Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: MelleKaori

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 1 capitolo

Pubblicato: 27-12-19

Ultimo aggiornamento: 27-12-19

 

Commenti: 1 review

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GeneralRomance

 

Riassunto: Une fois le trois maîtrisé, il est temps de passer au quatre

 

Disclaimer: Les personnages de "On sait compter jusqu'à quatre…" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: On sait compter jusqu'à quatre...

 

Capitolo 1 :: On sait compter jusqu'à quatre...

Pubblicato: 27-12-19 - Ultimo aggiornamento: 05-03-20

Commenti: Dilemme cornélien quant à cette fic... D'une part c'est une suite à 1,2,3 je t'aime qui n'était pas sensée en avoir une. D'autre part, son écriture est si différente qu'en tant que chapitre 2 le tout risquerait de manquer de cohérence (pour moi). Après moult hésitations (pas sûre toutefois de mon choix) il a fallu me décider... Passé ce "détail", et quelques imperfections, j'espère qu'elle vous plaira. Bonne lecture et n'hésitez pas à vous exprimer.

 


Capitolo: 1


 

Sayuri s'est absentée. Aussi suis-je seule ce soir à contempler la myriade de teintes plus éclatantes les unes que les autres du soleil qui disparaît derrière les hauts gratte-ciels de la City. Le spectacle n'est pas foncièrement différent de celui que j'observais à la cime de notre appartement, mais ici je n'entends pas la cacophonie urbaine ni ne sens le vent caresser mon visage, en revanche j'aperçois mon reflet dans la baie vitrée. Seulement le mien et...non je ne suis pas tout à fait seule ce soir, preuve en est cette sublime proéminence.  

 

Ma silhouette a considérablement changé depuis que j'ai investi la chambre d'amis de ma sœur, comme si New York avait autorisé l'expansion de mon ventre. Quels mots m'assènerait-il ? Probablement qu'il me comparerait à un cétacé et quand bien même lui opposerais-je sa participation active quant à mon opulent profil, je suis sûre et certaine qu'il retournerait le tout à son avantage. Aucune douce parole ne conclurait ce duel contre l'homme qui détient mon cœur. Il y a bien longtemps que j'ai enterré le concept fallacieux du prince charmant, jeté aux oubliettes l'étape des déclarations enflammées, les preuves ostentatoires, les gestes attentionnés. Malgré tout, je suis restée auprès de mon roi et petit à petit, j'ai quitté son ombre pour prendre place, pour prendre ma place, à ses côtés.  

 

Être la seule – l'unique, être LA femme était tout ce à quoi j'aspirais, je n'escomptais ni les effusions démonstratives ni le serment officiel, pourtant les utopies sont devenues réalité. Au-delà de mes espérances. Je ne prétendrai jamais savoir lire en lire en lui, néanmoins je savais que cette chimère le terrifiait encore plus que moi, et je l'étais déjà suffisamment pour nous deux. Un sourire, deux onyx troublés et trois petits mots. Magique. Sa déclaration a embrasé mon cœur et embrassé nos doutes. Il nous en a fallu du temps pour mettre des mots sur ma première grossesse mais nous y sommes parvenus. Ensuite…  

 

Ensuite, j'ai dû âprement batailler pour obtenir une version alternative de l'acte de naissance de notre fils ; il n'est pas tout à fait légal ce bout de papier sur lequel il est inscrit noir sur blanc que Ryô Saeba n'est pas uniquement lié à la mort mais il existe et, très prochainement, le coffre-fort personnel d'un certain lieutenant de police abritera un second document officieux si j'en crois le petit être déterminé à réagencer mon utérus en ce moment même.  

