Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: Tenshi

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 30 capitoli

Pubblicato: 23-08-09

Ultimo aggiornamento: 19-10-11

 

Commenti: 244 reviews

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GeneralRomance

 

Riassunto: Une nouvelle aventure pour un couple mythique !

 

Disclaimer: Les personnages de "Je t'aime… un peu… beaucoup… à la folie… Mokkori ?!" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Je t'aime… un peu… beaucoup… à la folie… Mokkori ?!

 

Capitolo 12 :: Des énigmes dans le noir (1)

Pubblicato: 24-02-10 - Ultimo aggiornamento: 20-12-10

Commenti: Bonjour à tous :) Encore merci pour tous vos messages ! Je suis désolée de mettre si longtemps pour majer en ce moment. Merci à ma bêta pour son travail toujours aussi rapide et efficace^^ J'espère que cette suite vous plaira ! Bisous et bonne lecture, Tenshi.

 


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Empêtré dans des draps chiffonnés, Shinichi était secoué de tremblements involontaires. Des gémissements plaintifs franchissaient ses lèvres serrées. Les traits crispés, l’homme d’affaires revivait les souvenirs les plus douloureux de son enfance… Ceux qui avaient brisé pour toujours son cœur de petit garçon…

 

Enfin… Aujourd’hui, il rentre à la maison. Aujourd’hui, il va la revoir. Le nez collé aux vitres de la voiture familiale, son cousin et lui guettent avec impatience le moment où ils apercevront les hautes grilles qui entourent le manoir. Le ciel est gris, les nuages bas, il fait lourd. Shinichi trépigne ; s’il se met à pleuvoir, le vieil intendant ne les laissera pas sortir… Les instructions de Madame sa mère, partie rendre visite au préfet avec son mari, ont été très claires. C’est pourquoi le garçonnet s’écrie d’un ton impérieux :

 

- Plus vite, Kobayoshi !

 

- Je m’y emploie, jeune maître…

 

Le véhicule s’engage dans un tournant, manquant de renverser les petits paquets recouverts de papier brillant que les deux enfants gardent sur leurs genoux. Shinichi lance un coup d’œil à son empoté de cousin, lequel vient de rattraper de justesse son paquet. Pas de danger que lui le laisse échapper… Ce sont des présents pour Karin.

 

La voiture est à peine arrêtée que les deux gamins sont déjà dehors. Leurs pas précipités font crisser le gravier de l’allée, puis résonner les dalles froides du hall. Tout au bout, une porte… qui s’ouvre sur le jardin bien entretenu de la propriété. Il n’y a personne. Les enfants s’observent d’un air interrogateur, puis le même éclair de connivence traverse leur regard.

 

- La cabane !

 

C’est le charmant abri en bois qu’ils ont construit avec l’aide du papa de Karin. Mais là non plus, il n’y a personne. Quelques livres sur une étagère, des pommes sur une table, un chapeau de petite fille sur une chaise… Le sentiment de vide et d’abandon que ressent alors Shinichi lui étreint la poitrine avec force. Les enfants ressortent d’un pas lent, déçus.

 

- Dis… se souvient soudain Kinusuke. Tu sais quel jour on est aujourd’hui ? C’est aujourd’hui que…

 

Bien sûr… Comment n’a-t-il pas réalisé… C’est le premier anniversaire de la mort de la maman de Karin.

 

Ils la trouvent derrière la maisonnette où elle habite avec son père. Petite silhouette agenouillée devant la tombe… Sa légère robe d’été rouge tranche avec la teinte grise de la pierre. La gorge de Shinichi se serre devant ce spectacle. Il ne peut s’empêcher de la trouver belle.

 

Enfin, elle sent leur présence et se retourne avec un sourire éclatant. Comment fait-elle pour cacher sa tristesse… Shinichi l’admire. Elle lui a tellement manqué. Sa courte et rebelle chevelure brune, ses grands yeux noisette, ses adorables fossettes…

 

- Rin ! s’écrient les garçonnets d’une même voix.

 

- Shin-chan ! Kin-chan !

