Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: Indiana

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 18 capitoli

Pubblicato: 04-02-08

Ultimo aggiornamento: 28-03-12

 

Commenti: 283 reviews

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GeneralRomance

 

Riassunto: Après une affaire douloureuse, Ryô à préféré partir en laissant Kaori dans le coma... Trois ans plus tard, ils se retrouvent l'un face à l'autre sauf que bien des choses ont changé. Entre les mariages, les nouvelles associations, les menaces de mort, le tandem City Hunter n'a plus aucune raison d'exister...et pourtant...

 

Disclaimer: Les personnages de "Que les temps changent " sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. The ...

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   Fanfiction :: Que les temps changent

 

Capitolo 16 :: Les masques tombent

Pubblicato: 23-11-09 - Ultimo aggiornamento: 24-11-09

Commenti: Bonjour à tous ! Me voilà de retour avec une maje pour cette fic ... oui, en ce moment je suis prolifique ... alors faut en profiter ! mdr Dans une majorité de reviews vous commencez à me demander des réponses aux interrogations que j'ai crée et bien ce chapitre marque le véritable tournant de cette fic ! Les révélations commençent dès ce chapitre et vont arriver crescendo dans les suivants ! J'espère que cela correspondra à vos attentes ! Je remercie ma super bêta Cris qui fait un boulot de colosse sur cette fic ! Franchement, sans elle ça ne serait pas pareil. Je remercie aussi Saoria pour ses brillants conseils qui m'ont permis de terminer ce chap' et j'avais promis de dédicacer ce texte à une miss ... donc Rototo chose promise, chose dûe ... voilà ta dédicace ! Pour finir, j'adresse un immense merci à tous les lecteurs qui continuent de me suivre ! Votre soutien et votre fidelité sont les moteurs de mon inspiration ... alors juste merci ! Voilà j'arrête mon monologue en vous embrassant tous et en vous souhaitant une bonne lecture !

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18


 

Le pire des scénarios pour un chasseur en pleine traque est sans aucun doute le fait que sa cible ne soit pas à l'endroit où il comptait la trouver ! Et ce fut cette mauvaise surprise qui attendit nos deux nettoyeurs quand ces derniers enfoncèrent la porte : dans la chambre, la lumière était grande allumée éclairant le désordre sans pareil qui y régnait. Les meubles avaient été renversés pour la plupart, les affaires de Kaori avaient été jetées hors de son armoire, ses dossiers avaient été fouillés, son bureau ressemblait désormais à un champ de bataille, sa coiffeuse était saccagée et son agenda avait perdu quelques pages.  

 

Ryô et Jake balayèrent rapidement du regard la pièce mais le constat qu’ils dressèrent fut rapide : si il y avait eu quelqu'un, certainement celui après qui ils couraient depuis quelques jours maintenant, cet ennemi n'était plus présent ! Il avait semble t-il fouillé les affaires de Kaori ... Pour quelles raisons ? Ils l'ignoraient mais la manière dont il avait agi laissait supposer qu'il ne recherchait pas quelque chose de précis ...  

 

L'arme au poing, les deux hommes rentrèrent un peu plus dans la chambre, inspectèrent chaque recoin de la pièce pour finalement se résoudre à ranger leurs revolvers. Mais alors qu'ils allaient rengainer, un bruit sourd se fit entendre au-dehors : d'un même mouvement, ils relevèrent la tête et accrochèrent leurs regards. Ce bruit était caractéristique ... ils le connaissaient tous deux ... quelqu'un était en train de courir sur l'escalier extérieur !  

 

Sans attendre, Jake se précipita vers la fenêtre grande ouverte de la chambre de Kaori, il s'y pencha légèrement et vit une ombre en train de dévaler les escaliers rapidement. Le nettoyeur se tourna vers son homologue et cria :  

 

- Il est en train de descendre par la façade ! Il faut le bloquer !  

- Très bien ! Je m'en charge ! affirma Ryô en passant à son tour par la fenêtre.  

- Quoi ? s'écria son garde du corps, stupéfait.  

 

Mais Jake ne put hélas rien rétorquer à son client, que ce dernier s'était déjà élancé par la fenêtre : abasourdi par la réaction de Ryô, le nettoyeur se retourna avec vitesse vers la porte de la chambre pour rejoindre la sortie lui aussi. Non mais depuis quand les clients se lançaient- ils à la poursuite des méchants en laissant sur place les personnes censées les protéger ?  

 

L’américain étouffa un soupir colérique en descendant les escaliers quatre à quatre avant de traverser le salon, sans un regard pour les otages encore ligotés, et de disparaître dans l'escalier menant à la sortie.  

 

Ryô, pour sa part, était bien loin des considérations de Jake, son instinct de nettoyeur venait de se réveiller, il le sentait au plus profond de lui-même : un frisson d'exaltation le parcourut tandis que ses veines se remplirent d'un sang bouillonnant d'excitation. Il retrouvait ses marques, il retrouvait sa place ...  

 

Son poids fit légèrement grincer l'échelle mais le nettoyeur n'y accorda que peu d'importance car il avait déjà saisi la rampe rouillée et courait sur les marches. Ses pas rapides résonnèrent dans l'immensité silencieuse du quartier endormi et ce fut dans un bruit mat qu'il toucha enfin terre. Prudemment, il commença à avancer, scrutant tous les endroits sombres où une personne aurait pu se cacher. Mais rien ... Absolument rien ...  

 

Ryô n'aimait pas ce calme là, c'était un faux calme, un silence qui rend les nettoyeurs nerveux, qui les fait se méfier de tout : le numéro un du Milieu le savait mieux que quiconque, il fallait qu'il se tienne sur ses gardes car même s'il ne voyait pas son ennemi, il le savait tout près ... il ne sentait pas son aura mais il lui semblait pouvoir la deviner. S'il se concentrait assez, il était sûr de parvenir à situer leur adversaire ...  

