Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: saoria

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 24-10-10

Ultimo aggiornamento: 24-10-10

 

Commenti: 17 reviews

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DrameDrame

 

Disclaimer: Les personnages de "Et me souvenir de toi !" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Et me souvenir de toi !

 

Capitolo 1 :: Et me souvenir de toi !

Pubblicato: 24-10-10 - Ultimo aggiornamento: 10-08-14

Commenti: Salut tout le monde. Après trois mois d'absence je me décide à vous poster un OS. Je vous préviens c'est assez larmoyant et dur. Certaines vont aimer enfin j'espère et d'autres vont crier au scandale mais j'assume. C'est ma vision des choses. Vu comme elle se termine je prends les devants: Y aura-t-il une suite? J'en sais rien, certainement car j'ai écris quelques chapitres.....peut-être...un jour ? Allez je vous laisse découvrir cette fic, c'est du pur moi! Je vous dis à l'année prochaine. Bisous et bonne lecture

 


Capitolo: 1


 

 

 

Et me souvenir de toi !  

 

 

 

 

L'éclairage tamisé de la chambre ne laissait pas voir ce qui se passait exactement dans la pièce. C'était tout juste si l'on pouvait distinguer deux formes étroitement liées, enlacées sur les draps soyeux de ce grand lit. En se rapprochant, on pouvait voir une femme se blottir convulsivement tout contre un homme et une plainte s'échapper des lèvres de celle-ci. On aurait pu croire qu'au gré du décor et de l'atmosphère qui se dégageait de cette chambre ainsi qu'aux échos fugaces et répétés de la femme qu'on assistait à des ébats amoureux, un soupir, une respiration saccadée entrecoupée de gémissements à intervalles réguliers, mais on était à des lieux de cela. Il ne s'agissait pas d'une femme se perdant dans les ébats amoureux de son amant. Certes, les deux corps collés donnaient cette impression première, mais ce n'était pas cela. En se rapprochant encore plus, on réalisait qu'on n'assistait pas aux échos de leur passion, mais plus aux échos du désespoir, à un drame tout simplement. Des murmures aux creux de l'oreille, des gémissements plaintifs, mais tout cela n'avait rien de jouissif. Si on écoutait mieux, en se rapprochant d'un peu plus près, on pouvait se rendre compte qu'il s'agissait de pleurs, des pleurs plaintifs qui transperçaient le silence presque oppressant de cette chambre.  

 

L'homme avait beau la presser tout contre lui, rien y faisait. Ses caresses pleines de douceur, de tendresse, mais surtout d'amour et de réconfort tout contre son dos ne semblaient pas la calmer. Lui aussi souffrait, et de la même douleur qu'elle. Dans son cas c'était peut-être un peu différent car étant un homme il ne la portait pas en lui, il se sentait étranger à cela, alors qu'elle, elle la vivait à coeur ouvert, au creux de son ventre, au vif de l'instant.  

 

Comment faire face à un tel drame, à une telle déchirure ?  

 

Comment la réconforter ?  

 

Comment trouver les mots justes pour apaiser son coeur et calmer ses pleurs ?  

 

Y avait-il seulement des mots capables de panser ce mal qui la rongeait.  

 

Il ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. C'était la première fois qu'il se retrouvait face à cette situation : lui, l'homme de l'ombre. Il était toujours maître de lui, de tout, mais là, non, il était comme elle, aussi désespéré, aussi désemparé, aussi démuni et triste. Impuissant, voilà comment il se sentait, impuissant et meurtri.  

 

Ils restèrent ainsi blottis l'un contre l'autre des heures entières jusqu'à ce qu'elle cesse de pleurer, pour repartir de plus belle quelques minutes plus tard. La fatigue ayant alors raison d'elle, elle s'endormit la tête enfouie dans le creux du cou de son amant, une main sur son ventre et l'autre sur son coeur.  

 

Lentement, il se dégagea d'elle et l'observa de longues heures tout en lui caressant la joue. La voir ainsi aussi triste et désespérée lui déchirait le coeur. Lui qui s'était promis de la rendre heureuse, il pensait y être parvenu lorsqu'elle lui avait appris qu'elle était enceinte. Jamais il n'oublierait ce magnifique sourire qui avait illuminé son visage lorsqu'elle lui avait appris la nouvelle, non jamais. Elle irradiait de bonheur mais aujourd'hui......... aujourd'hui ce bonheur s'était transformé en désespoir, en cauchemar..... Comme il aurait aimé que tout cela ne soit pas réel, comme il aurait aimé la protéger de cette souffrance lancinante qui se rappelait à elle au travers de chaque partie de son corps.  

