Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autori: saintoise , grifter , Sand

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 6 capitoli

Pubblicato: 06-12-07

Ultimo aggiornamento: 07-01-08

 

Commenti: 56 reviews

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General

 

Riassunto: Ryo et Kaori se rendent dans un étrange manoir où une aventure surnaturelle les attend.

 

Disclaimer: Les personnages de "Le fantôme du manoir" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Le fantôme du manoir

 

Capitolo 1 :: Lady Kithawke

Pubblicato: 06-12-07 - Ultimo aggiornamento: 06-12-07

Commenti: Voici une petite fic écrite pour une amie (qui se reconnaîtra facilement à la lecture de la fic). C'est en l'honneur de son anniversaire tardif (et pour noël). J'espère que cette histoire te plaira ma grande. gros bisous.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5


 

-Kaori, prépare-toi, nous partons dès demain pour la France !  

 

Ryo était tout excité par cette nouvelle affaire. Il était allé tout seul au tableau des messages ce matin, et un « X Y Z » y était inscrit. En secret, il a rencontré la magnifique et riche cliente japonaise qui lui a demandé d’éclaircir un sombre mystère sur son manoir en France, qui ferait fuir toutes les personnalités qui souhaitaient y séjourner. Aucune n’y restait et plusieurs personnes étaient mortes de crise cardiaque. Elle ne croyait pas aux fantômes et était persuadée qu’il ne s’agissait là que d’une mauvaise plaisanterie. Et comme les autorités françaises étaient bien trop lâches pour enquêter sur le sujet, elle avait décidé de faire appel à City Hunter et leur payait même leur trajet jusqu’en France.  

 

Kaori, qui ne se douta pas une seule seconde qu’il s’agissait de fantômes, sauta de joie à cette annonce.  

 

-C’est génial Ryo ! Ca nous fera des vacances ! Et où allons-nous exactement ?  

-Nous logerons dans un vieux manoir dans le nord du pays : « Le Manoir des Séraphins ».  

-C’est très joli. Sais-tu pourquoi on l’a appelé ainsi ? ce doit être un lieu magnifique ! Qui devrons-nous protéger ?  

 

Ryo, qui savait parfaitement que sa partenaire ne voudrait pas l’accompagner s’il lui avouait les raisons de leur voyage sur le continent européen, lui mentit effrontément :  

 

-Sugar, nous prenons tout simplement des congés bien mérités !  

-Mais, je ne comprends pas, s’étonna la jeune femme, comment as-tu eu cette idée ? et où allons-nous trouver l’argent pour le billet d’avion ?  

-Bah, ne t’inquiète pas pour ça ! J’ai quelques économies que je compte bien dilapider ! Allez allez, monte vite te préparer, nous décollons dans trois heures environ.  

 

Encore sous le choc de la nouvelle, Kaori l’écouta et fit sa valise en toute hâte. Ryo qui voulait prendre des vacances avec elle ! elle n’en revenait pas ! surtout qu’il lui fallait prendre l’avion et qu’il avait horreur de ça !  

 

« Je sens que je m’embarque encore dans une drôle d’aventure », pensa-t-elle.  

 

Durant tout le vol, elle dévisagea son partenaire endormit par les somnifères. Soucieuse de son soudain voyage et de ce qui l’attendait, elle ne ferma pas l’œil de tout le vol.  

A l’aéroport, ils étaient attendus par le majordome du manoir qui les accueillit avec un large sourire. Kaori nota qu’il paraissait soulagé de les voir.  

 

-Je suis Le Majordome Bernard à votre service. Ma voiture vous attend. Je vous emmène directement au Manoir des Séraphins.  

 

Le couple s’installa à l’arrière du véhicule. Bernard reprit tout en démarrant :  

 

- Les courses ont été faites. Vous aurez assez de vivres pour tenir un bon mois dans le manoir. Il y a tout le confort et le bois a été livré afin de pouvoir vous chauffer correctement, car même si ce n’est pas encore l’hiver, les pièces sont très vastes et il n’y fait jamais très chaud. Je vous ferais visiter les lieux puis je m’en irai. Je n’y dors jamais, je ne suis pas fou. Je vous laisserai mon numéro de téléphone si vous avez de gros problèmes : ce qui ne manquera certainement pas de vous arriver. Personne ne passe jamais dans le coin. Si vous aimez la solitude, c’est parfait, sinon, bon courage !  

