Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Ally Ashes

Beta-reader(s): Tamia62

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 40 capitoli

Pubblicato: 25-06-03

Ultimo aggiornamento: 09-09-05

 

Commenti: 210 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Ryô doit aider deux soeurs à affronter un lourd secret de famille ... Leurs noms: Sayuri Tachiki et Kaori Makimura...

 

Disclaimer: Les personnages de "Corps à Coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo (petit veinard). Béta lectrice: Félisoph (je te dois tout...) et Tamia62

 

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   Fanfiction :: Corps à Coeur

 

Capitolo 31 :: Chapitre 20: Petite Soeur (2ème partie)

Pubblicato: 08-07-05 - Ultimo aggiornamento: 08-07-05

Commenti: A en croire les réactions, le rating avait raison d'exister! J'aime assez le fait que certains se soient attachés à Daichi, personnage complexe dont la folie ne fait pourtant aucun doute. C'est sans doute le personnage qui fut le plus intéressant à décrire, à faire vivre. Qu'aurait-il été s'il n'avait pas vécu dans cette famille? Le point culminant de cette fic, au moins pour sa partie action, arrive à son terme. Il reste encore des choses à voir... Stay tuned!

 


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Kaori se retourna vivement, l’arme au poing. Derrière elle se tenait un homme qu’elle reconnut instantanément comme étant le tireur à la moto. Négligemment appuyé au mur de caisses, il pointait son arme vers elle. Quant à sa voix, elle lui était familière : elle l’avait déjà entendue un peu plus tôt, au bar.  

 

- « Mains en l’air. » tenta-t-elle.  

- « Oh non, ma douce, je crois que c’est plutôt l’inverse qui va se passer. Pose ce jouet par terre. Tu ne voudrais pas te blesser ? Viens là, tout près de moi. Enfin la famille est réunie ».  

- « Restez où vous êtes, ou je tire. »  

 

Ryô perçut un très léger tremblement dans cette voix qu’il connaissait par cœur. Elle donnait le change, mais elle était consciente que ce dernier arrivant était d’une toute autre trempe que les deux autres. Elle le craignait, et Ryô ne pouvait pas lui donner tort. Il affirma sa prise sur la crosse de son Python, prêt à intervenir au besoin : si lui avait perçu le malaise de sa partenaire, il était possible que leur ennemi ait pu également le déceler.  

 

Mais dans le doute, il préférait ne pas intervenir, d’abord pour donner à Kaori sa chance de s’émanciper, ensuite pour se laisser le temps de vérifier qu’un quatrième individu n’allait pas arriver à son tour.  

 

En bas, Daichi n’avait pas perdu son flegme, et se déplaçait en arc de cercle autour de Kaori tout en chantonnant. Encore une fois, Ryô constata qu’il était incapable de deviner les intentions de cet homme, et cela le mettait autant mal à l’aise qu’en colère.  

 

- « Tu sais que j’ai failli ne pas te reconnaître, petite sœur ? C’est en vous voyant toutes les deux ensemble que j’ai réalisé que tu étais de retour. »  

- « Arrêtez de m’appeler comme ça. Je ne vous connais pas ! »  

- « Oh mais si, petite sœur. J’ai toujours su que nous étions liés, par quelque chose de bien plus important que la génétique. Tu n’étais qu’un bébé, et pourtant tu me tenais tête. Tu m’as frappé un jour, alors que j’allais mettre le feu à tes draps. Tu n’avais aucune peur en toi… Tu te souviens de nos jeux d’enfants ? Tu riais toujours… Tu n’as jamais eu peur de moi, alors que tous les autres enfants me fuyaient ou m’insultaient… Le destin nous avait réunis, tout comme il le fait aujourd’hui. Tu es ma petite sœur ! Viens. »  

 

Sans qu’un geste ait pu prévenir de ses intentions, il se précipita soudain vers Kaori et la désarma en tordant son poignet, l’attirant contre lui sans qu’elle ne puisse se dégager. Dans la seconde, Ryô se redressa sur la caisse et rugit « Lâche-la ! ». Surpris, Daichi chercha d’où provenait cette voix tout en retournant Kaori dos contre lui.  

