Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: MelleKaori

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 24-12-22

Ultimo aggiornamento: 24-12-22

 

Commenti: 3 reviews

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GeneralHumour

 

Riassunto: La quête de victoire d'une chasseuse entêtée face à un adversaire retors.

 

Disclaimer: Les personnages de "Moi, Sugar..." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Moi, Sugar...

 

Capitolo 1 :: Moi, Sugar...

Pubblicato: 24-12-22 - Ultimo aggiornamento: 24-12-22

Commenti: C'est une fantaisie OOC... J'espère néanmoins qu'elle vous plaira. Bonne lecture.

 


Capitolo: 1


 

Tout est si calme... Pourtant, il fait jour depuis un moment maintenant. J'ai parcouru les pièces de long en large et en travers à de nombreuses reprises, j'en ai repris entière possession tout en cherchant à m'occuper. En vain. J'ai alors reporté mon attention sur les grouillements pulsatoires en contrebas mais, rien ni personne n'est venu troubler la quiétude de ma veille solitaire s'étirant depuis des heures. Du moins jusqu'à présent. Un faible chuintement à l'étage supérieur me détourne de mes observations, c'est le tout premier maillon d'un rituel bien rôdé.  

 

Le voilà enfin ! Mes prunelles s'étrécissent de satisfaction tandis que je m'étire consciencieusement ; les fourmis au dehors poursuivront leur course effrénée sans moi. Je perçois l'intensification de son aura avant de quitter mon mirador en prenant soin d'éviter les lames susceptibles de me trahir puis, à pas de velours, je longe les murs pour rejoindre la cuisine. C'est là qu'il se dirige. Sans précaution particulière. La cadence de ses pas, lente et ensommeillée, m'incite à continuer de progresser en toute discrétion, ainsi j'ai une petite chance de le surprendre.  

 

Tel est mon objectif. Je peux y arriver, c'est difficile mais pas impossible, je sais que je peux y arriver... Je n'abandonne pas mes rêves de victoire, je vais bien finir par gagner ce jeu du chat et de la souris entre nous. Je guette le moindre bruit afin de calquer ma progression sur la sienne, dissimulant ainsi mes déplacements feutrés dans les murmures du sol sous ses pas, afin de le situer très précisément et d'anticiper son apparition face à moi. Voilà, j'y suis. il est là, pas bien loin de l'encoignure du couloir...  

 

Je me fige aussitôt, me ramasse sur moi-même, prends mon élan mais tout périclite lorsque je l'entends marmonner entre ses dents. Ça bouge là-haut... Elle. Elle se lève et, de toute évidence, cela le contrarie au point de stopper son avancée vers moi. La porte de leur alcôve s'ouvre de nouveau déclenchant au passage une seconde vague de grommellements.  

 

– Ah mais non, c'est pas ce qui était prévu !, peste-t-il.  

– Mais il est presque huit heures., réplique l'invisible semeuse de troubles dans mon plan.  

– Ouais, c'est bien ce que je dis, vraiment trop tôt pour se lever...  

 

Il rebrousse chemin sans cesser de pester ou d'arguer des multiples bienfaits des grasses matinées mais elle n'obtempère pas pour autant. Il n'avait qu'à rentrer plus tôt, elle a des tas de choses à faire, ils ont rendez-vous... Dois-je profiter de cette diversion pour remporter notre duel matinal ?J'hésite. Non, je veux gagner à la loyale. Oui, c'est peut-être ma seule chance. Plus je pèse le pour et le contre, plus il s'éloigne de moi et plus il se rapproche d'elle.  

 

Elle parvient tout de même à lui échapper, pour autant il ne capitule pas et s'engouffre à sa suite dans la zone de tous les dangers. Je recule de quelques pas, le repli temporaire me semble la meilleure des options, là-bas c'est beaucoup trop risqué pour moi. Je ne renonce pas mais je diffère mon attaque, je préfère patienter après l'orage plutôt que de me retrouver dessous, j'en ai déjà fait la désagréable expérience et... peu importe que cela soit chaud ou froid, je ne tiens absolument pas à revivre ça !  

 

Ainsi donc, puisque je n'ai pas d'autre choix, je m'immobilise à bonne distance et attends posément la fin du déluge. Ce n'est que lorsque je les entends à nouveau converser que je me remets en mouvement, je me retranche alors dans la cuisine pour y mûrir ma prochaine embuscade. Je m'accorde une courte pause, ces quelques secondes me suffisent pour humidifier mon palais desséché par ma fébrilité croissante, puis je me poste en impératrice des lieux.  

