Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Ally Ashes

Beta-reader(s): Tamia62

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 40 capitoli

Pubblicato: 25-06-03

Ultimo aggiornamento: 09-09-05

 

Commenti: 210 reviews

» Scrivere una review

 

ActionRomance

 

Riassunto: Ryô doit aider deux soeurs à affronter un lourd secret de famille ... Leurs noms: Sayuri Tachiki et Kaori Makimura...

 

Disclaimer: Les personnages de "Corps à Coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo (petit veinard). Béta lectrice: Félisoph (je te dois tout...) et Tamia62

 

Tricks & Tips

Some pieces of advices to authors

 

- Check the grammar and spelling of your stories. - Read your story at least once. - Try to write chapters of at least 2 pages and of a maximum of 6-7 pages. - Try to update your story regularly.

 

 

   Fanfiction :: Corps à Coeur

 

Capitolo 24 :: Chap.17: Ne me quitte pas (part. 3)

Pubblicato: 18-06-05 - Ultimo aggiornamento: 18-06-05

Commenti: Bonjour / Bonsoir à tous. Voilà un chapitre qui apporte son lot de révélations... et de questions, comme toujours. Certaines migraines font pouvoir disparaître. Mais gardez l'aspirine à portée de main, on ne sait jamais ce qui peut arriver! Félisoph, Nanou, Tiffany, Sabi, Kiki, Loreley, (mention spéciale à Mag et Sophie, toujours présentes dans ma mailbox, et à Ramal): eh oui, remerciements, comme aux oscars. Que voulez-vous, à mon âge, on ne change plus! Pour info: Mag en est à sa quarante-septième tablette de gagner au grand jeu du "devinons le fin mot de l'histoire". Quelqu'un pour rivaliser? Pardon par avance pour l'épaisseur: la scène est principalement faite de dialogues, et si sur word le tout fait "aéré", j'ai la flemme (je l'avoue) de jouer au sauts de lignes ce soir. Si c'est illisible, je corrigerai dès demain. Prévenez moi. Bonne lecture!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

- « Miki mon amour ! Je suis là !! »  

- « Moi aussi ! » tonna une grosse voix.  

 

Le sourire de Ryô se glaça et il rangea en catastrophe ses dix doigts indisciplinés dans ses poches pour devenir l’innocence personnifiée.  

 

- « Déjà ? Enfin je veux dire : tu tombes bien ! »  

 

Le sourire de Falcon tenait du carnassier : soixante-douze dents éclatantes qui lui mangeaient la moitié du visage et promettaient à leur proie de laisser un souvenir impérissable. Ne préférant pas savoir ce qu’il adviendrait de lui si jamais il lui venait l’idée de s’y frotter, Ryô renonça à faire semblant et s’assit avec les autres à la table latérale, celle qui était la moins visible de l’extérieur.  

Moins d’un quart d’heure plus tard, Saeko poussait la porte du café. La troupe était au complet.  

 

Miki se leva et accrocha l’écriteau « Fermeture Exceptionnelle », mais alors qu’elle s’apprêtait à fermer à clef, Mick Angel entra à son tour.  

 

- « Salut la compagnie ! J’espère que je n’ai pas manqué le début de la fête »  

- « Qu’est-ce que tu fiches ici ? » demanda Ryô, surpris.  

- « Il y avait des bruits qui courraient et je me suis dit qu’on aurait peut-être besoin de moi dans le coin. »  

- « Mouais. Dis plutôt que Kazue t’a mis dehors. »  

 

Mick accusa le coup et soudain le dandy montra les crocs :  

 

- « Oui c’est exact, et sauf erreur c’est à cause de toi ! Soit disant qu’elle devait rester seule pour donner un peu de crédibilité à son histoire. Par ailleurs, je peux savoir pourquoi tu ne m’as pas appelé après m’avoir faussé compagnie, me laissant seul et abandonné regagner mon chez-moi où m’attendait ma petite Kazue, l’arme à la main ? »  

- « Pas eu le temps… »  

- « Ben voyons. Tant pis pour toi, tu ne sauras pas ce que m’a appris Kimy ! » bouda Mick.  

- « Quoi, que la fine équipe en costume bossait pour Tatsuro Gunda ? On le sait déjà ! »  

- « Oui et non… Mais je ne sais pas si je vais te le dire. ».  

