Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: Elane

Beta-reader(s): A. Dust

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 07-10-20

Ultimo aggiornamento: 07-10-20

 

Commenti: 3 reviews

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SongficDrame

 

Riassunto: Le destin est un enchevêtrement de rencontres qui vous pousse pour trouver votre place dans ce monde. Mais comment trouver sa place quand l’espoir est aussi fugace qu’un fantôme et que seule la peur survit ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Hope Is A Ghost" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Hope Is A Ghost

 

Capitolo 1 :: Hope Is A Ghost

Pubblicato: 07-10-20 - Ultimo aggiornamento: 07-10-20

Commenti: voilà, c’est début aout, j’écoute de la musique d’ambiance pour continuer mon autre fic et un morceau a popé dans la playlist : Hope is a Ghost de Angelflare, faisant germer l’idée de ce « petit » one shot. C’est une songfic dans laquelle la chanson sert de bande originale et qui décrit bien à mon sens l’enfer dans lequel il a vécu si longtemps. Hope is a ghost, l’espoir est un fantôme, Fear survives, la peur survit. J’ai essayé d’imaginer la vie de Ryo à partir du moment où l’angel dust a fait irruption dans sa vie déjà bien noire. Comment en est-il arrivé à revenir au japon et pourquoi en est-il arrivé à repousser aussi durement Kaori durant toutes ces années. J’espère que vous aimerez 😊 Bonne lecture

 


Capitolo: 1


 

Je suis là dans Son parc favori, assis sur un banc, cigarette à la main.  

Le mois de mars, le mois de mon anniversaire, Son anniversaire, l’hanami à Tokyo. Elle a décidé de venir ici pour observer "la valse des fleurs" comme elle dit.  

 

J'ai râlé un peu pour la forme, mais je savais très bien que j’allais la suivre. Bien sûr que j’allais la suivre. Je la suivrai toujours où qu’elle aille. Et ce décor est parfait pour elle, comme si la terre et la nature elles-mêmes voulaient célébrer Sa poésie.  

 

Elle a croisé des amies et a commencé à bavarder. Je me suis éloigné, n’étant en rien concerné par ces babillages et me suis assis là, sur ce banc. J'ai commencé à la regarder, comme je le faisais souvent alors qu’elle ne pouvait pas s’en rendre compte.  

 

Elle est si belle quand elle sourit, insouciante. J’ai allumé ma cigarette et maintenant je l’écoute rire. J’aime tellement ce son, il est apaisant. Je souris devant l’ironie de la chose, je n’ai pas souvenir avoir ressenti autant d’apaisement que depuis ces quelques années passées auprès d’elle.  

En y pensant, ma vie a bien changé depuis que je L’ai rencontrée. Je rejette la tête en arrière alors que j’exhale la fumée en souriant. Mon regard se perd dans le tourbillon des pétales de fleurs qui dansent autour de moi, hypnotisantes. La perspective inversée me donne l’impression que les arbres tombent sur moi, me replongeant dans mes souvenirs. Mais c’est un tout autre décor qui m’entourait alors.  

 

***  

 

La jungle se refermait sur nous.  

 

Les mercenaires nous avaient tendu un piège et on s’était rués dedans, tête baissée, comme les têtes brûlées que nous étions à ce moment-là. J’avais quatorze ou quinze ans, je ne sais plus vraiment, ça faisait longtemps que j’avais perdu le compte. Mes camarades étaient plus âgés, peut-être deux ou trois ans de plus.  

 

Des gamins. Nous n'étions que des gamins.  

 

Des gamins perdus dans l'enfer vert de la jungle sous l’égide d’hommes plus âgés qui nous dirigeaient d’une main de fer. Cruels. Fous. On aurait dû s’en rendre compte mais nous n’avions pas le recul nécessaire. Puis ils nous avaient abreuvés depuis notre plus jeune âge de toute leur doctrine.  