 

Alerte et chantonnante, ellepénètre la première dans mon champ de vision puis entame seule la chorégraphie matinale. Ça grince, ça cliquette, ça tintinnabule, ça siffle, ça frémit... Comme tous les matins. Au fil de cette cacophonie émergent des fumets plus ou moins alléchants, déjà l'odeur âcre du breuvage noir qu'ils affectionnent tant s'est répandue dans la pièce et file au-delà telle une injonction à la rejoindre. Ce qu'il fait sans se précipiter et, bien évidemment, en chasseur aguerri il n'ignore rien de ma position stratégique. Il me le fait même savoir, je note cependant qu'il y a davantage d'amusement que de menace dans l'obscurité dardée sur moi...  

 

Si l'heure de l'assaut n'a toujours pas sonné, je ne délaisse néanmoins pas mon poste d'observation ; derrière la spectatrice silencieuse se dissimule une chasseuse entêtée qui n'abandonne jamais sa proie. Surtout lorsque celle-ci se révèle être particulièrement coriace. Je l'aurai un jour, je l'aurai ! Et mon instinct me dit que ce grand jour est arrivé, que ma fenêtre d'opportunité sera pour aujourd'hui, j'en ai l'intime conviction. Tôt ou tard elle apparaîtra et je saurai m'y engouffrer.  

 

– Tu as faim ?, lance-t-elle sans cesser de papillonner.  

– J'arrive pas à croire que tu me demandes ça. Quelle question, bien sûr que oui !, fuse alors que, d'une précision et d'une vélocité imparables, deux mains immenses entachent le tissu carmin et qu'une exclamation de surprise surpasse le sifflement disgracieux de la cafetière.  

– Ryô, le rendez-vous est à neuf heures...  

– Ok. Très bien. Ça me va., émet-il entre deux grignotages de nuque sur laquelle perle une pluie sporadique.  

– Je... tu... nous...  

– Mmm, c'est... un peu court contrairement à...  

– Oh, non non non ! N'y pense même pas..., se rebelle la contorsionniste de rouge vêtue tout en tentant de repousser les forcenées déterminées à asseoir leur possession.  

 

Les protestations se meurent dans une capture vorace pendant que la lutte se poursuit sous l'étoffe écarlate. L'issue du combat est incertaine, je ne suis pas sans ignorer à quel point il est difficile d'échapper à son emprise, enfin moi je n'y suis encore jamais parvenue contrairement à elle. Peut-être est-ce du au fait que je ne dispose pas des mêmes armes pour le combattre ou que je...  

 

– Hors de question d'arriver en retard., parvient-elle à objecter dans un souffle.  

– Ça, ça s'appelle le quart d'heure saeba, ça n'a strictement rien à voir avec du retard., lui oppose son assiégeant toutes canines dehors.  

 

Les prunelles dorées affrontent sans faiblir l'hypnotisante obscurité, et puis une main fine s'exfiltre du combat pour éteindre fumées et crachotements s’immisçant dans leur conversation silencieuse.  

 

– Le petit-déjeuner est prêt., proclame la prisonnière.  

– Rhaaa, mais c'est pas possible d'être aussi bornée !, s'esclaffe son geôlier  

– Hum, moi je dirais plutôt que c'est pas possible d'être aussi obsédé.  

– Bah, tout est question de muse et la mienne est très inspirante..., se justifie-t-il de sa voix la plus chaude pour rallier celle-ci à sa cause.  

– Et donc tu tiens absolument à... éprouver les limites de son imagination en matière d'armes contondantes., poursuit sa source d'inspiration sur le même ton enjôleur.  

 

L'argument fait mouche, à moins que cela ne soit l'apposition soudaine d'un mince rempart en bois contre ses lèvres qui ne le convainc d'obtempérer. Après un soufflement exaspéré, le spécimen masculin n'émet plus aucun son ; il se résout à relâcher sa captive puis, non sans ostensiblement afficher son insatisfaction, prend place sur le banc pour ce fameux et substantiel petit-déjeuner.  

