Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Ally Ashes

Beta-reader(s): Tamia62

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 40 capitoli

Pubblicato: 25-06-03

Ultimo aggiornamento: 09-09-05

 

Commenti: 210 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Ryô doit aider deux soeurs à affronter un lourd secret de famille ... Leurs noms: Sayuri Tachiki et Kaori Makimura...

 

Disclaimer: Les personnages de "Corps à Coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo (petit veinard). Béta lectrice: Félisoph (je te dois tout...) et Tamia62

 

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   Fanfiction :: Corps à Coeur

 

Capitolo 22 :: Chap. 17: Ne m'abandonne pas

Pubblicato: 14-06-05 - Ultimo aggiornamento: 14-06-05

Commenti: Nouveau chapitre, et passage en publication tri-hebdomadaire pour boucler la fic avant mon départ en vacances. Pour répondre à une question récurrente: oui, j'essaye de me documenter sur tous les petits détails de la fic. Malheureusement, je ne suis pas très au fait de la culture japonaise, et je me doute bien qu'il subsiste quelques incohérences, que je corrigerai avec bonheur si les lecteurs ont la gentillesse de me le signaler. Un élément toutefois où je n'ai pas eu besoin de surfer sur le net: la scène qui va suivre. Là, j'ai expérimenté pour vous pendant mes années universitaires (rarement, certes, mais ça marque!). Et comme toujours, merci aux lecteurs et à leurs reviews. Grâce à vous, j'ai pu approfondir deux ou trois points que j'avais laissé à l'abandon. Vos suggestions me servent énormément et me donnent le courage de m'y replonger. Kiki, Sabi, Mag, Loreley, Laur_e, Nanou, Tiffany, and last but not least Felisoph, merci. La version définitive de cette fic vous devra un peu à toutes et tous. Bonne lecture!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

Inspirer, bloquer, tirer… Encore une fois. Encore. Kaori répétait le même mouvement jusqu’à ce qu’il devienne réflexe. Son épaule lui faisait mal à force de maintenir la position, mais elle résista le plus longtemps possible, ne se relâchant qu’une fois le chargeur vidé. Chaque séance lui faisait gagner un peu de résistance, et elle avait compris depuis longtemps que ce métier reposait sur un élément essentiel : repousser ses propres limites.  

 

C’est pour cette raison qu’elle avait troqué son Colt Lawman contre un revolver un peu plus lourd juste le temps de l’entraînement, afin de faire travailler davantage les muscles sollicités. Ensuite elle reprendrait son arme et ferait quelques cartons, si elle en avait le temps : il lui fallait terminer avant que Ryô ne se réveille.  

 

D’habitude elle ne s’entraînait qu’en son absence, mais les circonstances avaient été contre elle dernièrement, et elle ne voulait pas rester plus longtemps sans s’exercer. En l’entendant rentrer ivre mort vers les trois heures du matin, elle avait décidé d’en profiter et de descendre pendant qu’il cuverait son vin. Elle regarda l’horloge : 7h30… elle était encore tranquille pour un petit moment. Elle changea d’arme et reprit la position.  

 

Son attention focalisée sur la silhouette humaine située à 50 mètres, deux balles en protection pour les tympans, elle ne se rendit pas compte du mouvement de la porte, à sa droite. Celle-ci s’entrebâilla de quelques centimètres, juste l’espace nécessaire pour que Ryô surveille ce qui se passait à l’intérieur de « sa » salle.  

 

Lorsque la résonnance des tirs l’avaient tiré de son état comateux, il avait suspecté Reika d’avoir une nouvelle fois squatté les lieux ; il ne s’attendait pas à voir sa partenaire, dans une position perfectible mais bien meilleure que d’habitude, tirer avec une détermination quasi-palpable. Hypnotisé par la scène qui se déroulait, il n’intervint pas. Il se contenta de la regarder se concentrer, tirer, et atteindre la cible à chaque fois. Ni tout à fait la même, ni tout à fait différente…  

 

Après quelques instants à l’observer, il sentit une vague de nausée le gagner et rebroussa chemin. Même s’il l’avait voulu, il aurait été incapable de s’opposer à sa partenaire. Son corps et son cerveau, mis à mal par les excès de la veille, se refusaient à affronter Kaori pour le moment !  