 

Je délaisse le coucher de soleil, ne maîtrisant plus mon envie de rompre le silence qui m'entoure. Un peu plus tôt dans la journée j'ai vainement essayé de les joindre, je réitère mon appel en dépit du décalage horaire, je désire juste entendre leurs voix. J'espère un Moshi Moshi, ensommeillé ou marmonné ou furieux, de l'autre côté de la Terre et quelques mots de notre fils que j'ai quitté à contrecœur. Le doc s'est montré intransigeant, repos obligatoire pour les dernières semaines de grossesse et, comme si cela n'était pas suffisant, ma circonférence abdominale a définitivement sonné le glas de mes vives protestations.  

 

J'en ai versé des larmes avant de partir, et dans l'avion, et sur la passerelle, et dans les bras de ma sœur, et au téléphone...encore et toujours. Fichues fluctuations hormonales ! Je raccroche dépitée le combiné en m'adressant à mon locataire qui s'agite plus qu'à l'accoutumée, si énergiquement qu'il me faut à présent m'asseoir. «Moi aussi je suis déçue… Ce soir ce sera juste toi et moi… » Ils me manquent tellement, cela fait déjà sept semaines que je suis séparée d'eux. Les ultimes heures du dernier jour de mars m'échappent dans une solitude désespérante, enfin pseudo-solitude. Je tente d'apercevoir ces pantoufles ultra confortables que m'a rapporté mon aînée de son séjour en France, de mes orteils il ne subsiste que des souvenirs…  

 

Mes lèvres s'étirent aux réminiscences des massages de mes voûtes plantaires après avoir guetté ses retours tardifs sur le présumé lieu du voluptueux forfait ayant semé l'étincelle de vie en moi. Pas vraiment surpris et plutôt satisfait à l'apparition de la croix bleue dans la petite fenêtre, « Hein ? C'est...Rhaaa mais non ! Pas déjà ! Mais...ma liste...AAAHH ! » s'est-il lamenté avant de s'étonner de mon « C'est pas fiable à 100%, il faut une prise de sang pour en avoir la confirmation...avec un peu de chance tu n'as pas réveillé Hide… » bredouillé sans rougir ou si peu.  

 

Je suis rappelée à l'ordre par mes remous intérieurs, je négocie une nécessaire accalmie pour rejoindre la cuisine. « Hé ! Je t'assure, y'a rien de mieux que le chocolat ! » Je ne me ferai pas avoir deux fois, demain elle m'attendra dans le salon cette satanée tablette, pour l'heure je ferme les yeux pour inspirer et posément. Mes velléités de promenades s'évanouissent avec le cliquetis de la serrure, ma sœur est enfin libérée de ses obligations professionnelles. Ravissement suprême, j'obtiendrai donc ma dose de magnésium sans efforts et surtout sans quitter mon fauteuil.  

 

La porte d'entrée s'ouvre lentement avec un léger chuintement suivi d'un chuchotis indistinct. Le couloir résonne d'une cavalcade reconnaissable entre mille, mon cœur s'emballe aussitôt. Je comprends la raison de son sourire alors qu'elle partait travailler le soir de mon anniversaire, je comprends pourquoi mes appels restaient désespérément sans réponse. J'aperçois ensuite ma petite tornade à la chevelure noir de jais traverser le salon pour se précipiter sur moi et me tendre le plus beaux de tous les cadeaux dont je pouvais rêver. J'ai tellement désiré l'entendre ce mot...  

 

Les noisettes interrogatrices se rivent sur mon ventre gorgé de vie et la bouche répète ces sublimes syllabes que je ne lui ai pas appris. Si ce n'est moi, c'est donc lui...Oui, bien sûr que oui... L'acrobate salue à sa manière l'arrivée de son grand frère tandis que je plonge dans un océan sombre mais pas impassible. Je n'ignore pas l'incommensurable épreuve que constitue pour Ryô la traversée du monde à bord d'un engin volant, ceci d'autant que notre premier né est dans sa troisième année.  

