Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Elane

Beta-reader(s): A. Dust

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 22-01-21

Ultimo aggiornamento: 22-01-21

 

Commenti: 7 reviews

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RomanceSongfic

 

Riassunto: "Un moment de révélation, un mystère, une énigme. Un instant divin, unissant joie et terreur, alors que l'aube d'un nouveau jour se lève. Tout survit dans cet univers, tout tourne dans cet univers et revient vers nous. Comme les cercles sur l'eau : Rien ne disparait jamais tout à fait" (The Slot, Krugi na Vode)

 

Disclaimer: Les personnages de "Comme les cercles sur l'eau" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How to put images in a fanfiction?

 

It’s simple. Just send the images to me and tell me where the images should be in the text. I’ll take care of the rest. Please log in to send me these ...

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   Fanfiction :: Comme les cercles sur l'eau

 

Capitolo 1 :: Comme les cercles sur l'eau

Pubblicato: 22-01-21 - Ultimo aggiornamento: 22-01-21

Commenti: Comme les cercles sur l'eau est la suite de Hope is a Ghost mais peut se lire indépendamment. Comme les cercles sur l'eau est le titre traduit d'une chanson russe (Krugi na vode) que j'adore. Je vous ai mis ici les paroles traduites en français et rendue un peu plus compréhensibles. Voici la chanson originale https://www.youtube.com/watch?v=TIAn8GtBX14 Cette chanson dès que je l'ai écoutée, j'ai su que j'allais en faire quelque chose. La musique a toujours été importante pour moi, elle véhicule tellement de choses, tellement d'émotions, peu importe au final qu'on en comprenne les paroles. Et cette musique là a éveillé ce petit OS en moi. Je vous conseille d'ailleurs de l'écouter au moins une fois, (ouioui, en russe ^^) pour vous imprégner des émotions qu'elle véhicule. J'espère avoir réussi à faire passer ça dans mes mots. Merci encore Angel pour ton aide. Désolée de t'avoir encore fait travailler sur une songfic, je recommencerais plus ^^ Merci d'avoir répondu présente encore une fois, tu me pousses toujours plus loin, pour sortir le meilleur. T'es la meilleure. Bonne lecture, j'espère que cela vous plaira.

 


Capitolo: 1


 

Le mois de Mars a toujours été le mois de l’année que je préfère.  

 

Aussi loin que mes souvenirs me ramènent, le mois de Mars a toujours été synonyme de bonheur et d’amour, de joie et de fête : mon anniversaire, son anniversaire, notre rencontre.  

 

Et l’hanami à Tokyo.  

 

Aujourd'hui, la valse des fleurs est magnifique, le vent les faisant tourbillonner en tous sens, improvisant un jeu pour les enfants qui viennent avec leurs parents dans le parc pour admirer les cerisiers.  

 

Ce parc est notre écrin de verdure dans une ville qui marche toujours à cent à l’heure, bulle de douceur dans une ville en éternel mouvement, faisant oublier pour un temps la violence qui se cache derrière ces buildings. J'ai insisté pour qu'il m'accompagne, il a râlé, comme à son habitude, mais il est venu. Et il est là, près de moi, les mains dans les poches, à regarder ailleurs. J’écarte les bras et tourbillonne en riant, au milieu des pétales qui m’entourent. Ils tournent autour de moi, accentuant l'impression de vertige qui me saisit. Je reprends mon sérieux, j'ai soudain envie de pleurer, perdue et déséquilibrée face à ce tourbillon de sensations qui me serre le cœur.  

 

Je sens son regard qui m’enveloppe. Je lui souris quand mon corps arrête de tourner. J'ai le vertige, je vacille. Il me stabilise en râlant de nouveau alors que j’allais basculer sur le côté. Je me raccroche à lui en éclatant de rire, et malgré son air sévère et ses mots faussement acides, j’ai le sentiment qu'il a envie de rire lui aussi.  

