Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: Tenshi

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 30 capitoli

Pubblicato: 23-08-09

Ultimo aggiornamento: 19-10-11

 

Commenti: 244 reviews

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GeneralRomance

 

Riassunto: Une nouvelle aventure pour un couple mythique !

 

Disclaimer: Les personnages de "Je t'aime… un peu… beaucoup… à la folie… Mokkori ?!" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Je t'aime… un peu… beaucoup… à la folie… Mokkori ?!

 

Capitolo 19 :: Révélation (1) : Karin

Pubblicato: 18-08-10 - Ultimo aggiornamento: 18-08-10

Commenti: Coucou^^ Désolée d'avoir tardé à majer. Pour me faire pardonner, voici un nouveau chapitre :) Il est plus long que les autres, et aussi plus sombre, mais c'est pour les besoins de l'histoire^^ Un grand merci à ma bêta pour sa précieuse relecture et ses corrections :) J'espère que ce chapitre vous plaira ! Bisous et bonne lecture. Ten.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30


 

Il lui sembla que le ciel lui tombait sur la tête. Kaori vivait un véritable scénario catastrophe. C’était sans doute sa punition pour avoir espéré passer une soirée normale, comme n’importe quelle femme. Mais son métier l’avait rattrapée. Et le client dont elle avait la surveillance était sur le point de mourir des mains de l’ennemi.

 

Pourquoi… pourquoi fallait-il que Shinichi se mette à jouer au héros ? déplora la nettoyeuse, atterrée. Il ne faisait pas le poids ! Elle non plus, elle le savait, mais… son devoir était de retenir leur agresseur le plus longtemps possible pour laisser à Shinichi une chance de s’enfuir ! Ne l’avait-il donc pas compris ? S’il s’entêtait à agir comme un imbécile, il allait finir par y rester… Pour la première fois de son histoire, City Hunter était sur le point de perdre un client. Les traits contractés par la rage et la détresse, Kaori s’apprêtait à lui hurler de sauver sa peau, lorsque Kentaro partit soudain d’un immense éclat de rire.

 

Interloqué, Shinichi se figea, un air d’incompréhension totale sur le visage, ce qui redoubla l’hilarité du yakusa. La main qui tenait le couteau retomba mollement le long de son corps.

 

- Que… Qu’y a-t-il de si amusant ?! s’écria Shinichi d’une voix suraiguë.

 

L’homme d’affaires voyait rouge. Il pensa avec amertume qu’un autre que lui, arme au poing, aurait pu impressionner ce bandit de bas étage. Mais dans les yeux du type, nulle trace d’une quelconque angoisse. Seulement un mépris amusé. Shinichi connaissait bien ce regard, il y avait eu affaire toute sa vie… Dans les yeux des collaborateurs de son père – un père jamais satisfait de son fils –, dans ceux de ses camarades au pensionnat… Puis plus tard, chez les autres cadres de KOMACOM, tous des requins envieux, sans parler de ce Saeba de malheur qui ne voyait en lui qu’un fils à papa geignard… La dernière chose qu’il souhaitait, c’était que Kaori lui adresse le même regard. Il ne le supporterait pas. La haine se répandit en lui, et il serra le couteau à en faire pâlir les jointures de sa main. C’est alors qu’il commit une grave erreur.

 

- Qu’est-ce qui te fait rire, connard ?! éructa-t-il, le visage déformé par la colère.

 

Les soubresauts convulsifs de Kentaro se calmèrent sur le champ, et un silence oppressant s’installa. Les yeux de Kaori, écarquillés d’horreur, papillonnèrent avec angoisse de Shinichi au yakusa, dont la subite raideur n’augurait rien de bon pour la suite. La jeune femme réalisa qu’elle avait complètement perdu le contrôle de la situation. Ses lèvres se mirent à trembler, et des larmes d’impuissance embuèrent son regard noisette.

 

Le combat venait d’entrer dans sa phase la plus critique. Shinichi allait mourir devant elle, et après ce serait son tour… Kaori maudit sa propre faiblesse, et la honte la submergea. Quelle piètre partenaire elle faisait ! Jamais Ryô n’aurait laissé les choses déraper à ce point. Ryô… Deux grosses larmes roulèrent le long des joues de la nettoyeuse, emportant dans leur sillage une traînée de mascara. Les traits de son partenaire se matérialisèrent dans son esprit et défilèrent à toute vitesse. Le Ryô au visage concentré de professionnel, sa face de pervers lubrique, la bouille de Babyface qu’il n’arborait qu’une fois endormi… Ainsi, c’était fini, elle n’allait plus les revoir ? Oh que non ! Qui allait empêcher Ryô de faire le joli cœur si elle mourait ? Qui l’obligerait à travailler sérieusement ?

