Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Ally Ashes

Beta-reader(s): Tamia62

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 40 capitoli

Pubblicato: 25-06-03

Ultimo aggiornamento: 09-09-05

 

Commenti: 210 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Ryô doit aider deux soeurs à affronter un lourd secret de famille ... Leurs noms: Sayuri Tachiki et Kaori Makimura...

 

Disclaimer: Les personnages de "Corps à Coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo (petit veinard). Béta lectrice: Félisoph (je te dois tout...) et Tamia62

 

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   Fanfiction :: Corps à Coeur

 

Capitolo 17 :: Chap.14 partie 2

Pubblicato: 31-05-05 - Ultimo aggiornamento: 31-05-05

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

 

Sayuri s’avança, n’osant croire qu’enfin, la fortune lui souriait.  

- « Je suis Sayuri Tachiki. Ma mère s’appelait effectivement Yoko. Yoko Hisaishi ».  

- « Oui, ce nom me rappelle effectivement quelque chose. Et voilà donc… »  

- « Non, ce n’est qu’une amie » coupa Sayuri. « Vous connaissiez donc maman ? »  

- « Oh tout le monde se connaît ici ! C’est comme un petit village. Ou plutôt c’était… Nous ne sommes plus que deux ou trois à se souvenir de cette époque. Que deviennent vos parents ? »  

- « Ils sont morts… Ma mère nous a quittés il y a trois ans de cela. »  

- « Oh je suis désolée. Et votre petite sœur ? »  

 

La réponse se fit attendre. Fine mouche, la vieille dame changea de conversation, souhaitant éviter une nouvelle gaffe.  

- « Je me souviens bien de ce gentil petit couple. Votre maman était une excellente cuisinière, et elle m’apportait toujours des biscuits quant elle en faisait. Nous discutions souvent jardinage, elle et moi. Et je parie que vous ne vous en souvenez pas, mais je vous ai gardée plus d’une fois ! »  

- « Vraiment ? Oh s’il vous plaît, parlez-moi d’elle. J’aimerais en savoir plus » plaida Sayuri.  

 

D’un geste de la main, la femme leur fit signe d’entrer. Kaori appela Ryô, qui les rejoignit. Les présentations faites, ils pénétrèrent dans cette demeure qui sentait l’encaustique et la fleur d’oranger. Ils ôtèrent leurs chaussures et la suivirent dans le salon où son époux, avachi dans un fauteuil, regardait la télévision. Il releva à peine la tête lorsqu’elle lui présenta les visiteurs et soupira bruyamment.  

- « Pardonnez à mon époux, il est gentil mais il a toujours été un peu grognon avant manger. »  

- « Je connais ça » glissa Kaori avec un regard en coin vers Ryô. Celui-ci fit semblant de ne pas avoir entendu et jeta un œil vers le poste de télévision. Le spectacle lui plut tout particulièrement et il s’installa aux côtés du vieil homme pour admirer les jeunes filles en maillot qui donnaient un cours d’aérobic aux téléspectatrices…  

 

Laissant les deux hommes à leur occupation hautement intellectuelle, Kaori et Sayuri suivirent la vieille femme jusqu’à la cuisine, où elle leur servit une tasse de thé fort. Elles ne savaient pas trop par où commencer, mais leur hôtesse, particulièrement bavarde, leur ôta cette charge.  

- « Je ne me souviens plus bien à quelle époque vos parents sont arrivés, mais je me rappelle très bien de leur gentillesse. Vous n’étiez qu’un tout petit bébé à l’époque, et votre mère ne vous quittait pas des yeux ! Même lorsqu’elle venait ici, elle vous emmenait avec elle. » commença-t-elle en touchant le bras de Sayuri.  

