Hojo Fan City

 

 

 

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Rated R - Prosa

 

Autore: Tenshi

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 30 capitoli

Pubblicato: 23-08-09

Ultimo aggiornamento: 19-10-11

 

Commenti: 244 reviews

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GeneralRomance

 

Riassunto: Une nouvelle aventure pour un couple mythique !

 

Disclaimer: Les personnages de "Je t'aime… un peu… beaucoup… à la folie… Mokkori ?!" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

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   Fanfiction :: Je t'aime… un peu… beaucoup… à la folie… Mokkori ?!

 

Capitolo 29 :: Le secret de Misa (2)

Pubblicato: 19-10-11 - Ultimo aggiornamento: 19-10-11

Commenti: Bonjour à tous et merci pour vos reviews ! Comme vous pouvez le constater, ma dernière maje s’est dédoublée ! Surprise^^ Je vous laisse découvrir sans attendre le chapitre 29… Vous n’êtes plus qu’à un clic de la fin !

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30


 

- KOMACOM… Tu veux… Et qu’est-ce que c’est que cette histoire avec mon père ? Pourquoi… pourquoi en as-tu après Kaori ? C’est… insensé !

 

Les questions fusaient. Il était persuadé que s’il ne parlait pas, la panique allait le dévorer tout entier. Son crâne pesait une tonne ; sa poitrine était si oppressée qu’il avait l’impression d’être sous l’eau. Et elle ne disait toujours rien ! Il avait devant lui une inconnue. Où était passée sa Misa ? Celle à qui il pouvait tout dire ? Celle avec laquelle il avait ri, fait l’amour, bataillé avec succès pour des contrats juteux ? Tout cela était fou, complètement fou. Ils se connaissaient depuis tant d’années… Il n’avait jamais pensé – ou osé – lui faire raconter son histoire, dont il savait seulement qu’elle semblait aussi lugubre que la sienne. « Tu as du sang sur les mains… Comme moi. »… Ses propres mots, quinze ans plus tôt.

 

Il ne devait pas penser au sang. C’était un accident… Combien de fois avait-il rêvé de revenir en arrière, et retenir son geste ? Karin… À travers son regard voilé de larmes, Shinichi distinguait la tâche pâle des cheveux de Misa, l’éclat vert et perçant de ses yeux, sa bouche maquillée de rouge vif, qui paraissait flotter dans l’air. Ce sourire était la pire des insultes. Elle se moquait de lui… L’impuissance céda alors la place à la colère. Il ne pouvait plus rien faire pour Karin. En revanche, quelqu’un d’autre avait besoin de lui.

 

- Tu sais quoi, Misa ?

 

Il avait cette moue suffisante sur le visage, celle des personnes trahies qui ne se donnent pas le temps d’être déçues, et passent directement à l’offensive.

 

- Ton histoire de vengeance minable, là… Ça m’indiffère. Tu vas libérer Kaori, tout de suite !

 

Elle s’y était attendue, mais le choc fut plus rude que prévu. Tout de même… « Vengeance minable » ? Ce ton méprisant… Elle allait le lui faire ravaler. Jusqu’à ce qu’il comprenne… À quel point elle était blessée, à quel point elle avait souffert et continuait de souffrir, tous les jours ! Depuis ce jour maudit…


 

Banlieue de Tokyo, 197X.

 

C’est la saison des pluies. Un bus scolaire s’arrête devant un ensemble d’immeubles résidentiels. Le chauffeur se retourne vers la petite fille aux nattes blondes assise tout au fond. C’est sa dernière passagère. Il l’observe descendre sous l’averse et rentrer chez elle, puis redémarre.

 

Sa mère lui a souvent recommandé de ne pas prendre l’ascenseur toute seule, mais ils habitent au septième étage…

 

- C’est moi !