 

Je ne suis pas en reste question pitance mais il ne me faut pas céder à la tentation de tout engloutir sous peine de perdre en rapidité. En dépit des suppliques de mes entrailles, je prélève juste de quoi exprimer ma gratitude à cette attention bienveillante et surtout endormir la vigilance du grand brun avant de regagner le salon avec une certaine indolence pour attendre mon heure. Tout vient à point à qui sait attendre...  

 

Je m'étends confortablement sur un fauteuil, ainsi je semble détachée de tout. Pourtant je ne le suis pas, car si mes paupières sont closes, mes écoutilles quant à elles fonctionnent à plein régime. Je suis à l'affût de tout indice sonore, chaque bruissement d'eau, chaque craquement de bois, chaque tintement de porcelaine me renseignant sur le moindre de leurs faits et gestes. Un tiroir par-ci, une porte de placard par-là, ça s'ouvre et ça se ferme pour faire disparaître toutes traces de ce repas. Je guette immobile, avec patience et obstination, l'instant fatidique où ma proie fort retorse baissera sa garde.  

 

– Je te confie la délicate mission de finir de tout ranger.  

– Ouhla ! J'ai besoin d'une avance sur salaire, hors de question de bosser à l’œil., objecte mon futur duelliste.  

– C'est ça ouais.  

– Hé ! Je suis sérieux.  

– Eh bien, hum, tu n'as qu'à mettre ça sur ma note., propose-t-elle tandis que sa dextre délaisse brièvement la main courante pour brasser l'air.  

– Mais tu m' fais quoi là ?, son hoquet surpris me rassure, comme moi il semble ne pas comprendre la signification de cette aérienne pirouette.  

– Je vais m'habiller. Finis de...  

– Ah ben non, je préfère largement t'aider .  

– Oh non , surtout pas !, s'écrie la donneuse d'ordres parvenue au milieu de l'escalier.  

– Je te signale que c'est mon tee-shirt.  

– A qui la faute ? Tu ne m'as pas rien laissé.  

– Tu pourrais quand même saluer mon initiative., riposte-t-il un chouia contrarié.  

– M'enfin Ryô... Planquer mes vêtements, c'est pas ce que j'appelle débarrasser la salle de bain.  

– Pfff ! Mes efforts ne seront jamais reconnus à leur juste valeur., bougonne le préposé au rangement avant de s'atteler à la tâche.  

 

Nous nous retrouvons donc en tête-à-tête. La mienne est toujours emplie de détermination à triompher et regorge de plans divers et variés, il me faut choisir judicieusement pour que mon entreprise soit enfin couronnés de succès. Je suis à deux doigts de la victoire me susurre mon instinct et celui-ci ne me fait jamais défaut, c'est d'ailleurs grâce à lui que nous nous sommes trouvés au beau milieu d'une ruelle sombre.  

 

Bon gré mal gré il s'est exécuté et tourne à présent comme un lion en cage, commentant copieusement l'attente interminable auquel elle le soumet. Tantôt il progresse de quelques marches, tantôt il réduit l'espace entre nous. Petit à petit,il s'aventure un peu plus loin dans mon territoire. Allez, encore un petit effort, viens à moi ! Je feins toujours le détachement puisque, entre deux œillades au pallier, j'ai le droit à une bonne dose de méfiance. Moi, me décourager ? Jamais !  

 

Et tout à coup, son attention est captée par un je-ne-sais-quoi dissimulé sous les coussins du canapé et là... je n'existe plus pour les ténèbres. Elle, oui. Toujours. Un coup d’œil à la cime des escaliers puis un autre vers la chose. Mais plus rien à mon encontre, je semble m'être évaporée. Je me redresse légèrement tout en muselant le feu qui couve en moi pour ne pas me rappeler à lui ; je ne comprends pas bien ce qu'il se passe mais cette opportune apparition fait déjà résonner au loin les cloches de la victoire.  

 

La précipitation gâcherait tout alors, lentement, très lentement, très très lentement, je quitte mon illusoire léthargie afin de grignoter en toute discrétion la distance me séparant de lui. Et, absorbé par ses feuilletages à la dérobée et ses regards compulsifs à l'étage pour entrapercevoir la silhouette féminine, il ne me calcule pas. Je me rapproche peu à peu, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'à ajuster mon impulsion pour atteindre ma cible en un seul bond. Et, ni une ni deux, je saisis ma chance.  

 

– AAAAAhhhhh ! Alors là, non Sugar !, vrille aussitôt le silence.  