 

Ils se bousculent autour d’elle, Shinichi cherchant à lui présenter son cadeau le premier. Leur empressement la fait rire, de ce rire cristallin que Shinichi aime tant.

 

- C’est pour moi ? fait mine de demander la fillette, qui connaît très bien la réponse.

 

- Oui, tiens !

 

Cette fois, Kinusuke est plus rapide. Mais Shinichi n’en a cure. Mieux vaut passer en second ; son cadeau à lui est bien plus intéressant qu’une stupide…

 

- Oh, la poupée Princesse Sara !! Merci, Kin-chan !

 

Elle se met à bercer la poupée, puis se tourne vers Shinichi, surexcitée. Sûr de lui, le garçon lui présente son cadeau, bras tendus. Mais le sourire de la fillette s’est figé. Le geste de Shinichi a découvert ses poignets nus…

 

- Tu ne portes pas ton bracelet ?

 

C’est au tour du garçonnet de se figer. Son cœur d’enfant l’avertit que l’heure est grave.

 

- Euh, je… Je… balbutie-t-il, la gorge nouée.

 

- Pourquoi tu ne l’as pas ? s’énerve Karin.

 

Kinusuke observe l’échange sans comprendre.

 

- Je… Je l’ai perdu, avoue piteusement Shinichi.

 

- C’était notre bracelet de l’amitié !

 

Déjà bouleversée par les pénibles souvenirs que ce jour si particulier a ramenés à la surface, la fillette laisse éclater son chagrin.

 

- Tu l’as perdu, sanglote-t-elle. Tu ne tiens pas à moi…

 

- Non, c’est faux ! se récrie Shinichi avec véhémence. C’est la faute de mon père, il…

 

- Il ne m’aime pas… Et toi, tu as honte de moi !

 

- Non !

 

Elle court s’enfermer dans la maison. On l’entend pleurer. Atterrés, les garçons la conjurent d’ouvrir. Rien n’y fait. Les premières gouttes de pluie se mettent à tomber. La mort dans l’âme, Shinichi dépose son paquet sur le seuil.

 

- Viens Shin, il faut rentrer, dit Kinusuke d’un ton hésitant, posant une main compatissante sur l’épaule de son cousin.

 

Mais le garçonnet se dégage d’une secousse et se met à courir. Où était-ce ? De ce côté ! Il se laisse tomber à genoux dans l’espoir de retrouver l’objet de la discorde. Ses mains fouillent la poussière qui devient boue… Sa panique et sa tristesse brouillent ses recherches. Il fait plus noir, l’averse éclate. Et à ses larmes de désespoir se mêlent les gouttes de pluie…

 

Le décor change…

 

C’est une très belle matinée de printemps. Une légère brise agite les cerisiers en fleurs. Karin est étendue sur l’herbe, le regard dirigé vers le ciel. Shin et elle aiment bien s’allonger pour observer le mouvement des nuages. Mais aujourd’hui, il n’y a pas de nuage.

 

Elle est si belle. Pourquoi a-t-il peur ? Son cœur d’enfant l’avertit que l’heure est grave, très grave. Un pétale rose vient recouvrir l’œil droit de la fillette. Il a compris. Sa gorge se serre. Il l’appelle d’une voix étranglée. Pourquoi ne le regarde-t-elle pas ? Il lui tourne la tête vers lui. Son regard fixe lui fait peur, alors il la lâche.

 

Mais sur ses mains… Du sang… Ses mains sont pleines de sang ! Il ouvre la bouche pour crier, mais il n’y arrive pas.

 

- NOOOOON !!

 

Kaori commençait à somnoler lorsque le cri de terreur la fit se dresser sur son séant. Parfaitement éveillée à présent, elle repoussa vivement le mince drap qui la couvrait, prête à aller porte secours au client. Elle chercha du regard son partenaire ; il était déjà debout, fouillant sous son oreiller pour récupérer son magnum. Ryô ne ressentait la présence d’aucun intrus, mais l’expérience lui avait appris à ne jamais se séparer de son arme. Ce léger laps de temps fit que Kaori et lui arrivèrent au même moment dans l’encadrement de la porte - celle-ci étant restée ouverte à cause de la chaleur -… où ils se télescopèrent violemment.