 

Elle enlève ses chaussures et son sac à dos, et se dirige vers le salon. Ses parents, en pleine discussion à voix basse, s’interrompent lorsqu’ils la voient entrer. Sa mère essaie de sourire, mais on voit bien qu’elle a pleuré. Encore. L’air sombre, le père se lève du sofa pour se poster devant la fenêtre. La fillette ne voit que son dos et ses cheveux. Blonds, comme elle.

 

- Papa ?

 

- Go upstairs, Misa.

 

Il ne parle anglais que lorsqu’il est contrarié. C’est mauvais signe. La fillette sort de la pièce et monte lentement l’escalier. Au dernier moment, elle s’arrête et s’assoit sur la marche du haut.

 

- Peut-être… peut-être qu’on aurait dû accepter sa proposition…

 

C’est sa mère qui parle. Sa voix tremble.

 

- NON ! Ce type n’aura pas mon agence. Je ne suis pas un vendu comme les autres !

 

-…

 

- Et puis de toute façon, maintenant c’est trop tard.

 

Un lourd silence s’installe. Mais bientôt le père ressasse sa rancœur, comme un jouet qui se remonte tout seul.

 

- Et même si je voulais continuer… Il a débauché toute mon équipe. Non mais tu le crois, ça ! Ils veulent tous aller chez KOMACOM. KOMACOM ! C’est nouveau, c’est tendance, ça brille !

 

Il donne du poing contre la vitre. La petite sursaute.

 

- Magouilles et compagnie, tout ça. Je ne lui donne pas six mois pour se casser la figure.

 

Soudain, le téléphone sonne. Le père décroche, écoute sans un mot et repose le combiné sur son socle. Il murmure quelque chose.

 

- Chéri, que se passe-t-il ? Qui était-ce ?

 

- C’est fini…

 

- Chéri !

 

Misa prend peur. Elle commence à descendre l’escalier lorsque son père reprend, d’une voix blanche :

 

- Komamura a racheté mon hypothèque. Cette fois, c’est fini…

 

- Calme-toi… On s’en sortira, tu verras !

 

- Mais tu ne comprends pas ? Je suis en train de perdre l’agence, le journal… tout !

 

- Tu monteras une autre affaire… Tu es doué, tu réussiras je le sais !

 

- Il m’avait prévenu, je suis sur une liste noire maintenant… C’est fini, je suis grillé…

 

- Chéri, je t’en prie ! Ne fais pas ça !

 

La fillette dévale les marches, mue par le cri de désespoir de sa mère. Au même moment, elle entend un grand bruit de verre brisé. Hors d’haleine, la petite se précipite dans le salon, puis se fige d’horreur. Le corps de sa mère, transpercé de morceaux de verre, gît sur les débris de la table basse.

 

- Mommy… gémit-elle.

 

Son père pleure. Il tient son kunai de collection, appuyé contre sa gorge.

 

- Je ne voulais pas… Pardon ma fille…

 

- DADDY !!!


 

 

- Tu as entendu, Misa ? Relâche Kaori !

 

- Daddy… susurra-t-elle dans un souffle.

 

- Quoi ?

 

Elle avait déjà un grain avant, mais là on avait atteint les sommets de l’étrange, songea Shinichi. Elle semblait déconnectée, hors du temps. Il n’avait pour autant pas le courage de lui sauter dessus pour lui arracher sa télécommande. Le collègue de l’inspecteur Nogami ne paraissait pas avoir tant de scrupules. Alors que Saeko se plaçait en position défensive devant l’homme d’affaires, Takage sortait son pistolet et s’avançait prudemment vers la kidnappeuse.

 

- Brigadier-chef ! siffla Saeko avec colère. Qu’est-ce que vous faites ?

 

- Je vais la convaincre de se rendre. J’ai de l’expérience dans les cas de prise d’otage, elle m’écoutera…

 

- Revenez ici, bon sang ! Takage !

 

L’inspectrice se mordit les lèvres et jeta un regard en coin vers la cachette de Ryô. Il allait bientôt faire nuit, mais elle lui faisait confiance : il saurait agir au bon moment, et elle serait là pour l’appuyer.

