

- C’est toi qui as écrit une lettre à Marie ! S’exclama Hélène  

- Oui ! Je suis rassurée qu’elle l’ait trouvé, je l’avais déposé devant sa porte !  

- Elle était « très » contente de la recevoir… Insista Amélie  

- Mademoiselle Marie a été très gentille avec moi hier ! Elle m’a défendu devant des garçons qui m’embêtaient !  

- Elle a fait ça ! Ironisa Déborah  

- Oui, alors je voulais la remercier !  

 

Hélène fut touchée par cette petite fille, elle la trouvé adorable, et ses joues rouges prouvaient qu’elle avait fait une marche accentuée sous ce froid hivernal juste pour venir la retrouver au café. Elle décida alors de se lever, pour que Marie trouve le courage de sortir de sa cachette ; elle savait affronter les plus terrifiant yakuzas, et elle s’effrayait devant une enfant de cinq ans.  

 

- Mademoiselle Marie !  

 

Marie se releva, injuriant mentalement Hélène d’avoir osé se lever et de la faire découvrir devant l’ennemi – une ennemie intimidante pour Marie. L’enfant se rapprocha d’elle, et lui tendit une poche remplie de cookies. Elle les avait préparé avec sa mère rien que pour elle. Marie, essayant de retenir sa timidité, attrapa le paquet de biscuit dans ses mains, et la remercia à la vitesse de la lumière.  

 

- Est-ce que tu veux goûter ici ? Proposa Hélène, sous les grands gestes négatifs de Marie  

- Non, c’est gentil, mais maman m’attends dans la voiture au bout de la rue !  

- Je vais te reconduire dans ce cas !  

 

Marie se leva, et enfila son manteau, il n’était pas question que cet enfant marche encore seule dans les rues de Shinjuku, par un temps pareil, dans un quartier peu inoffensif. Doucement, elle attrapa sa petite main, et la raccompagna jusqu’à la voiture de sa mère. Hélène fut attendrit par ce tableau ; elle aussi elle aurait voulu que sa grande sœur la raccompagne de cette manière plus jeune.  

 

La tendre pensée fut interrompu par les pleurnicheries de Ryô ; non seulement il avait perdu le pari, s’insultant de vieux grabataire en perte de séduction, mais en plus de ça, son radar à jolies femmes défaillait. Hélène trouvait qu’il était dur avec lui-même, et que tous avaient été sévères avec lui aujourd’hui. Émue par son caprice, elle attrapa un feutre et gribouilla sur une serviette en papier qu’elle tendit à l’attention de Ryô.  

 

- Tenez Monsieur Saeba…  

- Hein ?!  

- Je sais que vous n’êtes pas un lolicom, mais comme je ne serais que la quinzième sur votre liste, j’aurai peut-être eu le temps de devenir majeur en attendant que vous rappeliez toutes ces femmes…  

 

Ryô ria nerveusement, très nerveusement ; car il n’imaginait pas une seconde séduire Hélène. Non pas qu’elle ne fut pas à ses yeux une jeune femme attirante, mais le regard que Ryô posait sur elle ne ressemblait pas à de la séduction, il était tout autre, un peu comme une petite sœur, et puis, il avait fait une promesse…  

 

- Merci ! Sourit-il, sérieusement  

 

La journée se termina. Amélie, Marie et Déborah accompagnées de Quentin partirent dîner chez Hélène et Kenji. Le petit garçon fut ravi de découvrir sa chambre, et les filles furent charmées par les lieux ; cosy et convivial. Kenji préparait le dîner dans la cuisine, pendant que les filles se détendaient dans le salon. Hélène prit le nécessaire pour mettre la table, lorsqu’elle fut retenue par la hanche par Kenji.  

 

- Tu as passé une bonne journée on dirait…  

- Une journée mouvementée, mais très agréable ! Ricana Hélène  

- Tu n’auras plus peur de sortir maintenant !  

- Je n’ai pas peur pour moi Kenji, mais pour vous…  

- Je sais…  

 

Kenji voulait la prendre dans ses bras, et l’embrasser pour la rassurer, mais devant ses amies, il n’osait pas ; les sentiments ne s’oubliaient pas d’un revers. Avec ces conditions, il se contenta de détendre l’atmosphère en ripostant de sa fidèle ironie sarcastique.  