 

Ils sont là, vraiment là...« Maman ? » me redemande anxieusement Hide, j'acquiesce d'une voix tremblante en rivant mes doigts sur ses joues. Je lutte pour contenir mon émotion. Je guide les dix petits explorateurs pour qu'ils appréhendent au mieux les mouvements dans mon utérus. J'aime l'expression de surprise affichée sur le visage de notre garçon, j'aime le regard rieur considérant mes formes voluptueuses, j'aime les lèvres douces effleurant les miennes avant de se poser sur ma tempe, j'aime la voix taquine contre mon oreille.  

 

Le « crétin » qui suit le « Tu te la joues grosse pomme ?» n'est pas de moi, non, moi je suis si remuée par l'arrivée inattendue des hommes de ma vie que je marque un temps d'arrêt avant de réussir à articuler fébrilement « Tu m'as manqué aussi». De quatre elles passent à six les mains sur mon ventre immortalisées par Sayuri satisfaite de sa machination. Je détaille avec attention la bouille espiègle, j'y cherche les stigmates de la blessure au parc de la semaine passée constatant avec bonheur que le garnement cicatrise aussi vite que son père, il lui reste seulement une légère marque rose sur le menton. « Comme tu as grandi » Ses bras cherchant à ceindre ma taille et le spontané « Toi aussi...maman » me font sourire, je ne suis pas la seule d'ailleurs.  

 

Emue aux larmes, je m'approprie tendrement le front dissimulé sous les mèches indisciplinées ensuite notre fils se love contre moi pour entamer un compte-rendu exhaustif de sa journée, depuis son lever jusqu'aux lumières de la piste d'atterrissage, sans oublier les premières fleurs roses au Shinjuku Goyen. Pendant son récit je dompte minutieusement les rebelles d'ébène, essuyant de temps à autre une ou deux fugitives salées avant de replonger aussitôt dans la masse soyeuse.  

 

Un grondement sourd, accompagné d'une attendrissante coloration des pommettes de ma pipelette, s'invite dans nos retrouvailles. « Je te le fais pas dire ! » s'exclame le grand brun lui aussi affamé. Débarbouillage et pyjama obligatoires avant de passer à table, Hide ronchonne mais se plie à l'injonction paternelle, quant à moi j'accepte la main tendue vers moi, celle-ci constitue une aide précieuse pour m'extirper des profondeurs de mon siège.  

 

L'effort me fait souffler puis le tiraillement dans mes lombaires se réveille et ma vessie se rappelle à mon bon souvenir, si j'écoutais mon corps je filerais m'étendre sur mon lit mais j'écoute mon cœur. Je suis donc avec attention le combat de l'enfance contre le savon parfaitement supervisé par le nettoyeur numéro du Japon. « Moi aussi j'ai grandi » me lâche celui-ci avec un sourire irrésistible, ensuite les dinosaures investissent la salle de bains brièvement avant de migrer en quête de nourriture.  

 

Alors qu'il efface toute trace du passage de notre tornade dans la salle de bains, je lui pose la question qui me taraude, non pas au sujet des bonbons-que-pour-les-grands de Kazue car je présume qu'ils l'ont grandement apaisé et réfréné les ardeurs du grand blond mais sur son passeport. Enfin je détourne ma question en vantant les prouesses des informaticiens sous les ordres de Saeko ce qui déclenche une longue liste de gémissements, probablement aussi longue que celle consignée dans son précieux calepin. « Tu vas pouvoir t'en débarrasser alors… »  

 

« Ah ça non ! Pas question ! » Quelle énergie, quelle maîtrise dans le séchage du carrelage, je m'appuie quelques secondes au chambranle de la porte pour me remettre des affres de la gravité tout en profitant du spectacle. Les onyx s'assombrissent à la soudaine pâleur de mon visage provoquée par un long et douloureux spasme utérin, mon abdomen tendu trouve aussitôt un étayage tendre et possessif. Je suis relativement sereine face aux prémices du déménagement de mon gymnaste, j'adresse cependant à celui-ci une supplique quant à ses incessantes pressions sur ma vessie. Hautement affriolantes ces basses considérations physiologiques, cependant je récolte une obscurité rassurée et d'ensorcelantes fossettes avant de renouer avec l'émoi de notre premier baiser.  