 

- Mademoiselle Warui… Écoutez-moi…

 

Le regard fixé sur le policier, Misa le laissa approcher.

 

- Donnez-moi cette télécommande… Il ne vous sera fait aucun mal si vous coopérez.

 

Une étrange lueur anima ses yeux verts. Son visage d’actrice se tordit alors en une moue de désespoir.

 

- Ne me tuez pas, s’il vous plaît !

 

- Du calme, regardez… Je baisse mon arme, et vous, vous me donnez gentiment cette té… AWH !!

 

Plié de douleur, le policier tomba à genoux, terrassé par un coup de pied bien placé. La blonde perfide lui arracha son arme des mains et l’assomma violemment avec la crosse. Takage s’écroula à ses pieds.

 

- Imbécile… Les hommes sont tous pareils.

 

L’homme d’affaires fixait sa secrétaire avec effarement. Si elle osait s’en prendre à un membre de la police, elle supprimerait Kaori sans le moindre état d’âme.

 

- Il est doué ton nouveau partenaire, Saeko ! lança soudain une voix dans l’ombre. Faut pas le laisser filer, celui-là !

 

Takage hors-jeu, le nettoyeur pouvait entrer en scène. Il rejoignit tranquillement Saeko et Shinichi, comme si l’arme braquée sur eux n’était qu’un vulgaire pistolet à eau.

 

- Ryô… murmura l’inspectrice d’une voix blanche.

 

- Tiens, tiens, Saeba ! Ça m’étonnait que vous ne soyez pas aussi de la fête…

 

- Je ne suis pas ici pour m’amuser, Misa.

 

Il était passé de sa bonhommie coutumière à la froideur la plus glaciale. La blonde avait reçu le message. Son regard se durcit, tandis qu’elle ôtait le cran de sûreté de l’arme de Takage. Dans son autre main, elle serrait la télécommande, prête à l’emploi.

 

- Mais moi non plus. Je suis très sérieuse… Vous en doutez ?

 

Il faisait désormais assez sombre pour que l’éclairage de nuit de la grue, toujours en activité, s’enclenchât. Cela agit comme un signal pour Misa, qui pressa l’un des boutons de la télécommande.

 

- HYAAHHHHHHHHH !!! Ryôôôô !!!!!!

 

La voiture chutait inexorablement sous les yeux des spectateurs terrifiés. Deux mètres… Cinq mètres… Huit mètres… Puis, dans un horrible grincement, le véhicule s’immobilisa comme par miracle. Le filin avait tenu le coup. Misa jubilait.

 

- C’est moi qui commande, s’exclama-t-elle. Et je vous préviens : si, pour une raison ou pour une autre, je lâche ce boîtier… la grue largue tout ! C’est clair ?

 

Le cri déchirant de Kaori les avait tous ébranlés. La mâchoire de Shinichi tremblait. Saeko essayait de réfléchir à une stratégie, mais son regard se dispersait inutilement entre la voiture, la télécommande, et Ryô. Elle n’avait aucune idée de la façon dont il comptait gérer la situation, et cela l’effrayait bien plus que sa propre impuissance. Il allait sans doute falloir recourir à la violence… Elle ne voyait pas d’autre solution. Mais Ryô était-il capable d’abattre une femme ?

 

Des trois, le nettoyeur était celui qui s’en sortait le mieux. Son esprit fonctionnait à toute vitesse, à mesure qu’il passait en revue tous les scénarii possibles. Mais il avait beau compartimenter au maximum ses émotions, le hurlement de sa partenaire résonnait encore dans sa tête. Ryô s’obligea à plonger dans le regard de son ennemie. Il savait qu’elle n’épargnerait pas sa partenaire. S’il l’avait voulu, il aurait pu régler cette affaire d’une seule balle. Ce serait son dernier recours…

 

- Alors Shinichi… Tu es prêt à écouter mon histoire maintenant ?

 

L’homme d’affaires hocha la tête avec raideur, incapable de répondre.

 

- Enfin ! fit-elle.

 

Misa s’assit sur les reins du policier inconscient, et pointa son arme sur sa tête.