 

- « C’est pas possible, c’est une manie ici de prendre les femmes en otage ? » grogna-t-elle malgré sa crainte.  

- « Vous êtes tous foutus, libérez les ! » tonna une nouvelle fois Ryô.  

- « Non ! Nous ne serons plus jamais séparés, ici ou ailleurs. Nous resterons ensemble, l’éternité nous attend. » cria joyeusement Daïchi.  

 

« Bon sang, ce type est vraiment malade » songea Ryô. Il hésita sur la marche à suivre : compte tenu de l’angle de tir qu’il avait et de la pénombre, il courait le risque de blesser les filles en cas de passage à l’acte. Les trois truands, sûrs d’eux, devaient le savoir : Tatsuro avait pointé le nez hors de sa cachette pour chercher d’où provenait cette voix, Aki ne bâillonnait plus Sayuri, mais la caressait à nouveau en regardant alentour ; quant au troisième homme qu’il avait reconnu immédiatement, il tenait Kaori étroitement serrée et lui murmurait quelque chose à l’oreille, sans se soucier le moins du monde de sa présence.  

 

Le nettoyeur était coincé : descendre exigerait a minima qu’il se serve d’une de ses mains, le mettant à découvert ; sauter d’une telle hauteur l’amènerait à perdre de vue ses ennemis pendant quelques instants, s’il parvenait à éviter de se blesser.  

 

Conscient qu’ils n’allaient pas rester ainsi comme des chiens de faïence, Ryô chercha le regard de Kaori, captivée par ce que l’homme aux cheveux longs lui racontait. Au bout d’un long moment, il parvint à accrocher son regard éperdu. Il tenta de lui faire passer toute sa force et toute sa détermination, d’établir un contact qui leur permettrait d’agir comme s’ils ne faisaient qu’un... Il attendit calmement qu’ils soient sur la même longueur d’onde, mais cela mit plus de temps que d’habitude : l’autre ne cessait de parler, et Kaori semblait avoir du mal à penser à autre chose.  

 

Un gémissement de Sayuri rompit le charme, ramenant Kaori à l’instant présent, et enfin City Hunter entra en action. Kaori prit son élan et écrasa violemment le pied de Daichi, distrayant l’assemblée et permettant à Ryô de sauter au bas de son perchoir. Arrivé en bas, il fit un roulé-boulé qui l’amena presque au milieu des intervenants. Ils formaient à présent un triangle mortel.  

 

Soudain il sentit la volonté de tuer de Aki Gunda, et sauta de côté. Dans le même geste il tira le premier, lui transperçant le poignet. En hurlant, Aki lâcha Sayuri et se recroquevilla autour de son bras blessé.  

 

Sans force, la jeune femme s’effondra à terre, hypnotisée par la petite rivière de sang qui commençait à se former et qui s’accrochait aux aspérités du béton. Elle se sentit soudain aggripée par le poignet et tirée fortement, puis se retrouva derrière Ryô, sans bien comprendre comme elle était arrivée là, hors de portée de la famille Gunda, tandis que Tatsuro se précipitait sur son fils en agonissant Ryô d’injures. Celui-ci ne répondit pas mais regarda les deux hommes avec un dégoût infini. Pour le moment, son principal souci était de poursuivre Kaori et son ravisseur, sans laisser Sayuri seule dans l’état de faiblesse où elle se trouvait. Il hurla le nom de Falcon, et aussitôt la porte d’entrée s’ouvrit dans un vacarme amplifié par l’écho.  

 

Le mercenaire se guida au bruit et arriva rapidement sur les lieux en bousculant une ou deux caisses au passage, bientôt suivi de Mick.  

 

- « Surveille-les, je vais à la recherche d’un type qui mène trois à zéro, et qui va voir de quel bois je me chauffe. »  

- « Tu m’as appelé pour faire le garde-chiourme ? Pas question, je te suis. »  

- « Tu vois bien que Sayuri n’est pas en état ! Et il est hors de question que ces deux-là filent ! D’ailleurs qu’est-ce que vous foutiez, dehors ? Je peux savoir pourquoi vous avez mis autant de temps ? »  

- « On pensait que vous vouliez régler ça par vous-même, on ne voulait pas jouer les troubles fêtes. On commençait justement à trouver le temps long, ton appel est venu à pic ! » répondit calmement Falcon.  