 

Index sur le menton, les yeux au ciel, il était l’image même de la perplexité. Son alter ego lui sauta alors sur le dos et l’emberlificota dans une parfaite prise de catch dont Mick parvint à se tirer par une manœuvre peu académique, consistant à tirer violemment la ceinture du pantalon de son adversaire, comprimant le contenu par torsion du contenant. Ryô ne se laissa pas faire, et les spectateurs assistèrent, navrés, à une bagarre digne des cours de récréation qui se solda par la reddition de l’américain.  

 

- « OK, OK, tu as gagné ! Tout ce petit monde travaille bien pour un monsieur Gunda, mais pas le même : ils faisaient partie de la garde rapprochée d’Aki Gunda. » lâcha-t-il, essouflé.  

- « Tiens, tiens, plus ça va, moins j’apprécie cet homme ! Et celui qui a joué les trouble-fête ? » questionna Ryô.  

- « Celui-là, c’est un mystère. Venu de nulle part, disparu on ne sait où. »  

- « Pardon de vous déranger… On est là pour le travail ou pour le spectacle ? » les interrompit Saeko. « Allez les enfants, venez vous asseoir et écouter tonton Falcon. Et j’aurai une nouvelle pièce à ajouter au puzzle, mais je ne suis pas sûre que ça vous plaise. »  

 

Umibozu grogna à l’évocation de ce surnom, mais garda son calme. Tous prirent place, désormais sérieux.  

 

- « Alors ? »  

- « J’ai fait ce que j’ai pu, mais ce Tatsuro Gunda est le roi des cachottiers. J’ai eu beau actionner mes meilleurs renifleurs, il y a encore des zones d’ombres. Je commence par où ? »  

- « Pour ce qui concerne sa vie publique, je crois qu’on a un assez bon topo. Tu as quelque chose sur sa vie privée ? » avança Saeko.  

- « Tu plaisantes ? C’est ma pièce de résistance ! »  

 

Falcon sortit de sa poche intérieure un petit paquet de feuillets pliés en deux et commença à parler, appuyant parfois ses dires par une photographie ou un article de journal. Il dressa le portrait de Tatsuro Gunda, 75 ans, homme d’affaires issu de la petite paysannerie japonaise pour créer seul un empire financier tentaculaire, connu comme étant amateur d’art, de femmes, de nourriture et d’alcool.  

 

- « Les débuts de Tatsuro Gunda ressemblent à s’y méprendre à ceux de n’importe quel homme d’affaire des années 50 : c’était la bonne époque pour les investissements et la création. Quiconque ayant le nez creux et de l’audace avait sa chance. Il est devenu un des meilleurs, et en trois ans son chiffre d’affaire a été décuplé. Tout lui souriait, et il semble qu’il se soit laissé prendre au jeu. Il était amateur de bonnes choses, il est devenu excessif en tout : ses soirées étaient réputées pour finir en orgies de sexe et d’alcool. »  

- « Voilà qui me le rend plutôt sympathique ! » intervint Ryô  

- « Comment osez-vous ! Cet homme a détruit ma famille ! » s’offusqua Sayuri, profondément choquée.  

- « C’est vrai… Et pour ça, on va le faire payer. Mais rien n’est bien simple et bien défini dans la vie, Sayuri. On ne naît pas malfrat, on le devient. L’humanité est changeante. »  

- « Non ! Cet homme n’a pas le droit d’être qualifié d’humain ! »  

- « Il a pourtant raison. » objecta calmement Falcon. « C’était un homme assez fair-play à ses débuts : bon gestionnaire et bon mari. Juste une fâcheuse tendance à avoir un amour certain de la possession qui est allée en s’intensifiant. Aujourd’hui quand il veut quelque chose, il ne recule devant rien, y compris la menace, le passage à tabac, le vol. »  

- « On est quand même loin de Robin des Bois ! » observa à son tour Saeko. « Tu disais qu’il était bon mari ? C’est étrange, j’ai cru comprendre qu’il était veuf et que sa femme a passé les dernières années de sa vie à porter des lunettes de soleil, et pas pour se protéger de la lumière… »  