 

Le nettoyeur ferma alors les yeux et laissa ses sens reprendre le dessus sur sa conscience : il laissa ses instincts et ses réflexes remplacer sa raison, il oublia tous les efforts qu'il avait fait pour réussir à contrer sa personnalité, il oublia les attentes de Serena, il oublia l'homme pitoyable qu'il était devenu et il redevint, l'espace d'un instant, le vrai Ryô Saeba ...  

 

Et ce fut le déclic ... sa connaissance de l'environnement devint subitement plus sensible : sans ouvrir les yeux, il sut où se trouvait chaque objets de cette cour, où étaient placés les recoins des murs, où se trouvaient les cachettes les plus sûres ... et ce fut là, qu'il la sentit ...  

 

Une faille dans ce bel ensemble venait d'attirer son attention ... de troubler son instinct ... il réouvrit les yeux et sans laisser le temps à sa proie de s'enfuir, tira deux balles rapides en direction d'une ruelle adjacente. Puis très lentement, il s'approcha du renfoncement ciblé tandis que les deux projectiles s'enfonçaient dans l'ombre opaque : le nettoyeur savait pertinemment qu'il ne pouvait pas avoir manqué son tir, aussi dès que ses balles auraient atteint leur but ... il irait cueillir son ennemi affaibli.  

 

En un éclair son regard impénétrable devint plus dur que d'ordinaire, ses prunelles se transformèrent en deux billes noires luisantes et ce fut d'une voix tranchante qu'il lança vers son ennemi invisible :  

 

- Je ne sais pas quel est ton but mais soit certain que tu viens de t'attirer les foudres de City Hunter ! Je te laisse dix secondes pour sortir de ton trou ou alors je me ferais une joie de cribler ta jolie planque de mes balles ...  

 

En concluant sa menace, Ryô releva son Magnum en direction de son adversaire et dans le calme attendit que le loup sorte de sa tanière. Il sentit Jake arriver derrière lui et quand ce dernier, se retrouva à ses côtés, il lui intima de conserver le silence : le nettoyeur légèrement contrarié par cette attitude comme par la présence de Ryô dans cette cour, se contenta de pointer son arme dans la même direction que celle du japonais et d'attendre ce qui devait arriver.  

 

Mentalement, les secondes défilaient dans la tête de City Hunter mais apparemment sa proie n'avait pas la même conception du temps puisque les dix secondes s'écoulèrent sans que le gibier ne se montre. Cette attitude fit grimper la colère de Ryô d'un cran et ce fut sans ménagement qu'il commença à tirer vers la ruelle : les balles se succédèrent à un rythme effréné avant que Jake ne réussisse à relever l'arme du japonais vers le haut.  

 

- Non mais vous n’êtes pas bien ? s'exclama Jake. Qu'est ce qui vous prend de tirer comme ça ?  

- Notre homme se cache dans cette ruelle ... murmura Ryô d'une voix grave  

- Ah oui ? Et vous l'avez vu y rentrer ?  

- Non.  

- Alors sur quoi vous basez vous pour dire qu'il est bel et bien là ? reprit le nettoyeur dont la voix trahissait une colère grandissante,  

- Mon instinct ! répondit le japonais avec un regard appuyé pour son partenaire.  

 

Jake accepta ce regard à sa juste valeur : Ryô venait ni plus, ni moins de lui dire que son instinct de nettoyeur équivalait toute les preuves du Monde et peut-être même que son instinct valait bien mieux que le sien ... néanmoins l’homme ne se laissa pas démonter et reprit d'une voix, devenue aussi grave que celle de Ryô :  

 

- Et bien moi, je préfère avoir des preuves avant de me lancer dans une bataille !  

 

Sans rien ajouter de plus, Jake repointa son arme sur la ruelle et commença à s'avancer progressivement et prudemment vers son objectif : soudain, alors qu’il atteignait presque le mur de l'impasse, il entendit clairement une lamentation. Il releva immédiatement sa main droite vers Ryô pour lui faire signe de rester en arrière avant de sortir une lampe torche de sa poche. Il pointa le faisceau lumineux en direction du renfoncement mais à peine eut- il braquer sa lampe sur le mur du fond que ses craintes se confirmèrent ... il y avait bel et bien un homme à terre mais cette homme n'était absolument pas celui qu'ils recherchaient !  

 

Recroquevillé sur lui même, vêtu d'un imperméable bien trop grand, l'inconnu regardait en direction de Jake et Ryô avec une crainte non dissimulée. Ses yeux semblaient ravagés par la peur quoique ce fut assez difficile à voir tant le verre de ses lunettes était épais : il tenait un bouquet de roses rouges dans une main mais les pauvres fleurs avaient subies quelques avaries. Les délicats végétaux se décomposaient doucement, pétale par pétale et le tremblement physique de leur propriétaire ne semblait rien arranger à l'affaire. D'un coup d'œil, les garçons purent voir qu'il portait un smoking, certes de basse qualité mais tout de même assez élégant, sous son immense par-dessus. Cet homme n'avait rien de leur sniper mais il n'avait non plus rien à faire ici ...  

 

D'une voix tranchante, Ryô, qui s'était rapproché, lui demanda :  

 

- Qui êtes vous ?  

- Euh ... euh ... je m'appelle Hitachi Soko, bredouilla l'inconnu. Je suis inspecteur dans la police et sous les ordres du commissaire Nogami ...  

- Très bien, Monsieur Soko ... poursuivit Ryô. Et on peut savoir ce que vous faîtes ici ?  

- J'avais rendez-vous avec Mademoiselle Makimura ...  

- Avec Kaori ? S’étonna Jake. Elle ne m'en a rien dit ... pourtant d'ordinaire elle me parle de chacun de ses rendez-vous ...  

- Ça s'est décidé ce matin même ! Se défendit l'inspecteur. Je l'ai rencontré au commissariat et nous avons sympathisé, après quoi je l'ai invité à dîner !  