 

Pourquoi eux ?  

 

Pourquoi devaient-ils vivre un tel drame ?  

 

Pourquoi devait-il prendre une telle décision ?  

 

Il avait peur. Il avait peur de la perdre. Comment la convaincre ? Lui faire prendre conscience que c'était la meilleure solution, la meilleure solution pour tout le monde. La meilleure solution pour eux. La meilleure solution pour elle. Il ne se sentait pas capable. La protéger, non les protéger en temps normal serait difficile mais si en plus....... Non, il ne se sentait pas capable. C'était simplement impossible. La vérité, c'est qu'il manquait de courage, il se sentait lâche, mais sa lâcheté ou son courage n'y changerait rien, dans son monde, c'était impossible. Il préfèrerait encore mourir plutôt que de ne pas avoir su les protéger.  

 

Comment y faire face ?  

 

Oui, comment faire face à son coeur qui saignait et à sa conscience qui lui disait que c'était de loin le meilleur choix à faire ?  

 

Le meilleur choix ? Le meilleur choix ne cessait de lui répéter sa raison. Mais le meilleur choix pour qui ?  

 

Oui pour qui ?  

 

Pour elle ?  

 

Pour eux ?  

 

Pour lui ?  

 

Le meilleur choix pour qui ?  

 

Oui, le meilleur choix pour eux ?  

 

Oui, le meilleur choix pour elle ?  

 

Non le meilleur choix pour lui !  

 

Il appréhendait le moment où elle allait se réveiller. Il savait qu'à cet instant dès qu'il plongerait son regard dans le sien, elle saurait, elle connaîtrait ses intentions et le fond de sa pensée. A cet instant, il se détesta pour cette douleur supplémentaire qu'il allait lui infliger. Un lâche voilà ce qu'il était. Un lâche. Elle le connaissait mieux que personne, elle savait mieux que quiconque interpréter ses regards. C'était d'ailleurs un de leur point fort lors de leur mission. Juste un regard pour se comprendre. Il inspira profondément et soupira de frustration. Jamais il n'avait eu à faire un tel choix, un choix déchirant qui allait mettre à mal son couple. Il secoua lentement la tête afin de chasser ses pensées de son esprit, mais c'était impossible. Il reporta alors son regard sur celle qu'il considérait comme sa femme et son regard se terni.  

 

_Kaori, jamais je n'aurai dû t'entraîner dans mon monde. Tu m'as offert ce que je n'avais jamais eu, de l'amour et une famille. Ce que je pensais être une des pires choses pour un homme comme moi, c'est révélé être la plus belle des choses que la vie m'ait offerte : toi. Tu m'as fait reconsidérer l'importance que j'accordais à ma vie, tu m'as offert l'espoir, l'espoir d'une vie meilleure, l'espoir d'être un homme meilleur et à tes côtés, je le suis devenu. L'espoir de voir le jour suivant arriver. J'ai lentement, à tes côtés, découvert ce concept du lendemain meilleur que le jour présent. Jamais je n'aurais cru cela possible, mais avec toi c'est devenu une vérité, une réalité même.  

 

Comment vais-je pouvoir te faire renoncer à ton rêve ?  

 

Comment vais-je pouvoir te faire abandonner l'idée d'avoir cet enfant ?  

 

En entendant ses propres pensées, son regard devint plus sombre et son visage se crispa. Il se détestait pour ce qu'il allait lui demander. Il se détestait pour envisager une telle chose, mais ils n'avaient pas le choix. Qui ils étaient faisait qu'il ne pouvait en être autrement.  

 

Ils n'avaient aucun autre choix.  

 

Il se sentait las de cette introspection. Comme il aurait aimé prendre une bonne bouteille de whisky pour la descendre jusqu'à ce que celle-ci soit complètement vide et que ses pensées ne soient plus aussi cohérentes, pour devenir brumeuses et lointaines. Il savait que cela ne serait qu'une fuite en avant et que cela ne le mènerait nul part, mais sur l'instant cela lui permettrait d'oublier ce qu'il s'apprêtait à faire et à demander à celle qu'il aimait.  

 

Est-ce qu'il tentait de s'en convaincre ?  

 

Il ne devait pas avoir d'états d'âme, non, cela ne le rendrait que plus faible. Il devait se montrer ferme et ne pas flancher. Il devait se montrer fort, pour elle, pour eux.  