- « Il a été marié deux fois, et les deux fois ça s’est terminé par la mort de son épouse. Le premier mariage n’a duré que quelques années : c’était une amie d’enfance dont il était éperdument amoureux. Elle lui a donné un fils, ce qui a eu pour effet de calmer la vie nocturne de son époux. Et puis en 1961, alors que le petit avait cinq ans elle est morte d’un cancer. Tenez, voilà l’article relatant l’enterrement. »  

 

Le document passa de main en main autour de la table. On y voyait une photo volée lors de l’enterrement, représentant un homme grassouillet et son fils, tous deux en larmes devant un cercueil. Une autre montrait Madame Gunda lors de sa dernière sortie en public. Lorsque Sayuri aperçut le portrait, elle fronça les sourcils.  

 

- « C’est étrange, elle ressemble très vaguement à maman. Les mêmes yeux, la même forme du visage. Mais son sourire est moins franc. Elle avait l’air plutôt snob ! Regardez cette fourrure ! »  

- « Il semble en effet qu’elle avait elle aussi un certain goût pour l’argent, né sans doute de son enfance particulièrement pénible. Mais peu importe. Sa disparition a marqué Gunda : il a sombré peu à peu dans la dépression, a failli tout perdre, et pour finir il a envoyé son fils en pension. Il s’est alors consacré exclusivement à sa société, jusqu’à ce qu’une jeune et jolie secrétaire lui mette le grappin dessus et lui fasse un second fils. C’est avec elle qu’il a eu souvent la main lourde. Elle piquait des crises de jalousie au sujet de ses maîtresses, et à en croire les rapports d’intervention pour scènes de ménage que j’ai pu trouver, ça se finissait assez violemment. »  

- « Attends, il a deux fils ? On a été contactés par lequel, alors ? »  

- « Par le plus jeune, Aki Gunda. Le premier est mort avec la seconde épouse. »  

- « Stop ! Tu nous le refais ? »  

- « La seconde et dernière épouse est morte brûlée vive durant l’été 1966. Elle était avec les deux gamins dans la demeure familiale, et s’est apparemment endormie avec une cigarette à la main. Elle et le fils aîné sont morts dans l’incendie. Le petit dernier s’en est sorti de justesse, avec des brûlures au second et troisième degré sur 40% du corps ».  

- « Et Tatsuro Gunda ? »  

- « Il n’était pas présent ce soir-là ».  

- « Quel heureux hasard ! » ironisa Sayuri.  

- « Quoiqu’il en soit, il a focalisé toute son attention sur son petit dernier, au point d’en faire son ombre. Oubliées les soirées de débauche et les femmes, il a fait de son entreprise son unique maîtresse. Il a développé un réseau de blanchiment d’argent, un autre de vente d’armes, sans jamais se faire prendre par les flics. ».  

- « Ne remue pas le couteau dans la plaie, veux-tu ! » grinça Saeko.  

- « Le reste je pense que vous le savez déjà : le fils a fait de brillantes études commerciales et est devenu le bras droit de son père..»  

 

Un récent article vantant la prospérité de Gunda Corporation circula. Il montrait les deux hommes côte à côte, souriants. Tous furent marqués par la déchéance du père : il était à présent un vieux monsieur amaigri et affaibli. Il n’avait rien d’une menace.  

 

- « Je ne comprends pas : lors de mes dernières recherches, il n’avait pas du tout cette tête ! »  

- « Il est malade. Il a refusé toute photographie pendant des mois afin que ses actionnaires ne paniquent pas. Celle-ci est toute récente. A mon avis, il prépare sa succession et commence à présenter son fils pour assurer le passage du relais : il semble que Aki Gunda prenne de plus en plus de responsabilités, dans l’attente que le vieux passe la main. Le problème c’est qu’il a hérité des pires aspects de son père : il a déjà eu des démêlés avec la justice à propos d’affaires de stupéfiants et de mœurs. Il aime les relations sexuelles violentes avec les jeunes filles. Les très jeunes filles. Tatsuro a du travail avant de lui redonner une image clean. »  

 

Sayuri ne savait plus quoi penser. Elle s’était imaginé son ennemi comme étant un homme sans cœur, bouffi de graisse et de suffisance, véritable incarnation de tout ce que cette terre avait de pire ; mais là, sous ses yeux, le cliché évoquait d’avantage un gentil papy fier de son fiston.  