 

- J’attends toujours de savoir mes qualités, maintenant que je connais mes défauts !  

- Tu es vexé… Sourit-elle, amusée  

- Je dirais plutôt curieux !  

- Et bien, je dirais que ta loyauté, ton courage et ta sensibilité m’ont séduite…  

 

Kenji regarda Hélène, ahuri. Elle citait là trois qualificatifs qu’il n’aurait jamais cru entendre de la part de quiconque, même de sa bien-aimée. Quand l’avait-elle trouvait loyal, courageux et surtout sensible ? Vraisemblablement, il était inutile de lui cacher quoique ce se soit de ses pensées ou de ses sentiments ; elle avait le cœur assez amoureux pour les deviner. Ô ciel qu’il mourrait d’envie de la consumer, là, maintenant, immédiatement. Mais aurait-il oublié que ses ardeurs ne pourraient se réaliser que tard dans la soirée…  

 

Hélène attrapa le nécessaire pour dîner. Elle se dirigeait vers la table du salon, lorsqu’elle entendit Kenji prononçait,  

 

- J’ai jeté tous les numéros que j’ai récupéré au Cat’s Eyes…  

 

Hélène ne se retourna pas, bien trop rougissante pour affronter le regard brûlant de son bien-aimée qui calcinait son dos. Et si elle affrontait ses yeux transperçant de désir ; pas sûr qu’elle y résiste.  

 

À l’appartement City Hunter, l’ambiance fut tout autre, Kaori et Ryô dînaient sous un silence de plomb. La fierté de chacun l’emportait sous la jalousie de l’autre. Kaori en voulait toujours à Ryô d’avoir dîné avec ces trois jeunes américaines dans son dos, et de s’être pavané devant toutes ces femmes et qui en plus de ça avait été quatorze à laisser leur numéro de téléphone. Quant à Ryô, ce fut son orgueil qui réclamait des excuses, Kaori s’était laissée séduire par ce beau-parleur d’agent immobilier et l’avait ignoré tout ce temps en ne cessant d’offrir de radieux sourire à ce bellâtre.  

 

- Alors Kaori, quand comptes-tu appeler Tomeo ?  

- Et toi, laquelle de ces prétendantes comptes-tu appeler en première ?  

- J’hésite ! Peut-être cette avocate aux mensurations vraiment parfaites !  

- Oh, une avocate, encore une femme qui te mènera par le bout du nez pour t’aider dans tes enquêtes ! Dit-elle, débarrassant son assiette  

- C’est sûr que c’est plus intéressant que ton ennuyeux agent immobilier ! Répliqua-t-il, débarrassant aussi son assiette  

 

Les piques se propulsèrent encore de nombreuses minutes, et les oreilles de l’avocate et de l’agent immobilier devaient probablement siffler douloureusement.  

 

Les offenses furent de rigueur, mais ils cessèrent une fois que Kaori et Ryô furent posés sur le canapé, l’un et l’autre à chaque bout de l’extrémité du divan. Les deux nettoyeurs boudaient, marmonnant dans leur barbe les derniers reproches qu’ils n’avaient eu le temps de se dire.  

 

L’émission de variété sur laquelle fut bloquée la télé était profondément ennuyeuse, et Kaori retenait des frissons que le froid de l’appartement glissait sur sa peau. Elle essayait de s’intéressait au programme, lorsqu’elle vit du coin de l’œil, une couverture bleue se rapprocher. Tournant la tête vers la visiteuse, elle vit Ryô lui tendre la couverture, mais sans oser la regarder.  

 

- Tiens !  

- Merci !  

 

Kaori arracha la couverture aux mains de Ryô et se l’installa sur les jambes et les bras. Un silence nouveau se créa quelques instants, lorsque Ryô eu également un frisson et commençait lui aussi à avoir froid. Du coin de l’œil, le premier frisson quitta à peine le corps du nettoyeur, qu’il aperçut un bout de couverture bleue sur ses genoux. Pivotant sa tête, il put constater que Kaori s’était quelque peu déplacée vers lui, et s’allia à lui donner un bout de couverture ; sans le regarder un instant, son visage montrait qu’elle boudait encore.  