 

Par réflexe, Ryô rattrapa Kaori d’une main ferme, la plaquant contre lui avant qu’elle n’aille heurter le mur. Cette brève étreinte ne dura que quelques secondes, durant lesquelles chacun constata que leurs deux corps s’épousaient parfaitement… Quelques secondes à échanger un regard surpris, où perçait une pointe de tension sexuelle créée par cette soudaine proximité… Mais leur élan les projeta finalement dans le couloir, où ils reprirent leur course vers l’escalier.

 

Lorsqu’ils s’arrêtèrent devant la porte de la chambre de Ryô, ils entendirent distinctement le bruit d’une respiration hachée et de murmures psalmodiés, formant une litanie sans fin.

 

- Shinichi ? appela Kaori avec inquiétude tandis que Ryô tentait d’ouvrir la porte.

 

- Bon sang, c’est verrouillé de l’intérieur ! fulmina le nettoyeur. Il s’est enfermé, l’imbécile… Kaori, écarte-toi !

 

Ryô enfonça la porte d’un vigoureux coup d’épaule, et ils entrèrent.

 

Le cœur de Kaori manqua un battement. Dans la chambre baignée d’une clarté lunaire, Shinichi tremblait de tout son corps, assis dans son lit en désordre. Leur client d’ordinaire si maître de lui avait le visage décomposé, les yeux exorbités d’une terreur qui le faisait claquer des dents. Il ne semblait même pas avoir remarqué la présence de ses gardes du corps. Il regardait ses mains, comme hypnotisé, répétant inlassablement : « Du… sang… Du… sang… ».

 

- Mon Dieu … Shinichi, vous êtes blessé ? demanda Kaori en accourant vers lui, suivie de près par son partenaire.

 

Une plainte déchirante monta alors de la gorge du client.

 

- Du… sang… Du… sang !

 

Les larmes aux yeux, Kaori leva la tête vers le nettoyeur.

 

- Qu’est-ce qu’il a, Ryô ?

 

Ryô observa attentivement les pupilles dilatées de l’homme d’affaires, son front en sueur, ses mains qui tremblaient.

 

- Hum… Ses symptômes ressemblent à ceux d’un drogué en manque, murmura Ryô.

 

- Quoi ? s’exclama Kaori avec stupéfaction. Shinichi, un drogué ? Je n’y crois pas…

 

Ryô s’écarta pour aller fouiller la table de chevet. La jeune femme s’assit au bord du lit et plaça ses propres mains sur celles de Shinichi.

 

- Calmez-vous Shinichi… Tout va bien, vous êtes en sécurité… Tout va bien…

 

À première vue, il n’y avait rien de suspect sur le chevet. Une montre, un bloc-notes, un agenda… Rien d’intéressant non plus dans le premier tiroir. En revanche, dans le deuxième…

 

- Je crois que j’ai trouvé, lança Ryô, brandissant un flacon rempli de pilules.

 

- Qu’est-ce que c’est ? demanda Kaori, ses mains toujours sur celles du client, dans une étreinte rassurante.

 

Le nettoyeur plaça l’objet à la fenêtre pour lire l’étiquette.

 

- Anxitil… C’est un antidépresseur, constata Ryô sans surprise. Cauchemars, transpiration excessive et tremblements sont les trois premiers effets secondaires…

 

- Il faut absolument qu’il arrête d’en prendre ! s’exclama la jeune femme. Ce médicament ne lui convient pas, c’est évident… Regarde l’état dans lequel ça l’a mis !

 

- Ouh là… Et ce n’est pas tout…

 

- Quoi ? demanda Kaori, apeurée par la mine sombre de son partenaire.

 

- Baisse de la libido et troubles de l’érection… Je comprends qu’il cauchemarde !

 

- Crétin !

 

Soudain, Kaori sentit une larme tomber sur sa main. Shinichi pleurait !

 

- Je n’arrive pas à le calmer, soupira-t-elle. Qu’est-ce qu’on va faire, Ryô ?

