Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Kairi

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 5 capitoli

Pubblicato: 09-01-05

Ultimo aggiornamento: 01-05-20

 

Commenti: 19 reviews

» Scrivere una review

 

RomanceDrame

 

Riassunto: Kaori se retrouve devant le choix de sa vie : préserver à tout prix son amour pour Ryô ou se laisser porter par les sentiments qu'elle commence à éprouver pour Mick Angel. Une histoire sur l'amour, la nécessité d'écouter son cœur et le choix de l'assumer.

 

Disclaimer: Les personnages de "Le Choix d'une vie" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

I haven't received the activation email.

 

If you didn't receive the activation email, you probably entered an incorrect email address or you are using Caramail (that refuses automatic emails). In this case, contact me using the email address you ...

Read more ...

 

 

   Fanfiction :: Le choix d'une vie

 

Capitolo 4 :: Le choix de survivre

Pubblicato: 01-05-20 - Ultimo aggiornamento: 01-05-20

 


Capitolo: 1 2 3 4 5


 

La nuit avait été cruelle et cauchemardesque. En l'espace de quelques heures, j'avais perdu mes rêves, mes envies et mes belles illusions sur un avenir que j'espérais aimant et bouillonnant de belles promesses.  

 

Allongé sur son lit, Mick dormait dans sa chambre. Je le regardais se reposer, depuis le pas de la porte, à la fois médusée et terrifiée par les événements obscurs qui s'étaient déroulés la veille. J'avais honte. Tellement Honte. Je me sentais littéralement dévorée par une culpabilité des plus malsaines et complètement écrasée par le poids de ma propre détresse.  

 

Le professeur était gentiment passé ce matin pour voir l'ampleur des dégâts et soigner les blessures de l'Américain. J'étais d'abord surprise, mais je dois bien l'avouer, assez vite soulagée de constater que Kazue ne l'accompagnait pas. Elle était en déplacement à l'étranger et, suite à la demande de Mick, le docteur avait promis de ne l'informer de l'incident qu'à son retour. Je ne fis aucun commentaire. Les longues explications et les révélations fracassantes ne faisaient pas partie de mes priorités du moment.  

 

Au cours de l'examen, j'appris quand même que Ryô était passé, au cours de la nuit, au cabinet pour se faire soigner. Paré dans son légendaire mutisme de professionnel, il n'avait lâché que quelques détails sur son altercation avec Mick. Je comprenais, à présent, beaucoup mieux le calme déroutant du professeur. Depuis son arrivée, il ne m'avait posé aucune question sur les véritables circonstances de l'affrontement entre les deux hommes. Dans un silence quasi religieux, il s'était empressé d'ausculter son patient. Et sans aucune émotion, il m'avait énoncé un semblant de diagnostic. Nombreuses contusions sur l'ensemble du corps, hématomes, œil droit tuméfié et trois côtes cassées. Des blessures somme toute banales pour des tueurs professionnels.  

 

« L'Américain s'en sort plutôt bien considérant la puissance de son adversaire », m'adressa-t-il d'une voix blanche lorsque je le raccompagnais à la porte de l'appartement. « Préserve-toi Kaori. Il n'est jamais bon de se trouver au milieu d'un duel de nettoyeurs ! »  

 

Il tapota alors légèrement sa main sur mon bras droit dans un geste qu'il trouvait sans doute amical et rassurant. Mais moi, j'étais agacée. Je me sentais jugée. Ces paroles m'avaient touchée si durement que j'avais la certitude qu'elles allaient résonner et empoisonner mon esprit encore longtemps. Je ne lui avais rien répondu. Je l'avais simplement regardé partir avec soulagement.  

 

Mick grogna légèrement et bougea dans son lit, rattrapant alors toute mon attention. Je sortis de mes lugubres pensées avec une gueule de bois des plus corsées. Je ne saurais dire depuis combien de temps j'étais là, à le contempler de mes yeux vides et à l'observer à la dérobée.  

 

Depuis mon réveil, je ressentais ce besoin viscéral, presque vital, d'être auprès de lui. Je me doutais bien que la culpabilité me pousserait à prendre soin de lui au-delà de toute raison et qu'elle m'encouragerait, en quelque sorte, à me laver de cet égoïsme et de cette naïveté qui nous avaient conduits à cette lamentable situation.  