 

Jake acquiesça lentement : il était vrai que Kaori ne lui parlait pas de tous ces rendez-vous galants mais tout de même, il connaissait assez bien sa partenaire pour pouvoir définir le type d'hommes avec lesquels elle sortait ... et Hitachi était bien loin de ressemblait à ce genre là ! Donc si Kaori avait accepté cette soirée, c'était qu'il devait y avoir une raison valable ... une raison qu'elle n'avait pas eu le temps de lui exposer aux vues des événements de cette journée ...  

 

Ryô de son côté, regardait toujours Hitachi avec dureté : l'histoire de cet homme semblait plausible, la peur que le nettoyeur pouvait déchiffrer dans les yeux de son opposé était plus que réelle malgré cela il était quasi certain d'avoir senti une présence ennemie à la place de ce fonctionnaire ... De plus, Hitachi avait rendez-vous avec Kaori et ça Ryô avait un peu de mal à l'accepter ...  

 

Sur l'instant, il aurait donné tout ce qu'il possédait pour que ce rival esquisse un geste agressif et qu'ainsi il lui donne l'occasion de cribler son corps de balles ! Mais non, il lui fallait se contrôler après tout Jake ne paraissait pas inquiété de savoir que cet inspecteur Soko avait invité Kaori ... Peut-être que cet homme ne représentait aucune menace cependant il fallait en être certain :  

 

- Si vous êtes bien de la police, montrez nous votre insigne ! commanda Ryô  

- Bien sûr mais pour cela il faut que je l'attrape dans ma poche intérieure.  

- Allez-y ... mais vous connaissez la chanson ... à la moindre bêtise ... je tire ...  

 

Hitachi déglutit avec difficulté : cet homme était des plus effrayants et sa modeste stature d'inspecteur n'allait pas faire le poids face à son adversaire ! Doucement, il posa son bouquet défraîchi à même le bitume et encore plus tranquillement, il glissa sa main contre son torse en direction de sa poche de veston. Du bout des doigts, il se saisit de la carte plastifiée qui s'y trouvait et en tremblant comme une feuille, il la tendit en direction de ses interlocuteurs.  

 

Ryô et Jake la regardèrent un instant, se rassurant sur l'identité de leur cible mais ne baissèrent pas leurs armes pour autant. Hitachi bégaya :  

 

- Euh ... maintenant que vous êtes sûrs de mon identité ... vous pourriez ... euh ... peut-être ... baisser vos armes ?  

 

Jake eut un léger sourire en coin face à l'attitude terrifiée de l'inspecteur et ce fut avec docilité qu'il consentit à ranger son arme. Malheureusement, Ryô ne semblait absolument pas dans le même état d'esprit : le nettoyeur était sûr d'avoir localisé leur adversaire mais à la place du sniper qu'il attendait, il avait eu la désagréable surprise de trouver un inspecteur de la police locale !  

 

Mais alors où était passé leur homme ?  

 

Où était celui qui avait réussi à éveiller sa curiosité de nettoyeur ?  

 

Que faisait vraiment cet homme ici ?  

 

Il avait rendez-vous avec Kaori ... Alors pourquoi ne s'était-il pas présenté à la porte ?  

 

Pourquoi se trouvait-il dans une ruelle adjacente ?  

 

L'inspecteur Soko sentit l'hostilité de Ryô le frappait de plein fouet et ce fut avec désarroi qu'il se tourna vers Jake pour obtenir un peu d'aide. Le nettoyeur américain surprit le regard du policier et il ne put que demander durement à son homologue japonais :  

 

- Monsieur Saeba ? Pourquoi ne baissez-vous pas votre arme ?  

 

Ledit "Monsieur Saeba" ne répondit même pas à son garde du corps, se contentant de conserver son arme braquée en direction de l'inspecteur : les lèvres pincées, il ne semblait pas vouloir démordre de l'idée que cet Hitachi n'avait rien à faire en cet endroit.  

 

- Ryô ? Réitéra Jake plus sèchement. Rengainez immédiatement, vous m’entendez !  

 

Face au ton employé, Ryô se retourna vers Jake pour rencontrer son regard gris devenu opaque par la colère : le japonais soutint cet air rogue mais son partenaire du moment ne semblait pas vouloir s'incliner non plus. Les deux hommes se ressemblaient tellement que c'était un tant soit peu logique, que ni l'un ni l'autre, ne veuille baisser le regard. Ils se défièrent, le temps d'un instant mais qui sembla durer une éternité, et puis finalement Ryô soupira avant de ranger son arme. Quand ce fut chose faîte, Jake rétablit son attention sur leur "invité" :  

 

- Maintenant Hitachi, expliquez nous comment vous vous êtes retrouvé ici.  

- Eh bien, commença l'inspecteur en se relevant maladroitement. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je suis ici car j'avais rendez-vous avec Kaori ...  

- Oui, bon ça on l'a compris ! Le coupa Ryô. Ce qu'on vous demande c'est pourquoi vous vous trouvez dans cette ruelle !  

- Euh ... bégaya le pauvre homme. Je vous avoue que j'ai voulu ménager mon effet, c'est pour cela que j'ai garé ma vieille voiture à quelques rues d'ici et j'ai décidé de venir à pied. Je ne connais pas très bien le quartier donc je me suis un peu perdu ... je marchais dans ce secteur quand un homme courant comme un fou m'a percuté de plein fouet ... nous sommes tous deux tombés à terre et quand je me suis relevé, je n'ai eu que l'occasion de me recevoir une bonne droite qui m'a fait atterrir dans cette impasse ... tenez regarder ...  

 

Comme pour confirmer ces dires, Hitachi se rapprocha de ses interlocuteurs pour leur montrer la marque qui commençait à bleuir sur sa joue gauche : Jake et Ryô ne purent que constater la vérité des propos de l'inspecteur et c'est avec attention, qu'ils l'écoutèrent reprendre son récit :  

 

- Ensuite j'ai du m'évanouir l'espace d'un instant puis quand je me suis éveillé des balles sifflaient au-dessus de ma tête ... et je vous ai rencontré ...  