 

Puis soudain, son expression change alors que je le regarde dans les yeux. Son regard devient plus doux et ses lèvres se soulèvent en un léger sourire qu'il retient. Je baisse les yeux, rougissante, légèrement déçue et blessée devant son sourire que je pense moqueur. Il relève la tête et il enlève un pétale de mes cheveux, son contact m’électrisant au passage. Je me perds dans ses deux billes noires, peut-être emplies de regrets.  

 

Je suis hypnotisée, comme souvent et le regard qu'il a pour moi à cet instant, rien que pour moi, me bouleverse. J'ai l'impression que quelque chose s'apprête à changer, que nous sommes au bord d'un précipice. J'ai peur de tomber et pourtant ce vide m'attire.  

 

- Kaori Makimura !!! entends-je et ce cri brise la bulle d’intimité qui s’était créée autour de nous, me faisant sursauter.  

 

Nos regards se séparent et je me tourne à regret vers les intruses. Ce sont des amies de lycées que je n’ai pas vues depuis des années. Je suis prête à le présenter mais il me tourne déjà le dos et s’éloigne pour assouvir son besoin de nicotine, assis sur un banc, nous laissant discuter.  

 

Je n’en prends pas ombrage mais je le garde à l’œil, tout en discutant avec mes amies, prête à dégainer ma massue pour punir ses pulsions sauvages d’homme de Neandertal. A ma grande surprise, il reste calme, totalement indifférent à la beauté de mes amies et bascule la tête en arrière. Ses yeux se perdent dans le vague, il semble loin, si loin. Une bourrasque de vent fait tourbillonner les pétales autour de lui, comme s'il était le centre de leur univers. Il est le centre du mien.  

 

J’essaie de me reconnecter à la conversation, mais je me perds. Mes amies me parlent de leur travail, de leurs joies, leurs peines, leurs enfants et leurs maris. Tant de choses qui me paraissent tellement éloignées de mon quotidien. Tant de choses qui me ramènent à ma vie si particulière.  

 

Un peu absente, je leur souris, je ris. Je leur signifie que je comprends mais rien n’est plus éloigné de la vérité. Je les jalouse même un peu, un instant fugace où je laisse parler mes envies profondes que je sais irréalisables. Je le regarde à nouveau, toujours perdu dans ses pensées, il n’a pas bougé. Une légère ride marque son front alors qu'il réfléchit. A quoi pense-t-il ?  

 

De longues minutes plus tard, il semble se reconnecter à la réalité et croise mon regard fixé sur lui. Je rougis alors qu'il me sourit en se levant. Il reste alors debout et j'ai la sensation qu'il va lever la main vers moi, comme pour m'appeler, m'attirer à lui. Mais il reste immobile. Comme le pilier au centre de mon monde, sécurisant. Il m'attend.  

 

Je cède à son appel silencieux et j'en profite pour prendre congés de mes amies et le rejoindre. Son sourire est magnifique, tendre. Si différent des autres fois que mes jambes se paralysent, flageolantes.  

 

Quelque chose a changé.  

Quelque chose va changer.  

 

C'est la première fois qu'il me sourit ainsi et un élan d'amour indicible me serre le cœur. J'en rêvais de ce sourire, depuis si longtemps, si seulement il savait à quel point. Il me remue, déclenchant une envolée de papillons particulièrement agités dans mon ventre. Je m’accroche à son bras alors que nous prenons le chemin de la maison.  

 

A ma grande surprise, il ne cherche pas à se libérer. Il est là contre moi et j'ai l'impression de rêver. Je lève la tête pour le voir et il semble serein, regardant devant lui, confiant. J'aimerais tellement avoir son assurance, ses certitudes. A force de le regarder ainsi, mon cœur se met soudain à battre à tout rompre. Je suis tout près de lui et je voudrais plus.  

 

Mon cœur bat tellement fort maintenant que j'ai l'impression qu'il va jaillir de mon corps. Mon poing se referme sur ma poitrine. Ca en devient douloureux et j'ai presque l'impression qu'il va finir par l'entendre. Je baisse la tête, me sentant rougir. Je tente de calmer ces battements fous durant tout le reste du chemin, au point que je ne vois plus le temps passer. Je me sens hors du temps, dans une bulle, parfaitement en sécurité et pourtant terrorisée.  