- « Et mon père ? »  

- « Un homme toujours serviable. Il a aidé mon époux à réparer la clôture, quelques semaines avant de partir. Je me suis toujours demandé ce qui les avait poussés à quitter la maison si vite, du jour au lendemain. »  

- « Comment ça ? »  

- « Et bien un jour tout allait bien, et puis le lendemain, plus personne. Au début, j’ai cru qu’ils étaient partis en vacances, mais il y a des évènements bizarres… j’ai bien pensé qu’il y avait autre chose, même si mon mari m’a traité de sotte ! De toutes façons, quoi que je dise, je ne suis qu’une vieille folle ! Comme s’il avait pu remarquer quoi que ce soit entre son retour du travail et l’instant où il s’installait devant la télévision. J’ai toujours dit que les hommes n’ont aucun instinct. Alors que moi j’en ai, et d’ailleurs toutes mes amies me le… »  

- « Des évènements bizarres ? » insista Kaori.  

- « Le simple fait de partir si vite était déjà bizarre. Et puis il y avait cette énorme voiture noire. Oh bien sûr, tout cela date d’il y a bien longtemps, mais quand quelqu’un qu’on apprécie disparaît ainsi du jour au lendemain, on se souvient des détails ! »  

- « Mais pourquoi ? Il n’y a rien eu qui pourrait expliquer leur départ ? »  

- « Non, vraiment. Bien sûr il y a eu des disputes. Il y en avait fréquemment, mais ne vous en faites pas : je suis sûre que vos parents s’aimaient… On se dispute toujours un peu dans un couple. Mais je n’ai rien remarqué de particulier. Je ne sais même pas comment ils sont partis. Tout ce que je sais, c’est que ce vieux sagouin de Chang en a profité pour vendre tout le mobilier qui leur restait pour se faire de l’argent de poche ! Il a même voulu casser les dernières chaises pour revendre du petit-bois, mais… oh suis-je bête ! »  

 

La vieille femme s’était arrêtée net et s’était levée brusquement, laissant Sayuri et Kaori se demander ce qui avait bien pu la piquer.  

- « Venez, venez, j’ai quelque chose qui peut vous intéresser ! J’avais totalement oublié, ma mémoire n’est plus ce qu’elle était vous savez… »  

 

Intriguées, les deux jeunes femmes suivirent le mouvement jusqu’à une petite cabane qui avait dû servir autrefois à entreposer le bois de chauffage. Elles découvrirent un amoncellement hétéroclite fait de bouteilles pleines de liquides non identifiables, de vieux objets cassés et sûrement irréparables, de bocaux de vis rouillées ou autres trésors pour bricoleur du dimanche.  

 

Leur hôtesse fouillait dans ce fatras et tentait de déplacer de lourdes caisses. Kaori lui offrit de les porter pour elle, ce qu’elle accepta volontiers.  

- « Quelque part par là, vous devriez trouver une caisse en bois avec le nom « Hisaishi » inscrit au feutre noir ».  

 

Elle se tourna vers Sayuri et lui expliqua avec un clin d’œil avoir subtilisé, à la barbe de ce propriétaire qu’elle ne portait pas dans son cœur, des effets personnels de la famille Hisaishi dans l’espoir de les voir revenir un jour. Elle n’aurait pas aimé savoir que tous ses propres souvenirs avaient été brûlés, alors elle les avait conservés avec autant de soin que s’ils étaient des biens de famille.  

 

Les boîtes de toutes tailles et les futons éventrés étaient difficiles à manœuvrer et Kaori avait d’autorité demandé à leur hôtesse de rester à l’extérieur. Sayuri quant à elle avait été rattrapée par la fatigue et se chargeait des plus petits objets.  

 

Un cri de joie leur parvint soudain et une figure sale émergea de la cabane. Kaori tenait à bout de bras une boîte passablement poussiéreuse. Elle souffla sur le couvercle, ce qui provoqua un nuage qui la fit éternuer, et révéla par la même occasion aux deux autres femmes les traces d’une écriture au feutre.  