 

Elle se reporta sur le jeune Aki. Lui aussi semblait un homme bien sous tout rapport sur ce portrait. En voyant les cicatrices sur son cou et sa main, elle se prit même de pitié pour lui : enfant, il avait dû souffrir le martyre, tant physiquement que psychiquement.  

 

La photo la mettait mal à l’aise : elle découvrait que le monde n’était pas divisé entre les bons et les méchants, et surtout que les pires salauds ressemblaient finalement à n’importe qui. Une leçon qui faisait trembler les fondations de sa croyance en un monde dichotomique.  

 

Se sentant observée elle releva la tête et croisa le regard indéchiffrable de Saeko. Après un bref sourire, celle-ci regarda sa montre puis prit la parole.  

 

- « Je crois que c’est à mon tour de jouer à la conteuse ! Ainsi que tu me l’as demandé, Ryô, j’ai pris en charge l’enquête sur la fusillade du vieux quartier. Tu as fait un gros effet à Madame Takana, d’ailleurs. »  

- « Qui ? »  

- « La vieille dame, qui dit s’être amusée comme une petite folle et vouloir remettre ça quand tu le voudras. »  

- « Vont-ils bien tous les deux ? » demanda Sayuri.  

- « Oui, rassurez-vous. J’ai donc pris l’affaire en main et j’ai demandé une analyse balistique d’urgence. L’arme qui a tué l’homme de main de Gunda Junior est connue de nos services et de dix-neuf cadavres, disséminés sur le Japon, la Suisse, et les Etats-Unis. Seize hommes, exécutés proprement d’une balle dans la tête, et trois femmes qui ont été torturées avant d’être achevées. »  

 

Saeko laissa volontairement planer le silence afin que chacun assimile la nouvelle, vérifia une nouvelle fois l’heure, puis reprit :  

- « Pas de trace de viol ni de contact direct, donc pas d’ADN. Violences à l’arme blanche et brûlures. Il ne laisse rien derrière lui, à part des allumettes calcinées. Un type a été soupçonné après avoir été filmé par une caméra surveillance, sans que rien ne puisse être retenu à son encontre : un dénommé Daichi Yukito. »  

- « Et il fait quoi dans la vie, ce Yukito ? »  

- « Homme invisible. Tu sais Ryô, il n’y a que dans les films qu’on peut te donner l’adresse, le numéro de téléphone, la taille de chemise et le dessert préféré de n’importe qui. Désolé, il n’est pas inscrit au casier judiciaire, il n’a pas de téléphone à son nom, pas de bien immobilier, pas de compte en banque et pas de carte de fidélité, mes capacités s’arrêtent là. »  

- « Je ne veux pas te vexer, mais Falcon fait mieux que toi ! »  

- « Eh bien Falcon, je te laisse le soin d’aller à la chasse au Daichi ! En attendant, je crois qu’il est l’heure de vous présenter quelqu’un. Miki, tu peux me passer les clefs s’il te plaît ? »  

 

Saeko alla ouvrir la porte d’entrée et attendit quelques instants à l’extérieur pendant que les autres discutaient de ce qu’ils venaient d’apprendre. Soudain ils la virent firent signe à quelqu’un. Un homme d’environ trente ans arriva en courant et essaya de l’enlacer. Elle se dégagea avec un sourire un peu froid et l’invita à entrer.  

 

Il n’avait pas fait dix pas que Ryô le reconnut : ils s’étaient déjà rencontrés au garde-meuble. A l’expression de son regard, il comprit que l’autre également l’avait reconnu. Et à la réflexion, sa posture indiquait qu’il avait reconnu la plupart des personnes qui siégeaient autour de cette table.  

 

- « Mesdemoiselles, Messieurs, je vous présente mon collègue, l’inspecteur Makoto Kanichi. »  

- « Je suis ravi de rencontrer les amis de Saeko. » commença-t-il en serrant la main de toutes les personnes présentes, un sourire crispé aux lèvres. Arrivé à Sayuri, celle-ci se présenta.  