 

Mon cœur se serra. Il cognait si fort dans ma poitrine.  

 

Comment réparer toute cette douleur ? Comment arrêter cette odieuse hémorragie de sentiments ?  

 

De quel droit avais-je mêlé mon ami à mes problèmes de couple-fantôme ?  

 

Je soufflais de tristesse et d'angoisse.  

 

Sans le vouloir, Mick était devenu le dommage collatéral de cette relation calamiteuse que j'entretenais depuis tant d'années avec Ryô. Hier soir, Mick Angel avait plus que souffert physiquement, il avait essuyé une terrible douleur morale aussi. Se faire casser la gueule par son meilleur ami pour une femme qui prétend ne pas vous aimer est un acte d'une violence inouïe !  

 

Qu'avais-je donc fait ? Quelle sombre colère avais-je réveillée en m'efforçant d'être enfin moi-même et en désirant vivre selon mes véritables envies et mes vraies attentes ?  

 

Je sentis mon téléphone vibrer dans la poche arrière de mon jean. Mon cœur monta aussitôt dans ma gorge, provoquant une sensation de nausée des plus désagréables. Mes jambes, qui me portaient difficilement, m'obligèrent à m'appuyer contre le chambranle de la porte.  

 

J'étais si lasse.  

 

Je priais en silence, les yeux amèrement fermés. Il fallait que ce soit lui. Il fallait tellement que ce soit lui. Il ne pouvait pas en être autrement.  

 

Je pris une longue respiration.  

 

Les mains tremblantes, j'attrapais l'appareil et le débloquais maladroitement. J'étais totalement engourdie par cet infime espoir d'avoir enfin des nouvelles de lui. De savoir qu'il pensait, malgré tout, un peu à moi.  

 

La lumière m'éblouit quelques secondes puis je me mis à aspirer l'écran comme si ma vie en dépendait.  

 

Mais je tombais aussitôt de haut. Un texto de Miki. Un message de ma meilleure amie. Les yeux écarquillés, je le décryptais avec un mélange d'aberration et de désespoir.  

 

« Comment va Mick ? Et toi comment vas-tu ? Donne-moi vite des nouvelles. Bisous ! »  

 

Les mots percutèrent difficilement dans mon cerveau. C'était un texto de Miki et non pas de Ryô, comme je le désirais si intensément. Je battis frénétiquement des paupières. Fatiguée, désabusée, je me laissais complètement aller contre le cadre en bois de la porte et ne bougeais plus. Mon épaule droite me fit souffrir une petite aspérité épointée s'enfonçait dans ma chair émotive. Des idées noires et pesantes éclatèrent une à une dans ma tête endolorie. Ryô m'avait oubliée. Ryô m'avait mise de côté. Ryô n'en avait plus rien à faire de moi.  

 

Ma main serra rudement mon smartphone. La déception fut à la hauteur de l'attente. Abyssale et inconsolable.  

 

Je peinais à ravaler mes larmes et me couvris de tous les reproches que mon esprit embrumé s'amusait à inventer. Je m'attendais à quoi, au fond ? Après tous mes aveux perturbants, cet ultimatum indécent et mes plaintes blessantes, c'était, sans aucun doute possible, une réaction normale à sa rage et à sa peine. J'avais été honnête et persévérante dans mon envie de changement de vie et, même si j'étais en droit de vouloir être véritablement heureuse, je méritais cette insupportable indifférence. C'était, en fait de compte, ma punition.  

 

Car, à sa place, n'aurais-je pas éprouvé le besoin de prendre de la distance ?  

 

A sa place, n'aurais-je pas souhaité m'isoler pour comprendre comment, en quelques minutes seulement, mes liens, pourtant si forts, avec ma partenaire et mon meilleur ami s'étaient brisés dans une violence indescriptible ?  

 

Je n'avais pas de réponse. Je n'étais pas lui. J'étais totalement perdue.  

 

Assommée par mes sombres réflexions, je ne détachais plus mon regard de cet écran qui s'était éteint dans un détachement lointain. Le bruit sifflant de la respiration de Mick me revint lentement aux oreilles et me rappela aussitôt l'endroit où je me trouvais. Mon regard blessé glissa, quelques secondes à peine, vers ce coéquipier condamné à rester alité pour panser ses blessures et, j'imaginais, gérer l'humiliation d'avoir été traité comme un traître de la pire espèce.  