 

Kaori ne comprenait pas les paroles de Bernard et elle vit que Ryo se faisait tout petit dans son coin. Elle se hasarda alors à poser une question à leur chauffeur :  

 

-Mais vous n’aimez donc pas ce manoir ? Il porte pourtant un joli nom.  

-Oh ma petite dame ! Ne faites pas un rapprochement avec son nom, il ne lui correspond pas du tout ! C’est le lieu le plus malsain, le plus peureux et le plus diabolique que je connaisse !  

 

Kaori se retourna vers son partenaire :  

 

-Mais où diantre m’emmènes-tu ? c’est ça tes vacances ? C’est pas un lieu reposant apparemment !  

 

Le majordome, surpris d’entendre Kaori parler ainsi, préféra lui éclairer la situation, surtout que ce n’était pas son partenaire qui semblait vouloir le faire. Ce dernier paraissait plutôt avoir peur de la réaction de la jeune femme.  

 

-Comme vous le savez sûrement, vous avez été engagés pour mettre à jour l’énigme du manoir. Je vous tire mon chapeau si vous tenez plus de deux jours sans vous en échapper. Ma maîtresse, qui a fait appel à vous, ne croit pas aux fantômes et pense qu’il s’agirait plutôt d’une personne qui ferait tout pour l’obliger à vendre cette propriété. Mais, personnellement, je n’en suis pas du tout convaincu ! Les gens ne sont pas tués mais meurent tout simplement de crise cardiaque, ou parviennent à s’enfuir pour les plus chanceux, tellement effrayés par les phénomènes paranormaux qui ont lieu.  

 

Kaori blanchit et manqua de s’évanouir. Bernard vit son étonnement et sa peur et reprit :  

 

-Je croyais que vous étiez au courant. Madame m’a pourtant dit vous avoir tout raconté à ce sujet et largement payé une avance sur le contrat ! De toutes façons, nous sommes presque arrivés, et le prochain vol pour le Japon n’est que dans une semaine.  

 

Ryo se terrait toujours dans le coin de la voiture. Dans son rétroviseur, le majordome vit alors quelque chose qui était bien plus effrayant encore que les poltergeist du Manoir des Séraphins : la jeune demoiselle venait de brandir une énorme massue de plusieurs tonnes qu’elle abattit sauvagement sur son partenaire. La voiture trembla et zigzagua au milieu de la route. Bernard s’essuya le front ; heureusement pour lui, il n’était plus qu’à quelques mètres de la propriété.  

 

-Tu sais bien que j’ai peur des fantômes ! comment as-tu osé me faire ça ? tu n’arrêteras donc jamais de me mentir ! pesta-t-elle contre Ryo.  

-Ecoute, répondit-il, les esprits ça n’existe pas et tu en auras la preuve formelle. Faisons comme si nous étions en vacances. Je suis certain qu’on va bien s’amuser. De toutes façons, tu as entendu Bernard, nous sommes ici pour au minimum une bonne semaine.  

 

Kaori ne répondit plus. Elle avait pourtant senti le coup foireux dès que Ryo lui avait appris la nouvelle. Elle se sentait complètement idiote d’avoir pensé un seul instant que son abruti de partenaire avait souhaité passer des vraies vacances avec elle. Elle priait intérieurement pour que ce soient de dangereux malfaiteurs aux commandes de cette sombre histoire car elle préférait mille fois avoir à faire à des criminels facilement maîtrisables, plutôt qu’à des fantômes.  

 

Ils étaient dans le département de la Haute-Picardie, au milieu de nul part. Le soleil ne les avait pas accueillis dans ce nouveau pays et de gros nuages noirs couvraient le ciel, présageant d’un proche orage. Dans les champs, de grandes feuilles vertes vivaces, hautes sur tiges, se dressaient et formaient des prairies vertes à perte de vue.  

