Capitolo 10 :: 10

Pubblicato: 30-10-05 - Ultimo aggiornamento: 02-01-07

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Malgré l’enjouement de Ryo quand il leur proposa l’attaque du QG de PRISMA, l’opération fut loin d’être aussi simple qu’ils l’auraient voulu. Tout d’abord il leur fallut plusieurs jours de préparation et d’investigation pour que tout se déroule ‘sur des roulettes’. Et bien qu’ils étaient les meilleurs du milieu, les informations dont ils avaient besoin furent difficiles à rassembler. PRISMA se doutait bien qu’elle allait être la cible d’une attaque du groupe de nettoyeurs, et les chefs avaient pris leur disposition pour tout détruire qui pourrait aider leurs ennemis. Malheureusement pour eux, l’information se propage toujours plus vite que la destruction, et rien n’est jamais perdu dans notre monde moderne. Ryoko avait mis ses contacts au travail, et après plusieurs jours de recherches, ils avaient fini par trouver les plans de l’immeuble du QG ainsi que le dispositif d’alarme qui y avait été installé. Pendant ce temps là Miki et Kaori avaient passé des heures sur le toit d’un immeuble situé un peu à l’écart d’où elles pouvaient observer les allées et venues sans attirer l’attention. Les hommes de leur côté s’étaient chargés des munitions, explosifs et autres armes dont ils pourraient avoir besoin. Grâce aux efforts d’entre autre Ryoko, leurs contacts étaient à présent de leur retour dans la ville et c’est avec leur aide que les marchandises furent entreposées, voire même achetées.  

Le jour J était finalement arrivé mais il commença mal pour le couple CH. Ryoko s’était présentée au moment du départ, mais ses parents lui refusèrent la permission de les accompagner. Il va sans dire que la jeune fille n’accepta pas cette décision docilement, et une dispute s’en suivit. Après plusieurs minutes, et principalement parce que le temps était précieux, Ryo et Kaori capitulèrent et Ryoko embarqua dans la jeep de Falcon derrière Miki et à côté de Mick. Ses parents prirent place dans leur vieille Mini que leurs amis avaient amoureusement gardée et entrenue pendant dix ans. Kazue resta avec les enfants et Erika, avec les pièges de Kaori et de Falcon tout autour de la maison, il n’y avait aucun danger pour eux, et la maison était l’endroit le plus sûr où ils pouvaient être. A peine les voitures avaient-elles disparu que Erika fut kidnappée par les enfants et entraînée pour une partie de cache-cache dans la cave et dans le noir. Combien de temps s’était écoulé depuis le début du jeu Erika ne pouvait pas le dire, mais ce dont elle se rappelait très clairement c’était d’avoir entendu le fracassement de la porte d’entrée au moment même qu’elle avait trouvé la cachette d’un des jumeaux (dans le noir elle ne pouvait pas dire lequel). Mais avant qu’elle ou quiconque d’autre ne puisse réagir, ils s’écroulèrent tous inconscient, victime d’un gaz soporifique.  

Sur le chemin du retour de la ville, tout le monde était silencieux et troublé. L’opération ne s’était pas déroulée comme prévu et ça les agaçait profondément. Au lieu de prendre le QG de PRISMA par surprise et d’y faire un nettoyage en profondeur, il l’avait trouvé vide. Complètement désert. Pas un garde, pas un homme de main, même pas une femme de ménage. Absolument rien. Ce qui les troubla le plus, c’était l’ordre et la netteté des lieux. Tout était rangé et à sa place, comme si tout le monde était parti sans se précipiter, en prenant son temps, et prenant avec lui tout ce dont il avait besoin. Si Miki et Kaori n’avait pas été à leur poste d’observation le jour d’avant, on aurait pu croire que le bâtiment avait été déserté depuis des semaines. Et ça, ça ne pouvait donc signifier qu’une seule et unique chose : on les avait prévenus de leur visite. Avaient-ils été trahis ? Chacun d’eux faisait confiance à leurs contacts, individuellement et pour leurs propres raisons, et personne n’arrivait à croire qu’une de ces personnes était coupable. Alors qui ?  