 

Ryô mit confortablement la couverture sur ses jambes, et fit la moue. En réalité, il avait une envie irrésistible de rire, l’image de ce couple sous tension injustifiée, fâchés jusqu’à être à l’opposé loin l’un de l’autre dans un canapé où le confort permettrait bien plus de plaisir l’amusa ; le pathétisme lui-même s’en amusait.  

 

- Kaori…  

- Quoi ?!  

- Pour ce dîner, avec les trois américaines, ce n’est pas ce que tu crois !  

- Ah non ?!  

- J’ai dîné avec elle uniquement pour vérifier quelque chose !  

- C’est ça ! Et qu’as-tu voulu vérifier ?! Que tu pouvais encore séduire des jeunettes !  

- Rho, mais non ! Je voulais simplement vérifier si elles n’étaient pas des espionnes !  

- Des espionnes ?!  

 

Kaori regarda dans les yeux Ryô plusieurs secondes ; disait-il la vérité ? Bien sûr que non !  

 

- Tu te moques vraiment de moi ! Pestiféra Kaori, tournant la tête  

- Je te jure que c’est vrai ! Et je n’ai pas besoin de me prouver quoi que ce soit quant à mon pouvoir de séduction sur des jeunettes !  

- Ah non ?!  

- Non, étant donné que j’ai déjà une jeunette bien à moi à la maison !  

 

Ryô avait approché son visage de Kaori, et elle fut prise sous les belles paroles de son partenaire un court instant. La nettoyeuse n’en croyait pas un mot, et se plaignit de l’argument peu courtois de Ryô.  

 

- Pourtant tu rougis ! Dit-il, posant son index sur l’une de ses joues  

 

Kaori voulait dégager le doigt de Ryô en le poussant avec sa main, mais elle fut rattraper au vol. Ryô serra sa main dans la sienne, et déposa un baiser sur la paume. Subitement, son visage boudeur, et sa mine contrariée disparue, et des traits plus tendres, et aussi un peu éplorés se dessinèrent.  

 

- Et toi, c’était quoi ton jeu avec l’agent immobilier !  

- Quel jeu ?! Rougit-elle  

- Tu lui as touché l’avant-bras ! Rumina-t-il  

- Ce n’était qu’un geste amical… !  

 

Ryô avait le visage tordu de mécontentement, et au fond de lui grondait une jalousie monstrueuse. Des images s’étaient imbriquées dans son esprit jouant avec une imagination possessif et dont une réalité probable aurait pu naître. Est-ce que si Kaori avait eu une vie normale, elle serait avec ce genre d’homme ? Beau, intelligent, travailleur, sportif, il était l’archétype de l’homme idéal, et l’égo de Ryô en fut vraiment frustré.  

 

- J’ai jeté son numéro à la poubelle dès que je suis rentrée ! Rougit Kaori  

- Vraiment ?  

- Je n’ai pas besoin d’un autre homme idéal, j’en ai déjà un !  

 

Kaori avait prononcé ces mots dans une timidité monstre, elle en avait baissé le regard et tourné la tête. Ryô fut comblé par cette réponse, et amusé ; Kaori avait lu dans ses pensées, comme elle savait le faire si bien… Mais le terme « d’homme idéal » définissant ce Tomeo l’agaçait encore, alors sans attendre, il attrapa son visage en coupe et l’embrassa fougueusement. L’allongeant sur le canapé, Ryô fit foie qu’il ne laisserait plus aucun homme approcher Kaori d’une aussi facile façon…  

 

Kaori glissa ses bras autour du cou de Ryô ; elle voulait le sentir contre elle de manière plus forte, plus intense. Ryô n’était peut-être pas l’homme capable de lui promettre le mariage, ni des enfants, ni une maison sur le bord d’une plage, mais sous ses baisers, ses regards et ses caresses, et ses quotidiens qu’ils partageait depuis six années, rien de ce que le code de la vie dicte n’avait d’importance ; Kaori aimait Ryô, et préférait son bonheur à toutes les possibilités d’une autre vie…  

 

Le téléphone résonna dans l’appartement City Hunter, mais Ryô fut bien trop occupé à mordre et déposer des baisers dans le cou de Kaori pour effleurer même l’idée de quitter ses bras juste pour un appel. Glissant dans l’oreille de sa partenaire de laisser sonner, le répondeur se déclencha,  

 

- Bonsoir Monsieur Saeba, c’est Rachel ! Je vous appelais pour vous dire que nous étions bien arrivées à New-York, et que vous nous manquiez déjà à toutes les trois… Venez vite nous rendre visite ! Kiss !  