 

-Qu’est-ce que c’est ? s’exclama Kaori.  

-Des champs de betteraves ! répondit le majordome.  

-Il y en a énormément ! mais, il n’y a que ça ma parole ! où sont donc les habitants ?  

-Il n’y a pas grand monde qui habite ici. Au loin, vous avez un petit bled qui se nomme Badincourt, il se trouve après les champs de betteraves.  

-C’est tellement différent du Japon où il y a toujours de l’agitation !  

 

Ils s’arrêtèrent devant un immense portail que le majordome ouvrit grâce à une télécommande. Ryo et Kaori observaient leur futur lieu de vie avec de grands yeux. Ils pénétrèrent dans l’enceinte du manoir et roulèrent lentement entre les allées labyrinthiques de l’immense jardin. Ils passèrent devant de somptueuses roseraies animées de jets d’eau. De magnifiques sculptures d’anges apparaissaient au détour des sentiers, des fontaines et des puits rendaient le cadre idyllique et conféraient à ce dernier un brin de magie. Mais, le tout semblait chargé de lourds mystères, les statues et les plantes vibraient de vie et on aurait dit que les arbres se penchaient vers eux et que leurs feuilles qui frémissaient au gré du vent, leur murmuraient des secrets incompréhensibles.  

 

-Brrr, fit Kaori, cet endroit me donne la chair de poule !  

-Et encore, vous n’avez pas encore vu le manoir ! S’exclama Bernard. Le voici !  

 

Un gigantesque et monstrueux château se dévoila derrière les grands chênes. Le ciel déjà très sombre s’obscurcit encore plus et presque instantanément lorsque le véhicule se gara au pied de la monumentale demeure. La nuit semblait être soudainement tombée. Ce manoir lugubre et imposant, aurait pu faire peur au célèbre Van Helsing, chasseur de vampires.  

 

-Nous y voilà donc, déclara le majordome en descendant du véhicule.  

-C’est très impressionnant, fit Ryo sous le choc de la magistrale forteresse.  

 

Quant à Kaori, aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. Ryo mit pied à terre et elle le suivit immédiatement, ne voulant pas rester loin de lui : la peur l’avait déjà gagnée.  

Aussitôt, le vent souffla très fort, un éclair zébra le ciel et la foudre s’abattit sur un arbre tout près d’eux.  

 

-Attention ! s’écria le nettoyeur.  

 

Il eut tout juste le temps de se jeter sur Kaori et ils basculèrent tous les deux sur le côté, évitant le chêne qui tomba dans un bruit assourdissant. Bernard recula de plusieurs pas et leur dit :  

 

-Que dieu vous garde ! soyez prudents ! si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à me téléphoner, je vous attendrai devant le portail. Je… Je m’en vais. Au revoir.  

 

Et il monta dans sa voiture épargnée de justesse par la chute de l’arbre et démarra en trombe sous les yeux de Ryo et de Kaori.  

 

-Bien, déclara alors le nettoyeur en aidant la jeune femme à se relever. Nous l’avons échappé belle. Nous devrions rentrer avant que la pluie ne s’abatte sur nous.  

 

Le tonnerre gronda et il se mit à pleuvoir averse. C’est en courant qu’ils se postèrent devant l’entrée du manoir. Sans qu’ils n’aient eu besoin de tourner la grosse poignée en fer, la porte s’ouvrit d’elle-même dans un sinistre grincement. Malgré sa frayeur et ses jambes qui tremblaient, Kaori suivit son acolyte à l’intérieur. De toutes façons, c’était ou bien elle rentrait se mettre au chaud, ou bien elle attrapait une bonne grippe à rester tête nue sous cette pluie battante. La grosse porte en bois se referma automatiquement sur eux. Elle agrippa fermement le bras de Ryo.  

 

L’intérieur du château était d’une incroyable richesse. Ils se trouvaient dans un immense hall où des tapis ornaient les murs. Un lustre avec de multiples pendeloques de cristal était suspendu au beau milieu de la pièce et les cristaux étincelaient et se reflétaient sur les fastueuses tapisseries. Cette somptueuse entrée donnait à réfléchir quant aux autres salles. Kaori subjuguée, en oublia toutes ses craintes et était curieuse d’en voir encore plus.  