 

Arrivés chez nous, il se tourne vers moi :  

- Il est tard, je me charge du repas, va te détendre dans un bain, tu sembles nerveuse.  

 

J’acquiesce, surprise de sa proposition. Alors que je reste immobile, ayant du mal à le croire, il se dirige vers le téléphone pour passer commande. Je souris, je comprends mieux.  

 

Je monte à l'étage, faisant une pause en haut des marches. Je me retourne, il s'est déjà servi un verre de whisky, s'assied près de la fenêtre et se perd dans ses pensées à nouveau. Moi, je rejoins les miennes qui sont toutes embrouillées par sa remarque, son sourire, ses regards.  

 

Cette journée m'a chamboulée.  

 

J'ai l'impression qu'elle est tellement semblable à celles qu'on vit tous les jours ensemble et en même temps tellement différente.  

 

Son sourire m'a troublée. C'est comme s'il avait allumé quelque chose en moi, comme s'il avait fait remonter quelque chose en moi.  

 

Je pousse la porte de la salle de bain et fais couler l'eau. Bientôt, la vapeur emplit la pièce alors que je me déshabille. Je pousse un soupir d’aise alors que je me glisse dans l’eau un peu trop chaude. Je m’adosse à la baignoire et je frissonne quand ma nuque entre en contact avec l’émail glacé, contrastant avec la chaleur de l’eau qui pique ma peau.  

 

Cette journée a été belle, parfaite, un temps magnifique comme je l’aime. Une journée passée en sa compagnie, lui, l’homme qui partage ma vie depuis sept ans maintenant.  

 

Tant de choses se sont passées depuis notre rencontre.  

 

Je prends une grande inspiration et plonge la tête sous l’eau. Je ferme les yeux, écoutant le bruit assourdissant de l’eau qui m’entoure, me donnant l’impression d’être dans un cocon. Depuis toute petite j’adore ce bruit-là, tellement isolant, tellement apaisant, un peu comme ce que doit entendre un bébé dans le ventre de sa mère. Berçant. Anesthésiant. Sécurisant.  

 

Je m'arrache à ce cocon et j'amène mon visage à la surface. Les oreilles toujours plongées dans l'eau, bercée par le rythme de ma respiration qui résonne dans ma tête, je repense à ma vie, à ce temps partagé avec lui.  

 

Une vie passe en une fraction de seconde et j’ai l’impression, depuis quelques années, d’avoir perdu l’essence de cette constatation. La vie est fugace et peut se terminer ou prendre une direction radicalement opposée en un clin d’œil. J’en ai été témoin un nombre incalculable de fois.  

 

Certains sont tombés et d'autres s'en moquent  

Certains sont tristes aujourd'hui mais oublieront dès demain,  

Comme si nous n'étions pas là et que nous n'aimions pas.  

Certains se sont relevés et d'autres sont partis pour toujours  

Mais tous nous regardent à travers nos souvenirs, un sourire sur le visage.  

 

Ça peut être terrorisant et paralysant. Et je crois qu’à un moment, ajouté à tout ce que j’avais déjà vu et vécu, ça m’a paralysée.  

 

Je me laisse porter par toute l’eau qui m’entoure, les légères vagues qui clapotent contre mon corps augmentent encore ma torpeur. Je me sens bien, légère. Mon esprit vagabonde au rythme des battements de mon cœur.  

 

Le temps ici est précieux, je ne le sais que trop bien. Jusqu'à présent, ma vie est plutôt belle, je n’ai pas à me plaindre. Quelque peu chaotique, dure et sans pitié parfois, hors norme et difficile aussi, avec des tournants auxquels je ne m’attendais pas, mais j’ai toujours eu la chance d’être entourée d’amour. Beaucoup de peines et de chagrins aussi, mais j'ai toujours réussi à me concentrer sur l'amour qui pouvait en ressortir.  