 

- Deux otages valent mieux qu’un, non ?  



****

 

Elle avait le cœur au bord des lèvres. Elle n’était pas sujette au vertige, mais cette sensation de tomber en chute libre… Heureusement qu’elle avait protégé sa tête. Ce réflexe lui avait certainement épargné une commotion cérébrale. Tout de même, elle aurait moins peur si Ryô était avec elle dans la voiture… Quitte à mourir, autant mourir ensemble. Kaori eut alors un petit sourire triste. Non, Ryô n’était pas adepte de ce genre de philosophie. Son credo à lui, c’était plutôt… La nettoyeuse fouilla sa mémoire à la recherche des mots exacts qu’il avait prononcés.

 

« Pour celle que j’aime… je survivrai par n’importe quel moyen ! C’est ça, ma façon d’aimer ! »

 

City Hunter, c’était à la vie, à la vie ! C’est pourquoi, malgré la peur panique qu’elle éprouvait au moindre mouvement, Kaori s’employa à vérifier chaque bouton, chaque manette. Elle n’allait pas attendre sagement que Misa la précipite dans le port. Pour peu qu’elle parvienne à débloquer une portière ou une fenêtre, elle était prête à sauter d’elle-même.  



****

 

Saeba et la flic lui importaient peu. Ils ne se laisseraient pas impressionner. Ils en avaient vu d’autres. Celui qu’elle voulait atteindre au plus profond de son âme, c’était Shinichi. Il devait comprendre, compatir, s’excuser. Pour tout ce que son père sans cœur lui avait volé… Ses parents. Le bonheur. Un petit frère ou une petite sœur peut-être… Comment savoir ? Elle avait donc raconté la mort de ses parents avec force détails, ne lui épargnant rien, pas même les râles de son père à l’agonie, le dernier souffle de sa mère. Elle, criant et pleurant à la fois, essayant d’endiguer de ses doigts frêles le sang qui s’échappait… L’irruption des voisins. La police, l’ambulance, les légistes. Les services sociaux. Non, elle n’avait plus de famille au Japon. Oui, il lui restait quelqu’un du côté de son père, en Angleterre. Un vieil oncle. Le regard gêné d’une assistante sociale maladroite. Sa voix d’une douceur si appuyée, qu’elle en paraît écœurante. Elle la fait changer de vêtements, préparer une valise. Les caméras des journalistes, en bas. Les flashs des photographes. L’horrible nuit passée à pleurer à l’orphelinat. Les douze heures de vol vers l’Angleterre. Le manoir du vieil oncle, riche mais malade, qui la confie à une nurse. Son chagrin sans fin… Sa solitude. Son émancipation à l’âge de seize ans, après la mort de l’oncle. Son changement de nom pour celui de sa mère. Misa Woodward… Misa Warui.

 

Revenir sur son passé l’avait quelque peu attendrie. L’inspectrice reprit espoir : peut-être arriveraient-ils à l’arrêter sans violence. Cette fille avait manifestement besoin d’être écoutée. Il fallait la faire parler, le plus possible. Mais une réaction malencontreuse de Shinichi remit le feu aux poudres.

 

Misa s’était livrée comme jamais elle ne l’avait fait de sa vie. Elle espérait au moins un « Quelle tragédie », ou « Je suis désolé », ou « Comme cela a dû être dur pour toi ». Sûrement pas ce regard vide, inexpressif, qu’il fixait sur elle, et qui ne s’était teinté d’angoisse que lorsqu’il l’avait dirigé sur la voiture, et donc immanquablement sur sa passagère. Ç’avait été bref, un quart de seconde à peine, mais elle l’avait vu.

 

- Je ne compte donc plus du tout pour toi… murmura-t-elle. Depuis qu’elle est arrivée dans ta vie, je n’existe plus…

 

Elle se leva.

 

- Non, Misa… Attends !