 

La mention des "balles sifflantes" fit sourire Ryô tandis que Jake le fusillait du regard car bien que ce dernier soit City Hunter, cela ne lui donnait pas toujours raison en ce qui concernait les méthodes d'interventions. Faire feu sans avoir au préalable situé exactement sa cible était une erreur de débutant, une erreur indigne d'un professionnel du rang de son client ... mais ce dernier ne semblait pas l'avoir compris. Il n'y avait qu'à voir la lueur de revanche dans son regard ou celle de surprise quand Jake lui avait relevé son arme ...  

 

L’américain soupira : Ryô était en train de retrouver des réflexes qu'ils avaient oubliés mais ces sensations revenaient par vague dans son être, il devait se sentir submergé par ses anciennes perceptions. Jake ne voyait pas d'autre explication pour justifier son erreur de jugement mais même s'il comprenait ce que ressentait Ryô, pour avoir était dans la même position il y a quelques années, il savait aussi que se laisser porter par ce phénomène pouvait apporter bien plus de mal que de bien ...  

 

Il allait devoir en toucher deux mots à son client avant qu'il ne soit trop tard ...  

 

Le nettoyeur japonais lui était bien loin d’avoir les mêmes préoccupations que son homologue américain, plutôt occuper à organiser ses hypothèses : il était intimement persuadé d'avoir réussi à sentir une aura, celle d'Hitachi puisqu'ils l'avaient trouvé à l'endroit que son instinct lui avait indiqué. Mais cet inspecteur n'étant pas l'homme qu'ils cherchaient, cela voulait dire deux choses ...  

 

D'abord que son instinct de nettoyeur n'était plus aussi infaillible qu'avant et que bien qu'il soit toujours capable de distinguer une présence dans la nuit, il semblait que la performance de son détecteur sensoriel laissait encore à désirer. Ensuite qu'il avait de toute évidence sous-estimé leur ennemi, il avait eu la stupidité de croire que parce que Fabian comme Jake ne parvenait pas à le coincer, lui le pourrait mais la preuve était faite ... il apparaissait très clairement que lui non plus n'était pas de taille face à cet ennemi.  

 

Il venait de rencontrer le seul homme capable de tromper son instinct, le seul homme capable de cacher assez son aura pour que personne ne puisse le situer ... il venait de rencontrer un homme à sa hauteur ... un égal dans le camp adverse ...  

 

Ryô rétablit son attention quand la voix de l'inspecteur Soko lui parvint aux oreilles :  

 

- Je vous ai expliqué ma présence en ces lieux mais j'aimerais savoir ce que vous vous faîtes ici ? Comment connaissez-vous Mademoiselle Makimura ? Et pourquoi êtes vous armés ? J'espère que vous possédez un permis pour le port d'armes ...  

 

Ça y était la question que Jake redoutait depuis leur découverte venait d'être posée ... ils allaient devoir expliquer leur présence et justifier le fait qu'ils soient armés ... bien entendu, il était hors de question d'employer le terme de "nettoyeurs" ou de mentionner Saeko au risque de voir la situation se retourner contre eux ...  

 

- Qui nous sommes ? bredouilla le nettoyeur mal à l'aise. Euh ... nous sommes les part ... je veux dire ... les colocataires de Kaori ! Nous vivons avec elle ... !  

 

Ryô regarda en biais son garde du corps : il voulait bien reconnaître la valeur de Jake sur certains plans mais sur celui du baratin ... sa performance laisser encore à désirer ! Masquant un sourire, le japonais essaya de prendre la suite pour se débarrasser au plus vite de cet inspecteur :  

 

- Comme mon ami vient de vous le dire, nous sommes les colocataires de Kaori et nous habitons l'immeuble juste derrière ... vous voyez celui tout en briques rouges ?  

 

Hitachi acquiesça bêtement et son opposé reprit :  

 

- Bien ... voilà donc notre demeure ... Ce n'est pas par choix que nous avons choisir ce logement mais nous y étions contraints par nos finances ... Je pense à Kaori ... ce n'est décemment pas un lieu de vie pour une jeune femme de son envergure ... malheureusement l'argent nous manque et bien que nous soyons trois, nous parvenons tout juste à subvenir à nos besoins ...  

 

L'inspecteur prit, pour le coup, une mine affligée et ce fut à cet instant que Ryô comprit qu'il tenait sa victoire :  

 

- Mais ... vous l'aurez certainement remarqué ... ce quartier n'est pas très sûr ... qui sait ce qui peut se cacher dans toutes ces ruelles sombres ... c'est pourquoi, et bien que cela soit illégal, mon ami et moi avons décidé de porter une arme ... pour protéger Kaori ...  

- Pour protéger Kaori ? répétèrent Jake et Hitachi à l'unisson  

- Parfaitement ! affirma Ryô. Pour la protéger de tous ces détraqués qui rôdent ... d'ailleurs c'est pour cela que nous sommes là ! Nous avons entendu du bruit et nous avons eu peur pour sa vie ... je peux comprendre inspecteur qu'en tant que représentant de la loi vous vouliez nous punir pour ce choix mais sachez que nous ne l'avons fait que pour nous assurer que notre Kaori vivrait sans encombres ... nous ne sommes que deux hommes qui veulent protéger leur amie ... est-ce un crime en soit ?  

 

Ryô finit son monologue mélodramatique par une mine désœuvrée au possible : si Jake ne savait pas quel homme se cachait derrière ce visage affligé, il l'aurait presque cru ... pour le coup, le nettoyeur se retint d'applaudir son client. Parvenir à inventer une excuse aussi bidon soit-elle en aussi peu de temps méritait bien une mention ... Il ne restait plus qu'à prier pour que l'inspecteur Soko soit assez crédule pour gober cette histoire ...  

