Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: Ally Ashes

Beta-reader(s): Tamia62

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 40 capitoli

Pubblicato: 25-06-03

Ultimo aggiornamento: 09-09-05

 

Commenti: 210 reviews

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ActionRomance

 

Riassunto: Ryô doit aider deux soeurs à affronter un lourd secret de famille ... Leurs noms: Sayuri Tachiki et Kaori Makimura...

 

Disclaimer: Les personnages de "Corps à Coeur" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo (petit veinard). Béta lectrice: Félisoph (je te dois tout...) et Tamia62

 

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   Fanfiction :: Corps à Coeur

 

Capitolo 34 :: Chap. 21: Dans les yeux du Chat (2ème partie)

Pubblicato: 20-08-05 - Ultimo aggiornamento: 20-08-05

Commenti: En premier lieu, mille pardons. J'avais la très ferme intention de publier l'intégralité de ma fic avant mon départ en vacances... mais la vie m'a rattrapée, en ce qu'elle a de meilleur et de pire. Si j'ajoute à ça une absence totalement imprévue de net sur mon lieu de vacances (que celui qui n'a jamais oublié ses câbles me jette la première pierre), vous aurez compris mon désespoir. Bref, la suite. (pardon Sophie, il y aura sans doute moins de modifs que prévue, mais à dire vrai, je n'ai plus le courage de reprendre cette fic par les cornes! ;) )

 


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Ryô gratta à la porte. A l’intérieur, les filles discutaient toujours, mais cette fois à voix plus basse. Il se doutait un peu de ce qui devait se dire à l’intérieur. Les confidences, les confessions, les mots si longtemps refoulés… Deux sœurs qui se retrouvent après avoir survécu à l’enfer, et qui n’étaient pas encore au bout du chemin.  

 

N’ayant eu aucune réponse, il fit un peu plus de bruit, jusqu’à ce que Sayuri réponde. Il entrebâilla la porte et passa timidement la tête :  

- « Je peux entrer ? »  

- « Bien sûr, venez vous asseoir, Ryô. »  

 

Kaori était assise sur le lit, près de sa sœur assise bien droite, appuyée contre plusieurs oreillers. Elle ne croisa pas le regard de Ryô, mais le léger halo rosé qui nimbait ses joues ne laissait aucune place au doute quand aux pensées qui lui traversaient la tête. Eux aussi devraient avoir une petite conversation, et le plus tôt serait le mieux.  

 

Se reprenant, Ryô obtempéra et s’assit à califourchon sur la seule chaise de la chambre.  

- « Sayuri, je crois qu’il est temps de me tutoyer, après tout ce qu’on a vécu, tu ne crois pas ? »  

 

Un clin d’œil appuya ses paroles et elle acquiesça avec un sourire.  

- « Je n’y suis pas tellement habituée. J’essaierai en tout cas. A ce propos… Merci. ».  

- « Mais y’a pas de quoi, je suis le meilleur, je n’ai fait que mon boulot ! Il ne te reste plus qu’à… »  

- « Ryô, si tu fais ne serait-ce qu’envisager de penser à lui demander une rétribution selon tes modalités habituelles, tu sais ce qui se passera ? » l’interrompit Kaori, dont les joues avaient à présent tourné au rouge carmin, et qui se dressa, menaçante.  

 

- « Ouais, je sais, j’irai visiter les fondations en passant tout droit à travers le plancher. »  

- « Oh non… Il y a bien mieux à faire ici. Tu te souviens où on est ? Tu te souviens que Kazue a toujours son laboratoire ici ? Tu te souviens du petit sérum anti-mokkori qu’elle avait créé ? J’en ai retrouvé un flacon tout à fait inopinément… De quoi remplir quatre seringues comme celle-ci ! »  

 

En voyant la pointe aiguë d’une aiguille se profiler à quelques centimètres de son nez, il blêmit. Non, ce n’était pas possible, elle n’aurait pas cette cruauté ! Elle savait par où il était passé à cause de ce satané venin ! Quelles affres de la désolation et de l’impuissance il avait dû subir pendant un temps infini ! Elle ne pouvait pas lui faire ça… Et pourtant, elle ne cillait pas…  

 

- « Ryô, si tu doutes de mes intentions, je te rappelle que c’est ma sœur… Et que je lui ai confié deux seringues ! » continua-t-elle avec un sourire sadique.  