 

Le regard horrifié qu’adressa l’homme d’affaires à Ryô équivalait à un vibrant appel au secours. Le nettoyeur se préparait lui-même à dégainer, mais Saeko, saisie d’une brusque intuition, suspendit son geste.

 

- Avant, tu n’étais qu’à moi… reprit la blonde, du même air halluciné, étrange, qui l’avait possédée tout à l’heure. J’avais tout fait pour cela. Je faisais chanter Fujima pour qu’il trafique ton traitement antidépresseur pour moi… Tu étais ma marionnette, ni plus ni moins.

 

Abasourdi, Shinichi ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sortit.

 

- Ton ordure de père… Lui, je voulais qu’il crève, mais à petit feu. J’ai fait empoisonner ses pilules pour le cœur. Il en avalait tous les jours, croyant se soigner, alors qu’en réalité… !

 

Un rire sadique la secoua.

 

- Et puis, il a fini par y rester… Sa voiture a quitté la route parce qu’il a eu une crise cardiaque. Aucune preuve, je ne risquais rien : tout avait cramé. Il se trouve que ta mère était dedans aussi. D’une pierre deux coups…

 

-…

 

- Allons, tu ne vas pas me dire que ça te fait vraiment de la peine ? ricana-t-elle. Tu le haïssais, ton vieux ! C’est même toi qui voulais sa mort, tu te rappelles ?

 

- Non, c’est faux ! Nous étions peut-être en désaccord, lui et moi. Mais je ne t’ai jamais, jamais demandé de le tuer ! s’écria Shinichi.

 

- Un désaccord ? s’insurgea Misa. Quel euphémisme… Il comptait t’évincer du poste de PDG ! Et ça… Ça je ne pouvais pas le permettre. J’étais censée diriger à ta place, toi tu étais mon pantin… Ton père m’a dérobé ce qui m’était le plus précieux, il était juste que je m’empare de l’œuvre de sa vie. KOMACOM est à moi !!

 

Elle parlait avec tant de passion qu’elle agitait son arme à tort et à travers… Notamment vers le principal intéressé, lequel leva les mains en l’air.

 

- Misa, je t’en prie… Sois raisonnable !

 

- Il est encore temps de vous rendre, mademoiselle Warui.

 

- La ferme, Nogami ! Restez en-dehors de ça !

 

- Cela m’est doublement impossible, répliqua l’inspectrice. D’abord, je vous rappelle que vous détenez mon collègue, ainsi qu’une amie qui m’est chère. Et puis, j’ai besoin de vos aveux pour disculper Kinusuke Komamura, que vous avez manifestement piégé.

 

- Je ne vous ferai certainement pas ce plaisir… Vous n’avez rien de solide contre moi.

 

- Pourtant vous y avez intérêt, renchérit Saeko. Nous sommes tous témoins de vos agissements de ce soir. Vous ne vous en sortirez pas cette fois… à moins que vous ne comptiez nous descendre un par un ?

 

On voyait que la proposition la tentait. Cependant, Misa ne pipa mot. En fait, elle attendait.

 

- Je vais vous dire ce qui s’est passé, intervint alors Ryô. Kinusuke représentait un sérieux obstacle pour vous. Il vous détestait et se méfiait de vous. Il essayait de monter son cousin et les autres cadres dirigeants contre vous… Vous avez donc décidé de l’éloigner en le mutant dans un trou perdu. Problème réglé… Sauf qu’une chose s’est produite, que vous n’aviez pas prévue : votre patron vous a laissée tomber pour faire la cour à ma partenaire. Il ne faisait plus attention à vous, votre avis n’avait plus d’influence sur lui… Du coup, Kaori est devenue votre second problème.

 

L’aura de haine qui émanait de la secrétaire lui montra qu’il avait touché juste.