 

Alors que l'aube d'un nouveau jour nous appelle  

Tout, survit dans cet univers, tout tourne dans cet univers  

Et revient vers nous, comme les cercles sur l'eau  

 

C’est ce qui fait de moi qui je suis. On m’a toujours appris à pardonner, à faire confiance. Je ne suis pas naïve pour autant, même si certains peuvent le croire et je ne me suis jamais laissée faire. J’ai juste tendance à croire que l’humanité n’est pas aussi noire que ce qu’on peut voir en faisant le métier qui est le mien.  

 

Je ferme les yeux et c'est son regard qui m'apparait alors. Son regard si doux et enveloppant, cherchant à me dire quelque chose.  

A me dire quoi ?  

- Qu'est-ce que tu veux me dire ?  

 

A la mort de mon père, c'est mon frère qui m'a empêchée de sombrer. A la mort de mon frère, c'est Lui. Sa force m'a maintenue la tête hors de l'eau et c'est lui qui s'est chargé de ma vengeance, prenant sur ses épaules la culpabilité que ça représentait. Après cela, il a arrêté de tuer.  

 

Rien ne disparait jamais tout à fait  

 

Il m'a apporté tellement de choses. D'abord une impression de sécurité, puis petit à petit, ce sentiment s'est transformé, au fur et à mesure que j'apprenais à le connaitre, au fur et à mesure que je découvrais ce qu'il s'efforçait de me cacher, je suis tombée amoureuse de lui. Inutile de le nier.  

 

Une sorte de parcours aléatoire, une sorte de rebondissement fatal  

Nous avons gagné ensemble et perdu, à nouveau  

Et nous, immobiles,  

Attendons simplement que la température change  

Pour respirer sans regret ni tristesse.  

 

Et depuis sept ans j'attends, dans l'immobilisme le plus total qu'il fasse un pas vers moi. Et là dans mon bain, la réalité m'assaille alors que son regard danse derrière mes paupières fermées : il en a fait plus d'un. Je rouvre les yeux brusquement.  

 

Alors que l'aube d'un nouveau jour nous appelle,  

Tout survit dans cet univers, tout tourne dans cet univers  

Et revient vers nous, comme les cercles sur l'eau  

Rien ne disparait jamais tout à fait  

 

J'ai enfin compris que je n'ai pas agi comme j'aurais dû le faire, que je n'ai pas répondu à ses attentes et que j'ai maintenu le statu quo entre nous.  

 

Moi, pas lui.  

Moi.  

 

Je me redresse dans mon bain tant la réalité qui me frappe est intense, tant ce que ça implique me bouleverse. Je pose ma main devant ma bouche pour étouffer un cri de surprise.  

 

Il m'a avoué ses sentiments tellement de fois.  

 

Un moment de révélation, un mystère, une énigme  

Un instant divin, unissant la joie et la terreur  

 

Par ses gestes d'abord.  

La panique qui l'avait saisi quand le renard d'argent m'a visée et qu'il a touché le talon de ma chaussure en guise d'avertissement. Il m'a ensuite laissée me débrouiller seule mais c'était pour mon bien. J'ai été très fière de me battre et d'éliminer ce salop.  

 

Et l'inquiétude dans son regard quand il a cherché à me rattraper à l'hôpital, quand j'ai réalisé que le père de Mayuko ne voulait pas m'épouser. Il a voulu me consoler alors que moi, j'ai été soulagée. Parce qu'il n'y a qu'un seul homme avec qui je veux passer ma vie.  

 

Et puis, le sacrifice qu'il a failli faire quand Sonia m'avait prise en otage. Il a été prêt à mourir pour moi !!!  

 

Les preuves sont là, devant moi. J'ai envie de me gifler de n'avoir rien vu avant, tant j'étais emprisonnée par mes doutes et mes peurs.  

 

Il a essayé si souvent jusqu'à maintenant,  

Il essaie de lancer sa pierre depuis le sud, depuis l'ouest,  

Au coucher du soleil, le matin, sous différents angles,  

 

L'abandon dont il fait preuve en ma présence, sa confiance à mon égard. Pour un homme comme lui, avec le passé qu'il a, c'est ça, sa déclaration.  