- « Promis juré craché sur la Bible, le Coran, les Sourates, les Tables de la Loi, la tête de Falcon et ce que tu veux, je ne toucherai jamais jamais, jamais à ta sœur ! Mais par pitié écarte cet instrument de torture de ma vue !! »  

 

Après quelques secondes durant lesquelles elle fit semblant de réfléchir, Kaori rangea la seringue dans le tiroir de la table de nuit. Le plus célèbre nettoyeur du Japon arrêta de trembler et jeta un regard furieux à sa partenaire.  

- « Tu es vraiment la plus vile des femmes que j’ai rencontrées. »  

- « Oh, un double compliment ! Vile et femme ! Merci, Ryô ! » ironisa Kaori.  

 

Sayuri sentit la dispute venir à grands pas et chercha un sujet, n’importe lequel, pour orienter la conversation vers autre chose.  

- « Avez vous des nouvelles de mes ravisseurs ? »  

 

La phrase eut l’effet escompté, voire un peu plus : Ryô retrouva instantanément son calme, et prit même un visage sérieux.  

- « Oui, j’ai vu Saeko tout à l’heure. Pour être tout à fait franc, je n’ai pas que de bonnes nouvelles. » Plantant ses prunelles dans celles de sa partenaire, il ajouta : « Daichi s’est échappé… On ignore toujours s’il est mort ou s’il s’en est sorti. »  

 

Sayuri pâlit. Dans un geste inconscient, elle chercha la main sa sœur et s’y raccrocha comme pour y puiser une force supplémentaire.  

- « Pardonne-moi, je le savais mais je ne voulais pas t’inquiéter. Et puis j’espérais qu’on le retrouve rapidement. » expliqua Kaori.  

- « Et les autres ? » demanda Sayuri.  

- « Ils chantent comme des rossignols. Saeko envisage de publier leurs mémoires à la fin de l’interrogatoire. Les Gunda père et fils vont devoir renoncer définitivement aux costumes trois pièces ! »  

- « Est-ce qu’il a parlé de mes parents ? »  

- « De nos parents. » la corrigea doucement Kaori.  

- « Il commence à raconter sa version de l’histoire. On en reparlera plus tard, quand tu seras complètement rétablie. »  

- « Je crois que je préfèrerais le faire maintenant… »  

 

Alors Ryô répéta les paroles de Saeko en les respectant au mieux, adoucissant autant que possible les passages concernant les relations entre Gunda et Yoko. A son grand étonnement, Sayuri combla d’elle-même les lacunes de son récit. Elle fit un effort manifeste pour leur confier ce qui s’était passé la veille, comment malgré les recommandations de Ryô elle était sortie de l’appartement pour descendre jusqu’à la salle de tir, afin d’y chercher une arme, et comment elle était tombée au sens propre sur une dizaine d’hommes qui avaient pris l’immeuble d’assaut. Elle était remontée à toute vitesse, mais n’avait pu refermer la porte. Elle s’était défendue comme un beau diable, blessant un des hommes à la main, mais n’avait rien pu faire. Ils l’avaient chloroformée, et elle s’était réveillée dans ce hangar… A mots couverts, elle leur avait également parlé des tortures. Au fil de ses paroles, ses idées devinrent plus claires. A sa grande surprise, elle se découvrit capable de tourner la page, d’assumer la torture tant morale que physique. Là-bas, dans ce hangar, elle avait presque voulu mourir. Aujourd’hui, elle désirait ardemment vivre, et pour cela elle devait tourner la page. Au final elle parvint à tout dire en gardant un détachement relatif. Tout cela était fini, bien fini.  

 

Lorsqu’elle eut terminé, personne n’osait dire ou faire quoi que ce soit. Elle réalisa qu’ils ne devaient pas savoir comment se comporter : la plaindre ou la consoler, aller de l’avant ou s’appesantir sur le sujet. Elle-même ne savait pas très bien comment elle était censée réagir dans de telles circonstances. Pendant qu’il l’examinait, le vieux docteur lui avait brièvement mentionné les cauchemars, les crises de panique éventuelles, et l’avait rassuré. Il lui avait donné son numéro de téléphone, quelques calmants pour les premiers jours, et avait conclu son entretien par un « vous survivrez » doux-amer. En se réveillant, elle avait compris ce qu’il entendait par là : elle n’oublierait jamais, ni tout à fait la même, ni tout à fait différente.  