- « Monsieur Kanichi ? Oh je suis heureuse de vous rencontrer enfin : je suis Sayuri Tachiki, nous nous sommes parlés au téléphone il y a quelques semaines. Vous vous souvenez ? »  

 

Le sourire disparut. Il hésita sur la conduite à adopter. A côté de lui, Saeko le regardait avec attention. Il eut la désagréable impression que la nouvelle ne la surprenait pas et qu’elle surveillait ses réactions.  

 

Quand à son tour Ryô prit la parole, il en fut certain : il était tombé dans un piège.  

 

- « Nous aussi, nous nous connaissons. Votre bras ne vous fait pas trop souffrir ? »  

 

Makoto avala péniblement sa salive. Avec un soupir il se tourna vers Saeko :  

- « Tu le sais depuis quand ? »  

- « Je n’en ai été sûre que ce matin, en vérifiant les données de ton C.V. Ton soi-disant précédent patron aux mœurs n’a jamais entendu parler de toi. Ryô m’avait raconté sa petite altercation par balles interposées, tu avais cette blessure… Cela faisait un peu trop de coïncidences. Ce matin je t’ai laissé seul dans mon bureau, tu te souviens ? Tu en as profité pour fureter dans mon ordinateur. Je n’aime pas qu’on me mente, Makoto. Pas du tout. » ajouta-t-elle, insistant sur les derniers mots. Elle ne voulait pas s’étendre davantage en présence des autres, mais elle s’était promise qu’il n’oublierait jamais son erreur dès que le moment se présenterait.  

 

- « Pardonne-moi. »  

- « Tu travailles pour qui ? » le coupa-t-elle sèchement. « Et n’envisage même pas de nous mentir, où tu ne sortiras pas de ce café sur tes deux jambes. »  

- « Hirotaka Kitao. »  

- « Qui ? » demandèrent quatre voix, tandis que Saeko et Ryô échangeaient un regard surpris.  

Makoto ne répondit pas. Il fixait Saeko : seule sa réaction lui importait. L’ignorant superbement, Saeko mit les autres au parfum.  

- « En résumé, Hirotaka Kitao est un talentueux collègue qui voulait absolument accrocher City Hunter à son tableau de chasse, et a bien failli y parvenir. Il l’a trouvé, mais pour se rendre compte que finalement, il n’était pas si cruel que ça, et surtout qu’il avait une partenaire charmante… Il a renoncé à son Saint Graal et s’en est retourné chasser d’authentiques bandits. Mais je ne comprends pas ce qu’il vient faire dans cette histoire ? »  

- « Hirotaka était mon référent à l’école de police. J’ai fait un stage avec lui. Il a découvert que j’avais menti sur mon dossier d’inscription, et il m’a fait chanter… »  

- « Menti ? »  

- « Mon père est un petit voleur à la manque qui a passé plus de temps sous les verrous qu’en liberté. Ça ne fait pas bon effet. Alors j’ai changé mon adresse et le nom de mes parents sur mon dossier d’inscription. Je ne sais pas comment il a fait pour mettre le doigt dessus, mais il n’a rien dit à mes instructeurs. Depuis, je lui dois beaucoup, et il le sait… »  

- « Quel est le rapport avec Sayuri, avec moi ? » demanda Saeko, un peu moins durement.  

- « Je ne pense pas dévoiler un secret en disant que Hirotaka a un peu « flashé » sur votre partenaire, Kaori Makimura. » commença-t-il en se tournant vers Ryô, qui acquiesça. « Et je ne vais pas non plus le trahir en disant qu’il vous surveille toujours activement, et qu’il s’est juré de vous tomber dessus si jamais vous franchissiez la frontière entre bien et mal. Alors il a fait jouer ses relations et il m’a fait intégrer le commissariat dans la section de Saeko afin de rester en contact avec City Hunter. Je devais l’aider, sinon, il me dénonçait et s’en était fini de mon boulot. »  

 

Makoto fixait à présent Ryô, qui restait sur la défensive. Il n’avait pas particulièrement apprécié leur dernière rencontre, et il se méfiait de ce type. Il acquiesça néanmoins pour qu’il continue.  

- « Il n’a jamais vraiment oublié Kaori, à ce qu’il m’a raconté. »  

- « On le comprend. » ironisa Mick, qui écopa d’un coup de coude au creux de l’estomac.  