 

La plus belle preuve d'amour ? Quand il s'est endormi, la tête posée sur mes genoux alors qu'il avait en face de lui ce qui lui faisait le plus peur au monde : un avion. Un avion dans notre salon.  

 

J'ai même été enlevée pendant cette affaire avec Shoko.  

- Tu as bravé ta peur. Tu as bravé ta peur pour me chercher. Me chercher et me sauver, moi !!!  

 

Ma vue se brouille de larmes tant je m'en veux d'avoir perdu tout ce temps.  

 

[Il lance] différentes sortes de pierres ...  

De l'autre main, en sautant, en fermant les yeux…  

 

Par ses mots ensuite.  

Quand il a dit qu'il voulait que je fasse partie de sa famille. Que j'étais la seule personne dont il avait besoin. J'ai cru qu'il s'agissait d'une demande en mariage. Il s'en est tiré par une pirouette, et je l'ai cru. Et si…  

 

Et si mon cœur ne s'était pas trompé ce jour-là ?  

- Je t'ai cru. J'ai cru à ton excuse bidon parce que je n'ai jamais eu confiance en moi.  

 

Et moi qui m'agite en tous sens quand il cherche à me rendre jalouse. Car c'est ça le but de toutes ses manœuvres depuis le début : me faire agir, me faire réagir, me faire hurler mon amour pour lui. Années après années, j'ai été aveugle et aujourd'hui, je vois. Alors que c'était là, juste là, juste devant mon nez.  

 

J'ai été la seule à ne rien voir. En y repensant, et c'est toute l'ironie de la chose, même Umibozu l'a senti… Umi… Un aveugle voit mieux que moi… Et je n'ai rien écouté, alors que lui, si avare de ses mots, me l'a dit quand Miki cherchait à rester auprès de lui. Je n'avais pas compris, idiote que je suis.  

- Je n'ai pas le courage d'avoir une personne que j'aime et que je protège envers et contre tout dans ce monde ! Comme c'est le cas de Ryo ! A-t-il ajouté.  

 

Puis après l'affaire avec Mary, quand je pensais que Ryo me cachait son passé parce qu'il n'avait pas assez confiance en moi, Umi avait tout compris. Il a tenté de me l'expliquer ce jour-là, rougissant devant les sous-entendus de ses paroles. Mais je n'ai pas écouté. Ses mots résonnent maintenant à mes oreilles et prennent toute leur signification aujourd'hui :  

- Il te considère comme une partenaire qui est plus qu'une partenaire.  

 

Je prends ma tête dans mes mains, résistant à l'envie de m'arracher les cheveux. J'ai envie de hurler de frustration.  

 

Ma main passe à mon oreille alors qu'une autre question me vient en tête : Et ma boucle ? Celle que j'ai perdu après cette fameuse soirée. Est-ce lui ? Est-ce lui qui l'a mise dans ma poche ? Mes yeux s'écarquillent devant l'évidence. Il savait ! Il savait que c'était moi. Et son attitude ce soir-là, si doux, si insouciant. Il ne me mentait pas.  

 

Puis là, ma main sur mon front ravive le souvenir de ce baiser qu'il m'a donné, sur le toit, quand j'ai décidé de sa date d'anniversaire. Ce baiser qui m'a tétanisée au point de rester dehors toute la nuit et de tomber malade. Je ris légèrement, nerveusement, alors que je rougis encore à ce souvenir. Y avait-il autre chose qu'un simple merci dans ce baiser ? Oui, venant de lui, il y avait autre chose. Quelque chose qu'à l'époque je n'ai pas osé voir, je n'ai pas osé croire…  

 

Aujourd'hui je sais, j'ai compris le changement dans son regard au parc.  

 

J'ai toujours attendu de lui une déclaration classique. Je ne pouvais pas me tromper davantage. Venant de lui, un homme pudique, pragmatique, solitaire, c'est juste impossible... Et ces petites attentions, ces petits gestes qu'il a semés sont autant d'aveux plus beaux encore.  