 

Des larmes amères et silencieuses coulèrent sur mon visage défait.  

 

« Pardonne-moi, Mick ! », je pensais à haute voix. « Je suis tellement désolée ! »  

 

L'image de l'américain, meurtri par ma faute, cristallisa une nouvelle fois ma culpabilité et mes remords. Je chancelais. J'étais complètement anéantie, vidée de toute énergie et mon corps, fourbe, me rappela sans concession le mal-être qui me rongeait. Pourtant, je me battais. Je tentais de faire face avec bravoure et dignité. Avec les seules armes qui me restaient. Je contractais fort le larynx pour ne plus pleurer. Je me mordais stupidement les lèvres pour interdire à tout plainte de s'échapper. Mes yeux continuaient sournoisement à se brouiller de larmes. Mon corps se tendait méthodiquement pour que je ne plis pas face à l'effondrement de mon âme. J'étais décidée à lutter. Même si j'avais terriblement mal.  

 

Je m'enlevais le droit de pleurer. Pas encore. Plus pour lui.  

 

Je lui avais tant donné. Je lui avais offert mon cœur et je voulais lui offrir toute ma vie. Avec toute la générosité et la ferveur d'une femme incroyablement amoureuse.  

 

Et il avait dit non. Un simple et terrifiant non.  

 

Je pris une grande respiration et me décidais à écrire une réponse brève et évidemment trop évasive à Miki. Les mots me manquaient et, lâche que j'étais, je ne souhaitais rien partager avec elle pour le moment.  

 

Je tapais fébrilement. Agacée par ces stupides pouces qui tremblaient obstinément, je m'énervais contre mon hypersensibilité et me repris à cinq fois avant de valider mon message et de l'envoyer.  

 

« Merci pour ton message. Je t'appelle dans la journée ! »  

 

Je relus mon texto et je grimaçais aussitôt. J'avais oublié de taper « bisou ». Je finissais toujours mes textos par le mot « bisou ». Mon message était trop brut, trop impersonnel pour celle que je considérais comme ma meilleure amie.  

 

Et si je la blessais, elle aussi ? Et si je la décevais, elle aussi ?  

 

Et si je la perdais, elle aussi ?  

 

Une légère goutte d'eau s'écrasa sur l'écran de mon téléphone. Je la regardais s'étaler lentement sur la surface vitrée dans un silence de mort. Je recommençais à pleurer. Mais je ne voulais pas pleurer. Il ne méritait plus que je pleure pour lui.  

 

Dans un mouvement des plus brusques, je lançais alors l'objet de ma désespérance sur la commode qui se situait juste ma droite, près de la porte.  

 

Je croisais aussitôt mon reflet dans le grand miroir moderne qui était posé délicatement sur le meuble en bois. Je fis un léger pas arrière. Mais qui était cette femme ? Je ne me reconnaissais plus. Mon teint était d'une pâleur étrangement fascinante et mes lèvres, trop mordillées à force d'angoisse, captivaient par leur couleur rougeâtre à la limite de l'arrogance. C'était comme si je portais le masque d'une geisha, un maquillage cruel et révélateur de mes états d'âme, orné d'un regard voilé d'une tristesse infinie.  

 

Je restais là. A me contempler. A me détester.  

 

J'avais tellement peur. Je me sentais si vulnérable, noyée sous une impression irraisonnée que chaque regard et que chaque critique blessante écorcheraient irrémédiablement mon âme de plus en plus profondément. Je vivais cette séparation, cette situation, dans une douleur physique autant que morale.  

 

Mais comment guérir ? Comment cicatriser ces plaies qui ne se voyaient même pas ? Comment gérer cette douleur, cet inconfort qui m'empêchaient parfois de respirer ?  

 

Mon cœur s'emballait pour chasser l'angoisse. Une colère sourde et froide parcourait mes veines, me donnant l'envie de tout écraser, de tout casser. Je ne voulais plus attendre. Je voulais que le temps s'accélère afin de me délivrer de tous ces doutes et ces questionnements insupportables.  

 

Je voulais savoir. Comprendre. Être rassurée.  

 

Mes yeux se portèrent une nouvelle fois sur ce téléphone silencieux.  