 

Kaori posa la caisse et l’ouvrit. On pouvait voir quelques cadres, une robe, des jouets d’enfants… Un assemblage hétéroclite de ce qui avait paru important sur le moment. Les larmes aux yeux, Sayuri extirpa ce qui restait d’une poupée de chiffons.  

- « Vous vous promeniez toujours avec. Je savais bien que leur départ n’avait rien de normal : jamais des parents ne partiraient pour du long terme sans emmener le jouet préféré de leur fille. Vous avez dû leur faire une vie pas possible, d’ailleurs. Qu’est-ce que vous l’aimiez, cette poupée ! Même votre petite sœur n’avait pas le droit d’y toucher ! Comment s’appelait-elle, déjà… »  

- « Erika. Ma poupée s’appelait Erika. » indiqua Sayuri en espérant que la vieille dame n’insiste pas davantage. « Je vous remercie d’avoir pris soin de ces affaires. Cela n’a pas de prix pour moi. Pouvons-nous les emmener ? »  

- « Mais bien sûr ! Je les gardais pour vous ! Mais avant on va nettoyer un peu cette caisse, sinon vous allez mettre des saletés partout ! »  

 

La vieille dame partit à la recherche de chiffons, suivie par une Sayuri particulièrement protectrice et bien décidée à ne pas la laisser tout faire toute seule. Kaori rangeait dans la caisse les quelques objets qui avaient été sortis, lorsqu’elle se coupa la main sur un éclat de verre. Elle attrapa en pestant un cadre cassé et en dégagea la photo avant que les morceaux de verre ne l’abîment. Elle représentait une femme assise tenant un bébé sur ses genoux, tandis qu’une petite fille de deux à trois ans se serrait contre elle, la tête posée contre sa taille. Derrière elles, un homme grand et maigre se dressait, manifestement fier de sa petite famille.  

 

Elle resta un long moment à regarder la photo, cherchant à savoir ce qui la rendait si mal à l’aise. Elle dégagea la photo pour mieux l’examiner. Sayuri était reconnaissable à ses yeux ; ils avaient toujours la même expression aujourd’hui. Son père avait un air doux, il n’avait certainement pas la tête d’un voleur… « comme la plupart des criminels », pensa-t-elle. Quant à sa mère…  

Kaori dévisagea la jeune femme qui souriait sur le cliché. Elle paraissait très jeune : une vingtaine d’années tout au plus. Kaori ne put s’empêcher de s’imaginer à sa place et de se voir avec deux enfants ; un sentiment étrange s’empara d’elle : d’un côté cette tâche était très lourde et elle se sentait encore trop jeune pour l’assumer, mais de l’autre… Sans réfléchir elle posa une main sur son ventre et un murmure s’échappa de ses lèvres : « Maman… »  

Soudain son geste lui parut incongru, et elle retira sa main pour fixer à nouveau son attention sur le portrait.  

Dans les yeux de Yoko on pouvait lire la fierté et le bonheur que se partagent toutes les mamans du monde. Par association d’idées elle regarda Junishi : lui aussi avait le même regard. Peu à peu elle retrouva des ressemblances : Sayuri avait le même port de tête que sa mère et le même sourire que son père.  

 

Du pouce, elle caressa le papier glacé et s’intéressa à cette petite sœur dont Sayuri lui avait tant parlé. C’était un tout petit bébé de quelques semaines à peine, qui fixait effrontément l’objectif. « Sacré caractère » songea Kaori.  

 

Elle n’eut pas le temps de l’étudier plus longtemps : ses compagnes revenaient avec des chiffons et une brosse. Kaori tendit la photo à Sayuri, pensant lui faire une jolie surprise, et fut étonnée de la voir froncer les sourcils, comme si elle était en colère.  

 

- « C’est une des dernières photo qu’on ait prise de nous tous. Quelques temps plus tard, il quittait la maison » expliqua-t-elle.  