 

Le nettoyeur reposa le flacon et prit un air absorbé, le menton dans la main.

 

- Je connais bien un moyen… commença-t-il avec lenteur. Il faudrait le stimuler pour qu’il revienne à son état normal…

 

- Très bien, mais comment ?

 

Kaori avait toute confiance en son partenaire. Elle savait que Ryô était le plus à même d’aider Shinichi à surmonter son attaque de panique, ayant lui-même vécu cette situation lorsqu’il avait souffert des terribles crises de manque provoquées par la Poussière d’ange…

 

- Kaori… Shinichi doit bander !

 

Le tee-shirt de la jeune femme abasourdie lui glissa d’une épaule.

 

- Bander devant une belle femme revigore n’importe quel homme ! Et si tu te mettais à poil ? Euh non, réflexion faite, n’en fais rien. Il ne faudrait pas le traumatiser une fois de plus, le pauvre…

 

- Ryôôô ! rugit Kaori.

 

- Bon bon, d’accord, c’était juste une blague…

 

Ryô s’installa aux côtés de Kaori et posa une main sur la nuque de Shinichi, tandis qu’il appuyait de l’autre sur un point précis de son dos.

 

Au bout d’une minute, le client ne tremblait plus et respirait de façon plus mesurée.

 

- Ça marche ! souffla Kaori.

 

- Alors mon vieux, on se sent mieux ? demanda Ryô, en cherchant à capter le regard de Shinichi.

 

Ce dernier releva lentement la tête. Il avait les yeux étrangement voilés.

 

- Tu es enfin là… murmura-t-il d’une voix sans timbre. Je t’attends depuis si longtemps…

 

- Ah, je savais bien qu’il était gay ! lança Ryô en retirant précipitamment ses mains.

 

Shinichi distingua dans un brouillard confus deux mains fines recouvrant les siennes, une courte chevelure rebelle et deux yeux noisette compréhensifs qui l’observaient avec inquiétude…

 

- Je t’attends depuis si longtemps… Karin !

 

Et Kaori se sentit brusquement happée par une étreinte violente, coincée contre la poitrine du client, prisonnière entre ses bras qui la serraient à l’étouffer.

 

- R… Ryô ! hoqueta-t-elle.

 

Le nettoyeur n’avait rien vu venir. Pourtant, on l’avait prévenu…


 

 

Flashback, en fin de matinée sur la terrasse de KOMACOM

 

- Ça va ! Lâchez-moi ! protesta Kinusuke qui se débattait comme un diable.

 

- …

 

- Je vous ai dit de me lâcher ! Argh !

 

Emporté par sa fougue, l’homme s’étala sur le sol lorsque Ryô le laissa aller sans crier gare.

 

- Il vous paie pour faire son sale boulot, hein ? Allez-y, cassez-moi la figure, je n’ai pas peur ! s’écria-t-il avec une assurance qui sonnait faux.

 

Se relevant tant bien que mal, il observa Ryô se diriger vers la rambarde où il s’accouda d’un air nonchalant. Le regard haineux, il le vit sortir une cigarette et l’allumer tranquillement.

 

- Ne m’ignorez pas en plus ! rugit Kinusuke qui se rua sur le nettoyeur, poing levé.

 

Ryô anéantit cette tentative pitoyable avec une facilité déconcertante. L’assaillant se retrouva à genoux, le poignet endolori.

 

- Ne jamais attaquer lorsqu’on est guidé par la colère, proféra Ryô d’un ton doctoral. Si j’avais vraiment voulu me montrer méchant, je me serais écarté de quelques centimètres et vous seriez passé par dessus la rambarde, emporté par votre élan…

 

Kinusuke se redressa en grinçant des dents, vaincu.

 

- … Vous vous seriez écrasé en bas, laissant votre charmante femme élever seule votre petite fille… continua le nettoyeur qui observait attentivement une photo de famille.

 

- Hé ! Mon portefeuille ! Quand me l’avez-vous pris ?

 

- Prenez bien soin d’elles au lieu de faire l’imbécile, suggéra Ryô en lui rendant l’objet.