 

Mais il fallait voir la vérité, un inspecteur de la police tokyoïte devait en entendre des excuses bidons alors celle-ci il allait la remballer vite fait et il allait les conduire gentiment au poste ...  

 

- C'est un but louable que vous servez ... dit soudainement Hitachi. Je comprends qu'on prenne autant de risque pour protéger une femme comme Kaori ...  

 

Jake s'arrêta bouche bée face à la réponse du fonctionnaire tout comme Ryô qui le regardait avec une incrédulité non dissimulée : finalement le vent venait de tourner, ils étaient tombés sur l'exception qui confirmait la règle ! Ils venaient de rencontrer le seul inspecteur de police assez naïf pour croire leur baratin !  

 

- Il est parfois des situations qui font que pour sauver la femme que l'on aime, on est obligé d'enfreindre les règles établies ! reprit leur interlocuteur. Moi - même, il m'est arrivé d'emprunter des chemins annexes pour obtenir ce que je convoitais ... je peux vous comprendre ... tant que vous ne possédez cette arme que pour le bien de Kaori ...  

- Cela va sans dire ! confirma Ryô en le coupant. Nous ne les avons acheté rien que pour assurer sa protection ... d'ailleurs c'est à peine si nous savons nous en servir !  

- Très bien ... dans ce cas, cette affaire pourra rester entre nous dans la mesure où vous ne commettrez de méfaits avec ses armes ... auquel cas, je vous ferez immédiatement arrêter !  

 

Les deux nettoyeurs, trop heureux de s'être aussi facilement sorti du pétrin, hochèrent positivement de la tête et Hitachi put reprendre :  

 

- J'aurais quand même un petit conseil à vous donner ... pour deux débutants comme vous, vous auriez du choisir des armes plus maniables ! Les Magnums sont réservés à des tireurs aguerris ... il ne faudrait pas que vous vous blessiez quand même !  

 

L'inspecteur finit sa phrase dans un grand éclat de rire : il fut rejoint par Jake et Ryô qui, pour leur part, riaient du fait qu'ils avaient depuis longtemps assez de talent pour utiliser un Magnum. Les trois hommes se laissèrent aller à ce rire chargé de sous-entendus un instant, juste avant qu'Hitachi ne dise :  

 

- Je crois qu'il serait bon que j'aille retrouver Kaori pour m'excuser ... je devais passer la prendre à 20 heures mais j'ai eu beaucoup de travail à terminer et je n'ai pas pu me libérer avant ! J'espère qu'elle ne m'en voudra pas trop ...  

 

Jake et Ryô échangèrent alors un coup d'œil rapide : il était évident que Kaori ne pourrait pas lui en vouloir puisqu'elle était allongée sur un lit d'hôpital en train de se battre pour vivre mais comment expliquer à cet homme, qui devait ignorer la profession de sa dulcinée, qu'elle était bien loin de ces vaines considérations ?  

 

- Vous savez, Hitachi, je suis certain que Kaori ne vous tiendra pas rigueur de ce retard ! commença Jake sur le ton de la confidence. Elle doit avoir compris que vous aviez eu un empêchement et elle a du aller se coucher ...  

- Oui mais la politesse veut que j'aille au moins la voir pour m'excuser ... sourit l'inspecteur. Et puis revoir son si beau visage avant d'aller me coucher ne me sera que bénéfique ...  

- Je peux vous comprendre ... continua le nettoyeur en masquant une grimace. Mais voyez-vous, Kaori a eu un léger malaise cet après-midi et elle est en train de se reposer chez un ami médecin ...  

- Quoi ? Oh mon Dieu ! Ce n'est pas grave au moins ? Pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant ? Sa vie n'est pas mise en jeu ? Il faut que je la voie !  

- Allons calmez vous, Hitachi ! Kaori va très bien voyons ! Elle a juste besoin de repos et pour l'instant personne n'est autorisé à lui rendre visite ... il lui faut énormément de calme pour se remettre de cette légère défaillance ...  

 

L'inspecteur tenta de réouvrir la bouche pour demander une quelconque dérogation à cet homme qui semblait être le plus proche de Kaori mais le second homme en face de lui, ne lui en laissant pas le temps :  

 

- Écoutez Inspecteur Soko, trancha Ryô. Nous venons de vous dire que Kaori était alitée pour l'instant, qu'elle ne devait pas recevoir de visite donc je ne vois pas quel intérêt il y a à épiloguer sur ce sujet !  

- Et bien ... j'aurais aimé ...  

- De toute façon, reprit le nettoyeur en le coupant. Nous n'avons nous non plus pas le droit de la voir et nous sommes certainement plus concernés par son état de santé que vous ! Alors cette discussion est close ! Maintenant rentrez chez vous, si elle veut vous recontacter, elle le fera ! Bonsoir !  

 

Ryô commença à tourner les talons quand la voix tremblante mais déterminée du fonctionnaire de police le fit se retourner :  

 

- Je ne sais pas qui vous êtes, Monsieur, mais il me semble que vous n'êtes pas plus important que moi aux yeux de Kaori ...  

- Pas plus important ? ricana le nettoyeur. Je suis certainement plus important que vous puisque je suis son part ...  

- Son colocataire ! rectifia brusquement Jake. Nous vous l'avons dit, nous sommes tous deux les colocataires de Kaori ! Nous sommes donc les plus informés de son état de santé mais soyez certain que je vous tiendrais au courant ...  

- Mais, mais ... bredouilla Hitachi  

- Mon ami à raison, il se fait tard, nous sommes tous fatigués ! Vous devriez rentrer chez vous ! Bonne nuit inspecteur !  

 

Sans ajouter un mot, Jake tourna le dos et empoignant le bras de Ryo, prit la direction de l'appartement. Le garde du corps marchait en tête, traînant littéralement son client à sa suite : l’américain ne prit même pas la peine de vérifier si l'inspecteur était parti, tout ce qui lui importait maintenant c’était d'isoler au plus vite son client et de s'expliquer avec lui.  