 

La voix du médecin résonnait encore dans sa tête, et il revoyait parfaitement son visage s'assombrir au vu des résultats de l'échographie. La sentence était tombée au coup près et un seul mot était parvenu à détruire leurs rêves : Trisomie. Ils avaient vus leur monde s'écrouler pour se retrouver plonger dans les ténébres. Le retour à l'appartement s'était fait dans le plus grand silence. Elle était directement montée dans leur chambre, elle s'était allongée sur leur lit et avait pleuré tout son désespoir. Il n'avait pu que la rejoindre, être avec elle et lui donner du réconfort. Il n'avait encore rien dit. Il avait gardé le silence depuis leur retour de l'hôpital. Que lui dire d'ailleurs ? Il en avait été incapable, incapable de la réconforter par des mots. Il avait juste pris sa main dans la sienne pour ne plus la lâcher et la serrer fortement. La voix du médecin faisait encore comme un écho dans sa tête en cet instant.  

 

_La trisomie en général empêche l'évolution du cerveau dite normale, cependant à force de stimulation, les porteurs de trisomie peuvent se développer tant sur le plan intellectuel, émotionnel que sur le plan professionnel, même si leur handicap ne leur permettra jamais d'atteindre l'âge mental d'un adulte.  

 

C'est cette phrase, il le savait qui avait chamboulé Kaori. Le médecin avait émis un espoir et il savait qu'elle voudrait s'y raccrocher coûte que coûte. Elle avait entraperçu un espoir infime et c'est pour cela qu'il allait devoir batailler. Le médecin leur avait aussi dit que généralement un cas de trisomie engendrait un avortement naturel par le biais d'une fausse-couche, c'est ce qu'on appelait les trisomies létales, mais certaines ne l'étaient pas. Ryo avait peur, peur que leur couple ne résiste pas à cette épreuve et l'instant où elle se réveillerait scellerait leur destinée à tous deux.  

 

Il la vit se mouvoir et s'écarter de lui.  

 

_Ryo...... prononça celle-ci en ouvrant les yeux et en le cherchant de sa main.  

 

_Je suis là Kaori ! lui répondit celui-ci d'une voix douce en posant sa main sur la sienne et en la serrant fortement. Il alluma sa lampe de chevet et se tourna vers elle. Ils avaient leur visage l'un en face de l'autre. D'un côté, une expression sérieuse et dure et de l'autre une expression de désespoir et de grande fatigue.  

 

_Comment tu te sens ? osa t-il lui demander en portant sa main à sa joue. De son pouce, il essuya la larme qui était en train de couler.  

 

_Tu crois que je me sens comment ? lui répondit celle-ci avec colère....... pardon s'empressa-t-elle de reprendre. Pardon Ryo, je ne voulais pas m'emporter contre toi, tu n'y es pour rien.  

 

_C'est rien, rassure-toi Sugar.  

 

Il l'avait appelée Sugar, sa voix avait été tellement douce, certainement pour l'amadouer, la gagner à sa cause et surtout la ramener à la raison.  

 

Elle se rapprocha de lui et se blottit tout contre lui. Elle avait posé sa tête sur son coeur et pouvait entendre ses battements de son coeur réguliers et rapides, trop rapides à son goût. L'anxiété, la peur pouvaient en expliquer la raison mais au fond d'elle, elle connaissait la réponse. Ryo déposa un tendre baiser sur son front avant de passer son bras autour de sa taille et de la serrer fortement tout contre lui comme s'il avait peur qu'elle ne le quitte.  

 

_Sugar, il faut qu'on parle.  

 

Le timbre de sa voix avait perdu toute sa douceur, et la façon dont il s'adressa à elle, la confortèrent dans l'idée que ce qui allait se jouer à cet instant était grave. Il l'avait appelé Sugar, à deux reprises. Chaque fois qu'il l'appelait ainsi, c'était pour se sentir plus proche d'elle. Elle avala sa salive et releva la tête pour croiser son regard.  

 

_Je sais ! Ce fut sa seule réponse.  

 

Elle s'écarta alors de lui. Ce que Ryo craignait se produisit, elle s'était écartée de lui, il n'avait rien dit et il commençait déjà à la perdre. Il se releva alors et s'adossa à la tête du lit. Comment lui dire ? Comment amener le sujet ? Il passa ses mains dans ses cheveux et ramena sa tête vers l'arrière. A défaut d'une bonne bouteille comme il aimerait s'en griller une à cet instant. Kaori le connaissait parfaitement bien, elle savait qu'il cherchait ses mots afin de ne pas la heurter, de ne pas la blesser, mais elle savait d'avance que ce qu'il allait lui dire n'allait pas la réjouir. Elle se releva à son tour et fit basculer ses jambes sur le côté du lit. Elle lui tournait le dos à moitié.  

