Capitolo 39 :: Besoin

Pubblicato: 26-10-05 - Ultimo aggiornamento: 26-10-05

Commenti: Ce chapitre aurait pu être le dernier (quoi encore une fausse fin???). Ryô prenait sa décision et…. Et après à chacun d'imaginer ce qui se passait… Ne pensez pas que je souhaitais continuer à tort et à travers cette fic; continuer pour continuer… Non... d'une part, on ne savait pas ce que pensait Kaori.. et, d'autre part, les choses n'auraient pas été "claires"… J'aime les fins, les "vraies" ^^… du moins celles qui apportent quelques réponses, même si tout n'est pas arrêté… C'est tout de même le dernier chapitre de cette "période". Le prochain sera consacré exclusivement à la partenaire de City Hunter. Avant le dernier tournant pour les deux… Suite du précédent! Enfin, la décision est prise... Énorme merci à ceux qui laisseront une review, ça motive…

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Quelle importance ?  

Une urgence le prit soudainement au ventre, fulgurante et inassouvissable.  

La voir… la retrouver….Tout de suite, s'assurer de sa respiration.  

Rien d'autre ne pouvait compter!!!  

La mort, l'amour, les secrets… ce n'étaient que des fadaises…  

Il n'y avait que Kaori.  

Un seul acte comptait : la voir. Une heure, une minute, une seconde ! Qu'importait ! Simplement s'assurer qu'elle était en vie…  

S'il n'avait jamais ressentit ce sentiment auparavant, cette nécessité incompréhensible mais totalement incontrôlable et irrépressible… essentielle et vitale… elle l'habitait maintenant de toute sa force.  

Il n’avait pas besoin de comprendre "pourquoi".  

Le regard sombre qui peu à peu s'était terni, s'illumina d'une nouvelle étincelle… farouche…. Inextinguible…Irraisonnée… Éternelle.  

Ryô Saeba venait de trouver son point de rupture. Abandonner Kaori.  

Cette limite à ne pas dépasser dont on ne prend conscience qu'au moment même où on l'a franchie. La frontière que peu connaissent et, heureusement car elle est le commencement de la désagrégation de l'être, irrémédiablement.  

Unique pour chacun, mais en chacun de nous.  

Abandonner Kaori.  

Cette jeune femme si ordinaire, parfaite dans ses imperfections, l'avait empêché de sombrer. Non pas dans l'alcool et les drogues. Il n'avait été leur esclave qu'une seule et unique fois; depuis, malgré ce qu'il laissait paraître, il savait exactement comment les dompter. Il les utilisait cependant avec délectation, même si, trompeurs, ils ne faisaient qu'anesthésier momentanément les images qui défilaient quelques fois devant ses yeux. Seule Kaori l'avait sauvé d'une partie de ses tourments intérieurs.  

Certains soirs, l'envie de détruire et de se détruire l'envahissait soudainement. Détruire pour faire reculer cet engourdissement qui suivait inévitablement la sensation d'avoir le droit de vie et de mort sur tous ces moutons qui l'entouraient….. Une lente asphyxie, qui le rendait imperméable à l'humanité et à ses problèmes, indifférent à lui-même et à ses propres tourments, complètement coupé d'une quelconque existence, d'une quelconque raison d'ouvrir encore les yeux, de respirer une nouvelle bouffée d'air. Étranger aux autres et à lui-même. Vide.  

Sans le savoir, peut-être sans le vouloir, sa partenaire réussissait à l'obliger à respirer, à reprendre sa place dans la réalité… simplement pour la voir.  

Il tourna la tête en direction de Shinjuku. Là-bas, quelque part, il y avait Kaori… Le vent glacial se mit à s'engouffrer dans sa chevelure, tournoyant. A son image, tantôt il semblait le pousser dans le dos, tantôt, il semblait ériger une barrière de force devant lui.  

Elle était quelque part parmi des milliers d'inconnus dont il se moquait éperdument. Peut-être en train de le maudire. Peut-être en train de l'implorer silencieusement de comprendre… mais il devait la voir…voir sa poitrine se soulever et s'abaisser, voir son cœur battre… Elle et seulement elle.  

Il ne la sentait plus… et ce n'était pas la distance physique qui expliquait la disparition de ce lien…  

Il fit un pas.  

Il savait ce qu'il faisait. Il revenait sur ses choix... Il se trahissait lui-même… Il renonçait à se comporter en martyr…. Il choisissait d'être égoïste. Combien de regrets encore à supporter ? Ceux d'aujourd'hui devaient-ils s'ajouter à ceux d'hier?  

Il ne savait pas ce qu'il faisait. Il ne devait pas la revoir, pas tout de suite, pas maintenant. Il ne ferait que la blesser toujours un peu plus. C'était fini. Que croyait-il ? Un sourire et tout recommencerait ? Chaque pas la condamnait. Pourquoi en faire un autre, alors ?  