 

******************
 

 

« Bon sang, ça c’est une gueule de bois. »  

 

Ryô s’appuyait aux murs pour être sûr d’aller à peu près droit. Il ne savait pas ce qui était le pire, de la migraine lancinante qui lui interdisait toute pensée évoluée, ou de l’envie de vomir qui accompagnait chacun de ses gestes. Il savait ce qui pourrait être efficace : un bon café salé et un tête-à-tête avec les toilettes. Tout à l’heure, peut-être, quand il se sentirait moins mal, aurait-il le courage d’aller dans la cuisine. Mais pour le moment, l’effort était tout bonnement surhumain.  

 

Il parvint à se recoucher et essaya de se rendormir un peu, mais dès qu’il sombra dans un semi-sommeil, le cauchemar qui l’avait torturé une partie de la nuit revint à la charge.  

 

- « Je te hais, tu n’es qu’un minable, tu as foutu ma vie en l’air. »  

 

Kaori hurlait, penchée sur lui, le visage déformé par la rage et la souffrance. Et lui ne répondait rien, à terre, piteux. Les autres les encerclaient et ne bougeaient pas. Ils ne l’insultaient pas, mais leur regard était éloquent : ils le méprisaient tout autant.  

 

Il se redressa brusquement sur son lit, le cœur battant à tout rompre. Tout tournait autour de lui. Hier soir, ça lui avait semblé si réel ! Il s’était réveillé en sueur sur le canapé puant l’alcool de ce bar miteux. Mick était toujours en train de jouer de ses charmes, sans se rendre compte de la lueur de dédain qui étincelait dans le regard de Kimy. Pour cette dernière, il était comme tous les autres qui venaient boire pendant que leur femme attendait sagement à la maison. Kimy avait de l’amitié pour les célibataires qui venaient tromper leur solitude chez elle, pas pour les mecs casés qui planquaient leur alliance avant d’entrer. Elle espérait que leurs épouses respectives allaient les quitter d’urgence, tout comme elle-même l’avait fait.  

 

Mick Angel n’avait pas encore d’alliance, mais sa réputation le précédait, et même si Kimy devait reconnaître qu’il se contentait d’une drague épaisse sans passage à l’acte, elle ne parvenait à éprouver que mépris pour ce genre de type.  

 

Mick ne se rendait compte de rien, à en croire son comportement. Décidant d’intervenir avant qu’il ne s’attire des problèmes, Ryô s’était relevé tant bien que mal, l’avait attrapé par le col et attiré dehors. Ils avaient titubé jusque chez eux, Mick en geignant que Kazue allait le recevoir à coups de rouleau à pâtisserie, Ryô en priant pour qu’il se taise et arrête de lui vriller les tympans.  

 

Il avait retrouvé son lit au radar et s’était endormi comme une souche, pour se réveiller quelques heures plus tard en entendant le bruit étouffé de détonations lointaines.  

 

Ryô changea de position et le regretta instantanément : son estomac commença à faire quelques loopings. Il essaya d’oublier les suées qui allaient et venaient et envisagea plus sérieusement la solution d’un café salé. En entendant le bruit des pas de Kaori qui s’approchait de sa chambre, il redouta le pire : des cris, une massue, la porte qui claque, qu’allait-elle lui réserver aujourd’hui pour le punir d’avoir traîné dans le quartier chaud ? Derrière la pauvre barrière d’oreillers, il devina l’ouverture de la porte… 5, 4, 3, 2…  

 

- « Ryô ! DEBOUT ! Il est près de neuf heures, fainéant ! »  

- « Pitié ! Laisse-moi encore un peu dormir ! »  

- « Et quoi encore ? Tu as voulu faire la bringue, assume ! Le petit déjeuner est bientôt prêt ! »  

- « Bientôt ? Et tu me réveilles alors qu’il n’est pas encore servi ? »  

- « PARDON ? »  

- « Rien, rien, rien !!! »  

 

Oubliant pour quelques secondes son pauvre crâne, Ryô s’agenouilla devant Kaori pour éviter la massue qui avait immanquablement fait son apparition. Tout mais pas ça ! La moindre pichenette était déjà de nature à décupler son mal de tête, alors un coup de massue, il n’osait y penser.  

 

Lorsqu'elle s’éloigna, il se décida à se traîner vers la salle de bain ; l’armoire à pharmacie était particulièrement bien achalandée dans deux secteurs : les blessures par armes diverses, et les gueules de bois. Il absorba d’un coup plusieurs cachets, mêlant aspirine, caféine et anti-nauséeux, et descendit sagement, comme on l’en avait prié.  