 

Ryô stoppa ses baisers et affronta le regard de sa partenaire qu’il sentait trembler non plus de désir, mais de frustration.  

 

Le pire arrivait,  

 

Kenji prit son fils dans les bras, prêt à aller le mettre au lit, lorsqu’Hélène, en train de ranger la vaisselle, poussa un hurlement d’effroi.  

 

- Que se passe-t-il ?  

- Tu n’as rien entendu ?  

 

Hélène avait entendu un énorme bruit sourd, et semblait percevoir des hurlements de détresse. Ouvrant la fenêtre à côté de la cuisine, elle eut la vision effrayante de Ryô, enroulé dans une couverture bleue, suspendue à une corde et qui se balançait de la droite vers la gauche.  

 

- Good night darling !! S’écria Kaori, refermant les volets et la fenêtre  

- Kaori chérie, je te jure que c’est un mal entendu ! Pleurnicha Ryô  

 

En bas de la rue, Déborah, Amélie et Marie, qui quittaient l’immeuble, se laissèrent aller au rire face à l’interprétation de pendule que Ryô jouait à merveille. Mike, qui fumait une cigarette sur le balcon, pariait avec Kazue à quelle heure Kaori viendrait le libérer. Et comme ce fut le hasard, Miki et Falcon qui passaient en voiture dans la rue de l’immeuble de City Hunter, admiraient ce gros flocon de neige parmi les minuscules qui commençaient à tomber.  

 

- Je sens que le voisinage sera bruyant ! Ironisa Kenji, quittant la fenêtre pour coucher son fils  

- C’est vrai… Mais…  

- Kaori, j’ai froid, pitié, je ne recommencerais plus, je serais sage !! Supplia Ryô  

- City Hunter rendra nos journées « presque » normales… Sourit Hélène  

 

….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. ….. …..  

 

Vingt-quatre décembre ; réveillon de noël.  

 

Kaori s’activait aux fourneaux ; le réveillon s’organisait chez City Hunter. Ryô avait été surpris d’une telle initiative, ils ne roulaient pas sur l’or en cette fin d’année, les contrats ne se bousculant pas ; en bien comme en mal ; et la banque clignotait rouge. Néanmoins, Kaori avait envie de faire plaisir, et de réunir, qu’ils essayent de passer un réveillon normal, et festoyant après une année chargée en émotion angoissante.  

 

Et puis, chacun avait mis la main à la pâte ; Miki apporteraient les boissons, Kazue les entrées, Kenji et ses amies, les déserts. Kaori n’avait plus qu’à s’occuper du dîner, mais recevoir douze convives chez soi, ça demandait du travail, et elle s’activait depuis ce matin six heures.  

 

Ryô arriva dans la cuisine, en traînant des pieds ; depuis ce matin, il ne faisait que bougonner, sa partenaire ne s’était pas occupé de lui de toute la journée, et l’enfant qui sommeillait en lui avait détesté se préparer le petit-déjeuner, et le déjeuner tout seul. Et la seule manière d’attirer l’attention de Kaori, c’était encore de râler.  

 

- Je n’arrive pas à croire que tu m’es obligé à enfiler un costume ! Bougonna Ryô  

- Je t’ai demandé de mettre au moins un pantalon descend et une chemise !  

- Ma tenue de d’habitude aurait suffi ! On reçoit nos amis, pas l’aristocratie !  

- Être classe de temps en temps ne va pas te tuer !  

 

Kaori n’avait visiblement pas envie de le plaindre, et elle n’avait même pas levé les yeux vers lui une seconde, et il commençait à envier ce bol de sauce qui occupait toute son attention. Décidément, Ryô serait de mauvaise humeur.  

 

- Tu veux bien aller mettre la table s’il te plaît ! Ils arrivent dans quinze minutes ! Ordonna Kaori, ne détachant toujours pas ses yeux de la table de travail  

- À vos ordres mon colonel ! Dit-il, prenant les assiettes sans délicatesse  

 

Ryô disposa les assiettes sans conviction ni ambition. Et puis, un chantonnement vint chatouiller ses oreilles ; Kaori chantonnait dans la cuisine, et se dandinait. La vision de sa partenaire guillerette, heureuse, donna un sourire lumineux à Ryô, et il s’appliqua à mettre la table pour apercevoir encore plus de pétillant dans les yeux de Kaori.  