 

_Ryo, va directement au but.  

 

Il se tourna vers elle et planta son regard sur son profil qu'elle baissa alors que ses poings serraient fortement sa jupe.  

 

_On ne peut pas le garder, je veux que tu avortes.  

 

Il avait prononcé sa phrase d'une traite, sans aller dans la demi-mesure. Il avait été clair et concis. Kaori ne laissa transparaître aucune réaction si ce n'est ses poings qui se serraient rageusement sur sa jupe. Voyant qu'elle ne réagissait pas, il se rapprocha d'elle et se colla tout contre son dos. Il passa ses bras autour de sa taille et posa ses mains bien à plat sur son ventre tout en la pressa tendrement contre lui. Il ne voulait pas la perdre.  

 

_Je ne veux pas te perdre Kaori. Qui nous sommes fait qu'on ne peut pas se le permettre. Parle-moi, je t'en prie !  

 

_Que veux-tu que je te dise ? Je vois que ta décision est prise. Mon avis changera-t-il quelque chose ?  

 

_Kaori en temps que nettoyeur avoir une femme et des enfants est dangereux et périlleux, mais avoir un enfant trisomique......... c'est........ c'est suicidaire, et pour lui et pour nous.  

 

_On sera deux fois plus vigilants, à nous deux, c'est possible Ryo, tenta de le convaincre Kaori en posant ses mains sur ses avant-bras.  

 

_Je ne veux pas prendre ce risque. Il sera moins vif, retardé mentalement, il ne comprendra rien à notre monde.  

 

_Tu ne me laisses aucun choix, tu ne lui laisses aucune chance Ryo. C'est notre enfant ! hurla alors celle-ci en tentant de desserrer ses bras.  

 

Elle avait Ryo pour adversaire, un adversaire redoutable, elle savait que la lutte serait difficile, mais elle ne laisserait pas tomber.  

 

_Tu peux me trouver cruel et inhumain, mais c'est mon point de vue. On ne sera pas capable de faire face, pas en vivant dans et avec le milieu.  

 

Kaori se tourna alors afin de lui faire face. Ryo ne la lâcha pas pour autant. Elle posa ses mains tout contre ses joues afin de capter son regard et son attention.  

 

_On peut partir..... loin d'ici et tout recommencer, tous les trois. Je t'en prie Ryo, donne-lui une chance.  

 

Kaori était pleine d'espoir, elle voulait y croire et se rattacher à cette petite parcelle d'espoir qui leur restait alors elle l'enlaça fortement pour qu'il comprenne qu'elle n'abandonnerait pas. A cet instant, Ryo sut qu'il n'avait plus le choix. Il se devait de tuer cet espoir dans l'oeuf avant qu'elle n'en soit complètement imprégnée.  

 

_C'est un rêve utopique Kaori ! lui dit celui-ci calmement tout en la repoussant doucement. Il prit ses mains dans les siennes et plongea son regard dans le sien . Ils me pourchasseront toujours. Je ne connaîtrai jamais le repos, seule ma mort pourra me l'apporter.  

 

De rage, elle se dégagea de son emprise et se releva afin de lui faire face de toute sa personne. La colère qui l'animait et qu'elle ressentait à l'encontre de son homme lui donna envie de le gifler. Il s'en voulait terriblement de lui faire vivre cela, mais il savait que cela serait encore plus douloureux s'ils avaient cet enfant et qu'un malheur venait à lui arriver à cause du milieu, à cause de son incapacité à ne pas avoir sur le protéger. Il fallait couper le cordon avant qu'elle ne s'attache à lui, avant qu'elle n'ait des sentiments pour lui, avant qu'elle n'apprenne à le connaître. Ryo avait pensé à tout sauf à un élément. Dès l'instant où une femme apprend qu'elle est enceinte, à la première seconde, cette mère s'attache à cet embryon et nourrit des sentiments pour lui. Cet enfant avait beau ne pas être plus gros que son poing elle l'aimait déjà de tout son coeur. C'est en cela qu'il ne vivait pas la même souffrance qu'elle, et donc qu'il ne connaissait pas ce qu'elle ressentait réellement.  

 

_Ca serait si terrible d'avoir un enfant trisomique. Cela te gênerait à ce point Ryo.  

 

_Ne dis pas n'importe quoi.  

 

Comment pouvait-elle lui dire cela ? Il avait le coeur déchiré d'avoir à faire face à ce choix. Il se leva alors et lui fit face. La colère lui fit serrer les poings.  