 

La main valide de Kaori se resserra sur le couteau planqué sous sa jambe gauche. Elle pouvait encore se battre ! Prête à bondir comme un serpent qui attaque, la nettoyeuse banda ses muscles, dégaina… et hurla de douleur.

 

- Petite garce sournoise. Tu croyais que je t’avais oubliée ? persifla Kentaro qui venait de lui attraper le bras avec une poigne d’enfer, le tordant sans pitié. Tu veux que je te dise, j’en ai ma claque de vous deux…

 

La lame tomba à terre dans un tintement sinistre.

 

- Ordure… articula Kaori, à peine audible.

 

- Maintenant, ça suffit ! Tu vas la lâcher, conn… Aah !

 

- Shinichi !

 

La main plaquée sur une entaille au visage toute fraiche qui pissait le sang, le client lâcha son couteau et se laissa glisser le long de la limousine.

 

- Alors, on fait moins le malin, hein l’aristo ? triompha le yakusa. On a voulu jouer à James Bond pour impressionner sa pute ? Pauvre merde, on m’a demandé de te ramener vivant… Mais on ne m’a pas précisé dans quel état ! Alors continue à jouer au con avec moi, et tu le regretteras…

 

Shinichi observa sa main inondée de sang en tremblant comme une feuille. Sourd aux cris de Kaori qui le suppliait de la rassurer sur son état, il commença à basculer dans un monde en noir et blanc… Celui de ses cauchemars. Il redevenait le garçonnet aux mains pleines de sang. Et la petite fille le regardait de ses grands yeux ouverts, sans ciller…

 

- Shinichi ! Réponds-moi ! Shinichi ! s’époumonait Kaori.

 

- Mais tu vas la fermer, ta gueule !

 

Cette fois, c’est la fin… pensa la jeune femme au moment où sa tête heurtait le mur de la ruelle avec violence. Il lui sembla que son crâne se fendait en deux sous le choc. Elle sentit un liquide chaud et poisseux ruisseler le long de son oreille, son cou, son épaule. La sale face réjouie de l’autre affreux emplit son champ de vision, puis ce fut le brouillard.

 

- Ryô… murmura-t-elle avant de perdre conscience.

 

Kentaro jubilait en allongeant le corps inerte de Kaori. Il comptait bien prendre son temps pour se venger de cette salope qui l’avait ridiculisé et mis dans le collimateur de Saeba. Hé hé hé, en parlant de Saeba… Il allait se faire un plaisir de baiser sa copine. D’autant qu’elle avait l’air bien foutue. Il se mit à déchirer lentement la belle robe argentée de la jeune femme avec un sourire lubrique des plus répugnants. Vraiment bien foutue, la nana.

 

- Hé l’aristo, mets-la en veilleuse, tu me gâches mon coup, là, lança-t-il à Shinichi.

 

Les gémissements plaintifs de ce dernier commençaient vraiment à lui taper sur le système.

 

- Et maintenant… ricana l’abject personnage, contemplant Kaori en sous-vêtements. À nous deux !

 

Il avançait une main frémissante vers sa petite culotte lorsqu’il s’arrêta net : le canon d’un pistolet venait de se poser sur sa nuque.

 

- Tu m’as volé ma réplique, raclure.

 

Kentaro sentit son sang se figer dans ses veines.

 

- Sa… Saeba… murmura-t-il d’une voix blanche.

 

Son cœur rata un battement. Écrasé par l’aura de Ryô, terrifiante de haine contenue, le yakusa comprit qu’il n’allait pas faire de vieux os.

 

- Je crois que la leçon de l’autre soir n’a pas porté ses fruits, enchaîna le nettoyeur en armant le chien de son Magnum.

 

Ce déclic funeste sonnait le glas de sa misérable existence de truand. Kentaro considéra le corps meurtri de Kaori qui gisait à ses pieds. Bon sang, il était foutu, il allait crever comme un chien ! Sans même avoir pu profiter de cette petite grue… Un effroi mêlé d’amertume transforma son visage en un masque hideux.

 

- Liquide-moi ça, Ryô, lança un homme doté d’un fort accent américain. Cette ordure me donne envie de gerber.