Ce serait dur, surtout avec Daichi potentiellement vivant sur cette même terre, mais elle devait aller de l’avant, à présent, pour se venger de cette vie qui lui avait déjà pris beaucoup. Elle mit de côté ses doutes et ses peurs, du moins dans l’immédiat, et brisa le silence en soupirant bruyamment.  

 

- « Avec tout ça, je ne saurai jamais à quoi ressemblent les Yeux du Chat ! ».  

- « Les quoi ? »  

- « Le vieux Gunda voulait absolument que je lui dise où mon père avait caché les « Yeux du Chat ». D’après ce que j’ai compris de son délire, il s’agit de deux pierres précieuses que mon père aurait dérobées sur une statuette. Il y tenait absolument. »  

- « Comme à la prunelle de ses yeux » ironisa Ryô.  

- « Franchement, elle est si mauvaise que tu ne mérites même pas que je t’assomme » le tança Kaori.  

- « Tu n’en sais pas plus ? » reprit-il.  

- « Non… Je ne vois pas du tout de quoi il parlait, et je crois qu’on ne le découvrira pas de sitôt. »  

Ryô ne répondit pas. Il avait ce froncement caractéristique des sourcils qui n’échappa pas à sa partenaire. Elle le laissa cependant tranquille : lorsqu’il était comme ça, plus rien n’existait autour de lui, jusqu’à ce qu’il livre le fruit de sa réflexion. Puis son visage s’éclaira.  

- « Sayuri… T’a-t-il dit de quelles pierres il s’agissait ? Diamants ? Emeraudes ? »  

- « Des rubis, il me semble. »  

- « Bingo. Tu es géniale. Les filles, restez ici, je reviens d’ici quelques heures ! »  

- « Mais que ? »  

 

Il fila sans attendre, laissant les deux sœurs en plan.  

- « J’aime assez l’idée d’être géniale, mais si je pouvais savoir pourquoi, ça serait encore mieux ! »  

 

****************************
 

 

Dormir. Surtout ne pas rêver, de peur d’être réveillée en sursaut par des images de sang et de mort. Juste le noir, le vide absolu. Eteindre le réveil et le téléphone, prier pour que la sonnette soit oubliée par les voisins, les amis de passage et les représentants vendant un exemplaire de l’encyclopédie relié pleine peau émaillé d’illustrations en quadrichromie.  

Saeko traîna les pieds dans les couloirs qui menaient à son appartement, plongée à la recherche de ses clés qui s’étaient comme toujours dotées d’une vie propre pour disparaître aux tréfonds de son sac à main. Elle en était venue à en vider progressivement tout le contenu, tenant tant bien que mal entre ses doigts un tube de rouge à lèvres, un agenda, un porte-feuilles, une mini-trousse à pharmacie et un chargeur de rechange, lorsqu’elle arriva devant sa porte. Toute à son expédition quasi spéléologique, elle ne prêtait aucune attention à ce qui pouvait bien se passer autour d’elle, et sursauta presque en voyant une paire de chaussures apparaître dans son champ visuel. Elle releva la tête, sur la défensive, pour soupirer de soulagement dans la foulée.  

 

- « Makoto ! Ça ne va pas de me faire une trouille pareille ? »  

- « Moi, faire peur à l’imperturbable et glaciale Saeko Nogami ? Fais attention, tu pourrais devenir humaine. »  

- « Primo, j’apprécierais que tu changes de ton, je suis encore ta supérieure hiérarchique. Secundo, qu’est-ce que tu viens faire ici ? »  

 

Makoto soupira. Il savait que les minutes à venir seraient pénibles, mais il préférait éviter de mettre Saeko hors d’elle, en tout cas pas tout de suite, pas avant d’avoir parlé. Il reprit d’un ton un peu plus calme, levant les mains en signe d’apaisement.  