 

_Je pense que tu as honte d'avoir un enfant retardé mentalement qui ne soit pas à ton image, à savoir parfait. C'est tellement loin de toi. Tu ne l'aimes donc pas ? termina-t-elle de dire d'une petite voix.  

 

Cette voix à peine audible traduisait la peur d'entendre sa réponse. Dans son esprit à elle, c'était aussi simple que deux et deux font quatre. Il ne voulait pas de cet enfant car il ne l'aimait pas, il ne l'aimait pas comme elle, elle l'aimait déjà.  

 

C'en était trop. La colère la poussait à aller trop loin alors pour la première fois de sa vie, il la gifla.  

 

_Ne redis jamais une chose pareille. Tu n'as pas idée de ce qu'il pouvait représenter pour moi qui n'aie pas connu mes parents alors ne redis jamais une chose pareille.  

 

_Pouvait ! répéta Kaori en portant sa main à sa joue sans relever la tête.  

 

Ses cheveux défaits par le coup porté masquaient son visage. Son regard s'était rapidement inondé de larmes. Elle réalisa qu'il employait déjà le passé pour parler de ce bébé qui grandissait dans son ventre.  

 

C'était clair, pour Ryo, il n'existait déjà plus.  

 

Pour lui, il était déjà du passé. Comment cela était-il possible que cela soit aussi facile pour lui ? Elle ne pouvait même pas l'envisager alors que lui venait de le prononcer, de le dire à haute voix. C'est alors que la fin de sa phrase lui revient en mémoire. Elle réalisa qu'elle l'avait blessé, elle avait été méchante avec lui, car il voulait faire du mal à son bébé, mais son bébé était aussi celui de Ryo et au milieu de cette dispute, de cette douleur et de cette souffrance, l'espace d'un instant, elle l'avait oublié. Elle leva un bras vers lui, mais il s'en dégagea.  

 

_N'oublie pas ce que le médecin as dit, tu risques de faire une fausse-couche, tu ne devrais pas t'attacher à lui. Tu ne devrais pas fonder d'espoir sur cette grossesse Kaori, tu n'en seras que plus malheureuse.  

 

Sans rien ajouter, il quitta la chambre et l'appartement laissant Kaori en plein désarroi. Elle ne voulait pas perdre Ryo, mais ne voulait pas non plus perdre son bébé. Ne pas s'attacher à lui...... C'était déjà trop tard, elle l'avait aimé dès qu'elle avait appris être enceinte. Même si en apparence cela semblait facile pour Ryo intérieurement il se sentait déchiré entre sa raison qui lui affirmait que c'était la meilleure décision à prendre et son coeur qui lui hurlait de donner une chance à cet enfant de connaître ses parents. Oui, il se maudit d'avoir à lui imposer ce choix, mais elle se devait de le faire. Avant de penser à eux, il fallait qu'elle pense au bien du bébé.  

 

Ryo quitta l'immeuble et il se rendit directement dans un bar. Là face à son verre qu'il fixait depuis un bon quart d'heure son esprit ne cessait de revoir le visage de Kaori, son visage défait par la colère, par la tristesse, mais aussi et surtout par la déception. Il avait conscience de l'avoir déçue. Il se détesta pour sa lâcheté, pour sa fuite, car il avait bel et bien fui. Il l'avait laissée seule pensant que cela lui permettrait de faire le point.  

 

A l'heure des choix, prendraient-ils la bonne décision ?  

 

Il y avait une grande différence entre dire les choses et passer à l'acte. Leur situation n'était pas évidente, mais sa logique lui imposait de faire un choix, pas son désir d'être père, non juste sa logique implacable de nettoyeur. Il savait ce que Kaori voulait, mais était ce la meilleure chose pour elle, pour lui, pour eux et surtout pour cet enfant doublement innocent qui n'aurait pas des parents ordinaires. Il devait la protéger, de son monde plein de violence, la protéger de lui du fait de sa noirceur et surtout la protéger elle, d'elle-même du fait des élans de son coeur. Il avait mis 6 ans à céder à sa conscience et à son coeur pour l'aimer au grand jour, alors 9 mois c'était un délai bien trop court pour lui pour se préparer. Oui, après un long dilemme avec sa conscience, il leur avait cédé à elles deux.  

 

Pourtant, il voulait la savoir heureuse et là il lui refusait, non il lui arrachait son rêve le plus précieux. Il ne savait plus quoi faire, il ne savait plus quoi penser ? D'un geste rageur, il prit le verre et en but son contenu d'une traite avant de le faire claquer sur le comptoir et de faire un signe au barman pour en avoir un autre. Au fur et à mesure des verres, il sentait son esprit s'embrumer et ses pensées s'effiler jusqu'à ce que son téléphone ne sonne et ne le ramène à la réalité. Il le décrocha alors que de son autre main, il menait son verre à sa bouche.  