 

Ce jour-là, on devait attaquer un camp de mercenaires pas très loin de notre campement. Ils s'étaient installés trop près de nous selon mon père. Notre Chef. Shin Kaïbara. Il nous avait donné nos armes et nos ceintures de munitions et nous avait envoyés régler le problème, comme il disait.  

Nous étions trop sûrs de nous ou trop inconscients du danger. Nous n’avons pas attendus, nous avions mal observés. Nous n’avions aucun plan, à part celui de foncer dans le tas, imbus de nous-mêmes, sûrs de notre force et de l’effet de surprise. Nous avions juste oublié un détail : eux aussi étaient surentrainés. Nous étions des guérilleros, eux étaient paramilitaires, formés, disciplinés.  

 

Ils nous ont fait prisonniers. Prévisible.  

 

Et maintenant j’étais là, assis comme un con dans ma cellule, à peu près certain de finir par y laisser ma peau. Ce ne serait pas si mal en y réfléchissant. J’étais déjà fatigué de cette vie. Ça fait quoi…. Dix ans ? Onze ans que je survivais dans cette jungle, sous cette chaleur étouffante, avec une arme à la main.  

 

De toute ma putain de vie, je ne me rappelais de rien d’autre. La violence. La douleur. Le sang. Le bruit des fusils qu’on remonte, qu’on charge, qu’on arme, qu'on utilise. C’était ça ma vie.  

 

Depuis le crash de l’avion de mes parents, je n’avais aucun autre souvenir et ça avait effacé tous ceux d’avant. Je ne me rappelais même pas de leurs visages. La douceur des caresses de ma mère, je ne pouvais même pas dire si j’y avais eu droit. Maintenant, je me rappelais juste la froideur de sa peau, la rigidité et le poids de son bras sur moi quand je m’étais réveillé, le teint froid et blanc de son visage et ses yeux, morts, qui me fixaient.  

 

J’étais assis dans cette cage, les genoux relevés et les bras qui reposaient dessus. La tête en arrière, les yeux fermés, j’attendais, j’écoutais. Il faisait nuit depuis quelques heures. J’aurais dû dormir mais je n’y arrivais pas. Je détestais le faux silence de la forêt : le bruissement des feuilles des arbres, les bruits des animaux sauvages qui nous entouraient… Je détestais ça….  

 

Puis soudain, le craquement d’une branche. J’ouvrais les yeux : en face de moi un homme, approchant les deux mètres de haut, sa musculature rendue d’autant plus impressionnante qu’il me dominait de toute sa hauteur, cachant la lumière de la lune, me plongeant dans l’obscurité totale. Il s’accroupit en face de moi, je distinguais un peu plus ses traits : asiatique, chauve. Il me parla dans une langue que je maitrisais mal :  

 

- Qu’est-ce qu’un Japonais de ton âge fait dans cette jungle maudite ?  

 

Je ne répondis pas, je n’avais pas compris la moitié. Il continua en espagnol :  

 

- Comment tu t’appelles ?  

- Ryo… Saeba Ryo.  

- Tu es donc bien japonais.  

- Je n’en ai aucune idée, répondis-je en haussant les épaules.  

- C’est rare pour un Japonais de se retrouver dans la jungle aussi jeune. Et en plus, tu sais te battre.  

- J’ai vécu toute ma vie ici, je ne suis pas japonais, pas plus que je ne suis sud-américain. Ce n’est même pas mon vrai nom, j’ai été baptisé comme ça ici… Je ne suis personne…  

 

Je reposais à nouveau ma tête contre les barreaux de la cage, mettant fin à la conversation. Il se releva et se retournait pour partir quand il me dit :  

 

- J’espère pour toi que tu trouveras ta place dans ce monde, gamin.  

 

Ma place… Avais-je seulement une place qui m’attendait quelque part ?  