 

Cinq minutes, il restait cinq minutes à Kaori pour s’habiller, Ryô se tenait devant sa table parfaitement mise, mais il ne reçut que le tablier enfariné de Kaori sur la tête, et elle fila dans la salle de bain se préparer. Ryô reçu un courant d’air froid sur la tête, elle avait ignoré sa table, son travail, la détermination qu’il avait mis à son œuvre.  

 

Refroidi, il resta stoïque jusqu’à ce que Kaori redescende, et après un courant d’air froid, il eut comme une douche froide ; sa partenaire apparut somptueuse. Une combinaison rouge soulignait toute la perfection des lignes de son corps ; et la dentelle transparente sur les côtes faisait apparaître sa taille de guêpe ; ravissante.  

 

Kaori se précipita vers la table, et constata la belle présentation, disposition et décoration de Ryô. Elle en fut impressionnée, elle ne connaissait pas la fibre artistique de son partenaire.  

 

- Parfait, il ne manque plus que les premiers invités !  

 

À peine eu-t-elle terminée sa phrase, qu’on sonna à la porte ; ce fut Mick et Kazue. Kaori et son amie filèrent directement en cuisine, et Mick se servit de la stature immobile de Ryô comme porte-manteau.  

 

- Et bien mon vieux, tu en fais une tête ! Se moqua l’américain  

- Je crois que Kaori est toujours fâchée à cause de ces trois américaines !  

- À quoi t’attendais-tu en flirtant avec ces ladys ?!  

- Je n’ai pas flirté !  

 

La sonnette retentit à nouveau, et Ryô préférait aller ouvrir que de continuer à se justifier inutilement face à Mick. Ouvrant la porte, il tomba sur Miki et Umibozu, les bras encombrés de vin et de champagne. Miki partit rejoindre les filles dans la cuisine, pendant que Falcon se moquait de Ryô et de sa jolie table de métrosexuel.  

 

- Vous n’êtes qu’une bande de cafards !! Je vous invite chez moi et c’est comme ça que vous me remerciez !  

- Eh, majordome, on vient de sonner à ta porte ! Taquina Mick  

 

Et ce fut grognon et le visage abîmé par la colère qu’il ouvrit une troisième fois la porte. Kenji, Hélène, Marie, Déborah et Amélie s’y trouvaient ; sans omettre Quentin. Le petit garçon couru directement vers le sapin où des cadeaux étaient déjà déposés.  

 

- Vous êtes très élégant Monsieur Saeba… Sourit Hélène  

- Ah, enfin quelqu’un qui me montre son affection ! Pleurnicha-t-il, heureux  

 

Kenji tiqua sur un détail ; pourquoi sa bien-aimée s’obstinait-elle à vouvoyez Ryô et l’appelait constamment « Monsieur Saeba ». Émettait-elle encore ainsi une distance avec un homme qui comptait pour elle, afin qu’il ne s’attarde pas sur ses sentiments ?  

 

- Tu sais, tu devrais arrêtez d’émettre autant de respect envers Ryô, il ne le mérite vraiment pas ! Conseilla Kenji, un peu railleur  

- It’s correct ! Ryô n’est pas aussi révérencieux que ça ! Approuva Mick  

- Je suis bien d’accord, et puis ça risque de faire encore plus enfler son égo ! Continua Falcon  

- C’est ma fête ou quoi aujourd’hui ?! S’indigna Ryô  

 

Les filles se mirent à rire, car il fallait l’avouer, ce pauvre Ryô était toujours la bête de foire, le clown de service, celui qu’on prend plaisir à se moquer ; bien que la taquinerie générale fut bien plus de l’affection que de la malveillance.  

 

Les deux dernières invitées arrivèrent, et Déborah et Amélie furent surprises de les apercevoir. Kenji avait demandé à Kaori d’inviter Sylvana et sa fille Katarina ; elles seraient seules pour le réveillon, le nettoyeur avait pris compassion et Kaori avait accepté avec grand plaisir. Ce fut étrange de voir marcher la sœur jumelle d’Erika face à eux, la jeune femme s’était reteinte en blonde, et ses cheveux avaient aussi légèrement poussés. Néanmoins, Sylvana n’était pas sa sœur, et son cœur innocent se reflétait dans son regard imbibé de gratitude envers ce couple de bien avoir voulu l’inviter avec sa fille.  