- « Ouais, à d’autres. Il était de toutes façons décidé à entrer. Son estomac grognait tellement qu’on ne s’entendait plus parler ! Monsieur a faim, Monsieur est fatigué, Monsieur voulait rentrer se faire un petit casse-dalle nocturne et se coucher. Monsieur s’encroûte. »  

- « La ferme Mick ! Tu racontes n’importe quoi ! »  

- « Ben voyons. C’est moi qui baillais à m’en décrocher la mâchoire entre deux borborygmes intestinaux, peut-être ? »  

- « Dites les enfants, j’adorerais assister jusqu’au bout à ce charmant interlude, mais il y a un type qui tient ma partenaire en otage. Occupez-vous de ces deux-là et par pitié, silence ! »  

 

Ryô s’engouffra au hasard dans une première allée, sans attendre la réponse qui n’allait pas manquer de fuser. Il hésita à prendre à nouveau de l’altitude, mais y renonça : non seulement l’effet de surprise n’allait plus jouer, mais il risquait de se heurter à des difficultés pour se déplacer rapidement.  

 

Falcon et Mick s’étaient tus. On n’entendait plus que les gémissements d’Aki. De temps à autre on percevait le craquement sec du bois qui joue, ou bien le bruit d’un moteur, au loin. Redevenu chasseur, Ryô sentit ses sens s’aiguiser au fur et à mesure que l’adrénaline gagnait du terrain dans ses veines. L’écho ne lui simplifiait pas la tâche, mais il perçut distinctement deux respirations, légèrement sur sa gauche. Il se concentra mais son instinct restait muet : encore une fois, l’ennemi restait neutre, glacial. Pas moyen de le détecter. Plus inquiétant, il ne sentait pas davantage la présence de Kaori. Après quelques minutes de vaines recherches, il tenta un coup de bluff.  

 

- « Kaori ? »  

- « Chuuuut ! Elle dort ! Il ne faut pas la réveiller. »  

- « Je suppose que vous savez que vous êtes coincé ? Vous feriez mieux de laisser tomber. »  

- « C’est gentil de penser à moi ainsi… Une pierre dans l’eau ! J’ai retrouvé ma petite sœur, on ne se quittera plus jamais ! »  

- « Descendez sur Terre! Au fait, il serait temps de faire les présentations, Monsieur Daichi Yukito ! »  

- « Je vois que vous me connaissez sous mon nom d’artiste ! Bien joué, Monsieur Ryô Saeba, alias City Hunter. J’avoue qu’il m’était facile de vous identifier : vous êtes connu comme le loup blanc ici ! De même que votre partenaire, Kaori Makimura… alias Kaori Hisaishi. »  

- « Votre nom d’artiste ? Vous m’intriguez ! »  

- « Oh à vrai dire il s’agit tout simplement du nom de ma mère… Mon père m’a plus ou moins renié après que j’aie fait une petite bêtise… »  

 

Soudain ils furent face à face. A chaque phrase, Ryô s’était orienté au bruit, jusqu’à le trouver, reculant vers la sortie. Il tirait Kaori, inconsciente, par le bras. En voyant Ryô, il ne la lâcha pas, bien au contraire : il la prit à bras le corps et la serra contre lui, embrassant sa bouche au passage, son arme toujours pointée sur elle. Conscient que son fardeau serait un handicap trop important dans la lutte, il fit face, sans crainte, sans émotion apparente.  

 

- « Et maintenant ? »  

- « Maintenant, vous la posez doucement à terre, vous vous éloignez gentiment, ou je vous fais sauter la tête. »  

- « Oh non, vous ne ferez pas ça. Vous avez besoin de moi ! Elle a besoin de moi. Elle voudra savoir pourquoi ! Elle a toujours été si curieuse. » répondit Daichi en caressant doucement la nuque de Kaori, qui sembla frémir.  