 

Bordel, ils étaient à deux sur lui ! Angel et Saeba ! Ce qui signifiait qu’il n’avait pas la moindre chance de s’en tirer. Il ne survivrait pas à cette troisième rencontre… Jamais deux sans trois, le dicton se vérifiait. Mais l’instinct de survie prit le dessus. Bien que paralysé par la peur, Kentaro tourna légèrement la tête pour évaluer ses options de fuite – s’il en existait.

 

- Ne bouge pas !

 

Il obtempéra immédiatement, car Saeba le maintenait en joue comme s’il voulait lui transpercer le crâne de son flingue.

 

- Tout compte fait, tu vas te lever et rejoindre tes amies les poubelles. Je ne voudrais pas que ta cervelle immonde se répande sur le corps de ma partenaire… Debout !

 

La mort dans l’âme, Kentaro s’exécuta, les jambes flageolantes. Il aperçut dans un brouillard Angel agenouillé près de Komamura ; et il comprit tout à coup pourquoi il s’était fait surprendre si facilement : les plaintes incessantes de cette lopette avaient couvert l’arrivée des deux hommes.

 

- Il est en état de choc et a écopé d’une belle éraflure, mais à part ça, rien de grave, rapporta Mick. Je vais voir où en est Kaori !

 

Ryô le remercia du regard. Prenant une grande inspiration, il entreprit de refouler l’inquiétude qu’il éprouvait pour sa partenaire, et se concentra sur son agresseur qu’il projeta avec hargne contre une benne à ordures. Le fracas sortit Shinichi de son début de crise, et il se mit à observer la scène, fasciné et horrifié.

 

- Maintenant, on va discuter un peu, toi et moi, dit Ryô en saisissant Kentaro à la gorge. Qui t’a payé ? Réponds !

 

Le bandit hoquetait, le visage marbré de plaques violacées.

 

- Un… ho… Un homme… articula-t-il enfin, le regard fuyant.

 

- Je n’en crois pas un mot ! rugit Ryô en resserrant sa prise.

 

- D’ac… D’accord… Urgh… C’était… une f… une femme !

 

« J’en étais sûr ! » triompha intérieurement le nettoyeur.

 

- Et à quoi elle ressemblait cette femme ? Grande, petite… asiatique ? Ou peut-être blonde ? Quelle était la couleur de ses yeux ? Accouche.

 

- N… Non… pas blonde. Plutôt grande et mince, avec des cheveux noirs, courts… Les yeux marron…

 

Le cœur de Shinichi s’emballa. Cette femme ressemblait à… Non, il devenait parano.

 

- Pourquoi tu m’as menti en disant qu’il s’agissait d’un homme ?

 

- Elle … me l’a demandé. Elle a dit… qu’elle ne voulait pas qu’on remonte jusqu’à elle…

 

- Et qu’est-ce que tu sais d’autre sur elle ? Quel est son but ?

 

- Elle m’a juste dit… qu’elle voulait se venger de lui ! avoua le yakusa en désignant du doigt l’homme d’affaires prostré sur le sol.

 

Shinichi émit un hoquet de terreur.

 

- Ryô ! intervint l’Américain, une note d’angoisse dans la voix. Laisse tomber le type, on n’a pas le temps ! Il faut emmener Kaori chez le Doc de toute urgence !

 

Le nettoyeur grinça des dents et sa mâchoire se contracta si fort que Kentaro eut peur de son visage. Ryô saisit avec violence la yakusa par les cheveux et lui cogna la tête contre la benne, une fois, deux fois, trois fois… Lorsqu’il le redressa, la tronche du type était en sang, méconnaissable.

 

- Écoute-moi bien, enfoiré, lui susurra-t-il à l’oreille. Je n’ai pas le temps de faire mumuse avec toi ce soir, mais sache que je n’en ai pas fini avec toi. Je te retrouverai pour te faire cracher le reste, et tu paieras ce que tu as fait à Kaori. T’es un homme mort !

 

La tête de Kentaro résonna encore une fois contre la benne avec un craquement sinistre. Ryô le lâcha, et l’homme s’effondra à terre, les mains plaquées sur ce qui restait de son nez.

 

- Ah, une dernière chose. N’essaie même pas de quitter la ville, j’ai des contacts à chaque coin de rue. J’espère que c’est clair.

 

- Ryô ! Il faut y aller ! s’écria Mick.

 

Ravagés par l’inquiétude, les deux nettoyeurs soulevèrent le corps de la jeune femme, et enjoignirent sèchement à Shinichi de les suivre.  