 

Quand, Jake fut sûr qu'ils étaient loin de portée, il relâcha brusquement le bras de Ryô et se retournant vers lui, lâcha :  

 

- J'espère que vous êtes fier de vous, Monsieur Saeba.  

- Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez ... fit Ryô, nonchalamment  

 

Sans autre forme de cérémonie, Ryô doubla son garde du corps et commença à se diriger vers l'entrée principale de l'immeuble. Jake n'en revenait pas, comment un être normalement constitué pouvait-il réagir avec cette désinvolture ? Comment un nettoyeur de son acabit pouvait-il accepter d'avoir commis une erreur aussi grossière ? Et lui comment pouvait-il accepter que son client lui parle de cette manière ?  

 

- Grotesque ... soupira le garde du corps en reprenant sa route,  

- Vous avez dit quelque chose ? fit Ryô, tout en marchant  

- Oui ... j'ai dit que la situation était grotesque ... la plus grotesque situation que la Terre n'est jamais vu ...  

- Pardon ? grogna son client. En quoi trouvez-vous la situation grotesque ?  

- Tout simplement car je suis grotesque ... car vous êtes grotesque ... car tout ce que nous venons de faire est d'une stupidité affligeante ... regardez nous ... un garde du corps qui se fait malmené par son client ... un nettoyeur sur le retour qui s'essaie à redevenir le meilleur ... en somme, un duo de clowns qui vient de servir l'excuse la plus bidon qui soit à un policier naïf ... non franchement, Monsieur Saeba, je vous l'assure sur ce coup - ci ... on a fait très très fort !  

 

Jake conclut sa tirade avec un rire navré qui avait pour seul et unique but d'attiser la colère de Ryô : en effet il ne pensait pas un traître mot de ce qu'il venait de dire ou tout du moins il avait exagéré chacune de ses paroles. Mais il fallait qu'il fasse réagir son homologue, il avait bien compris que mettre la vérité face à Ryô ne servait à rien ... c'était un homme borné et obtus qui n'acceptait la vérité que quand lui - même la découvrait. Il lui fallait être mis devant le fait accompli, il fallait que se soit lui qui comprenne qu'il avait fait une erreur, qu'il se rende compte de cette erreur et pour cela quoi de mieux qu'une petite colère ?  

 

Le garde du corps vit le visage de son client se refermer, ses yeux noirs devenir opaques et ses lèvres se serrer : là, il comprit que son objectif était atteint. Jake était convaincu que dans le fond Ryô était un homme bon qui avait mis ses "dons" au service des autres ... il ne pouvait en être autrement sinon Kaori n'aurait jamais été sa partenaire ... mais il restait aussi Ryô Saeba, le nettoyeur ... celui qu'on surnommait "l'Ange de la Mort" ... un tueur à l'instinct ultra - développé ... et c'était cette partie de l'homme qu'il essayait de réveiller. Ce côté sombre de l'ensemble qui semblait endormi sous une indolence et une soumission maritale ...  

 

Il fallait que son client retrouve ses réflexes de nettoyeur sinon le renouveau que Kaori avait tenté d'amorcer n'aurait aucun effet ... l’américain n'aurait su dire pourquoi il agissait de la sorte mais si sa partenaire avait essayé de changer les choses c'était qu'il y avait une bonne raison et lui ne pouvait que l'aider à mener à bien son projet ...  

 

C'était un juste retour des choses ... une réaction naturelle ... Kaori ne lui en avait pas parlé mais il l'avait lu dans ses yeux ... il savait au plus profond de lui que c'était ainsi qu'il fallait agir ...  

 

D'ailleurs, la réaction de Ryô ne fit pas attendre :  

 

- Vous venez de dire que j'étais "un nettoyeur sur le retour" ou j'ai mal entendu ?  

- Non, non ! J'ai bien dit que vous étiez "un nettoyeur sur le retour" qui essaie d'atteindre son niveau d'antan ...  

- Pas besoin de le répéter ! siffla Ryô en gratifiant Jake de son regard le plus noir. Vous savez qu'il y a à peine trois ans, je vous aurez tué sans hésitation pour avoir dit une chose pareille ...  

- Sauf que comme vous le dîtes, c'était il y a trois ans ! Et qu'en trois ans ... les choses changent à une rapidité ...  

- Qu'insinuez-vous ?  

- J'essaie de vous faire comprendre qu'en trois ans vous avez apparemment perdu tout ce qui faisait la légende du grand Ryô Saeba : vous avez perdu de votre superbe, de votre charisme, de votre aura tranchante et surtout de vos compétences de nettoyeur.  

 

Ces mots furent de trop pour le mental déjà éprouvé de Ryô : ce dernier se jeta sur Jake, le saisit par le col de la main gauche pour lui asséner un coup droit mais c'était sans compter sur la rapidité de sa proie qui se défit rapidement de la prise de son client. Il repoussa le japonais loin de lui et tout en restant sur ses gardes, cria :  

 

- Non mais ça va pas ? Qu'est ce qui vous a pris de vous jeter sur moi comme ça ? Je ne suis pas un punching-ball sur lequel on passe ses nerfs !  

 

Ryô préféra ne rien répondre, se contentant de fusiller Jake du regard. Mais l'américain n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement, il était proche du point qui faisait mal et il allait se faire un plaisir d'appuyer dessus ! Au risque de se prendre une bonne droite ou alors une balle de Magnum ...  

 

- Attendez ... aurais-je blessé le grand Ryô Saeba ? Vous êtes vexé ? Votre amour propre en a pris un coup ?  