 

À table, Hélène osa même lui demander ce qu’elle devenait désormais. Sylvana avait réussi à trouver un poste d’hôtesse d’accueil dans un hôtel à Tokyo – une massue de cent tonnes avait traversé la table, Ryô avait immédiatement réclamé des prix sur ce « love hôtel ».  

 

- C’est un hôtel convenable Monsieur Saeba ! Rougit Sylvana, ayant bouchée les oreilles de sa fille  

- Je suis rassuré que tu es réussi à te faire une nouvelle vie… Glissa Kenji, assis en face d’elle  

- Merci, mais c’est grâce à toi…  

 

Hélène vit le regard que posa Sylvana sur Kenji ; il fut inondé de reconnaissance et d’amour. Katarina ne cessait de parler à Kenji, et semblait rassurer à ses côtés. Hélène en fut touchée, mais elle ne put s’empêcher aussi de ressentir une certaine jalousie ; comme toutes les femmes. Kenji avait sauvé Sylvana et sa fille, et Hélène connaissait bien ce sentiment de gratitude…  

 

Le dîner s’éternisa, et les deux enfants réclamèrent d’ouvrir les paquets cadeaux disposés avec appétence sous le sapin. Le papier décoratif valsa dans tout l’appartement, Quentin et Katarina furent gâtés. Un peu intimidé, chacun des adultes s’offrirent aussi mutuellement des présents, et des rires et des émotions se propagèrent. Ce vingt-quatre décembre fut une soirée délicieuse…  

 

Chacun se regroupa dans un coin de l’appartement pour discuter et tolérer ce copieux dîner devant un thé. Amélie, Déborah et Marie chahutaient, Miki et Falcon roucoulait sur le canapé, Kazue et Mick discutaient toujours à table, Kenji s’occupait des enfants avec Sylvana, et Kaori fourgonnait dans la cuisine, commençant à ranger et à nettoyer.  

 

Ryô profita de l’occasion pour se glisser derrière son dos, et l’entourer de ses bras. Il déposa sa tête sur son épaule, et un baiser papillon dans son cou.  

 

- Merci pour ce soir… Murmura-t-il à son oreille  

- J’étais heureuse qu’on soit tous réunis… Dit-elle, se retournant vers lui. Et la table était particulièrement bien mise ! Qu’est-ce que tu ne ferais pas pour te faire pardonner !  

- J’ai dormis une partie de la nuit dehors dans le froid, et sur le canapé le reste de la nuit, et tu m’as ignoré toute la journée, n’ai-je pas été assez puni ?! Bouda-t-il  

 

Kaori laissa échapper un rire, et entoura le cou de Ryô ; elle devait s’avouer que son partenaire avait assez payé pour ce message téléphonique enflammée de ces américaines. Elle se mit sur la pointe des pieds, et colla son front au sien.  

 

- Ton colonel te donne l’autorisation de le rejoindre dans la chambre ce soir…  

 

Ryô approcha ses lèvres de Kaori, il mourrait d’envie de l’embrasser, et maintenant qu’il fut près de son plus cher désir, il sentit la tête de sa partenaire partir sur le côté, et laisser ses lèvres en forme de cœur dans le vide. Elle le tapota sur l’épaule, et lui fit comprendre de se retourner.  

 

Des regards curieux scrutés sans pudeur l’intimité de Ryô et Kaori. Leurs amis souriaient bêtement, curieux, et aussi un peu contrariés ?  

 

- Dit donc tous les deux, on n’a toujours pas eu d’explication sur votre relation ? Marmonna Mick  

- Ah, ah, comment ça ?! Ricana nerveux Ryô, se détachant de Kaori  

- Vous plaisantez, ça fait des années qu’on n’attend de vous voir ensemble ! Répliqua Miki  

- On veut tout savoir, dans le moindre détail ! Réclama Kazue  

- Des, des détails…  

 

Ryô se gratta le derrière de la tête nerveusement, il ne s’était jamais sentit aussi mal à l’aise de toute sa vie, même le jour où il fut les fesses retournées sur une table de médecin pour se faire soigner le… « Non » ; rien ne fut plus gênant que ce jour ; il rampa entre les jambes des vautours qui s’étaient jetés sur Kaori pour avoir les réponses à leurs questions et parvenu à s’échapper. S’appuyant contre le mur pour respirer, il constata qu’une invitée, elle, ne s’intéressait pas à la façon dont s’était formé le « couple » City Hunter.  