 



****

 

Les deux mains crispées sur le volant, Ryô faisait faire des prouesses de rapidité à sa Mini. Il n’oubliait pas qu’il transportait une blessée, mais étant donnée l’urgence de la situation, il n’hésitait pas à prendre quelques libertés avec le code de la route. Le visage tendu à l’extrême, le nettoyeur s’efforçait d’éviter les secousses tout en jetant de fréquents coups d’œil dans le rétroviseur interne. Sur la banquette arrière, Mick maintenait Kaori contre lui et lui parlait à voix basse en vérifiant son pouls toutes les deux minutes. Elle était livide.

 

Le regard de Ryô s’attarda sur le tee-shirt de l’Américain, imbibé du sang de la jeune femme. La tache s’élargissait de plus en plus… Ryô étouffait d’inquiétude, tenaillé par l’affreux sentiment que sa partenaire allait peut-être mourir dans les bras de son meilleur ami. Si seulement sa fillette de client pouvait la boucler, aussi…

 

- Elle va mourir ? Mon Dieu, tout ce sang… gémissait Shinichi. Dites, Monsieur Saeba, vous croyez que Kaori va mourir ?

 

- …

 

- On mon Dieu… Dans combien de temps arrivera-t-on chez ce Doc ? Ne vaudrait-il pas mieux se rendre à l’hôpital ?

 

Ryô avait des envies de meurtre. Il s’obligea à se concentrer sur la route pour ne pas céder à la tentation d’étriper son client.

 

- Elle est si pâle… Kaori… pleurnicha ce dernier en se couvrant le visage de ses mains.

 

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Le nettoyeur se mit à hurler comme si sa gorge allait se déchirer :

 

- LA FERME !!! La ferme ! Elle n’est pas encore morte, nom de Dieu ! Arrêtez vos jérémiades ou je vous jure que je vous descends !

 

La menace fit son effet. On n’entendait plus que la respiration saccadée du client, secoué de hoquets. Pour la énième fois, Ryô jeta un bref coup d’œil dans le rétroviseur. Le regard qu’il échangea avec Mick était des plus éloquents : Kaori faiblissait.  

 



****

 

Les plaintes déchirantes du patient lui brisaient le cœur. Kazue lui donna un sédatif et sortit de la chambre de désintoxication en soupirant. Elle alla rejoindre le Doc qui l’attendait assis à la table du salon.

 

- Alors ? s’enquit le vieillard.

 

- Toujours pareil. Je ne sais pas s’il…

 

Mais le puissant rugissement de la voiture qui venait de freiner devant la maison couvrit ses paroles. Alertés par le remue-ménage qui s’opérait dehors, Doc et Kazue se levèrent d’un bond. On les appelait.

 

- DOC ! KAZUE !

 

- C’est la voix de Ryô, constata le vieux médecin avec effarement.

 

Ce qui les frappa lorsqu’ils se précipitèrent à l’extérieur, ce fut le sang qui maculait les arrivants. Du sang… Il y en avait beaucoup. Un homme en costume élégant – inconnu au bataillon – exhibait un visage et des mains souillés de sang. Ryô portait une Kaori ensanglantée dans ses bras. Quand à Mick, une énorme tache rougeâtre ornait son tee-shirt blanc.

 

- Mick ! hurla Kazue en se ruant vers lui.

 

Il la repoussa.

 

- Je n’ai rien ! Va plutôt t’occuper de Kaori ! fit-il en désignant City Hunter qui entrait en trombe dans la maison, suivi du Doc.

 

L’infirmière tiqua. Kaori, toujours Kaori !

 

- Doc peut s’en charger. Il y a d’autres blessés ici, il me semble ! rétorqua-t-elle d’un ton sec.

 

Elle faisait allusion à Shinichi qui fixait ses mains rougies avec des yeux exorbités.

 

- Il n’a rien ! s’emporta Mick. Ce mec n’a qu’une égratignure. Kaori est plus importante !

 

- Venez avec moi, Monsieur, poursuivit l’infirmière comme si de rien n’était.

 

Le client lui emboîta le pas comme un enfant.

 

- Kazue ! s’étrangla l’Américain.

 

Les poings serrés de rage, il la regarda disparaître à l’intérieur de la clinique.  