 

Les papillons interrompent brutalement leur envolée au tonitruant signal de départ du dîner promulgué depuis la cuisine. « Tonton ? » répétè-je étonnée. Il me bafouille une explication plus que douteuse sur la diminution drastique des chances de l'Etalon de Shinjuku de conclure avec ses clientes mokkori si elles le savaient père alors qu'être tonton bienveillant accroît son charme ravageur, du Ryô tout craché...Je ne m'appesantis pas sur son atypique version de "périmètre de sécurité" et, faisant fi du voile orageux déployé par mes hormones, j'abandonne le charismatique obsédé, et accessoirement père de mes enfants, sans mots dire et sans écrasantes représailles, la solidarité féminine œuvrant à ma place.  

 

Pendant tout le repas, je ne peux décrocher mon regard du petit ogre face à moi, plus il grandit plus il ressemble à son...oncle, de l'épi retors aux réflexes hors pair en passant par l'imposant coup de fourchette. Je lâche un soupir désapprobateur face à l'inéluctable retour de Kaoru, mais je ne m'y confine pas. Une seconde couche de moustaches chocolatées, cette réunion inattendue en ce jour particulier, notre famille sur le point de s'agrandir, voilà tout ce qui importe pour moi ce soir aussi rien ne saurait gâcher ce moment. Rien, exceptée peut-être la détestable offensive visant à me priver des deux derniers carrés de ma nouvelle drogue.  

 

Après mon éclatante victoire les adultes m'éjectent promptement de la cuisine, j'opte alors pour le canapé plutôt que le fauteuil trop étriqué pour un long câlin post dinatoire. Je commence par nettoyer en douceur les joues maculées de cacao. Ryô en profite pour s'absenter quelques minutes afin de préparer le couchage de notre garçonnet puis file se rafraîchir à son tour. L'oreille collée à mon ventre, mon petit fauve écoute attentivement la plus belle des musiques en manifestant son impatience à rencontrer l'interprète. « Bientôt... » Oui, bientôt, très bientôt même, les intervalles entre les contractions s'amenuisent, celles-ci deviennent aussi de plus en plus intenses me contraignant à me concentrer sur ma respiration.  

 

Entre les tintements de vaisselle, le sifflement de la bouilloire et le clapotis de la douche, il me faudrait élever la voix pour aviser les adultes de l'imminence de l'arrivée de l'invité mystère mais cela décuplerait l'inquiétude enfantine. Qu'elles sont expressives ces prunelles moirées... Je parviens tant bien que mal à me lever. Oups. Hide se défend d'être à l'origine de cette flaque sur le tapis, il accueille mon explication en battant rapidement des paupières puis rejoint sa tante tandis que je réussis à rester calme et stable. « Tu cherches quelque chose ? » lui demande -t-elle. « Maman a perdu son eau, elle veut la bouteille dans sa valise verte »  

 

Passé l'étonnement, j'entends une kyrielle de « Oh ! », puis un tambourinement emporté contre la porte de la salle de bains ensuite ma sœur crie ce prénom qui a empli ma bouche tant et tant de fois. Humide et débraillé, le tonton qui m'emporte dans l'intimité de ma chambre, surprises et rassurantes les ténèbres qui coulent sur moi, exalté le petit garçon à nos voix confondues qui annoncent posément « On a une mission pour toi ». Elle est d'ailleurs très consciencieusement effectuée cette collecte d'oreillers et de coussins...tandis que les préparatifs se poursuivent, mon bagage émeraude délivre ses secrets ; à présent je suis sous surveillance rapprochée, Hide se faisant épaulé par son doudou.  