 

Kinusuke avala bruyamment sa salive.

 

- Qu’est-ce que vous voulez dire ? Vous n’allez quand même pas… Ne les touchez pas, sinon… !

 

- Sinon vous vous précipiterez sur moi en braillant, termina Ryô, sarcastique. Rassurez-vous, je ne m’intéresse ni aux femmes mariées ni aux enfants…

 

Kinusuke fronça les sourcils avec perplexité face à cette étrange réponse.

 

- Dites euh… Vous… Vous avez de la famille ? demanda-t-il. Vous avez bien des gens à qui vous tenez ?

 

Ryô se contenta de rejeter la fumée de sa cigarette au loin, regardant les fines volutes s’étirer et tournoyer lentement dans le ciel. Puis alors que Kinusuke n’attendait plus de réponse de sa part, Ryô murmura comme pour lui-même :

 

- Sugar boy…

 

Si bas que Kinusuke se demanda s’il avait bien entendu. Mais il décida de ne pas chercher plus loin, ayant trop besoin de déverser sa bile.

 

- Bref, la famille, normalement c’est sacré. Mais cette espèce d’enfoiré qui vient de me muter à Pétaouchnok, c’est mon propre cousin ! De toute façon, il ne m’a jamais aimé : la famille, ça ne veut rien dire pour ce monstre sans cœur. Nous venons d’enterrer mes très chers oncle et tante ; toute la société est en deuil… sauf lui et cette… vipère malfaisante… Quel coup dur pour moi qui ai déjà perdu mes parents lorsque j’avais à peine deux ans…

 

- Ces fils à papa… soupira Ryô. Toujours en train de se plaindre…

 

- Comment ? Je ne vous permets p…

 

Kinusuke s’interrompit brusquement, réalisant que l’expression « ces fils à papa » incluait également Shinichi.

 

- Vous êtes bizarre, vous. Vous insultez celui qui vous a engagé ? reprit-il, incrédule.

 

- Bof, ce n’est pas vraiment lui qui m’a engagé…

 

Encore une réponse énigmatique. Cet homme avait vraiment le don de le déstabiliser.

 

- Qui est « elle » ? demanda soudain Ryô.

 

- Je vous demande pardon ?

 

- Tout à l’heure, quand vous abreuviez votre cousin d’injures, j’ai cru comprendre que vous parliez d’une ancienne connaissance…

 

Le regard de Kinusuke se fit alors doux et lointain.

 

- Kin, Shin et Rin… récita-t-il avec un petit rire nostalgique. Karin…

 

- Vous aviez l’air d’être très proches…

 

- En quoi cela vous intéresse-t-il ? demanda Kinusuke, de nouveau méfiant.

 

- Je m’efforce de tout connaître de mes clients. De Shinichi Komamura, je ne sais que ce qu’on lit dans Les 100 plus grands businessmen du Japon : a fait ses études en Angleterre, licence de communication, master d’économie et de sciences politiques, soutient bon nombre d’associations caritatives, bla bla bla… Ce qui m’intéresse, c’est ce qui se cache sous cette façade impeccable…

 

Un tic nerveux passa sur le visage de Kinusuke.

 

- Si vous aviez su, peut-être n’auriez-vous pas accepté de travailler pour lui… Pour un homme qui attire la mort !

 

« Il n’est pas le seul… » pensa Ryô avec ironie.

 

- La première tragédie remonte à une vingtaine d’années, raconta Kinusuke. Enfants, nous habitions au manoir familial, à la campagne. Karin, la fille de notre jardinier, était notre camarade de jeu. Shinichi surtout, passait plus de temps à jouer avec elle qu’à assister à nos leçons privées… Ils étaient toujours fourrés ensemble. Et puis un jour…

 

Les mains de Kinusuke se crispèrent sur la rambarde.

 

- Un jour… On l’a retrouvée morte. Les flics ont conclu à un banal accident, comme quoi elle jouait sur le gazon et était tombée la tête sur une pierre, et l’affaire a été classée. Elle n’avait que huit ans. Son père, qui avait déjà perdu sa femme l’an passé, s’est pendu dans sa maison. Une véritable tragédie…

 

L’homme serra contre lui la photo de sa femme et de son bébé pour se réconforter.