 

Il fallait que je me reconnecte avec Ryô. Pour parler. Pour lui expliquer. Pour terminer notre émouvante histoire dans le plus grand respect et la dignité.  

 

C'était fini. Irrémédiablement fini. Et j'en prenais atrocement conscience.  

 

Je n'avais plus la force de continuer. J'étais trop abîmée par ces non-dits, ces regards aveuglés, ces mots silencieux et ces gestes de tendresse si longtemps retenus.  

 

Pourtant, je l'aimais. Et je savais que je l'aimerai toujours.  

 

A cet instant précis où l'évidence m'explosa violemment au visage, je me sentis terrassée par son absence, comme vidée de toute volonté de m'en sortir et de continuer sans lui. Je serrais les poings. Je brûlais intérieurement de crier mon désarroi et mon amertume à ce monde qui s'était souvent montré trop cruel et si sombre avec moi.  

 

Cet amour à sens unique coulait dans mes veines depuis tellement de temps qu'il me donnait l'impression de faire partie intégrante de moi. Je me nourrissais avec arrogance de sa force. Il m'exaltait aussi vite qu'il pouvait me plonger plus bas que terre. Il me protégeait par sa douce chaleur tout autant qu'il me blessait par sa fragilité.  

 

Dès notre première rencontre, Ryô m'avait commandé d'être discrète, conciliante et prudente. Le monde dans lequel nous évoluions ne nous laissait aucun répit, aucune fantaisie et la moindre erreur, si infime était-elle, ne nous était pas permise. Nous vivions dans l'inévitable certitude que la plus petite faille, dans notre binôme, donnerait un avantage certain à l'adversaire et pourrait devenir, un jour ou l'autre, fatal à l'un d'entre nous.  

 

Je compris rapidement que ma seule véritable faiblesse était d'être une femme. Une cible admissible, raisonnable et facile. Alors à la demande de mon partenaire, j'avais laissé parler ma masculinité au détriment de ma féminité. Pour nous faciliter le quotidien. Pour rester en vie. Et surtout pour rester près de lui.  

 

A mon grand regret, au fil du temps, je me perdis complètement. Je mis en veille la vraie Kaori pour devenir une Kaori quasiment transparente. Une gentille partenaire de travail, avec un certain caractère, c'est vrai, mais devenue atrocement malléable et ennuyante. J'étais efficace, loyale mais pas suffisamment palpitante, pétillante pour devenir une petite amie ou la femme dont il partagerait le lit.  

 

Je voulais tellement qu'il me trouve belle, intelligente et drôle. Je désirais follement qu'il pose sur moi ce regard si ardent et plein de désir que j'imaginais si souvent dans mes songes.  

 

Je rêvais juste que Ryô ait envie de moi comme il avait eu si souvent envie de toutes ces autres femmes. Était-ce trop demandé ?  

 

Je retins ma main tremblante qui, par pur réflexe d'accro aux nouvelles technologies, s'apprêtait à récupérer le téléphone endormi. Je gérais tant bien que mal cette impatience qui dévorait mon estomac. Je voulais juste envoyer un texto. Un truc court, concis ou juste son prénom suivi d'un point d'interrogation.  

 

Ryô ?  

 

J'étais si ridicule. J'étais incapable de prendre une décision cohérente. Je fixais intensément l'écran de mon portable comme si un mot magique allait s'y inscrire pour me montrer le chemin à suivre. Je mourrais d'envie de lui écrire et de retrouver ce lien qui m'avait tant rassuré face à ces dernières années difficiles et exigeantes. Je voulais juste des nouvelles de lui. Mais je savais que je mourrais tout autant si le silence devenait la seule réponse à mon appel à l'aide.  

 

Pouvait-on réellement mourir d'amour ? Face au rejet et à l'absence, j'avais conscience que mon cœur se fissurerait alors insidieusement sous l'agonie, prenant inévitablement le chemin douloureux de la brisure.  

 

Je ravalais une nouvelle fois mes larmes insupportables.  

 

Il fallait que je le laisse partir. Il fallait que je me sépare de cette souffrance handicapante.  

 

Et si je me transformais en poupée ? En un simple morceau de plastique, lisse et impersonnel. Pour ne plus ressentir. Pour ne plus souffrir. Pour que toutes ces émotions éprouvantes glissent sur moi comme mon amour glisse implacablement sur son cœur devenu définitivement hors d'atteinte.  