Ils cogitaient encore sur cette question quand ils arrivèrent au chemin en terre battue qui indiquait le début de la zone minée qui entourait leur refuge. Ryo, qui était devant Falcon, freina à fond tout en contrôlant d’une main de maître la Mini qui commença à glisser dans tous les sens. Derrière lui, bien que surpris de la brusque manœuvre, Falcon en fit de même et parvint à éviter de justesse la petite voiture. En colère contre son ex-ennemi, le géant se leva de son siège et ouvrit la bouche, prêt à insulter son ami pour l’accident qu’il avait failli provoquer. Cependant Ryo ne le regardait pas, ni même la route. La tête penchée à travers la fenêtre ouverte, il observait intensément le ciel. Curieux les occupants de la jeep en firent de même, et quand ils virent la même chose que le nettoyeur le sang quitta leurs visages et leurs cœurs se mirent à battre la chamade. Au dessus de la cime des arbres ils venaient d’apercevoir un mince filet de fumée noire. Tous savaient que personne dans la maison, pour quelle raison que se soit, ne ferait un feu aussi petit soit-il. Non seulement cela indiquerait-il la position exacte de la maison, mais en plus il y avait toujours le risque qu’une étincelle n’atteigne le bois sec de la forêt et que cette dernière ne s’embrase.  

A peine avaient-ils eu le temps de remarquer cette anomalie que la Mini redémarra et partit en trombe sur le sentier, manquant à chaque virage de quitter le chemin et de s’encastrer dans les arbres. La jeep la suivit dans sa folle course. Quelques minutes interminables plus tard ils arrivèrent à la clairière qui abritait leur maison et refuge. La panique les gagna quand ils virent l’état de celle-ci. La fumée qu’ils avaient vue n’était qu’une fraction du désastre qui avait frappé cet endroit. Il ne restait presque plus rien des ruines fumantes, seul un demi mur par ci par là indiquait q’un bâtiment avait été là auparavant. En silence tout le monde descendit des véhicules et s’avança de quelques pas, personne n’arrivant à croire que ce qu’ils voyaient était vrai.  

« Non… Mon Dieu, non… » souffla Kaori en faisant un autre pas avant de s’effondrer à genoux, ses jambes ne la supportant plus. Ryo s’agenouilla à côté d’elle, mis son bras sur son épaule et l’attira contre lui pour la réconforter.  

« Doucement, mon cœur » répondit-il. « On ne sait pas encore ce qui s’est passé. Ils peuvent tous être sain et sauf dans la forêt. Vérifions tout avant de tirer nos conclusions » termina Ryo en déposant un baiser sur le front de sa femme avant de l’aider à se relever.  

Sans même se retourner Ryo et Kaori se dirigèrent vers les ruines de la maison, tandis que Mick, Miki, Falcon et Ryoko prirent des directions différentes tout en scrutant avec beaucoup d’attention le sol. Tournant dans les sens des aiguilles d’une montre et tout en élargissant au fur et à mesure un cercle, ils étaient certains de ne rien oublier dans leurs recherches. Quand ils trouvaient un endroit suspect ils sortaient un petit morceau de plastique blanc que la personne enfonçait dans le sol pour indiquer l’endroit. Tous les endroits seraient plus tard examiner avec plus d’attention et en les mettant en relation avec les autres indices. Après plusieurs minutes de fouilles le groupe se reforma autour de la jeep et ils firent le point.  

« La maison était vide au moment de l’explosion » annonça Ryo en prenant la parole en premier. « Il n’y a aucune trace d’occupants. De plus elle n’a pas été détruite par accident. Le feu a commencé dans la cave et s’est propagé à l’aide d’un comburant, probablement de l’alcool. De l’essence aurait dégagé trop de fumée. Cette tactique indique que les agresseurs ne voulaient que rien de subsiste de la maison. Un feu allumé dans un pièce supérieure de la maison fera en sorte que la maison s’écroule mais il n’y a aucune garantie que l’écroulement n’étouffera pas le feu au passage. Brûler en partant des fondations élimine ce risque. Autrement dit, nous avons affaire à des professionnels. Des professionnels très dangereux. » Ryo termina son rapport et regarda sa femme.  