Le hall donnait sur une autre grande pièce, belle et lumineuse, qui ne devait être que la pièce principale et où trônait une majestueuse table digne des plus grands souverains de la planète. Les meubles datant sûrement de la renaissance étaient polis par les années et luisaient. Il y avait dans cet endroit un calme absolu. Jouxtant la salle à manger, un salon où la volupté prédominait faisait naître en Kaori des sentiments confus : l’atmosphère était étrange voire étouffante, les meubles même semblaient refléter des souvenirs morbides. Mais malgré tout, elle se sentit envahie d’une bouffée d’amour qui lui prit les tripes et s’insurgea dans son cœur qui se mit à battre follement. Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait et dut s’affaler sur le large canapé en velours pourpre.  

 

Ryo, qui avait également été saisi par l’étrangeté de la pièce, accourut vers sa partenaire :  

 

-Kaori, qu’est-ce qui ne va pas ?  

-Hmm, je ne sais pas Ryo, je me sens si bien tout à coup, j’aime cet endroit. On dirait que je perçois toutes les émotions et tous les souvenirs qui sont prisonniers de ces murs. J’ai l’impression d’être revenue chez moi. Je ne comprends pas ce qui m’arrive.  

-C’est peut-être du à la fatigue du voyage. Viens, on va chercher nos chambres.  

-Comment ça nos chambres ? tu ne crois tout de même pas que je vais dormir toute seule dans un manoir hanté !  

-Je croyais que tu aimais cet endroit ! s’étonna Ryo.  

-Oui, c’est vrai, mais je ne suis pas rassurée pour autant ! Et puis, ce que j’ai ressenti était vraiment étrange, un peu comme si une autre personne avait pris possession de mon corps ! ça passe un peu. S’il te plait, ne me laisse pas dormir toute seule !  

-C’est bien la première fois que tu n’as pas peur que je dorme tout près de toi !  

 

Un rictus pervers déforma soudainement ses beaux traits virils et une énorme massue se matérialisa dans les mains de Kaori.  

 

-Tu as raison ! hurla-t-elle en l’assommant d’un bon coup sur le crâne, je préfère encore faire face à des milliers de fantômes plutôt que de voir ta tête d’obsédé s’approcher ne serait-ce que d’un millimètre de moi !  

-Fais bien fe qui m’femblait, déclara le pervers fini avec une bosse qui pointait. (nda : c’est bien ce qu’il me semblait).  

 

Ils remontèrent les escaliers et découvrirent à leur passage, accrochées sur le mur, plusieurs photos encadrées et qui devaient dater de plusieurs siècles.  

 

-Sûrement les anciens propriétaires des lieux, songea Ryo à voix haute.  

-Oui, renchérit sa partenaire. Regarde celle-là ! Elle avait l’air drôlement revêche !  

 

Mais le regard de Kaori stoppa sur le portrait d’une jolie jeune fille avec les cheveux auburn coupés au carré, un visage plutôt rond et des yeux pétillants cachés sous des petites lunettes. Elle lut son nom, épinglé sur une petite étiquette, en belles lettres de l’époque : Lady Kithawke.  

Et c’est alors qu’elle ressentit au fond d’elle, le même sentiment d’amour que tout à l’heure. Elle agrippa le regard de Ryo qui était tout près d’elle et ses yeux reflétèrent un amour sans limite. Le nettoyeur comprit qu’il se passait encore quelque chose d’étrange en Kaori mais fut tout de même troublé par ces prunelles de braise qui le sondaient jusqu’au plus profond de son être et qui l’enflammaient. Il toussota pour la faire revenir à elle. Prenant alors conscience de ce qui venait de se produire, elle rougit intensément.  

 

-Viens, fit-il pour la sortir de son mal-être, continuons !  

-Oui.  