– Mais qu'est-ce que tu as encore ?, l'interroge-t-elle depuis l'étage supérieur.  

– Je ne passerai pas l'éponge cette fois ! C'est impardonnable !  

– De quel méfait l'accuses-tu encore sans raison ?  

– Sans raison ? Sans raison ?! Mais regarde, non mais regarde ! Rhaaaa !, rugit-il de plus belle à mon ultime lacération des feuillets glacés quémandant après moi.  

– Regarde quoi ?, ni hâte ni inquiétude n'accompagne cette question émise lorsqu'elle se campe face à nous.  

– M'enfin tu vois bien qu'elle a massacré Anna., tout à sa colère après moi, il exhibe les dommages collatéraux de ma prodigieuse attaque c'est-à-dire ce qu'il tentait de soustraire à sa vue quelques secondes auparavant.  

– Hein ? Sérieusement ?!  

– Rhaaaa! Tu n'es qu'une sorcière sans cœur, une harpie griffue, un démon échappé de l'enfer rien que pour me tourmenter...  

 

Je quitte ses genoux mais certainement pas de ma propre initiative, moi j'aurais volontiers à nouveau perforé la végétale membrane afin de lui soutirer ses crissements mélodieux. La nuque emprisonnée, je ne peux me soustraire aux ténèbres courroucées déferlant sur moi ; force est de constater qu'il n'a pas la défaite facile cependant peu importe, je jubile à ma déchirante victoire d'autant qu'elle vient à mon secours pour m'extirper de sa poigne puissante.  

 

– On dirait bien que tu as achevé ta formation, ma jeune padawan., me félicite-t-elle.  

– T'es sérieuse là ?, s'étrangle-t-il.  

– On ne peut plus, l'élève a dépassé le maître.  

– Rhaaaa, tu pourrais au moins faire preuve de compassion.  

– Mais c'est ce que je fais Ryô, c'est ce que je fais., lui oppose mon sauveur alors que je touche de nouveau terre.  

– Ah ben non pas du tout. Et mon Anna ?  

– Ton Anna ?, pipe notre arbitre dans un froncement de sourcils. Ton An-na n'avait qu'à rester à sa place.  

– Ne rejette pas la faute sur elle, elle n'est qu'une victime innocente de ton cerbère infernal.  

– Mon cerbère ? Euh, sans vouloir te vexer, je crois qu'il y a erreur sur...  

– C'est toi l'instigatrice de ce massacre hein ?,  

– Même pas. Mais je veux bien reconnaître que je ne suis pas mécontente d'avoir une alliée pour...  

– Mai 1992, un must have de toute collection digne de ce nom ! C'est un numéro quasiment introuvable, alors ne viens pas te plaindre quand on sera dans le rouge, ronchonne le guerrier peu enclin à s'avouer vaincu.  

– Parce que tu comptes dilapider notre argent en rachetant cet infâme torchon ?  

– Quoi ? Playboy, un torchon ? N'importe quoi, tu ne comprends décidément rien à l'Art., s'offusque-t-il.  

– Oh. T'essaies quand même pas de me convaincre, encore une fois, que ces horreurs sont des photos artistiques ?  

– C'est pourtant évident, la lumière est parfaite et que dire de cette harmonie des rondeurs ?, commente l'adorateur d'Anna si accaparé par les clichés qu'il ne remarque pas le rictus désapprobateur sur le visage de sa belle.  

– Ben moi je les trouve surtout en parfaite harmonie avec la benne à ordures., déclare cette dernière.  

 

La mélodie chatouillant de nouveau mes pavillons, j'ai risqué une pointe de museau et une pupille attentive pour entrapercevoir ladite Anna ou plutôt ce qu'il en reste. J'ai été très efficace sur ce coup-là, j'ai même réussi à subtiliser un trophée. Pas bien grand, certes, mais il crisse déjà sous ma dent. J'exprime doucettement ma joie ce qui ne manque pas d'attiser les foudres de mon adversaire défait, car il ponctue mon mâchouillement d'un grognement vindicatif.  

 

– Eh bien, finalement Sugar ne déteste peut-être pas tant que ça tes revues., énonce mon rempart quelque peu amusé.  

– Rhaaaaa !!! Putain, je le crois pas !, fulmine-t-il avant de lui ordonner de s'écarter.  

– Certainement pas.  