 

Elle la rangea néanmoins avec délicatesse dans son sac, avant d’entreprendre un petit nettoyage de la caisse. Lorsque le surplus de saleté fut débarrassé, elle manifesta son impatience de rentrer. Elle avait hâte à présent d’examiner plus avant cette « malle au trésor » et de se retrouver seule avec ses souvenirs. Avec le maximum d’égards et de politesse, elle expliqua à leur hôtesse qu’il était temps de prendre congé, mais qu’elle souhaiterait garder le contact, si elle le voulait bien.  

- « Comme si vous aviez besoin de le demander, ma petite. Ça me ferait plaisir, au contraire. On n’a pas souvent d’occasion de se distraire, ici, alors un peu de jeunesse ça me fera du bien. Si vous parvenez à supporter mes radotages et les grognements de mon cher époux ! »  

- « En parlant d’homme… Il serait peut-être temps de récupérer Ryô. Je parie qu’il est toujours en train de baver devant la télé ! »  

 

Effectivement, il semblait ne pas avoir bougé d’un iota de son poste d’observation, hypnotisé par des paires de seins, de cuisses et de fesses se trémoussant sur des rythmes tout droits issus des tambours de galères romaines. Elles eurent beau lui montrer le carton et raconter ce qu’elles avaient appris grâce à leur voisine, il semblait bien peu intéressé.  

 

Kaori le tira par l’oreille pour le décoller de l’écran, et pendant qu’elle l’invectivait, il lui sembla qu’un regard de connivence était échangé entre les deux hommes. Elle le prit pour une manifestation de confraternité masculine et sa colère redoubla.  

 

Elle jurait encore en sortant sur la rue, précédant une Sayuri qui se liquéfiait de honte et une vieille dame qui s’amusait follement mais s’arrêta net en voyant une voiture garée à quelques mètres, une demi-seconde après que Ryô ait porté la main à son holster.  

Tous les deux avaient senti l’imminence d’une attaque. Plusieurs hommes, tout autour d’eux.  

 

Voyant que leurs proies se méfiaient, le chef de la meute donna le signal de l’attaque. Sept hommes jaillirent en même temps, arme au poing. Tous vêtus de costumes gris anthracite, ils auraient pu paraître ridiculement caricaturaux s’ils n’avaient été si organisés. Ils ne commettaient pas l’erreur d’être tous dans la même ligne de tir. Ils s’approchaient en même temps, couvrant tout l’espace libre autour de leur proie. Ryô recula peu à peu vers le portail de la maison, mais il lui restait toujours 180 degrés à couvrir d’un regard. Derrière lui, trois mètres environ à franchir avant la porte d’entrée. Pas de problème pour Sayuri, encore moins pour Kaori… mais la vieille ne pourrait sans doute pas se mettre à couvert avant que les balles ne sifflent.  

 

Il essaya d’attirer l’attention sur lui en leur demandant ce qu’ils venaient faire dans le coin, puis en les provoquant. Pas de réponse. Ils n’étaient qu’exécutants. Des hommes de main suffisamment entraînés pour faire leur boulot sans se perdre en paroles.  

Ils s’étaient arrêtés, ensemble, parfaitement synchronisés.  

 

Ryô calcula le nombre de mouvements qu’il lui faudrait pour les désorganiser et mettre tout le monde à couvert, dans différentes hypothèses. Aucune ne le satisfaisait…  

Soudain il s’aperçut que Kaori s’était rapprochée imperceptiblement de lui, de façon à lui montrer sa main, plongée dans son sac à main. Elle voulait prendre part à cette danse.  

Malgré sa répugnance à la mêler à ça, Ryô intégra cette donnée dans l’équation. Espérant qu’elle comprenne la manœuvre, il se tourna dos à elle tout en tirant sur celui qui semblait être à la tête du groupe et en reculant vers la maison.  