 

Et, tout en remontant les dernières marches qui menaient au premier étage, elle dévisagea encore une fois la peinture de Lady Kithawke, et c’est alors qu’elle vit les yeux de la demoiselle bouger et la suivre du regard jusqu’au palier. Kaori faillit même rater la dernière marche et aurait dégringolé jusqu’en bas si son partenaire ne l’avait pas rattrapée à temps.  

 

-Fais un peu attention voyons ! s’exclama celui-ci. Mais ma parole, qu’est-ce qui t’arrive depuis tout à l’heure ?  

-Il me semble que les yeux d’un des portrait ont bougé et elle me regardait vraiment.  

-Qui ça elle ?  

-Une fille sur un tableau.  

-Mais t’es vraiment fatiguée toi ! Vivement que tu te reposes !  

-Ne te moque pas de moi, j’ai pas rêvé !  

 

Ryo se posait évidemment de plus en plus de questions au sujet de ce manoir. Il avait ressenti également des présences à plusieurs reprises sans que personne à part Kaori ne soit auprès de lui. La porte qui s’était ouverte toute seule et l’étrange comportement de sa partenaire depuis leur arrivée lui mettaient la puce à l’oreille. Il secoua vivement la tête et déclara haut et fort, le poing levé :  

 

-Non, non, non ! les fantômes n’existent pas !  

 

A peine eut-il fini de dire ces quelques mots qu’un éclat de rire tonitruant éclata, si fort et si assourdissant que nos deux comparses durent se boucher les oreilles. On aurait dit que le manoir vibrait et que le sol tremblait sous leurs pieds tellement le rire était puissant. Ils regardèrent partout autour d’eux sans voir personne. Cela dura plus d’une minute, minute où Kaori crut mourir. Puis, le calme revint. La jeune femme était aussi blanche qu’un cachet d’aspirine. Ryo passa un bras autour de ses épaules.  

 

-Bon, je te promets de réfléchir sérieusement à tout ce qui est phénomènes paranormaux.  

 

Puis ils partirent à la découverte de leur lieu de sommeil pour la nuit. Ils poussèrent une porte. Sur cette dernière était marquée en lettres dorées : « La chambre des rêves ». Très spacieuse, un immense lit à baldaquin semblant sortir tout droit d’un beau comte de fées, fait de voilages rouge et or digne d’une suite impériale, trônait au milieu de la pièce et faisait face à une superbe cheminée. La décoration y était très raffinée.  

Comme si elle marchait sur des œufs, Kaori ouvrit la porte où se trouvait la salle de bains faite essentiellement de marbre. La jeune femme poussa un cri et dit à son partenaire :  

 

-Moi je prends celle-ci ! Tu n’auras qu’à dormir dans celle d’à côté !  

-Tu pourrais au moins me demander mon avis !  

-Oh ne fais pas le difficile ! Et puis, je mérite d’avoir la plus jolie chambre, vu que tu n’as fait que me mentir depuis notre départ.  

 

Ryo, triste, la tête basse et les mains dans les poches, se dirigea sur le palier de la pièce voisine qui s’appelait « L’immortelle ». Beaucoup plus sobre que la précédente mais aussi élégante, la décoration témoignait d’un luxe fin ; nul lit à baldaquin ou fanfreluches de ce style, mais un lit qui semblait tout aussi confortable que le précédent. Il sauta dessus et se laissa tomber de tout son poids sur le doux matelas. « L’Immortelle » communiquait avec « La Chambre des Rêves » et Kaori ouvrit cette porte et vit le nettoyeur allongé sur son lit.  

 

-Dis Ryo, tu n’as pas faim ? lui demanda-t-elle alors. On pourrait descendre voir ce qu’il y a de bon à manger ? Bernard a dit qu’il avait fait des courses.  

-Oh non, vas-y toute seule. Moi j’ai sommeil.  

-Tu dormiras mieux quand tu auras le ventre plein. Allez, viens !  

-Dis plutôt que tu as peur d’y aller toute seule ? Moi, je bouge pas d’un pouce. Tu n’as qu’à me préparer quelque chose tant que tu y es.  