 

Une de mes joues était étrangement humide. Instinctivement, je me passais la main dessus pour effacer toute trace de tristesse. Mais un autre filet d'eau coula de mon œil droit puis de mon œil gauche et recouvrit, avec une certaine lenteur, mes pommettes ternes. Je séchais impatiemment mon visage avec une agressivité irrationnelle.  

 

Je recommençais à sangloter. Je n'étais plus maîtresse de mes émotions. Ma peine dominait chaque centimètre carré de ce corps, qui, à force de résister et de batailler avec dignité, se courbait brutalement sous le poids de la réalité.  

 

Un gémissement insolent s'échappa alors de ma gorge irritée et, aussitôt, un chagrin incommensurable me vola le peu d'aplomb que j'avais retrouvé depuis mon réveil. Ce spasme indésirable me secoua amèrement et se renouvela une deuxième fois, avec une pointe de sadisme qui finit par me déstabiliser totalement. Les yeux noyés sous un rideau de larmes, je me laissais happer par une désespérance qui me paraissait insurmontable.  

 

« Kaori ? »  

 

Mon prénom résonna dans la pièce dans une douceur étonnante. Sur le point de m'effondrer totalement, je me couvris la bouche de mes mains tremblantes. Je me recroquevillais comme une vieille femme, croisant férocement mes bras sur ma poitrine. Je me refermais sur moi-même dans un dernier espoir de survie. Je ne voulais pas qu'on me regarde. Je ne voulais plus qu'on s'occupe de moi. Je voulais juste me cacher de tous.  

 

« Viens, ma belle. Approche-toi »  

 

L'invitation, sincère et troublante, me désarçonna d'infimes secondes avant de me toucher directement en plein cœur. J'étais à la fois bouleversée et envoûtée par le velouté de cette voix teintée d'un craquant accent américain. Un soupir craintif s'échappa de ma bouche. Je frissonnais.  

 

« Kaori ? »  

 

Je fermais les yeux et j'attendis, quelques précieuses secondes, avant de me retourner. Je séchais maladroitement mes larmes avec un mouchoir de fortune, m'accordant deux ou trois secondes de plus pour retrouver un semblant de calme. Mon cœur battait la chamade. Savoir que Mick me voulait au plus proche de lui, alors qu'il n'était pas au mieux de sa forme, apaisa quelque peu mes angoisses et cette peur irraisonnée de l'avoir déçu.  

 

Je m'approchais du lit. Je baissais les yeux et tentais de gérer mon embarras dans la contemplation de la moquette de couleur crème. J'étais pieds nus. Les fibres du tapis chatouillaient délicieusement mes plantes pieds comme de légers massages au vertu apaisantes.  

 

Maladroitement et avec toute la retenue d'une jeune femme hésitante, j'avançais doucement, prenant soin d'effleurer encore et toujours le revêtement duveteux dans un silence devenu étrangement rassurant.  

 

Timidement, je m'allongeais sur le couvre-lit, dans une distance que je jugeais raisonnable de ce corps masculin. Je roulais alors sur mon côté droit pour lui faire face. Mes mains se calèrent délicatement sous ma joue. Mes pieds se faufilèrent sous le plaid en cachemire qui recouvrait le bas du lit. Mick, qui m'avait devancé, était dans la même position que moi et ces yeux, d'un bleu pénétrant, grands ouverts, scrutaient méthodiquement mon visage dévoré de larmes et d'inquiétude.  

 

« Tes yeux », me souffla-t-il. « Tes yeux sont si beaux mais tellement tristes ! »  

 

Un long silence suivit cette déclaration. Tremblante, je pris une grande respiration tandis qu'un léger sourire égaya ma bouche. Un nouveau rideau de larmes recouvrit mon regard. Mon cœur frappait trop fort. Il prenait toute la place dans ma poitrine tant il était gonflé de sensations troublantes et déroutantes. Mick me contemplait sans rien dire. Face à ce regard perdu, je l'imaginais se laisser porter par une douce nostalgie dont certaines images du passé lui revenaient peut-être en mémoire.  

 

« Mick ? », je murmurais faiblement son prénom.  