- « Il a fait des recherches sur ce frère à qui il ressemblait tant et à qui elle était si fidèle. De là je pense qu’il s’est prit au jeu. Je sais qu’il a fait pas mal de recherches, et qu’un jour il est tombé sur un dossier qui l’a particulièrement intéressé. »  

- « Le dossier Hisaishi ? »  

- « Oui, c’est ça. De là il a découvert le nom de Junichi Hisaishi, et de Kaori Hisaishi. En cherchant dans les registres d’état-civil, il vous a aussi trouvée, Sayuri Hisaishi, née de Yoko Tachiki. Vous trouver a été un jeu d’enfant. C’est là que je vous ai appelée la première fois, pour devenir votre contact. Hirotaka voulait savoir qui vous étiez, et avoir un lien avec vous. »  

- « Alors quand vous m’avez parlé des vols irrésolus, ce n’était pas un hasard ? »  

- « Oui et non : lorsque vous m’avez appelé pour me demander si je n’avais pas un sujet d’article intéressant sur le thème des dossiers non résolus, nous ne n’y attendions pas du tout. Le hasard ou le destin, appelez le comme vous voulez, a fait son œuvre. J’ai saisi ma chance en vous parlant de Gunda : cela faisait alors quatre mois que Hirotaka enquêtait sur son organisation et sur les circonstances du décès de votre père. Il amasse des preuves pour le faire tomber définitivement. En vous mettant sur ce dossier, j’espérais bien que vous feriez le même chemin… »  

- « Et Kitao en est où ? » demanda Falcon.  

- « Point mort. Il enquête sous couverture sur une affaire qui monopolise tout son temps. Quelque chose me dit qu’il va être furieux si vous le coiffez au poteau ! »  

- « Que votre collègue s’occupe de Gunda Corporation, et démantèle l’ensemble, c’est devenu le cadet de mes soucis. Ce que je veux savoir aujourd’hui, c’est comment et pourquoi mon père en est venu à travailler pour lui, comment et pourquoi il a disparu du jour au lendemain en enlevant ma sœur, et surtout pourquoi il a volé une partie de ma vie ! » s’emporta Sayuri.  

 

Un silence s’ensuivit. Elle baissa les yeux sur ses poings serrés. Elle se sentait flouée, trahie, et n’avait qu’une envie : que tout s’arrête une bonne fois. Que la police fasse son travail et s’occupe de Gunda père, fils ou saint-esprit, peu lui importait. Elle était venue ici pour trouver des réponses avant tout sur son passé, le reste pouvait aller au diable !  

 

- « Pourquoi nous avez-vous suivis hier matin, au garde-meuble ? » reprit Ryô.  

- « Ordre d’Hirotaka. Il voulait savoir ce que vous faisiez, ce que vous découvriez. »  

- « Et le rat ? »  

- « Le quoi ? »  

- « La macabre mise en scène sur le pare-brise de ma voiture ? »  

- « Alors là, je vous assure que je n’y suis pour rien ! »  

- « Malheureusement, je suis enclin à vous croire. Votre aura est parfaitement perceptible… Ce qui signifie que vous n’êtes pas l’admirateur secret ! » soupira Ryô. Il fit semblant de ne pas remarquer les cinq paires d’yeux interrogateurs qui le fixaient. « Vous n’auriez pas vu quelqu’un d’autre alentours, par hasard ? »  

- « Non, pas du tout ! En tout cas votre voiture était intacte à mon arrivée, j’en suis certain. Pour le reste, j’étais trop occupé à fuir pour remarquer quoi que ce soir… » ajouta-t-il avec humour.  

- « Retour à la case départ… ou plutôt à Daichi Yukito. J’ai de plus en plus hâte de faire connaissance avec cet homme. Falcon, Mick, vous vous en chargez ? » demanda Ryô.  

- « Et toi pendant ce temps, tu fais quoi ? »  

- « Je m’occupe du problème de ma cliente ! » fit-il en souriant à Sayuri. « Et pour ça, il me faudra sans doute l’aide des deux policiers officiels ci-présents. Saeko, qu’en penses-tu ? Il est fiable ? »  

 

Saeko regarda fixement Makoto, qui se sentit scanné de la tête aux pieds et comprit la signification de l’expression « vouloir disparaître dans un trou de souris ». Lorsque la sentence tomba, il comprit qu’il n’avait pas fini de payer sa semi-trahison.  