 

Les moqueries tellement justes de Jake atteignirent le nettoyeur pile à l'endroit sensible de sa carapace et de fut sans prévenir que son poing partit en direction de la joue de son interlocuteur. Jake se baissa de justesse pour éviter le coup et ceinturer Ryô à la taille : il poussa le japonais aussi fort qu'il pu en essayant de le faire tomber mais il avait en son client un rival de taille. Ryô ne bougea pas d'un iota et essaya lui aussi de repousser Jake en se saisissant à son tour du garde du corps. Les deux hommes se retrouvèrent donc enlacés comme en train de danser un tango de bataille, le temps se figea en un instant et l'atmosphère de la ruelle s'alourdit tout aussi vite.  

 

Les deux corps ne bougeaient plus et pourtant leurs visages restaient crispés, se défiant du regard : ce fut finalement Jake, qui tout en luttant pour conserver sa position, prit la parole en premier. D'une voix essoufflée, il lâcha :  

 

- Alors Monsieur Saeba ? J'ai trouvé le point faible de votre armure ... c'est ici que ça fait mal ?  

 

La question resta sans réponse, ce qui confirma à Jake que son intuition était la bonne et ce qui l'encouragea à continuer sur cette voie.  

 

- J'essaie juste de vous comprendre ... reprit le nettoyeur. Je ne vous juge pas, je serais le plus mal placé pour cela ... je voudrais juste savoir comment un homme comme vous, un nettoyeur comme vous a t-il pu changer d'une façon ... comment dire ... aussi radicale ? Vous vous rendez compte de ce que vous êtes devenu ? De ce que cet état vous fait commettre comme erreur ?  

 

Les yeux de Ryô rencontrèrent ceux de Jake : les deux hommes se jaugèrent un instant mais ce que le nettoyeur japonais pu lire dans les prunelles acier de son homologue, lui fit relâcher sa prise immédiatement. Ils s'éloignèrent l'un de l'autre, lentement, reprenant leurs souffles à chaque pas en arrière, ne se quittant pas du regard. Jake prit appui sur le mur derrière lui tandis que Ryô s'appuyait sur ses genoux :  

 

- Pourquoi ? Pourquoi faîtes vous ça ?  

 

La question de Ryô surprit Jake mais il ne se laissa pourtant pas dérouter et lui répondit :  

 

- Parce que je sais que Kaori aimerait retrouver l'homme qui était son partenaire ... je peux comprendre que le mariage fasse changer un homme mais de là à passer du stade de super nettoyeur à celui de mari soumis, il me semble qu'il y a quand même une grande différence ! Je ne veux en aucune façon me montrer blessant avec vous mais j'essaie juste de vous faire saisir la réalité des choses ... je ne suis pas votre ennemi Ryô, je n'ai aucune envie de me battre contre vous mais reconnaissez que votre attitude de tout à l'heure n'était pas digne de votre réputation ... vous avez agi comme un débutant ... comme quelqu'un qui ne connaît pas les dangers et les attentes de notre métier ... vous avez failli commettre une bavure ...  

 

Ryô baissa la tête, acquiesçant silencieusement les propos de son interlocuteur : c'était un fait, il avait failli tirer sur un innocent ... il s'était fier à son instinct qu'il croyait infaillible et il s'était trompé ... le grand City Hunter avait fait une erreur de débutant ... et pourtant sur le coup, il avait été convaincu d'avoir bien agi ... qu'était-il devenu ? Jake avait raison ... trois année loin du Milieu l'avait ramolli ... l'avait douloureusement ramolli ...  

 

De rage, le nettoyeur japonais se releva brusquement et envoyant son poing dans un mur proche de lui. Il se mit à frapper de toute ses forces la pierre pour se défouler : il était furieux contre lui, contre la vie qu'il l'avait rendu si pathétique, contre son mariage, contre sa faiblesse, contre Jake qui avait raison, contre Kaori qui était encore une fois dans la coma, contre le monde entier !  

 

Sa main se mit à saigner mais cela n'arrêta pourtant pas Ryô, qui continuait à marteler le mur de son poing : il aurait pu poursuivre cette autodestruction encore longtemps si Jake n'était pas venu lui relever la main. Le nettoyeur se retourna vers celui qui avait osé l'empêcher de se défouler, vers celui qui avait tellement raison sur son sujet, sur celui qui avait réussi à être plus proche de Kaori que lui ne l'avait jamais été ...  

 

- Lâchez - moi !  

- Que je vous lâche ? Pour que vous continuiez à frapper bêtement ce pauvre mur ? Ça vous plaît tant que ça de souffrir, Monsieur Saeba ?  

 

Ledit "Monsieur Saeba" ne répondit rien, d'ailleurs il n'en eut pas le temps puisque Jake reprenait :  

 

- Je peux comprendre que vous soyez en colère ... que vous ayez envie de tout casser mais de là à vous auto - détruire, il y a une limite ... ça ne résoudra rien de vous exploser les mains contre un mur ! Ce qui est fait, est fait ! On ne revient pas sur son passé, on compose avec et on essaie de poursuivre sa route en évitant de reproduire les même erreurs ! J'ai moi aussi traversé des périodes qui auraient tué n'importe qui ... j'ai même pensé à utiliser mon Magnum pour autre chose que la justice ... mais une jeune femme m'a empêché d'en arriver là ...  

 

- Kaori ? murmura Ryô d'une voix sourde  

 

- Oui ! Kaori ! Au moment, où je croyais que ma vie n'aurait plus aucun sens ... que je ne méritais plus de respirer cet air ... elle est arrivée, m'a tendu la main et m'a montré la voie à suivre ... Elle se fichait de ce que je pouvais avoir fait, de ce que je faisais ou de ce que je ferais ... elle voulait juste que je reste avec elle ... elle voulait me montrer ce qu'était la vraie vie et elle me l'a montré chaque jour depuis deux ans ... Je sais qu'elle ne voudrait pas vous voir vous comporter de la sorte ... et même si elle n'est pas là, je suis certain qu'elle aurait agi de la même manière que moi ...  