 

Ryô hésita, mal à l’aise devant cet homme qu’il ne savait comment prendre. Il avait l’habitude des regards fous, des regards meurtriers, des regards vengeurs… Lui était infiniment doux, comme ces illuminés qui prônent l’amour éternel en y incluant l’amour charnel. Soudain il comprit : il ne ressentait pas d’intention meurtrière pour la bonne et simple raison qu’il aimait ses victimes. Il les torturait avec tendresse sans qu’aucune émotion vienne parasiter ses actes. Ce n’étaient pas des hommes et des femmes qu’il touchait, mais des choses, des petits animaux qu’il aimait regarder souffrir.  

 

- « Je suis sûr que petit, tu adorais arracher les ailes des mouches » lâcha Ryô.  

- « Oh non… Les mouches n’ont pas de sang ! »  

 

Devant une telle réponse, Ryô prit sa décision : il releva imperceptiblement le canon de son arme et visa son front. Kaori choisit malheureusement cet instant pour se réveiller tout à fait et se débattre. La balle frôla l’oreille de Daichi, laissant une trace rougeâtre qui ne tarda pas à saigner, mais il ne s’en soucia guère. Au lieu de cela, il pencha la tête et sourit à son assaillant :  

 

- « Tu as raison. Il est inutile de chercher à fuir. Mieux vaut partir. »  

- « DAICHI ! »  

 

Il avait tourné son arme contre la nuque de Kaori, prêt à tirer, mais avait été interrompu par un hurlement paniqué de Tatsuro Gunda. Il suspendit son geste, sourcils froncés.  

 

- « Daichi tu m’entends ? Ici Falcon. Si tu ne ramènes pas tes fesses dans les quinze secondes, ton père n’aura plus de pouce. »  

 

Ryô le vit chanceler. Pour la première fois, les traits de son visage devinrent mobiles, et un masque de rage fit son apparition. Il ne bougea pas néanmoins, murmurant simplement « du bluff… »  

- « Cinq, quatre, trois, deux, un… »  

 

BANG  

 

Un bruit sourd suivi d’un cri de souffrance. Daichi lâcha Kaori instantanément et se mit à courir. Ryô le laissa partir, davantage préoccupé par la santé de sa partenaire.  

 

Bien que groggy, elle lui fit signe que tout allait bien, et lui demanda de l’aider à se relever. Les jambes encore flageolantes, elle manifesta l’intention de suivre Daichi ; son partenaire l’en empêcha tout d’abord, mais en quelques mots, elle le persuada du contraire.  

 

- « Je t’en supplie, laisse-moi mener cette bataille. Aide-moi. J’ai besoin de toi, plus que jamais. S’ils meurent, je ne saurai jamais la vérité sur ce que j’étais. Tu dois me comprendre, tu peux me comprendre. »  

 

La détermination dans son regard était un discours suffisant : seule ou avec lui, elle irait jusqu’au bout, et était bien capable de réussir. Jamais il n’avait perçu autant de force chez elle. Il ne pouvait que la soutenir, parfaitement conscient qu’il aurait agi de la sorte si c’était son histoire à lui qui se trouvait au bout de la route. Savoir enfin qui on est, d’où on vient. Commencer l’histoire non pas par un accident d’avion en Amérique Centrale, mais par une naissance et un cri d’enfant.  

Il acquiesça, et lui tendit la main pour sceller leur accord.  

 

- « D’accord, partenaire. Je te suis. Et on fait à ta façon ».  

 

Kaori avait été surprise qu’il ne soit pas plus difficile à convaincre, et le fut encore plus lorsqu’il lui offrit d’être aux commandes. Elle accepta presque timidement la poignée de main, eut un petit sourire pour le remercier, et désigna du menton la direction dans laquelle Daichi était parti.  

 

Ils retournèrent sur leurs pas, guidés à présent par un parfum de violence infinie. Les vannes de Daichi s’étaient rompues, laissant se déverser un torrent de haine quasi palpable. Il était méconnaissable, tremblant, dominé par une folie évidente. Pourtant devant eux, la scène aurait pu prêter à rire. Le père et le fils avaient tous deux la main en sang, Falcon pointait son arme sur Tatsuro Gunda, Daichi sur Falcon, et Mick sur Daichi. Qu’un seul maillon se décide à tirer, et c’était le massacre.  