 

Sayuri marmonne en faisant les cent pas, il ne faut pourtant guère plus à nos amis qu'une grosse vingtaine de minutes pour arriver jusqu'à son appartement. « Il faut que tu ailles avec Tonton Mick maintenant mon chat… », les identités du surveillant et du surveillé ne tardent pas à être dévoilées avec les hurlements offusqués résonnant dans le couloir, « Mais c'est infernal !! Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre !», ils ne déconcentrent pas Kazue. Elle laisse échapper un soupir exaspéré, soupir ô combien familier, puis s'enquiert de la fréquence de mes contractions et consulte le monitoring cardiaque.  

 

Si le gêne de l'impatience ne vient pas de moi, celui de l'amplitude vocale assurément. Trop furtif cette première rencontre. Le cordon ombilical, son premier check-up, sa toilette, un drapé de coton...toutes ces formalités obligatoires l'éloignent de moi. Le temps me parait interminable avant que je ne puisse serrer de nouveau cette vie que nous avons créée lui et moi, enfin ce moment arrive, elle n'est plus une silhouette aperçue au travers du brouillard humide de la cascade de bonheur inondant mon visage. Elle est là, contre moi, posée au plus près de mon cœur, frissonnante, enserrant mes doigts, ma fille.  

 

J'appose mes lèvres sur son front, j'enferme sa main minuscule dans la mienne, je sens son corps se détendre pour mieux se mouler au mien, j'épie chacun des mouvements de son visage. Elle s'abreuve de ma chaleur, de mes chuchotements, de mes caresses ; elle rassemble ses forces pour croiser mon regard et alors je m'abîme dans deux petites perles aussi sombres qu'une nuit sans lune. Mes joues ne sont pas prêtes de sécher tellement je vibre.  

 

Ses émotions le submergent, je le sais. Je le sens dans le souffle court arasant mon oreille, je le vois dans l'infime tremblement de sa main soutenant la nuque fragile, je le perçois dans la fêlure de sa voix osant une plaisanterie incongrue sur une hypothétique reconversion professionnelle, moi je n'y entends que sa reconnaissance de la perfection de notre partenariat génétique. Il vient de déposer son armure pour ne plus être qu'un père contemplant sa fille.  

 

Notre amie accueille son aveu d'un «obsédé» calme et posé puis commente attendrie la beauté de notre nouveau-née. Belle ? Magnifique ? Les mots se bousculent sans que je ne puisse me décider pour l'un ou l'autre. Elle est tellement plus. Un cadeau, une victoire, notre...« On sait compter jusqu'à quatre… ». Il m'étreint davantage pour apaiser mes tremblements, étend tendrement son emprise sur la joue satinée et soupire en s'arrimant à son tour aux ténébreuses prunelles. Mes respirations fébriles conversent avec d'expressifs miaulements s'apaisant sous la douce caresse paternelle.  

 

Une fois tout risque de complications écarté, Kazue nous laisse à notre contemplation énamourée. « Deux hanamis en une journée » ne souffre d'aucune contestation, je valide d'un murmure sans rompre le lien visuel m'unissant à la plus belle des fleurs. Le matelas tremble faiblement, mais notre bulle contemplative n'éclate pas pour autant, elle enveloppe à présent un troisième observateur étonné. « Mais, y'en a qu'une ?...Elle est toute petite » Contre toute attente, Ryô trouve les mots qui satisfont à la curiosité de l'enfance puis invite notre aîné à se caler entre nous pour observer de plus près les mimiques de sa sœur.  

 

Hide scrute le moindre de ses gestes, s'inquiète de la plainte qui étire sa bouche en une mimique si caractéristique. Une candide perplexité plisse son front lorsque je déboutonne mon corsage, coule sur la petite ogresse ne se sustentant pas de gâteau au chocolat. Une fois celle-ci repue, il s'élance pour effectuer sa seconde mission de la soirée, celle de tout grand frère qui se respecte. Les décibels de l'effervescence de l'autre côté de la porte chutent aussitôt celle-ci ouverte, condition sine qua non pour pouvoir pénétrer dans la quiétude des lieux et découvrir notre fille.  