 

_Saeba j'écoute.........  

 

Il stoppa son geste en l'air afin d'assimiler toutes les infos qu'on lui annonçait. Il laissa tomber son verre et quitta précipitamment le bar sans prendre la peine de payer ses consommations. Un quart d'heure plus tard, il se présentait devant l'hôpital. C'est en courant qu'il se rendit dans la chambre de Kaori après avoir demander le n° de sa chambre à l'accueil. Il s'apprêta à franchir la porte lorsqu'il s'arrêta pour prendre une profonde inspiration et calmer les battements affolés de son coeur. Durant tout le trajet il avait prié intérieurement pour qu'il ne lui soit rien arrivé à elle, juste à elle. Il avait complètement occulté le bébé. C'était égoïste, il était égoïste. Il se savait capable de vivre sans cet enfant, mais incapable de vivre sans elle. Lorsqu'il avait décroché et qu'une infirmière lui avait dit que sa femme se trouvait à l'hôpital, il avait cru que son coeur allait exploser.  

 

L'espace d'un court instant, il avait cessé de battre normalement le rendant presque livide. Si cette infirmière l'avait appelé, c'est que Kaori n'avait pas pu le faire ce qui signifiait que c'était sérieux. Il se maudit de sa lâcheté, il aurait dû rester avec elle. Il avait préféré fuir, la laissant seule face à sa douleur et à la dure réalité qu'il lui avait imposée pensant que de la mettre devant le fait accompli l'aiderait à prendre conscience des choses. Oui, il avait d'ailleurs cru que son coeur allait s'arrêter lorsque l'infirmière lui avait appris que Kaori y avait été admise d'urgence. Il poussa la porte d'une main hésitante ne sachant pas du tout ce qui l'attendait derrière. La pièce était plongée dans la pénombre de la nuit. Les rayons de la lune traversaient les stores donnant à cette chambre froide une ambiance intimiste, mais tellement neutre. Il vit Kaori en position foetal qui fixait un point sur le mur.  

 

D'un pas lent, il se dirigea vers elle et arrivé à sa hauteur, il s'assit sur le rebord du lit. Il se pencha sur elle et caressa sa joue mouillée. Elle avait pleuré. Il avait peur de demander. L'infirmière ne lui avait rien dit, il ne lui en avait pas laissé le temps. Une fois le n° de sa chambre communiqué, il avait foncé telle une fusée. Il avait eu ce besoin viscéral de la voir, de la toucher, de humer son odeur, de se rendre compte par lui-même qu'elle allait bien, qu'elle était en vie. Il se ramena son visage tout contre son cou pour avoir de contact charnel avec elle. Il resta ainsi quelques secondes avant de se relever et de ramener son visage vers lui.  

 

_J'ai eu tellement peur lorsque j'ai eu cette infirmière au téléphone. Qu'est-ce qui s'est passé ? sa voix était tremblante.  

 

_J'ai fait une fausse-couche ! lui révéla celle-ci le regard embué prête à sangloter de nouveau avant de reprendre sa place initiale.  

 

Elle n'avait pas bougé, elle l'avait à peine regardé. Elle avait juste parlé d'une voix anormalement calme, dépourvue de toutes émotions malgré son regard embué de larmes qui trahissait cet état de calme apparent.  

 

Cette révélation, il la reçut comme un coup de poignard en plein coeur. Même s'il lui avait imposé ce choix d'une certaine façon, il ne s'y était pas encore préparé, pas de façon aussi brutale. Non pas comme ça !  

 

Que dire à une femme qui vient de perdre son enfant ?  

 

Que dire à sa propre femme lorsqu'une telle chose se produit ?  

 

Comment calmer sa peine alors que la sienne ne demandait qu'à éclater ?  

 

Il était perdu. Il avait voulu qu'elle avorte et à présent que cette part d'eux deux avait disparu, il éprouvait un manque, comme une sorte de regret au goût amer. C'était trop subit, c'était trop violent.  

 

_Je suis désolé Kaori ! lui dit Ryo d'une voix éteinte pleine de sincérité.  