 

- « Savoir à quoi je dois m’attendre. Tu m’excuseras d’être un peu à cran, mais la nuit fut mouvementée, et la matinée pas moins évidente. Je viens de risquer ma carrière pour toi, et j’aimerais savoir si j’ai eu raison ou si je dois m’en mordre les doigts. »  

 

Elle ne répondit pas immédiatement, surprise par la virulence de son ton. A l’examen, il paraissait tout aussi épuisé qu’elle, voire davantage. Makoto de son côté avait également détaillé l’apparence de la jeune inspectrice, et était arrivé à la même conclusion. Pourtant il tenait absolument à lui parler sur-le-champ. Il en avait assez d’avoir l’esprit et le cœur chamboulés depuis leur dernière dispute, et son amour pour les choses claires et nettes le poussait à vouloir savoir s’il devait se battre pour la récupérer, ou y renoncer tout bonnement. L’entretien qu’il venait d’avoir avec leurs chefs communs l’avait décidé à venir chez elle : elle risquait gros, et il voulait lui éviter de se faire avoir par des ronds de cuir qui n’avaient jamais mis le pied dans les rues chaudes. Lorsqu’il estima que le silence avait trop duré, il ajouta :  

 

- « Je te préviens tout de suite. Soit tu me fais entrer, soit on discute sur le palier, mais il est hors de question que je sorte d’ici sans avoir quelques réponses. »  

- « Viens. »  

 

Les clés avaient miraculeusement réapparu, sagement dissimulées dans une des poches intérieures. Elle ouvrit la porte en lui laissant le soin de refermer, posa son sac, puis retira ses chaussures et sa veste tout en marchant, en les semant où elles tombaient, pour venir s’échouer dans son fauteuil préféré.  

 

- « Fais comme chez toi ! Tu connais la maison, de toutes façons. » soupira-t-elle, en regrettant instantanément le double sens de ses paroles. Elle devait faire attention : elle n’avait plus un neurone de libre et risquait de dire n’importe quoi sans le vouloir !  

- « Merci bien. »  

 

Il prit place dans l’autre fauteuil en le tournant légèrement. Il évitait soigneusement de regarder le tapis, théâtre de leur dernière étreinte. Tout dans cet appartement lui rappelait déjà le goût et la texture de sa peau, ses soupirs, ses rires. D’où il était, il pouvait apercevoir le bar de la cuisine, où il avait pu tester ses talents culinaires, conséquents lorsqu’il s’agissait de faire fonctionner un four à micro-ondes, mais redoutables dès qu’elle sortait une casserole. Il appréciait cet appartement de plus en plus, parce que bien qu’apparemment moderne au point d’en être impersonnel, il foisonnait de petits détails évoquant Saeko.  

Il avait par exemple découvert en feuilletant les livres de sa bibliothèque que plusieurs d’entre eux étaient factices et dissimulaient des photographies de ses proches. Un autre jour, il s’était moqué d’un tableau naïf dans le couloir, qui évoquait davantage un gribouillage de lendemain de fête qu’une œuvre d’art. Elle s’était emportée et avait défendu bec et ongles son bien, pour finir par lui cracher au visage qu’il ne reconnaissait pas les vrais artistes. Curieux, il avait prêté plus d’attention à la signature, et avait pu déchiffrer « Reika Nogami, 1977 ». Cette femme défendait comme une louve ses sœurs… Combien de fois, seul chez lui, avait-il souhaité être accueilli en ami au sein de ce groupe soudé ? Et aujourd’hui, ils étaient là, assis comme deux étrangers. Mettant de côté la vague tristesse qui l’étreignait, il repartit à l’attaque pour faire tomber les barrières de la « dame de fer ».  