 

Look at the state we're in (Regarde l'état dans lequel nous sommes)  

This docile apathy (Cette apathie docile)  

 

Une heure plus tard, alors que j’avais réussi à glisser dans un sommeil plus ou moins serein, après tout, rien ne pouvait m’attaquer dans cette cage, je sentis une main se plaquer sur ma bouche et une voix que j’aurais reconnu entre mille. Kaïbara. Mon père.  

 

Je me retournai et je vis son visage dans la lumière blafarde de la lune, il avait des yeux fous. Je mis ça sur l’inquiétude de me savoir prisonnier. J’avais envie d’y croire.  

 

Notre relation avait toujours été particulière. Après l’accident, j’avais erré dans la jungle pendant un bon moment avant de tomber sur un village. C’est là que je l’avais rencontré. Il m’avait pris sous son aile et m'avait promis ce jour-là de prendre soin de moi. Il m'avait appris tout ce que je savais. Nous nous étions adoptés mutuellement. J’avais trois ans et j’avais besoin d’une famille, du moins ce qui pouvait s’en approcher le plus.  

 

Il me sortit de cette cage et nous commençâmes à fuir, mais dans notre hâte, nous n’avions pas fait attention aux pièges. J’étais plus loin, bien plus en avant, quand il tomba sur une mine qui déchiqueta complètement sa jambe, la laissant en lambeaux. L’explosion fut décuplée par le silence de la nuit. Je fus projeté au sol par l’explosion et je me rappelle encore le goût de la terre et de l’humus dans ma bouche. Je me retournais vers mon père : il avait perdu connaissance, mais je me doutais de ce qu’il m’aurait ordonné de faire s’il avait pu : l’abandonner et partir.  

 

Je refusai. Je ne pouvais m'y résoudre. J’avais déjà perdu une famille, c’était une de trop et il n’y en aurait pas d’autre. Kaibaira n’était peut-être pas le père idéal, mais il était ce qui s’en rapprochait le plus. Il m’avait élevé, m’avait donné une place et il était ma seule attache.  

 

Je le hissais sur mon dos et me mis à courir aussi vite que je le pus avec ce poids supplémentaire, sous les tirs nourris des soldats, rameutés par l’explosion.  

 

Heureusement, ils ne nous suivirent pas dans la nuit, certainement convaincus que nous courrions à notre perte. Le sang qui coulait de la jambe de Kaïbara risquait d’attirer les prédateurs, et déjà, les feulements des jaguars se faisaient de plus en plus nombreux autour de nous. Pour ces mercenaires, nous n’avions aucune chance et ils n’allaient pas risquer leurs hommes pour une chasse vaine.  

 

J’avais dû avoir une chance inouïe ou un ange gardien qui veillait sur moi cette nuit-là, mais je parvins à me repérer et à rejoindre notre camp. Je confiai Kaïbara au médecin et je restais auprès de lui tout le temps de sa convalescence.  

 

Quand il se réveilla, je le trouvais changé. La lueur de folie que j’avais aperçue dans ces yeux à la lueur de la lune était toujours présente. Je mis ça sur le compte de la douleur : on l’avait amputé cette nuit-là, pour stopper l’hémorragie, empêcher la gangrène et l’infection. Je m’éloignai un moment et revins le veiller la nuit, quand il dormait. Le reste du temps, ses lieutenants venaient prendre leurs ordres à son chevet.  

 

Au bout de quelques jours, il m’appela près de lui et m’informa qu’il allait me donner une nouvelle arme pour lutter contre nos ennemis. Que c’était moi qui allais avoir l’honneur de la tester.  

 

J’en concevais alors beaucoup d'orgueil. J’étais fier qu’il m’ait choisi. J’avais une confiance aveugle en lui et quand je sentis l’aiguille transpercer mon cou et un liquide parcourir mes veines, je le regardais sans comprendre.  

 

Il m’avait pourtant promis de prendre soin de moi…  

 

- Ce sera TOI l’arme ! Je t’ai injecté quelque chose qui fera de toi la pire crainte de nos ennemis. Tu seras pour eux l’ange qui leur apportera la mort. Plus fort que ... la mort elle-même. Rapporte-moi la victoire, mon fils !!  