 

Le timbre de sa voix, auparavant, jamais elle n'y avait été confrontée ce qui la fit se mettre sur le dos afin de lui faire face. Il semblait réellement sincère, il semblait réellement souffrir de cette perte. Ses mains tremblaient, lui le grand Ryo Saeba tremblait. Lentement, il s'accroupit aux pieds du lit et posa sa tête sur son ventre comme s'il avait voulu sentir sa présence. Pour la première fois de sa vie Kaori le vit pleurer, pleurer silencieusement. Machinalement, elle posa sa main sur ses cheveux qu'elle caressa doucement afin de la calmer. Ses larmes se mêlèrent à celles de Ryo. Ils restèrent ainsi de longues secondes avant que Ryo ne se relève.  

 

_Je sais pas quoi te dire à part que je suis désolé Kaori ! lui dit -il en serrant sa main.  

 

_Non...... tu dois être ravi, c'est ce que tu voulais. Elle se dégagea de sa main et lui tourna le dos.  

 

_Tu sais que c'est faux Kaori ! s'empressa de lui répondre celui-ci. Comment peux-tu dire une chose pareille ?  

 

Même s'il savait que c'était la douleur engendrée par la perte de leur enfant qui lui faisait lui dire de telles choses, Ryo avait mal.  

 

_Tu ne voulais pas de ce bébé. Je suis fatiguée, je vais dormir, tu devrais rentrer Ryo.  

 

Elle coupa court à cet échange, elle ne voulait pas de lui auprès d'elle dans un tel moment alors que sa place était ici, dans cette chambre avec elle. Cela lui fit mal d'être rejeté, d'être exclu, car c'est ce qu'elle faisait. Elle l'excluait volontairement de sa vie comme une punition pour ses paroles. Telle une âme en peine, il se leva et quitta la chambre et l'hôpital. Il erra le reste de la nuit dans les rues de la ville.  

 

Le lendemain, il alla la chercher à l'hôpital et la ramena chez eux. Depuis la veille à l'hôpital, elle ne lui avait pas adressé la parole. Kaori monta dans sa chambre suivie de près par Ryo. Elle alla jusqu'à son armoire en sortit un sac qu'elle commença à remplir de ses affaires.  

 

_Qu'est ce que tu fais ? demanda-t-il affolé.  

 

_Ca ne se voit pas !  

 

_Où comptes-tu aller dans ton état ?  

 

_J'en sais rien, je sais juste que je dois partir, m'éloigner de toi avant de te détester complètement.  

 

_Kaori, je t'en prie on peut en discuter.  

 

_Par ce que maintenant, tu veux discuter ! Y a plus rien à dire Ryo ! lança-t-elle en plongeant son regard dans le sien avant de se détourner.  

 

_Combien de temps comptes-tu partir ?  

 

_Pour toujours ! Je n'ai pas l'intention de revenir Ryo, lui avoua-t-elle sans prendre la peine de le regarder.  

 

Elle s'était saisie de son écrin et du cadre de la photo de son frère lorsque les mains de Ryo s'étaient posées sur les siennes afin de la stopper.  

 

_On doit en parler Kaori. Il la saisit par le bras et l'obligea à lui faire face.  

 

_Y a rien à dire ! lui dit-elle d'une voix lasse. Mon amour pour toi est mort avec mon bébé.  

 

En entendant cela, le coeur de Ryo se brisa et ses mains qui serraient ses bras relâchèrent la pression si bien que Kaori se dégagea de son emprise et que ses bras retombèrent ballants le long de son corps. Son bébé. Elle aurait du dire notre bébé, mais elle avait choisi ses mots exprès, pour le toucher et elle avait réussi.  

 

Elle ne l'aimait plus.  

 

Elle s'éloigna de lui prit le reste de ses affaires et gagna le salon. Ryo la suivit la peur au ventre de la voir franchir la porte de l'appartement. Elle semblait plus que décidée. Il s'interposa alors entre la porte et elle. Non cela ne pouvait pas se terminer ainsi. Non ! Il ne le permettrait pas.  

 

_Très bien, quelques jours de séparation ne pourront que nous faire du bien. Je sais que tu es triste et que tu m'en veux Kaori, mais on s'en remettra. On viendra à bout de cette épreuve comme on est toujours venus à bout de toutes les autres. Je vais attendre ton retour. Je vais t'attendre, attendre que tu me pardonnes. Je t'aime et tu m'aimes alors on s'en sortira, j'en suis persuadé. Il nous faut juste du temps, il te faut plus de temps, je veux te le donner ce temps Kaori.  

 

_Ne m'attends Ryo pas, car je ne reviendrai pas.  

 

_Ca ne peut pas se finir comme ça ! On s'aime Kaori.  

 

_C'est par ce que j'ai encore de l'amour pour toi que je pars. Je préfère partir avant de te haïr, avant de te le reprocher, avant que notre vie ne devienne un véritable enfer, avant qu'on se déchire, avant de te détester complètement. Tu as osé me demander d'avorter Ryo.  