 

Sa nouvelle éructation furieuse me laisse présager de lourdes représailles, sans attendre je me retranche derrière ma flamboyante héroïne qui ne semble pas le moins du monde impressionnée par tant de véhémence. Les poings sur les hanches, elle lui tient tête sans même reculer d'un pas alors que moi je frissonne à son animosité grandissante.  

 

– Si tu étais plus conciliant avec elle, elle ne...  

– Bah faudrait savoir, je suis un bon professeur ou pas ?  

– M'enfin, qu'est ce que ça te coûte de la laisser te surprendre une fois de temps en temps ?  

– Hé ! Je suis le nettoyeur numéro un du Japon quand même ! Mon honneur de pro est en jeu là.  

– Tout de suite les grands mots.  

– Ouais, les grands maux, je te le fais pas dire. Oh Anna, ma pauvre Anna., gémit-il en lissant les lambeaux de papier dans l'espoir aussi fou que vain de les rassembler.  

– Ryô... On va finir par être en retard.  

– Alors là, j'en ai vraiment rien à foutre., rétorque le réfractaire à la ponctualité les mâchoires crispées par la colère  

– Mais c'est pas possible. Tu es … désespérant., expire notre médiatrice.  

– Et ça te surprend encore ?  

– Je sais pas, je...  

– Au moins tu ne peux pas me reprocher une routine assassine. Putain, huit centimètres de plus et …  

– Tu peux arrêter de faire ça ?, s'agace-t-elle.  

– Arrêter de faire quoi ? De me préoccuper de mes extrémités ? Mais c'est elle qui a commencé !, s'exclame-t-il en me foudroyant du regard.  

 

Courageuse mais pas téméraire, c'est le moment que je choisis pour déguerpir, mon minuscule trophée ne suffisant pas à assouvir ma faim grandissante. Mon repas m'attend dans la cuisine, juste à côté de la vrombissante machine à froid.  

 

– De te comporter comme un adolescent attardé. Il est temps de grandir, tu ne crois pas ?  

– Grmpf , j'ai seulement 20 ans moi Madame ! Et mes hormones d'adulescent te saluent bien.  

– Elles ont tendance à saluer un peu trop de monde, tes hormones.,  

– Ah, ben ça j'y peux rien, c'est l'impétuosité de la jeunesse.  

– Ce qu'il ne faut pas entendre... Ok, ça va, j'ai compris, tu ne m'accompagnes pas., conclue ma bienfaitrice de guerre lasse.  

– Bonne déduction Sherlock., lui réplique sèchement le prétendu jeune homme.  

– Bon, ben je vais me débrouiller toute seule. Pas de bêtises hein ?  

– Bah, comme d'habitude quoi. Mais c'est pas à moi que tu devrais faire la leçon, adresse-toi plutôt à ta pourfendeuse de blondes fétichiste des orteils. Et ne compte pas sur moi pour l'empêcher de ravager tes...  

– Ryô ?, interrompt illico les velléités énumératives de mes cibles potentielles.  

– Mais quoi ???, s’encolère le susnommé tandis que la tension perceptible dans sa voix semble s'étendre à mon espace.  

– On est bien le 23 aujourd'hui ?  

– Oui oui...  

– Ne m'attendez pas alors, j'en profiterai pour faire deux ou trois petites courses.  

– Ouais, on va faire ça. Attila et moi, on va pas t'attendre., entends-je très distinctement entre deux bouchées.  

 

Enfin, trop distinctement. Aveuglée par mon exploit et mésestimant ses blessures d'orgueil, j'ai cessé de surveiller mes arrières et suis donc sur le point de connaître un revers de fortune des plus cuisants. Mais je ne me rendrai pas sans combattre ! Je pivote pour accueillir comme il se doit mon revanchard adversaire c'est-à-dire en dégainant mon arme absolue : la technique de l'effroyable crabe bondissant. Hérissée, gonflée à bloc, je m'apprête à enchaîner les sauts de côté.  

 

– Des courses de quoi, le frigo est presque plein ?, demande mon aspirant à la revanche tandis qu'il suspend ses manœuvres offensives.  

– Tu auras la surprise à mon retour.  

– Une sur-prise ? Le 23 ? Ah mais ouais, on est le 23., ses onyx ne me quittent pas pourtant sa colère désenfle au fur et à mesure de ses énigmatiques paroles.  