Aurait-il la force de vivre en acceptant qu'elle se parjure pour lui ? Pourrait-il la regarder sans sentir la lame de la culpabilité s'enfoncer dans son cœur ? N'allait-il pas finir par la détester ? Sa présence ne serait-elle pas un rappel évident de sa lâcheté ? Préférer son bonheur à lui par rapport au sien ? La garder près de lui et continuer à être ce qu'il était ? La faire souffrir en se satisfaisant d'être à côté d'elle ?  

Il n'avait même pas réellement décidé de la profondeur de ses sentiments pour elle ! Mais qui le peut ? Qui peut affirmer s'il aime pour la vie ou pour un temps ? Sans mentir ? Il savait son amour égoïste… mais il en avait tellement besoin…. Vital, irrépressible impérieux, incontrôlable… l'amour n'est qu'un mot…. "je t'aime" un mensonge facilement exploitable… L'envie de combler une solitude éternelle… naturelle… instinctive… Mais Kaori, c'était…l'indéfinition, le risque, la reconnaissance de l'autre, l'acceptation d'une vérité sans complaisance, la réalité d'une vie.  

Pourtant, plus encore qu'à elle, il s'était prouvé qu'il ne la méritait pas… Alors quoi ? Il décidait de ne pas faire ce qu'il devait faire? Après toutes ces indécisions ? Pour en arriver là, cela valait-il la peine de passer par tous ces tourments ? Les mots qu'il avait prononcés seraient-ils si faciles à effacer ? Avaient-il si peu de poids qu'il suffirait de s'excuser pour que tout soit oublié ? Ne les avait-il pas dit avec sincérité et conviction ?  

"Je suis désolé" et tout disparaîtrait ?  

Pourrait-elle pardonner malgré tout… malgré l'amour, malgré la colère, malgré la déchirure ?  

Pourrait-il le lui demander ? En aurait-il le courage ? Ce courage qui ne lui avait pas manqué pour affaiblir Kaori, pour en dire toujours plus, pour la détruire….  

Conscient que le choix s'imposait dans la minute, il était désemparé.  

La protéger, c'était ce pour quoi il était fait, (tout autant, peut être, que pour l'asticoter…) Un sens à ses deux mains… Un objectif qui lui permettait de se lever chaque matin… inconsciemment enfoui, mais indispensable… une raison d'être là… silencieuse et nécessaire.  

Et pourtant… Il aurait tout donné pour que ce ne soit pas vrai… Tout donné pour ne pas la sentir en lui, tout donné pour n'être qu'un tueur… tout donné pour refuser l'évidence… Pour se libérer de la douleur…. Pour continuer d'ignorer…  

Il décidait de la précipiter dans un monde de folie, où lui-même n'était pas sûr de survivre. Était-ce ce qu’il considérait comme de l'amour ? L'accepterait-elle maintenant ? Il l'avait insulté comme jamais auparavant… Kaori était aussi fière qu'il était borné. L'aurait-il accepté lui ? Sans doute pas. Mais elle n'avait jamais été lui.  

Un autre pas en direction de leur appartement.  

Il ne lui donnerait peut-être pas ce qu'elle attendrait... Mais il lui donnerait le plus de ce qu'il pouvait… Il lui donnerait ce qu'il était… sans fards, ni mensonges… Il détestait ce risque ! Il crevait d'envie de se détourner, de partir…  

Comprendre et accepter. Simplement s'engager à être enfin humain. C'était si difficile.  

Mais ne plus la revoir… Jamais….  

Il savait pourtant parfaitement qu'il avait pris la bonne décision… La seule qu'un homme courageux pouvait prendre… la laisser partir.  

Mais accepter de mourir comme un chien errant… sans tenir à personne, sans que personne ne tienne à vous?  

L'abandonner, en espérant que la vie guérisse de toutes les blessures…  

Un autre pas.  

S'assurer de son souffle… C'était indispensable…c’était animal…plus que de l'instinct, plus que de la survie… Un réflexe… Comme aspirer une bouffée d'air frais quand on remonte à la surface après une plongée à la limite de ses possibilités pulmonaires… salvatrice..  

Il accéléra le pas en direction de l'appartement.  

Pourtant, il n'ignorait pas que s'il réfléchissait une seule seconde à ce qui pourrait arriver, il perdrait toute sa détermination à la revoir. Que ferait-il ? Que ferait-elle ?  

Il avait franchit sa propre limite. Il l'avait enfin accepté. L'avait-il amené également à franchir la sienne ?  

Il avait besoin d'elle… mais Kaori aurait-elle besoin de lui ?  

Malgré tout, il avait douloureusement exhumé une vérité qu'il avait minutieusement enfouie dans les méandres de sa culpabilité. Elle pulsait maintenant d'un éclat et d'une chaleur impossibles à ignorer. Aveuglante.  

Durant cette invraisemblable seconde, les questions, les doutes et les peurs n'avaient plus cours.  

D'abord, la retrouver… et après…. "Après" ne comptait plus…  

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