 

Je me surpris à me rappeler aussi. De notre première rencontre. De notre duel sur le toit. De son regard attristé quand il m'avait divulgué le secret de Ryô. Et surtout de son incroyable déclaration d'amour.  

 

« Je crois que je suis tombé éperdument amoureux de tes beaux yeux tristes ! » m'avoua-t-il.  

 

L'Américain me sourit. Je le dévorais des yeux. Son visage portait les coups des événements de la veille. Des plaques rouges, des égratignures, des ecchymoses violacées parsemaient sa peau à plusieurs endroits mettant furieusement en valeur sa virilité. Mick était cruellement abîmé dans sa chair mais il n'en paraissait que plus beau et vivant.  

 

« Tu es le premier homme à m'avoir dit que tu m'aimais. Tu es le premier homme à m'avoir regardé comme une véritable femme », je partageais cette confidence avec un naturel qui m'effrayait autant qu'il me réconfortait. « Tu sais, je n'oublierai jamais ! »  

 

Ma voix n'était que chuchotement.  

 

Mon cœur n'était que tremblement.  

 

J'étais touchée. Si troublée. Tellement attirée.  

 

Je fermais les yeux pour mieux me souvenir. Cette complicité m'était tombée dessus sans crier gare. Je ne me souvenais pas l'avoir cherchée. C'était elle qui m'avait délicatement trouvée. Et au fond de moi, je savais que j'avais souhaité la tester, l'enrichir, la tenir au chaud et la préserver comme un doux et malicieux secret.  

 

Cette surprenante attirance me collait maintenant à la peau et je n'arrivais plus à quitter cet homme du regard.  

 

Était-ce vraiment de l'amour que je ressentais pour Mick Angel ?  

 

J'essayais soigneusement de déchiffrer mes sentiments. J'essayais naïvement de décrypter les messages de mon propre corps. Et je ne pus que me rendre à l'évidence. J'éprouvais une telle envie de me glisser dans ces bras que la réponse à ma question se dessina délicieusement sur mes lèvres dans un sourire timide.  

 

« Kaori ? »  

 

Alors, comme s'il avait pu lire dans mes pensées, j'observais, avec une touche de bonheur, la main de Mick s'approcher de moi pour se faufiler délicatement sous ma hanche. Il m'attira alors tendrement contre lui, ma tête se nichant dans son cou avec un naturel stupéfiant.  

 

Émerveillée par cette sensation de bien-être qui m'enveloppa tout entière, je me blottissais encore plus fort contre ce torse et cette épaule si rassurantes.  

 

Mon corps épousait parfaitement le sien. Sa peau avait une odeur délicieusement boisée.  

 

J'étais maintenant lovée dans les bras d'un autre homme que Ryô. Je me laissais à un moment de pure tendresse dans les bras d'un autre homme que Ryô. J'étais si bien. Je savourais pleinement le réconfort que cette émouvante étreinte m'offrait magnifiquement. Je me sentais totalement apaisée et en sécurité.  

 

Pourtant quelques légères larmes continuaient de s'échapper de mes yeux clos.  

 

Pourtant quelques battements de mon cœur persistaient à pleurer la perte de Ryô.  

 

Peut-être, au fond, si je souffrais autant de son absence, à ce moment précis de ma vie, c'était une sorte de signe, de message, pour me faire enfin comprendre qu'il était temps que j'arrête. De me battre aveuglément pour quelque chose qui n'arrivera jamais. De penser qu'il pourrait changer sa manière de vivre pour moi. Et surtout de croire que l'Amour, même s'il était incroyablement pur et authentique, pouvait suffire à tout.  

 

Ryô avait toujours été mon protecteur. Mon ami. Mon partenaire du quotidien.  

Et je crois, sincèrement, qu'il n'a jamais su qu'il pouvait me faire mal.  

 

Le son de la vibration de mon téléphone titilla mes oreilles. J'eus le réflexe de froncer les sourcils et d'écarquiller les yeux. Mais je ne bougeais pas. Je décidais de me concentrer sur la respiration de Mick pour me laisser tranquillement glisser dans un sommeil réparateur.  

 

Mon smartphone vibra une deuxième fois.  

 

Les bras de Morphée m'entouraient de sollicitude et de douceur.  

 

Je découvris, bien plus tard, que le nom de Ryô s'était affiché deux fois de suite sur cet écran que j'avais si longuement fixé et supplié.  

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de