 

Kaori sentit la fureur la gagner. Tout d’abord, il lui racontait des bobards gros comme le monde concernant ce voyage pour ne pas avoir à lui dire que ça concernait les fantômes – sachant très bien qu’elle en avait peur – et une fois sur les lieux, monsieur se fiche complètement d’elle et la laisse courir de très grands risques ! Il pourrait mourir de faim qu’elle ne lui préparerait rien à manger ! Il n’avait qu’à se débrouiller !  

 

Elle sortit et claqua la porte de sa chambre laissant son partenaire qu’elle croyait même déjà endormi. Une fois dans le long couloir, elle inspira une grande bouffée d’air et prit la direction des escaliers pour rejoindre la cuisine. Debout devant les escaliers, elle feignit d’ignorer le portrait de Lady Kithawke pendant sa descente. Mais une fois devant, sa curiosité prit le dessus et elle ne put s’empêcher de s’arrêter pour vérifier si elle n’avait pas tout imaginé. La peur fait naître chez beaucoup de gens des hallucinations ! Tenant fermement la rampe, elle tourna la tête pour regarder le tableau. Malheur ! Elle n’aurait jamais du faire ça ! Le tableau était bien là mais l’emplacement de Lady Kithawke était vide ! A la place du visage de la jeune duchesse, une ombre noire témoignait de sa récente fuite hors de la toile !  

 

Sous l’effet de la surprise, juste un petit cri sortit de la bouche de Kaori ! Tétanisée par cette incroyable vision, elle s’essuya les yeux et regarda à nouveau, mais toujours pas de visage ! Ses jambes se remirent à trembler et son cœur à battre la chamade. Jamais elle n’atteindrait la cuisine dans de telles conditions ! elle avait trop peur mais tellement faim aussi. Comment lutter contre ses incessants gargouillements de ventre, surtout qu’elle savait que le majordome avait bien rempli la cuisine. C’est son estomac qui remporta la victoire et elle décida de poursuivre sa quête de nourriture.  

En bas des escaliers, elle chercha la cuisine tant convoitée et se dirigea vers une porte fermée que ni elle ni Ryo n’avaient encore ouverte. Raté ! c’était pas ça ! Mais dans cette pièce il y avait un grand piano à queue magnifique avec de jolis divans en cuir.  

Elle trouva enfin le lieu tant désiré et poussa un soupir de soulagement. Elle ouvrit un gigantesque frigidaire et s’exclama :  

 

-Je vais me régaler !  

 

Elle s’empiffra jusqu’à l’indigestion. Il lui était si bon de manger qu’elle en avait complètement oublié les fantômes du manoir. Elle se devait de prendre des forces pour pouvoir survivre dans un endroit aussi terrible !  

 

Soudain, alors qu’elle avait la fourchette dans la bouche, elle entendit une douce voix féminine l’appeler :  

 

-Kaori ! Viens…  

 

C’était comme un murmure pourtant très distinct, faisant même écho entre les murs du manoir.  

La jeune femme lâcha sa fourchette qui tomba sur le sol. Elle était persuadée que c’était Lady Kithawke qui venait de lui parler. En effet, elle pensait que comme elle n’était plus sur le tableau affiché au-dessus des escaliers, la jeune fille s’était échappée de la toile et se promenait entre les murs du château. Et voilà que maintenant, elle l’appelait ! Pétrifiée sur sa chaise, elle se demandait comment elle allait faire pour remonter jusqu’à sa chambre en courant : ses genoux s’entrechoquaient sous la table, ses dents claquaient et des frissons lui parcouraient tout le corps. Elle tenta d’appeler Ryo mais aucun son ne sortit de sa bouche.  

 

Mais tout à coup et comme hypnotisée et guidée par la voix de cette femme qui ne cessait de lui dire toujours les mêmes mots, elle se leva et quitta la cuisine. Elle ignora sa peur et se sentit attirée vers une immense porte de bois qu’elle poussa. Elle pénétra alors dans une grande bibliothèque. Et là, elle la vit : Lady Kithawke, habillée d’une belle robe blanche et qui virevoltait juste en-dessous du plafond de la pièce et juste au-dessus des immenses armoires de vieux livres.  