 

Ne rencontrant âme qui vive dans la salle à manger, il décida d’aller faire un tour à la salle de tir pour voir comment Kaori s’en était tirée. Il se glissa subrepticement jusqu’au sous-sol, et s’arrêta net sur le pallier.  

 

La porte était restée ouverte et il pouvait voir les stands en enfilade. A quelques mètres de lui, par terre, s’étalait un dossier dont les feuilles sortaient pêle-mêle. Ryô blêmit et se précipita : de toute évidence le scotch n’avait pas tenu ; la question était de savoir s’il avait lâché avant, pendant, ou après la visite de Kaori. Il rassembla les pages tout en essayant de savoir s’il était déjà là quand il était passé un peu plus tôt. Pas moyen de se souvenir. Si les feuilles étaient éparpillées de la sorte, ça montrait que personne ne les avait lues ! Oui, mais sa partenaire était suffisamment perverse pour le lire puis le remettre dans l’état où elle l’avait trouvé. Mais si elle l’avait lu, pourquoi n’en avait-elle pas encore parlé ? Elle aurait dû exploser ! Sauf si…  

 

Ryô jura à haute voix. Non seulement rien n’allait comme il le voulait, mais en plus il devenait paranoïaque.  

 

Il chercha une nouvelle cachette, et décida de le mettre temporairement au-dessus de l’armoire où il rangeait les mitraillettes, dans l’attente de pouvoir le monter dans sa chambre. Pas plus rassuré que ça il quitta la pièce après avoir vérifié une dernière fois que plus rien ne traînait, oubliant totalement la raison initiale de sa venue.  

 

La cible resta donc au fond de la salle, sans pouvoir lui montrer à quel point sa partenaire savait toucher au cœur.  

 

***************************
 

 

Il regagna la salle à manger : oublié le mal de crâne, tout ce qui restait c’était cette impression qu’une main lui enserrait les entrailles, sans que cela ait la moindre relation avec le nombre de saké de la veille. Il salua Sayuri, déjà installée, et prit place en face d’elle. Ils communiquèrent par monosyllabes : le décalage horaire faisait encore son œuvre, et cette économie d’efforts de sociabilisation convenait très bien au nettoyeur.  

Kaori arriva bientôt avec une copieuse omelette sucrée qu’elle déposa sans douceur sur la table. Ryô guetta un signe mais rien ne laissait soupçonner qu’elle ait découvert quoi que ce soit.  

 

Un peu soulagé, il plongea dans son assiette mais son estomac se rappela instantanément à son bon souvenir sous la forme d’un haut-le-cœur irrépressible. Tout ce dont il avait envie tenait dans un verre d’eau et un cachet effervescent, pour le moment. Pourtant une ombre le fit changer d’avis : la perspective d’un coup de massue faisant résonner encore plus fort les cloches qui carillonnaient dans son pauvre cerveau suffit à faire passer la première bouchée. L’ombre disparut, comme à regret, et il s’accorda un instant de relâchement.  

 

Il remarqua alors que Kaori ne s’asseyait pas avec eux. Il lui en fit la remarque, et la froideur inhabituelle de son regard le figea sur place.  

 

- « Moi je suis réveillée depuis longtemps, j’ai eu le temps de manger, de prendre une douche, et de faire la liste des courses. D’ailleurs, j’y vais. Je peux espérer que tu ne sortes pas en laissant Sayuri toute seule ? »  

Ryô avala une nouvelle bouchée avec difficulté et fit non de la tête.  

- « Tu n’as rien à me dire avant que je parte ? Non ? Tu en es bien certain ? A tout à l’heure, donc. »  

 

Cette fois-ci c’était sûr : elle savait quelque chose. Il la regarda s’affairer, baguettes en l’air, et à l’instant même où elle sortit de l’immeuble, il se rua sur le téléphone, à la surprise de Sayuri.  

 

- « Miki ? C’est moi. Elle sort faire des courses. Mais je ne sais pas où, moi ! C’est un truc de filles, ce genre de choses ! Non, attends, ne crie pas. S’il te plaît, essaye de savoir si elle a appris récemment un truc qui pourrait la chambouler. Non, je ne peux pas être plus précis. Pas tout de suite en tout cas. 16h, au Cat’s Eye, d’accord ? Et Miki… merci ! »  

 

Il raccrocha, pensif. Et maintenant ? Qu’allait-il faire ou dire pour se sortir de ce bourbier ?  