 



****

 

Ryô avait suivi le Doc comme son ombre, lui prêtant assistance, devinant ses intentions : il n’avait jamais été aussi concentré, ni aussi angoissé de sa vie. Il en allait de la santé de sa précieuse associée. Si Makimura lui avait confié Kaori, c’était dans l’espoir qu’à ses côtés, elle ne se fasse pas taillader, ni ouvrir la tête, sans compter toutes les choses charmantes qui lui étaient arrivées – ou avaient failli se produire – ce soir. Ryô s’en voulait terriblement. Il essayait de se convaincre que la marionnette blême, immobile et ensanglantée qu’il avait sous les yeux n’était pas Kaori, seulement un mannequin d’entraînement. C’était un test : on voulait évaluer sa réactivité et celle du Doc. Dans cinq minutes, Kaori ouvrirait les yeux en râlant qu’elle en avait assez de toujours jouer la blessée, et que la prochaine fois, ce serait au tour de Ryô pour changer…

 

Ils s’étaient mis à deux pour lui remettre l’épaule en place, puis ils lui avaient enfilé une blouse d’hôpital informe avant de l’allonger sur la table du scanner. Trente minutes plus tard – la plus longue demi heure que Ryô ait jamais vécue – le Doc, vieilli de dix ans, annonçait les résultats au nettoyeur.

 

- Trauma crânien avec hématome cérébral. Mais nous allons faire résorber l’œdème, ne t’inquiète pas. Quant au reste, de la rééducation pour son épaule et un onguent cicatrisant, et ta partenaire sera comme neuve.

 

- …

 

- Je sais, ce sont des mots barbares, fit le Doc en essayant de sourire.

 

- Ne me materne pas, le vieux, j’ai passé l’âge.

 

Doc plongea son regard dans celui, insondable, de Ryô. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait entendu cette voix sans timbre, aussi neutre qu’inexpressive.

 

- La meilleure façon de traiter cet œdème est de mettre Kaori en coma artificiel. Au moins vingt-quatre heures… Quelques jours tout au plus. Elle évitera ainsi de souffrir, et cela permettra à son cerveau de se reposer. Tout va bien se passer Ryô, je te le garantis.

 

Le nettoyeur se pencha sur sa partenaire et dégagea avec douceur une mèche de cheveux de son front. Le Doc détourna les yeux, gêné d’assister à ce moment d’intimité qui, pour City Hunter, équivalait à un baiser.

 

- « Tout va bien se passer », hein ? répéta Ryô de la même voix mécanique et froide. Comment peux-tu promettre ce genre de choses ?

 

Il se redressa et se dirigea vers la porte sous le regard hébété du Doc. Alors qu’il allait franchir le seuil, le vieillard l’apostropha.

 

- Attends, Ryô ! Je ne sais pas où tu comptes aller, mais avant, dis à Kazue de venir me rejoindre…

 

La porte se referma, et le vieux médecin soupira.

 

Attiré par des éclats de voix, le nettoyeur retrouva Mick et Kazue dans le couloir, en train de se disputer.

 

- Où est le client ? intervint froidement Ryô.

 

- Dans la pièce juste derrière, s’empressa de répondre Kazue. Je viens de finir de le soigner. Et apparemment, Mick me reproche d’avoir fait mon boulot, c’est un comble !

 

L’Américain la regardait comme s’il voulait la frapper. Ryô posa une main sur son épaule.

 

- Du calme, Mick. Quant à toi… commença-t-il, fixant l’infirmière. Ton boulot, c’est pas de t’occuper des blessés les plus atteints ? Je vais te dire : tu te prétends professionnelle, mais tu n’as rien d’une pro. Elle, elle t’aurait veillée comme une sœur. Tu ne lui arrives pas à la cheville.

 

Kazue encaissa très mal les reproches justifiés de Ryô. Prête à pleurer, elle fit mine de s’enfuir, mais le nettoyeur la retint fermement par le bras.

 

- Si tu es une pro, reprends-toi ! Et va retrouver le Doc, il te réclame.

 

L’infirmière se dégagea et partit en courant. Le grincement de la porte dans leur dos alerta les deux hommes, qui firent volte-face. Un épais pansement sur la joue, Shinichi s’avança dans le couloir.

 

- Co… Comment va-t-elle ?

 

Ryô résuma en quelques mots le discours du Doc, puis tourna les talons.

 

- Où vas-tu, Ryô ?

 

- À la chasse.

 

- Non, attendez Monsieur Saeba !

 

Le nettoyeur jeta un regard perplexe par dessus son épaule. Shinichi l’observait avec détermination.

 

- Je… Je voudrais vous parler.  

 



****

 

Debout dans l’encadrement de la porte, Ryô attendait que le client s’exprime.