 

A la vue du spectre, Kaori reprit très vite ses esprits. Elle poussa un petit cri, incapable d’hurler de toutes ses forces, sa voix nouée par la peur. Ses jambes ne la tenant plus, elle dut s’agenouiller au sol, sur la moquette moelleuse, prête à s’évanouir :  

 

« Mon dieu ! Je suis en présence d’un fantôme. Je vais mourir. Ryo, viens vite me chercher, j’ai trop peur »  

 

Elle cachait son visage dans ses mains pour ne plus avoir à regarder Lady Kithawke qui s’esclaffa en voyant que Kaori avait peur d’elle. Cette dernière ne put cette fois-ci s’empêcher d’appeler Ryo au secours :  

 

-Ryoooooooooooooooooooooooooooooooooo !!!  

 

Le fantôme s’arrêta aussitôt de rire, non pas parce qu’elle avait peur de ce nettoyeur de pacotille qui dormait déjà d’un profond sommeil au premier étage, mais parce qu’elle avait de la peine de voir cette jolie demoiselle qu’elle devinait également très gentille, dans cet état à cause d’elle. Elle fut brusquement prise de remords de l’avoir autant terrifiée. Bien sûr, depuis qu’elle hantait le manoir, elle aimait se jouer de tous les intrus qui y séjournaient. Mais là, c’était différent car dès l’instant où le couple avait mis les pieds dans la demeure, elle s’était prise d’amitié pour Kaori, et s’était sentie revivre en la jeune fille, trouvant des points communs entre ce couple et sa propre histoire alors qu’elle était encore de ce monde : ces deux jeunes gens avaient des sentiments réciproques l’un pour l’autre et semblaient sciemment ignorer qu’ils étaient amoureux. Elle aussi savait ce qu’était qu’un amour non avoué. De son vivant, elle était tombée éperdument amoureuse d’un beau musicien, mais elle, princesse, ne pouvait hélas pas vivre cet amour au grand jour, car selon ses parents, celui qu’elle avait choisi n’était pas digne d’elle, n’ayant aucun titre de noblesse. Alors désespérés de ne pouvoir vivre leur amour au grand jour, ils s’étaient donnés la mort en même temps et depuis, ils rattrapaient le temps perdu dans l’au-delà, car tout est possible dans le royaume de Dieu. Bien sûr, ils n’ont jamais connu le plaisir charnel mais au moins, ils sont maintenant tout le temps ensemble. Il arrive même à Kamini de venir hanter le manoir avec elle.  

Elle ne voulait pas que cette charmante demoiselle regrette toute sa vie toutes ces années à refouler ses sentiments car, même si tout est beau là-haut, rien ne vaut de vivre les choses correctement quand on est sur terre.  

 

Elle descendit à sa hauteur, toisant de ses yeux sombres et noirs la jeune femme recroquevillée sur elle-même, et lui adressa la parole :  

 

-Ma chérie, je t’en prie, n’aie pas peur de moi.  

 

Kaori enleva ses mains de devant son visage, blanc comme un linge, et repoussa un cri de terreur en voyant Lady Kithawke pile en face d’elle !  

 

-Je suis désolée de t’avoir mise dans cet état ma toute belle, fit celle-ci. Je ne suis pas si effrayante que j’en ai l’air tu sais. Bon bon, c’est vrai que j’aime faire peur ; bah tu sais, je n’ai que ça à faire maintenant ! Allez Allez, regarde-moi, il faut qu’on parle sérieusement.  

 

Kaori n’en revenait pas, le fantôme lui parlait à elle ! Ou bien elle rêvait dans son lit à Shinjuku, ou bien elle aussi était morte. Par conséquent, tout cela ne devait pas être réel ! Au prix d’un très gros effort, elle releva doucement la tête et écarta les doigts d’une de ses mains, ayant ainsi une vision minime du fantôme, mais se cacha à nouveau.  

Non, décidément, elle n’arrivait pas à s’y faire.  

 

-Qu’est-ce que t’es trouillarde tout de même ! S’exclama le fantôme. Je vais pas te manger !  