 

Trois nouveaux revolver vinrent bientôt s’ajouter à la ronde : ceux de Saeko, Makoto et Miki.  

 

- « Deux hommes et un vieillard contre deux flics, deux mercenaires, et trois nettoyeurs… Vous pensez vraiment gagner ? Faites mine de tirer sur un de nous, et vous êtes morts, tous les trois. »  

 

La voix moqueuse de Mick prit Daichi Gunda de court : ils étaient tout autour d’eux, l’arme au poing, unis par une seule et même détermination. Que son frère soit tué, c’était un véritable cadeau. Mais son père…  

 

Daichi lança son revolver vers Kaori. Percevant le soulagement général, Sayuri sortit de sa torpeur et courut vers sa sœur pour s’effondrer dans ses bras.  

 

- « C’est fini. Ne pleure pas. » la rassura Ryô d’une voix douce.  

- « Pas encore. » murmura Kaori.  

 

Après avoir rassuré sa sœur d’un sourire, elle se détacha de son étreinte pour la confier à Ryô. Elle récupéra sa propre arme qui était restée à terre, et la pointa vers Daichi.  

 

- « Je me fous totalement de qui prendra la parole. Je veux savoir dans les détails ce qui est arrivé à mes parents. Maintenant ! »  

- « Kaori, non. Laisse tomber. »  

- « Reste en dehors de ça, Ryô. Ce n’est pas ton combat, mais le mien. »  

 

La tension reprit possession de l’espace. Kaori était déterminée, vibrante de fureur contenue. Aucun des trois hommes ne se décidant à bouger, elle orienta son arme vers Aki et Tatsuro et fit feu. La balle frappa le sol entre les deux hommes, faisant sursauter l’assemblée. Ryô tenta encore une fois de la faire fléchir, mais elle l’envoya paître sans un regard. Persuadé qu’elle faisait là une erreur due à son inexpérience et à son degré d’implication, il passa outre et s’avança vers elle, malgré les tentatives de Sayuri pour l’en empêcher.  

 

Daichi réagit également et la regarda comme s’il la voyait pour la première fois. Kaori se déplaça alors légèrement, et, l’arme pointée à présent sur Tatsuro, renouvella sa demande. Ses yeux étaient ancrés à ceux de Daichi, et chacun pouvait presque suivre l’évolution des pensées de l’autre. Il y eut l’incompréhension, puis la colère, et soudain, comme elle ne faiblissait pas, une étincelle puis un sourire.  

 

- « Nous sommes vraiment pareils, petite sœur. Têtus et sans merci. Par où veux-tu que je commence ? Il était une fois une jolie princesse… Non, ce n’est pas cette histoire là que tu veux que je raconte ? Alors si nous parlions de Yoko, la belle et tendre Yoko, qui ne supportait plus son médiocre époux et est venue se réfugier dans les bras du patron de celui-ci, le grand Tatsuro Gunda ? Si nous parlions de ces heures où nous écoutions à la porte les soupirs et les gémissements de nos parents, pendant que nous étions sous la garde d’une nounou plus occupée par sa manucure que par nous ? »  

- « Je veux des faits. Pourquoi mon père vous a-t-il tiré dessus ? Pourquoi étais-je dans cette voiture ? Pourquoi n’ai-je pas été rendue à ma mère après l’accident ? »  

- « Le destin, petite sœur, le destin. Il a voulu nous réunir, Hisaishi nous a séparés… Mais je serai toujours là pour toi à présent. Toujours. »  

- « Tais-toi ! »  

 

Kaori avait perdu son sang-froid et avait retourné l’arme contre Daichi, tirant une première fois sous le coup de la colère, la balle griffant sa joue, avant de prendre le revolver à deux mains pour assurer son tir. Elle abaissa le chien, visa plus soigneusement, et pressa la gâchette.  