 

- Bien qu’il ne le montre pas, Shinichi ne s’en est jamais remis. Moi non plus, d’ailleurs. Et là, il m’en veut parce que j’essaie d’avancer, je me suis construit une famille… Après le drame, il est devenu… instable. La nuit, il hurlait à la mort. On nous a envoyés dans un pensionnat en Angleterre, où nous avons passé toute notre adolescence. C’est là qu’il a rencontré cette sorcière de Misa. Du jour au lendemain, lui qui n’avait aucun ami, a commencé à traîner avec elle. Qui se ressemble s’assemble…

 

Le besoin qu’avait Kinusuke de s’épancher rendait ce flot de paroles quelque peu incohérent, mais Ryô avait appris beaucoup de choses.

 

- Un assez lourd passé… commenta le nettoyeur. Ça, ce n’était pas mentionné dans Les 100 plus grands businessmen du Japon !

 

- Si j’étais vous, je ferais attention, enchaîna Kinusuke. Shinichi fait le beau, mais moi je vous dis qu’il est dingue. Et Misa est son âme damnée. Il y a eu aussi cette affaire à la pension…

 

Ryô leva la main en signe d’avertissement et Kinusuke se figea. TAC – TAC – TAC. Sur les marches de l’escalier menant à la terrasse résonnait le claquement sinistre d’une paire de talons aiguille. Le sommet d’une chevelure blonde apparut, puis des yeux d’un vert terne et froid, une bouche peinte en rouge écarlate dont les lèvres s’étiraient en un sourire mauvais… Le regard de Kinusuke s’affola, une goutte de sueur glissant le long de sa tempe, et Ryô comprit à quel point cette femme lui faisait peur.

 

- Ah, voilà donc où vous vous cachiez, Kinusuke-kun, dit-elle d’une voix si tranquille qu’elle en paraissait menaçante.

 

- Je ne… Je ne me cachais pas…

 

- J’ai appris le regrettable incident que vous avez provoqué, continua-t-elle. Votre attitude est indigne d’un respectable cadre de KOMACOM.

 

Elle observa avec délectation Kinusuke blêmir.

 

- Vous êtes sexy en femme dominatrice, intervint Ryô, un regard pervers fixé sur ses jambes fines. Vous me rappelez cette actrice de talent qui a joué dans ce célèbre film pour adultes, Busisex Woman

 

Misa ne prit pas la peine de répondre et darda de nouveau ses iris glacés sur Kinusuke.

 

- Kinusuke-kun, on m’a chargée de vous emmener aux Ressources humaines. Des papiers à signer… pour une mutation, c’est bien cela ? précisa-t-elle d’un air faussement interrogateur.

 

- Oui, répondit celui-ci, la voix étranglée de hargne.

 

- Alors après vous, reprit Misa en lui désignant l’escalier.

 

Avant de partir, elle jeta un coup d’œil étrange au nettoyeur occupé à regarder ses fesses, puis redescendit les marches d’un pas lent. TAC – TAC – tac – tac…

 

Fin du flashback.


 

 

Tordue entre les bras de Shinichi, Kaori commençait à paniquer, d’autant qu’il n’arrêtait pas de l’appeler « Karin » avec des sanglots convulsifs dans la voix.

 

- Ry… Ryô !

 

- Karin… Oh, Karin…

 

- Ryô ! s’écria la jeune femme en essayant de se dégager.

 

Mais le client resserra aussitôt son emprise.

 

- Non Kaori, ne lutte pas ! Je suis là, je vais t’aider, déclara le nettoyeur.

 

Kaori fit en sorte d’occulter les gémissements de Shinichi pour se concentrer sur la voix rassurante et adorée de son partenaire. Du coin de l’œil, elle le vit s’approcher de l’oreille du client.

 

- Ce n’est pas Karin… Karin est morte ! asséna Ryô d’une voix dure et tranchante.  

 

 


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