 

- « Quelle nuit ! » lâcha-t-il en se frottant le visage. « Des tueurs, des fous, une fusillade, une cascade en voiture, et pour finir un interrogatoire en règle dans le bureau du chef ! La prochaine fois qu’Hirotaka me demandera un service, je lui dirai de se faire cuire un œuf d’autruche ! Ecoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins : j’ai dû réunir ce qui me restait de force et de courage pour venir te voir, alors laisse moi dire ce que j’ai sur le cœur. Tout d’abord, je comprends que tu m’en veuilles pour t’avoir menti, mais tu dois comprendre que je ne pouvais pas faire autrement. Hirotaka pourrait détruire ma carrière s’il le voulait. Tu me crois si tu veux, mais j’ai vraiment aimé être avec toi. Deuxièmement, tu dois savoir qu’on a des soupçons en haut lieu sur tes accointances avec le milieu. J’ai été convoqué à mon retour au commissariat parce qu’on voulait savoir ce qu’on foutait sur les quais à cette heure de la nuit… Et pourquoi on a trouvé des centaines de douilles un peu partout sur le terrain. Je t’ai couverte comme je le pouvais, mais fais attention. Tu risques gros. Troisièmement… »  

 

- « Makoto… Merci. »  

 

Elle se mordit les lèvres et baissa la tête, surprise que ces mots aient franchi ses lèvres malgré elle. Décidément, elle devait être vraiment crevée pour lâcher ça.  

 

- « Quoi ? »  

 

Makoto avait l’air encore plus surpris qu’elle.  

 

- « Tu as été très bien, là bas. Je t’ai vu protéger Miki, tu as couvert nos arrières… Merci d’avoir risqué ta peau pour nous. »  

- « C’est mon job, tout comme c’est le tien. Peu importe comment on le fait, ou même qui le fait, du moment qu’on respecte certaines règles. »  

- « Tout de même… C’était risqué. »  

- « Saeko, tu vas me trouver gonflé de poser la question, mais lors de notre dernière conversation tu étais plutôt remontée contre moi, alors j’ai du mal à comprendre ce revirement de sentiments à mon égard. Je m’attendais à devoir faire face à des remontrances et à un lynchage en règle, et au lieu de cela… »  

 

Il ne continua pas, manifestement désarçonné. Elle le concevait sans peine : il fallait bien reconnaître qu’elle n’était pas très cohérente vue de l’extérieur, mais comment pouvait-elle lui expliquer les raisons de ce revirement. Comment pouvait-elle lui parler de cette peur qui lui avait dévoré les entrailles lorsque la radio avait annoncé qu’une des trois voitures avait sombré dans le port, les minutes interminables où elle avait essayé de savoir auprès du serveur dans laquelle des trois il était monté, la panique qui l’avait menée au bord de la crise de larmes en l’imaginant sur la table d’autopsie, dans cette morgue qu’elle connaissait malheureusement par cœur.  

 

Après coup, elle avait dû se rendre à l’évidence : elle n’était pas si froide et raisonnée que ça. Elle ne pouvait pas faire taire son cœur. Elle avait beau savoir se servir de n’importe quelle arme, lancer des couteaux mieux que quiconque, désamorcer une bombe, parler de ce qu’elle ressentait était toujours au-dessus de ses forces.  

 

Tout ce qu’elle pouvait espérer, c’était qu’il sache lire entre ses lignes.  

- « Makoto, il s’est passé pas mal de choses ces dernières vingt-quatre heures. J’ai juste envie de me reposer pour comprendre où j’en suis. » dit-elle doucement, en se levant.  

- « Bien sûr, je comprends » répondit-il, un peu déçu.  

 

C’était une fin de non recevoir. Mais au moins elle lui parlait encore, et il avait eu le temps de lui dire l’essentiel… Enfin professionnellement parlant en tout cas. Pour ce qu’il avait sur le cœur, il allait lui falloir attendre encore quelques temps. Il frotta ses poings sur son pantalon et s’apprêta à se relever, mais soudain Saeko s’approcha de lui et lui tendit la main.  

- « On se repose mieux, à deux. »  

 

Elle le fixa, espérant qu’il puisse voir à quel point elle avait besoin de lui, à quel point elle souhaitait juste sa présence qui pourrait faire taire ses fantômes, ou la rassurer si elle se réveillait en sueur. « Prends ma main, et ne me pose pas de questions, je t’en supplie. »  

 

Makoto sentait qu’il ne fallait plus discuter, juste agir. Elle le regardait intensément, et plus rien n’existait en dehors de ces yeux violets. Il n’était pas venu pour ça, il n’aurait pas osé l’espérer… Mais lorsque la chance vous sourit, autant la saisir. Leurs doigts se touchèrent. Saeko le tira légèrement vers elle pour qu’il se lève. Puis sans un mot, elle le précéda vers sa chambre.  