 

De nombreuses fois, il a essayé de s'éloigner, de m'éloigner, mais toujours, toujours on en revient au point de départ, attirés comme des aimants. L'un vers l'autre. C'est notre évidence. Années après années, comme une fatalité, mortelle, si on est séparés.  

 

Tiraillé par la peur de me mettre en danger, il m'a avoué ses sentiments sans pouvoir les assumer, les regards qu'il m'a adressés aujourd'hui étaient la réponse à toutes mes questions. Nous sommes au bord d'un précipice et je suis prête à sauter.  

 

Mais quoi qu'il se passe, comme attirée,  

[La pierre] frappe toujours le centre du cercle, années après années  

 

Je sors de l'eau en vitesse et m'enroule dans une serviette. J'ai tellement peur de revenir sur ma décision, de douter à nouveau que je ne prends même pas le temps de me sécher. Je me regarde une rapidement dans le miroir, après avoir effacé la buée. J'ai les cheveux en bataille, des gouttes d'eau dévalent mes épaules mais je m'en moque. Mon regard est déterminé.  

 

J'ouvre la porte de la salle de bain et frissonne au contact de l'air froid de l'appartement. Ou de l'appréhension ? Soudain, je m'arrête dans le couloir, en haut de l'escalier. Mes doutes m'assaillent à nouveau. Et si je me trompe complètement ? Et s'il n'arrive pas à assumer ? Et si…  

 

NON, ne pas réfléchir : agir, j'ai été suffisamment immobile. A moi d'avancer maintenant.  

 

Je descends les marches en m'accrochant à la rambarde. Je ne regarde pas ma main, je sais très bien ce que je verrai : une main crispée sur ce qui me maintient debout. Mes jambes tremblent devant la résolution que j'ai prise. Je suis terrorisée et en même temps tellement heureuse. Mon cœur danse dans ma poitrine, le précipice est là devant moi, sombre, profond, inconnu. Je vais sauter, pleine de certitudes, dans l'espoir que Ryo me rattrape. Le fera-t-il ?  

- Hein Ryo, me rattraperas-tu? Murmurè-je  

 

J'arrive en bas des marches, je lève la tête et te cherche du regard. Tu me tournes toujours le dos, debout face à la fenêtre, les yeux perdus dans le lointain, ton verre à la main. Les glaçons ont presque fondu. Tu as laissé la moitié de ton whisky.  

 

Qu'est-ce qui peut bien te préoccuper autant ?  

Moi ?  

Je l'espère.  

Je le souhaite.  

Je le veux.  

 

Et quand je regarde ton reflet, je me rends compte que ton regard est braqué sur moi et je peux en deviner toute l'intensité. Je me sens mise à nue mais pour la première fois de ma vie je n'en éprouve aucune honte.  

 

C'est là.  

C'est maintenant.  

C'est le tournant de ma vie.  

 

Alors que l'aube d'un nouveau jour nous appelle,  

 

Tu ne te retournes toujours pas mais tu ne fais rien non plus pour m'arrêter. Et j'ai la certitude que tu sais parfaitement ce que je vais faire. Je m'approche de toi, mes yeux rivés à ton reflet, je soutiens ton regard, je ne flanche pas.  

 

Tu ne te tournes toujours pas.  

 

Je pose mes mains tremblantes et froides de nervosité dans ton dos, à travers le tissu de ton t-shirt. Ton dos est large, musclé, sécurisant. Tu as enlevé ta veste, tu n'as que ton t-shirt et ton holster. Je fais glisser le harnais. Tu me laisses faire, les yeux toujours rivés aux miens à travers la vitre. Je pose ton python au sol à nos pieds, prenant soin de diriger le canon à l'opposé de là où nous sommes. Cette précaution te fait sourire.  