 

Mes yeux s’écarquillèrent alors que les mots qu’il prononçait trouvaient un écho en moi. Je me sentais empli d’une force que je n’avais encore jamais connue. Je me sentais invincible, capable de terrasser mes ennemis à mains nues. Je regardai mes poings et je vis les veines ressortir le long de mes bras. Je me sentais vivant, fort…. Invulnérable.  

 

Kaïbara me mit un couteau cranté entre les mains et je relevais mon visage vers lui. J’avais l’impression que son regard me renvoyait le mien, aussi fou et imprévisible que lui. J’en retirai une fierté incommensurable.  

 

- Retrouve les mercenaires qui ont tué tes camarades. Retrouve-les et tue-les tous, m’ordonna-t-il avec un sourire carnassier auquel je répondis.  

 

We fight and stumble aimlessly (Nous nous battons et trébuchons sans but)  

 

Je quittai le camp en courant. Il commençait à faire nuit et j’arrivai au campement des mercenaires sans encombre, évitant tous les pièges. Mes sens étaient décuplés et une rage telle que je n’en avais jamais connue montait en moi. Une haine, un besoin de vengeance, au nom de mes camarades, de mon père. Une envie d’en finir avec cette putain de guerre.  

 

J’étais invincible et cette pensée me rendait plus fort encore.  

 

Plus j’avançais et plus j’avais l’impression d’être comme une bête sauvage traquant sa proie. Je sentais mon sang couler dans mes veines, la moindre contraction de mes muscles. Je ressentais tout mon environnement, tous les bruissements de feuilles, le souffle du vent. Mes réflexes étaient ceux d’un jaguar, vifs et précis.  

 

J’arrivai au camp par l’entrée principale, je fonçai, tête baissée, me faufilant dans les tentes pour les égorger dans leur sommeil, jusqu’à ce que l’un d’entre eux ait le temps de crier et de réveiller les autres. Je souris en les voyant arriver et se jeter sur moi. Puis j’entrais dans la mêlée, tuant sans discontinuer, aveuglé de rage et du désir de vengeance. Je frappai, tuai, égorgeai, et chaque mort me nourrissait davantage.  

 

J’avais l’impression que mon cœur allait exploser, que ma tête allait exploser. Et je n’arrivais pas à m'arrêter, même si, au fond de moi, je ne parvenais plus à identifier ni le but ni la raison de cette tuerie. Je me sentais glisser. Je me sentais bien.  

 

Il avait pourtant promis de prendre soin de moi…  

 

We broke our promises (Nous avons rompu nos promesses)  

One too many times (Une fois de trop)  

 

Ma danse meurtrière s’arrêta enfin. Je regardai autour de moi et ce que je vis me sortit de ma transe. Je me trouvais au milieu d’un véritable charnier. J’étais couvert de blessures à l’arme blanche, de plaies par balles et je ne les sentais même pas.  

 

J’avançai, complétement hagard et réalisai petit à petit l’horreur de ce que j’avais fait. Je me sentais lourd, comme vidé de toutes mes forces à mesure que mon corps se débarrassait de cette drogue.  

 

Je réalisais.  

 

Je tombais à genou auprès du colosse qui m’avait parlé pendant ma captivité… Une balafre au couteau lui barrait le regard. Ses yeux saignaient encore. Il serait probablement aveugle désormais, s’il survivait.  

 

Au fond de moi, une voix ressemblant à celle de Kaïbara m’ordonnait de l’achever. « Tue-les tous. » « Fais-leurs payer »… Je la combattais de toutes mes forces et me relevai pour partir en courant. Fuir.  