 

 

*****************************
 

 

« La voilà… »  

 

Miki soupira de soulagement. Elle avait misé sur le marché et avait bien fait : Kaori était en train de rendre chèvre deux vendeurs de fruits qu’elle avait mis en concurrence pour essayer de faire baisser les enchères. Un attroupement s’était créé, rendant la surveillance plus difficile. Après qu’une transaction ait été conclue à moitié prix, la foule se dispersa et Miki put mieux observer son amie.  

 

Elle n’était manifestement pas dans un bon jour : on pouvait littéralement voir la fumée lui sortir des narines et elle faisait peur à voir, marchant comme si elle était au beau milieu d’un défilé militaire.  

 

Elle erra ainsi d’étal en étal, accumulant les victuailles dans le panier sans se rendre compte de son poids. Miki la suivait de loin, dissimulant sa présence du mieux qu’elle pouvait ; pourtant Kaori se retourna plusieurs fois en scrutant la foule.  

Cinq fois la jeune femme crut qu’elle allait se faire prendre, et cinq fois Kaori reprit sa marche sans la voir.  

 

La sixième fois fut la bonne : leurs regards s’accrochèrent avant que Miki ait eu le temps de faire le moindre geste. Le visage de Kaori s’éclaira et elle vint à la rencontre de son amie, qui saisit un objet au hasard sur l’étal le plus proche pour se donner bonne contenance.  

- « Miki ? Toi aussi tu es de corvée de courses ? Il me semblait bien avoir senti une présence tout à l’heure ! »  

- « Eh oui, comme tu peux le voir, j’ai quelques achats à faire. » répondit-elle en brandissant ce qu’elle avait attrapé.  

- « Une corne de rhinocéros ? Ben vous alors, vous mettez toutes les chances de votre côté ! »  

 

Miki manqua perdre l’équilibre et, en s’appuyant contre l’étal médicinal, mit la main au beau milieu d’un plateau de libellules séchées. Tentant de conserver son sang-froid et son bol stomacal, elle reposa la corne de rhinocéros se dirigea vers le rayon des légumes.  

 

Les deux amies continuèrent leur chemin ensemble, puis se dirigèrent vers le tableau des messages à l’instigation de Miki, qui en profita pour orienter la conversation vers Ryô, provoquant un démarrage au quart de tour.  

 

- « Ne me parle pas de ce crétin ! Ah Monsieur a des secrets. Ah Monsieur veut faire comme si de rien n’était… Eh bien je trouverai, toute seule, fais-moi confiance. Non seulement il est nul pour faire des cachotteries, mais il ne fait même pas attention à ce qui se passe ! Il passe son temps à se saouler ou à faire des messes basses avec Sayuri. Tiens, il n’a même pas senti que j’avais tiré ce matin ! »  

Miki renifla de son côté, et les sourcils froncés objecta :  

- « Tout ce que je sens, c’est une odeur chimique de melon. Tu as abusé d’ailleurs ! »  

- « Bon, OK j’ai utilisé mon gel douche le plus parfumé pour dissimuler l’odeur de poudre, mais quand même ! »  

 

Ce discours se prolongea jusqu’à l’abrutissement, depuis le marché jusqu’à un magasin français qui vendait le vin préféré de Sayuri, jusqu’à la gare, pour s’interrompre soudainement devant le tableau des messages : trois lettres attirèrent immédiatement l’attention de Kaori : X Y Z.  

 

- « C’est pas vrai, on a des mois entiers sans un seul client, et pour une fois qu’on a du boulot, voilà qu’on nous contacte ! »  

- « Vous avez du travail ? »  

- « Oui… Enfin non, pas vraiment. Pas rémunéré en tout cas… Sayuri nous a embauchés, voilà tout. »  

 

Kaori prit note du numéro de téléphone et du message, laconique « J’ai quelque chose pour vous. A.G. ». Comme à son habitude, elle téléphona de la cabine publique, même si l’écriture masculine ne lui donnait que peu d’espoir sur ce que Ryô déciderait. Il ne fallut que deux sonneries avant qu’il ne décroche. Kaori sortit son petit baratin habituel pour amener l’interlocuteur à lui donner le maximum de renseignements, et s’arrêta net en entendant son nom.  