 

Dans le même temps, Kaori faisait feu elle aussi, criant aux autres de se mettre à l’abri. Sayuri, tétanisée jusqu’ici, suivit l’ordre sans réfléchir, saisissant la grand-mère par le bras.  

Ils sautèrent derrière le muret du jardin et s’accroupirent, baissant la tête lorsqu’une salve se fit entendre en réponse. Ryô poussa Kaori vers la maison, mais elle resta plantée en terre, hurlant à son partenaire qu’il était hors de question qu’il s’amuse seul.  

Il prit le temps de se tourner une seconde pour lui passer un savon, et aperçut Sayuri, toujours dehors, s’efforçant de relever la vieille femme. A quelques mètres d’eux, dans le jardin d’à côté, un homme tenait Sayuri en joue.  

Ryô fit volte face et l’abattit. Paniquée, Sayuri se recroquevilla au-dessus de la vieille, les mains sur la tête.  

Au même instant deux détonations lui vrillèrent le tympan droit : Kaori venait de tirer sur le groupe pour gagner quelques secondes. Une autre suivit, venant de la maison : le canon d’un fusil pointait par une des fenêtres.  

 

Ryô profita de la confusion : prenant Kaori par le col, il piqua un sprint, poussa les deux sœurs à l’intérieur, attrapa la vieille dame comme un sac de linge, finit sa course à plat ventre dans l’entrée avant de claquer la porte d’un coup de talon.  

- « Tout le monde est sauf ? Madame ? Sayuri ? »  

- « Je… je crois ! » sanglota Sayuri  

- « Je crois que j’ai évité la fracture du fémur, mais j’en serai quitte pour quelques bosses »  

- « Merci de me le demander aussi… Mon collant a filé ! Ras le bol des attaques surprises ! »  

 

 

Rassuré, il avança tête baissée vers la pièce où son compagnon de télévision tirait encore à l’aide de sa vieille pétoire.  

- « Et vous, ça va ? »  

- « Tu rigoles petit ? C’est mille fois plus marrant que la « Roue de la Fortune » ! Mais je crois qu’on n’est plus seuls à jouer aux cow-boys et aux indiens !  

- « Quoi ? »  

 

Il se glissa à sa hauteur et jeta un coup d’œil dehors : ce qu’il restait des hommes en gris était en train de battre retraite sous un feu régulier qui provenait du bout de la rue. Les hommes blessés par Ryô claudiquaient vers la voiture, les valides couvrant leur fuite… Ils laissaient derrière eux un des leurs, trop sonné pour avoir la force de se relever.  

Kaori se glissa entre les deux hommes, cédant à son habituelle curiosité, et resta bouche-bée devant la scène qui de déroulait dehors : à chaque détonation, un homme était touché à l’épaule droite. La précision des coups de feu évoquait une exécution méthodique.  

Ryô entendit sa partenaire lui souffler à l’oreille « Tu crois toujours que c’est un quartier ennuyeux à mourir ? »  

- « Ennuyeux peut-être pas, à mourir, sûrement ! »  

 

Après une ou deux minutes de panique, ils parvinrent tout de même à gagner leur abri et à démarrer en trombe. Les tirs s’arrêtèrent, suivis par le rugissement d’un moteur. Ryô esquissa le geste de sortir, mais le tireur vint lui-même à leur rencontre.  

 

Une grosse cylindrée s’arrêta dans un parfait dérapage contrôlé. Le motard, vêtu d’un simple jean et d’un blouson de cuir, retira son casque et libéra des cheveux longs retenus en queue de cheval. C’était un homme de taille moyenne, la trentaine, sans signe distinctif, à part peut-être un visage un peu efféminé. Il inclina la tête, salut poli et respectueux, et avec un sourire il montra l’arme avec laquelle il avait mis en fuite leur ennemi.  