 

- Vous avez d’abord essayé de reconquérir votre ex par la peur, en lui faisant croire que le fantôme de Karin, que vous saviez être son point faible, le hantait. Mais Kaori l’a convaincu d’arrêter les anxiolitiques du bon docteur Fujima… Vous n’aviez donc plus d’autre choix que de vous débarrasser d’elle. Comme vous êtes plutôt maligne, vous avez fait passer Kinusuke pour le coupable. Mais c’est bien vous, déguisée en Karin version adulte, qui avez engagé ce pauvre type, Kentaro, en lui recommandant d’éliminer Kaori… Vous qui l’avez tué avec l’arme subtilisée à l’un des vigiles de KOMACOM… arme que vous avez ensuite cachée dans le bureau de Kinusuke, après avoir essuyé vos empreintes… Je me trompe ?

 

- Vous ne pouvez rien prouver ! cracha la blonde.

 

- Oh, je suis sûr qu’une ou deux caméras de surveillance de KOMACOM confirmeront mon hypothèse. Et même si vous avez pris la précaution d’effacer les bandes, on a deux témoins : le docteur Fujima bien sûr, mais aussi le vendeur de tickets du cinéma, dont la déposition détruira votre alibi pour le soir de l’agression de votre patron. Enfin, ex-patron… Ex tout court, d’ailleurs.

 

- Taisez-vous… Taisez-vous !!

 

- Mais le summum a été de l’entendre envisager de quitter KOMACOM par amour pour Kaori, poursuivit le nettoyeur. Vous perdiez la chance de lui remettre le grappin dessus, mais également toute prétention à la direction de l’entreprise… En fait, vous perdiez tout.

 

La fureur qui l’animait était si intense que le pistolet de Takage tremblait dans sa main.

 

- Je vais la tuer… murmura-t-elle entre ses dents serrées. Je vais les tuer, tous les deux !

 

- Ça je ne crois pas, fit Ryô.

 

Il avait sorti son Python 357 et la tenait en joue. Misa éclata d’un rire mauvais en brandissant ses deux moyens de pression.

 

- Quoi que tu tentes, Saeba, je gagne… Choisis ! Qui veux-tu sauver ?

 

- Ne me forcez pas à vous loger une balle en pleine tête. J’aimerais que personne ne soit tué, ce soir…

 

Incrédule, Shinichi observa tour à tour le nettoyeur, puis Saeko, qui paraissait étrangement choquée mais résignée à la fois.

 

- Je prends le risque, répliqua la blonde.

 

Ryô fronça les sourcils. Il avait espéré ne pas avoir à en arriver là… Mais le nettoyeur leva les yeux au ciel, car Shinichi s’était rué dans sa ligne de mire et se traînait à présent aux genoux de Misa, en suppliant.

 

- Nooon ! Par pitié Misa, si la mort est vraiment la solution… alors tue-moi.

 

- Reviens ici, sombre crétin ! rugit Ryô. Ta mort ne résoudra rien !

 

- Tu n’es plus mon garde du corps ! Je dispose de ma vie comme je l’entends !

 

Il était sérieux. Le nettoyeur et l’inspectrice se consultèrent du regard. La situation se compliquait. L’air excédé, Ryô mitrailla du regard l’homme d’affaires qui n’avait rien trouvé de mieux que de jouer les héros. Abruti, oui ! Se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir ! Sa marge de manœuvre en était considérablement réduite. De toute façon, ce mec était un boulet depuis le début. Franchement… un martyr, il ne manquait plus que cela !

 

- Oui, tue-moi, je le mérite… Si cela peut t’apaiser, tire !

 

Misa contemplait avec stupéfaction cet homme qui consentait à lui offrir sa vie, en dirigeant de lui-même le canon de la mort contre son front. Pétrifiée, la blonde resta muette.

 

- Je n’avais aucune idée… du fardeau que tu as porté toutes ces années… mais je comprends. S’il y a une personne qui peut te comprendre, c’est bien moi. Pardon, Misa… Pardon, au nom de toute ma famille…

 

Le trouble de la jeune femme était extrême. Le pistolet glissa de sa main et tomba sur le sol. Ses yeux, plongés dans ceux de son ancien amant, s’emplirent de larmes. Était-ce lié au sacrifice de Shinichi, ou aux sentiments, réels, qu’elle avait fini par éprouver pour lui, malgré tout… Elle avançait une main hésitante, s’apprêtant à caresser les cheveux de l’homme, lorsqu’il commit sa seconde erreur de la soirée.