- « Aki Gunda ».  

- « Le Aki Gunda ? L’héritier de Gunda Corporation ? »  

- « Lui-même, Mademoiselle. J’ai entendu dire que vous enquêtiez sur mon père. J’ai beau être son fils, je ne supporte pas ses agissements. Je n’ai jamais rien pu faire seul, mais vous pourrez sans doute m’aider. Je peux vous donner toutes les preuves pour le faire payer. Je ne peux pas aller à la police, il paye des hommes là-bas. Aidez-moi. »  

- « Nous vous rappellerons à ce numéro, dans deux heures. »  

 

Elle raccrocha lentement et resta inerte, la main sur le combiné, jusqu’à ce que Miki, inquiète, la sorte de sa léthargie.  

 

- « Qu’est ce que tu as ? »  

- « Tu ne vas pas le croire : on vient d’être embauchés par le fils de l’ennemi ! »  

- « Tu peux me le répéter doucement ? »  

- « Si Sayuri est sous notre protection, c’est qu’elle a été menacée à New-York, vraisemblablement par des types à la solde de Tatsuro Gunda, l’homme d’affaires. Et là, c’est Aki Gunda qui vient de nous appeler. Ça se précise ! »  

 

Soudainement, sa colère et ses récriminations à l’égard de Ryô passèrent en second plan et elle n’eut plus qu’une hâte : rentrer à la maison. Miki l’accompagna, prétextant une course à faire dans le quartier, et lui faussa compagnie lorsqu’elle estima qu’elles étaient suffisamment proches de l’appartement pour l’abandonner sans faillir à sa mission. Elle entra directement dans une cabine téléphonique lorsque Kaori fut hors de portée.  

- « Ryô ? Ici Miki… Elle arrive tout de suite. Je préfère te prévenir tout de suite : inutile de me redemander le même service, je me suis fait griller. »  

- « Hein ? »  

- « Elle m’a détectée ! »  

- « Toi, la pro, tu t’es fait surprendre par Kaori ? »  

- « Arrête de la sous-estimer. Elle a fait énormément de progrès depuis… »  

Miki s’arrêta net, se rendant compte un peu trop tard qu’elle s’était trahie toute seule.  

- « Elle a fait des progrès depuis quoi, Miki ? » demanda Ryô d’une voix trop calme.  

- « Et mince, tu l’auras voulu : depuis que je l’entraîne ! Si tu veux tout savoir, ça fait deux mois qu’elle bosse presque quotidiennement pour s’améliorer, et que toi tu ne vois pas plus loin que le bout de ton mokkori, comme toujours. »  

- « Tu sais ce que j’en pense, non ? »  

- « Et alors ? Elle me l’a demandé, j’ai accepté. Je n’avais pas à demander ton accord, que je sache ! »  

Ryô était prêt à répondre vertement, mais un claquement de porte l’en empêcha.  

- « On reparlera de ça plus tard. » siffla-t-il entre ses dents avant de raccrocher.  

 

Il se rassit et attendit, à l’abri derrière la protection d’un magazine. Il l’entendit grimper les étages quatre à quatre pour entrer, essoufflée et énervée, dans le salon.  

 

- « Ryô, devine qui vient de nous contacter ? Gunda Junior ! »  

- « Hein ? »  

- « Aki Gunda a laissé un message sur le tableau ; je l’ai appelé : il veut te rencontrer pour te donner des renseignements. D’après ce que j’ai compris, il veut dénoncer son père ! »  

- « Dénoncer son père ? Tu parles, c’est lui aussi un fieffé salaud. Il lorgne sur la direction de l’entreprise depuis ses débuts ! » intervint Sayuri.  

- « Tu crois que c’est un piège ? » demanda Ryô.  

- « Pourquoi pas… Je ne sais pas. C’est un jeune loup aux dents longues, et il me paraît prêt à tout pour arriver au sommet, quitte à écraser quelques amis au passage. Ce qui m’étonne, c’est qu’il a plus tendance à tirer les ficelles qu’à s’exposer directement. Se dévoiler ainsi, ça ne lui ressemble pas ».  

- « J’adore me jeter dans la gueule du loup… Je le rencontrerai cet après-midi. Seul. » insista Ryô en fixant Kaori.  