 

Juste une poignée de minutes, le temps d'apercevoir les traits de son visage sublimés par ses deux onyx, il n'en faut pas davantage à la presse pour déclarer solennellement « Impossible que cette histoire d'avunculat tienne la route deux minutes ». Personne n'y trouve rien à redire sauf l'oncle au regard azuré qui surenchérit d'un « You're screwed » taquin. A ronchon, ronchon et demi ? Le premier de mes ronchons dissimule sa fierté sous un grognement, les prunelles de mon second s'écarquillent d'incompréhension et le sommeil réclamé par mon troisième disperse le cortège réuni autour de nous.  

 

L'adorateur du jurassique est à son tour rattrapé par Morphée, bercée par leurs respirations sereines je ne tarderai pas à rendre les armes dans ce combat perdu d'avance. Le bonheur embrouille mes neurones, aussi mes cils se bordent de larmes à l'instant même où je sens l'étau puissant relâcher son emprise sur moi. Je gémis, je refuse que ma fleur me soit enlevée et que les stégosaures me quittent pour rejoindre la vaste plaine dédiée à leur repos nocturne. « Ryô, non... » ainsi débute mon implorante litanie, la suite beaucoup plus hachée et anarchique se heurte à un barrage imprégné du sel de ma méprise.  

 

Je suis encore si chamboulée par ma confusion qu'il me faut opiner de la tête pour répondre à son interrogation, «Expert ès pyjamas ?...» assaisonnée d'un sourire espiègle tandis qu'il lange notre fille. Elle est ensuite délicatement enchâssée dans le plus sûr et le plus rassénérant des écrins, mon cœur ne résiste pas à la moue de bien-être qui creusent ses joues à l'instar de celles de son père qui ajoute « Elle est parfaite ». J'adopte sa technique de contrôle de mes larmes, de ce fait je presse mes lèvres tremblantes sur les siennes et transmue mes mots en tendres volutes. Après, je me laisse happer par l'obscurité saturée de ces émotions qui me dévorent de l'intérieur et qui agitent mon corps de frissons.  

 

Pour sûr il bouscule les conventions mon preux chevalier, mais tout y est en version moderne. La fière monture, la demoiselle en détresse, la bravoure, les épreuves insurmontables, le triomphe du Bien, la béatitude et… la descendance. La refonte de notre quatuor me nimbe de chaleur en m'extirpant de mes parallèles romanesques, faisant aboutir ma réflexion visant à quantifier le beaucoup de la formulette conclusive ; dans ma réalité, dans ce monde où enfant est le mot que l'on-ne-doit-pas-prononcer, si beaucoup n'existe que depuis le premier souffle de vie de notre fils, la naissance de notre fille le transcende.  

 

« Tu as vaincu le dragon de fer » rétrécit les murs de ma forteresse, « Juste à temps pour m'emparer du trésor…» déclenche au creux de ma poitrine un big-bang de bonheur qui me paralyse quelques instants. Et puis mes doigts parcourent la perfection de notre nourrisson, s'égarent dans de soyeux méandres avant de disparaitre sous de larges paumes. Le silence s'emplit de soupirs de contentement et de ravissantes vocalises.  

 

Je n'ignore pas le caractère éphémère de cette parenthèse, l'implacable nettoyeur reprendra le contrôle de lui-même et ses distances pour notre sécurité. L'amalgame d'émotions et de fatigue grignote peu à peu ma résistance, alourdit inexorablement mes paupières, je grappille le plus de grains possible à la clepsydre poursuivant sa quête du vide pour m'enivrer de ses élans de tendresse envers notre progéniture assoupie, de chacune de ces secondes où nous pouvons sans crainte être ce que Tokyo nous refuse au quotidien. Maman relevait du fantasme, papa demeure inenvisageable et pourtant là – tout de suite – maintenant, c'est précisément ce que nous sommes et c'est ce que nous serons à jamais.  

 


Capitolo: 1


 

 

 

 

 

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