-Pitié, répondit Kaori, laissez-moi tranquille, j’ai peur des fantômes. Je vous promets qu’on va partir au plus vite du manoir.  

-Maintenant que vous êtes là toi et ton compagnon, je ne vous laisserai pas filer comme ça ! Vous êtes mes prisonniers. Vous ne partirez d’ici que lorsque vous aurez enfin compris ce qui est essentiel dans la vie !  

 

Interloquée, elle cessa de se dissimuler derrière ses dix doigts et dévisagea Lady Kithawke.  

 

-Quoi ! Fit-elle. Mais ça veut dire quoi ça ?  

-Ecoute-moi bien ! Tant que ton ami et toi vous ne vous avouerez jamais que vous vous aimez, vous resterez cloîtrés au château.  

-Mais… Je… On…, balbutia Kaori. Mais ça va pas !  

-Tss ! Désormais, mon but est que vous vous aimiez pour la vie. Me suis-je bien faite comprendre ! Je vais vous y aider. Mais ça ne devrait pas être trop dur ni long à réaliser.  

 

Devant la tête d’ahurie de Kaori, la jeune fille poursuivit :  

 

-J’ai vu votre petit manège depuis votre arrivée devant le manoir et je vois bien que vous êtes amoureux. Mais on dirait que tous les deux vous faites tout pour ne pas l’admettre. J’ai bien essayé de te forcer la main, mais ça n’a pas suffit. Je suis rentrée dans ton corps et je voulais te pousser à reconnaître tes sentiments, mais dès que je t’ai quittée, tu es redevenue toute timide. Faut foncer ma belle et ne pas avoir aussi peur de l’amour. Vous risquez de le regretter tous les deux ! Moi je vais m’occuper de toi, et mon Kamini de ton homme.  

-Je.. Je comprends mieux maintenant pourquoi je ressentais ces choses bizarres tout à l’heure ! S’exclama Kaori. C’était donc vous !  

 

Le fantôme lui fit un clin d’œil.  

 

-Mais il n’y a rien entre lui et moi. Je vous en prie, je ne tiendrai pas longtemps dans cette ambiance. Mon cœur peut lâcher d’un moment à l’autre. Je veux partiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiir.  

-Hors de question ! Le débat est clos. Je viens de sceller toutes les sorties. Et puis, tu vas bien mieux qu’il y a cinq minutes et tu vois bien que tu t’habitues à ma présence. Arrête d’être aussi lâche s’il te plaît. A compter de maintenant, il ne t’arrivera que des belles choses. Fais-nous confiance ! Allez, file te coucher et passe une bonne nuit ma chérie.  

 

Lady Kithawke mima une bise qu’elle envoya d’un geste de la main à Kaori qui sentit le souffle du doux baiser sur sa pommette. Le fantôme s’évapora dans les airs tout en émettant un petit rire, songeant dores et déjà à son plan d’action pour réunir ces deux humains.  

 

Kaori, la main sur sa joue, n’en revenait toujours pas ! Certes, elle avait bien moins peur et elle tenait sur ses deux jambes, et était plutôt fière d’avoir vaincu sa frayeur tout en parlant à ce drôle de fantôme, mais elle ne pouvait s’empêcher de se poser mille et une questions sur cette surprenante rencontre : Seraient-ils vraiment enfermés dans le manoir jusqu’à ce qu’il se passe enfin quelque chose entre eux ? Pourquoi le fantôme les aiderait-il à les réunir ? Pourquoi faire tout ça pour eux ? Et comment Lady Kithawke s’y prendrait-elle pour faire avancer les choses ? Qui était donc Kamini ?  

Le sommeil prit le dessus et lasse de tous ces événements, elle prit la direction de sa chambre et monta les escaliers. Lady Kithawke avait retrouvé sa place sur le tableau et lui adressa un clin d’œil lorsqu’elle passa devant.  

 

-ça promet, murmura-t-elle pour elle-même tout en finissant son ascension. Si je finis pas folle j’aurais de la chance.  

 

Elle étouffa un bâillement, entrouvrit la porte de Ryo pour vérifier s’il dormait bien et alla enfin se coucher.  

 

 


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