 

When Hope is a ghost (Quand l’espoir est un fantôme)  

Fear survive (La peur survit)  

 

Je courrais pendant des heures, surpris de la force qu’il me restait malgré mes blessures, malgré le combat que je venais de mener. Je commençais à réaliser. J’avais décimé à moi seul une unité entière de mercenaires surentrainés. Les mêmes qui nous avaient capturés des jours auparavant, mes camarades et moi. Ceux contre qui nous n’avions rien pu faire. Je venais de les décimer, juste armé de mes poings et de mon couteau. Qu’est-ce qu’il m’avait injecté ? Qu’est-ce que j’étais devenu ???  

 

Je m’arrêtai, à bout de souffle, alors que je sentais petit à petit la drogue refluer dans mon organisme. Mon cœur battait vite. Très vite. Trop vite. J’étais arrivé près d’un dispensaire que j'avais repéré deux semaines auparavant et je m’écroulai, pris de vertiges.  

 

I'm just gonna sit here (Je vais juste m'asseoir ici)  

I'm just gonna stay here for a while (Je vais juste rester ici pendant un moment)  

Need to catch my breath here (Besoin de reprendre mon souffle ici)  

 

What do we do now (Qu'est-ce qu'on fait maintenant)  

 

Mes rêves étaient hantés de champs de mines, des corps, des milliers de corps, qui explosaient à mon approche, me couvrant de sang. Le goût du sang dans ma bouche. La couleur du sang sur mes yeux, teintant le paysage. Ces cauchemars étaient amplifiés par le manque, mais ils me hantent encore aujourd’hui.  

 

Je me réveillai en sursaut dans un lit de fortune, bandé de la tête aux pieds. J’avais survécu. J’avais revu en rêve le carnage que j’avais fait. Des têtes tranchées aux regards vides qui allaient me hanter tout le reste de ma putain de vie.  

 

Qu’est-ce que j’avais fait ?  

 

Look at the empty stares (Regarde les regards vides)  

Of once mighty men (D'hommes autrefois puissants)  

Fallen and fragile (Tombé s et fragiles)  

So unsure (Tellement incertains)  

 

Je fus pris d’une envie de vomir. Je me tournai sur le côté pour rendre toute la bile qui remontait. Je tentai de me lever mais je me sentais faible comme jamais.  

 

Je regardai autour de moi. Il y avait des blessés, beaucoup de blessés, un hôpital militaire ? Comment étais-je arrivé là ? Pourquoi étais-je encore en vie ? Je ne le méritais pas.  

 

Un homme, d'une quarantaine d’années, déjà grisonnant, asiatique lui aussi, s’approcha de moi et me parla en espagnol.  

 

- Tu es enfin réveillé, Babyface. Sais-tu que tu as encore le visage d’un enfant quand tu dors ?, fit-il en me souriant.  

 

Who do we look to now (Vers qui nous tournons-nous maintenant)  

How can we trust again (Comment pouvons-nous faire confiance à nouveau)  

 

Il observa mon regard embrasser la salle et les infirmières qui s’activaient sans relâche. Il ne se départit pas de son sourire quand il me dit :  

 

- Tu vois ces quelques hommes au fond ? Ce sont des mercenaires qui ont été attaqués dans leur sommeil par un homme rendu fou par une drogue encore inconnue. Dans leur délire, parlent d’un ange de la mort venu les punir de leurs péchés.  

 

When hope is a ghost (Quand l'espoir est un fantôme)  

 

Il fit une pause pour jauger ma réaction. Voyant mes yeux se remplir de larmes, il continua :  

 

- Moi, je pense que c’est juste un gamin qui s’est fait avoir par quelqu’un en qui il avait confiance. Un gamin paumé, blessé qui ne connait rien d’autre que la guerre.  

 

Je l’interrogeai du regard, incapable de prononcer un mot.  