 

- Donne-moi cette télécommande, Misa…

 

C’était la goutte d’eau. La balle tirée par Ryô percuta in extremis le boîtier de commandes, mais le mal était fait. La Honda se désolidarisa de la grue et plongea dans le port. Misa souriait. Elle avait veillé à condamner toutes les issues du véhicule. Kaori y resterait.  



****

 

L’immersion de la voiture dans l’eau avait amorti le choc. Mais le niveau montait plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru. Dans moins de deux minutes, Kaori n’aurait plus d’air. La nettoyeuse frissonna au contact de l’eau glacée qui lui arrivait maintenant à la taille.

 

- Non, pas comme ça ! hurla-t-elle, cognant de toutes ses forces contre le pare-brise. Pas comme ça…

 

Il faisait si sombre… Et elle avait de l’eau jusque sous le menton. En désespoir de cause, elle se mit à actionner tous les boutons du tableau de bord. Seuls les phares s’allumèrent. C’était déjà ça. Mais après ? La nettoyeuse aspira une dernière bouffée d’oxygène avant d’être complètement engloutie par la masse liquide. Elle n’aurait jamais pensé mourir noyée… Soudain, son cœur fit un bond. Une silhouette longeait les flancs de la voiture.

 

« Shinichi ? »  



****

 

N’écoutant que son cœur, il s’était rué au bord du quai et avait plongé. Bouche bée, Misa fixait l’eau qui faisait des remous. Elle ne réagit pas lorsque Ryô la dépassa en courant pour se jeter lui aussi dans le port, ni lorsque Saeko la maîtrisa en lui passant les menottes.

 

- Je ne comprends pas… Il sait à peine nager ! hoquetait la blonde. Pourquoi…

 

Profitant de la léthargie de Misa, l’inspectrice alla vérifier le pouls de son collègue. Rassurée sur son sort, elle retourna à sa voiture et lança un appel d’urgence via sa radio, avant de revenir auprès de la jeune femme prostrée sur le sol. Elle lui ferait presque pitié si elle n’avait pas autant désiré la mort de la petite sœur de Makimura.

 

- Mademoiselle Warui… L’amour, comme la haine, poussent les gens à commettre des actions irréfléchies. Vous devriez le savoir mieux que personne…

 

La blonde ne répondit pas. Toute son attention était concentrée sur les petites bulles d’air qui troublaient la surface de l’eau. Une main agrippa soudain le bord du quai, et un corps se hissa sur la terre ferme.

 

- Shinichi !!

 

- Je… *keuf, keuf*… je n’avais plus d’air… balbutia l’homme d’affaires.

 

- Et Kaori ? demanda Saeko avec empressement.

 

- Toujours… *keuf, keuf*… dans la voiture…


 

Ce satané pare-brise faisait de la résistance. Qu’à cela ne tienne… Il allait vider son chargeur à travers ! Ryô voulut faire signe à Kaori de se protéger, mais le regard fixe de sa partenaire montrait qu’elle avait atteint ses limites… Horrifié, le nettoyeur se déchaîna contre la vitre, dont il vint à bout, et saisit le corps de Kaori, qu’il entraîna à la surface avec l’énergie du désespoir.  



****

 

Elle n’avait pas eu le temps d’avaler beaucoup d’eau. Du moins Ryô l’espérait-il. Penché sur sa partenaire, il lui prodiguait un vigoureux massage cardiaque, tandis que les autres faisaient cercle autour d’eux, pétris d’angoisse. Misa, légèrement en retrait, scrutait le visage de son ancien amant. Lorsque ses yeux gris s’illuminèrent au premier toussotement de Kaori, la blonde comprit qu’elle l’avait définitivement perdu.