 

Sourcils froncés, Ryô ne lui rendit pas son salut. Il avait rengainé son arme et ne le quittait pas des yeux, prêt à tirer à son tour sur cet inconnu qui intervenait dans ses affaires, mais celui-ci ne paraissait pas s’en soucier. Il regarda l’homme qui se tortillait à ses pieds en se tenant le genou, pointa son arme le plus calmement du monde et l’acheva d’une balle en pleine tête, avant de remettre les gaz.  

Sous le choc, Ryô mit un instant avant de réagir et d’enjamber l’appui de fenêtre. Il se précipita pour ne voir que l’arrière de la moto tourner au coin de la rue.  

Kaori ouvrit la porte à la volée et courut vers lui.  

 

- « Qui est ce type ? »  

- « Je ne sais pas, mais je peux te dire qu’on l’a déjà rencontré, et que je commence à en avoir assez de me faire rouler dans la farine. » gronda Ryô, qui retourna les poches du cadavre à la recherche d’un indice quelconque susceptible de lui révéler pour qui ces hommes travaillaient. « Rien, évidemment. Si maintenant même les méchants se mettent à agir en professionnels… »  

- « Quoi ? »  

 

Il ne répondit pas immédiatement : il remontait à présent la rue, cherchant quelque chose par terre, Kaori sur ses traces. Un peu plus haut, là où les douilles du motard s’éparpillaient et délimitaient la zone de tir, il trouva ce qu’il cherchait : une dizaine d’allumettes réduites à l’état de charbon.  

- « On l’a déjà croisé, et pas plus tard qu’hier : c’est ton admirateur secret du Cat’s Eye. »  

- « Comment le sais-tu ? »  

- « Ce type n’émet rien. Pas d’intention meurtrière, pas de tension. Il n’avait pas la moindre petite animosité lorsqu’il l’a descendu. » répondit-il en désignant le cadavre.  

- « Un homme bien entraîné ? Un mercenaire qui cacherait son animosité ? »  

- « Non, ça aussi j’aurais pu le discerner, surtout à quelques mètres de distance. Il est tout simplement… Neutre. »  

 

Kaori ouvrit la bouche pour poser une nouvelle question, mais y renonça. Elle sentait qu’il ne pourrait pas lui expliquer plus précisément ce sentiment, et en conçut un certain malaise.  

 

Ils rebroussèrent chemin et atterrirent en pleine discussion houleuse : Sayuri tenait absolument à appeler un médecin pour s’assurer que la vieille dame n’avait pas souffert de l’altercation, tandis que celle-ci s’échinait à lui faire comprendre qu’elle n’était pas en sucre et allait très bien.  

Au milieu, son mari comptait les points. En voyant arriver Ryô, il lui glissa « pour une fois que ma femme a quelqu’un qui lui tient tête, je veux voir comment ça va finir ! Cinquante ans que j’attends ça ! »  

 

Les deux partenaires échangèrent un regard : ils ne pouvaient pas rester là indéfiniment, à attendre que l’une des deux cède : le bruit de la fusillade avait certainement alerté le voisinage, et c’était déjà un miracle que les policiers ne soient pas déjà là.  

 

Kaori tira Sayuri par la manche et lui rappela à demi-mots qu’ils ne pouvaient pas se permettre de se faire prendre sur le lieu d’une fusillade. Elle resta interdite un moment avant que lui revienne en mémoire le statut de Ryô : pas de papiers, pas d’état civil, si jamais il était interrogé, il serait bien en peine d’expliquer ce qu’il faisait là. Elle se tourna alors vers le mari et lui lança « Bien, alors vous vous en chargez, hein ? Vous l’emmenez chez le docteur ? Je compte sur vous. Au revoir, Madame, et à très bientôt, promis. »  

Passant d’un sourire satisfait à une grimace qui exprimait un total désaccord, le vieil homme les regarda en secouant la tête énergiquement. Ses protestations se perdirent dans le vent tandis que les trois autres filaient vers la voiture.  