 

Je me redresse, resserre ma serviette. Ma main se pose sur ton bras et remonte vers ton épaule. Je tremble légèrement et je la suis du regard pour bien réaliser ce que je suis en train de faire. J'ai osé, j'ai franchi cette frontière invisible qui nous a toujours séparés et ça a abaissé toutes mes barrières. Je vois l'épiderme de ta nuque réagir, un frisson la parcourir et je prends cela comme un encouragement.  

 

Tout survit dans cet univers, tout tourne dans cet univers  

Et revient vers nous, comme les cercles sur l'eau  

 

Je m'avance d'un dernier pas, réduisant totalement la distance qui nous sépare. Ma poitrine est maintenant collée à ton dos, j'y pose mon front, mon nez. Je sens ton odeur que j'aime tant avec la pointe de poudre qui me chatouille les narines. Mon cœur a à nouveau perdu tout rythme cohérent, mais je m'en moque.  

 

Maintenant que je suis arrivée là, je n'ai pas la moindre idée de ce que je dois faire et ton immobilité est assez déroutante. Mais je continue, un peu hésitante, j'ai envie de savoir, je dois savoir : le goût de ta peau, de tes lèvres sur les miennes et de ton corps imbriqué dans le mien. Je rougis à cette pensée, à moitié de honte, à moitié d'excitation.  

 

Tu restes toujours immobile, face à cette fenêtre, ton regard toujours posé sur moi à travers la vitre. Mais tu ne fais rien, tu ne dis rien. Ni encouragements, ni réprimandes.  

 

Rien.  

 

Rien ne disparait jamais tout à fait  

 

Je penche la tête et j'ose poser mes lèvres sur ton épaule. A travers le t-shirt, je t'embrasse, m'enivrant de ton odeur suave et épicée. Je suis bien. Je me sens en sécurité contre ton dos. Si large. Fort. Je me sens protégée. Comme lors de notre rencontre, ce 26 mars…. J'avais 16 ans.  

- Tu te souviens, murmurè-je…  

Je reconnais à peine ma voix. Elle est rauque, elle tremble. Je n'arrive pas à finir ma question.  

 

Tu trésailles et bouges enfin : tu bascules un peu la tête en arrière. J'ai un mouvement de recul. Tu poses ton verre sur le rebord de fenêtre. Je retiens mon souffle.  

 

Tu te tournes enfin vers moi.  

 

Tu me regardes.  

 

Je remercie le ciel de n'avoir vu que le reflet de cette intensité dans la vitre, car je me liquéfie entièrement.  

 

Tu me regardes vraiment.  

 

- Il y a douze ans, presque jour pour jour, me réponds-tu d'une voix douce, presque murmurée.  

 

Ton regard m'enveloppe d'une douce chaleur.  

 

Une sorte de parcours aléatoire, un rebondissement fatal  

 

Tes pupilles sont dilatées et je n'ai jamais autant aimé mon reflet qu'à cet instant. Enfin !!! je me vois enfin dans le noir tes yeux ! Je me découvre telle que tu me perçois, réellement, sans te cacher, sans me mentir. Mon cœur se gonfle de joie, parce que je m'y vois belle, désirée… Aimée.  

 

Tu déglutis, entrouvrant les lèvres. Je pose une main sur ta joue râpeuse. Tu trésailles au contact de ma peau, fermes les yeux et suspends ton souffle. Mon pouce caresse ta bouche qui m'hypnotise. Tu portes ta main à la mienne et l'éloigne de ta joue. Mon cœur se serre.  

 

Nous avons gagné ensemble et perdu à nouveau  

 

Pourquoi me repousses-tu ? Noooon, pas maintenant !!! J'ai osé, j'ai enfin osé !! Pourquoi fais-tu ça ? Pourquoi ne me réponds-tu pas ? Me suis-je trompée ? J'ai envie de pleurer, de fuir, de me cacher. Je….  

 

Puis je réalise : tu ne me repousses pas. Tu tiens ma main. Tu la serres et la portes à tes lèvres. Tu embrasses ma paume. Je crois rêver. Je tressaille. Je tremble.  