Sayuri ferma les yeux et se boucha les oreilles de toutes ses forces. Après de longues secondes, comme elle n’entendait toujours rien, elle risqua un œil.  

 

Ryô tenait l’arme de Kaori, le pouce entre le percuteur et la balle, le barillet bien serré. La jeune femme répétait sans cesse « pourquoi », leitmotiv adressé aussi bien à Ryô qu’à elle-même. Il la fit lâcher son Colt de force, et l’attira doucement à lui.  

 

Le rire discret de Daichi résonna soudain. Mick s’avança vers lui, le jaugea du regard, puis lui balança une droite magistrale que n’aurait pas renié un boxeur professionnel. Renonçant pour une fois à un certain flegme qui était sa marque de fabrique, il le termina d’un coup de pied dans le ventre.  

 

- « Le premier c’était pour Kaori, le second, c’était pour moi. »  

 

Tatsuro Gunda assista à la scène sans manifester le moindre intérêt pour son fils aîné. Il semblait plus intéressé par les deux sœurs. Lorsque Sayuri croisa son regard, il lui cracha : « Vous êtes deux petites garces, tout comme l’était votre mère ! ». Elle comprit qu’il souhaitait la blesser, dans une dernière tentative pour se venger, et soutint son regard sans faillir. Négligemment, Saeko calotta le vieil homme d’un petit geste de la main. Le grand Gunda frémit sous l’humiliation, plus violente qu’une gifle.  

 

- « Inspecteur Kanichi, à vous l’honneur. » annonça Saeko avec un sourire en coin.  

- « Merci bien, Inspecteur Nogami. »  

 

Blottie contre le torse de Ryô, Kaori entendit le cliquettis des menottes, mais n’en tira aucune satisfaction. Elle se sentait désincarnée, dépouillée de toute essence vitale, comme morte. Son partenaire sembla percevoir ce froid qui la glaçait et il la serra plus fort, partageant sa chaleur. Il frotta doucement ses bras et ses épaules, sans un mot. Peu à peu elle revint doucement à la vie et reprit conscience de ce qui l’entourait : l’odeur de sueur de Ryô, son cœur qui battait relativement vite, les voix de ses amis qui l’entouraient.  

Elle hésita à le repousser lorsque la cruauté de certains souvenirs transperça sa mémoire, mais le besoin de chaleur, de sentir un corps contre le sien, fut plus fort sur le moment. Elle était trop fatiguée pour se battre encore. Elle n’avait pas oublié et n’oublierait sans doute jamais, mais elle avait besoin de lui, des autres, pour ne pas perdre totalement la raison.  

 

Elle se retourna pour faire face au reste de ce groupe qui avait encore une fois risqué sa vie pour sauver la sienne, craignant qu’ils ne se détournent ou pire : qu’ils la jugent. Mais au lieu de cela il n’y eut que des sourires, des mains qui la touchaient, des mots d’excuse et de réconfort. Au bord des larmes, elle appela Sayuri.  

A nouveau, elles tombèrent dans les bras l’une de l’autre, enfin réunies, et c’est tous ensemble qu’ils regagnèrent la sortie et l’air frais du soir.  

 

De sa voiture, Saeko appela quelques renforts pour raccompagner les trois prises au Commissariat. Elle commença à les interroger, aidée ça et là par Falcon, dont la simple présence semblait pouvoir délier les langues.  

 

Discrètement, Kaori s’approcha de Mick, occupé à se battre avec son briquet pour allumer une cigarette qui avait souffert dans la bataille.  

 

- « Mick ? Merci. »  

- « Mais de quoi ma belle ? »  

- « Tout à l’heure… Tu as parlé de deux policiers, deux mercenaires et de trois nettoyeurs. Tu m’as incluse dans le compte. Ça m’a beaucoup touchée. »  

 

Il ne répondit rien. Elle ne s’y attendait pas, de toutes façons et était déjà repartie avec Sayuri et Ryô vers leur voiture. Il regarda les trois silhouettes s’éloigner, et sourit en voyant les deux femmes se prendre par la main.  

 

- « Bonne chance, ma belle, et sois heureuse. Tu le mérites. ».  

 

 


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