 

- Tout… Tout d’abord, je vous prie de m’excuser pour ce qui est arrivé à Kaori. C’est ma f…

 

- Vous n’y êtes pour rien, coupa Ryô. Ce sont les risques du métier, comme on dit. J’ai sous-estimé ceux, ou plutôt celle qui vous en veut. En conséquence, le seul à blâmer ici, c’est moi. Maintenant, si vous n’avez rien à ajouter…

 

Le nettoyeur s’apprêtait à lever le camp lorsque Shinichi reprit la parole.

 

- Monsieur Saeba ?

 

- Oui ?

 

- Vous… Vous croyez aux fantômes ?

 

- Vous devriez poser cette question à Kaori, fit Ryô avec un léger sourire.

 

- Comment ?

 

- Laissez tomber. Que vous répondre… Je serais tenté de vous dire que non, mais je me rappelle avoir été engagé par une cliente fantôme un jour, donc…

 

L’homme d’affaires pâlit.

 

- En revanche, je crois aux démons du passé qui reviennent hanter les hommes, continua Ryô en le regardant bien en face.

 

- Les démons du passé… répéta Shinichi.

 

Absorbé par cette réflexion étrange, il n’entendit pas le nettoyeur quitter la pièce.

 

« Les démons du passé… »


 

 

Il fait vraiment très beau aujourd’hui. Une journée idéale pour faire l’école buissonnière. Ils ont joué ensemble toute la matinée. Ils ont couru après les papillons, ramassé des pétales de fleurs de cerisiers, essayé d’attraper les carpes de l’étang, regardé filer les nuages… Kinusuke les retrouve à la balançoire.

 

- Le précepteur ne t’a pas vu de la matinée, il est furieux.

 

- Je m’en fiche.

 

- Plus haut, Shin-chan ! Plus haut ! s’exclame Karin, qui rit aux éclats.

 

- Shin, si tu rates le contrôle d’économie de cet après-midi, ton père va te flanquer une raclée.

 

- Et alors ! De toute façon, tu es déjà son préféré, fait Shinichi, amer.

 

- C’est quoi, l’économie ? intervient la petite.

 

- Quelque chose de très ennuyeux. Bon, on va manger ?

 

- Ouiii ! approuve Karin, ravie. Tu viens avec nous, Kin-chan ?

 

- Ok.

 

C’est après le repas que les choses se gâtent. Shinichi ne sait plus comment ils en sont arrivés là.

 

- Et je vais épouser… Kin-chan !

 

La direction indiquée par la bouteille ne fait aucun doute. Shinichi est atterré. Mais Kinusuke a visiblement d’autres chats à fouetter.

 

- Oh la la, le contrôle a lieu dans cinq minutes. Tu viens, Shin ? Shin ?

 

- Je te rejoins plus tard, finit par répondre le garçonnet.

 

- Comme tu veux. À plus tard, Karin !

 

Il a besoin d’air. Il sort de la cabane sous le regard surpris de la fillette.

 

- Qu’est-ce que tu as, Shin-chan ?

 

- Tu m’avais promis de te marier avec moi, dit-il en essayant de contrôler le tremblement de sa voix. T’as pas le droit d’épouser Kin !

 

- Ah mais si : c’est le jeu ! s’amuse Karin, en lui tirant la langue.

 

Il commence à s’énerver.

 

- Non, tu te marieras avec moi !

 

- Non, avec Kin-chan ! Na !

 

Karin ne comprend pas que l’heure n’est pas à la rigolade. Elle continue de le titiller, jusqu’à ce qu’il s’approche d’elle, l’air menaçant.

 

- Arrête Shin-chan, tu me fais peur…

 

- Tu te marieras avec MOI ! s’écrie-t-il en l’envoyant rouler à terre d’une bourrade.

 

- Hyaah !

 

Il entend un bruit sourd qui lui retourne l’estomac. Elle ne bouge plus, fixe le ciel sans ciller. Il l’appelle. Elle ne répond pas. Il s’allonge à côté d’elle, comme à leur habitude lorsqu’ils observent les nuages. C’est quand il lui tourne la tête vers lui qu’il comprend ce qu’il a fait. Ses mains sont pleines de sang.

 

C’est un petit garçon aux yeux rouges qui arrive en courant dans la salle d’études.

 

- Vous êtes en retard ! lui reproche le professeur.

 

- Désolé. Je… J’étais aux toilettes, Monsieur.

 

IL va s’asseoir à côté de son cousin, le cœur serré. Il sait ce qu’il a fait.  

 

 


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