 

Et mon corps entier s'embrase. Je me précipite soudain sur tes lèvres, lançant mes bras autour de ton cou, écrasant ma poitrine contre ton torse. Je t'embrasse comme si ma vie en dépendait pour que tu comprennes tout l'amour que je ressens pour toi.  

 

Tes lèvres sont douces, au léger gout de cigarette et d'alcool, ton souffle est chaud. Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que les secondes s'égrènent sans que tu ne me répondes.  

 

Tu ne me rends pas mon baiser. Tu hésites, je relâche alors mon étreinte, déçue, blessée, les larmes aux yeux. Mon cœur se brise. J'ai envie de hurler, de te frapper, de te secouer. Je sais pourtant que je ne me suis pas trompée.  

 

Et nous, immobiles, attendons simplement que la température change.  

Pour respirer sans regret ni tristesse  

 

Puis soudain, ta main se referme sur mon bras et m'attire violemment à toi. Je suis plaquée à nouveau contre ton torse et à nouveau mon cœur s'affole alors que je lève la tête vers toi.  

 

Tu poses ta main sur ma joue. Je ferme les yeux quelques secondes pour savourer ton geste, je pose ma main sur la tienne pour accentuer la pression. Je rouvre les yeux, pleine d'appréhension quand tu bouges à nouveau. Mais ton pouce caresse alors mes lèvres que tu ne quittes pas des yeux. Mon cœur va exploser, tant j'ai l'impression que cet instant dure une éternité.  

 

J'ai tellement envie que tu m'embrasses.  

J'ai besoin que tu m'embrasses.  

Je prononce dans un murmure :  

- Comment j'ai pu ne pas comprendre plus tôt ?  

 

Un sanglot monte dans ma gorge, j'ai du mal à le retenir. Ta main passe dans mon cou, dans ma nuque. Je sens les cals de tes doigts sur ma peau, ton poing qui se referme sur mes cheveux, me tirant la tête un peu plus en arrière. Ton souffle est chaud, profond, alors que ton visage s'approche lentement du mien. Tu n'hésites plus.  

 

Puis alors que ton autre main glisse doucement autour de ma taille, passant dans mon dos, allumant une rivière de feu à son passage, tu t'empares avidement de mes lèvres, me coupant le souffle.  

 

Enfin !!!  

 

Mon cœur s'arrête de battre avant de repartir de plus belle, j'ai l'impression de toucher le paradis. Mes jambes ne me portent plus, tu le ressens et me soulèves dans tes bras. Mes mains se perdent dans tes cheveux que j'ai toujours rêvé toucher, avec lesquels j'ai espéré pouvoir jouer depuis tellement longtemps. Mon souffle est anarchique, j'en manque, j'étouffe mais je veux que ce moment ne s'arrête jamais, quitte à en mourir.  

 

Puis soudain, la pression sur mes lèvres faiblit, tu te détaches de moi, à bout de souffle, m'arrachant un grognement de mécontentement. Tu pouffes légèrement. Je te regarde, je sais que mes yeux pétillent, comme les tiens. Tu me souris, reprenant ton souffle, la bouche légèrement entrouverte. Je te désirais déjà avant, depuis longtemps tu me troubles mais là, mon désir s'enflamme, décuple. Je n'aurais jamais cru cela possible, et pourtant en un baiser, tu as allumé un brasier.  

 

Je veux plus, je veux tout, je te veux toi.  

 

Tu poses ta tête contre la mienne, front contre front, les yeux fermés, le souffle retrouvé. Moment de félicité. Puis en parsemant ma joue de baisers, tu loges ta tête dans le creux de mon cou, me serrant à contre toi. Je te serre plus encore.  

 

Là, dans le creux de mon oreille, faisant naitre des frissons dans ma nuque, tu murmures :  

- Tu comprends vite, mais il faut t'expliquer longtemps, p'tite tête.  

 

Je te réponds en un sourire :  

- Si tu parlais plus aussi, abruti…  

 

Et une certitude m'envahit : tu es à moi ce soir et pour le reste de ma vie. 

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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