 

- Un des mercenaires que j’ai soignés avait une blessure aux yeux. Une blessure impressionnante, mais pas si grave…. Pour l’instant… Il t’a reconnu… Il m’a raconté ce qu’il s’est passé. Il n’est pas aveugle, pas encore. Il sera peut-être juste condamné à porter des lunettes de soleil. Ça ne semblait pas le gêner. Il est parti en me demandant de garder un œil sur toi. Il s’appelait Hayato Ijuin, ajouta-t-il avant de me laisser reprendre mes esprits.  

 

J’avais toujours envie de vomir, ce que j’avais fait me rendait malade. Ce n’était pas mes valeurs. J’avais peur, qu’étais-je devenu ?  

 

Fear survives (La peur survit)  

 

Je regardai mes mains sans comprendre : elles tremblaient sans que j’arrive à les contrôler. Je transpirais alors que l’air était plutôt frais. J’avais des nausées et des vertiges terribles quelle que soit la position dans laquelle je me trouvais. Et la douleur déchirait mon être en entier, me tordait les tripes, faisant remonter la bile et le peu de choses que j’arrivais à manger.  

 

Le manque. Je n’en avais eu qu’une seule dose, mais le manque me tordait les entrailles.  

 

I'm just gonna sit here (Je vais juste m'asseoir ici)  

I'm just gonna stay here for a while (Je vais juste rester ici pendant un moment)  

Need to catch my breath here (Besoin de reprendre mon souffle ici)  

 

Je restais au dispensaire le temps de me remettre des effets du manque qu’avait provoqué l’Angel Dust, comme l’avait surnommée le professeur. J’aidais comme je pouvais, comme pour me racheter une conduite et quand un combattant américain arriva avec sa fille. Doc me poussa à le suivre aux Etats-Unis pour peut-être sortir de cette jungle et de cette vie. Il me laissa une recommandation :  

 

- Si jamais un jour tu as envie de connaitre tes origines, j’ai bientôt réuni de quoi fonder la clinique dont j’ai toujours rêvé à Tokyo. Il y aura toujours du travail pour un type comme toi dans cette ville rongée par la mafia. Il se peut que j'aie besoin de protection, un de ces jours ... Tu pourrais me rejoindre ?.  

 

What do we do now (Qu'est-ce qu'on fait maintenant)  

 

J’acceptai et suivit Kenny qui me prit sous son aile et fit de moi son partenaire dans l’entreprise qu’il allait monter dans les environs de Los Angeles. La cité des anges, parfait pour l’ange de la mort que j’étais devenu. J’y tuais toujours mais sur demande et contre paiement.  

 

Je vivotais, toujours hanté par mes fantômes. Je dormais mal. Et je ne savais toujours rien faire d’autre que tuer. Je finis même par le tuer lui, Kenny. C’est ce qu’il m’avait demandé pour éloigner à jamais sa fille, Sonia, du milieu. Il ne voulait pas de cette vie pour celle qu’il aimait le plus au monde. Je comprenais. Cette vie n’était pas pour les sentiments : ils seraient toujours notre point faible.  

 

Ne pas aimer, pour ne pas être faible.  

 

Jamais.  

 

Tous ceux que je croisais étaient du même acabit et pensaient la même chose. Je rencontrais Mick, mon partenaire suivant, dans un club de strip-tease. Nous voulions la même fille ce soir-là et nous nous sommes donc lancés dans un duel de séduction pour gagner son cœur, avant de nous engager un duel plus viril pour gagner la place de l’autre. Finalement, l’affrontement s'était soldé sur une égalité, mais avait forgé une belle amitié. J’avais trouvé mon jumeau maléfique, si semblable, si différent.  

 

Nous avions les mêmes travers et nous oublions cette vie que nous n’avions pas choisie, de la même manière : l’alcool et les filles. J’étais plus doué que lui, une meilleure descente et le charme exotique du japonais parlant espagnol. Le mystère de l’homme sans réelles origines. Le pouvoir de l’attraction pour un homme perdu pour lui-même, un homme qui transpirait le danger, plein de blessures que les femmes mourraient d’envie de panser. Je les laissais faire sans jamais m’attacher. Incapable de me défaire de ce que Kaibara m’avait enseigné : les sentiments sont pour les faibles.  