 

Celle-ci fit mine de ne rien avoir entendu, et se concentra sur le contenu de son cabas.  

- « Ceci étant dit, passons aux choses sérieuses : Sayuri, j’ai acheté de quoi faire ton plat préféré, et… Cette bouteille ! Tiens, qu’est-ce que c’est ? »  

 

Kaori déplia une feuille qui reposait au beau milieu des victuailles : au centre de la page, d’une écriture quasi-calligraphique, cette simple phrase qu’elle lut à haute voix : « Enfin, nous nous retrouvons, petite sœur ».  

 

Le bruit du verre qui se brise la fit sursauter : Sayuri, blême, venait de lâcher la bouteille de vin. Elle fixait le papier comme s’il l’avait hypnotisé. Kaori se précipita vers elle pour la soutenir et la forcer à s’asseoir. Ryô prit la lettre et l’étudia attentivement, mâchoires contractées, alertant Kaori.  

 

- « Qu’est-ce qui se passe ici, bon sang ? »  

- « Il semble que les ennemis de Sayuri nous surveillent attentivement. Hier matin, nous avons trouvé un message ressemblant à celui-ci, sur le pare-brise de la mini, en sortant du garde-meuble. »  

- « Avant ou après vous être fait tirer dessus ? » demanda-t-elle d’un ton léger.  

 

Ryô ouvrit la bouche pour répondre, et se rendit compte de ce qu’impliquait la question. Il avala péniblement sa salive. Ainsi dont elle savait. Elle les avait espionnés de plus près que prévu.  

 

- « Après… » fit-il calmement, en la regardant droit dans les yeux.  

- « C’est gentil de tenir ta partenaire au courant. Tu ne le sais peut-être pas, mais notre cliente est aussi une amie, et je ne vois aucune bonne raison qui pourrait te pousser à me cacher des choses aussi importantes ! »  

- « C’était à ma demande » intervint Sayuri en espérant que Ryô ne trahisse pas ce mensonge « Je ne voulais pas que tu t’inquiètes ».  

- « Mais c’est mon travail de te protéger. Si je ne sais pas tout ce qui se passe, je manquerai nécessairement quelque chose. J’aurais pu être davantage sur mes gardes, ce matin ».  

 

Ryô accusa le coup, aussi bien des paroles que du regard assassin qui les avait accompagnées. Que lui répondre ? Elle avait raison, au fond. A force de vouloir la ménager, il compliquait d’autant leur mission. Il s’installa à leurs côtés, et commença un bref résumé des évènements de la matinée de la veille, omettant uniquement ce qui concernait les révélations privées de Madame Tachiki. Kaori encaissa et commença à réfléchir.  

- « Tu penses que c’est le même homme ? »  

- « Pardon ? »  

- « Est-ce le même homme qui vous a coursés à l’intérieur du garde-meuble et celui qui s’amuse à laisser ce genre de mot doux ? »  

- « Je ne m’étais pas posé la question en ces termes, mais tu as raison… Après tout il y a peut-être deux équipes, ce qui expliquerait le règlement de compte en règle auquel nous avons assisté : les hommes de main de Gunda d’un côté, un tueur en free-lance de l’autre. Bravo, partenaire ! »  

 

Ryô lui ébouriffa les cheveux, fier d’elle, se releva et ajouta : « Kaori, veille sur Sayuri et passe-moi le numéro du fils Gunda. Moi je vais aller voir ce que nous veut le jeune loup aux dents longues, histoire de faire un peu de lumière dans cette histoire trouble ! »  

 

Il sortit avant qu’elle ait le temps de répondre, mais elle ne s’en offusqua pas, l’état de Sayuri occupant déjà toute son attention. Il se rendit directement au Cat’s Eye, téléphonant en chemin à Aki Gunda pour lui fixer rendez-vous un quart d’heure plus tard. Celui-ci commença par rechigner et arguer d’un emploi du temps surchargé, mais devant la froideur de Ryô, il comprit rapidement qu’il valait mieux se plier à ses exigences.  

 

Rendez-vous fut pris au Cat’s Eye, terrain protégé où Ryô savait pouvoir éviter les mauvaises surprises. A peine le seuil franchi, le nettoyeur regretta sa décision : Miki était derrière le bar et il pouvait sentir son hostilité. Elle lui en voulait pour leur petit échange et il allait devoir passer par elle avant de s’occuper de son nouveau « client ».  

 

 


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