 

Incompréhensiblement, il ne fond pas en piqué sur moi mais fait soudain demi-tour pour se lancer à sa poursuite. Afin de ne pas reproduire mon erreur, je demeure ébouriffée et très attentive à la cavalcade rapide s'éloignant de moi ; après tout, cela pourrait être une stratégie de détournement d'attention – une duperie pour mieux se saisir de moi.  

 

– Hé ! Minute papillon, ne pars pas sans moi ! , s'écrie-t-il en m'abandonnant pour la rattraper.  

– Ce sera pas une surprise si tu es à mes côtés.  

– Je m'en remettrai.  

– T'es sûr ?, s'enquit-elle dubitative.  

– Oui oui, complètement sûr. Tu vois, je sais faire preuve de maturité. Enfin, à moins que tu ne me refasses le coup de la toquante.  

– Oh non, ça, j'y ai renoncé. Quatre montres bousillées, c'est largement suffisant.,  

– Eh bien, on va finir par réussir à se mettre d'accord., décrète le déserteur sur un ton satisfait.  

– Voire même arriver à l'heure... Tu as raison, tu n'as pas besoin de montre puisque tu m'as moi.  

– Ouhla ! En fait, tu n'as rien à envier à Saeko.  

– Niveau compliment, tu n'es pas tout à fait au point., pipe notre arbitre à présent paré pour arpenter le bitume.  

– Paraît que je suis un professeur pas très conciliant., se gargarise-t-il en enfilant sa veste.  

– Et surtout pas franchement regardant à la dépense. J'espère qu'il nous reste de quoi, que tu n'as pas déjà claqué le salaire de misère que ton Harpagon en jupons s'est enfin décidé à nous verser.  

– Ah, c'était pour ça le 23...  

– Ben oui, ça fait seulement trois jours que j'ai tout déposé à la banque. Mais, à quoi tu pensais ?  

– A rien, à rien du tout..., il a beau s'en défendre, sa voix transpire tout le contraire, j'y perçois même un soupçon de désillusion.  

– On est au mois de mai, Ryô.  

– Je sais, ouais. Mais... si c'est pas ça ma surprise, c'est quoi ? Donne-moi au moins un indice, s'te plait, un tout petit indice. Comme ça je t'aiderai à choisir... Allez !  

– Ça sera pas la peine, mon choix est déjà fait. Enfin presque. Comme tu ne pourras pas rentrer dans la boutique avec moi, je ne pourrai pas te demander ton avis sur la couleur.  

– Non, non, non, ça compte pas ! Je suis interdit dans presque toutes les boutiques de Tokyo et, en plus tu sais bien que la couleur n'a aucune importance pour moi., proteste-t-il illico.  

– Wow ! Effectivement, tu sais faire preuve de maturité, je suis épatée., s'exclame le nouveau centre d'intérêts de mon formateur es prédation.  

– Gnagnagna, t'avais qu'à pas tricher. Lâche-moi un véritable indice. C'est grand ? C'est petit ? Ça se mange ? Ça sera sur toi ? Parce que j'ai un droit de regard sur tout ce qui te touche de loin ou de... très très près.  

– Je t'en ai déjà donné deux.  

– Ouais, ben jamais deux sans trois. Et sois un peu plus précise cette fois !, persévère-t-il déterminé à assouvir sa curiosité.  

– … Mais qu'est-ce qui te dit qu'elle sera pour toi cette surprise ?, se résout-elle à lâcher après une courte pause lui permettant de choisir entre résistance acharnée et judicieuse capitulation.  

– Hein ? Quoi ? Rhaaa, c'est encore pour la barrière anti-poulpe ? Et c'est moi qu'on traite de panier percé !, glapit le curieux désappointé qui, à coup sûr, n'avait pas envisagé l'éventualité de ne pas être l'unique destinataire des attentions de sa belle.  

– J'espère qu'il ne le sera pas.  

– Pffff ! Me voilà bien avec deux tigresses à la maison..., se lamente le grand brun tandis qu'elle s'accroche à son bras pour mieux l'entraîner vers ce satané rendez-vous devant être impérativement avec une cliente ou sinon elle pourra faire une croix sur cet achat futile pour la bête furieuse le tourmentant sans vergogne.  

 

S'en suit moult doléances auxquelles sa rousse alter ego ne se rallie pas ; elle objecte sans faillir à chaque argument et finit même par l'emporter. Elle est si transportée par son silence qu'elle le ponctue d'un tintement amusé. Quelle ténacité exemplaire! J'ai autant à apprendre d'elle que de lui.  