 

Je n’étais pas faible.  

 

Mais au final, au fond de moi, je le savais, j’avais peur de le devenir.  

Alors j’ai fui à nouveau, quand une femme plus aventureuse que les autres entreprit de vouloir toucher mon cœur. Je lui en refusais l’accès et embarquais sur un cargo, passager clandestin pour rejoindre le Japon.  

 

Le Japon… Mes origines ?  

 

Les mots que le professeur avait prononcés de nombreuses années en arrière me hantaient toujours, comme s’ils m’appelaient par-delà les océans. Doc. Il avait parlé de travail pour un type comme moi. Je ne parlais pas la langue, ou très peu, mais peut-être m’y sentirais-je plus à ma place qu’ici.  

 

Le voyage dura plusieurs jours avec pour seule compagnie, des rats. Mais quand je débarquai, j’avais l’impression tenace, au fond de moi, que mon destin m’attendait ici.  

 

I'm just gonna sit here (Je vais juste m'asseoir ici)  

I'm just gonna stay here for a while (Je vais juste rester ici pendant un moment)  

Need to catch my breath here (Besoin de reprendre mon souffle ici)  

 

What do we do now (Qu'est-ce qu'on fait maintenant)  

 

En posant les bonnes questions aux bonnes personnes, je trouvais facilement la Clinique du doc, qui s’était déjà taillé la réputation de territoire neutre. J’entrepris alors le travail qui allait m’occuper le reste de ma chienne de vie. Rendre les rues de cette ville plus sûre. Doc me présenta un jeune inspecteur qui avait démissionné de son poste dans la police. Trop de corruption, trop d’injustice pour son âme de super héros. Mes capacités l'impressionnèrent, j'admirais sa droiture et son intégrité. Nous nous associâmes et j’eus l’impression grâce à lui de retrouver petit à petit mon âme perdue.  

 

When hope is a ghost (Quand l'espoir est un fantôme)  

 

J’occupais toujours mon temps libre de la même façon qu’aux États-Unis, entre les femmes et l’alcool. Oubliant par moment les fantômes de mon passé dans les bras de clientes tombées sous mon charme, refusant de laisser mon cœur se faire atteindre en profondeur.  

 

Je n’étais pas prêt à ce qui allait m’arriver. Quand Hideyuki Makimura mourut, il me confia son trésor le plus précieux.  

 

Sa sœur.  

 

Et là, venue de nulle part, telle une tempête, la peur me submergea. Une peur nouvelle, une peur que je n'avais jamais connue auparavant, alors que cette jeune fille me regardait avec ses grands yeux noisette. Elle était belle. Un ange de lumière pour apaiser l’ange de la mort que j’étais.  

 

Fear survives (La peur survit)  

 

****  

 

Ça fait six ans maintenant qu’elle partage ma vie. Je ne la mérite pas. Je ne me sens pas à la hauteur et en même temps je crève de peur de la perdre, qu’elle se perde, qu’elle perde son innocence, sa joie de vivre, son empathie. Tout ce qui fait d’elle ce qu’elle est. Dans ce monde si noir, j’ai peur qu’elle se noie, à cause de moi.  

 

Mais alors qu’elle me regarde et qu'elle me sourit de loin avant de saluer ses amies, je réalise soudain que, après tout le mal que j‘ai pu lui faire par mon hésitation ou mes revirements incessants, que malgré les difficultés de la vie dans ce milieu, elle est restée la même.  

 

Et avec elle à mes côtés, l’espoir a survécu. Malgré tout.  

 

Je me relève de ce banc, m’extirpant de mes souvenirs, comme magnétisé quand elle vient vers moi. Et alors qu’elle me prend par le bras pour quitter ce parc, je suis sûr d’une chose :  

 

Je l’aime.  

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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