« Je n’ai pas grand-chose à rajouter. Juste ceci. Je n’ai trouvé aucune douille dans les décombres. Donc soit ils les ont ramassés avant de mettre le feu, ou alors aucun coup n’a été tiré. Vu les organisations que nous combattons, je ne peux pas pencher pour une théorie ou l’autre. Ils sont assez intelligents pour trouver une manière de neutraliser les enfants sans devoir sortir les armes. » Le visage de Kaori était fermé, mais quiconque la connaissait bien savait qu’elle souffrait profondément et qu’il lui en coûtait beaucoup d’admettre que ses enfants étaient faillibles.  

Falcon s’empressa de prendre la parole pour la forcer à se concentrer sur autre chose que ces derniers. « A nous quatre nous avons trouvé pas mal d’indices. Le plus important c’est de traces de petits pieds sous les arbres là-bas. Tout le monde est vivant. Ils ont été attachés aux arbres, probablement le temps qu’on incendie tout. Les traces ne sont cependant pas nettes, ce qui indique que pas tout le poids reposait sur les pieds. J’aurais tendance à dire qu’ils étaient inconscients et que donc les cordes les supportaient plus que leurs propres jambes. Nous n’avons trouvé aucune trace de sang… » rajouta-t-il finalement en jetant un petit coup d’œil en direction de Kaori et de Mick.  

« Nous avons également trouvé des empreintes dans la clairière. Les attaquants ne sont pas venus par les bois. Ils ont été parachutés. Voilà pourquoi tous les pièges étaient encore amorcés. Et pourquoi on ne les a pas entendus venir. Kazue et Erika avaient, tout comme nous, fait confiance aux systèmes d’alarmes pour nous prévenir » continua Ryoko en serrant les dents. « Ils ont trouvé une faille et ils ont enlevés les enfants, Erika et Tante Kazue » conclu-t-elle en serrant des poings avant de donner un coup de pieds dans la roue.  

« On s’est fait avoir comme des bleus… » souffla Mick en se passant la main dans les cheveux.  

« Qui ? Qui a fait ça ? » demanda soudain Kaori à mi-voix en brisant le silence qui s’était installé pendant quelques moments. « Le seul qui aurait pu élaborer un plan pareil, c’était Fernandez. Mais il est parti en Colombie ! Alors qui ?! » s’écria-t-elle en haussant la voix.  

« Et si Fernandez n’était pas parti en Colombie comme on le croyait ? » murmura Ryoko songeuse.  

« Qu’est ce que tu racontes ?! » cria sa mère énervée. « C’est toi-même qui nous l’a dit ! »  

« J’ai dit que Fernandez avait quitté le Japon, oui. Mais rappelle toi Maman, que nous avons perdu sa trace après ça. Il n’y a rien de plus facile que de décoller tout en s’assurant qu’on est observé, et d’après se poser une centaine de kilomètre plus loin, ou de même faire demi tour. Et c’est probablement ce qu’il a fait. Fernandez avait un plan, il a fait semblant de partir pour nous faire baisser notre garde, et au moment où les enfants ne sont plus protégés il attaque… »  

« Merde ! Merde ! Merde !!! » pesta Ryo doucement, le regard noir et meurtrier. « Il va me le payer cher cet enfoiré ! »  

« Pas si j’arrive à le trouver avant toi » rétorqua Kaori en le fusillant des yeux. « Mon préjudice est plus vieux que le tien, alors fais la queue ! » Les deux nettoyeurs se toisèrent du regard pendant quelques instants. Leurs amis et leur fille les regardaient bouche ouverte. C’était la première fois qu’ils les voyaient se disputer entre eux. Mais tout aussi soudainement que l’air s’était chargé de tension, aussi vite celle-ci disparut. Kaori lâcha un sanglot et se jeta dans les bras de Ryo qui étaient déjà ouverts pour l’accueillir.  

« Ne restons pas ici » ordonna Ryo en s’adressant au groupe. « Il faut trouver nos enfants ainsi qu’un abris sûr pour les protéger. Et ce n’est pas en restant ici que ça arrivera. Moins de temps nous donnerons à ces bandits pour se préparer et au plus vite nous récupérerons nos être chers. Allons-y ! »  

Tout le monde reprit sa place dans les véhicules et ils reprirent le chemin en direction de la ville.  

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