 

Hélène avait enfilé son manteau, et avait profité d’un mouvement en masse pour disparaître. Ryô la suivit, et stoppa ses pas arrêté devant la porte qui menait sur le toit de l’immeuble. La neige tombait à gros flocons, et Hélène marchait jusqu’à la rambarde. Le nettoyeur se demandait bien ce qu’elle venait faire ici, seule, à la vue de n’importe quelle lunette d’un tireur d’élite. Elle semblait calme, et paraissait chercher quelque chose dans sa poche de manteau. Curieux de ce qu’elle allait en sortir, il resta dans l’ombre à la surveiller, mais étonnamment, Hélène sentit sa présence, et se retourna.  

 

- Monsieur Saeba…  

 

Ryô fut surpris qu’elle est sentit sa présence, mais après tout, elle avait été entraîné par le meilleur ; lui.  

 

- Que fais-tu ici toute seule ?  

- J’avais besoin de prendre l’air… Sourit-elle, innocente  

- Un air très frais! Dit-il, frissonnant  

 

Ryô se mit à ses côtés, et ils partagèrent un moment de silence. Hélène serrait le bord de la rambarde nerveusement. En réalité, elle cherchait à attirer l’attention à Monsieur Saeba, pour pouvoir lui parler, se confier, et peut-être qu’il saurait l’aider… Et alors venait l’empathie, la peur, et elle reculait malgré toute la confiance qu’elle lui portait. « Je dois faire ça seule » ; ne cessait-elle de se répéter.  

 

Hélène était perdue dans ses pensées lorsqu’elle sentit quelque chose de chaud entourer son cou, Ryô venait de lui prêter son écharpe. Croissant son regard pour le remercier, elle vit toute la tendresse que portait cet homme en lui, et Hélène ne pouvait pas retenir sa gratitude encore plus longtemps…  

 

Hélène sortit une boîte de son manteau, et elle la tendit à Ryô. Ouvrant le coffret, il y découvrit l’arme qu’il lui avait prêtée ; le magnum quarante-quatre desert eagle.  

 

- Je vous la rends… Sourit-elle. Je n’en n’aurai plus besoin…  

- …  

- Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait pour moi durant une année, je n’aurai pas assez de toute ma vie pour vous rendre tout ce que vous m’avez donné et appris…  

- …  

- Monsieur Saeba, je…  

- Tu n’as pas à me remercier, j’aurai préféré ne jamais avoir à te prêter cette arme, ni à t’apprendre le combat et le tir !  

 

Hélène fut blessée, presque autant que les mots cruels de son père sur sa naissance, Serge aurait préféré qu’elle ne vienne pas au monde, et Monsieur Saeba aurait certainement préféré ne jamais la rencontrer… Mais comment lui en vouloir ? Elle n’avait apporté que le chaos et la déchéance autour d’elle.  

 

- Tu mérites bien mieux que ça… Glissa-t-il, apercevant sa tristesse  

- …  

- Tu es une jeune fille courageuse, au cœur généreux, tu mérites une vie loin de la haine et de la mort…  

 

Hélène se sentait bizarre, son cœur vibrait aux mots et au regard de Monsieur Saeba comme il fut le cas à l’époque où Serge la protégeait… C’était le même sentiment, une enveloppe sécurisante et bienveillante. Ryô avait toujours tenue une figure paternel pour Hélène, et elle l’estimait que trop pour continuer à être honnête.  

 

- Merci… Je ferais tout pour que ce soit le cas…  

 

Hélène sourit à Ryô, mais il aperçut le mensonge dans son sourire, l’imposture dans son regard, et la tromperie dans sa façon de se tenir ; Kenji avait raison, Hélène cachait quelque chose, et elle souhaitait porter ce secret seule.  