 

Désormais esseulée, je peux reprendre le remplissage de mon estomac en toute tranquillité et regagner ensuite mon poste d'observation; de là j'aperçois leurs silhouettes se mouvoir sur le trottoir et les suis jusqu'à ce qu'elles disparaissent de ma vue. Je dispose de quelques heures de repos avant leur retour, et surtout avant de lancer une nouvelle attaque contre cet insolent panache vert trônant dans mon salon, c'est qu'il me faut un public lorsque j'entre dans l'arène.  

 

A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ? A quoi bon combattre si je ne suscite aucune effervescence autour de moi? Les lauriers ainsi récoltés se dotent d'une saveur exquise dont je ne peux me passer. Tout comme je ne peux me passer de chaleur. Mon emplacement est idéal pour une sieste matinale, le radiateur n'est certes pas aussi confortable qu'une paire de genoux ou qu'un tunnel creusé sous la couette, toutefois je saurai m'en contenter car il m'offre une vue imprenable sur l'orée de mon territoire.  

 

Le ventre plein, je m'emploie à traquer avec méticulosité la kyrielle de salissures essaimées le long de ma robe soyeuse ; enfin, une toute dernière fois mes vibrisses tressaillent, mon échine se courbe, mes lames affûtées se détendent puis se rétractent et mes radars pivotent. Rien. Il n'y a rien d'inhabituel en mon vaste domaine, donc aucune contre-indication à ce que je me dédie au sommeil indispensable à l'épanouissement de mes prédispositions naturelles.  

 

Furtivité, détente, vélocité... je suis une prédatrice en devenir, je n'ignore pas avoir encore un long chemin à parcourir pour atteindre une implacable efficience au regard de ce bipède éminemment compétent mais je suis une apprentie des plus assidues. Et aujourd'hui, pour la première fois, j'ai vaincu. Avec, je veux bien l'admettre, une pointe de félonie opportuniste et la salvatrice intervention de la rouquine néanmoins j'ai mené à bien ma périlleuse entreprise et j'ai vaincu le nettoyeur numéro un du Japon.  

 

Nul doute que celui-ci ourdit d'ores et déjà une machiavélique expédition punitive cependant cela ne saurait m'empêcher de profiter d'un repos amplement mérité. Après un ultime étirement, je m'enroule sur moi-même et, peu à peu, les irradiations chaudes me saturent de bien-être que les profondeurs de ma gorge transmuent en apaisante berceuse. Grave et régulière, cette vibratoire mélodie m'accompagne dans mon endormissement.  

 

Ma sauterelle infernale – mon exploratrice compulsive – ma chlorophylle killeuse – mon volubile Mogwaï à virgule – ma chapardeuse de bijoux – mon intrépide funambule – ma gloutonne capricieuse – mon intempestive pianiste – ma ronronnante bouillotte – mon felix mordillosaurus – ma tornade ... peu importe la kyrielle d'appellations d'origine saugrenue dont ils m'affublent, il en est une qui a ma préférence.  

 

Elle revient d'ailleurs plus fréquemment que les autres. Tantôt nimbée de tendresse, lorsque ma musique intérieure vient apaiser une rythmique irrégulière, tantôt gutturale à mes élans de férocité pour édicter ma loi sur mon vaste domaine. D'ailleurs, petit à petit, j'en appréhende le moindre recoin non sans manquer d'apposer mes marques deçà delà et je ne nie pas consentir à quelques cessions telle que l'antre imprévisiblement diluvienne. Mais, c'est un fait ne souffrant d'aucune contestation possible, bien qu'ils l'aient investi en premier, ici c'est chez moi !  

 

Alors, même si je n’arbore la tenue de camouflage pour les hautes herbes de mes lointains cousins, même si je ne suis pas bien impressionnante, quiconque osera pénétrer en ces lieux devra en découdre avec moi. Je sais ne pas être au faîte de mes chasseresses aptitudes, cependant mes talents de grignotages d'extrémités ont d'ores et déjà été reconnus par mon colocataire dominant le monde urbain de la prédation dans lequel je vis. J'avoue m'enorgueillir de cette toute première reconnaissance car elle émane de lui. Et il a visé on ne peut plus juste.  

 

Moi, Sugar, je suis une tigresse miniature... 

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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