 

_Les circonstances m'y ont forcé Kaori. Pardon Kaori, pardon, je t'en prie pardonne-moi. Pardon........  

 

A cet instant, Ryo sut qu'elle le rendait responsable de la perte de leur enfant. Elle ne le voyait pas en temps que l'homme qu'elle aimait, mais en temps que l'ennemi. Il prit conscience certainement pour la première fois depuis qu'elle avait perdu leur enfant qu'elle le voyait comme l'ennemi qui avait voulu faire du mal à son enfant à elle, à leur enfant. Et ce constat le glaça. Il lui avait donné l'image d'un homme froid et implacable, l'image de ce nettoyeur sombre et sans coeur , loin de ce qu'il aurait dû être en temps normal. Il aurait dû la soutenir, être là pour elle, mais la peur de la perdre elle l'avait poussé à aller dans ce sens car il se savait incapable de vivre sans elle. Il avait préféré la choisir elle, plutôt que leur enfant et c'était ce choix qu'elle lui reprochait d'avoir fait, et que jamais elle ne lui pardonnerait. Le fait de le voir lui demander pardon de façon aussi répétitive ne fit qu'accroître la culpabilité de Kaori qui s'en voulut, car elle réalisa peut-être pour la première fois qu'il souffrait autant qu'elle. Lorsqu'elle l'avait vu pleurer à l'hôpital, elle avait réalisé qu'il avait mal lui aussi, mais là face à lui alors qu'il lui demandait pardon, elle prit conscience que sa douleur à lui était égale à la sienne.  

 

_Et moi, elles me forcent de mon côté à partir Ryo.  

 

_Tu ne me donnes aucune chance. Tu décides que c'est fini alors je dois l'accepter. C'est injuste Kaori ! C'est la seule façon que tu as trouvée de me punir.  

 

_De te punir...! répéta Kaori outrée qu'il ose lui faire un tel reproche. Je trouve que de nous deux, c'est moi qui suis la plus punie. J'ai perdu mon bébé ! lui hurla celle-ci le visage ravagé par les larmes alors que sa main se posa tendrement sur son ventre encore meurtri. Et en même temps je t'ai perdu TOI. Cette douleur que je ressens, tu ne le comprendras jamais ! Jamais ! Ce qu'on a perdu Ryo, jamais on ne le retrouvera. Jamais !  

 

Il aurait aimé lui répondre, lui dire qu'elle avait tort, mais sa pudeur, sa lâcheté, son incapacité à s'exprimer correctement avec des mots, lui firent garder le silence. La gorge étranglée par ses propres sanglots, il se retrouva seul, au milieu de son salon, incapable de faire le moindre geste. Il avait tout perdu. Il avait perdu son enfant. Il l'avait perdue, elle, Kaori, la femme de sa vie, son amour, son Sugar. Il avait perdu ses rêves. Il avait perdu ses espoirs. Il s'était perdu lui entre le moment où il avait formulé sa pensée concernant leur enfant et le moment où la porte de leur appartement s'était refermée derrière elle. Il attendit quelques secondes, qui se transformèrent en longues minutes.  

 

_Adieu Ryo !  

 

Avait-il bien entendu ? Son ouïe ne lui avait-elle pas fait défaut. Il l'avait perçu comme un murmure alors il n'était pas certain d'avoir bien entendu. Un frisson parcourut alors son corps le sortant de sa léthargie, alors qu'en même temps lui revint en mémoire la voix adoucie des derniers mots de Kaori. Non, il ne l'avait pas rêvé. Se retrouver seul en plein milieu de son salon lui fit prendre conscience que tout cela était bien réel.  

 

C'était tout ce qu'il lui resterait d'elle, une voix, un murmure. Sans rien ajouter d'autre, elle quitta l'appartement laissant un Ryo le coeur complètement broyé par la douleur. Elle s'adossa à la porte de leur appartement, la main toujours cramponnée à la poignée de la porte derrière son dos qu'elle serrait convulsivement. Elle ne savait même pas s'il l'avait entendu. Son absence de réaction lui fit se poser la question. Sa voix avait été tellement étouffée, faible et cassée par la douleur. Il n'avait même pas tenté de la retenir, elle n'avait fait que faire face au silence. Sans se retourner, une main posée sur son ventre qu'elle caressa tendrement, elle quitta l'immeuble et la vie de l'homme qu'elle avait toujours aimé et qu'elle aimerait certainement toujours jusqu'à son dernier souffle.  

 

_Pardonne-moi, Ryo !  

 

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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