 

Elle allait enfin pouvoir trouver la paix.  

 

****************************
 

 

C’était forcément ça. Il tenait l’explication. En fonçant vers l’appartement, tous les éléments s’aggloméraient d’eux-mêmes jusqu’à former une image parfaitement claire. L’histoire de Junichi Hisaishi se déroula, aussi limpide que s’il lui avait raconté lui-même.  

 

Il lui fallait juste vérifier une chose.  

 

Il monta directement dans la chambre de Kaori, et chercha le petit écrin qui contenait la bague transmise par Makimura, qu’il finit par dénicher dans le tiroir de la table de nuit. Il examina la bague de près, la regardant en transparence dans le soleil. Pour ôter un dernier doute, il s’approcha de la fenêtre et fit glisser la pierre en l’appuyant fortement contre un coin du carreau. Une rayure parfaitement nette apparut, marquant profondément le verre.  

 

Avec un sourire en coin, il fit sauter la bague dans sa main et sortit de la pièce en sifflotant. Il s’apprêtait à sortir lorsque le désordre de la pièce lui rappela que Sayuri avait dû laisser son sac à main quelque part. Il le trouva rapidement et, après une petite prière pour qu’elle ne lui en veuille pas trop de violer ainsi sa vie privée, en fouilla le contenu. Dans la poche latérale il trouva ce qu’il cherchait : un coffret exactement identique, contenant la bague jumelle. Deux sœurs, deux anneaux, deux pierres. Il n’avait pas besoin de la confirmation d’un orfèvre : loin d’être de simples bouts de verre montés sur du plaqué or, il s’agissait là de deux authentiques rubis. « Le remake du mystère de la lettre volée : mettre en évidence ce qu’on veut cacher. Bien joué, Junichi ! »  

 

Ryô observa attentivement les deux bijoux, examinant chaque facette, chaque reflet, sans pouvoir les distinguer : chacune était le miroir de l’autre. Il était prêt à parier qu’il tenait dans sa main les Yeux du Chat.  

 

- « Mais alors pourquoi faire vivre sa fille dans la misère si elle savait qu’elle tenait là un trésor ? » se demanda-t-il à voix haute.  

 

La réponse lui vint tout naturellement, comme soufflée par le vent : « Elle l’ignorait. »  

 

Ryô se remémora encore une fois cette discussion avec Sayuri, sur le toit, lorsqu’elle lui avait raconté l’histoire des bagues, et une hypothèse se dessina : et si Junichi avait fait un échange standard ? Et s’il avait caché la vérité à sa femme ? Et s’il était mort avant d’avoir pu révéler son secret ?  

 

Il tourna et retourna les bagues, comme si elles avaient pu lui donner la solution, et finit par renoncer. Il les mit dans sa poche, et monta à l’étage afin de ramener aux filles quelques effets pour se changer. Pour Kaori ce fut vite fait : il connaissait par cœur sa garde-robe, et attrapa en quelques secondes un jean, un t-shirt et un pull léger, avant de fermer les yeux pour prendre dans le tiroir de la commode un slip en coton et un soutien-gorge, en essayant de mettre de côté les images qui ne manquaient pas de traverser son esprit pervers.  

 

Puis il se dirigea vers la chambre de Sayuri, où son instinct lui cria de s’arrêter. En se concentrant, il put analyser les réactions de son corps : un frémissement le long de la colonne vertébrale, une fragrance qui éveilla son odorat… Il n’avait ce genre de réaction qu’en présence d’une seule chose. Il resta là, sur le seuil, en éveil, avant de se diriger à pas lents vers l’armoire. Avec une extrême prudence, il posa ses mains sur les poignées, et après un bref temps d’attente, ouvrit les deux battants en un geste brusque, les sens en éveil. Devant lui s’étalait la preuve, évidente et incontestable.  

 

- « C’est bien ce que je pensais… Non seulement elle porte des dessous en dentelle noire, mais en plus ELLE LES PARFUME ! »  

 

 


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