 

Ils démarrèrent sur les chapeaux de roue afin d’être le plus loin possible à l’arrivée des forces de l’ordre. Kaori s’installa à l’arrière avec le carton, qui s’était à nouveau ouvert dans leur course. Elle prit la poupée dont le corps sortait à moitié, et résista tant bien que mal à l’envie de fouiller un peu plus avant : après tout il s’agissait là d’affaires personnelles appartenant à la famille de Sayuri et elle ne se sentait pas le droit de les regarder avant la principale intéressée.  

Machinalement, elle caressa les cheveux du jouet, les coiffant entre ses doigts.  

- « Elle est jolie. »  

- « Tu as passé l’âge d’y jouer, tu ne crois pas ? » la taquina Ryô, qui la regardait du coin de l’œil.  

- « Sans aucun doute ! Mais je rattrape le temps perdu : petite je n’avais pas tellement de poupées. J’ai plutôt hérité des jouets de mon frère. »  

 

Comme à chaque fois qu’elle évoquait Hideyuki, sa voix avait prix une couleur chaude et nostalgique. Ryô l’observa à la dérobée dans le rétroviseur. Il connaissait des bribes de son enfance par le biais de son cher frère, et il l’imaginait assez bien, gamine un peu garçon manqué, partageant son temps libre entre les petites voitures et la construction de marteaux miniatures.  

 

Par association d’idées, il se demanda ce qu’elle aurait bien pu devenir si elle était restée avec sa mère et sa sœur. Aurait-elle joué elle aussi à la poupée ? Aurait-elle eu ce même caractère tout feu tout flamme, ou bien aurait-elle davantage ressemblé à sa sœur, calme et pondérée ? Et surtout l’aurait-il rencontré ?  

 

Aurait-il même connu Hideyuki ? Lui aussi avait été fortement influencé par Kaori. Ils vivaient presque en symbiose, presque comme un couple. Et puis il y avait eu Saeko.  

Ryô devait se l’avouer : ils avaient tous les trois eu un impact non négligeable sur lui, au point qu’il ne savait pas ce qu’il serait advenu de City Hunter sans eux. Peut-être serait-il mort, ainsi que Mick semblait le penser. « Un dieu de la mort au regard sombre » qui espérait à chaque combat qu’une balle le délivre… Oui, il devait bel et bien ressembler à cela, à une certaine époque.  

 

Il se rendit soudain compte du silence qui régnait dans la voiture. On lui avait manifestement posé une question… Restait à savoir laquelle.  

Il se composa au mieux la tête d’un homme ennuyé au dernier degré avant de se retourner en baillant et de tenter un « Hein ? » mollasson. Kaori partit au quart de tour et lui reprocha de ne jamais écouter ce qu’elle disait. Gagné.  

- « Bon alors, tu réponds ? Qu’est-ce qui peut pousser une famille avec deux enfants en bas âge à partir comme ça, du jour au lendemain, sans prévenir personne, et en laissant tout sur place ? »  

- « A part ta cuisine ? »  

 

Bien qu’encore choquée par les scènes dont elle avait été témoin, Sayuri intervint avant que la situation ne dégénère. Elle appréciait à leur juste valeur les joutes verbales et physiques auxquelles se livraient ces deux-là, mais il y avait des moments où ses nerfs se refusaient à les supporter.  

- « L’hypothèse la plus simple est celle de la police, non ? Si mon père avait peur d’avoir été repéré après un cambriolage, il aurait pu décider de partir et de changer de vie ? »  

- « Pourquoi pas. »  

- « Mais tu n’y crois pas… » reprit Kaori, après avoir étudié un instant le reflet de Ryô dans le rétroviseur.  

Il leva les yeux et ne répondit pas. Décidément, il lui devenait difficile de la tromper, et il ne savait pas s’il devait s’en réjouir ou s’en mordre les doigts.  

 

 


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