 

- « Professionnellement, oui. J’ai vérifié son cursus : c’est un bon. »  

- « Je suppose que vous en savez autant sur le dossier Hisaishi que nous ? Voire même plus ? »  

- « Je pense qu’à nous tous, nous pouvons reconstituer l’histoire. Junishi Hisaishi appartenait à la haute bourgeoisie japonaise dont la carrière était toute tracée : suivre le sillage de son père et épouser la fiancée qu’on lui destinait depuis sa naissance. Seulement voilà : il est tombé amoureux d’une jeune femme toute simple, une orpheline qui travaillait pour les Hisaishi. Malgré les pressions des deux familles, il a tenu bon et ce qui devait arriver arriva : il fut répudié. Il a épousé sa promise et quelque temps après naissait leur premier enfant. »  

 

Tous les regards se fixèrent sur Sayuri, qui ne s’en rendit pas compte : elle était hypnotisée par Makoto et l’histoire qu’il faisait renaître.  

 

- « Le couple s’est vite trouvé en difficulté : Junishi n’avait jamais vraiment travaillé, et sa femme venait de perdre son emploi. Il a donc accepté le premier poste qu’on lui a proposé : simple coursier à Gunda Corporation. Peu à peu on s’est rendu compte qu’il avait des capacités et il est devenu courtier… mais les problèmes d’argent étaient toujours là. Un jour, il a « emprunté » une forte somme en falsifiant certains documents. Tatsuro Gunda s’en est rapidement aperçu, et ce fut le début de l’enfer.  

Nous pensons qu’il a purement et simplement fait chanter son employé. Ce n’était pas la première fois : Hirotaka a trouvé deux autres salariés, morts de peur à l’idée de dénoncer le grand patron, qui ont subi la même chose. Le marché était simple : poser les bonnes questions aux personnes qui venaient assurer leur bien chez eux, exiger les preuves des systèmes de protection, soi-disant pour diminuer le coût des garanties, et le soir venu aller faire un cambriolage avec filet ! Brillant… jusqu’à ce que Junishi décide de tout arrêter. »  

- « Comment cela ? » demanda Sayuri, interloquée.  

- « Votre père avait des amis au sein de sa société. Il était très apprécié. Malheureusement, ça n’a pas suffi à leur donner suffisamment de courage pour témoigner pour lui. Nous avons appris auprès de la secrétaire particulière de Gunda qu’il avait donné son congé au grand patron en lui disant que si jamais il s’approchait « une nouvelle fois » de sa famille, il balancerait tout à la police, ce sont ses propres termes. Il paraît que Gunda était absolument furieux, au point d’avoir marqué les esprits vingt ans après !  

Quelques jours plus tard, Junishi réapparaissait, une arme à la main… vous connaissez la suite. La seule chose qu’on ne sache pas, c’est pourquoi votre sœur se trouvait dans la voiture. Ce n’était certainement pas un endroit pour un enfant. »  

- « Non… Moi je ne la connais pas. »  

 

Sa voix était blanche. Elle touchait enfin la vérité du doigt, elle était là, palpable, tangible. Plus rien n’existait autour d’elle.  

Ryô se rembrunit : il savait qu’il aurait dû être à la place de Makoto, qu’il aurait dû lui parler de tout cela, mais lâchement il était soulagé que la tâche ne lui incombe pas. Il ne se sentait pas la force de dire certains mots.  

 

Lorsque l’inspecteur reprit la parole, la jeune femme vit la scène se dérouler devant ses yeux : son père dans le bureau de Tatsuro Gunda, appuyant sur la détente ; puis la balle qui part en ligne droite, inéluctable, et traverse le corps d’un homme ; puis la fuite, la course-poursuite, et la mort sous les balles d’un simple policier nommé Makimura.  

 

Le silence revint, et ce fut un flot de questions auxquelles Makoto répondit à tous coups par un cruel « je ne sais pas ».  

 

Ryô cessa d’écouter : il ressentait soudain un vague malaise, sans en connaître la raison. Puis ce fut l’impression très nette qu’un regard qu’il connaissait bien était fixé sur lui, et il comprit.  

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de