 

Jake sentit la main de Ryô se décontracter, il relâcha donc le poignet de son client et le laissa se reculer tel un animal blessé : les yeux au sol, le japonais était perdu ... Kaori ... Kaori avait sauvé Jake comme elle l'avait sauvé autrefois ... pourquoi ... pourquoi fallait- il que la seule femme qui puisse lui donner envie de se battre soit sur un lit d'hôpital ? Son épouse l'attendait en haut, certainement encore bâillonnée, mais il s'en fichait royalement ... était-ce la réaction normale d'un mari aimant ? Sûrement pas ! Pourquoi Serena n'était-elle pas comme Kaori, la dureté de l'engagement n'en serait que plus douce ...  

 

Mais il lui fallait être logique, Kaori n'aurait jamais accepté d'épouser un homme aussi faible que ce qu'il était en ce moment mais il était obligé d'agir ainsi ... il devait agir de la sorte sinon elle allait mourir ...  

 

Toujours les yeux rivés au sol, Ryô souffla difficilement :  

 

- Peut - être que vous avez raison ... mais il est des situations où on ne peut choisir la manière d'agir ... on y est contraint ...  

- Ouh ! Je sens que le moment révélation est arrivé ... allez-y ! Je vous écoute ... expliquez moi de quelle obligation il s'agit ...  

 

Jake avait fini sa phrase en se rapprochant de son client, les yeux brillants et un sourire exalté sur les lèvres, avide de connaître le sens implicite de la phrase : ce fut à ce moment que Ryô comprit ce que Jake essayait de faire depuis tout à l'heure ... tout devint clair et limpide dans l'esprit du nettoyeur ... l’homme l'avait poussé à se mettre en colère pour pouvoir l'amener précisément à l'endroit où il voulait le mener, il lui avait fait évacuer toute la rage rentrée qui l'habitait, il venait de lui rendre service ...  

 

- Allez Monsieur Saeba ! reprit Jake. Vous étiez à deux doigts de tout me dire ! Crachez le morceau ! Vous vous sentirez mieux !  

- Je n'ai rien à vous dire ... soupira Ryô en reprenant contenance. Je ne vois pas en quoi ma vie pourrait vous intéresser ?  

- Vous vous fichez de moi là ? Tout le monde veut savoir ce que votre union à Serena cache ... parce que, excusez mon langage, plus mal assortis que vous deux ça n'existe pas !  

 

Jake se surprit lui - même en parlant de la sorte : on aurait dit que c'était Fabian qui s'exprimait à travers sa bouche ... cette décontraction feinte était bien loin de son image habituelle mais elle avait le mérite de mettre en confiance les personnes alors autant en user et en abuser ! Quitte à en rajouter une couche ! Jake n'était pas à ça près ! Il n'hésita donc pas à afficher un sourire niais au possible, made in Fab', pour finir de convaincre Ryô.  

 

Ce dernier, esquissa un semblant de sourire pour finir par rire légèrement :  

 

- Monsieur Davis, ce style correspond à votre partenaire mais vous, vous êtes ridicule d'agir de la sorte ! Vous tenez donc tant à connaître les raisons qui m'ont poussé à épouser Serena ?  

- Parfaitement.  

- Très bien ... je vous propose un deal ... je vous dis pourquoi j'ai épousé Serena et vous me dîtes pourquoi vous avez pris Kaori comme partenaire ... c'est jouable comme marché ? Non ?  

- Vous êtes rusé ... soupira Jake. Je présume qu'elle a refusé de vous parler de notre rencontre ... ?  

- C'est ça ...  

- D'accord ... ce qu'on va faire c'est que nous allons chacun dire une phrase qui résume nos situations mais nous ne dirons rien de plus ! Compris ? Je ne pourrais vous en dire plus ... j'ai promis à Kaori quelque chose ... je suis fidèle à ma parole ... je vous donnerais donc un semblant de réponse mais je ne dirais rien de plus tant que Kaori ne sera pas à mes côtés ... cela vous convient ?  

- J'agirais de la même façon ! approuva Ryô. On compte jusqu'à trois et on parle ?  

- Ça me convient.  

 

Les deux hommes se fixèrent du regard en silence puis d'un même mouvement, ils ouvrirent la bouche et soufflèrent ensemble :  

 

- J'ai fait ça pour sauver la vie de Kaori ...  

 

Ryô et Jake se fixèrent ... ils venaient de dire la même chose ...  

 

- Quoi ? S’exclamèrent- ils à nouveau en chœur  

 

A quelques kilomètres de là, une jeune femme était en train de se battre contre la mort : allongée sur un lit dans une chambre plongée dans un silence angoissant, elle semblait dormir et pourtant les appareils branchés sur son corps prouvaient bien que loin de dormir, elle était en train de lutter pour rester en vie. Son partenaire ne se trouvait plus dans la chambre : Fabian l'avait veillé pendant des heures mais il venait de déserter son poste le temps d'aller se chercher un café.  

 

Mais Kaori n'était pas seule pour autant car alors que Fabian avait quitté la salle, la fenêtre de sa chambre grinça légèrement et une ombre se glissa lentement dans la pièce. Un homme tout de noir vêtu atterri lestement sur le carrelage et tout aussi doucement progressa en direction du lit de la jeune femme : l'inconnu qui portait un sac, le posa sur les jambes de Kaori avant d'en sortir une seringue et un petit flacon.  

 

Très rapidement, il remplit la seringue avec le liquide incolore présent dans le flacon et se retournant vers la malade, approcha l'aiguille du robinet de la perfusion. Il eut un rire mauvais et avant de passer à l'acte, caressa le visage pâle de sa victime en murmurant :  

 

- Il est temps que le jeu s'accélère ... je vais faire avancer les choses ... les joueurs s'affolent et le maître du jeu triomphe ...  

 

Sa tirade conclue, il se reconcentra sur son action mais alors qu'il allait injecter le produit dans le sang de Kaori, une arme se fixa sur sa nuque tandis qu'une voix sombre lâcha :  

 

- Ça ferait quoi si un joueur devenait maître du jeu ... ? 

 


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