 

- Brr, il fait vraiment trop froid, on devrait rentrer ! Proposa Ryô  

- Je voudrais rester encore un peu, j’ai trop mangé, et l’air frais me fait vraiment du bien !  

- Très bien !  

 

Ryô s’en alla, et il sentit le regard d’Hélène dans son dos vérifier qu’il parte bel et bien. Il comptait refermer la porte, lorsqu’il croisa Kenji, l’observant d’un air sérieux et soucieux. Grimpant les dernières marches, son ami se positionna dans l’embrasure laissée par Ryô, et Kenji espionna sa bien-aimée…  

 

Kenji vit Hélène sortir quelque chose de sa poche de manteau ; ce fut un avion en papier. L’objet semblait insolite et enfantin, mais il vit Hélène le jeter dans les airs, et le billet virevolta à l’aide du vent d’hiver, et traversa indemne les flocons de neige.  

 

L’avion de papier s’écrasa aux pieds d’un individu caché dans une ruelle. Attrapant le messager, l’ombre le déplia de ses mains et put y lire ; « joyeux noël ». Un sourire se dessina sur son visage, et après avoir été ému d’une telle attention, la silhouette déplia jusqu’au bout le morceau de papier, et y découvrit une série de chiffre ; des données de géolocalisation.  

 

- Compris…  

 

L’ombre attrapa un briquet qui se trouvait dans sa poche, et il ne resta rien de l’avion de papier se décomposant sous les flammes. Ensuite, la silhouette chopa un stylo fabriqué d’une façon interrogative, et le pointa en direction du toit d’un immeuble.  

 

Hélène vit trois point rouges clignotait sur son cœur ; « il » avait bien eu son message.  

 

Hélène regarda la lune se glisser derrière un nuage noir ; elle inspira et expira fortement, comme si l’air qu’elle pouvait respirer apaiserait sa conscience. L’horizon se recouvrait de neige, lorsqu’elle aperçut en face d’elle, une ombre sur un immeuble lointain se déplacer et qui semblait la regarder. Clignant des yeux pour redémarrer sa vision, elle ne vit rien d’autre que le vide ; avait-elle rêvé ? Les mains glacées d’Hélène serrèrent la rambarde encore une fois, elle se retenait de crier, de hurler contre elle-même, ces mensonges amèneraient vers la trahison, mais,  

 

- Je vous aime tous trop pour vous mêler encore à ça…  

 

Hélène reprit mystérieusement confiance en elle, elle fut persuadée de faire le bon choix. La vie à venir serait compliqué, difficile à gérer, mais elle se devait par amour de réussir ce qu’elle voulait entreprendre. Un pas, puis deux pas en arrière, elle mit ses mains frigorifiées dans ses poches de manteau, et laissa le vent s’engouffrer dans ses cheveux, et la guider à nouveau vers l’appartement, rejoindre sa famille et ses amis.  

 

Un combat encore plus grand que la mort commençait ; la survie.  

 

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  

 

Note de « l’auteur » ;  

 

Quand j’écrivais le passage de mon personnage d’Hélène qui repart vers l’appartement sous la neige, j’avais l’ending de City Hunter dans la tête : Juurokuya.  

 

Une joie ; la reconnaissance que je vous porte à vous lecteurs assidus de ma fiction qui a déjà cinq ans. Merci pour vos commentaires, vos mots d’encouragements et les conseils. Merci aussi d’aimer toujours City Hunter, et d’en être encore passionné. Merci pour votre bienveillance car j’ai torturé ma propre fiction en la faisant évolué systématiquement, sans vraiment savoir où je comptais vraiment aller parfois. Et c’est pour cette raison que je compte réécrire (déjà fait pour les deux premiers chapitres) quelques chapitres du début pour être plus logique et concise avec la fin de ma fiction.  

Une douleur ; celle de laisser ses personnages derrière moi, et c’était tellement douloureux que comme vous l’aurez deviné (ou peut-être pas), j’ai fait en sorte de terminer sur un « suspens », une « énigme » ; une suite sera donc écrite, sous le nom d’une autre fiction ; j’ai assez fait durer celle-ci.  

Et pour finir, une gratitude à Kaori62 pour ses corrections et ses bons mots de bêta et d’amie.  

 

* « La vie est plus douloureuse que la mort » ; citation empruntée du film Valérian de Luc Besson  

 

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de