 

- Beurk Kaori, tu m’as craché dessus ! s’exclama le nettoyeur, feignant un dégoût qu’il était très loin de ressentir. Ça ne t’a pas suffi de m’avoir à moitié assommé ce matin ?

 

- Fallait… nager plus vite…

 

Il la serra contre lui en riant, ivre de joie.

 

- Euh, je ne voudrais pas vous chasser, fit Saeko, tout sourire, mais j’ai appelé des renforts qui ne devraient pas tarder… Ryô, il ne faut pas qu’ils te trouvent ici !

 

On entendait rugir les sirènes de police. Le nettoyeur passa ses bras sous le corps de sa partenaire et la souleva comme si elle ne pesait rien du tout.

 

- Alors on ne va pas s’éterniser !

 

- Kaori, tu as été assez éprouvée pour ce soir, mais n’oublie pas de passer me voir au commissariat pour témoigner…

 

- Elle est vraiment obligée ? bougonna Ryô.

 

- Je lui aurais bien épargné cette corvée, mais Takage l’a vue dans la voiture… Je vais déjà avoir du mal à expliquer pourquoi elle ne sera pas là à son réveil !

 

- En parlant de témoignage…

 

Shinichi, trempé de la tête aux pieds, s’approcha du couple, enveloppant Kaori d’un regard tendre. Elle lui sourit.

 

- Je suis si content que tu ailles bien…

 

- Merci d’avoir essayé de me sauver…

 

- Je… J’ai aussi quelque chose à t’avouer…

 

Il lui devait la vérité, au sujet de Karin.

 

- Euh, je crois qu’on a eu notre compte de confessions pour ce soir ! intervint Ryô. Je te suis reconnaissant d’avoir risqué ta vie pour Kaori. Merci encore.

 

Interloqué, l’homme d’affaires observa la main que lui tendait son ancien garde du corps. Une ombre de sourire se peignit sur ses lèvres.

 

- N’oublie pas que tu as un copain chez les gens de la haute, ça peut servir !

 

- Ouais… Salut, Shinichi.

 

- Portez-vous bien, tous les deux…

 

Il les regarda grimper dans la Mini et partir discrètement dans la nuit, tandis que les premières voitures de police arrivaient sur les lieux.

 

- Takage… Réveillez-vous ! Allez, du nerf !

 

L’inspectrice en profita pour coller une ou deux bonnes baffes à son détestable collègue.

 

- Ma tête… Que s’est-il passé ? gémit enfin le policier.

 

- Vous ne vous rappelez pas ?

 

- Hum… Non. C’est un peu flou…

 

Saeko sourit intérieurement. Il goberait tout ce qu’elle raconterait, pour peu qu’elle flatte son égo de machiste.

 

- C’est vous qui aviez raison, j’aurais dû vous écouter, gloussa-t-elle, comme à chaque fois qu’elle embobinait un homme. Vous avez été… in-cro-ya-ble !

 

- C’est étrange… Il me semblait que j’avais plutôt le dessous…

 

- Pensez-vous ! Il est vrai que mademoiselle Warui a montré des signes de résistance… enfin rien que vous ne puissiez gérer ! C’est après lui avoir passé les menottes que vous avez glissé sur sa perruque qui traînait par terre, et que vous vous êtes cogné la tête en tombant !

 

Le policier se redressa, gonflé d’importance.

 

- Ne vous l’avais-je pas dit, inspecteur ? La négociation, ça me connaît !

 

- Oui, sans nul doute…


 

 

On avait installé Misa dans une voiture de patrouille, avec un policier pour la surveiller.

 

- Vous permettez ? lança une voix qu’elle connaissait bien.

 

L’officier sortit du véhicule et Shinichi prit place à côté de sa secrétaire. Elle ne voulait pas le regarder. C’était trop dur… Mais, à sa grande surprise, il l’entoura de ses bras et la serra très fort.

 

- Pardon Misa… Pardon.

 

Les yeux vert d’eau s’agrandirent.

 

- Shinichi…

 

Il sentit des larmes couler le long de son cou. Misa pleurait. 

 


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